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Jamie et John 

Par Marianne Hatzfeld 

  

  

Les relations entre Lord John Grey et Jamie Fraser Laird Broch Tuarach, sont passionnantes et passionnées. Depuis qu’ils se sont rencontrés pour la première fois, dans des conditions houleuses, juste avant la bataille de Prestonpans, ils semblent s’attirer et se repousser tour à tour. Une amitié naît entre eux, une belle amitié, très forte mais une amitié complexe et tumultueuse, entre deux « honnêtes hommes ».

 

Jamie, qu’on aime à considérer comme le roi des hommes, tolérant et perspicace, se montre, vis -à-vis de John, parfois intolérant et plein de préjugés. Ses préjugés, idées reçues, clichés vis-à-vis de l’homosexualité, sont à la fois courants à son époque mais aussi dus essentiellement au traumatisme de son viol par Black Jack Randall. Il considère les homosexuels comme des pervers et des dépravés. Et il a tendance à confondre, au début de cette amitié, allègrement, homosexualité, perversion et pédophilie.

 

Diana Gabaldon l’a bien expliqué. Ses réponses que Lucie (Bidouille, fan connue des groupes francophone NDLR) a partagées dans les pages du groupe pour parler des livres, sur les sujets de « Claire et un certain gentleman » ou encore « Jamie et John » m’ont éclairée.

 

J’ai relu la saga, et deux romans à propos de Lord John (Le prisonnier écossais et La confrérie de l’épée) avec le prisme des rencontres entre Jamie et John, et l’évolution de leur relation. Et dans cette relation, c’est, pour moi, nettement John qui incarne la bienveillance et l’amitié désintéressée. Jamie oscillant entre son attirance pour John, attirance non sexuelle, mais attirance intellectuelle, philosophique, confraternelle, et le partage des goûts littéraires, pour les échecs, pour les discussions… et son dégoût de la vie sexuelle de John, que celui-ci ne lui cache pas, malgré les risques. Mais comme Jamie est intelligent et intuitif, il tente de vaincre ses préjugés. Petit à petit on le voit évoluer. J’ai donc retrouvé les passages les plus caractéristiques de leurs rencontres. En italique j’ai noté ces passages repris des livres, que j’ai accompagnés de mes résumés ou analyses.

 

 

La première fois qu’ils se voient, à Carryarick , tout de suite il y a de l’intensité.

 

-                     Raconté par John : 

Il se souvenait encore très nettement de cette première vision de Jamie Fraser et du déferlement d’émotions que cela avait provoqué en lui : l’alarme, la panique, une excitation étourdissante. Sa chevelure avant tout : nouée lâchement dans la nuque, d’un roux sombre, comme la robe d’un cerf (…)  La Confrérie de l’épée, ch. 21.

 

-                     Vu par Claire : 

Ils hissèrent le prisonnier sur ses pieds et le traînèrent devant le feu. Murtagh l’empoigna par les cheveux et tira sa tête en arrière, examinant son visage à la lueur des flammes. De grands yeux bordés de longs cils noirs clignèrent à la lumière. « Mais ce n’est qu’un enfant ! ». Le Talisman, ch. 36.

Illustration et traduction de certains dialogues absents dans la version française :  Marie Modica 

Illustration signée Yako 

 Source : https://www.deviantart.com/yako/art/Lord-John-Grey 

Quand ils se revoient à la prison d’Ardsmuir.

 

-          Quarry, le gouverneur qui laisse la place, présente la prison à John, lequel vient d’arriver et va lui succéder. Cette nomination est une punition, une mise au placard en quelque sorte. On n’en sait pas exactement la raison, elle a probablement à voir avec la vie privée de John, qui n’a qu’une idée, en partir au plus vite:

 

«  Mis à part quelques villageoises peu farouches, votre vie sociale se limitera à quelques conversations répétitives avec vos officiers – ils sont 4 dont un qui sait prononcer une phrase entière sans un mot ordurier, votre ordonnance et un prisonnier (…) vous avez sans doute entendu parler de Jamie le Rouge ? Grey sentit son sang se glacer, mais conserva un visage impassible. (…) figurez-vous que c’est Ardsmuir qui en a hérité. C’est le plus haut gradé des officiers jacobite que nous ayons ici. (…) Ses hommes l’appellent seums, mac an fhear dhuibh ou simplement MacDubh 

 

(…) La moitié des gardes a combattu à Prestonpans et ils ont peur de lui. Ils prétendent qu’il est le diable en personne. Si vous voulez mon avis, il a plutôt l’air d’un pauvre diable, aujourd’hui. Les prisonniers lui obéissent au doigt et à l’œil (..) je l’invite à dîner dans mes appartements, une fois par semaine, afin de discuter affaires. (…) Il est d’une compagnie agréable, (…) c’est un homme cultivé, sa conversation est infiniment plus intéressante que celle des officiers. Il joue bien aux échecs » (…) avant de clore la conversation : « Oh j’oubliais ! si vous dînez en tête à tête avec Fraser, ne lui tournez jamais le dos. (…) l’intelligence n’est pas tout (…) vous êtes sans doute trop jeune pour avoir vu la haine et le désespoir de près, ce sont deux choses qui ne manquent pas en Écosse depuis les massacres qui ont suivi Culloden ». Le Voyage, ch. 8.

