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Outlander, ses héros et la Guerre d'Indépendance 

6 / Les chemins de la liberté - Le Congrès Continental
 

 

  

Lorsqu’il devint évident pour la colonie que le moment du changement était arrivé, à savoir, se séparer de la Mère-Patrie, les Américains s’organisèrent. C’était le résultat d’un long chemin depuis la fin de la Guerre de Sept Ans… Les taxes, les vexations, les injustices avaient réveillé le besoin inné de liberté !


Dès cet instant, des hommes courageux prirent des décisions essentielles.


Le 16 décembre 1773, la Boston Tea Party, l’incident, qui mêla violence insurrectionnelle et destruction de biens, fut inacceptable pour les autorités britanniques.


Au printemps 1774, Londres se fâcha et toute la Nouvelle Angleterre, dont le Massachusetts essentiellement, fut dans la ligne de mire puisque c’était dans cette partie de la colonie que la rébellion avait commencé :


- Le très sévère gouverneur militaire, sir Thomas Gage, fut nommé pour le Massachusetts. - Il heurta les Bostoniens en se montrant trop tolérants vis-à-vis de colons catholiques nouvellement arrivés : une attitude jugée injuste pour les protestants de Boston qui eux, se sentaient brimés.
- La fermeture du port de Boston fut décrétée.


- Le gouverneur décida de faire juger des colons de Nouvelle Angleterre en métropole.


- Les Bostoniens furent contraints au « logement de guerre » (loger chez eux des militaires anglais venus pour mater la révolte !).


- Des régiments supplémentaires furent enrôlés.


Toutes les colonies, sous l’impulsion des Fils de la Liberté, décidèrent d’organiser des Comités afin de montrer leur solidarité envers la Nouvelle Angleterre et la ville de Boston en particulier. Ils furent chargés de diffuser l’information et de coordonner la riposte aux décisions de la métropole, aux lois et aux taxes.

 

Dans Outlander 
Nous sommes en 1774, Jamie reçoit un courrier. Depuis peu, il a rejoint, lui aussi, les Fils de la Liberté. Il s'agit d'une lettre de John Ashe, ancien commandant de milice pendant la guerre de Régulation : 

« Un Congrès continental a été proposé, rassemblant des délégués envoyés par chaque colonie. La Chambre basse de l'Assemblée du Connecticut a déjà avancé le nom des siens par l'intermédiaire des comités de correspondance. Certains messieurs que vous connaissez fort bien suggèrent que la Caroline du Nord en fasse autant, et ils se réuniront à la mi-août pour désigner leurs délégués. J'aimerais tant que vous vous joigniez à nous, cher ami, car que je suis convaincu qu’en votre âme et conscience vous êtes profondément attaché à la liberté ; un homme tel que vous ne peut être l'ami de la tyrannie. » […]
« Bien évidemment, il avait encore trouvé le moyen de se faire embarquer dans le comité de correspondance de Caroline du Nord, le centre des intrigues politiques, où les graines de la rébellion étaient en train d'être plantées, tout en restant un agent indien pour la Couronne et œuvrant ostensiblement pour armer les Indiens afin d'écraser précisément ces germes séditieux.
– Mais je t'en parle, Sassenach. C'est la première fois qu'ils me demandent de les rencontrer en privé.
– Je vois... Tu vas y aller ? Tu crois... tu crois qu'il est temps ?
Le temps de faire le grand saut et de se déclarer ouvertement pour les whigs. Le temps de retourner sa veste et de risquer, une fois de plus, d'être arrêté comme traître. »  

La neige et la cendre Tome 6 Chapitre 53


Mais revenons à l’Histoire !
— Le premier Congrès continental naquit lorsque les délégués des États décidèrent de se réunir à Philadelphie du 5 septembre au 26 octobre 1774 au Carpenter's Hall de Philadelphie, en Pennsylvanie. Depuis longtemps, Benjamin Franklin prônait l’union des colonies : « s’unir ou mourir ». Dès cet instant, les délégués comprirent qu’ils se mettaient hors la loi. En effet, ce Congrès ne pouvait être reconnu par l’Angleterre car il avait été créé sans son accord.


Lors de ce premier Congrès, les délégués tentèrent de résoudre leurs différends avec la Grande-Bretagne par la diplomatie plutôt que par la guerre. Seule la Géorgie, qui avait encore besoin de la protection militaire britannique contre les raids indiens, ne se présenta pas. 56 délégués participèrent à la réunion, dont les futurs Pères Fondateurs, Georges Washington, John Adams , Patrick Henry et Samuel Adams.
Ce Congrès devint progressivement la voix des colonies unifiées. Les textes, désormais, firent référence aux colonies en tant qu’ « Amérique » et à leurs personnes en tant que « sujets américains ».


