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« Les hommes ne seront pas pleinement en
mesure de comprendre la Caroline du Nord
tant qu'ils n'auront pas ouvert les trésors de
l'histoire et ne se seront pas familiarisés avec
les actions de ses fils, avant la Révolution,
pendant cette lutte douloureuse. »


W.H.Foote

Le texte et les recherches historiques sont de Françoise Rochet  

Les illustrations et les recherches dans Outlander sont de Gratianne Garcia  

  

  En guise d’avant propos, le mouvement des Régulateurs est souvent considéré comme un mouvement d’insurrection populaire et non comme un mouvement révolutionnaire désireux de renverser le pouvoir. La plupart des livres d’Histoire ne donne que peu d’informations sur ce sujet. Cependant, les historiens l’associent  toujours aux prémices de la Guerre d’Indépendance.
Cette recherches a eu comme fil conducteur le texte de Valérie Gay-Corajoud, que nous remercions très amicalement.

 

Nous avons pu étayer les recherches de Valérie grâce au site gouvernemental de Caroline du Nord. https://www.nc.gov que nous remercions également pour la richesse de ses informations historiques !

 

Dans cette première partie, nous verrons comment cette guerre commença.

 

Une deuxième partie sera consacrée à la bataille d’Alamance et à ses conséquences.

 

En fin de ce documents, vous trouverez quelques extraits significatifs tirés des romans de Madame Diana Gabaldon, essentiellement tirés du le Tome 5 « La croix de feu ».



 

Outlander, ses héros et la Guerre d'Indépendance 

3.1 / Les Régulateurs 
 

 

 

Il faut savoir que deux provinces ont connu ce mouvement des « Regulators ».

L’un en Caroline du Sud. Les principaux problèmes résidaient dans un manque de représentation et de services fournis par le gouvernement tels que les tribunaux et les églises. 

Les Régulateurs de Caroline du Sud ont aidé à catalyser la Guerre d'Indépendance car les colons avaient constaté que l'autorité lointaine du Parlement de Grande-Bretagne était trop tardive pour répondre à leurs demandes. 

Les Régulateurs de Caroline du Sud ont été actifs principalement entre 1767 et 1769.

L’autre en Caroline du Nord. 

 

De 1766 à 1771, sous la gouvernance de William Tryon, et principalement dans les Comtés d'Orange, Granville et Anson, des citoyens ont pris les armes contre des fonctionnaires coloniaux qu'ils considéraient comme corrompus.

 

Nous ne détaillerons que la Caroline du Nord qui nous intéresse tout particulièrement puisque cet épisode fut mis en exergue dans les livres Outlander de Diana Gabaldon, ainsi que dans la série télévisuelle qui s’en inspire. 

Ce mouvement, qui prit le nom de "Regulator Movement"  regroupait essentiellement, des fermiers. Ils se présentaient comme étant  

                          "fermiers blancs de l’Ouest ayant une certaine conscience de classe et désireux de démocratiser les gouvernements locaux de leurs Comtés respectifs". 

 

Dans un premier temps, ils envoyèrent des courriers individuels dans lesquels ils dénonçaient les fonctionnaires coloniaux locaux qui les surtaxaient. 

Ils se disaient être des  

                             « paysans pauvres et industrieux », des « travailleurs », de « pauvres misérables », « opprimés » par « de riches et puissants […] monstres pernicieux ». 


Les Régulateurs estimaient que l’alliance du pouvoir et de l’argent gouvernait la Caroline du Nord et dénonçaient, en conséquence, ces administrateurs dont « le souci le plus pressant était d’accroître leur fortune ».

 

 

Quelles étaient les causes de ce mécontentement ?  

Les causes politiques : Les lois, les taxes. 

Avant toute chose, il faut rappeler toutes les lois et taxes imposées par Londres, sur le sucre, le thé, les lois sur le cantonnement des troupes, les lois sur l’émission des monnaies qui réveillèrent l’ensemble des Treize Colonies américaines.

La première révolte de Boston, le grand port de la colonie, fut connue de tous par la presse américaine très active.

Elle fit de l’ombre au mécontentement des pauvres fermiers de Caroline…

On n’en parla peu et encore de nos jours, il faut chercher pour trouver dans les livres l’histoire des « Regulators » en détail.   Cependant le Mouvement des Régulateurs prit de l’ampleur et devint une réelle guerre civile !

 

Causes démographiques 

 

La province de la Caroline du Nord était peu exploitée avant 1730. Elle connut une croissance démographique spectaculaire dans les années 1750/60. Ces terres étaient travaillées principalement par des cultivateurs et des éleveurs. Ils furent rejoints par de nouveaux immigrants écossais et irlandais sous l’impulsion de l’un des gouverneurs royaux,  le gouverneur Gabriel Johnston de 1734 à 1752, un Écossais des Lowlands. Ses sympathies allaient vers les colons écossais, qu’ils soient des Lowlands ou des Highlands

Il offrit des prix bas pour les terres et persuada la législature d’exempter les Écossais des impôts.

 

Au cours des dix-huit années de règne du gouverneur Johnston, les exportations de la Caroline du Nord prospèrent (goudron, térébenthine porcs, maïs, tabac…).  

Cette ère de prospérité augurait de belles opportunités pour des profiteurs.

Ainsi progressivement,  un nouveau flux de colons arriva des villes de l'Est à la recherche de nouvelles richesses dans l'Ouest rural.

Les commerçants, les avocats et autres professions libérales s’y installèrent, bouleversant la structure sociale, économique et politique de la région.

En effet, avant cette migration de citadins de la côte Est, il n’y avait pas de structure gouvernementale bien établie. Les agriculteurs locaux contrôlaient la région, se réunissaient et discutaient lorsque des problèmes devaient être résolus. 

