Commentaires des scénaristes
Indications et séquences
Dans le script, absent de la série
Dans la version finale uniquement
Indications et dialogues

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 ÉPISODE 208 LE REPAIRE DU VIEUX RENARD (THE FOX ‘S LAIRD) 

Écrit par Anne Kenney 

 

 

PROJET DE PRODUCTION FINAL

14 avril 2016

COPYRIGHT © 2019 Sony Pictures Television INC.

 

LISTE DES PERSONNAGES

CLAIRE BEAUCHAMP RANDALL/ JAMIE MACKENZIE FRASER /MURTAGH FITZGIBBONS FRASER

COLUM MACKENZIE /JENNY MURRAY/ FERGUS/ IAN MURRAY/ LAOGHAIRE MACKENZIE

ALEXANDRE KINCAID/ ROSS/ MME CROOK/ SERVITEUR /SIMON FRASER « SEIGNEUR LOVAT »

« JEUNE SIMON » FRASER /MAISRI/ RABBIE MCNAB /WEE JAMIE

 

INTÉRIEURS

Lallybroch : Salle à manger. Chambre de Jamie et Claire. Couloir. Salon

 Château de Beaufort : Grande salle. La chambre de Claire et Jamie. Couloir.

 Salle à manger. Bureau de Lovat. Chapelle

 

EXTÉRIEURS

Domaine Lallybroch /lande écossaise/ Château de Beaufort : chemin de ronde. Jardins.

 Chapelle. Cour. Coin buanderie dans la cour. Écuries

 

PASSAGES PRESENTS DANS LE SCRIPT ORIGINAL MAIS PAS DANS LA VERSION TELEVISEE FINALE 

COMMENTAIRES DU/DE LA SCENARISTE, TOUJOURS INTERESSANTS ! 

INDICATIONS SCENIQUES ET DIDASCALIES

DIALOGUES VOIX DIRECTE

CE QUI APPARAIT DANS LA VERSION FINALE TELEVISEE UNIQUEMENT 

COMMENTAIRES
 

PAS DE SEQUENCE PRE-GENERIQUE. 

  

GENERIQUE ET CREDITS. 

  

TITLE CARD : 

Gros plan sur un adorable renard, au milieu des fleurs de la lande écossaise.

 

********************************

 

Série de plans sur les somptueux paysages écossais : la lande, les lochs.  Un magnifique cerf. Un oiseau survolant ces paysages…Sur une musique traditionnelle écossaise : ça y est, on est vraiment de retour en Ecosse !

CLAIRE (Voix Off) : » Nous allâmes nous requinquer dans la paix des Highlands écossais. Jenny, la sœur de Jamie, et son mari Ian, avaient eu un autre enfant lorsque nous étions à Paris. Leur accueil et la routine à Lallybroch eurent un effet tonique sur nos âmes abattues. Nous espérions en avoir fait suffisamment pour arrêter la guerre.

Nous commençâmes à penser au futur, mais comme un Ecossais très clairvoyant l’avait fait remarquer, l’homme propose, Dieu dispose. »

(Pendant que Claire parle, nous voyons une succession de plans de Lallybroch et des scènes de la vie quotidienne)

 

Toute la scène d’ouverture de l’épisode a été ajoutée en version finale, 

Ceci explique que ce passage sera en vert, inédit, par rapport au script original (ndlt). 

  

RABBIE McNAB : (il déterre la première récolte de pommes de terre) » Claire ! Claire ! elles sont mûres ! Regardez comme elles sont grosses ! Elles sont énormes ! » 

CLAIRE : » Oh mon Dieu, Rabbie ! Elles sont grosses, en effet. » 

RABBIE McNAB : » On peut les manger ce soir ? » 

CLAIRE : » Je ne vois aucune raison de refuser.  Viens, on va voir avec Mme Crook. » 

Claire et Rabbie entrent dans la cuisine.
Rabbie verse avec beaucoup de fierté le panier de pommes de terre sur la table de la cuisine. Tout le monde est ébahi. 

Mme CROOK (tenant le dernier bébé de Jenny et Ian dans les bras) : » Je n’ai certainement jamais vu de pommes de terre aussi grosses. » 

JENNY : « Vous n’en avez jamais vues. Pas jusqu’à aujourd’hui !  (Jenny en prend une et la sent). Tu as eu raison de nous dire de les planter, Claire ! C’est une belle récolte. » 

Mme CROOK : « Je ne sais pas comment broyer ça pour faire du porridge. » 

JAMIE : « Je ne crois pas que ça se broie, Mme Crook. » 

Mme CROOK : « Ah bon ! Comment ça se prépare, alors ? » 

FERGUS : « On les fait bouillir.  On les sale. » 

JAMIE : « Tout à fait. » 

FERGUS : « C’est bon avec du beurre aussi. » 

CLAIRE : « Ou rôties. On peut les écraser avec du lait. » 

JAMIE : « Je ne savais pas que tu cuisinais ! » 

CLAIRE : « Je ne sais pas si j’ai ce talent, mais je sais faire bouillir une patate. » 

JAMIE : « On va avoir droit à un festin… » 

Claire et Jamie s’embrassent très amoureusement. Voir ces deux-là si épris l’un de l’autre est un baume au cœur. 