 

  -          Les souvenirs de Carryarick remontent alors, mélangés à l’évocation de son premier amour : Hector , mort à Culloden, tué par les Écossais.

 

«  Même toutes ces années plus tard, il ne savait pas ce qui l’avait incité à agir. Le désir d’imiter Hector, ou simplement celui de l’impressionner ? quoi qu’il en soit, lorsqu’il avait aperçu le Highlander dans les bois et reconnu l’infâme Jamie le Rouge, son sang n’avait fait qu’un tour : il devait coûte que coûte le tuer ou le capturer (…) autrefois, il avait touché un python qu’un ami de son oncle avait rapporté des Indes. C’était exactement ce à quoi ce Fraser lui avait fait penser : souple, glissant et terriblement puissant, se déplaçant à l’aide de ses muscles (…) il était revenu à lui quelques minutes plus tard, ligoté à un tronc d’arbre, faisant face à un cercle de Highlanders patibulaires. Au milieu du cercle se tenait Jamie le Rouge…. Et la femme. Il est finalement relâché après avoir donné les renseignements demandés contre la protection de la vertu de Claire, qu’il prend pour une Anglaise prisonnière (…) Bien entendu cette histoire avait fait le tour de tout Londres (…) il était devenu un paria, la risée de tous. Plus personne ne lui avait adressé la parole, sauf son frère … et Hector(…) la boucle était bouclée. Il avait redouté ce poste, sachant qu’il serait encerclé par des Écossais, par leur accent criard, écrasé par le souvenir de ce qu’ils avaient fait à Hector. Mais jamais, même dans ses pires moments d’inquiétude, il n’avait pensé se retrouver face à face avec James Fraser. Le Voyage, ch. 8

  

-          John Grey prend ses marques à Ardsmuir mais il est très réticent vis-à-vis de Fraser, qui a été témoin de son humiliation à Carryarick:

 

Depuis son arrivée il avait déjà aperçu Fraser plusieurs fois. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le reconnaître : avec sa tignasse rousse, il dépassait d’une tête la plupart des détenus. (…) il avait changé. Ce qui était un choc et un soulagement. Durant toutes ses années il avait gardé en mémoire un visage rasé et moqueur. L’homme devant lui portait une courte barbe. Il semblait calme et las et, si ses yeux bleus étaient toujours aussi pénétrants, il ne sembla pas le reconnaître. Le Voyage. Ch. 9

Illustration signée :  Marina C. 

 

-          Lord John décide de surmonter le souvenir de l’humiliation, d’autant que le prisonnier ne semble pas se rappeler de lui. Petit à petit s’instaurent des relations de plus en plus amicales, John invite Jamie pour dîner, comme lui avait conseillé Quarry, jouer aux échecs, partager des points de vue littéraires et, bien sûr, évoquer la condition des prisonniers.

 

«  Il (Jamie) passait de la promiscuité et de la misère froide de la cellule aux quartiers chauds et illuminés du Major, où il pouvait, pendant quelques heures, étirer à la fois son corps et son esprit, se détendre et profiter de la chaleur, de la conversation et de la nourriture abondante. Cela lui donnait une étrange impression de désagrégation ». Le Voyage, ch. 11.

Illustration signée Laura Ewing Ferrer

– source : https://www.instagram.com/p/BRHCDAfFXjX/ 

-                     John se laisse envahir par un sentiment amoureux. Il décide de tenter sa chance : 

 

«  Ce soir-là John Grey avait soigné sa toilette, il avait passé une chemise de lin immaculé et des bas de soie, il ne portait pas perruque mais ses cheveux fraîchement lavés avaient été rincés avec un tonique au citron et à la verveine, puis tressés. Après hésitation il avait enfilé la bague d’Hector 

(…) la pierre bleue d’Hector lança un éclat de lumière quand Grey tendit la main pour prendre le fou « ai-je tort, Hector ? d’aimer l’homme qui t’a peut être tué ? » ou n’était-ce pas, au contraire, la seule façon de reprendre le cours de leurs vies à tous les deux, de panser les plaies de Culloden une fois pour toutes ? sa main s’éleva à nouveau, semblant se déplacer tel un albatros qui plane au-dessus des vagues puis piqua net vers la main de Fraser, sur laquelle elle se posa doucement, la paume fourmillante, ses doigts fléchis implorant doucement (…) « enlevez votre main ou je vous tue » (…) Grey sentit le frisson de répulsion et le spasme de haine qui irradiaient à travers sa peau. Soudain il entendit la voix de Quarry le mettant en garde « si vous dînez seul avec cet homme, ne lui tournez jamais le dos ». Le Voyage, ch. 11.

