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Le texte et les recherches historiques sont de Françoise Rochet  

Les illustrations et les recherches dans Outlander sont de Gratianne Garcia  

 

Outlander, ses héros et la Guerre d'Indépendance 

3.2 / Les Régulateurs  

 

  

« Trois coups de canon indiqueront aux troupes de se ranger en ligne de bataille, cinq coups de canon  donneront le signal de l'assaut. » 

 

Ordre de bataille, William Tryon

 

« Faites feu et soyez damnés » 

 

Les Régulateurs

 

Johnson Riot Act 

  

A la suite des tragiques et cruels événements de Hillsborough, des mesures doivent être prises par les législateurs pour punir de manière drastique les Régulateurs.

 

 

Samuel Johnston, avocat, greffier du tribunal et membre de l'Assemblée depuis 1759, proposa la "Riot Act", basée sur la loi anglaise. 

 

Cette loi donnait au procureur général le droit pendant un an de poursuivre les accusations d'émeute dans  tous  les tribunaux de  la province.

Les émeutiers,  lorsqu’ils étaient convoqués, devaient se rendre dans les 60 jours ou être déclarés hors-la-loi. Tous leurs biens devenaient la propriété du gouvernement et les émeutiers étaient condamnés à la peine de mort s’il ne se rendaient pas. De facto, l'Assemblée ratifia la loi.

Ultimes négociations 

Deux milices furent rassemblées.

 

L’une commandée par le général Hugh Waddell qui reçut l'ordre de s'approcher de Hillsborough par Salisbury. Waddell, avec seulement 284 hommes, fut encerclé et mis dans l’impasse par un grand groupe de Régulateurs sous la direction du capitaine Benjamin Merrill.

 

L’autre milice avec à son commandement Tryon et son armée se sont dirigées plus directement vers Hillsborough. Après s'être reposé sur les rives d'Alamance Creek, au cœur du pays des Régulateurs, Tryon a rassemblé une armée de 1 068 miliciens.

À cinq miles (16 km) de Tryon, 2 000 Régulateurs étaient aussi rassemblés !

Aucune des deux forces ne semblait avoir une grande soif de bataille.

Les Régulateurs envoyèrent une ultime communication demandant au Gouverneur la permission de présenter leurs griefs. 

Celui -ci, fidèle à sa rigidité et à son sens de l’ordre, répondit qu'il ne pouvait parler avec des citoyens dans un état de rébellion armée.

Il leur ordonna de se disperser et de se soumettre aux lois de la province.

Il leur donna une heure pour répondre. A l'expiration de celle-ci, s’ils n’étaient pas dispersés, on leur affirma que l’armée leur tirerait dessus.

 

La réponse fut « Faites feu et soyez damnés »

 

Toutes les conditions étaient réunies pour un affrontement final, aucun des partis n’ayant l’intention de faire marche arrière.

 

Juste avant l’affrontement, Tryon faisait parvenir un dernier message aux Régulateurs :

"Ceux d'entre vous qui ne sont pas trop engagés devraient renoncer et retourner tranquillement dans vos foyers.  

Ceux d'entre vous, responsables, doivent se soumettre sans résistance.  

Je promets d'obtenir pour vous les meilleures conditions possibles. 

Vous n'êtes pas préparés à la guerre ! 

Vous n’avez pas de canon !  

Vous n’avez pas de formation militaire ! Vous n'avez pas de commandants pour vous mener au combat. 

Vous n’avez pas de munitions. 

Vous serez vaincus !" 

 

 

 

Alamance 

La bataille commença le 16 mai 1771, après que les Régulateurs aient rejeté la suggestion de Tryon de se disperser pacifiquement.

 

Ils manquaient de leadership, d'organisation, d'armes et de munitions adéquates.

 

James Hunter, que beaucoup considéraient comme le « général des Régulateurs », se retrouva à la tête d’une bande de près de 2 000 hommes, certains non armés et indisciplinés, contre la force de la milice du gouverneur Tryon très bien organisée et très bien armée, composée de 1 000 hommes.

Il refusa de prendre le commandement après le départ de Husband avant la bataille d'Alamance.

