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Première quête au pays d’Outlander : 

les croyances de Jamie, sa foi catholique, son libre arbitre et son destin. 

Claire Doré et Fany Alice 

Dialogue entre Jamie et Claire -T04 Chapitre 16 :

 

« — Tu ne vois donc pas comme l’idée de la mort est dérisoire en ce qui nous concerne tous les deux, Claire ? »
Non, je ne la jugeais pas du tout dérisoire…
— Quand tu es rentrée chez toi, après Culloden… j’étais mort, non ?
— C’est-à-dire que je le croyais. C’est pourquoi je… oh !
— Dans deux cents ans, je serai mort depuis longtemps, Sassenach, que je sois tué par les Indiens, une bête sauvage, la maladie, la corde du bourreau ou simplement la vieillesse… Je serai mort et enterré.
— Oui.
— Comme je l’étais déjà quand tu vivais dans ton époque.
J’acquiesçai, sans voix…
— J’étais mort, Sassenach, et pourtant, pendant deux cents ans, je n’ai jamais cessé de t’aimer. …
— Moi aussi, je t’aimais, murmurai-je. Je t’aimerai toujours. …
— Tant que nous vivrons, nous ne serons qu’un. Et longtemps après que mon corps sera tombé en poussière, mon âme t’appartiendra encore, Claire… je le jure sur les cieux. Je ne te quitterai jamais…Rien ne se perd, Sassenach, tout se transforme.
— Je sais, c’est le premier principe de la thermodynamique
— Non, c’est la foi. » 

 

Quel genre de héros est Jamie Fraser ? 

 

Fany Alice

C’est un héros anachronique, qui emprunte un peu à son siècle, un peu à celui de Claire, et invente aussi sa propre route. C’est ce qui le rend intemporel, au travers sans doute également de l’immortalité de ses valeurs et de leur transmission, par la foi ou la science de la thermodynamique.

Il peut être en rupture avec son siècle parce qu’il place la Raison avant le dogme, même si, on le verra plus loin, la foi est l’aiguillon de sa rationalité. Dans ses relations avec Claire, Lord John ou même son clan, il est souvent l’auteur de sa propre éthique. Celle-ci n’est certes pas déconnectée de son environnement immédiat ou de son éducation dans les codes du XVIIIème siècle dont il emprunte les traits - courage, esprit guerrier, vision hiérarchique des relations sociales - mais sa différence le rend particulièrement perméable à la beauté, la tendresse, la générosité.

Il est en phase avec un XXème siècle meurtri par un conflit mondial qui a privé d’humanité des millions d’hommes dans les chambres à gaz et qui pose l’éternelle question de la destinée, admirablement résumée, notamment par Primo Lévi : pourquoi moi ? Pourquoi eux ? Jamie est économe du sang versé, questionnant sans cesse la légitimité de ses actes, le sens de son propre destin et de sa survie alors qu’il aurait eu bien des fois l’occasion de mourir.

 

Claire Doré

Pour moi, Jamie Fraser n’est ni un héros antique (être extraordinaire mourant jeune pour sauver sa cité), ni un héros christique (sauveur diffusant un message d’amour). C’est plutôt un héros romanesque, avec la souffrance née du conflit spirituel entre la nécessité d’agir et la conscience de ses erreurs. Son amour transcende le quotidien, en nous faisant vivre des émotions intenses. Il nous fait rêver, trembler, vibrer. Cet homme rebelle, dépossédé, proscrit, souvent blessé et malheureux, est sauvé par l’amour de sa belle. Épris d’éthique, de morale, il est déchiré entre l'idée qu'il se fait de lui-même et le rôle que la société lui réserve. Il a connu l’enfer de Culloden, il a massacré, il a fui et renoncé à une vengeance impossible du pire des hommes, il cherche une rédemption.

Son amour de la nature, dans sa version sauvage des Highlands ou des terres vierges de Caroline du Nord, est un thème éminemment romantique. Le geste de Jamie de s’effacer de l’existence de Claire en la ramenant aux pierres est aussi un geste romantique. Pour Claire, son improbable voyage dans le temps devient un extraordinaire itinéraire romantique. Mais le traitement de l’histoire rompt avec cette approche romantique, quand Jamie met sa force vers le contexte social de la révolution américaine, comme un défi à la mesure de ce couple exceptionnel.

