Commentaires des scénaristes
Dans le script, absent de la série
Dans la version finale uniquement
Indications et dialogues
Indications et séquences

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Production finale rapportée et mise en page par Brigitte Blanc 

En violet, les interventions des scénaristes au sujet de l'épisode. 

 

 

ÉPISODE 201 « A TRAVERS LE MIROIR » (THROUGH A GLASS, DARKLY) 

Écrit par Ron D. Moore 

 

 

PROJET DE PRODUCTION FINAL

10 novembre 2015

COPYRIGHT © 2019 Sony Pictures Television INC.

 

 

LISTE DES PERSONNAGES

CLAIRE BEAUCHAMP RANDALL FRASER/JAMIE MACKENZIE FRASER/FRANK RANDALL
MURTAGH FITZGIBBONS FRASER/REVEREND WAKEFIELD/MRS. GRAHAM
LE COMTE ST. GERMAIN//ROGER WAKEFIELD

INFIRMIERE/DR. EDWARDS/PHOTOGRAPHE/JARED FRASER
CAPITAINE DE BATEAU/RESPONSABLE DU PORT

 

 

INTÉRIEURS

 Hôpital (1948) : Couloir. La chambre de Claire

Maison du révérend Wakefield (1948) : Bibliothèque. La chambre de Claire. Hangar. Salon/Auberge du Havre /Entrepôt du Havre

 

 EXTÉRIEURS

Craigh Na Dun (1948) /Le flanc d’une colline (1948) /Route (1948)

Maison du révérend Wakefield (1948) : Jardin. Hangar/Aéroport de La Guardia (1948) Quai du Havre /Auberge du Havre/ Le Havre /Entrepôts du Havre/ Port du Havre

 

 

 

PASSAGES PRESENTS DANS LE SCRIPT ORIGINAL MAIS PAS DANS LA VERSION TELEVISEE FINALE 

COMMENTAIRES DU/DE LA SCENARISTE, TOUJOURS INTERESSANTS ! 

INDICATIONS SCENIQUES ET DIDASCALIES

DIALOGUES VOIX DIRECTE

CE QUI APPARAIT DANS LA VERSION FINALE TELEVISEE UNIQUEMENT+ COMMENTAIRES
 

 

SEQUENCE PRE-GENERIQUE (COLD OPEN) 

  

FONDU NOIR SUR… 

Claire, allongée sur le sol… Les yeux fermés, hagarde.

CLAIRE (Voix Off) : » Je voulais être morte. Et si j'avais gardé les yeux fermés, j'aurais presque pu toucher les confins de l'oubli. »

 Après quelques secondes, elle reprend conscience, cligne des yeux à cause de la lumière du soleil et regarde autour d’elle.

CLAIRE (Voix Off) : » Mais j'avais fait une promesse... et je me devais de la tenir. Même si cela signifiait vivre une vie dont je ne voulais plus. »

  

1.      EXT. CRAIGH NA DUN - JOUR 

Elle s'assied, portant encore ses vêtements débraillés et sales du XVIIIe siècle. Elle fixe la grande pierre dressée au milieu du cercle pendant un long moment, puis regarde sa main gauche – quelque chose ne va pas ! Ses alliances sont toutes les deux à ses doigts, mais il manque ... Elle cherche frénétiquement dans l'herbe un instant.

CLAIRE : » Non, non ! »

Puis elle la trouve...

 

Ronald D. Moore 

« Initialement, cette scène devait être « l'étiquette » (c’est-à-dire la séquence POST générique de fin, après tous les crédits, ndlt) de l'épisode 116, le final de la saison 1. Cette saison 1 se serait terminée avec le public réalisant que même si Claire et Jamie avaient prévu de changer l'avenir, cela avait clairement échoué, Claire retournant d'une manière ou d'une autre dans le futur. 

 Lorsque nous avons décidé de ne pas le faire pour le 116, cette scène est devenue le teaser du 201 : séquence pré-générique (ou cold open). 

 La séquence dans laquelle Claire se rend compte qu'elle a perdu la bague a été ajoutée et tournée beaucoup plus tard, alors que nous élaborions une partie de la mythologie concernant le voyage dans le temps. » 

 

Ses doigts se ferment autour d’une bague d’homme, une chevalière.

Claire est paniquée car quelque chose ne va toujours pas. La bague était sertie d'une pierre précieuse, mais maintenant il y a juste l'endroit vide où elle se trouvait auparavant. Claire la tient fermement, cherche frénétiquement dans l’herbe la pierre manquante… Elle serre la bague contre sa poitrine un instant... puis la met dans sa poche et, regarde le monolithe central en hurlant de rage et de désespoir… Elle demeure là, prostrée, anéantie…   

 

 2EXT. FACE À LA COLLINE – JOUR 

 Peu de temps après, Claire descend le chemin de la colline, comme dans un rêve (ou un cauchemar). Elle semble détachée de tout maintenant, vide d'émotion, hagarde.

 CLAIRE (Voix Off) : » Il était parti. Ils étaient tous partis. Le monde que j'avais quitté il y a seulement quelques instants était maintenant parti en fumée. Malgré tout, je devais me forcer à descendre la colline et à m'éloigner des pierres, de peur que je ne cède à la tentation d'y retourner... encore. «  

 

3EXT. ROUTE – JOUR 

 Claire marche sur la route (goudronnée), le corps et l'esprit lointains, totalement anéantie.

 CLAIRE (Voix Off) : » Mais je n'arrêtais pas de me dire qu'il n’y avait aucune raison d’y retourner. Il n’y avait rien d’autre que la mort et l'horreur de l'autre côté maintenant. Sa mort. Je ne pouvais pas supporter l'idée de voir réellement mort... de retrouver son cadavre sur le champ de bataille sanglant de... »  

BIP BIP ! 

Elle n’entend pas le son pendant un moment. BIP BIP ! Le son d’un klaxon ! Finalement, elle se retourne et voit une automobile ralentir puis s’arrêter dans le virage derrière elle, le conducteur écossais la regardant avec curiosité.

LE CONDUCTEUR : » Est-ce que ça va, Madame ? Vous allez bien ? Madame ? Parlez-vous anglais ? » Enfin –

CLAIRE : » En quelle... année sommes-nous ? « 

LE CONDUCTEUR : » En quelle année... ? « 

CLAIRE : » Dites-moi en quelle année nous sommes. »

 LE CONDUCTEUR : » Eh bien nous sommes en... 1948. « 

Claire s’y attend, mais recule encore d'un pas ou deux involontairement. Cependant, il lui reste encore une question dont elle a besoin d’avoir la réponse. Elle se ressaisit et essaie de garder une voix ferme.

 CLAIRE : » Qui a gagné... ? Qui a gagné... la bataille de Culloden ? »

 Le conducteur commence à soupçonner que cette femme n’est pas tout à fait saine d’esprit.

 LE CONDUCTEUR : » Vous ne vous sentez pas bien ? Peut-être que je pourrais vous emmener à… » --

Claire l'attrape par le revers de son manteau, le secoue et lui hurle au visage.

CLAIRE : » Répondez ! Qui a gagné la bataille de Culloden !? REPONDEZ-MOI MAINTENANT ! »

LE CONDUCTEUR : » Les -- les Britanniques ! Cumberland et les Britanniques ! Lâchez-moi ! « 

Elle laisse tomber ses mains, s’effondre de chagrin sur la route. Elle sanglote de désespoir.

 

 

GENERIQUE + CREDITS 

  

TITLE CARD 

On découvre (sur une musique très 18ème siècle) un petit garçon de 8 ans (Oui… On apprend son âge un peu plus tard… épisode 13…) endormi sur un fauteuil.

Il laisse tomber par terre un jouet : un avion… qui tombe sur un livre pour enfants, dont la couverture montre un voilier ancien (sans doute du 18ème siècle…)

Nous voyons ici, non pas des easter eggs, mais plutôt des indices subtils pour les saisons à venir… Un petit cadeau aux lecteurs ! (ndlt) 

 

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4 INT. HÔPITAL - COULOIR - INVERNESS - JOUR - 1948 

Une porte dans un couloir de l’hôpital s’ouvre brutalement.

Gros plan sur les chaussures d’un homme marchant à grands pas ; nous le suivons dans le corridor… Puis la caméra remonte lentement le long du corps de cet homme.
Nous découvrons de qui il s’agit en l’entendant…

 

Ronald D. Moore : 

« Cette image des chaussures de Frank marchant dans le couloir aurait dû être initialement l’ouverture de tout l’épisode. «  

 

LA VOIX DE FRANK : « Excusez-moi -- j'ai dit, excusez-moi, infirmière ! »

INFIRMIÈRE : « Oui ? « 

Et la caméra remonte encore jusqu’au visage de …

FRANK : » Je m'appelle Randall, Frank Randall. J'ai reçu un appel du Dr Edwards. « 

INFIRMIÈRE : » Oui Monsieur. Un instant s'il vous plaît, M. Randall. »

FRANK : » Merci. »

 Elle disparaît par une porte, laissant Frank seul. Il peut à peine se contenir, enlève son chapeau. Il est fébrile et regarde tout autour de lui.

 Après un moment, l'infirmière réapparaît avec le médecin.

 INFIRMIERE : « Il est ici. »

DR. EDWARDS : » M. Randall, je suis le Dr Edwards... »

FRANK : » Où est-elle ? « 

DR. EDWARDS : » Elle se repose tranquillement. Outre une légère déshydratation et quelques coupures superficielles et contusions, elle semble en bonne santé. « 

FRANK : » Bien... »

 DR. EDWARDS : » Émotionnellement, elle est... eh bien, elle est mieux maintenant, je pense. Nous lui avons administré un sédatif hier soir et aujourd'hui, elle est beaucoup plus calme. « 

FRANK : » A-t-elle dit quelque chose à propos de... où elle avait été ? » 

 Ils s'arrêtent devant une porte. 