  

« Nous sommes tous des hommes libres, et chaque homme doit se commander lui-même. » 

 

Beaucoup d’entre eux n’avaient pas vraiment prévu de se battre, persuadés que leur nombre et leur détermination suffiraient à faire céder le gouverneur.

 

D’autres, pacifiques dans l’âme, s’en sont allés avant les premiers coups de feu dont Husband, le Quaker.

 

Le capitaine Benjamin Merlin avait environ 300 hommes sous son contrôle et aurait pris finalement le contrôle du leadership militaire à la suite de James Hunter, mais il n'a pas été en mesure de servir à la bataille d'Alamance.

Ces hommes n'étaient pas à la hauteur de la milice de Tryon, une force de combat formée avec des armes supérieures et 150 officiers pour les guider.

 

La bataille n'a pas duré plus de deux heures.

La résistance des Régulateurs s'est rapidement effondrée.

 

La bataille était terminée avec neuf morts pour les forces du gouverneur et 61 blessés et à peu près la même chose pour les Régulateurs.

Le lendemain, Tryon publiait une proclamation pardonnant à tous les Régulateurs qui se soumettraient au gouvernement et prêteraient serment. 

Il y avait cependant quelques exceptions, en particulier pour Hermon Husband et James Hunter.

 

Au total, environ 6 000 Régulateurs ont prêté serment. 

Certains se sont déplacés vers d'autres zones frontalières au-delà de la Caroline du Nord.

Cependant, Tryon prit 15 prisonniers.

 

Six Régulateurs ont été pendus pour leur rôle dans le soulèvement, y compris certains officiers de la milice coloniale qui avaient rejoint les rangs des Régulateurs.

 

Ces officiers étaient le capitaine Robert Messer, le capitaine Benjamin Merrill et le capitaine Robert Matear.

«  Le sang sera aussi une bonne graine dans une bonne terre, qui produira bientôt cent fois plus. » James Pugh, sous la potence le 19 juin 1771.

 

 

 

Que sont-ils devenus ? 

 

Herman Husband (1724-1795) 

Après que la "rébellion" ait été écrasée,

 

Husband s'est enfui dans le Maryland sous le nom de "Tuscape Death" et s'est appelé plus tard "Old Quaker". Il n'a ouvertement revendiqué son propre nom qu'après la Révolution américaine.

 

Il poursuivit ses voyages physiques et métaphysiques, en s'installant dans le comté de Somerset, dans l'ouest de la Pennsylvanie.

 

Il s’impliqua politiquement et resta actif jusqu’à sa mort en 1795.

 

En 1782, il a publié une brochure intitulée "Propositions pour modifier et perfectionner la politique du gouvernement des États-Unis d'Amérique".

James Hunter (1740-1821) a payé très cher son engagement.

C’est à cause de son rôle prépondérant qu’il a attiré sur lui les foudres du Gouverneur William Tryon qui a fait détruire ses biens et vendre ses terres par les shérifs. 

Comme condition de grâce, il a été obligé de prêter serment d'allégeance à la Couronne. 

Alors que les événements s’accéléraient entre l'Amérique et la Grande-Bretagne, Hunter ne pouvait pas en bonne conscience répudier son serment solennel envers la Couronne.

Il s'est retrouvé classé comme Loyaliste.

En février 1776, le gouverneur Martin a appelé les Régulateurs, liés par leur serment, pour repousser les rebelles.

Hunter participa à la bataille de Moores Creek, une victoire des Patriotes. 

Il fut prisonnier des Patriotes. 

Quelques mois plus tard, il fut libéré après avoir prêté cette fois serment d'allégeance au nouveau gouvernement américain. 

Il meurt en 1821 et en février 1783 sa veuve Mary retrouva sa propriété puisque son époux avait finalement rejoint les Patriotes.

 

William Butler (1730 -1779) a été déclaré hors-la-loi par le gouverneur en juin 1771.

 

Après Alamance, Il a fui la Caroline du Nord et s'est installé en Virginie.

 

En 1772, son frère le général John Butler a cherché sans succès à obtenir sa grâce auprès du gouverneur Josiah Martin.