Approfondissons la notion de destin, commune à aux deux réponses. Jamie peut-il agir ou doit-il subir ? Comment s’articule son libre arbitre ?

 

Claire Doré

Pour Jamie, Dieu a déterminé, pour chaque créature, un destin et les moyens de l’accomplir. Dieu lui a donné la raison et la volonté, et donc le libre arbitre. Les hommes ne peuvent s’empêcher d’être ce qu’ils sont, pas plus lui qu’un autre, certains naissent guérisseurs, d’autres bourreaux.

Mais Jamie, guerrier élevé pour défendre sa famille et son clan, s’interroge toujours sur la légitimité de ses actions violentes. A Culloden, il a tué quatorze fois, et bien plus au cours de sa vie. Il ne choisit pas volontairement de tuer, mais être du côté du bien et de la justice justifie-t-il ses actes ? Il pense agir conformément à son destin, et espère n’être pas devenu un barbare. Il essaie de se conduire moralement, et a conscience de la portée de ses actes les plus terribles. Il espère qu’aucun de ses actes de violence n’étant gratuit et commis par méchanceté pure, il n’en porte pas l’entière responsabilité.

 

Fany Alice

Je crois que, dans la notion de destin, résonne l’idée de fatalité. De là découle l’idée que tout est vain et que l’enchaînement des actes nous exonère du droit de penser et de questionner nos actes. Certes, il existe un déterminisme - de naissance, de sexe, d’aptitude biologique ou de condition sociale… - mais celui-ci est sans cesse disputé par le libre-arbitre. Et c’est ce qui fait l’homme, sa richesse et son intérêt, à l’échelle de l’individu ou de l’Histoire, et le plaisir d’une vie.

Si je devais utiliser une métaphore, je dirais que Jamie casse le fil du destin qu’il reçoit et propose une autre trajectoire puis, ce fil se renoue malgré lui et lui impose un nouveau défi et, là encore, il s’en affranchit et ainsi de suite. C’est une odyssée infinie. Il compose ainsi avec des forces immanentes, qui sont comme les cartes d’un jeu qu’il a tirées et avec lesquelles il doit nécessairement composer. Il lutte, joue ou déjoue, triche également, et perd parfois la maîtrise du jeu. L’exemple le plus flagrant est la nécessité de renvoyer Claire dans son époque.

Mais, sur le long terme, même si je ne connais pas la fin prévue dans le dixième tome, j’ai le sentiment que Jamie parvient à se concilier la bienveillance de ces forces, comme si elles-mêmes reconnaissaient sa valeur et finissaient par s’incliner. Cela s’appelle le bonheur, et dans le cas particulier des Fraser, l’amour.

 

Claire Doré

Le choix moral de ses actions s’inscrit clairement dans les limites des contraintes de la nécessité ou du destin.

Ce que Jamie choisit, avec toutes les conséquences horribles et tragiques : les coups de fouets, pour ne pas accéder à la demande sexuelle de BJR, le marché avec BJR pour sauver Claire, tenter de changer le futur à Paris, le duel avec BLR, la renonciation à Lallybroch, le renvoi de Claire et son enfant dans son époque, mourir à Culloden, vivre solitaire dans une grotte pendant sept ans, se rendre aux Anglais et se retrouver enchaîné dans une prison à Ardsmuir, vivre en domestique à Helwater puis quitter William, se remarier sans amour, se séparer de sa sœur et quitter l’Écosse, accepter les terres de Fraser’s Ridge accordées par le gouverneur malgré la révolution qui gronde à sa porte, devenir Général dans l’armée continentale avec Claire à ses côtés, puis partir à la rescousse de Lord John.

Jamie ne se plaint jamais de son destin, de toutes les vicissitudes vécues. Il essaie de protéger les siens de la guerre sans y parvenir toujours, sans contrôle sur les évènements et l’enchaînement des catastrophes. Grâce à la foi en une force divine (ou surnaturelle) qui reconnaîtrait son attitude valeureuse, conforme à son devoir et son destin, il endure emprisonnement, torture des chaînes et de la flagellation, et supporte la blessure indicible de la séparation. Ce qui le fait tenir et agir, c’est la foi en sa réunion à Claire au-delà de la mort.