Patrick Henry prononça ces mots :
« Nous sommes dans l’état de nature, Virginiens, Pennsylvaniens, New-Yorkais, habitants de la Nouvelle-Angleterre, la distinction n’existe plus. Je ne suis pas un Virginien, mais un Américain. » 


Mais le Congrès resta assez divisé.
Les colonies s'accordaient sur la nécessité de manifester leur mécontentement, mais il n’y avait pas d'accord sur la meilleure façon d'y parvenir. Certains délégués étaient favorables à rester fidèles à la Grande-Bretagne, mais demandaient à être traités plus équitablement par le roi et le Parlement. Ils voulaient la recherche d'une solution législative.


D'autres étaient en faveur d'une indépendance totale vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Après un long débat, les délégués publièrent une déclaration qui finalement exprimait la loyauté des colonies envers la Couronne britannique tout en exigeant une représentation électorale au Parlement.


- Le 14 octobre 1774, le Congrès demanda la reconnaissance des libertés et des droits américains. Il insistait auprès du Roi pour que le Parlement britannique limite sa juridiction vis-à-vis de la colonie.


- Le 20 octobre 1774, les « Articles d'Association » (Articles of Association) furent rédigés et annonçaient une alliance entre les Treize Colonies.


Le Congrès conseillait les colonies de commencer à former leurs citoyens pour la guerre.
Il décida de boycotter unanimement les marchandises britannique à partir du 1er décembre 1774. Cette décision où tous réussirent à se mettre d’accord était l’arme jugée la plus efficace. Cette unanimité des Américains semblaient prouver qu’ils renonçaient à la conciliation.
Le Congrès se dispersa le 26 octobre et promit de se réunir de nouveau le 10 mai 1775.
Mais il n’y avait encore point d’unanimité en faveur de l’indépendance.


La réponse de Londres ne tarda pas et elle fut négative ! Le roi George III ouvrit le Parlement le 30 novembre 1774 en prononçant un discours cinglant dénonçant les colonies de ne pas avoir respecté les règles de la Couronne.
Le Parlement refusa de donner suite aux demandes de la Colonie.
En Grande-Bretagne, l’heure n’était pas à la réconciliation mais à l’exaspération.


En 1775, le Massachusetts, que Londres tentait vainement d’isoler, fut déclaré en état de rébellion par le Parlement. En avril, la première escarmouche éclata entre des troupes britanniques et la milice du Massachusetts dans la petite ville de Lexington située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Boston.
La guerre commençait !

Le texte et les recherches historiques sont de Françoise Rochet  

Les illustrations et les recherches dans Outlander sont de Gratianne Garcia  

 

Dans cette deuxième partie du dossier consacré au Congrès Continental, nous verrons comment les Treize Colonies arrivèrent à une conclusion universelle.
« Nous tenons ces vérités pour évidentes en elles-mêmes : que tous les hommes sont créés égaux ; que leur Créateur les a dotés de certains droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur »… 

Extrait de la Déclaration d’Indépendance

 


Dernières nouvelles
L'OIGNON-INTELLIGENCER, le 25 septembre 1775 


UNE PROCLAMATION ROYALE – 

Ce 23 août à Londres, Sa Majesté George III a publié une proclamation déclarant les colonies américaines « dans un état de rébellion ouverte et déclarée ».
Ce n'est qu'en comptant sur nos propres moyens que nous surmonterons cette mise à mort ministérielle et la soumission abjecte – Le Congrès continental réuni à Philadelphie a rejeté les propositions désobligeantes présentées par Lord North en vue d'établir un plan de conciliation. Les délégués du Congrès ont décrété le droit sans équivoque des colonies américaines de voter leur propre budget et d'avoir un droit de regard sur le décaissement de ce dernier. La déclaration des délégués stipule entre autres : « Le Ministère britannique a poursuivi ses intérêts et réprimé les hostilités avec un tel déploiement de force et de cruauté que le monde entier ne peut plus douter de la légitimité de notre décision, ni hésiter à penser que ce n’est qu’en comptant sur nos propres moyens que nous surmonterons cette mise à mort ministérielle et la soumission abjecte. »  

La neige et la cendre Tome 6 – Chapitre 109


— Le Deuxième Congrès Continental commença le 10 mai 1775, à la State House de Pennsylvanie. Il fut rejoint par une délégation de Géorgie fin juillet. Les Treize colonies étaient enfin réunies.
Bien que professant toujours sa loyauté envers la Couronne britannique, le Congrès créa l'armée continentale le 14 juin 1775, avec George Washington comme premier commandant, d’une armée encore en gestation.


En juillet, fut publiée « une déclaration sur les causes et la nécessité de prendre les armes » , rédigée par John Dickinson de Pennsylvanie.
Dans son dernier effort pour éviter de nouvelles guerres, le Congrès envoya à George III une lettre demandant son aide pour résoudre les différends entre les colonies et le Parlement au sujet de la fiscalité abusive. Comme il l'avait fait en 1774, le roi refusa d'examiner l'appel des colons et déclara l’ensemble de la colonie en rébellion le 23 août 1775.