Rednap Howell (1726-1787) était présent au début de la bataille, mais on pense qu'il a quitté le terrain sans participer aux combats.

 

 

Néanmoins, il a été interdit par le gouverneur Tryon et une récompense a été offerte pour sa capture, mort ou vivant.

 

Après Alamance, Howell s'est enfui dans le Maryland et est ensuite retourné dans le New Jersey, où il est mort

Le 8 juillet 1771, Tryon fut nommé gouverneur de New York.

 

En 1771 et 1772, il réussit à disposer de fonds appropriés pour le cantonnement des troupes britanniques, pour la création d'une milice et pour la reconstruction des défenses de la ville de New York.

 

En 1772, il dut faire face à l’opposition très forte contre le Tea Act. Il entra cette fois en conflit avec les Fils de la Liberté.

William Tryon (1729-1788) 

Lors de la guerre d’Indépendance, il reçut le rang de major-général de l’armée britannique, un titre accordé uniquement dans les colonies. 

Tryon préconisait depuis longtemps de s’engager dans des attaques sur des cibles civiles, mais le général Henry Clinton refusa fermement. 

Malgré cette interdiction, en juillet 1779, il commanda une série de raids sur la côte du Connecticut, attaquant, brûlant et pillant tout sur son passage.

Pour les Américains, il restera celui qui a fait la guerre aux « femmes et aux enfants ». 

Clinton, indigné par la désobéissance de Tryon à ses ordres, refusa de lui donner un tout autre commandement important. 

En septembre 1780, Tryon retourna chez lui à Londres, en Angleterre. 

En 1784, il fut nommé colonel du 29e régiment de fantassins au Canada.

Finalement, il rentra à Londres et mourut le 27 janvier 1788.

 

 

Edmund Fanning (1739-1818) 

Fanning suivit Tryon à New York en tant que secrétaire personnel. Au début de la guerre d'Indépendance américaine, les révolutionnaires chassèrent Fanning de chez lui, le forçant à chercher refuge à bord d’un bateau dans le port de New York. Il fut nommé colonel par le général William Howe et fut blessé deux fois pendant la guerre.

Il a ensuite été nommé au bureau d'arpenteur général, qu'il a conservé jusqu'à sa fuite, avec d'autres loyalistes, en Nouvelle-Écosse en 1783. 

Fanning est devenu lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse le 23 septembre 1783, en tant que vice-gouverneur de John Parr. 

En 1786, il a été nommé lieutenant-gouverneur de St. John's Island (qui a ensuite été rebaptisée Île-du-Prince-Édouard) pendant près de 19 ans. 

Il a été promu général de l'armée britannique en 1808. 

Il a pris sa retraite à Londres en 1813 et y est mort en 1818. 

Les Américains lui créditèrent le fait d'avoir sauvé Yale de la destruction par les forces britanniques lors d'un raid destructeur dirigé par Tryon. Fanning obtint un diplôme honorifique en droit en 1803 en guise de remerciement pour cette action !

 

Conséquences 

 

Nous pouvons constater que les principaux protagonistes de cette révolte ont survécu… et ils ont tous connu la fin de la Guerre d’Indépendance !

 

Les historiens estiment que sur les 8 000 personnes vivant dans le Comté d'Orange à l'époque, quelque 6 000 à 7 000 ont soutenu les Régulateurs. Après la bataille, l'armée de milice de Tryon a voyagé à travers le territoire.

Il fut demandé aux Régulateurs et à leurs sympathisants de signer des serments de loyauté Il décida de détruire les propriétés des membres les plus actifs. 

Il augmenta les impôts afin de payer sa milice. 

Le gouverneur Josiah Martin succéda au gouverneur Tryon juste après la fin de la rébellion.

 

Sa politiques allégea le fardeau des anciens Régulateurs et leur permit d'être assimilés à la société.

 

 

Pour aller plus loin… 

L’opinion publique 

 

 

Au moment de leur défaite à Alamance, l'opinion publique était résolument contre les Régulateurs. Ils étaient considérés comme des "desperados sans loi", et le gouverneur Tryon fut félicité pour ses actions contre la rébellion.  

