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Outlander, ses héros et la Guerre d'Indépendance 

2/Les causes spirituelles : 

le Grand Réveil ou Nouvelle Lumière 

 

 

«  Il lui décrivit McCorkle, qu’il avait rencontré en Écosse, puis se lança dans une analyse de l’état de la religion dans la colonie. Il parla du méthodisme avec respect, mais estimait que les effusions des baptistes de la nouvelle lumière « manquaient quelque peu de retenue ». Certes, une foi sincère était toujours préférable à l’absence de foi, quelle que soit la forme empruntée. » 

 

Diana Gabaldon 

T6 Ch 83 - Déclaration

Le mot « Réveil » présuppose un endormissement préalable. 

C’est bien ce qui s’est passé dans les territoires anglais d’Amérique. 

 

Le XVIIème siècle jusqu’à la guerre de Sept Ans (1763) est particulier pour ces colonies. 

La population augmente et cela annonce de plus en plus de territoires occupés, une activité intense, de nouvelles ressources et surtout de nouvelles richesses.

 

D’autre part, la diversité religieuse reste une constante de l’histoire américaine. 

Sur ce continent, sont arrivés toutes les sectes, tous les courants de pensée, tous ceux qui ont fui les persécutions. Et l’espace offert par ces nouvelles terres a favorisé ces arrivées. Chacun put trouver un petit coin pour y vivre librement sa religion… Du moins, tous l’espéraient !

 

Le territoire est vaste et chaque église et secte (terme non péjoratif au XVIIIe siècle) peut se regrouper à l’écart en cas de tensions trop fortes au sein de la communauté d’origine.

C’est ce que les Quakers ont fait depuis leur arrivée dans le Nouveau Monde. 

Pourchassés en Nouvelle Angleterre par les Puritains, ils arriveront finalement en Pennsylvanie.

 

Au début du XVIIIe siècle, l’Amérique britannique est divisée du point de vue religieux selon les trois blocs géographiques et historiques : la Nouvelle-Angleterre, les colonies médianes et les colonies méridionales.

 

Cette division géo-religieuse, repose, depuis l’origine de la colonie, sur la notion clé d’église « établie »1 qui reçoit une aide de l’État central (Londres), une contribution de la colonie par le biais du gouverneur et une participation des fidèles.

 

Au début du XVIIIème, dans leur correspondance vers la métropole, les pasteurs se plaignent d’un sous-encadrement pastoral. Ils sont contraints à de longs voyages, ils doivent parler plusieurs langues pour répondre aux besoins d’immigrants toujours plus nombreux et plus dispersés.

 

Ce sous-encadrement est dû aux financements insuffisants de la métropole, mais aussi au niveau local où les fidèles ne se sentaient plus les « obligés du culte ». 

Les pasteurs disent être confrontés à une déchristianisation, voire à une paganisation des populations. Cela tenait en réalité plus de l’absence de pratiques religieuses que du déclin de la religion elle-même. Nous pouvons dire que les pasteurs constataient chez leurs ouailles un manque d’ardeur dans l’expression de leur foi.

 

Les causes sont simples à deviner.

 

Le refuge religieux du Nouveau Monde était devenu un lieu de richesse et de croissance.

La montée de l’indifférence religieuse s’était généralisée sur fond de matérialisme.

Il n’était plus question que d’acheter et de vendre, de faire du troc, d’échanger disaient les pasteurs.

 

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1  Une église établie est une église reconnue spécialement par un gouvernement national. L’église représente la foi religieuse officielle de la nation et reçoit le soutien du gouvernement, sous une grande variété de formes allant de l’aide financière aux protections juridiques. Des églises établies peuvent être vues dans de nombreuses régions du monde, bien que certaines nations, comme les États-Unis, aient des lois interdisant spécifiquement la création de ce type d’église, dans l’intérêt de maintenir une séparation entre l’église et l’État. Les religions chrétiennes, bouddhistes et musulmanes peuvent toutes être considérées comme des églises établies dans des pays comme l’Angleterre, le Bhoutan et l’Arabie saoudite. Dans les nations avec une église établie, le chef du gouvernement peut également être le chef de l’église, et les gens peuvent être tenus de suivre les enseignements de l’église, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Dans certaines régions, alors que l’église bénéficie d’une reconnaissance officielle du gouvernement, de nombreux citoyens ne font pas partie des fidèles et ne fréquentent pas l'église. 

