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Le serment d'allégeance 

Episode 104

Tout commence par une très belle introduction, inattendue et pleine d’un suspens un peu facile, certes, mais de temps en temps, pourquoi pas ? Puisque les scénaristes ont le bon goût de ne pas en abuser.

Assez rapidement, l’inquiétude laisse place au rire des enfants ainsi qu’à celui de Claire. Depuis quand n’avait-elle pas ri ? Peut-être bien jamais, depuis son passage à travers les pierres.

 

Et c’est à nous de rire ensuite, lorsque Claire tombe à terre et que Angus lui offre sans complexe une vue sous son Kilt (ce qui donnerait une réponse à l’éternelle question à propos de ce que portent les Écossais !)

Quelque chose a attiré votre attention" ? demande-t-il avec malice.

 

Et puis, voilà que l’on comprend que le jeu n’est qu’un prétexte à la préparation d’une évasion. Alors le sourire s’efface.

Non, Claire ne s’adapte pas. Elle n’a pas renoncé. Ce qu’elle désire, c’est rentrer chez elle. Elle se prend en charge, n’attendant aucun soutien extérieur, elle ne demande rien à personne. À qui d’ailleurs ? Car qui voudrait aider une Sassenach ?

 

C’est étrange ce paradoxe qui nous montre Claire souriante, attentive à tout ce qui l’entoure, alors que sa voix off nous explique le plan de son évasion point par point.

Il est pourtant indéniable qu’elle commence à s’habituer aux lieux. N’est-elle pas admirative de la joie de vivre simple et communicative des habitants de Leoch ainsi que des invités qui logent au campement en bordure du château ?

La scène est courte, mais elle est magnifiquement évoquée. Chaque détail est représenté avec rigueur et talent. Et les costumes sont merveilleux, comme tout le long de cette première saison.

 

Toujours flanquée de ces gardiens, Rupert et Angus, Claire tente de faire bonne figure. Il faut dire qu’elle commence à savoir comment les prendre ces deux-là. Un peu d’humour, un peu de sévérité et beaucoup de finesse d’esprit. Leurs penchants pour l’alcool et les jolies filles rendent les choses plus faciles.

Par Valérie Gay-Corajoud

Claire se dirige ensuite aux écuries afin de se voir attribuer un cheval, soi-disant pour participer à la chasse au sanglier prévue le lendemain. Peut-être espérait-elle y trouver Jamie ! Mais c’est le vieil Alec, toujours bougon, qui lui octroie Sulfureuse… Drôle de nom ! Même si on la dit gentille et pleine d’endurance.

La scène est accompagnée de "That lovely weekend" de Dorothy Carless et Géraldo (1941), anachronisme auquel on nous avait déjà confrontés dans le premier épisode, lors de sa rencontre avec Geillis.

Peut-être aurait-il été plus judicieux de proposer une bande son plus atténuée afin d’accompagner les pensées de Claire, plutôt que de tonitruer de la sorte. (Problématique qui se répètera lors de l’épisode 401 quand Bonnet attaque les Fraser).

Claire se dirige maintenant vers son infirmerie. Elle marche d’un pas décidé, ce qui sous-entend qu’elle est dorénavant habituée aux lieux dans lesquels elle se sent en sécurité. Cependant, le plan séquence est incroyablement sombre, comme un rappel de sa condition de prisonnière.

 

Geillis l’attend sur place. Elles se connaissent bien maintenant ! Sont-elles amies ?

À chacune de ses apparitions, on constate chez Geillis une attitude ambigüe. Souriante, attentive, et pourtant à l’affût, tel un fauve.

D’ailleurs Claire ne s’y trompe pas et reste toujours sur ses gardes. Du début à la fin, leur relation ne s’est jamais départie de cet espace, empli d’attirance et de méfiance.

 

Cette longue scène entre les deux femmes est passionnante. Elle en dit beaucoup sur leurs personnalités respectives !

Après avoir fourni à Claire la bouteille de porto qu'elle lui avait demandé (nous saurons par la suite à quoi il est vraiment destiné), Geillis suppose Claire enceinte parce qu’elle a beaucoup de nourriture en réserve. Son esprit soupçonneux file à toute allure pour donner un sens à ce fait inhabituel.

Claire, jouant l’innocence, trouve des réponses tout aussi rapidement. Mais Geillis insiste. Après tout, Claire attend peut-être un bâtard. Cela expliquerait absolument tout !