Dans cette vie riche en défis, Jamie répand le mal et la souffrance, tout en étant un homme juste et droit. Il en a lui-même conscience. Quelle lecture apporter à cette condition antagoniste ? 

 

Claire Doré

Son libre arbitre lui permet de choisir entre le bien et le mal, et de ne pas fuir ses responsabilités.

Jamie est droit, une fois sa parole donnée, elle est tenue. Ce guerrier est capable de douceur, de compréhension, sa violence n’est jamais gratuite, c’est son refus du mal pour le mal. La douceur, le souci de l’autre, pas d’affirmation violente de soi, c’est ce qui humanise son comportement.

Jamie pense que son destin est de rencontrer Claire, et celui de Claire de le rencontrer. Ce qui serait insoutenable pour Jamie, c’est de ne pas mériter Claire, que Dieu lui a donnée. Il ne mériterait pas le salut s’il ne remplissait pas sa mission de l’aimer et la protéger.

 

Fany Alice

Jamie est catholique et croit donc au libre arbitre. On voit cela dans sa façon de combattre Black Jack, de défier son oncle et même d’aborder l’homosexualité de Lord John… Le choix entre le bien et le mal chez Jamie est le chemin de la rédemption, de l’immortalité de l’âme, du rachat des péchés (et aimer Claire fait aussi partie du « bien », je suis d’accord sur l’importance de cet amour dans le regard qu’il a de lui-même). Jamie porte sur le monde une vision imprégnée de la Révélation (de Jésus) propre au christianisme et, par conséquent, la raison est fille de la foi. En d’autres termes, c’est sa foi qui fait de lui un être raisonnable et réfléchi. De là découle le fait qu’il cherche à se conduire de manière moralement irréprochable. L’exemple le plus frappant pour moi est son refus de tuer Randall lorsqu’il sauve Claire à Fort William. Pourtant, l’homme est à terre…donc à sa portée.

 

Claire Doré

Tu dis que c’est la foi de Jamie qui fait de lui un être raisonnable et réfléchi, qui motive ses actions. Et il porte donc l’entière responsabilité de ses actes. C’est son sens moral qui le fait toujours s’interroger sur lui-même, se remettre en cause, avant toute action, assumant la charge de ses actions, bonnes ou mauvaises, et qui nous le rend admirable. Il est autonome, il n’est dépendant de personne pour conduire, penser ou agir. Jamie prend la responsabilité, par devoir moral, de ce dont, au départ, il n’est pas responsable.

 

Fany Alice

Exactement, il assume, comme le chef qu’il est, ce qui, au départ, ne lui est pas imputable. J’ai en tête l’exemple du viol à Wentworth. Claire a, contre sa volonté, agi imprudemment, s’est retrouvée entre les griffes de Randall et a ainsi contraint Jamie à dévoiler sa présence dans la région à son pire ennemi. Puis, elle entre volontairement dans la prison et le piège se referme sur le duo. Ce n’est pas Randall qui viole Jamie, c’est Jamie qui consent à être violé. La force morale est du côté de Jamie. Elle est néanmoins fragile, puisqu’il sera en perdition psychique et spirituelle après le sauvetage. Mais, parce que le pire émanait d’un idéal imparable, protéger Claire, le héros peut - et doit - être sauvé.

La double référence, du paganisme celtique et du catholicisme, irrigue le début de l’œuvre littéraire d’Outlander. Puis, la rencontre avec la Jamaïque, l’Amérique des premiers colons et Roger nous plonge dans le syncrétisme vaudou, indien et le puritanisme protestant. Comment l’articulation de ces différentes influences est-elle vécue chez Jamie ? 

 

Claire Doré

Jamie est catholique, sa foi est profonde, absolue. Il est papiste mais large d’esprit, il conserve dans son sporran, comme un talisman, une Bible protestante.

Le côté touchant de sa foi se manifeste dans sa volonté de baptiser ses petits-enfants dans la religion catholique, usant de subterfuge pour y parvenir dans un pays où la religion papiste n’est pas tolérée. Il a baptisé en secret son fils William, et c’est la première chose qu’il lui rappelle dans le bref échange lors de leurs retrouvailles accidentelles vingt ans plus tard, lui donnant le nom de baptême « James ».

S’il admet mal le mariage presbytérien de sa fille avec un « hérétique », il n’a aucun problème avec les vœux gaéliques.