 

Il s’agissait de rendre à l’Homme son libre arbitre. 

 

Penser que l’Homme était libre de choisir Dieu revenait à donner la primauté aux œuvres sur la grâce, ce que les opposants au rationalisme considéraient comme une forme de papisme

Avec charisme et une verve étonnante, ils rassemblent des milliers de fidèles dans les villes. Il s’agit d’un phénomène de masse populaire qui atteindra aussi les contrées plus reculées La prédication des ministres du Réveil, les « rock-stars » de la parole évangélique, se veut théâtrale et pleine d’émotions.

Il s’agit de raviver la foi dans des congrégations amorphes.

Il faut rassembler, réveiller et inspirer.

 

Il faut donner envie aux croyants de pratiquer leur religion dans la joie. 

Et par leurs prêches enflammés, ces pasteurs rassemblent, captivent, impressionnent.

Mais ils effraient et divisent en créant des scissions dans les églises entre ceux qui soutiennent ce renouveau de la spiritualité et ceux qui n’y voient qu’opportunisme et chaos.

À propos de ce mouvement évangélique qu’est ce Grand Réveil, voici ce que dit l’auteur Lauric Henneton :

 

 

Plus qu’un tourbillon, la poussée évangélique du milieu du XVIIIe siècle est un dérèglement climatique : une bourrasque, une tempête qui aurait balayé les colonies, voire un tremblement de terre d’une magnitude suffisante pour n’être pas même éclipsée par la guerre contre l’Espagne à la une des gazettes. 

Cette indifférence était notoire dans les colonies du milieu, dont la Pennsylvanie qui était réputée pour son pluralisme, sa liberté d’expression, sa tolérance et son ouverture à d’autres religions, ainsi que le bon sens pragmatique des colons. 

 

Un fermier de Pennsylvanie, par exemple, avait montré son tas de fumier à un pasteur en lui expliquant que c’était son dieu à lui parce qu’il lui apportait tout ce dont il avait besoin.

 

Cette indifférence au fait religieux puritain et à son sectarisme était appelée "la religion de Pennsylvanie"  par les habitants de Nouvelle Angleterre qui imaginaient difficilement la cohabitation avec des Quakers, des Catholiques …

 

 

Mais la situation n’était guère différente ailleurs.

En Nouvelle-Angleterre, la montée du matérialisme engendré par le travail et la réussite sociale remettait en cause la prédestination si chère aux puritains.

 

 

L’Homme pouvait agir sur son destin car il avait deux mains et un cerveau !

 

Désormais, l’impuissance totale de l’Homme et la souveraineté absolue de Dieu étaient remises en question.

Dans les colonies du Sud, ce manque de religiosité était dû au bien-être matériel de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, tous propriétaires terriens.

 

C’était la douceur de vivre du Sud !

 

De plus, cette société était très cultivée et les idées éclairées des philosophes européens leur parvenaient.

 

 

Dans les années 1740, nous constatons un regain d’intérêt pour les déserts ecclésiastiques et l’envoi de missionnaires en Amérique, ainsi que l’aide matérielle, sous forme de bibles et autres imprimés, pour remédier au sous-encadrement.

Le texte et les recherches historiques sont de Françoise Rochet 

Les illustrations et les recherches dans Outlander sont de Gratianne Garcia  

  

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https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Whitefield 

 

Il parcourt les colonies en 1740 de Savannah, en Géorgie, à York, dans le Maine. Ils sont 15 000 à Philadelphie pour l’écouter, 6 000 à Boston et 7 000 à Cambridge, non loin de Boston. 