 

-          Pour couper court à toute réconciliation Fraser provoque une rupture. Lors d’une inspection de routine, un morceau de tartan, interdit par la loi, est trouvé dans une cellule ; John cherche le coupable. 

 

«  Le jeune Angus Mackenzie affichait une expression un peu trop figée, comme s’il s’efforçait de ne plus penser. « C’est à vous MacKenzie n’est-ce pas ? » lança-t-il – « C’est le mien ». La voix était calme, presque lasse. Puis une grande main s’avança au-dessus de l’épaule d’Angus et retira doucement le tartan des mains du Major. (…) le cercle était brisé et reformé et lui (John) se retrouvait à l’extérieur. Jamie Fraser était protégé par les siens (on peut remarquer le rappel de cette notion de cercle, au centre duquel se trouve Fraser, comme dans la clairière de Carryarick). Avec un immense effort de volonté Grey se força à lever les yeux, le regard qu’il croisa exprima exactement ce qu’il craignait le plus : ce n’était ni de la peur, ni de la haine mais de l’indifférence ». Jamie subit donc la punition = 60 coups de fouet, à la place du jeune Angus. Il se retrouve dans sa cellule, éprouvé physiquement, soigné par ses codétenus, mais apaisé. « En tant que laird, il était né pour diriger des hommes. La vie et les circonstances l’avaient façonné pour qu’il soit conforme à son destin. Mais qu’en était-il des hommes qui n’étaient pas nés pour le rôle que le destin leur avait préparé, John Grey était l’un d’eux, Charles – Edouard Stuart aussi. (…) il éprouva un soulagement soudain. Il était provisoirement débarrassé du fardeau de la responsabilité et de la nécessité de prendre une décision. La tentation était évanouie, ainsi que la possibilité d’y céder. Plus important encore le poids de la colère avait disparu, peut-être une fois pour toutes. Ainsi John Grey lui avait rendu sa destinée. Il lui en était presque reconnaissant. Le Voyage, ch12.

  

-          Lord John a une version personnelle de cet événement, qu’il dévoile à Brianna lorsqu’ils se rencontrent bien plus tard chez Jocasta, la grand tante de Brianna. La jeune fille exerce un chantage assez grossier sur John (le dénoncer comme homosexuel, ce qui, à l’époque, était passible du pilori, d'emprisonnement voire plus et, dans tous les cas, d’un déshonneur immense), pour le convaincre de l’épouser. Mais il refuse. 

 

«   Pour ne citer que la plus évidente, votre père me briserait sans aucun doute le cou! » « Pour quelle raison ? » demanda-t-elle en fronçant les sourcils. « Il vous aime; il dit que vous êtes l’un de ses meilleurs amis. » « Je suis honoré de recevoir son estime, » dit-il brièvement. « Cependant, cette estime cesserait très bientôt d'exister, lorsque Jamie Fraser découvrirait que sa fille sert d'épouse et de poulinière à un sodomite dégénéré. » « Et comment le découvrirait-il » demanda-t-elle. « Je ne lui dirais pas. » Puis elle rougit et, rencontrant son œil indigné, se fondit soudain dans un rire, auquel il se joignit impuissant.(…) - Je l'ai dit parce que c'est vrai. Quant à votre père, il est bien conscient du fait. » «Où avez-vous… rencontré mon père?» demanda-t-elle prudemment. - «  En prison. Vous saviez qu'il avait été emprisonné, après le soulèvement? (…) « Oui. Bien. Disons que je nourris des sentiments d'affection particulière pour Jamie Fraser, et ce depuis quelques années. » Il secoua la tête en soupirant. (…) – « Avez-vous déjà vu mon père sans chemise? » - « Vous voulez parler des cicatrices sur son dos? » (…) Oui, je les ai vues. J'en suis responsable. »(…) 