 

Causes économiques : la dépression 

Alors qu’une nouvelle classe sociale nantie s’installait, la communauté agricole locale souffrait  d'une profonde dépression économique en raison de graves sécheresses et de catastrophes naturelles.

Les agriculteurs manquaient de nourriture et avaient perdu leurs moyens de vivre.

Un cycle infernal se mettait en route.

En raison de la perte de revenus, les planteurs locaux s’endettaient.

Ils achetaient des produits à des marchands nouvellement arrivés qui profitaient des pénuries pour augmenter les prix.

Les commerçants, à leur tour, s’appuyaient sur des avocats véreux et un tribunal corrompu pour régler les différends.

Les dettes étaient courantes à l'époque. Les procès étaient répétitifs et le plus souvent les fermiers étaient condamnés très sévèrement et surtout injustement.

 

 

Les causes sociales : la Guerre de classes 

De telles affaires judiciaires pouvaient souvent conduire à ce que les planteurs perdent leurs maisons et leurs biens et ce, au profit de ceux qui arrivaient de l’Est.

 

Cette situation entraîna des mécontentements voire de très grandes colères. Les nouveaux arrivants devinrent à juste titre la cible choisie.

 

La première plainte des Régulateurs était basée sur le fait que les avocats demandaient des honoraires exorbitants pour s’enrichir. Ce grief allait entraîner de graves problèmes entre deux mondes qui allaient bientôt s’affronter.

 

D’un côté, les fermiers courageux mais souvent illettrés et incultes et de l’autre,  l’élite éduquée, les avocats, les marchands, qui dominait le monde politique et économique.

Une cause juste : Contre la corruption politique 

 

La situation s’aggrava lorsque les fermiers prirent conscience de la collusion entre le pouvoir judiciaire et les marchands. Les avocats, les juges et les agents gouvernementaux formaient une clique qui s’enrichissait au détriment des fermiers.

En effet, les shérifs locaux, soutenus par les tribunaux, percevaient les impôts qu’ils détournaient à leurs fins personnelles. Ils détruisaient les preuves d’un premier paiement et le réclamait à nouveau…

 Dès 1765,  les fermiers tentèrent d’exprimer des doléances individuelles aux responsables locaux,  mais beaucoup restèrent  sourds à ces appels de détresse.

 

  

Edmund Fanning 

 

L’un des hommes qui s’était établi dans le Comté d’Orange était Edmund Fanning.

Cet individu rallia contre lui tous les mécontents et fut considéré rapidement  « d'esprit hautain, despotique et tyrannique ». 

Fanning était un diplômé de Yale, un pauvre avocat qui s’était frayé un chemin jusqu’à Hillsborough. Grâce à ses liens avec l’Assemblée de Caroline du Nord, il avait été nommé à des postes importants

Dans une ballade, chantée par les Régulateurs dès 1765, Fanning est dépeint comme un homme qui essaie de se remplir les poches d’or.

Sa mauvaise réputation était due à la rapidité avec laquelle il avait acquis le pouvoir dans le Comté d’Orange ainsi qu’à la quantité d’argent qu’il y gagnait de façon malhonnête.

Cette chanson aurait été écrite par Rednap Howell, l’un des quatre hommes mis hors la loi après la bataille d’Alamance.

Lorsque Fanning est arrivé pour la première fois à Orange 

Il avait l’air à la fois pâle et maigre, 

Un vieux manteau rapiécé sur le dos 

Une vieille jument qu’il chevauchait 

L’homme et la jument ne valaient pas cinq livres 

Comme on me l’a souvent dit 

Mais par ses vols civils 

Il a lacé son manteau avec de l’or. 

Le discours de Nutbush 

 

L'une des premières manifestations a été le discours de Nutbush (plus tard Williamsboro)  prononcé par George Sims le 6 juin 1765.  Il était une protestation contre les dirigeants et contre les frais facturés. Ce document appelé le « Nutbush Adress » a été considéré comme l’équivalent du « Common Sense » de Thomas Paine. Il est la base du mouvement des Régulateurs.

Ce long discours de Sims est structuré et il y explique les griefs.

Dès son introduction, il se positionne :

« Eh bien, Messieurs, ce n’est pas avec notre forme de gouvernement, ni avec l’ensemble de nos lois que nous nous disputons, mais avec les mauvaises pratiques des officiers de notre tribunal de Comté, et les abus que nous subissons de la part de ceux qui sont habilités à gérer nos affaires publiques ». 

Il fallait que le peuple comprenne qu’il ne s’agissait pas d’une rébellion contre le Gouvernement de la Caroline du Nord ni contre le Roi d’Angleterre, mais simplement d’une « querelle » contre les fonctionnaires locaux des Comtés de l’Ouest.

Mais malheureusement, ceux-ci étaient nommés par le Gouverneur lui-même, le représentant de la Couronne.

La deuxième partie du discours portait sur les abus des fonctionnaires locaux. L’un des premiers griefs mentionnés était l’extorsion de frais par les avocats, les marchands et les collecteurs d’impôts et de leurs abus de pouvoir sur le dos de fermiers peu méfiants de l’arrière-pays qui ne connaissaient probablement rien à la loi.

C’est cette surfacturation qui mit le plus en colère les habitants des Comtés de l’Ouest.

 

« Il est bien connu qu’il existe une loi qui stipule qu’un avocat ne doit pas prendre plus de 15 shillings pour ses honoraires au tribunal du Comté ». 

 

Le mouvement des Régulateurs 

 

Avec tous ces individus qui s’imposaient comme des représentants de la lois, d’autorité, de richesse et d’importance, les fermiers de l’Ouest ont commencé à perdre leur emprise sur la région. Ils ont senti que leur seul moyen de faire entendre leur voix était de s’unifier pour faire face à la situation.

