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Les faiblesses de la saison 6  

 

Par Anna Zandegiacomo 

 

 

Le  7 mars 2023


Déjà un an s'est écoulé depuis la sortie de la saison 6 d'Outlander...on s' impatientait fébrilement de ce 7 mars 2022, date libératrice d'un droughlander de presque 2 ans...et pourtant, cela est déjà du passé bien lointain.
L'attente avait été énorme et je me souviens m'être régalée d'un plaisir irrépressible par la découverte des images et par les retrouvailles avec tous nos attachants héros, malgré une saison annoncée comme particulièrement triste. 


Et en effet, on allait la découvrir le mélodrame de Diana repris par des scénarios emplis d'intensité dramatique, sombre malgré la lumière d'une photographie superbement réalisée, mais également diversifiée par une nouvelle expressivité lui apportant certainement sa propre identité.

Cette morosité dominante qui l'a définie, détonnait face à l'épanouissement interprétatif des acteurs, tout en s'épanchant sur la volonté de mieux dévoiler les personnages secondaires en appui intimiste, ce qui l'a grandi assurément, mais qui a apporté aussi une demande d'acceptation renouvelée.


Mon ressenti aujourd'hui est toujours le même... il y a eu des épisodes qui m'ont conquise et d'autres moins.

Ceci est dû à un certain écart avec les constantes bien ancrées des saisons passées et en a donc atténué l'appréciation. Des impression que je vais tenter d'argumenter dans ce qui suit.

 

Troublés par une situation sanitaire qui les a obligé à des conditions de tournage très sévères, il est évident que la sérénité des participant a été sérieusement perturbée, reflétant une certaine tension.
Mais par rapport à certaines scènes bien précises, je me suis dit qu'il était également possible que cet entrain, qui s'était pourtant renouvelé chaque année dans l'esprit enjôleur de la continuité, ait été quelque peu effrité par l'impératif du confinement.
Une cohésion spontanée qui serait retrouvée émoussée en quelque sorte à la reprise des tournages.


Quoi qu'il en soit, tous leurs efforts ont le mérite d'avoir écourté notre impatience et je ne peux que les remercier de tout cœur pour leur extraordinaire professionnalisme.

Le récit de Diana étant déjà bien parsemé de drames, il n'était pas nécessaire pour moi, de l'alourdir d'avantage avec "la thérapie" par l' éther .
On nous l'a imposé comme une conséquence escomptée, mais à mon ressenti, elle criait trop fort, confrontée surtout à l'insolite incommodant.

 

Les angoisses obsessionnelles nées du choc post-traumatique que les scénaristes ont illustré par la "présence" de Lionel Brown ont apporté une magistrale et poignante illustration.


Mais ce qui m'interpellait sans répit et me mettait mal à l'aise, c'était le manque de réaction de Jamie. Il m' était pénible de le voir fermer les yeux sur des indices si parlants et faire semblant de rien !
Cette distance volontaire a été choisie par les scénaristes, pour éviter le conflictuel. Cela a néanmoins le mérite de porter cette résolution équitable pour les deux personnages dans l'éclipse totale de leur profil identitaire notoire. 

Ce qui a d'emblée restreint mon acceptation en regard de cet amour, le partage fusionnel ayant toujours été le soutient vital  pour notre cher couple. 

Je n'ai pas pu m' empêcher de penser aux approches amenés pour le traumatisme de Jamie ou celui de Roger par le passé, qui se glissaient tous deux dans le récit, sans trop nous en éloigner, mais surtout inhérents à leur caractère et personnalité.

Il est évident que la découverte de l'éther par Claire a apporté un indice éclaireur et opportun pour ce nouveau défi, mais j'ai eu l'impression que la distance se creusait, dérangeante car, à l'instar de Jamie, quand elle s'efface, elle emporte tout ce qu'elle a été dans son sillage.