DR. EDWARDS : » Elle a d'abord beaucoup divagué. Une histoire extraordinaire. J’ai bien peur que votre femme n’ait une imagination débordante. Je pense que c'est mieux qu'elle vous en parle elle-même. «  

FRANK : » Oui. » 

 Frank ouvre la porte...

 

5INT. HÔPITAL - CHAMBRE DE CLAIRE – JOUR 

 Claire, vêtue d'une blouse d'hôpital, est assise dans son lit et regarde la rue animée devant sa fenêtre : des passants, des autobus, des voitures, toute l'agitation de la vie au 20ème siècle.

 Une radio passe un morceau de jazz en fond.

Frank entre, laissant le médecin dehors. Il reste un moment à l'autre bout de la pièce et observe sa femme perdue depuis longtemps. Il est bouleversé.

Claire ne se retourne pas en entendant quelqu’un entrer dans sa chambre.

 CLAIRE : « Vous pouvez éteindre ce foutu truc ? »

 Il éteint la radio, mais on entend toujours les bruits de la rue par la fenêtre.

CLAIRE : » C'est tellement... bruyant ici. « 

Claire lève les yeux et voit le reflet de Frank dans la fenêtre.

 CLAIRE : » Oh. « 

FRANK : » Claire... ? « 

Elle ferme brièvement les yeux, prend une profonde inspiration, puis le regarde enfin. Même si elle s’était préparée à ce moment, elle ne peut toujours pas s'empêcher d’avoir un mouvement de recul à la vue de l'homme dont le sosie était Black Jack Randall.

CLAIRE : » Franck. Bonjour. Je suis de retour... »

FRANK : » Et j’en suis tellement reconnaissant. « 

CLAIRE : » Ah oui ? « 

Elle maîtrise ses émotions, mais celles de Frank sont trop fortes et il a du mal à garder son calme.

FRANK : » Bien sûr ! De tout mon cœur... »

 Elle peut voir l'émotion sincère sur son visage et quelque chose en elle commence à fondre très légèrement. Elle réussit à afficher un léger sourire - et c'est suffisant pour qu’il traverse la pièce et se rapproche d’elle. Il tend la main vers elle et, pendant un instant, elle regarde sa main tendue avec un sentiment de soulagement. Mais elle voit un flash de Black Jack Randall tendant la main vers elle, et elle recule, terrorisée. Un Frank désarmé baisse la sienne.

FRANK : » Je suis désolé. « 

CLAIRE : » Non, tu n’y es pour rien. »

Mais le moment gênant reste en suspens. Un flash ! Ils se tournent tous les deux pour voir un photographe, debout dans l'embrasure de la porte, venant de prendre une photo. L'infirmière apparaît et lui saisit le bras avec indignation.

INFIRMIÈRE : » Que faites-vous ? Sortez d’ici ! »

PHOTOGRAPHE : « Je ne fais que mon travail ! Attention à mon appareil ! »

 Le photographe est bousculé, laissant Frank et Claire toujours un peu sous le choc. FRANK : » Claire…  J'ai déjà parlé au révérend Wakefield et il nous a préparé des chambres où rester pendant que tu es en convalescence. Personne ne nous y dérangera. »

Le nom de Wakefield déclenche quelque chose chez Claire.

CLAIRE : » Est-ce que tu sais si Mme Graham travaille toujours pour lui ? »

FRANK : » Mme Graham ? Je n'ai pas demandé mais je suppose que oui. »

 CLAIRE : » Je dois lui parler. « 

Claire a à nouveau ce regard lointain. Mme Graham veut dire quelque chose pour Frank aussi -- pas nécessairement quelque chose auquel il veut penser. (cf épisode 0108… ndlt) 

FRANK : » Je vais te donner quelques minutes pour te préparer. » 

 CLAIRE : » Je vais avoir besoin de vêtements... « 

Frank suit son regard et découvre, surpris et intrigué, une pile de vêtements du 18ème siècle, posés et pliés sur une chaise. Frank prend le corset et l'examine. Il frotte le tissu entre ses doigts, remarquant les coutures. Il est de plus en plus intrigué.

Claire regarde Frank pendant qu'il étudie les vêtements. Il y a tellement à dire, mais pour le moment du moins, elle n'a pas les mots.

 

6 7 INT/EXT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - JOUR 

Le jeune Roger Wakefield se précipite vers la porte de la maison avec l'énergie illimitée d'un garçon tenant son nouveau jouet qui, dans ce cas, s’avère être un avion, et se précipite dans le jardin. Roger emmène son jet dans son coin retiré du jardin, où son nouveau trésor rejoint ses autres possessions, et il se perd immédiatement dans le monde de son imagination. 

À une courte distance se trouve Claire, assise à une table en train de grignoter un sandwich pendant qu'elle feuillette un livre. Plusieurs autres livres sont posés sur une table voisine.

REVEREND WAKEFIELD (Debout dans la bibliothèque, regardant Claire par la fenêtre) : « Est-ce qu'elle... a dit quelque chose ? « 

Frank est près de la porte, un télégramme à la main. Il le lit avant de répondre au Révérend. Un paquet ouvert de vêtements (ceux de Claire, du 18ème siècle), est posé sur une table en évidence.

FRANK : » Seulement des banalités. Je viens de recevoir une réponse de mon ami, le professeur Atkins. « 

Le Révérend parcourt le télégramme.

REVEREND WAKEFIELD : « « Ai examiné les vêtements que tu as envoyés, s’avère être un exemple fantastique de la garde-robe authentique du XVIIIe siècle de la femme écossaise. D’une valeur inestimable.  Où l’as-tu trouvé ? « (À Frank qui examine et sent les vêtements. Et semble reconnaitre l’odeur de Claire) C’est une bonne question. Qu'est-ce que vous allez lui dire ? »

 FRANK : » Que puis-je bien lui dire ? Ce n’est pas le genre de tenue qu'elle aurait pu se procurer dans n'importe quel magasin, n'est-ce pas ? « 

REVEREND WAKEFIELD : » Non. Non… C’est… Voilà qui est déroutant. « 

Le révérend Wakefield regarde Mme Graham apporter une autre pile de livres à Claire dans le jardin. Claire parcourt les titres brièvement, et les deux femmes discutent confidentiellement.

REVEREND WAKEFIELD : » Elle a presque épuisé ma collection sur Culloden et la Rébellion jacobite. Pourquoi cette obsession soudaine pour l'histoire écossaise ? « 

FRANK : « Je n'en ai aucune idée. Elle n'y a jamais montré beaucoup d'intérêt quand elle était avec... Avant. « 

REVEREND WAKEFIELD : » Tant de questions se posent. Elle est de retour depuis près d'une semaine. Ne pensez-vous pas qu’il est temps qu'elle vous donne des réponses ? » FRANK : » Je crois qu'elle le fera. Quand elle sera prête. « 

 

Ronald D. Moore : 

« Dans ma première ébauche, Frank était plongé dans un in-folio de l'Illiade de Hawara. À l’époque, je lisais « Why Homer Matters » d’Adam Nicolson (« Pourquoi Homère est important », essai historique et philosophique sur Homère, la « voix profonde de l’Europe », ndlt) et je voulais travailler sur une référence. 

Mes scénarios sont souvent influencés, plus ou moins, par ce que je lis pour le plaisir à ce moment-là. L’idée ici était que Frank essayait de se concentrer sur la recherche universitaire afin de donner plus d’espace et de temps à Claire. 

Les répliques du révérend étaient à peu près les mêmes, mais il était frustré, à la fois par le manque de réponses de Claire depuis son retour, et par la volonté de Frank de simplement l'attendre. 

 Lorsque le révérend quittait la pièce, nous aurions vu que Frank était toujours inquiet pour Claire. » 

 

REVEREND WAKEFIELD : » Eh bien, mon sermon ne va pas s’écrire tout seul.  Vous n’êtes pas le seul à vous questionner, vous savez.

 Le Révérend ramasse le journal...

INSERT - JOURNAL -- en première page se trouve la photo prise dans la Chambre d'hôpital, sous le titre : « enlevée par les fées ? « 

FRANK : » Le diable emporte la presse. « 

REVEREND WAKEFIELD : « C’est fort peu probable. Même le diable a des règles. « 

Wakefield plie le journal et le jette sur le guéridon. Frank le prend et voit le gros titre…

 Le Révérend sort. Une fois le révérend parti, Frank laisse tomber le feuillet et va à la fenêtre...

 

8EXT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - JARDIN - JOUR 

Claire feuillette les livres pendant que Mme Graham rassemble les restes du déjeuner. CLAIRE : » Il doit y avoir un récit plus complet sur les pertes des Highlanders quelque part.… »

MME GRAHAM : » Je dois dire que le révérend a la collection la plus complète d'Écosse. Même le conservateur du Old Leanach Cottage lui-même est connu pour avoir emprunté des livres de notre collection. « 

Deux chasseurs à réaction F-80 de l'US Air Force rugissent au-dessus du jardin. Claire sursaute.

CLAIRE : » Doivent-ils faire ça tous les jours ? »

 MME. GRAHAM : » Les gens disent qu'il pourrait bientôt y avoir une guerre contre la Russie. Staline essaie de bloquer l'accès à Berlin-Ouest et les Américains en envoient davantage... « 

CLAIRE : » Il y a toujours une autre putain de guerre. Désolée... »

 

Ronald D. Moore : 

« Je voulais rappeler au public que nous étions en 1948 dans cette scène. J'ai donc ajouté le survol d'un avion de chasse et les références de Mme Graham à Berlin-Ouest et à Staline. 