«  Pas de toutes, » dit-il en regardant fixement un lit de roses trémières mortes. « Il avait déjà été fouetté, ce qui aggravait la situation: il savait ce qu'il faisait quand il l'a fait»(…) « J'étais le commandant de la prison d'Ardsmuir (…) «C'était un officier, un gentleman. Le seul officier là-bas. Il était le porte-parole des prisonniers jacobites. Nous dînions ensemble, dans mes quartiers. Nous jouions aux échecs, nous parlions de livres. Nous avions des intérêts communs. Nous sommes devenus amis. Et puis, non, … nous ne l'avons plus été. » Il arrêta de parler. Elle s'écarta un peu de lui, le dégoût dans les yeux. – « Vous voulez dire… vous l'avez fait fouetter parce qu'il refusait de… »- « Non, bon sang (…) Comment osez-vous suggérer une telle chose ! »(…) Mais il en avait déjà trop dit pour s'arrêter, et il le savait. « Nous étions amis. Puis… il a découvert mon sentiment pour lui. Nous avons cessé d’être amis, par son choix. Mais cela ne lui suffisait pas : il a souhaité une dernière rupture. Et ainsi, il a délibérément créé une occasion si dramatique qu'elle devait modifier irrévocablement notre relation et empêcher toute chance d'amitié entre nous. Alors il a menti. Lors d’une perquisition dans les quartiers des prisonniers, il a revendiqué publiquement un morceau de tartan comme étant le sien. La possession était alors illégale - elle l'est toujours en Écosse. » (…) J'étais le gouverneur, chargé de l'exécution de la loi. J'ai été obligé de le faire fouetter. Il ne savait que trop que je l'étais. (…) J’aurais pu lui pardonner de ne pas vouloir de moi», dit-il avec une amertume discrète. «Mais je ne pouvais pas lui pardonner de m'avoir amené à l'utiliser de cette façon. Ne me forçant pas simplement à lui faire du mal, mais à le dégrader. Il ne pouvait pas simplement refuser de reconnaître mon sentiment; il devait le détruire. C'était trop ». – 

«  Il y avait une raison. Ce n’était pas à cause de vous. Mais c’est à lui de vous le dire, s’il le veut. Vous lui avez pardonné,» dit-elle doucement. « Pourquoi? » (…) «Je l'ai détesté aussi longtemps que j'ai pu. Mais ensuite, j'ai réalisé que l'aimer… cela faisait partie de moi, et l'une des meilleures parties de moi. Peu importait qu'il ne puisse pas m'aimer, cela n'avait rien à voir avec ça. Mais si je ne pouvais pas lui pardonner, alors je ne pouvais pas l'aimer, et cette partie de moi avait disparue. Et j'ai finalement découvert que je voulais la récupérer. Il sourit faiblement. «Alors vous voyez, c'était vraiment entièrement égoïste. » Les Tambours de l'Automne, ch59

 

La prison d’Ardsmuir doit fermer, la plupart des prisonniers sont envoyés dans les « colonies » mais pas James Fraser. Il part pour Helwater.  

 

-                     Lord John :

 «  Vous partez pour Helwater, cela se trouve dans le Lake district, en Angleterre. Vous entrerez au service de Lord Dunsany afin d’effectuer les tâches subalternes qu’il voudra bien vous confier ». 

(…) Il (Jamie) lança un regard assassin vers la redingote rouge du Major imaginant ces grands yeux bleu ciel infectés de sang et exorbités tandis que ses mains se refermaient sur la gorge tendre…. Le Voyage. Ch. 14

  

-          Au début la vie à Helwater pèse à Jamie, il explique ce sentiment de désespoir à Lord Grey qui se rend régulièrement à Helwater, étant ami avec la famille Dunsany:

 

«   Une défaite, ce n’est pas nécessairement déshonorant. Mais je ne suis pas seulement vaincu et emprisonné, comme le veut la loi de la guerre, je suis exilé, asservi à un lord anglais, contraint d’obéir au doigt et à l’œil à mes geôliers. Chaque matin je me réveille en pensant à mes frères qui sont morts, à mes hommes qui m’ont été enlevés pour être jetés à la merci des océans et des sauvages. Chaque soir je me couche en sachant que je ne dois la vie sauve qu’au désir pervers que mon corps éveille en vous ». La Confrérie de l’épée. Ch20

  

-                     John espère pouvoir l’oublier, en vain. Il continue de venir à Helwater : 

 

«  Cet effet aurait dû s’amoindrir, même disparaître entièrement devant l’homme en question. Fraser était un Écossais, un jacobite, un prisonnier, un palefrenier…(…) le genre d’individu que personne ne remarquait, et encore moins estimait. Et pourtant, chaque fois, c’était la même chose. Son pouls s’accélérait dès qu’il remontait l’allée sinueuse de Helwater (…) puis il l’apercevait au loin, dressant un cheval, réparant un enclos… à moins qu’il ne se retrouve nez à nez avec lui… (…) à chaque fois le cœur de Grey faisait un bond ». La Confrérie de l’épée, ch. 6.

  

-          La réaction de Jamie à la mort de la comtesse d’Ellesmere, Geneva, intrigue John, et on voit ici cette intelligence intuitive de Lord John : il surprend Jamie en train de prier la nuit, seul face au cercueil de Geneva, et allongé par terre. 

 

«  Vous connaissiez la comtesse ? » (... )Fraser lança un regard par-dessus son épaule vers le cercueil. « C’est vrai qu’elle était comtesse. Oui je la connaissais assez bien, j’étais son palefrenier ». Grey perçut une note étrange dans cette dernière remarque. Elle était chargée d’émotion mais il n’aurait su dire laquelle. La Confrérie de l’épée, ch. 7.