On entend les voix d’hommes entrant dans la pièce. 

JENNY : « Essuyez vos pieds et retirez vos souliers avant de saccager le tapis ! » 

Mme CROOK : « Suivez-moi, les garçons ! Vous allez m’aider à les nettoyer. » 

IAN : « Je suis tombé sur Hector en revenant. Il m’a remis le courrier. (Il embrasse Jenny en le lui donnant). Jamie, tiens, il y a une lettre pour toi. » 

On voit Murtaugh passer dans la pièce, il est rentré du Portugal ! 

Chacun récupère son courrier : 

CLAIRE : « Louise ! » 

JENNY : « C’est la facture pour les graines. Et voici une lettre de tante Jocasta. Mon Dieu, on n’avait plus de ses nouvelles. » 

IAN : » Tu as fait réparer le soc ? » 

JAMIE : « Smitty a dit qu’il était irrécupérable. On ne peut pas le reforger. Il faudra labourer à la main tant qu’on n’en aura pas d’autre. » 

MURTAUGH : « Je n’arrive pas à croire que je suis un fermier… » 

Jenny ouvre un petit colis de livres. 

JENNY : « Trois romans français et un recueil de poésie de Paris. Lequel pourrions-nous lire ce soir ? » 

Jamie jure en gaélique en lisant sa lettre. 

CLAIRE : « Qu’y a-t-il ? » 

Claire prend la lettre des mains de Jamie et lit la lettre : « Cher cousin… Je suis ravi… Je ne peux décrire en mots mon admiration pour ta témérité et ton courage. Je prie pour toi. » 

Elle prend le deuxième feuillet et reconnait… le sceau royal. 

CLAIRE : « Le sceau des Stuart » 

JAMIE : « Oui. Il parle du droit divin d’un Stuart au trône de Grande-Bretagne, soutenu par les chefs de clans des Highlands, signé par ceux qui jurent allégeance à Charles Stuart. » 

CLAIRE : « Mc Kinnon, Oliphant, Mc Donald de Glencoe… James Alexander Malcolm MacKenzie Fraser… Sacré nom de Dieu, il a imité ta signature ! » 

JAMIE : « Oui. Il l’a fait… » 

MURTAUGH : » Charles a débarqué et il monte son armée. » 

JENNY : « Le document a été publié et distribué. Les noms inscrits sont ceux des traitres à la Couronne. » 

CLAIRE : « Jamie… » 

Jamie lui prend la main. C’est un cauchemar… 

 

 

A1EXT. DOMAINE LALLYBROCH – JUSTE APRES 

Jamie s’éloigne du manoir, encore trop sous le choc. Il doit se calmer et réfléchir. 

Claire trouve Jamie, tendu, perdu dans ses pensées, le manoir de Lallybroch au loin, essayant de comprendre quoi faire maintenant. Claire est folle d’inquiétude.

 

Anne Kenney : 

« Les versions des scènes qui ouvrent l'épisode ont rebondi entre la fin de l'épisode 207 et le début de 208. Finalement, nous avons décidé qu'il valait mieux terminer 207 avec Jamie et Claire quittant la France. 

C'était tellement émouvant, c’est pourquoi tourner ensuite une scène ou deux d'eux dans les Highlands était choquant, précipité et insatisfaisant. 

 Nous avons donc déplacé le retour à Lallybroch au début de l'épisode 208. 

La seule partie délicate était que nous devions trouver un moyen d’établir qu’ils étaient dans les Highlands depuis un certain temps et qu’ils se sentaient installés, pour les faire repartir presque immédiatement ! 

J’ai l’impression que nous y sommes finalement parvenus, mais c’était définitivement un défi ! «  

 

CLAIRE : « Tout ce qu’on craignait va arriver, on dirait. Le soulèvement jacobite... Culloden... enfin la destruction des Highlands...  La disparition de tout cela. »

JAMIE : » On dirait bien que oui. »

CLAIRE : » Nous pourrions aller en Irlande. Ou dans les colonies. »

 JAMIE : » Et qu'adviendra-t-il de Ian, Jenny et de nos nièces, neveux et cousins... ? »

CLAIRE : » Nous pouvons les emmener avec nous. »

 JAMIE : » Tous ? Et nos métayers ? Nous les laissons à la merci de ces bouchers de Britanniques si nous perdons Culloden ? Non… »

CLAIRE : » Ton nom sur ce document te désigne comme un traître pour les Britanniques, et s’ils t’attrapent, ils te pendront comme tel. Nous ne pouvons pas rester. « 

JAMIE : » Nous savons ce qui se passera si les Jacobites perdent la guerre. Mais s'ils gagnaient ? »

 CLAIRE : » Mais... ils ne la gagnent pas. C'est le verdict de l'Histoire. »

 JAMIE : » As-tu donc renoncé à changer le futur alors, Sassenach ? »

 CLAIRE : » Pas toi, après Paris ? « 

JAMIE : » C’est vrai, Paris a eu son lot d’amères désillusions. Mais tu peux changer l'avenir – tu l’as déjà prouvé. Thomas Baxter vit encore grâce à toi. Paris a échappé à une épidémie de la variole grâce à toi. Louise de Rohan aura l'enfant du Prince Charles Stuart grâce à toi. « 

CLAIRE : » Tu veux te battre pour le Prince Charles ? »

 JAMIE : » Pour ma famille et pour l'Écosse. Je ne vois guère d’autre moyen. Toi, si « ?