 Je voulais frapper fort parce que la maison du révérend semble presque intemporelle et visuellement, elle aurait facilement pu être encore en 1945. 

 Je voulais aussi souligner ce que Claire avait manqué depuis son départ. » 

 

 Mme Graham sourit simplement. Claire détourne le regard des livres au loin pour essayer de retrouver son calme.

 CLAIRE : » Vous savez, il n’a jamais vraiment su ce que ce mot signifiait. En fait, je l'ai appelé « putain de sadique » une fois et il n'avait aucune idée de ce dont je parlais. On en a bien ri plus tard ».

Mme Graham sourit. Il y a une intimité entre elles, deux femmes qui connaissent le secret des pierres.

MME. GRAHAM : » Chaque fois que vous parlez de lui, vous évoquez toujours son sens de l'humour. »

CLAIRE : » Vraiment ? »

MME. GRAHAM : « Oui. Et son sourire. Et ses cheveux. »

Même Claire parvient à sourire.

 CLAIRE : » C'est vraiment … Puis le sourire de Claire s’efface. C’était.   C'était vraiment la plus extraordinaire chevelure rousse qu’on ait jamais vue. »

Mme Graham hoche la tête avec sympathie.

CLAIRE : » Vous n’êtes pas obligée de le dire. Je sais. Il est mort. Mort et enterré et décomposé dans le sol depuis maintenant deux siècles. « 

MME. GRAHAM : » Ce n’est pas une chose facile à accepter. Pour vous, c'était il y a seulement quelques jours. «  

CLAIRE : » Oui. «  

Elle prend un nouveau livre et commence à le feuilleter. 

CLAIRE : » Et les Fraser ? Les histoires des familles ou les documents généalogiques ? ça devrait… «  

 MME. GRAHAM : « J'ai appelé le Bureau de l’État-Civil et les Archives à Édimbourg, ainsi que la plupart des bibliothèques publiques des Highlands. Ils ont tous été très gentils et très compétents mais... » 

 CLAIRE : » Aucune trace d'un James Alexander Malcolm MacKenzie Fraser ayant survécu la bataille de Culloden. » 

MME. GRAHAM : » Non. «  

CLAIRE : « Cela ne veut pas dire qu'un document n’existe pas quelque part. Je veux juste savoir... je veux juste savoir... s'il est vraiment -- s'il est vraiment mort sur ce champ de bataille... »

MME. GRAHAM : » Il vous l'a dit. Il vous a dit qu’il serait là et mourrait avec ses hommes sur cette foutue lande. Avez-vous une raison de douter de sa parole ? « 

CLAIRE : » Non... »

 Un instant, puis Mme Graham ferme le livre et prend les mains de Claire dans les siennes.

MME. GRAHAM : » Vous avez vécu une aventure extraordinaire, Claire. Extraordinaire. Une aventure que bien peu de gens pourraient imaginer. Chérissez-la. Gardez-la à l’abri, enfouie et nichée dans un endroit spécial de votre cœur. Mais ne passez pas le reste de votre vie à poursuivre un fantôme. Pas quand il y a un homme – vivant, de chair et de sang - qui vous aime toujours de tout son cœur. »

 Mme Graham lève les yeux vers la maison : Frank est maintenant debout près de la fenêtre, regardant anxieusement ce qui se passe dans le jardin. Il s’éloigne, désarmé et triste.

MME. GRAHAM : » Il a été votre mari autrefois. Peut-être peut-il l'être à nouveau... « 

Claire est toujours bouleversée, mais elle sent que les mots de Mme Graham sont la voie de la raison…

 

 

9INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - HALL - NUIT 

 Frank monte les escaliers pour aller dans sa chambre… Il s’arrête devant la porte de la chambre de Claire, qui est fermée. Il semble épuisé et accablé. Il entre dans sa propre chambre quand Claire l’appelle.

CLAIRE : » Frank... ? Tu veux bien entrer ? Je pensais que nous pourrions... parler. »

 Il lui sourit, plein d’espoir.

 

10INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - CHAMBRE DE CLAIRE – NUIT 

 Quelques minutes plus tard, Claire et Frank s'assoient devant le feu, un verre à la main. Silence pendant un moment.

FRANK : » Cela me rappelle cette nuit chez Mme Baird. Assis au coin du feu, à boire un bon whisky écossais. Il y avait plus de bougies dans mon souvenir... « 

CLAIRE : » Il y avait eu une coupure de courant. »

 FRANK : » Tu t’en souviens. « 

CLAIRE : » Bien sûr. C'était notre dernière nuit ensemble. »

FRANK : « Oui. »

CLAIRE : » Frank, je veux te dire ce qui m'est arrivé après... « 

FRANK : » Tu n’es pas obligée. Je veux que tu le saches. Quoiqu’il se soit passé, où que tu aies pu aller, tout ce qui m'importe, c'est que tu sois revenue. Je me fiche du reste. »

Claire le regarde et se souvient encore une fois pourquoi elle l'aimait si fort il y a longtemps. Mais elle a encore quelque chose à faire. 

CLAIRE : » C'est une longue histoire et je vais essayer de la raconter exactement comme elle s’est passée. S'il te plaît, laisse-moi t’en parler à mon rythme et garde tes questions pour la fin. « 

Il hoche la tête. Elle prend une profonde inspiration, puis regarde le feu et commence... CLAIRE : » Tu te souviens que j'étais retournée à Craigh na Dun ce jour-là... je cherchais une fleur que j'avais vue près des pierres... « 

 

11EXT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD – MATIN SUIVANT 

Le soleil n’est pas levé depuis très longtemps. 

 

12INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - CHAMBRE DE CLAIRE – MATIN SUIVANT 

La bouteille de whisky est presque vide. La nuit a été longue -- pour eux deux. Frank jette encore une autre bûche dans le feu.

CLAIRE : » ... Il m'a conduite à l'hôpital et Je suppose que je suis devenue un peu... hystérique. Je me souviens vaguement d’avoir hurlé au personnel que je venais de voyager dans le temps ou quelque chose d’idiot comme ça. Ils m'ont lavée, m'ont donné un sédatif, m’ont mise sous perfusion et m'ont laissée tranquille. Le lendemain -- ou le jour d’après ? -- tu es entré dans ma chambre. Et c'est... c'est tout. » 

 Frank vide le reste de son whisky et regarde dehors.

 CLAIRE : » Je sais ce que tu dois penser. Que je suis devenu folle. « 

FRANK : » Est-ce que c’est ce que ce gars... "Jamie" a dit ? Quand tu lui as raconté que tu étais... du futur ? «  

CLAIRE : » Non, il a dit qu'il me croyait. » 

Frank est épuisé, physiquement et émotionnellement. Il reprend le corset de Claire et le réexamine, comme pour ancrer le récit de Claire dans une forme de réalité.

FRANK : » C’est un véritable acte de foi. Mais c’en est un que je suis prêt à faire également. »

CLAIRE : » S'il te plaît, Frank, ne sois pas condescendant avec moi. C'est fou, je le sais. J’ai l’air de parler d’un conte fait de magie et de poussière de fée. « 

FRANK : » Est-ce que tu me reproches de te croire ? »

 CLAIRE : » J'essaie de te faire admettre que même si tu restes là à essayer de me soutenir et de me comprendre, ton cerveau rationnel d’intellectuel te hurle que ton ex-femme a soit perdu la tête, soit inventé une histoire rocambolesque pour te chasser ! « 

FRANK : » Mon « ex-femme ? « 

CLAIRE : » J'ai épousé un autre homme. « 

FRANK : » Oui. Et pourtant, tu portes toujours notre alliance. »

 Claire regarde ses mains. Ses doigts jouant avec les deux alliances. Frank se rassied et se frotte le visage avec lassitude pendant un moment. Claire attend. 

FRANK : « Claire… Je le reconnais. Il est difficile de… concilier ton discours à une quelconque logique, ni même à des lois de la nature. Mais Claire, je pense que nous sommes au-dessus de ça. Tout ce qui compte vraiment pour moi à ce point, je te l’assure, est que tu sois revenue. Tu es revenue. »

 Elle a du mal, mais elle doit aller plus loin – elle doit. Et elle réalise à quel point tout a changé.

CLAIRE : « Frank, j’ai passé plus de deux ans avec un autre homme. Et je l'ai vraiment aimé. Profondément. Comme sa femme. « 

FRANK : » Un point que tu as souligné à plusieurs reprises et que j’ai compris. Mais je ne pense pas que tu comprennes mon point de vue, que tu réalises ce qu’il m’en a coûté de te voir arrachée à moi de la sorte. »

CLAIRE : » Je suis désolée, ça a dû être … »

FRANK : » S'il te plaît. Tu as dit beaucoup de choses. Je n'ai besoin que de quelques minutes. (Il est fou de chagrin et de colère) Quand tu as disparu, tout le monde m’a poussé à croire que tu étais partie de ton plein gré. Avec un autre homme. Pendant un temps, c’est ce que je voulais croire pour pouvoir combler le gouffre sans fond que je ressentais avec... de la colère. De la trahison. De la rage. Mais je n’ai pas pu. Tout au fond de moi, je savais… Je savais que quoi qu’il ait pu arriver, tu n’avais pas choisi de me quitter. Je savais que quelque chose t'avait enlevé à moi. Et tout ce que tu m'as dit ce soir confirme au moins cela.