Ce n’est qu’en 1768 que les fermiers se sont organisés officiellement et ont commencé à adresser une pétition à l’Assemblée coloniale et au Gouverneur.

Ils décidèrent de se nommer les Régulateurs.

Ils avaient cinq objectifs :

1.       premièrement, aucun des hommes ne paiera d’impôts tant que leurs doléances ne seront pas satisfaites conformément à la loi ;

2.           deuxièmement, ils ne paieront pas de frais d’officiers au-delà du montant requis ;

3.       troisièmement, des réunions seront tenues régulièrement dans le but de parler avec les représentants et de déposer des doléances auprès du gouverneur ;

4.           quatrièmement, les membres devront payer des droits afin de « défrayer » les coûts ;

5.       et enfin, toutes les décisions seront présentées à la majorité. Cette dernière distinction établissait qu’aucun homme ne contrôlerait ou ne prendrait de décisions pour la majorité.

 

La dernière distinction était capitale et établissait qu'aucun homme ne contrôlerait ou ne prendrait de décision pour les autres. Cette rébellion contre les autorités locales devait parler d'une seule voix.

Leur objectif tenait en une ligne : 

Former un gouvernement honnête et réduire les impôts.  

 

Avec cette association, proche des Fils de la Liberté du Massachusetts, en raison de sa structure très démocratique, les Régulateurs pensaient que leurs problèmes seraient enfin résolus par une voix unifiée. Ils ont vite compris qu’aucun des fonctionnaires ne se souciait de leurs problèmes. Au contraire, les vexations continuèrent.

 

En février 1768,  une proclamation exigea que tous les habitants paient leurs impôts à l’un des cinq endroits où les fonctionnaires seraient installés pour une période de deux jours.

Pendant des années, les gens avaient été habitués à ce que le shérif vienne chez eux pour collecter les impôts, mais maintenant, le shérif voulait que les gens parcourent une grande distance pour payer des impôts dont ils n’avaient bien souvent pas le premier sou !

Des incidents graves allaient se succéder.

Découragés de ne pas avoir obtenu la justice par le biais de négociations pacifiques, les Réformateurs ont pris une position plus radicale.

La violence, l'anarchie et le terrorisme ont régné. Lorsque le gouvernement a riposté contre eux, les Régulateurs ont refusé et avec défi ont terrorisé les hommes du Gouverneur et ont perturbé les procédures judiciaires.

 

Les leaders 

 

Les régulateurs n'ont jamais eu un leader attitré. 

Mais plusieurs hommes se sont distingués dans le mouvement, dont James Hunter, Rednap Howell, William Butler et Hermon Husband, quaker et adepte de Benjamin Franklin, qui fit circuler des brochures politiques prônant une réforme de la colonie.

Hermon Husband (1724-1795) était un agriculteur et un prédicateur. Il avait été inspiré par le Grand Réveil après avoir entendu George Whitefield prêcher, il est devenu un adepte de la  "Nouvelle Lumière", puis Quaker.

 

Le leadership et l’éloquence de Husband au début du mouvement des Régulateurs ont aidé à rallier d’autres fermiers à la cause ; cependant,  Husband n’a pas réussi à empêcher les émeutes.

En raison de ses croyances quakers, Husband souhaitait lutter contre les fonctionnaires locaux et provinciaux de manière non violente. Il quittera le champ d’Alamance juste avant le début de la bataille en mai 1771.

Il a été élu deux fois à l'assemblée de Caroline du Nord, mais a été expulsé au cours de son deuxième mandat.

 

Un autre leader régulateur était (1735-1783).

 

Les procès-verbaux du Comté indiquent que James HunterJames Hunter était actif dans les affaires locales et semblait être très éduqué. Il a assumé, malgré lui, une position de leadership car il était l’auteur de tracts et de pétitions. Il était connu pour se déplacer aux réunions des Régulateurs dans différents Comtés, notamment ceux plus à l’Ouest. Hunter a non seulement participé à diverses réunions mais a également remis de nombreuses annonces et pétitions en mains propres à des fonctionnaires provinciaux. En raison de cette affectation particulière et de son profil général, Hunter a été mentionné comme le «chef des Régulateurs».

 
 

William Butler, (1730-1779) décrit comme "un homme capable mais pauvre", est apparu comme un dirigeant à la fin des années 1760. Il a été au centre des événements graves à Hillsborough en 1768 et 1770 et à Alamance en 1771.

 

Rednap Howell, (1726-1787)  le "poète des Régulateurs",  était enseignant.

Cet érudit écrivit plusieurs "satires " sur les hommes et les événements associés au soulèvement.

Il a rédigé une brochure qui dénonçait les dépenses somptuaires du gouverneur Tryon.

Il  apparut pour la première fois sur la scène en mai 1768 en tant que l'un des signataires d'une pétition adressée au gouverneur William Tryon, déclarant les griefs des agriculteurs contre les responsables du Comté. 

  

Loyauté envers le roi et pacifisme 

 

Il était évident que les Régulateurs voulaient régler de manière pacifique le conflit.

Ces hommes avaient en grande partie connu la rébellion en Écosse.

Ils savaient qu’en Amérique,  ils avaient retrouvé un nouvel espoir de vivre et ne voulaient pas perdre leurs nouveaux acquis.

Ils avaient fait allégeance au Roi et entendaient bien s’y conformer car ils se souvenaient de ce qu’ils avaient enduré autrefois.

Ils avaient un désir irrésistible d’exprimer leur loyauté envers le roi à chaque occasion. Après presque chacune de leurs correspondances adressées aux représentants du gouvernement, les Régulateurs signaient :

 « God save the King George the Third ». 

 

Les Régulateurs faisaient bien la distinction entre les décisions prises par la Couronne et la gestion malhonnête de responsables coloniaux.