  

Dans les années 1730 et 1740, Whitefield a plusieurs fois l’occasion de parcourir l’Amérique où, écrit-il, « tout converge pour me convaincre que c’est la scène principale de mes actions». De janvier à décembre 1740, il effectue un tour triomphal, au cours duquel il couvre des milliers de kilomètres et prêche dans plus de quinze villes, de Savannah en Géorgie à York dans le Maine. Partout où il s’arrête, il embrase des foules immenses avides de ses sermons. Ils sont 15 000 à Philadelphie pour l’écouter le 11 mai 1740 ; 6 000 à Boston ; et 7 000 à Cambridge (près de Boston) le 22 septembre de cette même année. Enfin, Whitefield prêche un sermon d’au revoir à Boston devant « près de vingt mille personnes […] un spectacle peut-être jamais vu jusqu’alors en Amérique.». 

Le Great Awakening réduisit l'autorité du clergé et de la hiérarchie, leur imposant un choix : 

•       soit ils acceptaient les idées revivalistes et perdaient une partie de leur autorité au profit de la conversion personnelle des Hommes. Ils acceptaient la Nouvelle Lumière ; 

•      soit ils s'en tenaient aux anciennes lumières et voyaient la foi se dessécher et leurs églises se vider. 

Le Réveil remet en cause les idées de supériorité de la loi divine sur la loi humaine. 

Il renforce la conviction que les droits naturels avaient été donnés par Dieu aux Hommes et qu'ils sont par conséquent inaliénables et fondamentaux.  

Cela conduit à l’idée qu’un souverain de droit divin est une aberration dans ce Nouveau Monde.  

Idée qui sera développée par Thomas Paine !

 

L’impact du Grand Réveil sur la société coloniale américaine est immense et eut une influence décisive sur la vie religieuse et finalement sur la vie politique :

 

•      Il fragilise les grandes Églises traditionnelles, anglicane, congrégationaliste et presbytérienne qui n’ont pas su ni anticiper ni apporter des réponses satisfaisantes aux inquiétudes de leurs fidèles. Ceux-ci sont séduits par les prêches enthousiasmants et optimistes des pasteurs itinérants. 

•      Il accentue la fluidité de la vie religieuse américaine et crée un véritable marché de la religion. Le colon choisit son Église non pas selon un héritage familial ou local mais en suivant une inclination personnelle ou son ascension sociale. 

•      Il favorise l’Église baptiste et l’église méthodiste qui se développent rapidement aux dépens des Églises anglicanes et congrégationalistes. 

•      Il réactive l'utopie initiale : le désir de recréer une société de croyants fervents menant une vie pure et conforme aux principes chrétiens. 

•      Il insiste sur la conversion personnelle. 

•      Il favorise considérablement l’augmentation de la prise de paroles des femmes dans les Églises. Elles seront actives lors des événements révolutionnaires mais seront les grandes oubliées de la Constitution !

•      Il favorise l'essor d'une nouvelle forme religieuse très marquée par les sentiments et les exaltations : l'évangélisme.

•      Finalement, mais aussi dans une certaine mesure, il accentue l'apparition d'une forme de tolérance et de liberté religieuse 3. 

 

  

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3  Il marqua le début des séries de réveils qui secouèrent les États-Unis les siècles suivants :

 

Le Second Great Awakening de la première moitié du XIXè s. 

  

Le Third Great Awakening s’étend de la seconde moitié du XIXè siècle au début du XXè siècle et s’accompagne d’un militantisme en faveur de réforme sociales, dénonçant le travail des enfants, les conditions de vie des immigrants, promouvant une amélioration de l’hygiène en ville et le combat contre l’alcoolisme. Il a aussi son versant conservateur qui développe alors la suprématie américaine. 

 

 

Le Great Awakening introduisit une première forme de liberté religieuse, d'unité, de contestation du pouvoir et d'individualisme qui menèrent vers la Revolution. 

Avec la guerre dans les années 1750 contre les Français et les Indiens, les Américains eurent d'autres préoccupations.

La ferveur du Great Awakening commençait cependant à décroître.