En ce qui concerne cet autre homme, ce "Jamie"... Je n’irai pas jusqu’à dire que je comprends tes sentiments pour lui. Comment le pourrais-je ? Mais je peux... les accepter. Je peux accepter le fait que tu…que tu aies éprouvé ces sentiments, que tu aies eu ... cette expérience avec cet homme et que le quitter t'ait brisé le cœur. Je peux l'accepter. » CLAIRE : » Je ne pense pas que tu comprennes… »

 FRANK : » Je crois que je le peux. Tu l’as dit toi-même, il est mort et enterré. Si tu es prête à le laisser là, alors moi aussi. » 

 Il va vers elle avec la même passion et la même conviction que pendant leur dernière nuit chez Mme Baird, il y a si longtemps...

FRANK : » Je te l'ai dit un jour, que rien de ce que tu pourrais dire ou faire ne changerait mes sentiments pour toi -- je le pensais alors et je le pense maintenant. Je t'aime, Claire. D’un amour inconditionnel. Ici, maintenant, à notre époque. Chérie… Bon sang, je suis ton mari et tu es ma femme, et nous pouvons toujours avoir une vie ensemble. Je t’en prie…Claire ! »

Elle le regarde et voit la ferveur dans ses yeux et sait qu'il dit la vérité. Pourtant, il y a une chose qu'il ne sait pas –

 CLAIRE : » Je suis enceinte. « 

 

Ronald D. Moore : 

« Dans toutes les versions de cette histoire, je voulais que Frank soit prêt à accueillir Claire à nouveau, quoi qu'il arrive. J'aimais l'idée que dans l’épisode 101, il avait déclaré qu'il l'aimerait quoi qu'il arrive et qu'à ce moment-là, il s'efforcerait d'être à la hauteur de ces paroles jusqu'à ce qu'il apprenne qu'elle était enceinte d'un autre homme. 

 Il était important de croire que Frank était digne de Claire et qu’il était digne d’élever Brianna en l’absence de Jamie. J'ai adoré écrire cette scène et pour moi, c'était le cœur de tout l'épisode. «  

 

La réaction immédiate de Frank est de s’illuminer de joie.

 FRANK : » Quoi, enceinte ? C'est merveilleux ! (Réalisant soudain) Mais … ? Comment est-ce possible ? Le père... Non ! « 

 CLAIRE : » C'est Jamie. Je porte l'enfant d'un autre homme, Frank. Tu dois y penser. Et penser à ce que cela signifie. Pour nous tous. »

Il fait un pas vers Claire – elle voit le regard fou de douleur et menaçant dans ses yeux. Il tremble de fureur alors que la même rage violente, qu'il a brièvement laissée paraitre dans l'épisode 108, menace de le rattraper une fois de plus. Claire ne montre pas sa peur. D'une certaine manière, cela rendrait les choses plus simples si Frank se transformait en Black Jack ici et se lâchait. Mais Frank n’est pas cet homme. Il s'éloigne d'elle et s'enfuit de la pièce avant que l'obscurité en lui ne refasse surface.

Claire relâche la pression. Elle révèle alors sa peur face à la violence sous-jacente de Frank. Elle revit clairement ses pires cauchemars avec Black Jack…

 

13INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - BIBLIOTHÈQUE - JOUR 

Frank dévale les escaliers, hébété, comme un animal cherchant à se libérer de sa cage. Mme Graham le voit de l'autre côté de la pièce.

 MME. GRAHAM : » Bonjour, M. Randall. Vous êtes matinal. Le petit déjeuner sera prêt dans... « 

Mais il n'écoute pas du tout alors qu'il marche comme un fou dans la pièce, manquant de renverser une table d'appoint dans sa hâte de sortir de cette maison. Il ouvre une porte et s'enfuit dans le jardin, laissant dans son sillage une Mme Graham stupéfiée.

 

14EXT./INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - HANGAR - JOUR 

Frank titube à l'intérieur du hangar, les yeux fous et hors de contrôle. Il donne enfin libre cours aux sentiments et à la frustration qui bouillonnent en lui, en poussant des hurlements de rage. Il attrape une hache et commence à fracasser et briser tout ce qui lui tombe sous la main.

 

15EXT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - JOUR – PLUS TARD 

 Tout est redevenu calme.

 

16INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - SALON - JOUR 

Frank et le révérend sont dans le salon.

 FRANK : « Eh bien, j'ai passé dix ans à dénicher des reçus de quartiers-maîtres, des fiches de paie. Des heures passées à parcourir des histoires de régiments pour trouver les moindres bribes d'informations sur mon noble ancêtre, le capitaine Jonathan Wolverton Randall. Tout cela pour apprendre qu'il était un violeur sadique... et mon jumeau identique. Que c’est ironique. Je suis vraiment désolé pour… Pour tous les dégâts. Je vous rembourserai bien sûr… »

 

Ronald D. Moore : 

« Les premières versions de cette scène duraient beaucoup plus longtemps et traitaient de choses comme Frank parlant de son choc en découvrant que son ancêtre (Jack) était en fait un violeur brutal et sadique, et le révérend essayant d'en savoir plus sur ce qui était arrivé à Claire que ce que Frank était disposé à révéler. 

L’apparition de Roger dans la scène a été un ajout dans les réécritures ultérieures pour aider à faire la transition entre Frank, aux prises avec ses sentiments, et les conseils du révérend. » 

 

REVEREND WAKEFIELD : » Non, non. N’y pensez plus. Ce n’étaient que des vieilleries que j'aurais dû mettre à la poubelle il y a des années. Non, nous devons nous concentrer sur ce qui est important. D’après ce vous dites, Claire est enceinte. Cet autre homme, vous êtes sûr qu’il est mort ? »

FRANK : » Oui. Pour ça, sa douleur paraissait sincère. »

REVEREND WAKEFIELD : » Souhaitez-vous élever un enfant ? Avez-vous sérieusement pensé à avoir des enfants ? « 

FRANK : » Oui bien sûr. Il a vraiment du mal ici, obligé d'évoquer un sujet très privé. Claire et moi avions tenté de fonder une famille avant sa disparition, sans succès. Je me suis demandé si j'étais peut-être... incapable. Médicalement parlant. J'ai vu un médecin à Oxford l'année dernière et son examen a confirmé mes soupçons. Je suis stérile. « 

REVEREND WAKEFIELD : » Je suis désolé, Frank. « 

FRANK : « Oui, ça a été un coup dur. Au début, j’ai essayé de me raisonner en me disant que, ma femme étant partie, la question de ma fertilité était au mieux clinique. J’ai donc mis la question de côté et je me suis concentré sur mon travail. Mais quand Claire m'a dit ce matin... qu'elle était enceinte… Mon premier sentiment a été... la joie. Un éclair de bonheur pur et simple. L’intensité de cette sensation était presque hallucinante parce que d'une manière ou d'une autre, à ce moment-là -- follement -- je pensais qu'elle voulait dire nous allions avoir un enfant. Seigneur… Et puis, j'ai soudain réalisé, bien sûr, qu’il n'était pas possible que ce soit le mien. Oui… Ça ne pouvait être que le sien. « 

REVEREND WAKEFIELD : » D'autres hommes… D’autres hommes ont été confrontés à ce moment. J'ai fait face à cette situation. » 

FRANK : » J'en doute énormément. « 

REVEREND WAKEFIELD : » Quand Marie dit à Joseph qu'elle portait un enfant, et qu'il ne pouvait pas être le père, lui aussi a été confronté à une crise de… »

 FRANK (s’énerve) : » Je ne suis pas Joseph, elle n'est pas Marie, et je suis quasiment sûr que le père n'est pas le Seigneur Dieu Tout-Puissant. C’était un homme. Un homme qui a baisé ma femme ! »

 Le révérend voit quelque chose et Frank suit son regard. C’est le petit Roger, hésitant dans les escaliers avec son jet.

REVEREND WAKEFIELD : » Oui, Roger ? »

ROGER : » Puis-je sortir jouer ? « 

REVEREND WAKEFIELD : » Bien sûr que tu peux. Fais attention à ne pas salir tes culottes ou Mme Graham verra rouge ! »

 ROGER : » Oui, père. »

Le révérend lui répond par un large sourire.  Roger jette un coup d'œil à Frank, puis sort en courant aussi vite qu'il peut, loin de la tension évidente dans la pièce.

FRANK : « Pardonnez-moi.  Je suis désolé, j'espère que... » 

REVEREND WAKEFIELD : » Non, ne vous inquiétez pas pour lui. Il n’a pas dû entendre grand-chose. »

FRANK : » Je ne me rappelle pas l’avoir jamais entendu vous appeler père. « 

REVEREND WAKEFIELD : » Il le fait de plus en plus ces derniers temps. Les enfants acceptent le monde comme il se présente à eux. Il sait que je ne suis pas son père, mais c'est ainsi qu’il me voit, alors j'ai décidé de ne plus le reprendre. « 

FRANK : » Vous allez faire l’amalgame entre votre neveu et ma situation. Vous êtes sur le point de parler des projets de Dieu. »

REVEREND WAKEFIELD : » Au risque de donner corps à vos pires craintes, je dirai ceci : Un enfant sans père et un homme sans enfant ont eu la chance de se trouver l’un l’autre. Et oui, pour moi, c’est une partie des éternels projets de Dieu. C’est à vous de leur donner le nom que vous souhaitez, Frank. »

 Frank hoche la tête pensivement. Les paroles du révérend résonnent en lui

 

A17 INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - BIBLIOTHÈQUE – JUSTE APRES 

Frank se dirige vers la fenêtre et regarde le jeune Roger jouer dehors.