Prise à défaut, Claire commet sa première erreur.

— Je t’assure Geillis que je n’ai jamais trompé mon époux. 

— Ce n’est pas le tromper s’il est mort, lui rétorque Geillis avec un œil pétillant de malice. 

Pour Claire, c’est un supplice. Elle replonge dans sa douleur, repense à son mari aimé. Elle garde le silence, trop longtemps ! Nous comprendrons par la suite que Claire ne sait pas mentir. Ce qu’elle pense se lit sur son visage.

— L’est-il ? insiste Geillis 

— Il n’est pas en vie. 

— Donc… il est mort ? 

— C’est cela, répond finalement Claire, envahie par des images de tendresse avec Frank.

 

D’un point de vue scénaristique, il est important qu’on nous plonge à nouveau dans les souvenirs heureux de Claire et Frank. Nous devons oublier sa sympathie envers Jamie, les rires avec les enfants en introduction et surtout, le fait qu’elle commence à se plaire à Leoch.  Nous devons oublier tout cela, afin que cette tentative d’évasion ait un sens et que nous comprenions à quel point cela est crucial pour elle, jusqu’à risquer sa vie.

 

— Et vous n’avez jamais eu d’enfant ? Peut-être es-tu stérile, reprend Geillis.

À noter qu’à cette époque, que ce soit celle du 20e ou celle du 18e, l'infertilité incombait systématiquement à la femme.

 

Finalement, la discussion se focalise sur la racine de valériane. Comment la préparer... pourquoi s'en servir...  Les plantes. Voilà ce qui les rapproche réellement.

Avant de partir, Geillis informe Claire qu’il n’est pas bon pour une femme d’être seule dans les Highlands.

— Tu ferais bien de ne pas l’oublier, conclut-elle en se retournant. 

Il est difficile de dire si c’est une menace ou un conseil amical.

— Je te vois plus tard à la cérémonie, rétorque Claire afin de clore le sujet. 

— Tu es sûre ?

Il est évident que Geillis se doute de quelque chose. Cette femme est intelligente, mais avant tout manipulatrice. Elle sait reconnaître lorsqu’on tente de la manipuler à son tour.

 C’est promis lui répond Claire à nouveau. 

— Attention ! Une promesse est chose sérieuse dans ce pays. 

— Dans le mien aussi. 

 

L’entièreté de leur rencontre se déroule dans le calme. Aucune n’élève la voix. La plupart du temps, le visage de Geillis sourit et celui de Claire souffre. Et pourtant, chaque parole sonne comme une menace, un mensonge, une destinée incontournable.

À peine Geillis sortie de l’infirmerie, Claire se remet en mouvement. Elle retrouve son courage et sa détermination. C’est même ce qui la tient debout.

En quête d’une arme, elle se rend à la cuisine. Elle n’a pas le temps de se saisir du couteau, car miss Fitz lui propose de revêtir une robe plus somptueuse en prévision de la soirée à venir.

 

 Le voilà enfin, ce grand rassemblement !

Terry Dresbach – responsable des costumes des trois premières saisons – s’est surpassée pour cette soirée ! Ça vaut la peine de prendre le temps d’observer chacune des tenues, qu’elles soient féminines ou masculines.

Quant aux deux caméos, Diana Gabaldon, vêtue et coiffée avec art et Ronald D Moore portant fièrement une veste brodée d’or, je suppose qu’ils n’auront échappé à aucun fan digne de ce nom.

 

Alors que la grande pièce du château est noire de monde, voici le laird qui s’avance.

Le plan se focalise sur ses jambes tordues. Durant de longues secondes, nous sommes les témoins impuissants de son infirmité et de la démarche bancale qu’elle lui confère. Finalement, alors que Colum descend les marches, la caméra remonte jusqu’à son visage enfin rasé et ses cheveux bien attachés, ce qui lui donne un air plus jeune et moins souverain.

On pourrait croire que c’est un mauvais calcul de la part d’un laird qui s’apprête à recevoir un serment d’allégeance de tous les hommes présents ! Mais il est évident que Colum ne pourra jamais inquiéter par sa prestance. Comment pourrait-il faire le poids face aux colosses qui composent son armée ? Sans même parler de la stature imposante de son propre frère qui se tient la majorité du temps à sa droite ?