  

-          John va à Helwater, après que son amant et demi-frère ait été arrêté et va probablement être condamné à mort pour homosexualité, sauf si John fait pour lui un faux témoignage. Il vient demander conseil à Jamie, car c’est, pour lui, un « honnête homme » au sens de l’honneur sans faille. Il ne peut se confier à personne d’autre de confiance. Il espère pouvoir être compris de Jamie. 

 

«  Je ne peux, honorablement, le laisser être pendu pour un crime que je commets moi-même et aux conséquences duquel je n’ai jusqu’ici échappé que grâce à la chance ». Fraser se raidit légèrement. « Un crime … que vous commettez vous-même… » son ton était prudent mais son dégoût patent. (…) « cet homme… ce n’est pas seulement votre demi-frère, il était également votre ». Il chercha le mot « votre … giton ? » « Il était mon amant en effet ». Ses mots auraient dû être teintés d’amertume, mais ce n’était pas le cas. De tristesse, oui, mais surtout de soulagement, pour les avoir prononcés à voix haute. En entendant le bruit de dédain de Fraser, Grey se retourna vivement. « Vous ne croyez pas qu’un homme puisse en aimer un autre ? » « Non » répondit Fraser du tac au tac. (…) « vous osez appeler de l’amour les sentiments d’un pervers incapable de servir une femme, d’un individu qui minaude et s’en prend à de jeunes garçons sans défense ? » - « quoi, vous m’accusez de m’attaquer à des enfants ? » (…) Grey faisait un tel effort pour contrôler la fureur dans sa voix qu’il murmurait. « Laissez-moi vous dire, monsieur, que si je vous traînais dans mon lit, je saurais vous faire hurler ! » (…) il ne se souvenait que du choc de l’impact quand le coup (de poing) avait heurté la paroi, à quelques centimètres de sa tempe. Et du souffle brûlant sur son visage près du sien, et aussi une impression de désastre inexorable. (…) il ne voyait que le visage de Fraser quand il avait dit « je saurais vous faire hurler ». Oh mon Dieu, quelqu’un d’autre s’en était chargé ! La confrérie de l’épée, ch32.   

 

-          Des années passent, William, le fils de Jamie, dont il ne peut revendiquer la paternité, grandit, Grey a deviné son secret. Petit à petit des relations plus sereines sont revenues.

 

L’un des aspects les plus inattendus de cette existence tranquille à Helwater fut le rétablissement de son étrange amitié avec Lord John Grey. Ce n’était pas le bon vouloir de Sa Majesté qui l’avait conduit ici au lieu de le condamner à une périlleuse traversée et une vie de quasi esclavage en Amérique, mais bien l’influence de John Grey. Il n’avait pas agi pour se venger ni pour l’avoir à sa botte, loin de là. Jamais il ne lui fit la moindre avance, ils se voyaient à peine (…) Non, Jamie avait été conduit à Helwater faute de mieux. Dans l’incapacité d’obtenir sa libération, Grey s’était efforcé d’alléger les conditions de sa détention, en lui offrant une vie au grand air, de la lumière et des chevaux. Il fallut à Jamie un certain temps et des efforts considérables pour surmonter ses préjugés. Le Voyage ch. 16.

 -                     Ils sont tous les trois devant l’enclos des chevaux : Jamie, le petit William et John. 

 Fraser lui toucha l’épaule et l’enfant se calma aussitôt. Ils contemplèrent tous les trois le palefrenier chevauchant le jeune étalon a cru… soudain Grey trouva les mots : « le chevalier de la reine blanche prend la reine noire » déclara-t-il doucement. C’était une ouverture risquée. Fraser ne bougea pas, mais il sentit son regard se poser brièvement sur lui. Après une longue hésitation il répondit « le chevalier du roi noir prend le fou blanc ». Grey se sentit rasséréné, c’était la réponse au gambit de Torremolinos, qu’il avait utilisé ce lointain soir désastreux à Ardsmuir, lorsqu’il avait posé la main sur Fraser pour la première fois. Le prisonnier écossais, ch. 40. – Dès lors, à chaque visite, Grey venait passer une soirée dans l’écurie, assis sur le tabouret en bois brut de Jamie, pour discuter. Le Voyage, Ch. 16. 