 

17INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - CHAMBRE DE CLAIRE – PLUS TARD 

 Frank discute avec Claire devant le feu.

CLAIRE : » En es-tu sûr, Frank ? Comme ça, tout simplement ? On reprend là où on s’était arrêtés ? Peut-être que tu devrais prendre un peu de temps pour y réfléchir « --

 FRANK : » J'ai eu trop de temps pour réfléchir. Deux ans. Deux ans pour contempler la perspective d'une existence solitaire. Sans épouse. Sans famille. C'était... écrasant… Tu entends ce que je dis ? J'étais brisé. Sais-tu ce que ressent un homme brisé ? » 

CLAIRE : » Oui... oui, je le sais. Et je sais aussi ce que c'est pour un homme de l'admettre. » 

FRANK : » Je ne le demanderai pas – je ne le demanderai pas. Il s'éloigne d'elle pendant un moment, ne voulant pas inviter ces images - quelles qu'elles soient - dans cette pièce. 

Je ne fais pas -- je ne peux pas -- faire face à cette perspective à nouveau, maintenant que le destin ou... une autre puissance, m’offre cette opportunité (il se retourne vers elle), nous offre cette opportunité. Je veux que nous vivions ensemble. Comme mari et femme. Et enfant. On reprend tout depuis le début. On m'a proposé un poste à Harvard, je pensais décliner l’offre, mais aujourd’hui, j’ai envie de l’accepter. »

 CLAIRE : » Boston... »

FRANK : » Oui.  L'histoire de « la dame enlevée par les fées » … Tant que tu seras ici, la presse britannique flagellera... »

 CLAIRE : « Frank, je t’en prie, n'utilise plus jamais le mot « flagellation » en ma présence. C’est compris ? « 

Il ne sait pas pourquoi, mais décide de ne pas approfondir le sujet.

 FRANK : » Très bien. »

 Il faut une seconde pour que l'ombre de Black Jack s'en aille de l'esprit de Claire, mais ensuite elle se détend et essaie de se concentrer sur ce qui se passe. 

 FRANK : » Et j'ai aussi des conditions. Nous élèverons cet enfant comme le nôtre. Le tien et le mien. »

 CLAIRE : « Élevé dans le mensonge... « 

FRANK : » Non, élevé avec un père.  Un homme vivant. Pas l’écho d’un souvenir qu’on ne pourra jamais rattraper. »

 CLAIRE (en souvenir de Mme Graham) : « Pas un fantôme... »

 FRANK : » Précisément. »

 CLAIRE : » Tu as d'autres conditions ? »

FRANK : » Seulement une. Je ne pourrai pas te partager avec un autre homme tant que je vivrai sur cette terre. Plus de recherches. Plus de passage au peigne fin des bibliothèques de cette planète dans l’espoir de trouver quelque référence à lui ou à la vie que tu as autrefois menée. Tu dois le laisser partir. »

 CLAIRE : » Je sais. Je lui ai promis que je le ferais. Tu vois, il m'a renvoyée vers toi. Il m’a renvoyée parce que tout était perdu et il savait que j'étais prête à mourir, mais il ne me l’a pas permis. (Elle touche son ventre) Il m'a fait promettre de retourner vers toi... de le laisser partir... Et c’est ce que je ferai. J’accepte tes conditions. « 

Ils se regardent. L'accord a été conclu, mais aucun des deux ne sait quoi faire ensuite. Frank fait le premier mouvement, tendant lentement la main... et la prend dans ses bras avec infiniment d’émotion. Lentement, Claire le serre aussi dans ses bras. En pleurant.

 FRANK : » Tu fais de moi le plus heureux des hommes... et j’espère qu'avec le temps, je te rendrai heureuse aussi. ».

Claire prend une inspiration, s'éloigne de Frank, se dirige vers l'endroit où se trouve la pile de ses vêtements du XVIIIe siècle sur le lit, les ramasse et les tend à Frank.

CLAIRE : « Il est temps de laisser le passé derrière nous. « 

Claire commence à enlever la bague de Jamie, mais n'y parvient pas. Frank la regarde pendant un moment.

 FRANK : » C'est bon. Quand tu seras prête. »

 Ils se sourient timidement. Frank sort avec les vêtements. Claire remet la bague à son doigt. Frank sort de la pièce. Elle prend entre ses doigts la bague du père de Jamie qu’elle conserve précieusement et qu’elle place dans sa valise.

 

 18INT. MAISON DU RÉVÉREND WAKEFIELD - CHAMBRE DE CLAIRE – JOUR SUIVANT 

 Claire finit de ranger ses affaires dans sa vieille valise et la ferme, puis s’aperçoit dans le miroir : elle porte les mêmes vêtements qu'elle portait à Inverness, à l'époque où tout   a commencé. Le visage qui la regarde appartient d'une manière ou d'une autre à une autre femme. Elle prend la valise, puis se dirige vers la fenêtre et regarde vers le jardin -- Frank est en train de brûler ses vêtements du 18ème siècle, les mettant un par un dans le feu. Frank lève les yeux et leurs regards se croisent...

 

 Ronald D. Moore : 

« Dans ma première version, c'était Mme Graham qui brûlait les vêtements dans la cour, mais quelqu'un m'a suggéré que ce serait plus puissant si Frank était celui qui détruisait son passé. » 

 

19 CLAIRE - REGARDANT PAR UNE FENÊTRE 

 Elle baisse les yeux pendant un moment, puis regarde le ciel, à la recherche de courage…
En fait, Claire regarde au loin par… un hublot d’avion.

 

EXT. AÉROPORT DE LA GUARDIA - TARMAC - JOUR 

Les gens descendent la passerelle d'un avion de la Pan Am Lockheed (Avion de ligne commercial Constellation). Claire est la dernière à se présenter à la porte de sortie et regarde (plan plus large) le panorama de New York devant elle.

Elle baisse les yeux et voit Frank attendre patiemment au pied de la passerelle. Elle est la dernière à descendre de l'avion. Il sourit de manière encourageante et elle lui rend bravement son sourire.

 Claire descend les marches, puis s'arrête sur la marche du bas. Ils se regardent.

 FRANK : » Un pas de plus... »

Il tend sa main – Elle prend une profonde inspiration puis tend la main pour prendre...

FONDU ENCHAINE… 

 

20EXT. QUAI DU HAVRE - JOUR – 1744 (et non 1745 comme indiqué en sous-titre…ndlt) 

… la main de Jamie au moment où elle arrive sur la dernière marche de la passerelle en bois du Cristabel pour poser le pied sur le quai.

L’autre main de Jamie est toujours dans une attelle. Il est pâle et il semble marqué par le long voyage en mer.

JAMIE : » …Vers un nouveau départ. » 

 

Ronald D. Moore : 

 « Dans les grandes lignes, cette transition était beaucoup plus banale. Claire et Frank sont partis en voiture, le révérend et Mme Graham leur disant au revoir, puis nous avons juste coupé sur le navire arrivant au Havre. 

Starz m'a poussé à faire quelque chose de plus cinématographique et dramatique, et j'ai commencé à réfléchir à ce qui serait une bonne transition vers le navire et 1744. 

Ma première idée a été de créer une scène avec un paquebot quittant l'Angleterre, et nous avons fait quelques recherches initiales pour trouver des emplacements possibles avec un quai, mais j'ai ensuite réalisé qu'un avion présentait un contraste encore plus grand avec le 18e siècle. » 

 

CLAIRE : » Vers de nouveaux lendemains. (Elle l’embrasse). Je pensais que tu allais bousculer les gens pour descendre encore plus vite de la passerelle. « 

JAMIE : » Oui. Mon estomac ne pouvait plus supporter une autre minute cette baignoire qui roule, qui grince, et qui fuit. « 

CLAIRE : » Donc je suppose qu'un voyage à Boston n’est pas au goût du jour ? » (Boston ? Déjà… remarque intéressante quand on pense à la séquence précédente…ndlt) 

JAMIE : » Sauf si tu souhaites m'enterrer dans la mer. »

CLAIRE : » Il m’est arrivé de penser que ce serait te rendre service. » (Ils s’embrassent).

 Murtaugh descend la passerelle derrière eux.

MURTAGH : » La France. Ça pue les grenouilles, comme dans mes souvenirs. »

CLAIRE : » Je crois que ce que tu sens, c’est une odeur de poisson, et je doute qu'il y ait un port dans le monde où il règne une odeur différente. « 

Murtagh grogne quelque chose en gaélique.

MURTAGH : » Je vais nous trouver des chambres quelque part -- loin de cette puanteur. »

Murtagh voit un marin malmener leurs bagages.

JAMIE : » Bien sûr. »

MURTAGH : » Attention là ! Ce n'est pas un sac de grains que vous balancez ! »

 Alors que Murtagh réprimande le malheureux marin, Jamie et Claire se promènent le long du quai très fréquenté, où les marins et les dockers chargent et déchargent les marchandises des nombreux navires dans le port, les poissonniers marchandent, les marchands inspectent leurs marchandises, etc.

 

21EXT. AUBERGE DU HAVRE – NUIT 

L'auberge est pleine à craquer. Il y a d’autres tavernes et des magasins à proximité du front de mer.

 

22INT. L’AUBERGE DU HAVRE – CHAMBRE – NUIT 

 Les chambres sont confortables, voire luxueuses. Il y a un grand lit dans une des pièces et un petit coin salon dans l'autre. Claire et Jamie s'installent et se déshabillent. Jamie s'installe dans le lit et s'allonge sur l'oreiller.

JAMIE : » Qu’avons-nous là ? Ahhh... un lit qui ne bouge pas. Un vrai luxe. »

Elle lui baise la main, ils se sourient et il ferme les yeux - puis les ouvre d'un coup sec. 