En appui de cela et dans d'autres occasions, j'ai trouvé que Jamie se confinait dans un rôle figuratif, à peine intéressé par ce qui l' entourait, laissant un vide remarquable.
Choix déterminé par une stratégie bien définie ou pas ?  je l'ignore, mais pour moi c'était presque trop flagrant, comme si Sam avait décidé délibérément de s'écarter de son rôle pour laisser plus d'espace aux autres !


A mon avis, Jamie est la colonne vertébrale d'Outlander à laquelle tous s'accrochent. Il ne peut faillir dans sa position primaire sans laisser trace de manquement.
Je pense que si je l'avais retrouvé à toutes occasions tel qu'il avait toujours été, la mise en images de ce 6 ème tome, s'affichant de sa gratifiante maturité, aurait pu être au top des mes préférences !
Brillance et morosité auraient pu se réfléchir dans un enjeu plus équilibré, et plusieurs épisodes en ont été la preuve pour moi.


Côté temporalité, on est dans la suite directe de la saison précédente et la déconnection avec l'esprit du personnage, bien que sporadique, ne se justifie pas à mon avis. Pour autant, cela a certainement atténué mon intérêt en comparaison avec les écrits qui avaient su mieux le définir et le garder.


Et ceci s'applique aussi pour moi, au couple Jamie/Claire qui s'est affiché avec une retenue certaine qui n'était pas uniquement physique.

Cette complicité spontanée des deux acteurs dans les saisons précédentes et dans toutes scènes confondues qui dépassait le script, a toujours été d'une extraordinaire intensité passionnelle, se portant en force de plein pouvoir rayonnant sur tout le reste.
Se dévoilant par moments nuancée ou amoindrie, parfois raisonnée par une simple réplique, elle forçait davantage sur une pesanteur déjà accablante, préjudiciant beaucoup de nos attentes.
Les indices révélateurs de ce changement ont augmenté l'impacte de privation de tout acquis alors que le dernier épisode a démontré combien cet acquis peut encore se révéler luminescent pour la série !


Il en découle que dans cette 6ème saison, très fidèle au livre par ses répliques qui en définissent le contraste, cette "désertion" ne s'est révélée pour moi que plus manifeste !


Il reste à voir dans la saison à venir si pour Cait et Sam il ne s'agissait là que d'une conséquence inévitable due à la pandémie et à la grossesse, ce qu'on pourrait aisément comprendre.
C'est tout l'enjeu primordial de l'appréciation, qui est absolue depuis le début, mais qui a été sévèrement éprouvée cette saison, qui plus est, par des révélations fortuites aggravant ce ressenti de distance.


"Come What May" porte un dialogisme émérite, intelligent et élégamment amené.
La force émotionnelle qui transpire dans toutes les thématiques a fardé, sans aucun doute, nos propres émotions, parfois de façon bien troublante.
Mais il faut reconnaître qu' une telle force peut se révéler éprouvante quand elle devient constante et dominante, s'imposant trop fortement sur le plaisir d' évasion destiné à nous distraire.
Par le fait, elle portait le risque d' éloigner certains fans, désemparés par son itinérance, justifiant peut-être, le manque d' enthousiasme plénier pour ce nouveau volet de l'histoire.

Mais malgré tout, mon impatience renouvelée n'aura de trêve qu'au moment de les retrouver tous dans la prochaine saison !
Par cet attachement affectif qui se dévoile, à chaque fois de plus en plus entraînant, j'espère la retrouver plus lumineuse et chaleureuse, afin que le parcours évolutif de la série puisse d'avantage nous délecter de son magnétisme, étiré à tout moment.
Retrouver ce qui a été perdu ne pourra que me réjouir d'avantage, accroissant une fidélité portée en allégeance par ma passion.


Encore quelques mois et ce monde éphémère mais si attachant, nous sera à nouveau dévoilé.

Des nouveaux épisodes vont nous combler, appaiser notre manque troublant, éveillé par cette série, messagère d'une ardeur extraordinaire et unique qui nous a agrippés et emportés depuis la 1ère saison.

Pour ensuite, avoir plus que certainement du mal à nous raisonner de l'inévitable désœuvrant qui s'en suivra.