-          Jamie est contraint de quitter Helwater, la ressemblance entre lui et William se faisant trop dangereuse. Avant de partir il a une demande et une proposition à faire à John : 

«  John, je serais très heureux que tu serves de beau-père à … mon fils (…) en retour… si tu veux… 

(…) ». « Mon cher Jamie, je crois rêver ! es-tu vraiment en train de me proposer ton corps en échange de ma promesse de veiller sur William (…) je préfère ton amitié. J’élèverais ton fils comme s’il était le mien ». « Tu sais que mon amitié t’est acquise » répondit Jamie. Brusquement il se redressa, fit un pas vers Grey et pris son visage dans ses mains. (…) Les lèvres de Jamie se posèrent sur les siennes. Il eut la sensation fugace d’un souffle suspendu, rempli de tendresse et de force à la fois. Le Voyage, ch. 59

 

 - Après le retour de Claire dans la vie de Jamie, puis l’enlèvement de Petit Ian, le couple se retrouve en Jamaïque : Claire et Jamie sont toujours à la recherche de Petit Ian, John est le nouveau gouverneur, Claire et Jamie sont invités à la réception de bienvenue de ce nouveau gouverneur.

 Jamie s’approcha de lui et le salua d’un signe de tête. « John, dit-il en anglais à voix basse. Comme je suis heureux de te revoir ». La bouche du gouverneur s’ouvrit et se referma sans émettre un son.

 (…) Il me prit le bras et s’inclina de nouveau formellement et ajouta en français de sa voix normale « Puis je avoir le plaisir de vous présenter mon épouse, Claire ? » « CCC…Claire ? » balbutia enfin le gouverneur. « Claire ? ». Le Voyage, ch. 58.

  

- À Fraser’s Ridge : John Grey vient visiter, sans les prévenir, Claire et Jamie. Il est avec William, âgé de 12 ans, qui ne reconnaît pas Jamie. John attrape la rougeole, et Claire le soigne pendant que Jamie s’éloigne quelques jours avec William, ce qui lui permet de passer quelques jours avec lui. Claire est agacée que John soit venu avec William, elle se rend compte qu’elle est jalouse ; l’accuse d’avoir voulu revoir Jamie et d’avoir joué avec les sentiments de Jamie pour William. Elle questionne John sur sa femme, Isobel, qui vient de mourir et John lui confie qu’il n’a pas éprouvé de chagrin à sa mort. 

«Quand j’ai appris la mort d’Isobel, je n’ai rien ressenti, reprit il après un instant. Nous avions vécu côte à côte pendant des années (…) j’ai cru que sa mort m’anéantirait, mais ce ne fut pas le cas. (…) Je suis venu voir … si j’étais encore capable d’éprouver quelque chose. Si ma capacité à m’émouvoir était morte avec Isobel » (…). « Maintenant que vous êtes là, demandais je, vous ressentez encore quelque chose ? ». Il me dévisagea longtemps sans sourciller, puis d’une main sure, il porta la tasse à ses lèvres et but une longue gorgée. Oui, dit-il enfin. Que Dieu me protège ! ».  Les Tambours de l’Automne, ch. 28.

  

Pendant les années suivantes, les liens sont souvent épistolaires. John aide Jamie dès qu’il le peut. Il sort Brianna d’un mauvais pas. Il leur envoie régulièrement des cadeaux, toujours bien trouvés, des livres, des objets du quotidien – de quoi satisfaire les besoins d’expériences nouvelles de Claire et Brianna – avec générosité et dévouement. Cependant la Révolution Américaine est en marche. John envoie des courriers de plus en plus inquiets à Jamie lui demandant de ne pas rejoindre les rebelles. 

«  De Lord John Grey Plantation de Mount Josiah. Mon cher ami (…) je suis convaincu que c’est de son fait si votre nom est désormais associé au présumé comité de correspondance de la Caroline du Nord (…) de vous voir en telle compagnie m’a inquiété au plus haut point (…) mon ami, vous devez coûte que coûte vous dissocier de ce genre d’organisation » : La neige et la cendre, Ch. 59. « De Lord John Grey à M James Fraser le 6 mars 1775 (…) mais que diable manigancez-vous encore ? (…) or en dépit de mes mises en garde explicites, je trouve de nouveau votre nom cité dans plusieurs listes de personnes soupçonnées de trahison et de sédition, (…) je ne serais pas un ami digne de ce nom si je ne vous l’énonçais pas clairement, vous mettez votre famille dans le plus grand péril et vous vous passez vous-même la corde autour du cou » La neige et la cendre, ch. 76.

 

Jusqu’à ce que Jamie lui envoie une lettre où il lui conseille qu’ils ne s’écrivent plus, pour leur sécurité à tous les deux :

 «  Fraser’s Ridge (…) De James Fraser à Lord John Grey, le 16 mars 1775. Mon cher John, il est trop tard, poursuivre notre correspondance ne pourrait que vous nuire et c’est avec le plus grand regret que je me vois contraint de rompre ce lien avec vous. Je reste à jamais, croyez-le, votre humble et affectueux ami. Jamie. » La neige et la cendre, ch. 76.