Alors que les articles de presse répandaient la nouvelle de sa victoire, Tryon fut qualifié de héros des colonies pour avoir vaincu « un plus grand groupe de Régulateurs avec sa petite milice bien préparée ».

 

Cependant, à mesure que l'excitation initiale au sujet de la bataille se calmait, de nombreux journalistes, en particulier dans la région de Boston, ont commencé à remettre en question les raisons de la rébellion et à enquêter davantage.

 

Plusieurs raisons ont été trouvées pour considérer l’anéantissement des Régulateurs comme l’acte d'un gouvernement oppressif et répressif à outrance.

Les méthodes que Tryon avait utilisées pour gagner la bataille étaient particulièrement ignobles :

                  -  l’utilisation de la Riot Act était jugée inacceptable et injustifiée ; 

                  - l'exécution des chefs de rébellion capturés après la bataille fut considérée comme cruelle et injuste..

 

Les témoignages multiples indiquaient l'inconduite et le manque du sens de l’honneur du Gouverneur. Il semblerait qu’il ait donné l’ordre de tirer avant l’échéance de la période d’avertissement donnée aux fermiers !

Rompant cet accord, il avait fait tirer avec l’artillerie puissante sur des hommes démunis !

 

 

Face à la postérité 

 

 

Certains historiens considèrent cette rébellion comme un catalyseur de la guerre d'Indépendance américaine. Les hommes qui y participèrent eurent des destins plus ou moins heureux. Cet épisode était peu connu et c’est Diana Gabaldon qui l’a fait sortir des oubliettes pour le grand public.

Avant d’aller plus loin, revenons au Gouverneur Tyron. 

Il s’était montré intraitable durant la Guerre des Régulateurs mais il n’avait fait qu’appliquer la loi !

 

Les Cherokees donnèrent à Tryon le nom de « Wolf » pour ses tractations visant à établir une frontière pour eux dans la partie occidentale de la colonie. 

Son nom a été donné à un comté dans l’État de New York et en Caroline du Nord, en son honneur mais ils furent renommés plus tard.

La ville de Tryon existe en Caroline du Nord.

Le palais de Tryon à New Bern est un haut lieu historique en Caroline du Nord Il y a une ville Tryon, sur Île-du-Prince-Édouard au Canada. 

Son nom est donné au parc Fort Tryon à Manhattan à New York, qui a été tenu par les Britanniques pendant la majeure partie de la Révolution américaine.

De nombreuses rues portent son nom aux Etats-Unis : 

Tryon Road à Raleigh, en Caroline du Nord (dans le comté de Wake, nommé d’après la femme de Tryon, Margaret Wake) 

Tryon Street à Burlington, Caroline du Nord 

Tryon Street à Hillsborough, Caroline du Nord

Tryon Street à Albany, New York

Et pourtant, Tryon s’est bien sali les mains pendant la Révolution américaine.

 

Son attitude fut jugée comme sauvage et brutale, tant par les Américains que par ses supérieurs anglais eux-mêmes.

 

il est devenu impopulaire d’abord parce qu’il avait suivi des instructions sans discernement lors de la rébellion des Régulateurs. De plus, durant la guerre, il avait désobéi et avait fait preuve d’une grande cruauté envers les civils.

 

Les historiens l’ont accusé d’avoir permis et encouragé le viol, le vol, les massacres des civils. Ils affirment que

 

« des milliers de personnes dans les lignes britanniques ont été témoins de pillages excessifs et sans discernement ».

Conclusions 

 

Mais revenons à la Guerre de Régulation.

 

L’un des effets de ce terrible conflit fut qu’une petite minorité seulement, parmi ceux qui vivaient dans les Comtés où le mouvement des Régulateurs avait bénéficié du soutien populaire, semble avoir répondu à la rhétorique patriotique de la guerre d’Indépendance.

 

De fait, les fermiers les plus pauvres de Caroline du Nord furent au début de la guerre des tories, c’est-à-dire des sujets loyaux à la Couronne au début de la Guerre d’Indépendance. Une fois de plus, l’Histoire se répétait pour eux. Ils craignaient de perdre à nouveau ce qu’ils avaient pu gagner après la Guerre de Régulation.