Non, l’autorité de Colum MacKenzie n’est pas issue de la crainte, mais de la loyauté. Elle n’est pas nourrie de terreur, mais de confiance. Elle n’est pas née de la force, mais de l’intelligence et du savoir.

 

Claire se tient aux côtés de Murtagh dans la galerie supérieure. À noter que ce dernier est infiniment plus présent dans la série que dans les récits de Diana. Cela permet d’éviter un trop grand nombre de personnages à mémoriser. De plus, nous commençons à nous habituer au trio qu’il forme avec Claire Jamie et qui perdurera plusieurs saisons.

Le choix, également, de ne pas sous-titrer les propos tenus en gaélique est une bonne idée, car nous pouvons compatir à l’isolement de Claire. Lorsque le scénario l’exige, la traduction se fait par un tiers, comme le fait présentement Murtagh pour le discours du Laird.

 

Les propos de Colum sont à sa mesure, teintés de courage guerrier, de loyauté et de promesses. J’en profite pour dire mon admiration devant l’interprétation stupéfiante de Gary Lewis.

 

Entre deux déclarations, se glisse une phrase qui semble tout particulièrement destinée à Claire.

 Il serait bien sot, celui qui oserait défier les McKenzie, qu’il soit armé ou non. 

Cela sonne comme une menace en regard de ce qu’elle s’apprête à faire.  Si elle l'avait sous-estimée, elle n’était dorénavant plus en mesure de l’ignorer.

 

À la fin de son discours, je suis persuadée que plus personne ne pense aux jambes qui soutiennent si douloureusement ce Laird tout puissant.

 

Alors commence le défilé de chacun des hommes présents, Dougal en tête, comme il se doit.

"Je jure, sur la croix de notre Seigneur Jésus-Christ et par le fer sacré que je tiens,   

De t’être fidèle et dévoué, et m’engage à me montrer loyal envers le nom du clan Mackenzie.  

Si d’aventure je levais la main sur toi dans un esprit de rébellion,   

Je demande que ce fer sacré me transperce le cœur". 

Après cela, il est temps pour Claire de se mettre en route. Mais avant tout, elle doit se débarrasser d’Angus qui prend son rôle de gardien très au sérieux.

J’ai beaucoup aimé la tournure de leur conversation qui passe de la menace à la supplique.

— Madame, pourriez-vous au moins rester, jusqu’à ce que je me trouve une belle fille pour la soirée ? 

C’est la première fois qu’il s’adresse à Claire de cette manière. On perçoit alors la complexité de ce personnage jusqu’alors montré sous un jour peu glorieux.

C’est le bon moment, pour Claire, de lui proposer le porto dans lequel elle a versé la fameuse valériane.

Comme souvent, lorsque Angus (ou Rupert) est dans les parages, les scénaristes se permettent un peu de légèreté et ça fait du bien, surtout quand on se réfère à l’humour qui habite l’écriture de Diana Gabaldon !

— Hum ! Ce n’est pas du vin du Rhin ! Constate Angus après une première gorgée.

— Non, c’est du porto, un vin très cher. 

— Porto ? C’est un vin très fort. Ça monte quand même un peu à la tête. 

— C’est un sédatif. 

— C’est de l’espagnol ? 

Pendant que les serments s’enchaînent, au son de la cornemuse, Claire peut enfin s’isoler et mettre la suite de son plan à exécution.

Tout d’abord, rejoindre son infirmerie pour récupérer son baluchon puis se diriger vers les écuries.

Mais voilà qu’elle tombe nez à nez avec Laoghaire venue lui demander un philtre d’amour.

J’ai trouvé cette scène très touchante, car elle montre le désarroi dans laquelle vit cette jeune fille un peu naïve. Qu’elle espère de l’aide de la femme qui lui vole l’homme de sa vie en dit long sur sa solitude.

— Peut-être pourriez-vous me donner un remède qui aide une fille à attirer l’attention d’un garçon ! 

Nous savons tous, Claire comprise, qu’il s’agit de Jamie.

— Je n’ai pas l’impression que vous aviez besoin d’aide la dernière fois que je vous ai vu tous les deux. 

— Non, pas pour ça ! Ce que je voudrais, c’est qu’il tombe amoureux. 