Leur autre désir était de mettre fin de manière pacifique à cette injustice.

D’ailleurs, lorsqu’on regarde attentivement leurs nombreuses requêtes, il s’avère qu’elles proposaient toujours des règlements à l’amiable et soumettaient en permanence une proposition de discussion et de rassemblement.

 

À cette fin, ils avaient élu 12 membres de leur groupe pour régler les problèmes avec les autorités locales et prévenir la violence.

 

 

 

On voit bien là encore à quel point les Régulateurs refusaient de placer un seul homme à leur tête. Encore et toujours, ils souhaitaient être les représentants de tout un peuple opprimé par une gouvernance dénuée de scrupule.

Cependant parmi ces fermiers peu instruits,  certains d’entre eux s’étaient démarqués par leur capacité à comprendre et à relayer leurs différentes revendications.

C’était James Hunter, William Butler et Hermon Husband dont nous avons déjà parlé.

Dans leur huitième annonce, les Régulateurs étaient déterminés à poursuivre leur objectif de mettre fin à l’affaire  

«  d’une manière juste pour un règlement à l’amiable ». 

 

Leur espoir de réunir toutes les parties pour une discussion était énoncée clairement.

Howell et Hunter transmirent la pétition à Tryon qui refusa d'entendre leurs griefs.

Il exigea que les Régulateurs paient leurs impôts et obéissent aux lois de la province.

La tension monta à nouveau d’un cran d’autant plus que le Gouverneur menait à bien un projet jugé particulièrement indécent : la construction de son palais.

 

 

Le palais Tryon 

Né à Surrey, en Angleterre, en 1729, William Tryon était un militaire bien noté, jugé courageux, obéissant et très respectueux des lois. Il avait épousé Margaret Wake le 26 décembre 1757, une jeune aristocrate ce qui lui avait permis d’être nommé lieutenant-gouverneur de Caroline du Nord en 1764.

Il avait pris ses fonctions à moment très perturbé en raison de l'imposition fiscale britannique.

 

Dès sa nomination en 1764 à son déménagement à New York en 1771, cet homme inflexible,  fut continuellement en conflit avec ses sujets. L'un des premiers points de discorde était la Stamp Act. A cette occasion, il eut à affronter les Fils de la Liberté de Caroline du Nord, en particulier dans les villes le long de la côte de la colonie, telles que Wilmington et New Bern.

Après la dissolution de la loi sur les timbres, alors qu’il aurait fallu apaiser la population, le gouverneur Tryon fit construire une nouvelle résidence, le célèbre "Tryon's Palace".

Son architecture élaborée par John Hawks fit de cette maison la plus chère d'Amérique du Nord britannique.   Avec ce nouveau bâtiment, New Bern était devenue la première capitale permanente de la colonie.

Le palais par sa grandeur et son imposante structure se voulait être une démonstration de pouvoir et de richesse. C’était un message fort, net et clair envoyé sur la puissance du pouvoir colonial royal aux résidents de la colonie. Elle fut une gifle adressée aux fermiers.

Mais le coût du bâtiment, d'au moins 15 000 livres, envoya un autre message aux résidents de la colonie. C’était une réelle insulte vis-à-vis des pauvres agriculteurs. Le coût du palais serait payé par une augmentation des impôts sur les résidents.

 

Butler, le Régulateur écrivit :

"Nous sommes déterminés à ne pas payer l'impôt pour les trois prochaines années, pour l'édifice ou la maison du gouverneur, et nous ne le paierons pas non plus". 

 

De plus, alors que la région en rébellion totale et à quelques mois de l’affrontement final, Tryon organisa une grande célébration en décembre 1770 pour fêter l'achèvement du projet.

Aujourd'hui, le site est toujours connu sous le nom de Tryon Palace. 

Le 20 juin 1768, Tryon, dans une volonté d’apaisement, publia une proclamation exigeant que tous les agents publics fassent apposer, dans leurs bureaux, des tableaux justes de leurs honoraires, légalement établis et que, surtout, ils les respectent !  Des pétitions pacifistes aux violences

 

Son objectif était de faire en sorte que tous les fonctionnaires locaux et judiciaires ne demandent ou ne reçoivent pas d'autres honoraires que ce qui avait été établi par l'autorité compétente, sous peine d'être renvoyés, poursuivis et condamnés.

 

À l'été 1768, Tryon mena une expédition militaire de « pacification ».  Il ne rencontra aucune résistance formelle. Les fermiers négocièrent et tentèrent de faire élire des fermiers à l’Assemblée, affirmant que

« la majorité de cette Assemblée était composée d’hommes de loi, de clercs et autres personnalités qui [étaient] en  relations permanentes». 

 

Mais en septembre 1768, la situation s’aggrava et était mûre pour le conflit violent lorsque la Cour supérieure coloniale se réunit pour sa session semestrielle à Hillsborough. Lors de cette session de nombreux responsables gouvernementaux furent considérés comme corrompus, dont le colonel Edmund Fanning,  reconnu coupable et condamné à une amende d'un seul centime.

 

Par ailleurs, les Régulateurs qui avaient mené l’accusation et qui avaient refusé de payer leurs impôts en raison de la corruption furent condamnés à une amende particulièrement sévère. La violence fut évitée lorsque les 4 000 régulateurs quittèrent Hillsborough, toujours désireux de régler pacifiquement le conflit.

Cette fois, les Régulateurs adressèrent une pétition globale au gouvernement de Caroline du Nord dénonçant

« l’inégalité des chances entre le pauvre, le faible et le riche, le puissant ». 

 

Une promesse fut faite de tenir des élections en 1769. Cela calma l'opposition pendant un certain temps. Les élections eurent bien lieu de manière légale.