 

Par chance pour le mouvement révolutionnaire, les batailles décisives de la guerre d’Indépendance se déroulèrent dans le Nord, où la population urbaine blanche était très active et voulait l’Indépendance.

 

Beaucoup d’historiens sont d'avis que les Régulateurs ne souhaitaient pas changer la forme ou le principe de leur gouvernement, mais voulaient simplement rendre le processus politique de la colonie plus égal.

 

Ils voulaient de meilleures conditions économiques pour tout le monde, au lieu d'un système qui profitaient grandement aux responsables coloniaux et à leur réseau de propriétaires de plantations, principalement près de la côte.

 

La guerre des Régulateurs illustre à quel point une grande partie de la population était insatisfaite dans les jours précédant la Révolution américaine.

 

L'audace manifestée par les fermiers opposés à l'autorité royale a donné une leçon.

 

La notion de résistance armée, l’utilité des milices patriotiques utilisées non contre la population mais en sa faveur ont inspiré les patriotes quelques années plus tard dans la guerre américaine pour l'indépendance.

Et dans les livres… 

 

Diana Gabaldon fait plus que citer la Guerre de Régulation ! 

Elle en parle en long et en large et donne de très nombreux détails. 

Elle nous conduit vers l’ultime et tragique bataille d’Alamance.

 

Cette évocation commence dans Les Tambours de l’Automne - Drums of Autumn (sur lequel la saison 4 est basée) et continue dans La Croix de Feu - The Fiery Cross (sur lequel la saison 5 est basée). Nous vivons pas à pas le mécontentement jusqu’à la bataille finale. 

Alamance, une des plus importantes bataille de la Caroline du Nord coloniale, est le thème central de ce roman, au niveau historique. 

Nous constatons que toutes ces tensions ont contribué à déclencher la Guerre d’Indépendance.

 

Il est impossible de citer et de publier tous les extraits consacrés à ce moment fondateur de la jeune république américaine. Gratianne a sélectionné quelques passages. 

Nous vous invitons donc à relire ce tome avec l’éclairage historique de cet événements et ses conséquences !

 

 

Tome 5 « La Croix de Feu ».

 

•       Ch1 ( rencontre de Claire avec James Hunter et Hermon Husband au mariage de Jocasta ) :

 

«   En outre, des affaires urgentes nous appellent ailleurs. Il hésita, se demandant visiblement s'il devait m'en dire plus, puis décida que non. — Vous le lui direz, n'est-ce pas ? insista-t-il. — Oui, bien sûr, monsieur Husband. Je suis navrée. Il esquissa un faible sourire teinté de mélancolie et secoua la tête sans rien ajouter. Tandis qu'il s'éloignait avec ses compagnons, James Hunter s'approcha de moi et me glissa à l'oreille : — Les Régulateurs se rassemblent de nouveau. Il y a un grand campement près de Salisbury. Vous devriez peut-être le signaler à votre époux. Il effleura le bord de son chapeau en guise de salut et, sans attendre ma réponse, s'éloigna à son tour, son manteau noir se fondant dans la foule comme un moineau disparaissant dans une volière remplie de paons. » 

 

•       CH5 : ( Jamie se renseigne )

 

«  Après notre petit intermède dans le bosquet, Jamie me donna un dernier baiser d'encouragement, avant de s'enfoncer dans le sous-bois à la recherche de Ninian Bell Hamilton. Il voulait tenter de savoir ce que mijotaient les Régulateurs dans le camp dont Hunter avait parlé » ... 