CLAIRE : « Qu’est-ce qu’il y a ? »

JAMIE : « Parfois, je sens... sa caresse... c'est comme s'il était là... « 

CLAIRE : » C’est moi qui suis là... juste ici avec toi... et je n’irai nulle part.… »

JAMIE : « Oui… On ne peut pas se débarrasser de toi, ça c'est sûr... « 

CLAIRE : » Je suis une femme têtue... tout comme mon mari... « 

Il la regarde dans les yeux et finalement un sourire apparaît sur ses lèvres. Claire se penche et lui donne un rapide baiser, puis se relève avec une énergie renouvelée.

CLAIRE : » Parlons maintenant de l'avenir et comment nous allons le changer. « 

JAMIE : « Tu parles d'arrêter la Rébellion jacobite ? « 

CLAIRE : » C'est bien ce que nous avons convenu, non ? »

 JAMIE : » Je pensais que nous étions d'accord pour réfléchir ? Si une guerre contre les Britanniques se prépare, ne devrions-nous pas plutôt trouver trouver un moyen de la gagner au lieu de l'arrêter ? « 

CLAIRE : » Je ne connais pas assez de détails sur la guerre pour te dire comment faire cela. « 

JAMIE : « Eh bien… Que sais-tu exactement ? »

CLAIRE : » Seulement les grandes lignes de l’histoire, rien de plus, j’en ai peur. Je sais que Bonnie Prince Charlie arrive en Écosse l'année prochaine et qu’il lève une armée jacobite. Au début, ils enchainent plusieurs victoires… »

JAMIE : » Eh bien, c'est un début, n'est-ce pas ? Nous pourrions nous accrocher à ça pour les aider à continuer à gagner, non ? « 

CLAIRE : » Je ne connais pas la tactique. Je ne connais pas la stratégie. Je ne sais pas où se trouvaient les armées, ni pourquoi elles ont gagné, ou pourquoi elles ont perdu. Tout ce que je sais, c’est que finalement, les deux armées s’affronteront sur la lande de Culloden en avril 1746, et que les Jacobites sont anéantis. Et après ça, les Britanniques détruiront la culture des Highlands en punition. Voilà tout ce que je sais de cette guerre. »

 

Ronald D. Moore : 

« Dans la première version, la plupart des informations de cette scène se trouvaient en fait dans la scène précédente, sur le quai. Jamie et Claire ont fait une longue promenade et discuté le long des quais, et ont finalement trouvé un endroit pour parler en privé. 

 J'ai donné à Claire un discours beaucoup plus important expliquant pourquoi elle pensait que la seule façon de changer l'histoire était d'arrêter la guerre avant qu'elle ne commence : 

 « Même si je savais comment gagner la bataille de Culloden, il n’y a aucun moyen de savoir ce qui se passerait après cela. La guerre pourrait s’étendre et se transformer en quelque chose d’encore plus grand et de plus horrible que ce que nous pouvons imaginer ici aujourd’hui. La guerre que j’ai vue était en réalité la Seconde Guerre Mondiale. 

 La première a commencé avec l’assassinat d’un homme dans les rues de Sarajevo. Et quand tout a commencé, tout le monde pensait que ce serait fini en quelques semaines. Mais cela a duré quatre longues années, et à la fin, des millions de personnes sont mortes, la carte de l’Europe a été refaite et les graines d’un deuxième conflit encore plus dévastateur ont été semées dans ses cendres. 

Crois-moi, Jamie, la seule façon d’être sûrs que le soulèvement jacobite ne se terminera pas par un désastre est de ne pas le voir se produire en premier lieu. » 

 Ira Behr m'a fait remarquer que l'analogie avec la Première Guerre mondiale était trop éloignée et pas aussi chargée d'émotion que je le souhaitais, et que le discours était tout simplement trop long. J'y ai jeté un autre regard et j'ai décidé qu'il avait raison. » 

 

 Jamie réfléchit.

 JAMIE : » On ne va pas aller loin avec ça, Sassenach. « 

CLAIRE : » Oui je sais. Mais c’est maintenant que ça commence. Ici, avec Charles en France. Nous devons y mettre un terme ici, avant que le Prince ne parte pour l’Ecosse. 

Nous pouvons commencer par infiltrer le Mouvement jacobite ici en France. Nous rapprocher des personnages clés. Découvrir d’où ils tirent leur argent et leurs armes, et trouver un moyen de désamorcer leurs plans. »

 JAMIE : » Tu as certainement une haute opinion du potentiel d’un Highlander estropié et d’une Anglaise enceinte. »

CLAIRE : » Depuis quand n'es-tu pas partant pour un défi ? Ton cousin Jared vit à Paris, et c’est un Jacobite. Il peut se porter garant pour nous et nous présenter à des gens. »

Elle attend sa réponse. Il se tait.

 CLAIRE : » Quoi ? Qu’en dis-tu ? »

 JAMIE : » Je pense que ce n'est pas un chemin très honorable que tu traces pour nous. Ce n'est pas seulement mentir à mon cousin. C’est mentir à tout le monde. »

CLAIRE : » Je n'apprécie pas non plus cette perspective. La meilleure façon d'arrêter la guerre est de l’intérieur du mouvement jacobite. Et cela signifie que nous devons paraître être des Jacobites. «  

 JAMIE : » Faire semblant de soutenir une cause auprès de mes compatriotes -- et pendant tout ce temps, travailler à la saper. «  

CLAIRE : « Mais tu dois garder à l’esprit ce qui est en jeu.  Nous parlons de dizaines de milliers de vies et du futur de l’Ecosse. Ça devrait en valoir la peine ?

 JAMIE : « Même s’il nous en coûte nos âmes ? « 

CLAIRE : » Cela n’arrivera pas. Nous ferons en sorte que cela n’arrive pas. « 

Claire prend la main de Jamie.

 CLAIRE : » Nous devons avoir confiance en cela. »

 JAMIE (en référence à la main de Claire dans la sienne) : « Cela, je le crois, et cela, je le ferai. J'enverrai une lettre à Jared pour lui demander son aide. « 

Jamie se lève avec l’aide de Claire…

JAMIE : » Mac na galla. « 

CLAIRE : » Quoi ? « 

JAMIE : » Qu'est-ce qu'on va dire à Murtagh, bon sang ? « 

 

23EXT. LE HAVRE – JOUR 

 Murtagh, Jamie et Claire discutent en privé quelque part sur le port. Murtagh a l’air renfrogné.

MURTAGH : » Et c'est tout ce que vous me direz ? Rien de plus ? »

CLAIRE : » Nous ne pouvons pas. Je suis désolée. »

 JAMIE : » Tu dois nous faire confiance. « 

MURTAGH : « Je vous fais une confiance aveugle, vous le savez parfaitement bien. Mais il me semble que vous ne me faites pas assez confiance pour que je connaisse la véritable raison derrière tout ce... tissu de mensonges dans lequel nous sommes sur le point de nous envelopper, comme un plaid tissé de fourberie et de tromperie. »

 CLAIRE : « Nous t’avons expliqué la raison : arrêter le soulèvement jacobite. « 

MURTAGH : « C'est le but du mensonge, pas la raison. »

 JAMIE : » Le soulèvement est voué à l'échec et cela ne doit pas arriver. « 

MURTAGH : « Encore une fois, ce n'est pas la raison. La véritable raison, vous la gardez soigneusement cachée. Et cachée de moi. « 

CLAIRE : » Tu as raison. Nous la gardons cachée. Et crois-moi, si nous pouvions… » JAMIE : « Un jour, je t’expliquerai la raison. « 

Claire le regarde attentivement, mais Jamie reste concentré sur Murtagh.

JAMIE : « Je t’en fais le serment.  Je te dirai tout ce qui s'est passé et pourquoi.

Le moment venu. »

 Murtagh réfléchit un instant, puis hoche la tête…

MURTAGH : « Bien, ça me va. »

Lui et Jamie se serrent la main, il fait un signe de tête à Claire puis s'éloigne.

CLAIRE : » Et quand exactement sera le moment venu ? "

JAMIE : « A toi de me le dire, Sassenach, c’est toi qui viens du futur. »

 Elle lève les yeux au ciel.

 

24INT. AUBERGE DU HAVRE – CHAMBRE – JOUR – TROIS SEMAINES PLUS TARD 

 Jared Fraser, la trentaine, est assis à la petite table du salon avec Jamie et Claire. Jared a un visage intelligent et les yeux perçants du véritable homme d'affaires. Il est très futé et il étudie Claire et Jamie de près tout au long de leur conversation.

JARED : » J'admire ton patriotisme, cela va de soi... mais je suis intrigué par ton soudain revirement d’attitude. »

 JAMIE : « Jared, mon cœur a toujours été empli d'amour pour mon pays. « 

JARED : « Oui, mais cela ne répond pas à ma question. Nous nous connaissons depuis longtemps. Tu as vécu dans ma maison, mangé à ma table, et tu as levé plus d'un verre avec moi dans des établissements trop peu recommandables pour en parler devant ta charmante épouse. »

JAMIE : » Ne te fais pas de soucis pour elle. C’est une femme solide. « 

CLAIRE : « Solide ?  Jamie, tu me fais trop d’honneur ! »

JARED : » Néanmoins, pendant tout ce temps, je ne t'ai jamais entendu exprimer une seule fois le moindre intérêt pour la politique. En fait, je me souviens d'un jour où tu t'es endormi pendant que j'essayais de t’instruire sur la perfidie du prétendant hanovrien sur le trône. » 

 JAMIE : » Probablement quelque chose que j'ai bu. Je n’ai jamais su résister à une bonne bouteille. » 

 JARED : « Je suis sérieux. Je ne cache pas mes opinions politiques. En France, être reconnu comme Jacobite est un honneur – les partisans de la vraie foi contre l'hérétique assis sur le trône. Mais nous avons des ennemis, c’est certain. Des ennemis qui se réjouiraient de nous regarder danser la gigue au bout d’une corde en Angleterre. Donc, bien que la cause ait de nombreux sympathisants, bien peu sont dignes d’être appelés des frères -- et ce sont ceux dans le cœur desquels brûle le feu de la justice.  Dis-moi maintenant, cousin, quel est le feu qui t’anime ? « 

Jamie et Claire se regardent. Jamie enlève sa chemise. Jared est choqué, mais ne peut s'empêcher de regarder l'horreur des cicatrices sur le dos de Jamie.