 

Anne Kenney : 

« Cela a été un ajout TRÈS tardif au script. Nous avions l'impression qu’il nous fallait une pause entre le moment où Jamie reçoit la lettre qui le présente essentiellement comme un traître à la Couronne, et le moment où lui et Claire décident que leur seul recours est maintenant de se battre et d'essayer de gagner le soulèvement jacobite. 

Nous voulions voir Claire et Jamie analyser cette nouvelle et reconnaître pourquoi, après avoir déjà essayé de changer l'avenir et échoué, ils réessayeraient. 

Parce qu’ils n’ont vraiment pas d’alternative. «  

 

Les épaules de Claire s'affaissent.

CLAIRE : » Aucun avec lequel nous pourrions vivre. On dit que la définition de la folie consiste à répéter la même chose encore et encore, en espérant que le résultat sera différent. »

 JAMIE : » Je ne sais pas qui a dit ça, Sassenach, mais je parie qu'il n'a jamais voyagé dans le temps. « 

Claire sourit. Ils se prennent dans les bras, regardant le tranquille paysage autour d’eux, inquiets mais résolus.

 

A1EXT. LALLYBROCH – JOUR 

Plusieurs métayers arrivent, dont Ross et Kincaid, avec diverses armes et des outils agricoles pouvant être utilisés comme armes. Un poney tire un chariot avec un lourd chargement d’armes et des fournitures.  Les préparatifs pour partir à la guerre...

 

1INT. LALLYBROCH - SALLE À MANGER - SOIR 

 Jamie, Murtaugh et Ian sont dans le salon.

Murtagh et Jamie inspectent une pile de plans, papiers, ainsi que diverses armes rudimentaires : des épées larges, quelques vieux mousquets, etc. -- beaucoup ont été cachés depuis le dernier soulèvement de 1715. Ian écrit sur un grand livre. 

KINCAID : » Mon grand-père a dit qu'il avait massacré cinq des salauds britanniques avec cette épée en '15. 

JAMIE : » Alors, elle sera un atout pour la bataille. «  

ROSS : » Tout comme nous, mon laird. » 

 Jamie lui tape sur l'épaule en guise de remerciement alors qu'ils s’éloignent. 

IAN : « Avec Daniel Wallace et Duncan Mac Lennan, tu devrais donc avoir 30 hommes vigoureux de Lallybroch. »

Claire et Jenny s’affairent, préparant toutes sortes de fournitures.

 JAMIE : » Bien. (À Murtagh) J'aurai besoin que tu emmènes les hommes de Lallybroch à Kingussie. Claire et moi vous retrouverons là-bas dans deux semaines. Ensuite, nous rejoindrons tous le Prince à Crieff. « 

MURTAGH : » Comme tu voudras. »

 CLAIRE : » Et où serons-nous pendant ces deux semaines ? « 

Jamie évite soigneusement de regarder Jenny.

 JAMIE : (A voix basse) « Le prince Charles m'a envoyé recruter des hommes et obtenir le soutien de mon parent, Lord Simon Fraser de Lovat. « 

Cela surprend Murtagh et Ian, et fait relever brutalement la tête à Jenny.

JENNY : » Tu vas aller voir Lord Lovat ? Tu veux lui demander une faveur ? »

JAMIE : » Je veux lui demander de protéger son pays et de remettre le Roi légitime sur le trône. Il a un passé avec les Jacobites, tu le sais. »

 JENNY : » Oh, oui, et avec les Britanniques, et n'importe qui d'autre qui pourrait l'aider à s’enrichir et revendiquer le titre de chef du clan Fraser de Lovat. « 

Alors que le frère et la sœur commencent à se disputer, Murtagh et Ian échangent un regard et restent en dehors de la mêlée.

Claire essaie de suivre ce qui se dit.

JAMIE : » Une position qui lui revient, et qu’il occupe maintenant depuis plus de vingt ans. »

 JENNY : » Tu défends ce vieux schnoque maintenant ? Père doit être en train de se retourner dans sa tombe ! « 

  

Anne Kenney : 

« C'est l'une de ces scènes où le défi est d'obtenir beaucoup d'exposition de la manière la plus dramatique possible. 

Heureusement, nous pouvons utiliser cette merveilleuse relation épidermique entre Jamie et Jenny pour y parvenir ! «  

 

MURTAGH : » Peut-être que je devrais aller faire le tour du reste des hommes... » 

 IAN : » La plupart d'entre eux doivent être rentrés des champs maintenant. Je vais avec toi. «  

Les deux hommes se dépêchent, heureux de s'éloigner de la tempête Fraser. Claire reste. 