Le matérialisme recommençait à primer sur les âmes.

 

Mais l’idée d'une égalité entre les hommes commençait à germer.

Cette Nouvelle Lumière, c’est aussi un espoir nouveau …. Tout doucement, nous arrivons en 1776 !

Enfin, pour conclure, ces événements vieux de plus de 200 ans, nous rapprochent dans le temps et nous font penser à un autre grand prédicateur baptiste Martin Luther King

 

Il prêcha la joie, l’optimisme et plus de libertés pour les Afro-Américains… une autre révolution… menée par cette église baptiste toujours à la pointe des combats pour plus de justice.

 

I have a dream ! 

Et dans Outlander… 

 

Nous rencontrons cette Nouvelle Lumière…

 

Dans l’écriture de Diana Gabaldon, cette révolution de l’esprit semble être un domaine bien connu ! Effectivement, la littérature américaine regorge d’informations sur ce sujet.

 

Pour les Européens, ce phénomène semble être souvent une grande inconnue. Nous espérons que ce petit résumé vous aura intéressés !

 

T5-1 Ch13 - Baptêmes et barbecue 

 

«  Le père Kenneth reposa le bouchon et se redressa, son œil ouvert brillant à la lueur de la lampe. En montrant Jamie le papier et la plume sur la table, il déclara :

– Monsieur Fraser, ils veulent me faire signer une déclaration jurant que je rejette le dogme de la transsubstantiation.

– Vraiment ?

La voix de Jamie ne trahissait rien de plus qu’un intérêt poli, mais je compris enfin ce que le prêtre avait voulu dire en me parlant d’un cas de conscience. M’adressant aux hommes se tenant en cercle autour de moi, je demandai :

– Il ne peut pas signer une telle déclaration, n’est-ce pas ? Les catholiques, enfin… nous… croyons en la transsubstantiation, non ?

Je regardai le curé, l’air interrogateur, et il hocha la tête. M. Goodwin paraissait malheureux, son euphorie alcoolisée ayant cédé la place à l’embarras.

– Je suis navré, madame Fraser, mais c’est la loi. Tout membre du clergé n’appartenant pas à l’Église d’Angleterre ne peut rester légalement dans la colonie à moins d’avoir signé ce serment. La plupart des personnes l’acceptent. Vous connaissez le révérend Urmstone, le prêtre méthodiste itinérant ? Il a signé, tout comme monsieur Calvert, le pasteur de la Nouvelle Lumière qui vit près de Wadesboro. »…

 

 

T5-1 Ch13 - Baptêmes et barbecue

 

«  – Monsieur Caldwell est un érudit. Il a été à l’université apprendre le prêche. Il faut dire qu’il sait y faire !

Se tournant vers sa femme, il poursuivit :

– Tu as raté une belle fin, l’autre jour, Georgie. Il était devenu très rouge, en nous parlant de l’abomination de la désolation et de la colère de l’apocalypse, et j’ai bien cru qu’il faisait une crise d’apoplexie. Qu’est-ce qu’on aurait fait de lui ? Il refuse d’être traité par Murray MacLeod, car il le considère comme un hérétique. Murray appartient à la Nouvelle Lumière. Vous-même, madame Fraser, étant papiste… sans compter que vous aviez déjà fort à faire avec la naissance des deux petits.

Il se pencha en avant et tapota affectueusement le bonnet de l’un des jumeaux, trop absorbé par sa tétée pour le remarquer. Sa femme se cala plus confortablement avec sa double charge et déclara :

– Ma foi, monsieur Caldwell aurait bien pu exploser, j’avais d’autres chats à fouetter ce jour-là ! Peu m’importait que la sage-femme soit Indienne ou Anglaise

– oh ! pardon, madame Fraser !

–, à partir du moment où elle savait attraper un bébé et arrêter les saignements.

Je marmonnai une modeste réponse, écartant d’un geste de la main les excuses de Georgiana. J’étais surtout intéressée à en savoir plus sur les origines de la chaîne de montre, un certain soupçon prenant forme dans le fond de mon esprit.