 

Mais à peine élus, les représentants des fermiers furent révoqués après 4 jours : le gouverneur Tryon avait dissout l'Assemblée.

La milice 

 

Devant l’échec de cette tentatives et la mauvaise foi du Gouverneur, des émeutes commencèrent violemment.

Il incomba à William Tryon de mettre rapidement fin à la révolte de l'arrière-pays. Son conseil lui suggéra d'appeler la milice et de marcher contre les agriculteurs rebelles.

 

Parce qu’il y avait peu de soldats réguliers en garnison en Amérique du Nord, une milice coloniale avait été instaurée par le Gouverneur Gabriel Johnston avant 1750. Les milices coloniales étaient issues des citoyens libres masculins adultes d'une communauté, d'une ville ou d'une région. Le gouverneur ajouta les serviteurs et les travailleurs sous contrat. À l’origine ces milices étaient destinées à protéger les territoires contre les intrusions des Indiens. Pour l’heure, le nouveau gouverneur va les appeler pour remettre de l’ordre entre les Américains, créant ainsi un début de guerre civile.

 

 

Hillsborough 

En septembre 1770, cette localité où se tenait la Cour de Justice, fut à nouveau le théâtre de nombreuses émeutes sanglantes que dénoncèrent les journaux.

De nombreuses affaires impliquant des Régulateurs devaient y être jugées. Une centaine de Régulateurs armés arrivèrent au palais de justice de Hillsborough.

 

Les procès furent interrompus.  Après moins d’une heure de procédure, les tensions entre les fonctionnaires et les fermiers tournèrent à l’échauffourée.

Le juge fut contraint de prendre la fuite ; les avocats, ainsi que deux marchands, furent roués de coups ; et les entrepôts et des maisons furent pillés. Edmund Fanning fut traîné sur les marches, frappé et emplumé. Sa maison fut démolie. L’église, elle, fut épargnée. Après tous ces événements, l’Assemblée de la colonie engagea bien quelques réformes mais elle fit également voter un décret pour « prévenir les émeutes et les troubles », tandis que le gouverneur s’organisait afin de mieux les réprimer militairement.

 

En janvier 1771, Howell avait appris qu'Herman Husband avait été emprisonné à New Bern et commença à lever une force pour le libérer. Près de 3 700 Régulateurs ont marché à nouveau sur Hillsborough pour mettre un terme à ce procès, mais Tryon, prévoyant, avait fait venir environ 1 400 membres des milices des Comtés environnants pour empêcher les émeutes.

Les tensions montaient à nouveau et atteignirent leur paroxysme lorsque les procès de Husband et Butler commencèrent.

Avec une milice entraînée, il a été difficile pour les Régulateurs de tenter quoi que ce soit contre les tribunaux, même à 3 contre 1. Après quelques jours de tension et d'affrontement, les Régulateurs se sont dispersés et les procès ont commencé.

Husband a finalement été acquitté, mais William Butler et deux autres ont été inculpés et condamnés à des amendes et plusieurs mois de prison

Il était évident que rien ne pourrait plus se régler à l’amiable d’autant plus que la rumeur courait que les Régulateurs se dirigeaient vers New Bern pour un nouvel affrontement.

 

A suivre… La grande bataille se prépare !

 

 « Les Régulateurs » et leur « Guerre de Régulation » ont été largement détaillés par Diana Gabaldon dans ses romans. Nous pouvons même affirmer que c’est elle qui a fait découvrir ces événements au grand public européen, en particulier.

 

Voici juste quelques exemples particulièrement illustratifs.

 

Dans Les Tambours de l'automne (T 4), Diana Gabaldon nous introduit dans l’univers des colons nantis  de la Caroline du Nord et nous décrit les richesses naturelles du pays. C’est un moment où elle nous fait entrer dans une société où déjà une guerre se prépare. Jocasta fait visiter à Claire et Jamie la plantation de River Run qui tient sa richesse du commerce de la térébenthine et de la poix (goudron) avec l’armée anglaise.

 

·         T 4 Ch 10 : Jocasta, Cross Creek, Caroline du Nord, juin  

 

 « River Run couvrait un vaste territoire qui comprenait de nombreux hectares en bordure de la rivière mais également une portion non négligeable de la forêt de pins qui recouvrait un tiers de la colonie. En outre, les terres d'Hector Cameron étaient traversées par un des affluents du Cape Fear. Ainsi, on pouvait acheminer jusqu'aux grands ports situés le long du fleuve le bois et ses produits dérivés, telles la poix et la térébenthine. Rien d'étonnant que River Run prospère, même si sa production de tabac et d’indigo restait faible par rapport à d'autres plantations. Cela dit, les champs de tabac odorants que nous parcourions n'avaient rien de modeste. 

Nous possédons une petite scierie là-haut, m'expliqua Jocasta, au bord de l'eau. C'est là qu'on découpe les troncs et qu'on les façonne. Ensuite, ils sont descendus par barges jusqu'à Wilmington. Par voie d'eau, ce n'est pas très loin de la maison, mais j'ai pensé que vous préféreriez voir le domaine. » (…) « La scierie était spécialisée dans la production de mâts et d'espars, son principal client étant la marine royale. De fait, River Run traitait beaucoup avec la Couronne et fournissait aux magasins royaux mâts, espars, lattes, planches, brai, térébenthine, goudron, etc. » 

 

Mais c’est le Tome 5 « La croix de feu »  qui correspond à toute cette période de l’histoire américaine.

Les passages sont nombreux et donc il est impossible de tous les citer. 