CLAIRE : » Qui est le Seigneur Lovat ? »

 JAMIE ET JENNY : « Notre grand-père. « 

Ce n'est pas ce que Claire s'attendait à entendre.

JENNY : « Que nous n’avons vu qu’une seule fois, quand il est venu nous rendre visite juste après la mort de notre mère. Père l’a jeté dehors avant qu'il ne dépasse le seuil. »

CLAIRE : « Pourquoi ? »

Jenny regarde Jamie avec insistance : va-t-il le lui dire, ou devrait-elle ?

 JAMIE : » Lord Lovat avait essayé d’enlever notre mère et de l’emmener aux Îles Monach pour empêcher notre père de l'épouser. (En guise d'explication) Il y a des dissensions entre les Lovat et les MacKenzie. « 

Jenny roule des yeux à l'euphémisme.

CLAIRE : « Une situation dont j’imagine que le prince Charles n'est pas au courant ... ? « 

JENNY (à Jamie) : » Ce n'est pas seulement dégradant pour toi de ramper pour demander de l’aide à cet homme, c’est une requête insensée. Le vieux renard ne fait rien qui ne serve ses intérêts, et jamais gratuitement. »

 JAMIE (énervé) : « Ce qui serait stupide, Janet, serait de laisser ma fierté m’empêcher de faire tout ce que je peux pour sauver Lallybroch, l'Écosse et tout ce que nous avons de plus cher. (À Claire) Nous partons demain pour le Château de Beaufort à l’aube. « 

Il sort à grands pas, laissant Claire et Jenny digérer la nouvelle.

 

2INT. LALLYBROCH - CHAMBRE DE JAMIE ET CLAIRE - PLUS TARD 

 Claire entre tranquillement et trouve Jamie, toujours énervé, en train d’enlever ses vêtements pour se préparer à se coucher. Il lutte avec ses boutons de manches et Claire vient vers lui, lui prend le bras et l'aide. 

CLAIRE : » Pourquoi est-il si important que nous obtenions des hommes et de l'aide de Lord Lovat ? Il y a sûrement d'autres clans et des lairds sans liens familiaux compliqués. » 

 JAMIE : » Gagner la guerre est notre dernière chance pour sauver les clans des Highlands. Le Prince m'a envoyé chercher des hommes et l'aide de mon grand-père. Je dois avoir la confiance du Prince si je veux l’influencer dans sa stratégie pour la rébellion. «  

CLAIRE : » Et tu penses qu’il croirait moins en toi si tu ne parviens pas à honorer sa première requête. » 

 JAMIE : » Je sais que ce sera le cas. «  

CLAIRE : » J'aurais aimé prêter plus d'attention à ce que Frank racontait quand il parlait des décisions qui ont conduit à Culloden... » 

 Un long moment de silence, puis il la regarde, très troublé, ayant besoin de réconfort. 

 JAMIE : » Sommes-nous des fous, Claire ? De croire qu’après tout ce que nous avons fait à Paris, sans succès, nous pouvons encore changer l'avenir maintenant ? «  

CLAIRE : » Quelle est l’alternative ? Si nous nous enfuyons, si nous n'essayons pas, nous savons ce que les Britanniques feront. Nous savons ce qui va arriver à Jenny et Ian et leurs enfants. À tous les clans. Ils seront chassés ou tués. » 

 JAMIE : » Je sais tout cela. Mais penses-tu que nous pouvons réellement changer l’avenir, si nous nous rejoignons le prince Charles et essayons de gagner ? «  

CLAIRE : » Oui. Je crois qu'entre maintenant et le 16 avril, tout peut arriver. «  

Sa certitude est pour lui un réconfort. 

JAMIE : » Alors, nous partons pour le Château de Beaufort. «  

Elle le regarde. 

CLAIRE : » Il y a autre chose. Qu'est-ce que c’est ? «  

Un long silence, puis... 

 JAMIE : » Je n'ai pas été complètement honnête avec toi à propos de ma famille, Sassenach. « 

CLAIRE : » Que veux-tu dire ? « 

JAMIE : » Mon père... était un bâtard. Reconnu par son père, le Seigneur Lovat, mais un bâtard quand même. « 

CLAIRE : » Et... qui est ta grand-mère ? »

 JAMIE : » La cuisinière de Lord Lovat. Elle a élevé mon père au Château de Beaufort. Je suis désolé, Claire. J'aurais dû t’en parler avant notre mariage. C'était lâche de ma part. »

Elle sourit, l'entoure de ses bras.

CLAIRE : » Jamie, sache que la filiation de ton père ne fait aucune différence pour moi. »

JAMIE : » Eh bien, ça devrait. « 

Ils s’embrassent.

 CLAIRE : » Eh bien, ce n’est pas le cas. »

 Elle soulève sa chemise par-dessus sa tête, pose ses mains sur sa poitrine. Puis elle lui tourne le dos. 