 

•       Ch9 : ( Claire se souvient et découvre les germes de la contestation )« Régulateurs graine de la révolution »

 

«  C’était si injuste ! Était-ce le commencement ? Ou l’un des débuts ? Nous étions à la fin de 1770. Dans cinq ans, les treize colonies seraient en guerre. Mais chacune y arriverait par un chemin différent et à son rythme. Ayant longtemps vécu à Boston et supervisé les devoirs d’école de Brianna, je connaissais l’histoire du Massachusetts. Les hausses d’impôts, le massacre de Boston, la rébellion dans le port et la fameuse Tea Party, les troupes de « patriotes » de John Hancock et de Samuel Adams, etc. Mais ici, en Caroline du Nord ? Comment cela s’était-il passé... ou allait se passer ? Peut-être que tout avait déjà commencé. La dissension germait déjà depuis plusieurs années entre les riches planteurs de la côte est et les pauvres fermiers partis coloniser l’arrière-pays à l’ouest. Les Régulateurs étaient principalement issus de cette dernière classe, tandis que les premiers étaient largement dans le camp de Tyron, à savoir partisans de la Couronne. » (...) « Je n’avais jamais entendu parler des Régulateurs avant d’arriver en Caroline. Mais j’en avais déjà vu suffisamment pour me rendre compte que les livres d’histoire avaient passé sous silence un bon nombre d’événements. Était-on en train de semer sous mon nez les graines de la révolution ? » (....) « Une infection. Voilà ce qui mijotait. En surface, tout paraissait calme. Après tout, la Couronne retirait ses troupes !   Mais des dizaines, des centaines, des milliers de minuscules foyers de dissension allaient couver et s’infecter, formant des poches de conflit un peu partout dans les colonies. » 

 

•       CH18 : (Prémices de la guerre de régulation ) « Je veux bien être pendu si nous ne les tuons pas tous jusqu’au dernier... » : Déposition d’Avery Waightstill témoin en Caroline du Nord, emprisonné par les régulateurs.

 

«   Le témoin a retenu le nom de cinq de leurs capitaines ou meneurs (à savoir, deux Hamilton, dont un prénommé Thomas, un James Hunter, un Joshua Teague, et le susnommé James Grimes, ou Graham). Le témoin a entendu de nombreux autres intervenants, dont il ignore les noms, tenir des propos injurieux à l'encontre du gouvernement, des juges de la Cour supérieure, de l'Assemblée et d'autres représentants de l'autorité. Devant un auditoire proférant des insanités, le susnommé Thomas Hamilton a prononcé un discours dont la teneur et le sens sont reproduits ici (l'assistance applaudissant et soutenant la véracité de ce qu'il avançait) (...) Beaucoup parmi les orateurs présents ont affirmé que le gouverneur était l'ami des magistrats et que l'Assemblée n'abritait que des vendus, payés pour persécuter les Régulateurs ; que Husband avait été incarcéré afin qu'il ne voie pas leurs exactions sournoises pendant que le gouverneur et l'Assemblée adoptaient les lois dictées par les avocats ; que les magistrats manipulaient le gouverneur et tiraient toutes les ficelles, faisant nommer des juges de paix ignares afin de satisfaire leurs propres intérêts. Ils ont décrété que les provinces devaient être débarrassées des magistrats et que ceux-ci n'y demeuraient désormais qu'à leurs risques et périls. Ils ont déclaré Fanning hors la loi à compter du vingt-deux mars, tout Régulateur l'apercevant après cette date ayant pour ordre de l'abattre. Certains ont affirmé qu'ils avaient hâte de s'en charger et ont juré de le tuer s'ils l'apercevaient à Salisbury. D'autres ont émis le vœu de croiser le juge Moore à Salisbury afin de le fouetter, certains parlant même de le tuer. Un dénommé Robert Thomson a déclaré que Maurice Moore était un parjure et l'a qualifié de coquin, de canaille, de bandit, de gredin, etc., sous les acclamations de ses complices. Lorsque la nouvelle annonçant que le capitaine Rutherford défilait à la tête de ses troupes dans les rues de Salisbury est tombée, le témoin a entendu l'assemblée clamer que l'ensemble des Régulateurs présents devaient s'armer et marcher sur la ville, affirmant qu'ils étaient assez nombreux pour les tuer tous. « Tuons-les ! Montrons-leur qui nous sommes ! » Déposition retranscrite et soussignée devant le juge de paix, le huit mars 1771. (signataire) Waightstill Avery (témoin) William Harris, juge de paix. » 

