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Malva Christie, une psychopathe ?

L'avis de Diana Gabaldon 

Article proposé sur le groupe facebook : Outlander, parlons des livres de Diana Gabaldon  

source : thelitforum, février 2023
illustration : Magnanimous Art

 

Sur The LitForum, un membre se demandait si l'on pouvait qualifier la jeune Malva de psychopathe.

Diana Gabaldon répond...


Étant donné l'âge de Malva au moment de sa mort, additionné au peu que nous savons à propos de son enfance et de sa relation avec son frère, je ne sais pas si nous pouvons réellement le déterminer.


Allan dit à Claire (lors de la confrontation finale au cimetière) qu'on lui a confié Malva pour qu'il s'en occupe, et il semble (d'après cette brève conversation) qu'il était à la fois fasciné par la perfection physique du bébé/de la petite fille et profondément protecteur/possessif envers elle — ils étaient seuls tous les deux, face à un monde hostile, de son point de vue (plutôt déformé, mais il faut tenir compte de son éducation).


Cette proximité a évolué vers des relations sexuelles, que nous considérons (assez naturellement) comme condamnables. Mais imaginez comment c'était pour eux : Leur(s) père(s) était(étaient) complètement absent(s) pendant la plus grande partie de leurs premières années ; Malva n'a même pas vu Tom Christie avant d'être presque adulte, et n'a probablement jamais su qu'il n'était pas son père. Leur mère a été exécutée en tant que sorcière (ce qui serait plutôt traumatisant pour n'importe qui, je pense), et ils ont été pris en charge (dans une certaine mesure) par une tante qui ne les aimait pas et les négligeait. Rien de ce qu'on pourrait appeler un modèle positif, je veux dire... et tout ce qui s'approchait de l'enseignement moral traditionnel leur parvenait entaché par leur tante vengeresse et mesquine.
Ils ont donc créé un monde entre eux, par nécessité. C'est Allan qui l'a créé, bien sûr, en raison de la jeunesse de Malva et de son sens des responsabilités à son égard, mais il est facile de comprendre que c'était le seul monde qu'elle connaissait et qu'il était donc important pour son identité.


Et puis... leur père est libéré, les retrouve et les emmène dans les régions sauvages de Caroline du Nord, où ils découvrent (probablement pour la première fois) des gens relativement normaux. Malva est attirée et fascinée ; Allan est méfiant mais aussi interessé, et aussi profondément menacé. Il n'a ni identité, ni pouvoir, ni influence dans cet endroit — et Malva s'éloigne de lui (pour la première fois de leur vie). Il essaierait désespérément de la garder — et elle aurait (au moins pour un temps) encore un lien profond avec lui ; elle l'a écouté et l'a suivi littéralement toute sa vie. 


En gros, nous avons deux personnes amorales (plutôt que immorales), liées par un passé commun (et complexe), qui sont entrées dans un monde qui leur est vraiment étranger. Malva réagit en étant attirée par ce monde (surtout par Claire, Jamie et leur vie), Allan en étant menacé et alarmé. Et ainsi la situation émerge...
Les psychopathes naissent-ils ainsi, plutôt que de le devenir ? Je pense que c'est peut-être les deux, mais je ne sais pas comment le prouver. Même si c'est le cas, tous les psychopathes sont ils nés ainsi ? Aucune preuve de cela, et je ne sais pas comment on pourrait prétendre que c'est le cas. Il existe de nombreuses preuves que les circonstances horribles de l'enfance, la violence, les perturbations, etc. causent (ou aggravent) les problèmes mentaux existants. Et nous en avons à la pelle.
 


Alors, à qui attribuer la faute, qui tenir pour innocent, et quel degré de compréhension et de compassion pouvons-nous trouver dans nos propres cœurs pour ceux dont les propres blessures provoquent d'autres blessures ?
 


Ce n'est pas une question à laquelle je peux répondre.>