 

·         T5 Première partie, CH1 à 17  

 

Madame Gabaldon nous fait découvrir cet arrière-pays de Caroline du Nord au XVIIIème siècle,  à la limite du territoire indien. C’est une région pauvre, éloignée des grands centres où vivent des cultivateurs, des éleveurs… sans luxe et même parfois dans la pauvreté. Elle y décrit les souffrances, le manque d’argent, les pénuries, les abus, les taxes exorbitantes…

Les consultations de médecine de Claire, sont l’énumération des différents problèmes rencontrés dans les montagnes : les odeurs, la crasse, un goitre, des dents brunes et manquantes, attelles, un trappeur, un chien indissociable de son maitre…

Tout doucement, nous comprenons que dans ces montagnes, la colère gronde !

Et effectivement, nous entrons au cœur des émeutes qui ont eu lieu à Hillsborough devant le tribunal avec les Régulateurs :  un gentleman blessé à la suite d’un passage à tabac, un petit propriétaire expulsé car incapable de payer ses impôts en monnaie.

Et rapidement, nous voyons arriver le bras de fer entre les fermiers et le Gouverneur !

Pendant le Gathering, au début du livre,  une grand partie de la communauté Écossaise se réunit à Mount Helicon (Grandfather Mountain). Le ton est donné par la lecture de la proclamation du gouverneur Tryon lue par le lieutenant Hayes.

 

Diana Gabaldon, en profite pour donner des détails sur l’émeute devant le tribunal d’Hillsborough.

 

·         CH1 ( La proclamation du gouverneur Tryon lue à tous les participants ) 

 

« Je soussigné, William Tryon, esquire, en mon titre de capitaine général de Sa Majesté, gouverneur et commandant en chef de la Province… – Considérant qu’il m’a été rapporté qu’un grand nombre d’individus aux paroles outrancières et au comportement turbulent ont troublé l’ordre public en se réunissant tumultueusement dans la ville de Hillsborough les 24 et 25 du mois dernier, alors que siégeait la Cour supérieure de justice de ce district, et ce, afin de s’opposer aux justes mesures du gouvernement en violant directement les lois de notre pays et en s’attaquant audacieusement au juge mandaté par Sa Gracieuse Majesté dans l’exercice de ses fonctions. « Considérant que ces mêmes individus ont frappé avec barbarie et blessé plusieurs personnes au sein de ladite cour et, pendant la séance susmentionnée, proféré d’autres paroles indignes et insultes à l’encontre du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté, qu’ils ont commis les outrages les plus abjects sur la personne et sur les biens de divers habitants de la ville, s’adonnant à la beuverie, vouant aux gémonies leur légitime souverain le roi George, appelant à la réussite du Prétendant… » Hayes marqua une pause pour reprendre son souffle. Après avoir gonflé son torse en inspirant fortement, il reprit : – «Et afin que les individus ayant commis les outrages susmentionnés soient traduits devant la justice, après avoir demandé le conseil et l’approbation du Conseil de Sa Majesté, je publie, par la présente, une proclamation enjoignant strictement tous les juges de paix de Sa Majesté dans ce gouvernement de mener des enquêtes diligentes concernant les crimes et délits cités plus haut, et d’entendre les dépositions de la ou des personnes qui se présenteront devant eux afin d’apporter leurs témoignages sur les faits en question, lesquelles dépositions me seront ensuite transmises pour être soumises à l’Assemblée générale de New Bern, le 30 du prochain mois de novembre, date à laquelle elles seront prorogées pour citation immédiate à l’ordre du jour des affaires courantes… » Hayes, dont le visage était à présent presque aussi cramoisi que celui du cornemuseur, inspira longuement avant d’attaquer la dernière ligne droite : « –… Rédigé sous ma dictée et apposé du Grand Sceau de la Province, à New Bern, ce 18e jour d’octobre, dans la 10e année du règne de Sa Gracieuse Majesté, Anno Domini, 1770. » 

Hayes conclut enfin dans un petit nuage de souffle condensé : « Signé William Tryon. » 

 

·         Ch1 (Les gens parlent des émeutes) : 

 

« J’ignorais ce que Tryon comptait faire à ceux qui avaient pris part aux émeutes, mais je sentais le malaise, créé par le message du gouverneur, se propager dans la foule comme les tourbillons d’eau déferlant entre les rochers du torrent voisin. Plusieurs bâtiments de Hillsborough avaient été détruits et un groupe de représentants officiels de la couronne avaient été violemment traînés dans la rue et conspués. Le bruit courait qu’un juge de paix, qui avait peu à voir avec la justice et encore moins avec la paix, avait perdu un œil à la suite d’un coup de cravache vicieux. Prenant sans doute cette démonstration de désobéissance civique très à cœur, le juge Henderson avait fui par la fenêtre et quitté la ville, empêchant effectivement le tribunal de siéger. Il était clair que le gouverneur avait de quoi être très fâché. » 

 

·         Ch2 ( Récit du fermier MacLennan devenu régulateur et du drame consécutif à la brutalité injuste de la collecte des impôts ) : 

 