 

•       Ch18 ( Lecture du Riot Act ) :

 

«    Devant un auditoire proférant des insanités, le susnommé Thomas Hamilton a prononcé un discours dont la teneur et le sens sont reproduits ici (l'assistance applaudissant et soutenant la véracité de ce qu'il avançait) : « De quel droit Maurice Moore est-il juge ? Il n'est pas magistrat et n'a pas été nommé par le roi, pas plus qu'Henderson. Ni l'un ni l'autre n'ont leur place dans un tribunal. L'Assemblée a adopté une loi interdisant les attroupements populaires, bafouant encore un peu plus les droits du peuple. Finalement, nous devons nous en réjouir, car nous n'aurons désormais plus aucun scrupule à exécuter tous les clercs et magistrats. Je veux bien être pendu si nous ne les tuons pas tous jusqu'au dernier. S'ils n'avaient pas voté cette loi, nous aurions pu laisser la vie sauve à certains d'entre eux. Interdire les attroupements ! Il n'a jamais existé pareille loi dans le droit anglais ni dans aucun autre pays, hormis la France. C'est de là qu'ils l'ont importée. Bientôt, ils importeront l'Inquisition ! » 

 

•       Ch18 : (Réponse du gouverneur William Tryon ):

 

«   De William Tryon à l'attention du général Thomas Gage Caroline du Nord New Bern, le 19 mars 1771 Monsieur, Le Conseil provincial de Sa Majesté a décidé hier de lever un corps d'armée constitué de régiments et de compagnies de miliciens afin de marcher sur les colonies d'insurgés qui, par leurs actes de rébellion et leurs déclarations séditieuses, ont défié notre gouvernement. Comme nous sommes bien pauvres en équipements militaires et en armements, j'en appelle à votre diligence pour nous procurer les articles (canons, fusils, étendards, tambours, etc.) dont la liste suit. Je projette de me mettre en marche avec mon propre régiment le vingt du mois prochain et d'assembler ma milice en cours de route. Je compte sur mille cinq cents hommes, mais, à en juger par l'opinion générale qui semble en faveur de notre gouvernement, ce nombre pourrait se trouver considérablement augmenté. Avec l'expression de mon plus grand respect et de toute mon estime, Votre dévoué William Tryon. »... 

 

•       CH19 : (Hermon Husband arrive à Fraser’s Ridge. Il parcours les Carolines pour distribuer des tracts de propagande sur la régulation.

 

 

•       Ch 20 : Alamance (Préparatifs. Claire, Jamie et sa milice sont arrivés en avance à Camp de l’Union, 1er Mai 1771) :

«  Depuis que nous avions quitté Fraser's Ridge, les rumeurs avaient virevolté autour de nous telles des feuilles mortes dans une bourrasque d'automne. Les Régulateurs avaient levé une armée de dix mille hommes marchant sur New Bern. Le général Gage arrivait de New York avec un régiment de troupes officielles pour ramener l'ordre dans la colonie. La milice du comté d'Orange s'était rebellée et avait tué ses officiers. La moitié des hommes du comté de Wake avaient déserté. Hermon Husband avait été arrêté et embarqué à bord d'un navire qui le conduisait à Londres pour répondre à des accusations de trahison. Hillsborough était tombée aux mains des Régulateurs, qui s'apprêtaient à incendier la ville et à passer Edmund Fanning et ses associés au fil de l'épée. J'espérais que cette dernière rumeur était fausse ou, dans le cas contraire, qu'Hubert Sherston ne faisait pas partie des intimes de Fanning. Après avoir fait le tri dans la masse des ouï-dire, des suppositions et des inventions les plus délirantes, le seul fait dont nous pouvions être sûrs était que le gouverneur Tryon venait rejoindre la milice. Une fois qu'il serait arrivé, nous verrions bien. »... 