 

Il est très important de se souvenir de ce désir particulier et du désespoir qui perce dans les propos de Laoghaire, lorsque, plus tard, elle en viendra à des procédés moins naïfs.

 

La suite est succulente. Claire cherchant un produit qui pourrait passer pour un philtre, choisit du crottin de cheval séché. "Jamie ne verrait pas la différence", en référence à sa fonction de palefrenier.

Elle le donne à l’adolescente et ajoute.

— Saupoudre le contenu de ce flacon sur son seuil, claque trois fois des talons et dis à voix haute : Il n’y a pas mieux que l’amour. 

La référence au magicien d’Oz est flagrante, lorsque Dorothy réalise qu’elle avait le pouvoir de rentrer chez elle dès le début, grâce à ses souliers rouges et à une formule magique : "Il n’y a pas d’endroit mieux que chez soi".

Et c’est reparti pour la course contre la montre.

Claire suit un parcours minutieusement préparé afin de rejoindre les écuries : Passer devant la réserve, éviter la cuisine, traverser l’aile est, se diriger vers l’escalier nord...

 

Mais voilà qu’un nouveau contretemps la stoppe net dans sa progression.  

Elle n’avait pas prévu que le château allait regorger de guerriers conviés au serment. D’une certaine manière, elle était jusqu’alors protégée par l’invitation de Colum à rester dans ses murs, quand bien même cette invitation était teintée d’une certaine menace. Mais pour les "étrangers", Claire n’est qu’une Anglaise qui ne demande qu’à être troussée, l’alcool imbibé depuis des heures encourageant à cette bestialité.

Qu’elle soit secourue par Dougal est une bonne trouvaille. Car depuis le début, les relations sont tendues entre ces deux-là. D’ailleurs, aussi aviné que les autres, il se laisse aller à sa nature paillarde. C’était compter sans la capacité de Claire à se défendre. Il faut dire qu’ils n’ont pas l’habitude, ces brutes du 18e siècle, à ce qu’une femme leur résiste. Un coup sur la tête et la voici repartie. 15 pas en direction du puits, marcher vers le nord-ouest pour éviter la sentinelle faisant face au sud.

 

Elle est enfin aux écuries. Elle a affronté toutes les difficultés et elles étaient nombreuses !

Geillis et sa méfiance, Angus et son acharnement, Laoghaire et sa requête, les highlanders et leurs concupiscences et finalement Dougal, trop saoul pour se contenir. Mais tout ça est derrière elle. Ça valait la peine puisqu'elle est arrivée.  

 

Mais un dernier obstacle survient, bien plus grand que tous les autres. Car elle peut frapper Dougal, elle peut tromper Geillis, Angus et Laoghaire, mais elle est démunie face à la droiture et la gentillesse de Jamie sur lequel elle marche par mégarde.

 

— Nom d’un Franklin ! C’est pas Dieu possible ! 

— Non Sassenach, ce n’est que moi. 

 

Ce qui est merveilleux dans l’attitude immédiate de Jamie, c’est qu’il n’est ni dans la colère ni dans le jugement. Il a compris les intentions de Claire et la raison de sa présence ici en regardant son baluchon.

— Vous comptez aller jusqu’où comme ça, par une nuit sans lune avec un cheval que vous ne connaissez pas et avec la moitié des hommes du clan McKenzie à vos trousses ? 

 

À Jamie elle peut tout dire. Ce n’est pas un caprice ! Cela fait des semaines qu’elle souhaite partir et elle a tout préparé pour cela. Peut-être même, y a-t-il un peu de fierté lorsqu’elle décrit tout ce qu’elle prévu ! Mais Jamie ne s’en laisse pas conter et, gentiment, il lui fait remarquer que Colum a placé le double de gardes autour du château à cause du rassemblement.

— Les meilleurs traqueurs du clan vous rattraperont. Colum ne vous appellera plus « son invitée » après cela. 

Nous ne le savons pas encore arrivé à ce stade de l’histoire, mais si quelqu’un peut comprendre à quel point il est important de maintenir une entente cordiale avec les Mackenzie, c'est bien lui.

 

Alors Claire perd son sang-froid. Pour la première fois, elle élève la voix.

— Ça m’est égal ! Il faut à tout prix que je m’en aille. Comme vous l’avez clairement dit, je ne suis qu’une étrangère, je ne suis qu’une Sassenach. 