 JAMIE : » Un souvenir de l'armée britannique. « 

CLAIRE : « Avec une main estropiée et une douzaine d'autres cicatrices éparpillées sur son corps mutilé. »

 JAMIE : » Maintenant, je te le demande clairement : est-ce qu’un homme a besoin d'une raison supplémentaire pour se soulever contre un roi qui laisse de telles horreurs se perpétrer en son nom ? »

 L'argument visuel est assez convaincant, et Jared ne peut qu'être d'accord.

JARED : » Non. Cette cause ne peut qu’être renforcée par ton épée. Je suis désolé d’avoir douté de toi, mon frère. « 

JAMIE : « Alors, vas-tu nous aider ? »

 JARED : » De quelle manière ? Qu’attends-tu de moi, au juste ? »

 JAMIE : » Je veux rencontrer les dirigeants jacobites face à face. Je veux connaitre leurs plans et savoir comment ils entendent les exécuter. »

JARED : » Et pourquoi voudraient-ils te rencontrer ? Un homme recherché dans son propre pays qui est venu en France, dont la tête est mise à prix et qui n’a pas beaucoup plus que les vêtements sur son dos ? »

 JAMIE : « M’est avis que les Stuart privilégieront le soutien du Laird de Broch Tuarach et du clan Fraser, s’ils envisagent de retourner en Écosse dans un avenir proche. »

 JARED : » Sans doute. Je vais y réfléchir. Mais en attendant, cousin, je crois que nous pouvons nous aider mutuellement. J'ai reporté un voyage aux Indes occidentales jusqu'à ce que je puisse trouver quelqu'un d’assez fiable et compétent pour gérer mon affaire pendant mon absence. Tu as des aptitudes pour les chiffres, si je me souviens bien... ? « 

JAMIE : « Oui. Mais je ne m’y connais pas en négoce de vins, sauf si c’est pour les boire, bien sûr. « 

JARED : » Je t’ai vu à l’œuvre. Tu seras parfait. En échange, je te confierai la gestion de ma maison à Paris pendant que je suis parti, une part des bénéfices -- disons, vingt-cinq pour cent. »

 JAMIE : « Trente-cinq pour cent. Et ton aide. »

JARED (sourit) : « Oh, tu t’en sortiras très bien ! Marché conclu. Première leçon : toujours sceller une transaction commerciale avec une boisson. Cela dure plus longtemps qu'une poignée de main, et cela évite généralement les doutes par les deux parties. » 

 Claire verse trois verres de whisky. 

CLAIRE : » J'espère que c'est acceptable. » 

 JARED : » Je n'ai pas quitté l'Écosse depuis si longtemps… Jamais je ne refuserai un bon whisky. » 

 JAMIE : » Un toast ? «  

JARED : » Oui, mais d'abord, mais d'abord... » 

 Il prend un verre d'eau et le remplit. 

 JARED (lève son verre) : » À notre nouvelle association, et à Sa Majesté... au-dessus de l'eau. «  

Jared passe son whisky sur le verre d'eau puis le boit. Jamie sourit, reconnaît le geste et fait de même. 

 JAMIE (à Claire) : « À Sa Majesté... au-dessus de l'eau. »   

  

Ronald D. Moore : 

« Le toast au « Roi au-dessus de l’eau » est un véritable rituel de l’époque. J'ai finalement dû le couper pour gagner du temps dans le dernier épisode avec un certain regret. «  

(Ndlt : cette scène coupée apparait en partie dans les bonus du DVD, saison 2) 

 

CLAIRE (se rend compte) : « Oh ! Le Roi James. Le monarque en exil... (elle passe son verre au-dessus de l'eau) ... de l’autre côté de la mer. «  

JARED : » Un toast que vous porterez fréquemment dans les prochains jours. Croyez-moi, rien d'important n'est fait à Paris qui ne soit pas prévu dans les salons et salles à manger de la ville. Vous devrez être les hôtes de nombreuses fêtes et assister à encore plus. Vos vêtements, vos cheveux, même vos goûts en matière de parfum seront beaucoup discutés et commentés. «  

CLAIRE (pas ravie) : « Tout pour la cause. «  

JARED : « C'est l'idée. (Prend son chapeau) Jamie, si tu veux bien m'accompagner, je viens de recevoir une cargaison de porto, et c'est le bon moment pour te présenter au contremaître. » 

 

 25EXT. QUAI DU HAVRE - JOUR 

 Claire marche le long des quais très fréquentés.

 CLAIRE (Voix off) : « Pendant que Jamie inspectait la cargaison de porto, j’allai me promener. Je commençais à ressentir les accès de nausées matinales, et même si l'air le long des quais n'était pas vraiment frais, c'était mieux que l’air confiné de notre chambre à l’auberge. »

Elle voit un groupe de personnes devant elle, regroupées autour de la passerelle d'un navire – le Patagonia -- amarré au quai. Il y a du tumulte, les gens commencent à crier et gesticuler. Curieuse, Claire s'approche et observe deux marins, avec des bandes de tissu nouées autour de leurs visages, portant un autre homme hors du navire dans un hamac brut en toile. La foule des spectateurs se sépare précipitamment avec des expressions de peur et d'inquiétude, alors que l'homme est ramené à terre.

Claire voit, sur l’homme transporté en hâte, des boutons sur ses mains…

CLAIRE (Voix off) : « Ce qu’ils disaient était peut-être difficile à comprendre, mais il n'y avait aucun doute sur leurs réactions : la peur était sur leurs visages. Peur de la maladie. » 

Le capitaine du Patagonia descend la passerelle et ordonne immédiatement aux marins de transporter l'homme à travers la foule vers un entrepôt voisin. D'autres marins du navire essaient de disperser la foule avec des cris et des menaces, mais de plus en plus de gens arrivent, attirés par la scène.

Jared et Jamie s’approchent à leur tour.

JAMIE : « Claire ! Claire ! »

Trop tard... Claire a suivi les hommes vers l’entrepôt. Jamie et Jared la suivent, intrigués.

 

 

26EXT./INT. ENTREPÔT DU HAVRE – JOUR 

 Les marins déposent le malade sur le sol et veulent s'en aller précipitamment. Le capitaine crie d'autres ordres et les marins tentent de fermer les portes à la foule. CAPITAINE : » Sortez-les d'ici ! Fermez les portes !  Ça ne vous regarde pas !

 Allez-vous-en ! »

 

Ronald D. Moore : 

« Le dialogue français a connu plusieurs changements, tant sur le tournage qu'en post-production, et varie par rapport à l'épisode diffusé. Nous avons ensuite recoupé la scène pour plus de clarté et de temps, ce qui nous a obligés à réorganiser certaines répliques. 

J'ai également constaté que même si les personnages sont clairement identifiés dans le scénario, j'avais négligé d'identifier l’officier du port et le capitaine dans les dialogues. J'ai donc réécrit les lignes en post pour rendre leurs rôles plus clairs pour le public. «  

 

Mais les ordres du capitaine sont largement ignorés car les gens se regroupent autour de la porte et les marins eux-mêmes ont trop peur pour faire grand-chose. Claire se fraye un chemin dans l’entrepôt.

 CLAIRE : » Je suis guérisseuse ! Laissez-moi passer -- laissez-moi le voir ! « 

En voix off : « le capitaine essaya de m’empêcher de voir l’homme d’équipage malade, car il savait ce qui se passait. »

Claire se précipite vers l’homme malade.  Sa peau est devenue rouge foncé et couverte de croûtes épaisses et de pustules blanches.

Jamie et Jared sont désormais dans la foule. Jamie se fraye un chemin pour rejoindre Claire.

JAMIE : « Claire ! « 

CLAIRE : « Non ! Reste en retrait, tout va bien. Si c'est ce que je pense, je ne peux pas l’attraper, tu sais pourquoi. « 

Jamie ravale ses objections et Claire se concentre sur le patient.

Elle ouvre sa chemise, exposant davantage de pustules.

Voix off : » Des cloques gonflées de pus, de la fièvre. Le diagnostic était évident. »

CLAIRE : (au marin) » De l'eau. Vite ! «  

Un marin lui apporte de l'eau et elle la donne au malade. 

 CLAIRE (Voix off) : » Les symptômes étaient clairs : la variole. Grâce à ma vaccination, je ne pouvais pas la contracter, bien sûr, mais j'étais la seule à cette époque avec ce bouclier particulier. «  

Un officier du port apparaît dans la foule.

(ndlt : tous les personnages français s’expriment en français dans la scène, y compris Jamie, Claire et Jared quand ils s’adressent à eux) 

 

OFFICIER DU PORT : « Faites place ! Je suis le capitaine du port ! Faites place ! »

JARED : « Il va y avoir du remue-ménage… »

Un riche homme d'allure aristocratique [que nous connaîtrons comme le Comte St-germain] entre à son tour dans l’entrepôt. Jared le salue. Le Comte répond à peine.