« – Ce sont les impôts qui m’ont achevé, vous comprenez ? L’année a été moins bonne que prévu, mais, prudent, j’avais mis de côté dix boisseaux de maïs et quatre belles peaux de daim. Ça valait bien plus que les six shillings que je devais… Cependant, il fallait payer les impôts en espèces sonnantes et trébuchantes, et non pas en maïs, en fourrures ou en blocs d’indigo, pourtant monnaies d’échange courantes entre fermiers. Le commerce reposait principalement sur le troc.(…) Naturellement, toute la difficulté résidait à transformer les dix boisseaux de maïs en six shillings.(…) – Notre shérif s’appelle Howard Travers, dit-il en essuyant machinalement la goutte qui s’était formée sous son nez. Il s’est présenté chez nous avec une lettre officielle et nous a annoncé qu’il nous mettrait dehors si on ne payait pas nos dettes sur-le-champ. N’ayant plus le choix, Abel avait alors laissé sa femme dans leur cabane et était parti en toute hâte à Salem. À son retour, ses six shillings en poche, il avait trouvé ses terres saisies et revendues – au beau-père de Howard Travers – et sa cabane habitée par des inconnus.(…) De fait, il la retrouva enveloppée dans une couverture élimée, grelottante, sous le grand épicéa de la colline qui abritait les tombes de leurs quatre enfants, tous morts avant d’avoir atteint l’âge d’un an. Il eut beau la supplier, Abigail refusa de redescendre dans la cabane qui leur avait appartenu et de demander de l’aide à ceux qui les avaient dépossédés. Il n’aurait su dire si c’était par simple entêtement ou à cause de la folie causée par la fièvre qui la tenaillait. Elle s’était accrochée aux branches avec une force surhumaine, hurlant le nom de ses enfants. Elle était morte là, pendant la nuit. » 

 

·         T5-1 CH9 ( Récit de l’émeute à Hillsborough, Roger est chargé de trouver des hommes pour la future milice que doit lever Jamie à la demande du gouverneur Tryon )  

 

« Voilà donc où nous en sommes ! Je me le demandais justement quand j’ai entendu le jeune officier, ce matin, nous lire le discours du gouverneur. L’air songeur, elle tapota le manche de sa longue cuillère en bois contre ses lèvres. – Une de mes tantes vit à Hillsborough. Elle habite dans une chambre de l’Auberge du Roi, juste en face de la maison d’Edmund Fanning. Ou plutôt, en face de là où elle se trouvait. Elle émit un petit rire caustique. – … Dans une de ses lettres, elle m’a raconté ce qui s’est passé. La foule a descendu la rue en hurlant et en brandissant des fourches, comme une horde de démons. Les hommes ont scié les montants de la maison, puis à l’aide de cordes, l’ont fait s’effondrer, juste sous le nez de ma tante. Maintenant, nous sommes censés envoyer nos compagnons tirer les marrons du feu pour Fanning, c’est bien ça ? Roger se tenait sur ses gardes. Il avait beaucoup entendu parler d’Edmund Fanning, qui était loin d’être populaire. – Je ne saurais vous le dire, Mme Findlay. Mais le gouverneur… Joan Findlay se mit à rire de façon sarcastique, puis cracha dans le feu. – Le gouverneur ! Peuh ! Disons plutôt les amis du gouverneur. Mais, qu’est-ce que vous voulez ? C’est toujours la même histoire : les pauvres doivent verser leur sang pour protéger l’or des riches. » 

 

·         T5-1 Ch19 ( Jamie organise une milice à la demande du gouverneur Tryon, discussion à propos des Régulateurs avec le Quaker Hermon Husband )  

 

* (Lettre du gouverneur appelant le colonel Fraser chef de milice) :

 

« 2 novembre 1770 

Colonel James Fraser. 

Ayant été informé que ceux qui se font appeler Régulateurs se sont rassemblés en nombre près de Salisbury, j’ai ordonné au général Waddell de s’y rendre sans tarder avec les troupes miliciennes dont il disposait, en vue de disperser cette réunion illicite. Je vous commande, par la présente, de rassembler les hommes que vous jugerez aptes à servir dans un régiment de milice et de vous rendre à Salisbury dans les plus brefs délais, afin de prêter main-forte aux troupes du général avant le 15 décembre au plus tard, date à laquelle elles marcheront sur les insurgés. Dans la mesure du possible, apportez de la farine et des provisions en quantité suffisante pour subvenir aux besoins de vos hommes pendant deux semaines. 

Votre obligé, William Tryon. »       

 

* Diana Gabaldon nous présente un des chefs de la rébellion, Herman Husband !

  

« Hermon Husband était l’un des chefs de la Régulation et il s’était déjà retrouvé plusieurs fois derrière les barreaux à cause des pamphlets séditieux qu’il imprimait et distribuait. Aux dernières nouvelles, il avait été expulsé de son groupe local de quakers, les « Amis » appréciant peu ses activités qu’ils considéraient comme une incitation à la violence. D’après les textes que j’avais pu lire, ils n’avaient pas tout à fait tort ».(… )  « Il est sur les routes depuis un certain temps, distribuant, selon toute apparence, des pamphlets. » 

 

·         T5-2 Ch39 ( Mariage de Jocasta Cameron avec Duncan Innès) 

Parmi les invités, nous rencontrons des Régulateurs et des sympathisants.

De violentes disputes éclatent, annonciatrices de la guerre civile à venir. 

James Hunter et Hermon Husband sont présents.

 

« — Rencontrez-vous beaucoup de mouvements factieux dans votre partie de la colonie ? — Factieux ? Oh, euh... non, pas beaucoup. Méfiante, j'observai le mausolée en marbre blanc d'Hector Cameron devant lequel le costume gris de quaker de Hermon Husband formait une tache sombre. Les « mouvements factieux » désignaient les activités d'hommes tels que Hermon Husband et James Hunter... des Régulateurs. En décembre dernier, les milices du gouverneur avaient étouffé des manifestations violentes, mais la Régulation continuait à mijoter sous un couvercle bien fermé. À cause de ses pamphlets, Husband avait été arrêté et emprisonné quelque temps en février, mais l'expérience ne semblait avoir calmé ni ses intentions ni son langage. La marmite pouvait déborder d'une minute à l'autre. — Je suis ravi de l'entendre, madame. Recevez-vous souvent des nouvelles, isolés comme vous l'êtes ? »(…) « La voix plutôt haut perchée de Ninian Bell Hamilton venait de s'élever au-dessus du brouhaha des conversations. Toutes les têtes se tournèrent vers la pelouse. Ninian faisait face à un certain Robert Barlow, personnage que l'on m'avait présenté un peu plus tôt dans la matinée. Je me souvenais vaguement que c'était un quelconque marchand. D'Edenton ? À moins qu'il ne soit de New Bern. Cet homme trapu avait l'air de quelqu'un n'ayant pas l'habitude d'être contredit. Il toisait ouvertement Hamilton avec une moue sarcastique. — Des « Régulateurs », vous dites ? Moi, j'appelle ça des délinquants, des agitateurs ! Vous voudriez faire passer cette racaille pour des hommes d'honneur, laissez-moi rire ! — Je ne cherche nullement à les faire passer pour tels, monsieur ! »   