CLAIRE : » Maintenant, aide-moi avec ces lacets, et allons au lit. »

 Comme il fait ce qu'elle demande...

 

3INT. LALLYBROCH - CHAMBRE DE JAMIE ET CLAIRE – NUIT 

 Claire dort.

Un bébé s’agite. Des voix murmurant (Jamie et Jenny) lui font reprendre conscience. Elle se retourne pour trouver l'autre côté du lit vide, les draps froissés, les couvertures rejetées. Elle attend, entendant une porte se fermer, puis des pas dans les escaliers. Puis le calme. Après un moment, elle sort du lit, trouve son peignoir. Alors qu'elle se dirige vers la porte...

 

A4INT. LALLYBROCH - SALON – NUIT – JUSTE APRES 

 Gros plan sur Jamie, pieds nus et vêtu uniquement de sa chemise de nuit, assis sur le canapé près de la cheminée, les pieds sur le pouf, ses jambes relevées, formant un dossier pour bébé Katherine.

Elle regarde son oncle avec des yeux sombres et attentifs. Il doucement lui caresse la joue du bout du doigt et lui parle en gaélique. Sa voix est basse et chargée d'émotion.

Claire les regarde avec beaucoup d’émotion.

 

 Anne Kenney : 

« Jamie parlant à bébé Katherine a toujours été un moment préféré du livre. 

 Je l’ai réduit à l’essentiel – c’est plus long dans le livre – et j’ai été très satisfaite du résultat. » 

 

4INT. LALLYBROCH - COULOIR DE L’ETAGE – JUSTE APRES

 Claire s’appuie sur la rampe, les regardant. La vue de Jamie et bébé Katherine serre son cœur.

 JENNY : » L'enfant n'arrivait pas à dormir... « 

Surprise, Claire se retourne et trouve Jenny debout à côté d'elle. Jenny parle doucement, pour ne pas gêner Jamie et le bébé.

 JENNY : » … et Jamie non plus. Il a pensé qu'ils pourraient se tenir compagnie pendant un moment, pendant que Ian et moi dormions. Et il essaie de m’attendrir. »

 CLAIRE : » Est-ce que ça a marché ? « 

Jenny regarde Jamie et le bébé et réprime un sourire affectueux.

 JENNY : » C'est un début. On peut parler à un petit comme à personne d'autre. On peut lui ouvrir notre cœur sans avoir à mesurer ses mots, ni avoir de retenue - et c'est un réconfort pour l'âme.  C'est comme ça qu'on leur parle avant leur naissance. Tu sais ce que je veux dire. « 

Claire pose doucement ses mains sur son ventre, se souvenant. 

CLAIRE : » Oui je sais. »

 JENNY : » Un homme doit attendre que l'enfant soit né pour le tenir, et ressentir toutes les choses qui pourraient être ou pourraient ne jamais être. Et pleurer sans savoir ce qui arrivera. »

 

5 6EXT. LALLYBROCH – LENDEMAIN MATIN 

Jamie et Claire se préparent à partir. Leurs chevaux sont sellés et chargés.

Mme Crook sort de la maison avec un dernier paquet de nourriture à mettre dans un des sacs sur les chevaux.

Murtagh sort sur les marches, s’écartant des adieux émouvants entre Ian, Jenny, Jamie et Claire.

Claire et Ian alors se disent affectueusement aurevoir.

CLAIRE : » Prends soin de ta famille. »

 IAN : » Compris ! Et toi, de la tienne. ».

 Jenny enroule un chapelet en bois de hêtre autour du cou de Jamie.

 JENNY : » Prends ça. C’est ce qui m’a ramené Ian de France. »

 Jamie est ému. Il essaie de détendre l'ambiance.

JAMIE : » Tu as donné un porte-bonheur à Ian quand on est partis pour la France, et pas à moi ? Et dire qu’il n’était même pas ton promis à l'époque... « 

JENNY : » Ne me fais pas regretter de te le donner maintenant. « 

Puis ses yeux se remplissent de larmes et elle jette ses bras autour son frère.

 JENNY : » Si tu ne reviens pas, mon frère, je ne te le pardonnerai jamais. »

 JAMIE : » C’est bien long, jamais… ».

 Jenny le regarde comme si elle n’allait plus jamais le revoir.

JENNY : » Je sais. « 

Elle essuie les larmes de ses joues.

 MURTAGH (à Fergus) : » Où penses-tu aller ? « 

Ils regardent tous Fergus, monté sur un mulet, ses biens enroulés dans une couverture attachée dans son dos.

 FERGUS (comme si c’était la chose la plus naturelle du monde) : » Avec Milord ! »

 IAN : » Tu es trop jeune pour te battre, mon garçon. Tu vas rester ici avec nous. »

 JENNY : » Tu aideras Rabbie aux écuries jusqu'au retour de Milord. »

 Fergus a l'air stupéfait. Il se tourne vers Jamie et Claire.