Le choix des mots est important ! Elle n’est pas une Sassenach ! Elle n’est que cela.

— Si je vous ai offensée, j’en suis désolée, Claire. 

— Je sais que dans votre bouche ce n’était pas méchant. 

Mais c’est dur pour elle. Tous ses espoirs de s’enfuir viennent d’être anéantis en une minute.

 

 Comment décrire la scène qui suit sans tomber dans le romantisme exacerbé ?

 

Il lui propose de la ramener au château, mais elle lui parle de sa rencontre avec les membres du clan, puis avec Dougal.

— Je l’ai peut-être frappé un peu fort avec une chaise, ou quelque chose comme ça… je crois qu’il est inconscient. 

— Était-il saoul ? 

— Oui. Très. 

Alors, contre toute attente, Jamie se met à rire et tout l’espace se remplit de cette fraîcheur qui vient ôter tout le poids des épaules de Claire qui retrouve le sourire.

 

C’est ça leur relation. C’est comme ça qu’elle nait, entre confidence, humour et confiance.

— Ça va aller Sassenach, lui dit-il encore juste avant de la raccompagner. 

Et elle le croit. Ça se lit dans ses yeux. Comme lorsqu’ il lui avait déjà promis le jour de leur arrivée à Leoch. « Tant que je serais à vos côtés, vous ne risquez rien ». 

Bien qu’empruntant un chemin détourné pour retourner au château, ils se font repérer par quelques McKenzie, dont Rupert qui oblige Jamie à jurer allégeance au Laird. Nous ignorons toujours pourquoi Jamie n’y était pas, mais on se doute que la raison était impérieuse.  

 

Il enfile une chemise propre, prenant soin de cacher son dos zébré aux hommes de la pièce et refuse la broche que lui tend Rupert, frappée de la devise des McKenzie : « Je brille, mais ne brûle point ». (Luceo non uro) 

 

Sans que nous sachions encore à quel clan il appartient, nous apprenons donc qu’il n’est pas un McKenzie, ce qui explique sans doute son absence au rassemblement.

Son visage s’illumine lorsqu’il cite sa devise  : « Je suis prest ».

C'est peu de le dire !

 

Claire retourne dans la grande salle où le temps semble s’être figé.

Une poignée d'hommes attend pour prêter serment. Il est difficile de croire que Claire a vécu autant de péripéties alors que la cérémonie bat son plein. Ceux qui sont déjà passés papotent dans un coin, tout se déroule à merveille.

Mais Jamie arrive à son tour.

Les têtes se tournent, le silence se fait petit à petit.

La tension est perceptible et nous peinons toujours à comprendre pourquoi.

Murtagh explique à Claire (donc à nous) que si Jamie jure allégeance à son oncle Colum, il pourra prétendre lui succéder, d’autant qu’une bonne partie des hommes voteraient pour lui. Mais cela n’est pas du goût de Dougal qui souhaite prendre la tête du clan à la mort de son frère.

—Si Jamie prêtait serment, Dougal ne lui laisserait pas respirer l’air des McKenzie très longtemps. 

— Alors, pourquoi porte-t-il allégeance ? lui demande Claire, un peu confuse.  

Parce qu’en tant que guerrier bien portant et neveu du Laird, il n’a pas le choix. S’il s’y refuse, ce sera considéré comme un affront et il le payerait de sa vie. 

— Ce qui fait que quoi qu’il fasse il devra mourir ! Alors, pourquoi reste-t-il à Leoch ? 

— Parce que sa tête est mise à prix. 

 

 

Le voilà le drame de Jamie, ce qu’il essaye de dire à Claire depuis le début de leur rencontre. Black Jack Randall a fait plus encore que lui ravager le dos à coup de fouet ! Il a aussi fait de lui un homme sans maison, sans famille, sans nom.

C’est pour cela qu’il restait caché dans les écuries le temps que la grande réunion se termine. Pour les uns et pour les autres, c’était la meilleure solution. Mais pour venir en aide à Claire, il en est sorti. Voilà ce que c’est, de tomber amoureux… Ce qu’il lui avouera bien des mois plus tard.

 

Malgré cette impasse dans laquelle Jamie semble embourbé, il trouve une issue convenable. Pour cela, il compte sur l’intelligence et l’humanité de Colum.