 

•       CH21 : La machinerie militaire : Journal du gouverneur Tryon

 

•       CH22 : Conseil de guerre ( Jamie en fait le compte-rendu à Claire) :

 

«  Nous espionnions les lignes rebelles. Elles ne sont pas loin, même si le terme de « lignes » est très exagéré. » 

(...) Il parlait sans ironie, balayant du regard le campement qui s'étalait autour de nous. Avec la tombée du jour, les feux s'étaient mis à luire par centaines le long des berges de la Grande Alamance. — Hermon Husband est ici, dit-il. Je relevai les yeux de son écuelle de ragoût, que je venais de remplir pour la deuxième fois. — Tu lui as parlé ? — Non, je n'ai pas pu m'approcher. Il est avec les Régulateurs, naturellement. J'étais sur une petite colline surplombant la rivière et je l'ai aperçu au loin. Il était au milieu d'un grand attroupement, mais, avec sa tenue, je ne pouvais pas le manquer. Je lui tendis son plat fumant. — Que va-t-il faire ? Il ne va quand même pas se battre ni laisser ses amis se faire massacrer. La présence d'Hermon Husband me paraissait bon signe. Pour les Régulateurs, il représentait presque un leader. Ils l'écouteraient sûrement. Jamie secoua la tête, l'air inquiet. — Je ne sais pas, Sassenach. Lui-même ne prendra pas les armes, c'est sûr, mais les autres... » 

 

•       CH23 au Ch29 : Description détaillée de la bataille d’Alamance

 

•       CH30 : L’exécution des ordres : Roger va être pendu avec d’autres régulateurs pour l’exemple.

 

«    Des mains saisirent Roger sous les bras et le hissèrent debout. Elles le soutinrent un instant, puis le poussèrent en avant, le faisant trébucher. À moitié en marchant et à moitié soutenu par deux hommes en uniforme, il tenta de se retourner pour voir les yeux verts. Bon sang... comment s'appelait-il ? Mais les soldats le bousculèrent de nouveau, l'entraînant vers une colline surmontée d'un immense chêne blanc. La butte était entourée d'une marée humaine qui s'écarta pour laisser passer Roger et son escorte. La sensation d'une catastrophe imminente était de retour, comme un fourmillement sous la surface de son cerveau. MacQuiston ! Le nom s'afficha soudain clairement dans sa mémoire. James McQuiston était un des leaders mineurs de la Régulation, un agitateur de Hudgin's Ferry dont les discours enflammés chargés de menace et de dénonciation avaient été publiés dans la Gazette.Roger les avait lus. »... 

 

•       Ch 34 : Victoire et remerciements :

 

«   Camp de la Grande Alamance Vendredi 17 mai 1771 Parole-Granville Countersign-Oxford C'est avec la plus profonde gratitude que le gouverneur adresse ses sincères remerciements aux officiers et aux soldats de l'armée pour le soutien généreux et valeureux qu'ils lui ont apporté dans la bataille de l'Alamance. À l'aide de leur bravoure et de leur droiture ainsi qu'avec la grâce de notre Seigneur tout-puissant, nous avons eu raison de l'obstination et de l'aveuglement des rebelles. Son Excellence s'associe à la douleur des loyalistes pour les braves tombés et blessés sur le champ de bataille et, conscient que l'avenir de la Constitution dépendait de l'issue de cette bataille et des services importants rendus au roi et à la patrie, considère ces pertes humaines (qui affligent aujourd'hui leurs parents et leurs proches) comme un monument à la gloire et à l'honneur de ces héros et de leurs familles. Les morts seront enterrés ce soir à dix-sept heures. Le service funéraire, précédé d'un tir d'artillerie, sera célébré avec les honneurs militaires. Après la cérémonie, des prières et une action de grâce seront dites pour la victoire éclatante que la divine providence a bien voulu accorder à l'armée. »...

 

 

Quelques liens… 

 

Le mouvement des Régulateurs dans les Carolines 

 

Quel était le mouvement des régulateurs ? Histoire et signification 

 

Archives : Les régulateurs et la bataille d'Alamance  (en anglais) 

 

La guerre de régulation - Les régulateurs  1767 - 1771 (en anglais) 
 

 Rednap Howell, le « poète régulateur » (en anglais) 

 

Comment un gouverneur de New York a un jour comploté pour assassiner George Washington (en anglais)