  

Puis arrive le drame du naufrage de l'Euterpe, sur lequel Jamie aurait dû se trouver. Claire et John sont persuadés de sa mort, et également désespérés. Et Claire est en grand danger d’être emprisonnée comme espionne. C’est Richardson (le nouveau méchant ?), qui vient annoncer la menace à John et celui-ci prend alors une décision :

 «  Son esprit n’était plus engourdi. Il était de nouveau lui-même, solide et déterminé. Finalement, il y avait un dernier service qu’il pouvait rendre à Jamie Fraser. L’écho des cœurs lointains ch. 52. Pour protéger Claire ainsi que la famille de celle-ci (Fergus, Marsali et leurs enfants…), en souvenir de Jamie, il convainc Claire de l’épouser. 

  

Claire songe à se suicider. Elle se met à boire plus que de raison. 

«  Mon verre était vide. Je le remplis à nouveau, tenant précautionneusement la carafe. J’étais résolue à trouver l’oubli, ne serait-ce que provisoirement. Pouvais-je me scinder complètement ? Mon âme pouvait elle quitter mon corps sans que je meure d’abord ? Ne l’avait-elle pas déjà fait ? Je bus lentement, une gorgée après l’autre. Puis une autre. Un bruit dut me faire relever la tête mais je n’avais pas conscience d’avoir bougé. John Grey se tenait sur le seuil de ma chambre. Il n‘avait pas de cravate et sa chemise tachée de vin pendait mollement hors de ses culottes. Ses cheveux étaient dénoués et emmêlés, ses yeux aussi rouges que les miens. (…) Cette nuit je ne veux pas le pleurer seul ». L’écho des cœurs lointains. Ch. 54. La description de John est saisissante : dépenaillé, sale et ivre, tellement différent du Lord John ordinaire qui , en toutes circonstances est tiré aux 4 épingles. Elle donne à voir l’abime de désespoir dans lequel le plonge la mort de Jamie : son désespoir rejoint il celui de Claire, en intensité ?

  

Et Jamie n’est pas mort. Il revient chez John pour chercher Claire mais il tombe sur William qui comprend brutalement sa filiation à cause de leur ressemblance physique. Il est obligé de s’enfuir car l’armée britannique arrive, emmène John pour s’en servir d’otage… et quand il le remercie d’avoir pris soin de sa femme, celui-ci lui raconte tout, pour éviter à Claire de le faire et ainsi la protéger de la colère de Jamie.

 «  Mieux valait en finir. Il respira profondément, ferma les yeux et recommanda son âme à Dieu : 

«  J’ai connu votre femme charnellement ». Il s’était attendu à mourir plus ou moins instantanément après cet aveu mais il ne se passa rien (…) Jamie Fraser se tenait toujours devant lui, l’observant, la tête penchée d’un côté. « Ah ? fit-il intrigué. Pour quelle raison ? » L’écho des cœurs lointains, ch. 60.

  

On change de tome (et j’ai une pensée pour les lecteurs anciens qui ont dû attendre plusieurs années pour avoir la narration de la fin de cet entretien !). Et c’est maintenant dans le tome « à l’encre de mon cœur » que l’on retrouve Jamie et John, là où nous en étions restés, l’explication

Entre Jamie et John est à la fois violente et pleine d’humour, John ayant un très haut sens de l’autodérision.

 «  John Grey était résigné à mourir. Il s’y attendait depuis l’instant où il avait lâché « j’ai connu votre femme charnellement ». Que le mari cocu le regarde calmement et se contente de lui demander « ah ? Et pour quelle raison » n’était pas seulement inattendu, c’était … scandaleux. Absolument scandaleux. (…) Maintenant qu’il avait rouvert les yeux, il pouvait constater que le calme apparent de Fraser n’était que de façade. « Que voulez-vous dire par pour quelle raison ? Insista –t- il irrité. Et à propos, comment se fait-il que vous soyez vivant ? » - « Je me pose souvent la question, répondit poliment Fraser. J’en déduis que vous me croyiez mort ? » - « Oui, comme votre femme. Avez-vous une idée de ce qu’elle a vécu en apprenant que vous vous étiez noyé ? » Les yeux bleu sombre de Fraser se plissèrent légèrement. « Voudriez-vous me faire croire que la nouvelle de ma mort l’a affectée au point qu’elle en a perdu la raison et vous a trainé de force dans son lit (…) parce que, à moins de m’être profondément mépris sur la nature de vos inclinations, il Faudrait vraiment vous faire violence pour vous contraindre de vous livrer à un tel acte » (…)

«  Nous vous croyions mort, sombre crétin ! s’écria t il Vous m’entendez ? Mort ! et puis un soir que nous avions bu un peu trop…un peu beaucoup trop… nous avons parlé de vous et une chose entrainant l’autre… vous ne comprenez pas ? Nous ne forniquions pas l’un avec l’autre, c’est vous que nous baisions ! » (…) les traits de Fraser se vidèrent soudain de toute expression. Grey savoura cette vision l’espace d’une fraction de seconde avant de recevoir un poing massif juste sous les côtes (…) « Non. Allez-y. tuez-moi ». Fraser le secoua si fort que ses dents s’entrechoquèrent et qu’il se mordit la langue. Il émit un son étranglé et un poing qu’il n’avait pas vu partir s’écrasa sur son œil gauche. À l’encre de mon cœur, ch. 4.