FERGUS : « Mais c’est avec vous que je dois être. N'est-ce pas ce que vous m'avez dit, Milady ? Que votre foyer serait toujours le mien ? « 

CLAIRE : » Oui, bien sûr, mais parfois... »

 JAMIE : » Il a raison. Sa place n'est pas ici sans nous, ni en France, tout seul. »

 (À Murtagh) Amène le garçon avec toi quand tu partiras avec les hommes. »

 MURTAGH : » Oui. Si je ne l'ai pas tué d’ici là. »

 JAMIE (doucement à Claire) : » Dinna fash, Claire, on le gardera bien loin de la bataille. »

 Maintenant, Jamie se penche vers Fergus.

JAMIE : » Tout repose entre tes mains, mon grand. Un bon soldat doit apprendre à obéir à son commandant, comme à son général. »

 Fergus hoche la tête. Claire serre une dernière fois Jenny dans ses bras.

 JENNY : » Prenez soin l’un de l’autre. Et méfiez-vous de mon grand-père. »

 CLAIRE : » Je le ferai. Au revoir, Jenny. « 

Alors qu'ils partent, Claire regarde en arrière, voulant se souvenir de l'endroit encore épargné par la guerre.

 

 

 

7EXT. LANDE DES HAUTES TERRES – JOUR 

Alors que Claire et Jamie se dirigent vers le château de Beaufort...

 CLAIRE (Voix Off) : » Pendant notre voyage vers le Château de Beaufort, Jamie me raconta ce qu'il savait de son grand-père. Pendant les cinquante dernières années, Lord Simon Fraser de Lovat avait été tour à tour fidèle au roi James en exil et aux monarques assis sur le trône britannique. Sa vie personnelle était tout aussi tristement célèbre – Sans compter ses nombreuses liaisons extraconjugales, Lord Lovat avait eu trois femmes, dont deux obtenues de manière douteuse : la première par le viol, et la dernière par la ruse. »

 

 8 9EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - JOUR 

Une structure imposante, dans le style du Château Leoch, bien qu'un peu plus petit. Deux sentinelles armées surveillent de chaque côté de la porte principale. Ils jettent un coup d'œil curieux à Claire et Jamie alors qu'ils s'approchent, mais ne bougent pas pour les arrêter. Jamie hoche légèrement la tête vers l'un d'entre eux, qui acquiesce en retour.

 

10INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - GRANDE SALLE – JOUR 

 Un domestique fait entrer Claire et Jamie dans la grande pièce sombre et ancienne mais toujours élégante (selon les normes des Highlands).

SERVITEUR : » Lord Lovat ne va pas tarder à vous rejoindre. »

 Et il sort. Claire s'occupe de ses cheveux indisciplinés, dans lesquels des morceaux de brindilles et de feuilles se sont pris. Jamie fait les cent pas, un peu inquiet. 

 CLAIRE : » J'aurais aimé que nous puissions nous rafraîchir un peu avant de rencontrer ton grand-père. »

 JAMIE : « Ne t’en fais pas, Sassenach, tu es ravissante. Malgré les quelques cardères dans tes cheveux... »

 Alors qu'il tend la main pour l'aider à les retirer...

HOMME : » Laisse-les. Ils lui vont à ravir. »

 Claire et Jamie se retournent, surpris lorsque l’homme qui a parlé sort de l’ombre et s’approche d’eux.

 C'est Colum MacKenzie ! Et Claire et Jamie sont abasourdis de le découvrir dans cet endroit.

JAMIE : » Colum ! »

COLUM : » Je suis moi-même arrivé ce matin. Je vous ai vus entrer dans la cour depuis la fenêtre. « 

JAMIE : « Que fais-tu ici ? »

COLUM : » Je suis ici pour parler de la rébellion avec Lord Lovat, tout comme toi, j’imagine. La guerre fait d'étranges associations. « 

Il rejoint Claire et lui prend la main, ce qu'elle laisse faire, toujours abasourdie.

COLUM : » Je suis heureux de voir que vous allez bien. « 

Se ressaisissant, Claire retire sa main.

 CLAIRE : » Pardonnez-moi si j’ai du mal à le croire. »

 Il la regarde, perplexe.

CLAIRE : « Le procès des sorcières, Colum ! »

COLUM : » Vous semblez insinuer que j'avais quelque chose à voir avec votre implication dans cette affaire. Il me semble que vous étiez simplement au mauvais endroit au mauvais moment. « 

Claire essaie de garder son sang-froid, sachant que Colum n’est pas du genre à prendre tout ceci à la légère, mais ce n’est pas facile.

CLAIRE : » En effet, je l’étais. Grâce à un message envoyé par Laoghaire, votre cuisinière, qui, d'une manière ou d'une autre, savait exactement quand et où aurait lieu l'arrestation. « 

 

Anne Kenney : 

« C’est là que nous avons commencé à nous écarter dans une certaine mesure du livre. Nous savions que nous voulions ramener Laoghaire à un moment donné de la saison 2, car dans la saison 3, il y a un scénario (j'essaie d'éviter les spoilers ici !) qui serait plus crédible si nous pouvions la racheter un peu. 