– Ce monsieur Caldwell… il est prédicateur, vous dites ?

– Oh oui ! L’un des meilleurs, confirma M. McAllister, et je les ai tous entendus. Prenez monsieur Urmstone, par exemple. Il est très fort sur les péchés, mais il n’est plus tout jeune et il a la voix un peu rouillée. Il faut se tenir tout près pour bien l’entendre, ce qui est plutôt dangereux, parce qu’il s’en prend toujours aux péchés du premier rang. Quant à celui de la Nouvelle Lumière, il n’est pas très convaincant. Il manque de coffre. »…

 

 

T6 Ch83 - Déclaration 

 

Le révérend Caldwell parle à Roger :

 

«  — À Edenton, au début du mois prochain. Le révérend McCorkle viendra de Philadelphie. Il restera quelque temps avant de poursuivre sa route vers les Antilles pour y encourager les efforts de l’Église. Naturellement, je présume connaître vos pensées

– je m’excuse pour la hardiesse de mon attitude

– mais… vous souhaitez toujours être ordonné ?

— De tout mon cœur !

— À la bonne heure ! Vous me remplissez de joie, mon cher ami.

Il lui décrivit McCorkle, qu’il avait rencontré en Écosse, puis se lança dans une analyse de l’état de la religion dans la colonie. Il parla du méthodisme avec respect, mais estimait que les effusions des baptistes de la nouvelle lumière « manquaient quelque peu de retenue ». Certes, une foi sincère était toujours préférable à l’absence de foi, quelle que soit la forme empruntée. Au bout d’un moment, il revint aux circonstances qui les avaient réunis. »…

 

T7-1 Ch19 - Juste un baiser 

 

Tom Christies rencontre Claire à Wilmington : …

« — Lorsque je suis arrivé ici, j’étais pratiquement indigent. Des têtes de poisson, oui, comme vous dites, et parfois un morceau de pain et une soupe offerts par la congrégation de la Nouvelle Lumière. J’y suis allé pour manger et suis resté pour assister à  leur messe, par courtoisie. C’est ainsi que j’ai entendu un sermon prêché par le révérend Peterson. Il m’a profondément touché. Je suis allé le trouver et nous avons… discuté. Une chose entraînant l’autre…

Il releva vers moi des yeux ardents.

— Vous savez, le Seigneur répond à nos prières. »….

  

T6 Ch 57 - Le retour du pasteur  

Extraits sur les besoins de la population et le manque de prêtres et de pasteurs :

 

…« C’était Aidan, hors d’haleine.

— Mme Ogilvie… dit que…

— La petite… elle va très mal… Ils veulent que tu la baptises, au cas où elle mourrait. Roger porta la main à sa poche qui contenait le Livre des prières communes qu’on lui avait donné à Charlotte. Il formait une masse rassurante contre sa paume.

Brianna s’inquiéta :

— Tu peux le faire ? Chez les catholiques, c’est possible. En cas d’urgence, un laïc peut baptiser quelqu’un. 

— Oui, dans un tel cas de figure, c’est autorisé. » (…)

« — Je suis provisoirement « ministre du monde ». Je dois être ordonné pour pouvoir administrer des sacrements comme le mariage et le baptême, mais pour cela, il me faudra patienter jusqu’à la tenue d’une session presbytérienne quelque part. En attendant, je peux prêcher, enseigner et enterrer. »….

(…)

…« Un vrai pasteur – car rien n’aurait pu les persuader du contraire  – était venu jusque dans ces terres reculées et avait daigné apporter la bénédiction de Dieu à leur enfant ! Ils ne croyaient pas à leur chance. »…

 

T6 Ch74 - Le retour du pasteur 

 

« Elle croisa ses mains sur son ventre, l’air protectrice.

— Nous aimerions nous marier avant de l’annoncer à tout le monde.

— Ah.

Roger jeta un coup d’œil réprobateur à Jo, mais ne paraissait qu’à moitié convaincu.