Je ne te jure pas allégeance, mais je t’accorde mon obéissance aussi longtemps que mes pieds fouleront les terres du clan McKenzie. 

 

Cette scène est magnifique et vaut la peine d’être visionnée plusieurs fois afin de savourer le jeu silencieux des acteurs. Les regards, le langage du corps, les subtils changements d’expression de Colum, qui petit à petit, laisse apparaître son contentement, son soulagement puis son bonheur. C’est avec un sourire complice qu’il tend à son neveu, la coupe emplie de whisky qui scellera leur accord.

La vie reprend alors, comme si quelqu’un avait appuyé sur un interrupteur. La foule applaudit, les rires fusent et la musique entraine les danseurs sur la piste. Un drame a été évité et la fête peut continuer.

De son côté, Jamie, quitte discrètement la salle, passant à côté de Claire avec un air charmeur.

Murtagh le suit en râlant.

Je commence à me faire trop vieux pour tout ça. 

Le jour se lève sur Leoch, et Claire est toujours là. Finalement, elle doit bel et bien se rendre à la battue au sanglier pour assurer les soins éventuels.

À nouveau, « That lovely weekend » accompagne la scène de ses sonorités anachroniques. Claire retrouve son caractère frondeur et houspille Angus et Rupert, soulignant ainsi qu’elle est ici contre son gré. Elle doit tourner la page après cet espoir fou de s’enfuir. Une chasse au « cochon poilu » est une solution comme une autre.

Apparemment vous n’en avez jamais vu ! lui répond Rupert qui ne sait plus comment l'aborder.

De fait, un rabatteur est blessé à la jambe. Une belle entaille dont elle s'occupe avec les moyens du bord en râlant comme elle le fait si bien.

Une scène qui rappelle celle durant laquelle elle bandait l’épaule de Jamie qui venait de tomber de cheval, dans le premier épisode. Elle soigne, mais elle engueule, parce qu’elle en a marre de se soucier des hommes qui partent à la guerre ou à la chasse.

En se dirigeant vers une autre victime, Claire se retrouve nez à nez avec un sanglier, et il est bien plus que poilu, là-dessus, il n’y a plus aucun doute. Heureusement, au dernier moment, Dougal l’abat d’un coup de fusil. Ne vient-il pas de se racheter auprès de Claire en lui sauvant la vie ?

 

La scène suivante est également très importante.

Claire arrive auprès de Geordie, un ami de Dougal. Il ne survivra pas, Claire et Dougal le savent. Alors plutôt que le laisser agoniser des heures, Dougal desserre le garrot autour de sa jambe.

En voix off, Claire reprend un passage du livre de Diana que j’avais déjà trouvé très beau à la lecture.

«Une mort plus paisible, sans doute était-ce ce que Dougal était en train de lui donner. Il allait s’éteindre proprement, sous le ciel. Le sang de son cœur tachant les mêmes feuilles que celui de la bête qui l’avait tué. »

 

On découvre une autre partie de Dougal au cours de ce passage. Sensible, et lucide. À son ami, il accorde son temps et son écoute bienveillante.  Tous les hommes sont là également, veillant silencieusement sur l’un des leurs.

Lorsque Geordie perd pied à l’approche du grand départ, Claire l’encourage à parler de sa maison et de sa région, afin que ses dernières pensées soient heureuses.

 

Elle ne le sait pas encore, mais c’est à partir de ce moment que tout va changer pour elle.

Elle n’est plus seulement une Anglaise potentiellement espionne aux yeux de Dougal ! Elle est également une guérisseuse efficace et endurante. Exactement ce dont il a besoin pour l’expédition à venir.

 

Mais avant cela, toute l’équipe doit rentrer, la dépouille du sanglier abattu et celle de Geordie, l’un et l’autre, ramenés à dos d’un cheval. C’est le coût de la chasse, ce que Claire n’avait pas vraiment réalisé.

Aux abords du château, un match de shinty (l’équivalent du hockey sur gazon) a lieu auquel Dougal se joint pour vider sa rage et sa tristesse.

La vie, la mort, le jeu et la guerre. C’est ce qui constitue le quotidien de ces fiers highlanders. Le monde dans lequel Claire a échoué et dans lequel il semblerait qu’elle soit tenue de rester.  

 

Le lendemain matin, elle quitte Leoch avec la troupe de Dougal, pour la première fois depuis son arrivée.