Mais que ferait Laoghaire au château de Lord Lovat ? Peut-être que Colum pourrait l'amener… 

Cette solution nous a également permis de faire revenir Colum, un personnage que nous aimons, et de le préparer pour d'autres histoires à venir. Faire venir Colum nous a également donné un excellent repoussoir pour Jamie alors qu'il tente de convaincre Lord Lovat d'envoyer des hommes combattre avec lui dans la rébellion. » 

 

 Un sombre nuage de colère traverse les traits de Colum.

COLUM : » Elle avait vraiment dépassé les bornes, et je l’ai fait battre pour cela. Je l'aurais bien chassée de Leoch, mais sa grand-mère, Mme Fitz, m'a persuadé qu'elle pourrait la tenir. Maintenant, je ne vois pas la nécessité d'approfondir ce sujet. » 

 Claire jette un coup d'œil à Jamie, mais il est concentré sur Colum, essayant pour comprendre son jeu.

 JAMIE : » Dougal est-il avec toi ? « 

Un autre nuage sombre traverse les traits de Colum, teinté de déception.

COLUM : » Non, il est devenu clair qu’il était mieux pour le clan que mon frère reste sur ses terres. « 

 Jamie étudie Colum, essayant de comprendre ce qu'il a à l’esprit. Claire, comme à son habitude, va droit au but.

CLAIRE : » Mais ce serait sûrement Dougal qui mènerait le clan MacKenzie dans les combats pour le roi James ?

COLUM : » J'avais oublié quel esprit curieux vous êtes, ma fille. « 

La porte s'ouvre alors que Claire parle, et un grand homme d'environ 70 ans, une chemise ouverte et une culotte à peine propre, entre. C’est le grand-père de Jamie, Lord Lovat.

SEIGNEUR LOVAT : « La rumeur est donc vraie : le petit-fils de Lord Simon Fraser de Lovat s'est lié à une Sassenach. « 

Lorsqu’il parle, il expose des dents tachées et en mauvais état. 

CLAIRE (à part pour Jamie) : » Pourquoi tous tes proches doivent-ils être ces foutus Écossais ? « 

SEIGNEUR LOVAT : » Mais je suppose que tu es bien le fils de ton père, après tout. Il est insensé de s'attendre à ce que le garçon ait plus de jugeotte pour choisir sa femme que le bâtard qui l’a conçu. ».

JAMIE : » Au moins, je n’ai pas eu besoin de prendre une épouse par le viol ou par la tromperie. « 

Lord Lovat regarde son petit-fils pendant un instant, puis émet un éclat de rire sonore.

SEIGNEUR LOVAT : » Tu n’as pas le sérieux de ton père. Tant mieux. Assez des histoires de femmes. (A Claire, dédaigneux) Laissez-nous. (À Colum et Jamie) Il est temps de parler politique avec mon petit-fils et mon rival. « 

Claire est outrée par ce comportement, mais après un échange de regard avec Jamie, elle décide de se taire. Elle sort avec autant de dignité que possible.

 

 11EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT – CHEMIN DE RONDE – NUIT 

 Claire, sa cape bien serrée autour d'elle, est sortie prendre l'air en attendant le retour de Jamie. Elle se tient debout à la balustrade, regardant la cour, perdue dans ses pensées.

CLAIRE (Voix Off) : » Tandis que l’entretien de Jamie s’éternisait, j’en profitai pour visiter l’endroit que le Seigneur Lovat appelait une maison. »

LAOGHAIRE : « Madame Fraser ! « 

Claire se retourne au son de la voix, et est choquée de voir Laoghaire s'approcher d'elle. LAOGHAIRE : » Je vous cherche depuis que je sais que vous êtes ici « 

Claire recule d’un pas, comme si elle voyait une apparition.

CLAIRE : » Laoghaire » —

LAOGHAIRE : » Sa Seigneurie ne vous a pas dit que j'étais avec lui ? »

 CLAIRE : » Non. « 

LAOGHAIRE : » Ma grand-mère m'a envoyée avec lui pour laver son linge et l’aider autant que faire se peut. Je voulais vous voir, cependant, parce que -- Elle se met à genoux devant Claire. Je dois vous dire que j’ai changé, et je suis affreusement désolée pour tout le mal que je vous ai fait. Ma grand-mère m'a aidée à voir que je ne pourrai pas être en accord avec Dieu tant que je ne me repentirai pas de la douleur que mes mauvaises actions ont causée. Je crois que Dieu nous a réunies ici pour que je puisse le faire. « 

 

Anne Kenney : 

« Yep. Laoghaire est de retour ! 

Dans cette scène, nous voyons une Laoghaire apparemment changée, qui veut le pardon de Claire. 

 C’est quelque chose que Claire n’est pas prête à lui offrir, même si la rencontre est finalement cathartique et libératrice pour Claire, car elle se rend compte qu’après tout ce qu’elle a vécu, elle ne déteste plus Laoghaire. 