  

Ensuite Jamie laisse des rebelles s’emparer de John, et la situation de John devient chaotique, allant d’un camp à l’autre, risquant d’être pendu, étant obligé de revêtir l’uniforme adverse et souffrant terriblement de son œil blessé par Jamie. Claire et Jamie se retrouvent, et prennent le temps de s’expliquer. Elle tente de trouver les mots pour expliquer ce que John lui a apporté, dans cette période de désespoir, croyant Jamie mort : 

«  Deux blessures, pressées l’une contre l’autre, le sang s’écoulant toujours mais dans un autre corps, le mien dans le sien, le sien dans le mien, brulant, caustique, invasif mais me redonnant la vie ». « Maudit John Grey » grommela Jamie en se redressant » il paraissait troublé et en colère, mais pas contre moi. « Que lui as-tu fais ? » « Je l’ai frappé, deux fois ». « Deux fois ? » Répétais-je choquée. « Il t’a rendu le premier coup ? » « Non (…). Le premier coup, c’était entre lui et moi. Je lui devais depuis longtemps ». Il me semblait effectivement comprendre. Une longue et profonde amitié unissait Jamie et John, mais elle reposait sur des piliers très précis, l’un d’eux étant d’éviter toute allusion à l’attirance sexuelle que John éprouvait pour Jamie. Si John, dans un moment d’égarement, avait fait s’effondrer ce pilier qui les soutenait tous les deux… (…) « Je pense à John Grey. À Helwater. Comme toi, j’ai survécu là-bas en étant paralysé. (…) je survivais. Puis il y a eu Geneva, (…) ensuite il y a eu William. Quand Geneva est morte, par ma faute, j’ai reçu un coup de couteau en plein cœur, puis il y a eu William… il m’a fendu en deux, Sassenach. Il a déversé mes entrailles entre mes mains (…). Ce foutu sodomite m’a soigné. Il a bandé mes plaies avec son amitié. À l’encre de mon cœur, ch. 24.

  

Le coup de poing que John a évité à Helwater quand il lui a dit « je saurais vous faire crier » il le reçoit à ce moment-là, à Philadelphie, quand il dit à Jamie « c’est vous que nous baisions ».

 

Le traumatisme de Wentworth est encore vivace chez Jamie et il est hors de lui quand une allusion est faite à une possible relation sexuelle entre lui et un homme. Sauf qu’il l'a proposée lui-même à John pour le « remercier » de s’occuper de William. Mais comme il l’explique plus tard à Claire et comme l’explique très bien Diana Gabaldon, cette proposition est en fait un test.

Si John avait accepté une relation sexuelle comme récompense de la part de quelqu’un qui n’a pas ce genre d’attirance et qui se trouve en position de faiblesse, il n’aurait pas pu lui confier son fils (puisqu’il confond encore homosexualité et pédophilie) et il aurait tué John, de peur que celui-ci n’abuse du fils en tentant de retrouver le père. C’était, là encore, faire bien peu de cas de l’honneur de John, qui s’en tire de façon exemplaire !

 

Je trouve admirable la façon dont John, par amour, devine les failles et secrets de Jamie, il devine pour Geneva, pour William, il devine même en partie le traumatisme du viol. Et il est toujours prêt à se dévouer pour son ami et sa famille. Et comme dit son frère Hal 

«  Si je comprends bien, non seulement tu as épousé la femme de Fraser, mais tu as également élevé son fils illégitime pendant plus de quinze ans ? – En effet. Le ton de Grey indiquait clairement qu’il n’avait pas envie d’en discuter davantage. Pour une fois, Hal en tint compte et n’insista pas. Je vois, dit-il simplement » A l’encre de mon cœur, ch. 86. 

 

Jamie, dans ce tome 8, est redevenu réticent vis-à-vis de John. C’est probablement dû à une sorte de remords : la violence dont il a fait preuve vis-à-vis de John était injustifiée et même malvenue. Et il a du mal à digérer cette relation sexuelle entre Claire et John, malgré les explications. Mais John est incontournable pour toute la famille, à commencer par leur fils « en commun » William, dont Diana nous dit qu’on le verra beaucoup dans le tome 9.

 

J’espère aussi que nous verrons encore beaucoup John, et que cette amitié entre deux hommes d’honneur pourra se reconstruire, d’autant que si Jamie a un grand amour des enfants et petits-enfants, des gens dont il est responsable, il a finalement peu d’amis avec qui il puisse se sentir en confiance autant qu’avec Lord Grey.

Illustration signée Vera Adxer 

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