Cette fois, la rupture de l'Amérique avec la domination britannique était devenue inévitable.
Cependant, le Congrès continental resta divisé sur la question de l'indépendance.
En janvier 1776, le britannique Thomas Paine, ami de Benjamin Franklin, publia « Common Sense », une brochure historique convaincante en faveur de l'indépendance dans laquelle il déclarait : « Il y a quelque chose d'absurde à supposer qu'un continent soit perpétuellement gouverné par une île… »
Mais la guerre elle-même fut plus convaincante encore et favorisa finalement l'indépendance !
La bataille de Moor’s Creek fut déterminante !


Diana Gabaldon la décrit abondamment dans le tome 6 chapitre 113.


Jamie ne fera pas partie du Congrès Continental mais il souda son alliance avec les Patriotes lors de cette bataille. De nouveaux arrivants en Amérique, des Highlanders, devenus Loyalistes suite aux promesses du Gouverneur, affrontèrent les vieux Highlanders, les hommes fidèles à leur chef Mac Dubh, alias Jamie Fraser.
Diana Gabaldon le dit en parlant de ce régiment écossais loyaliste : « J'ai entendu dire que la plupart des hommes que MacDonald est parvenu à enrôler sont des émigrants tous frais débarqués d'Écosse. Le gouverneur leur a fait jurer de prendre les armes pour défendre la colonie avant de leur accorder des terres. Les malheureux ne savent même pas distinguer le nord du sud, alors pour savoir où ils sont eux-mêmes ! »  

La neige et la cendre Tome 6 - Chapitre 112


Cependant Jamie est mis au défi par ses camarades de combat : 

 

« Certes, mais comment pouvons-nous être sûrs que vous ne vous retournerez pas contre nous en plein combat ? Car vous êtes bien un Highlander, n'est-ce pas ? Comme tous vos hommes ? De l'autre côté de l'eau, on entrevoyait parfois des éclats de tartan dans la brume.
– Je suis un Highlander. Et aussi le père d'enfants américains.
Jamie dégagea son bras, puis ajouta :
– Je vous autorise, monsieur, à vous tenir derrière moi et à me transpercer le cœur de votre épée si je me trompais de cible. » 

 La neige et la cendre Tome 6 Chapitre 113


Suite à cette bataille, la Caroline du Nord prit la résolution qui s’imposait !
La Halifax Resolves prise par cet État, le 12 avril 1776, fut la première action officielle dans les colonies américaines appelant à l’Indépendance.


Au printemps 1776, les autres gouvernements coloniaux donnèrent finalement à leurs délégués la permission de voter pour l'indépendance. La voie était ouverte à la Déclaration d'indépendance des États-Unis moins de trois mois plus tard. Le drapeau de la Caroline du Nord commémore le Halifax Resolves en portant la date de son adoption: le 12 avril 1776.

 


« L’OIGNON-INTELLIGENCER, 15 mai 1776
INDÉPENDANCE : Après la fameuse victoire du pont de Moore’s Creek, le quatrième congrès provincial de Caroline du Nord a voté l’adoption des résolutions d’Halifax. Ces dernières autorisent les délégués du Congrès continental à s’accorder avec leur homologue des autres colonies pour déclarer leur indépendance et former des alliances avec des puissances étrangères, réservant à cette colonie le droit unique et exclusif de rédiger ses propres lois et sa propre constitution. Par l’adoption des résolutions d’Halifax, la Caroline du Nord devient donc la première colonie à se déclarer officiellement indépendante". 

 La neige et la cendre Tome 6 – Chapitre 114


Le Deuxième Congrès eut un rôle essentiel, puisqu’il adopta la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776, ainsi que les Articles de la Confédération (qui servaient de Constitution temporaire).
Le Congrès fit office de gouvernement et prit des décisions concernant la politique étrangère, les traités et alliances avec la France et l’Espagne, la guerre, les armées de terre et de mer, l’économie, les monnaies… Il élabora la Constitution. Il siégea durant toute la guerre jusqu’au 1er mars 1781 et assura les premières années du jeune État.


Le 17 septembre 1787, les délégués approuvèrent un projet final de la Constitution des États-Unis. Après l'entrée en vigueur de la nouvelle Constitution le 21 juin 1788, le Congrès continental fut ajourné pour toujours et remplacé par le Congrès américain, tel qu'il existe aujourd'hui.
Le Congrès continental avait réussi à diriger les États-Unis à travers la guerre d'indépendance pour gagner leur bien le plus précieux : la liberté !


à lire pour plus d’informations  : Congrès continental : histoire, signification et objectif
  


Illustrations : - Outlander Saison 5 ©Starz
- Pont reconstruit - Moor’s Creek - Wilmington, Caroline du Nord
- Bataille de Moor’s Creek reconstitution pour le 235éme anniversaire
- Patriotes au combat ©National Park Service
- Soldat Écossais - Gravure de J-B.Eyries en 1821
©Librairie de Gide fils Paris