Claire se lève et s’adresse à l’officier du port.

CLAIRE : « J'ai peur que ce soit la variole.... La petite vérole. « 

La réaction est rapide : la foule recule avec peur et des cris d'inquiétude. Le capitaine jette son chapeau de fureur et se dirige vers Claire avec colère.

CAPITAINE DU BATEAU : » Mais taisez-vous donc, folle que vous êtes ! Vous voulez ma ruine ! « 

Mais Jamie intervient et le soulève presque du sol.

 JAMIE : » Je préférerais que vous parliez à ma femme avec plus de respect, Monsieur. »

Le capitaine s'étouffe, mais acquiesce et Jamie le libère. Le fonctionnaire du port se penche maintenant sur le malade et l’examine tout en tenant une pomme de senteur près de son propre visage à cause de l'odeur.

Il y a de nouveau de l’agitation dans la foule alors que les marins amènent une autre victime sur une civière rudimentaire et l'allongent au sol. Claire l'examine rapidement.

 

Ndlt : quelques mots sur la POMME DE SENTEUR, également appelée pomme d’ambre ou pomander : dès le 12ème siècle, on fait mention de cette boule en forme de pomme contenant des produits odoriférants comme l’ambre gris, la civette, le musc, ou encore des herbes aromatiques. Ces senteurs étaient supposées éloigner les miasmes de l’air que l’on croyait responsable des maladies. On en voit aussi beaucoup face aux épidémies. Cet objet est devenu au fil des siècles un véritable bijou, de formes différentes, et a eu parfois vocation à être aussi utilisé comme un charme d’amour… !) 

 

CLAIRE : « Il est déjà mort. »

 Morts. Les marins reculent précipitamment. Le fonctionnaire du port regarde les victimes mortes et se retourne finalement vers la foule.

OFFICIER DU PORT : » Cette femme dit vrai. Il s'agit bien de la petite vérole. Que tout le monde s’en aille ! Immédiatement ! Au nom du roi, je vous ordonne de quitter ces lieux ! »

Le comte St-Germain prend l’officier du port à part.

ST. GERMAIN : » Cela peut encore se régler dans la discrétion. »

OFFICIER DU PORT : « Mes excuses, monsieur, mais il est trop tard pour cela. »

Claire donne des ordres aux marins. 

CLAIRE : « Nous aurons besoin de plus d’eau. Il faut aussi des couchettes ou des paillasses pour le reste des victimes. «  

CAPITAINE DU BATEAU : « Arrêtez-ça ! N'écoutez-pas cette femme ! Retournez tous au navire, tous autant que vous êtes ! «  

CLAIRE : « Il faut déclarer une quarantaine immédiate si l'on veut… «  

Le capitaine du bateau se précipite vers Claire, mais Jamie n'a qu'à intervenir pour que le capitaine recule.

CAPITAINE DU BATEAU : » Maudite sorcière, que le diable l’emporte ! «  

CLAIRE (à Jamie) : » Ces hommes doivent être mis en quarantaine. Nous besoin d’alerter les autorités médicales. «

JAMIE : « Non. C'est une question qu'il vaut mieux laisser aux autorités portuaires, Sassenach. « 

CLAIRE : « Jamie, je ne peux pas juste... »

 JAMIE : « Claire. Fais-moi confiance. Claire ! »

Elle peut dire au ton de sa voix à quel point c'est grave. Mais elle retourne vers les corps…

St. Germain et le capitaine tentent toujours de persuader l’officier du port, mais il les ignore. 

ST. GERMAIN : » Nous pouvons emmener ces hommes dans un endroit discret. Je possède des chambres en ville où personne n'aurait « –

OFFICIER DU PORT : » (à Saint-Germain & au capitaine) Pardonnez-moi, mais l’information se sera déjà propagée dans tout le port. La loi est claire et je n'ai pas le choix : il me faut ordonner la destruction du vaisseau et de sa cargaison. « 

Jared, en arrière-plan, écoute attentivement… 

CAPITAINE DU BATEAU (En pleurs) : « Je suis ruiné, fini ! «  

JAMIE : « Claire ! Nous devons partir. Il n'y a plus rien à faire ici. »

 Claire hoche la tête à contrecœur et se lève pour partir. Elle est arrêtée par le Saint-Germain, furieux.

 ST. GERMAIN : « Qui diable êtes-vous ? « 

CLAIRE : » Mon nom est Claire Fraser, je suis guérisseuse. »

 ST. GERMAIN (méprisant) : « Anglaise. J'aurais dû m'en douter. Seule une anglaise pourrait se montrer aussi mal élevée et vulgaire. »

 JAMIE : « Surveillez votre langue, Monsieur. C'est à ma femme que vous parlez, Dame Broch Tuarach. »

ST. GERMAIN : « Un « Seigneur » et sa « Dame ». Les anglais accordent leurs titres de noblesse comme l'on jetterait des perles aux pourceaux. »

 Les yeux de Jamie flambent – mais Jared intervient entre les deux hommes.

 JARED : » Messieurs ! Une querelle en ces lieux seraient indigne. »

 ST. GERMAIN : « Fraser, qui sont ces gens ? Cette manigance est-elle votre fait ? »

 JARED : » Le Seigneur Broch Tuarach est mon cousin, et je puis vous assurer que notre présence à cet instant n'est que le fruit de la fortune. « 

 ST. GERMAIN (à Claire) : « Avez-vous la moindre idée de ce que vous avez fait ? La moindre idée ? « 

CLAIRE : » Je n'ai rien fait de plus que dire la vérité. Ces hommes avaient la petite vérole. »

ST. GERMAIN : » Mon bateau et toute ma cargaison vont être détruits. Et à quel prix ! » CLAIRE : » Dérisoire face à la propagation de la maladie dans toute la ville. « 

 ST. GERMAIN : » Vous me le paierez. Souvenez- vous en -- vous me le paierez tous deux très cher. « 

St. Germain tourne les talons et s'éloigne.

 

27EXT. QUAI DU HAVRE – NUIT 

 Cette nuit-là, Jared, Jamie et Claire sont sur le quai et regardent le bateau de St-Germain en flammes...

 JARED : » La journée a été longue, mais nous serons à Paris dans trois jours, et je pense vous trouverez votre nouveau logement plus à votre goût. » 

 Mais les pensées de Claire sont toujours tournées vers les événements des dernières heures.

CLAIRE : » St. Germain pensait-il vraiment qu'il pourrait s'en sortir en cachant ces hommes et prétendant que rien n'était arrivé ? «  

JARED : » L’officier du port était dans sa poche et aurait volontiers regardé ailleurs. Mais quand vous avez prononcé le mot... (chuchote) ... « petite vérole ». Il a été entendu par trop de témoins et... » 

CLAIRE : « Et le chat était sorti du sac. » 

JARED : » Le quoi ? «  

CLAIRE : » C'est une expression – qui signifie le secret était dévoilé. » 

 JAMIE : « Pourquoi mettre un chat dans un sac ? » 

 CLAIRE : » Plus tard... «  

 

Ronald D. Moore : 

« Cette partie de la scène a été coupée en post lorsque j'ai réalisé qu'elle était redondante et n'ajoutait rien au spectacle. » 

 

JARED : » Soyez-en certains, le Comte ne vous oubliera pas. J'ai eu de nombreux démêlés avec St. Germain au fil des années. Il est mon concurrent le plus féroce. Malheureusement, il a de puissants amis à la Cour de Louis. Vous vous êtes faits un ennemi aujourd’hui. » 

JAMIE : « Nouveau pays, nouvel ennemi. La vie à tes côtés n’est jamais ennuyeuse, Sassenach. » 

CLAIRE : « Je ferai mon, possible pour être plus ennuyeuse, si cela te convient mieux. 

Si tu voulais t'ennuyer, tu aurais dû épouser Laoghaire. »  

JAMIE : « Je ne t’échangerai pas contre tout l’or du monde. » 

  

Ronald D. Moore : 

« Cait m'a persuadé de couper sa dernière phrase sur Laoghaire. Je pensais que c’était drôle, mais elle pensait que ce n’était pas approprié à ce moment-là. » 

 

Alors qu'ils s'approchent de la voiture, on voit Murtagh se disputer avec l’un des valets de Jared alors qu’il charge les bagages. 

MURTAGH : » Attention à la trousse de médicaments de la dame, voyou ! (Puis dans un français sommaire) C'est fragile. Délicat. Faites attention, idiots de français ! » 

 

St. Germain est debout sur le quai, regardant sa fortune partir en fumée. Il est clair il n'oubliera pas cette nuit... Jared, Caire et Jamie montent dans la calèche.

JAMIE : » Compte tenu des approvisionnements à ce moment de l’année, cela signifie que notre porto vaudra presque le double à Paris. » 

 JARED : » Je savais que tu avais le sens des affaires ! Oui, nous nous en sortirons très bien. «  

La calèche s'éloigne et Claire regarde par la fenêtre alors que le Patagonia embrase la nuit et le port.

 CLAIRE (Voix off) : » J'essayai de ne pas y penser, mais dans mon for intérieur, je savais que notre mission était partie du mauvais pied. Notre plan était déjà assez difficile avec les meilleures des circonstances... ce qui venait de se passer était la dernière chose dont nous avions besoin, l'inimitié d'un homme puissant avec un goût pour vengeance. » 

La calèche part. St-Germain regarde en silence son bateau brûler. Sa vengeance est en route…

 

 

 

FIN DE L’EPISODE