Jamie est aussi un Écossais des Highlands, plein de lieux sacrés et magiques. Il a les antiques croyances de ces ancêtres. Il continue à croire aux esprits, à les appeler à l’aide dans les batailles dans un côté sauvage. Il récite une prière en gaélique, qu’il chasse un animal ou qu’il protège son foyer des mauvais esprits. C’est ce qui l’aide à comprendre les rituels des Indiens, si semblables aux siens. Il n’a aucune difficulté à croire Claire quand elle lui dit venir d’une autre époque, il croit au monde des « Anciens ».

C’est toute la complexité des croyances de Jamie qui nous le rend attachant.

Il ne conçoit une relation sexuelle que dans les liens sacrés du mariage, en harmonie avec son catholicisme. Pour lui, le mariage est doublement sacré, par les vœux catholiques et par les vœux gaéliques.

Tant la présence de Dieu que celle des fantômes gaéliques bienveillants qui l’accompagnent, le remettent dans une relation d’amour avec sa femme, ses enfants, les êtres dont il se sent responsable. Et Jamie est assez opportuniste, si la prière à un Saint ou l’appartenance à une loge maçonnique peuvent l’aider, il s’y implique totalement.

 

Fany Alice

Opportuniste… C’est amusant comme terme mais on peut effectivement dire cela : Jamie prend le meilleur des différentes influences qui s’offrent à lui, les agrègent en quelque sorte en lui et ressort régénéré à chaque expérience. Il apparaît ainsi toujours différent, partout où il va, et, en même temps, constant, ce qui explique son autorité naturelle, avec cette grande faculté d’adaptation (contrairement à Claire, dont l’approche est beaucoup plus monolithique, ce qui la précipite souvent dans le danger inconscient).

L’Église habite le cœur d’un homme, avant de s’incarner dans une bâtisse. Cela ressortira de manière criante dans son conflit avec Tom Christie. Et c’est ce qui lui permet de jongler avec toutes ces influences diverses et de parvenir à les relier. Jamie est bien souvent un point d’ancrage entre des communautés et des pensées diverses, voire antagonistes, car tout le monde peut y trouver sa part, se reconnaître en lui.

Comment Jamie interprète-t-il le principe de la thermodynamique cité dans un célèbre dialogue lors de leur arrivée en Amérique : rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ? 

 

Claire Doré

Pour Claire, ce principe est scientifique et elle s’interroge sur la vie après la mort. Elle pense qu’il y a quelque chose, même si elle n’a aucune idée de ce qui les attend après (T04 Chapitre 15). Elle cite le Livre de Job: « : L’homme est comme l’herbe qui jaunit et qu’on jette dans les flammes. Il est comme les étincelles qui s’élèvent vers le ciel… oubliées par le feu ».

Pour Jamie, ce principe est similaire à la doctrine de l’eucharistie, la matière physique de notre corps est conservée après la mort et ressuscitée lors de la fin des temps. Et Jamie, en écho à Claire ajoute : « J’étais mort, Sassenach, et pourtant, pendant deux cents ans, je n’ai jamais cessé de t’aimer. Tant que nous vivrons, nous ne serons qu’un. Et longtemps après que mon corps sera tombé en poussière, mon âme t’appartiendra encore, Claire… je le jure sur les cieux. Je ne te quitterai jamais. ».

 

Fany Alice

Ta réponse me plaît parce qu’elle montre bien la compatibilité entre la foi et la science et beaucoup de scientifiques ont d’ailleurs médité cette connexion, lors de la réflexion sur la création de l’univers. Claire et Jamie se rejoignent sur beaucoup de points grâce à leurs différences, c’est quelque chose d’étrange mais qui illustre aussi leur complémentarité. L’un commence et l’autre finit. Et inversement. Dans tous les recoins de leur vie commune.

 

Claire Doré

Oui, c’est un des thèmes de Diana Gabaldon, la fusion quasi-mystique de Jamie et Claire.

Pour Jamie, sa foi catholique, ses croyances écossaises dans les esprits, sont les socles de sa vision de l’univers. Claire essaie d'être encore très rationnelle, malgré ses voyages dans le temps. Au départ, bien qu’élevée par un oncle catholique mais en contact avec toutes les religions, elle se dit athée (T02 Chapitre 26) ou païenne (en réponse au père Anselme -T01 Chapitre 38).