— Mais votre père… il ne va pas…

— Papa préférerait que nous soyons mariés par un curé, ce que nous ferons plus tard. Mais vous savez bien que ça prendra des mois, voire des années avant qu’on en trouve un.

Elle baissa les yeux en rosissant.

— Je… je voudrais être mariée, avec tous les mots qu’il faut, avant que le bébé arrive. »…

 

Tome 9-1ère partie, Chapitre 34 « Fils du prédicateur » 

 

Ce chapitre est très visionnaire car il préfigure l’idée qu’une union est possible tant au niveau des religions et des pensées philosophiques mais aussi il annonce une autre union, celle des 13 colonies. Treize États libres réunis en un État Fédéral… une maison commune pour tous !

Une idée originale, révolutionnaire !

Un héritage venu des Nations Iroquoises…. Une histoire à suivre prochainement !

 

 

«  LA MAISON COMMUNE, comme tout le monde sur le Ridge appelait l’édifice qui devait servir d’école, de loge maçonnique, d’église presbytérienne et méthodiste, ainsi que de temple quaker, était désormais achevée. Par un bel après-midi, la maîtresse d’école malgré elle, le grand maître de la loge et les trois prédicateurs, accompagnés de leurs conjoints, se réunirent pour inspecter et bénir les lieux.

 

— Ça sent la bière, déclara la maîtresse en fronçant le nez. De fait, les effluves de houblon rivalisaient avec l’odeur de pin brut des murs et des nouveaux bancs, si fraîchement coupé qu’une sève or pâle suintait encore par endroits.

— Ronnie Dugan et Bob McCaskill ont eu un différend sur l’opportunité de construire une estrade pour les prédicateurs, expliqua le grand maître. Au cours de cette discussion animée, quelqu’un a renversé le tonnelet d’un coup de pied. (…)

 

Jamie ouvrit son nouveau registre consacré à la MAISON COMMUNE et déclara la séance ouverte. 

— Brianna accepte ENSEIGNER aux enfants durant deux heures chaque matin, de neuf à onze heures. Faites passer le mot. Elle commencera après les récoltes. Si des adultes ne savent encore ni lire ni écrire, ils pourront venir apprendre…(…)

 

Il tourna une page.

— Passons aux affaires de la LOGE… À vrai dire, c’est à la loge de voir. Autrefois, nous nous réunissions le mercredi soir, mais j’ai cru comprendre que le capitaine aurait aimé assurer un service ce soir-là ?

— Si cela ne vous dérange pas trop, répondit Cunningham.

— Mais pas du tout, déclara Roger. D’ailleurs, vous serez plus que bienvenu à nos réunions, Capitaine.

Cunningham lui lança un regard méfiant, puis se tourna vers Jamie qui hocha la tête. Le capitaine acquiesça presque imperceptiblement.

— Nous tiendrons donc nos réunions de la loge le mardi soir, conclut Jamie. Nous avions également pris l’habitude d’utiliser la salle pour nous retrouver les autres soirs, pour de simples réunions entre amis.(…)

 

Jamie tourna une autre page sur laquelle était écrit « CULTE » en grosses lettres noires soulignées. 

— Rachel, comment souhaites-tu utiliser ton dimanche ? demanda-t-il. Ou l’appelez-vous ainsi chez les AMIS ?

— Ils l’appellent le Premier jour, mais c’est bien le dimanche, répondit Ian.

Rachel parut amusée et confirma d’un signe de tête.

— Comptez-vous tous les trois célébrer un SERVICE – ou une ASSEMBLÉE – chaque dimanche ou allez-vous alterner ? demanda Jamie.

Roger et le capitaine échangèrent un regard, chacun craignant de déclencher un conflit mais tous deux déterminés à revendiquer un temps et un espace pour leur PAROISSE naissante.