    (…) « — Je ne cherche nullement à les faire passer pour tels, monsieur, je l'affirme et le défendrai sur mon honneur. Les deux hommes roulèrent dans l'herbe sous les huées d'encouragement des spectateurs. Les convives rassemblés sur la terrasse et dans le jardin accoururent pour voir ce qui se passait. Abel MacLennan joua des coudes dans la foule, fermement résolu à voler au secours de son protecteur. Richard Caswell voulut le retenir par le bras. Abel se dégagea brutalement, le projetant en avant. James Hunter profita de l'occasion pour lui faire un croche-pied et Caswell tomba à genoux dans l'herbe, abasourdi. Son fils George poussa un cri outré et envoya un coup de poing dans les reins d'Hunter. Celui-ci fit volte- face et le gifla à toute volée. » 

    — « Voyant qu'Husband s'en était mêlé et constatant qu'il n'y aurait pas d'autres pugilats, les convives se dispersaient, s'éloignant vers les tables du buffet et les braseros sur la terrasse. Hunter et quelques autres Régulateurs restèrent pour soutenir moralement Husband, mais la plupart des invités étaient des planteurs et des marchands. Si, en théorie, ils étaient peut-être d'accord avec Barlow, beaucoup ne voulaient pas gâcher une trop rare occasion de faire la fête en débattant avec le quaker des droits des contribuables dans le besoin. 

Je n'avais pas franchement envie non plus de détailler la rhétorique de la Régulation, mais je fis cependant de mon mieux pour en dresser un bref tableau au major. —... et donc, conclus-je, le gouverneur Tryon s'est senti obligé de lever une milice pour mater les émeutiers, mais les Régulateurs ont fait marche arrière. Ce qui ne veut pas dire qu'ils aient abandonné leurs revendications, loin de là. Husband n'avait pas abandonné sa dispute — il ne capitulait jamais » 

 

·         T5-2 Sixième partie Ch 56 – « 56.   « Je veux bien être pendu si nous ne les tuons pas tous jusqu'au dernier... »  » 

Ce long chapitre est entièrement consacré à la Guerre de Régulation   

*  Légitimité des juges et le droit du peuple :

 

«  De quel droit Maurice Moore est-il juge ? Il n'est pas magistrat et n'a pas été nommé par le roi, pas plus qu'Henderson. Ni l'un ni l'autre n'ont leur place dans un tribunal. L'Assemblée a adopté une loi interdisant les attroupements populaires, bafouant encore un peu plus les droits du peuple. Finalement, nous devons nous en réjouir, car nous n'aurons désormais plus aucun scrupule à exécuter tous les clercs et magistrats. Je veux bien être pendu si nous ne les tuons pas tous jusqu'au dernier. S'ils n'avaient pas voté cette loi, nous aurions pu laisser la vie sauve à certains d'entre eux. Interdire les attroupements ! Il n'a jamais existé pareille loi dans le droit anglais ni dans aucun autre pays, hormis la France. C'est de là qu'ils l'ont importée. Bientôt, ils importeront l'Inquisition ! » 

 

* Les suspicions de corruption :

 

« Beaucoup parmi les orateurs présents  affirment que le Gouverneur était l'ami des magistrats ; que l'Assemblée n'abritait que des vendus, payés pour persécuter les Régulateurs ; que Hermon Husband avait été incarcéré afin qu'il ne voit pas leurs exactions sournoises pendant que le gouverneur et l'Assemblée adoptaient les lois dictées par les avocats ; que les magistrats manipulaient le gouverneur et tiraient toutes les ficelles, faisant nommer des juges de paix ignares afin de satisfaire leurs propres intérêts. » 

 

*  Le gouverneur William Tryon demande la constitution de compagnies de miliciens pour suppléer l’armée absente ou défaillante :

 

« Déposition retranscrite et soussignée devant le juge de paix, le huit mars 1771. (signataire) Waightstill Avery 

(témoin) William Harris, juge de paix 

De William Tryon à l'attention du général Thomas Gage 

Caroline du Nord New Bern, le 19 mars 1771 Monsieur, 

Le Conseil provincial de Sa Majesté a décidé hier de lever un corps d'armée constitué de régiments et de compagnies de miliciens afin de marcher sur les colonies d'insurgés qui, par leurs actes de rébellion et leurs déclarations séditieuses, ont défié notre gouvernement. 

Comme nous sommes bien pauvres en équipements militaires et en armements, j'en appelle à votre diligence pour nous procurer les articles (canons, fusils, étendards, tambours, etc.) dont la liste suit. 

Je projette de me mettre en marche avec mon propre régiment le vingt du mois prochain et d'assembler ma milice en cours de route. Je compte sur mille cinq cents hommes, mais, à en juger par l'opinion générale qui semble en faveur de notre gouvernement, ce nombre pourrait se trouver considérablement augmenté. 

Avec l'expression de mon plus grand respect et de toute mon estime, Votre dévoué - William Tryon »  

 

A suivre…… 

  

Les recherches historiques et le texte sont de Françoise 

Les illustrations et les recherches dans les romans sont de Gratianne 

  

  

Bibliographie