Lors de son retour auprès de Franck, pour rester en contact avec Jamie, elle cherche une forme de méditation qui la fait se tourner vers l’adoration perpétuelle des catholiques. Après son retour au XVIIIème siècle, elle prie rarement, sauf pour Jamie. Vivre avec Jamie va la rapprocher d'une forme de spiritualité, et devenir guérisseuse va être un accomplissement de son acceptation des forces « mystiques » qui la traversent, en descendante de Maître Raymond.

Je ne peux pas dire à la lecture, si elle penche plus du côté des catholiques, des presbytériens, des quakers, mais elle est ouverte et respectueuse de toute forme de croyance, y compris des esprits écossais...Sa pensée rationnelle va influencer fortement Jamie, et bien sûr tout ce qu’elle peut lui apprendre du futur.

D’où vient l’engouement de notre siècle pour Jamie, siècle qui, à bien des égards, a perdu le sens du sacré et du sacrifice ? (On rappellera que l’étymologie latine est la même : du latin « sacrificium », dérivé de « sacrificare », « faire sacré, sacrifier »). 

 

Fany Alice

Le besoin d’évasion, d’amour, de dissidence, de sens et de valeurs, de renouer avec les héros et une condition humaine qui allient courage et conviction…

Le monde d’aujourd’hui fragilise, nous sommes la génération offensée… pour un rien. L’affect prime sur la réflexion, le ressenti est roi là où il devrait n’être qu’injure face à toutes les merveilleuses possibilités de combat oratoire dans une société qui aseptise tout. Avec Outlander, on redécouvre le sens des véritables antagonismes, des batailles pour des valeurs et des traditions, de la vie éphémère, de la vie suspendue à un fil dans la beauté des passions assumées.

 

Claire Doré

Jamie, en gentilhomme éduqué, a été en contact avec les philosophes des Lumières. Je te rejoins sur le fait que son ouverture d’esprit, son humour, manquent beaucoup à nos débats sociétaux.

Ce « foutu Highlander », obsédé par l’honneur, le courage, la constance va encore et encore risquer la mort, la séparation d’avec Claire, renouant avec l’épopée des héros de la Résistance, de ceux qui risquèrent leur vie pour que nous vivions libres.

Dans ce siècle de matérialisme exacerbé, que refuseriez-vous de vendre quel qu’en soit le prix, si ce n’est l’amour ? La relation d’amour entre Jamie et Claire, entre Jamie et ses enfants, créée une famille, une communauté, et c’est l’histoire de sa fondation qui nous est contée. Que l’on soit croyant ou non, nous partageons les valeurs de Jamie, sa spiritualité. La vie vaut la peine d’être vécue, le bonheur d’un enfant vaut la peine de se battre. La prière gaélique de bénédiction d’un nouveau-né lui souhaite une vie joyeuse et comblée. Mourir en pensant qu’on ira tous au paradis est une dérive facile de la frilosité contemporaine, mais mourir en affrontant le risque de l’enfer est terriblement courageux.

Pour terminer, d’où vient la métaphore du terrier d’Alice aux pays des merveilles ? 

 

Fany Alice

Tous les contes pour enfants ont une double lecture, d’abord pour les enfants, puis pour les adultes. Dans ce conte de Lewis Caroll, le lapin blanc est un guide involontaire pour la jeune Alice dont les repères vont se brouiller progressivement lorsqu’elle quitte le monde sécurisé mais ennuyeux de l’enfance vers celui, grisant mais dangereux, des adultes. Elle comprendra, à l’issue de son voyage initiatique, que le monde s’affronte et ne se rêve pas. Outlander jette ses personnages dans un terrier et les regarde se débattre, s’aimer, se combattre et surtout, grandir.

 

Claire Doré

En entrant dans l’univers d’Outlander, je suis comme Alice tombant dans le terrier du Lapin blanc au Pays des merveilles : moi, athée non dogmatique, rationaliste, ne croyant pas aux fantômes, j’épouse toutes les croyances de Jamie Fraser, et je prends pour argent comptant le passage à travers le temps, les esprits écossais, la foi catholique, le libre arbitre et le destin tracé par une entité supérieure. Les fantômes existent dans ce récit, et les connexions hors du temps et de l’espace entre les êtres qui s’aiment, c’est le côté magique d’Outlander.