— Je serai là chaque Premier jour, annonça Rachel calmement. Toutefois, compte tenu de la nature de l’assemblée des Amis, il est préférable que je vienne dans la deuxième partie de l’après-midi. Ceux qui auront assisté à un service plus tôt dans la journée pourraient trouver utile de venir s’asseoir et MÉDITER sur ce qu’ils ont entendu dans le silence de leur cœur, ou de le partager avec les autres.(…)

— Nous assurerons une MESSE tous les dimanches, dit Roger. Après tout, le troisième commandement ne dit-il pas « Tu sanctifieras le jour du Seigneur deux fois par mois » ? (…)

— Vous savez chanter ? demanda Roger.

— Je… Oui, répondit Cunningham, surpris.

— Moi, je ne peux pas, dit Roger en montrant sa gorge. Si vous passez le premier, vous pourrez laisser les FIDÈLES de bonne humeur avec un hymne final. Ils seront alors peut-être plus réceptifs à ce que j’aurai à leur dire. Cela déclencha une vague de rire, même si je doutais qu’il ait voulu plaisanter.

— Ne vous inquiétez pas d’être le premier ou le second, Capitaine, le rassura Jamie. Les DIVERTISSEMENTS sont rares par ici. (…)

 

 

Au cours de son bref séjour parmi nous, John Quincy Myers avait déclaré que les montagnards étaient tellement privés de distractions qu’ils étaient capables de parcourir vingt milles pour regarder de la peinture sécher. Sans doute était-ce sa manière modeste d’expliquer qu’il nous amusât autant. Néanmoins, il n’avait pas tort. L’arrivée d’un nouveau PRÉDICATEUR aurait suffi à attirer une foule. Deux nouveaux prédicateurs était du jamais-vu, sans parler de deux prédicateurs représentant deux visages différents du CHRISTIANISME ! Alors que je me tenais devant la nouvelle Maison commune, attendant avec Jamie que commence le service du capitaine Cunningham, j’entendis des voix chuchotées derrière moi prendre des paris : d’abord, si les deux prédicateurs en viendraient aux mains, ensuite, le cas échéant, lequel l’emporterait. (…) Cela ravit les garçons et déclencha un grondement réprobateur de la part des quelques MÉTHODISTES et ANGLICANS présents. (…)

 

— C’est nous qui vous remercions, Colonel, d’offrir à mon fils la possibilité d’apporter LA PAROLE de DIEU à ceux qui en ont le plus besoin, déclara-t-elle sans sourciller. »…

 

Bibliographie et documents.

 

https://www.oxfordbibliographies.com/display/document/obo-9780199730414/obo-9780199730414-0175.xml 

 

 

 

 

Outlander est une œuvre semée de petits détails et à chaque étape de l’aventure, nous découvrons des indices apparemment insignifiants qui nous plongent en réalité dans la grande Histoire ! Chacun y puise ce qu’il aime, ce qu’il comprend, ce qui lui fait plaisir !

 

Nouvelle Lumière : deux petits mots très discrets, repris dans plusieurs chapitres et perdus au milieu de millions de mots, dans l’œuvre de Madame Gabaldon, ont aiguisé notre curiosité ! De quelle nouvelle lumière pouvait-il s’agir ?

 

C’est dans un ouvrage très détaillé sur l’Histoire des religions en Amérique que nous avons trouvé des informations : la « Nouvelle Lumière », c’est « The Great Revival », autrement dit le « Grand Réveil ».

À partir de là, nous allons assister au Grand Réveil qui va modifier fondamentalement et durablement le schéma religieux nord-américain.

 

Ce Réveil, véritable secousse sismique religieuse, va soulever de nouvelles idées. Les pasteurs réveillent leurs propres fidèles. Ils parcourent les colonies en prêchant des sermons devant des foules immenses, subjuguées par ces ministres itinérants, annonçant haut et fort la Parole évangélique.

 

C’est une parole d’optimisme et de joie ! 

Le plus célèbre de ces pasteurs est l’anglais George Whitefield, 2 surnommé le « grand réveilleur ».

 

Il est un as de la communication et sait utiliser la presse et l’édition de manière moderne et efficace pour la promotion de sa cause. Il publie régulièrement lettres et sermons.