 C'est une rancune dont elle peut se débarrasser. «  

 

CLAIRE : « Dieu ? Tu parles de Dieu ? Combien de fois ai-je pensé à ce moment. Tu n’imagines pas tout ce que j’ai pensé te faire le jour de nos retrouvailles. »

LAOGHAIRE : » Vous pouvez faire de moi ce que vous voulez, Madame. C’est tout ce que je mérite. »

 CLAIRE : » J'ai rêvé de te faire subir toutes sortes de tortures, toutes se finissant invariablement par un bûcher allumé sous tes pieds et moi, dansant sur tes cendres comme tu avais juré de le faire pour moi. »

 Laoghaire éclate en sanglots.

 CLAIRE : » Cranesmuir, c'est... il y a toute une éternité. Je ne te déteste pas, Laoghaire. Je suis désolée pour toi. Les ténèbres dans lesquelles tu as dû vivre dans l'espoir d'obtenir quelque chose que jamais tu n’auras. Quant à être en règle avec Dieu, tu devras trouver un autre moyen. Parce que je ne peux rien pour toi. « 

Et Claire s’éloigne, laissant Laoghaire en pleurs, frustrée et humiliée.

 

12 13INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - CHAMBRE DE CLAIRE ET JAMIE – NUIT 

 Claire vient de parler à Jamie de sa rencontre avec Laoghaire. Elle est de bonne humeur. Jamie écoute, mais est distrait.

CLAIRE : » Peut-être que Dieu nous a réunies, en effet. Quelque part, je me sens... plus légère. »

 JAMIE : » Tu es plus généreuse que moi, Sassenach. Je n’aurais même pas adressé la parole à cette mégère. »

  CLAIRE : » Peut-être. Et donc, ai-je la permission de me joindre à vous pour le dîner ce soir ? « 

JAMIE : » Oh, oui. Mon grand-père ne s’oppose pas à un peu de décoration à la table, pour autant que cette décoration n’ouvrira pas la bouche. « 

Claire le regarde en roulant des yeux, sans rien dire pour le moment. Il sourit.

 JAMIE : » Oui, ce sont ses paroles. Allons-y maintenant, viens. « 

 

 

14INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - SALLE À MANGER - NUIT 

Sont présents une quinzaine de tacksmen (sortes de lieutenant du laird, chargés de récolter entre autres, les taxes et le loyer, ndlt), le fils de dix-neuf ans de Lord Lovat, Young Simon, Claire [la seule femme à la table], Jamie, Colum et Lord Lovat : ils sont assis à une grande table chargée des restes de nourriture.

 Des représentants du clan MacKenzie se tiennent derrière Colum.

Lord Lovat n'est que fanfaronnades et menaces. Le jeune Simon ne ressemble en rien à son père : il est doux, mal à l'aise. Réservé et extrêmement timide.

 Laoghaire aide à servir le dîner, en accordant une attention particulière à Colum. Laoghaire évite de regarder Claire, mais ses yeux continuent de dériver vers Jamie, elle n’a pas changé autant qu'elle l’a assuré à Claire. Il l'ignore complètement, mais Claire remarque tout.

Elle note également comment le jeune Simon regarde Laoghaire avec un intérêt évident.

 

Anne Kenney : 

« Nous avions beaucoup de choses à mettre en place dans cette scène ! 

 Jamie et Colum veulent des choses opposées de la part de Lord Lovat, et nous devions montrer comment ils vont s'y prendre pour obtenir ce qu'ils veulent. 

Il fallait établir la relation du jeune Simon avec son père, et aussi qu'il soit amoureux de Laoghaire. Et nous avions besoin de Claire pour tout repérer ! 

 C’est l’une de ces scènes qui, à bien des égards, sont beaucoup plus faciles à écrire qu’à tourner – tant de choses doivent se produire en même temps. 

 Je devais juste la décrire – la production devait réaliser ce que j’avais décrit ! » 

 

 Jamie est en train de s'adresser au groupe réuni. Colum écoute attentivement. Lord Lovat écoute, mais il est distrait par l’attention que son fils porte envers Laoghaire.

 JAMIE : » ... Chaque homme dans cette pièce sait que pour la plupart des Britanniques, tous les Highlanders, quelle que soit leur allégeance, sont tous les mêmes, des chiens sauvages qu’il vaut mieux exterminer que de laisser vivre. Et après trois soulèvements, l’armée sera décidée à nous exterminer pour de bon. Pour sauver nos clans, notre pays, notre mode de vie, nous devons nous réunir sous la bannière du roi légitime, le roi James, nous battre. Et nous devons gagner. »

 Les hommes autour de la table sont inspirés par le discours de Jamie, mais réticents à montrer leur enthousiasme jusqu'à ce que Lord Lovat indique comment il se sent. Mais Lord Lovat est distrait, son attention est fixée sur son fils, dont l'attention est fixée sur Laoghaire.

COLUM : » Nous avons une chance immense d’avoir parmi nous un proche confident du Prince. N'est-ce pas vrai, Lovat ? Nous avons de la chance d’avoir l’avis de quelqu'un qui est impliqué dans cette sainte rébellion. « 

La mention de son nom attire un instant l’attention de Lovat.

SEIGNEUR LOVAT : » Oui, même si je ne connais pas son degré de sainteté. »

COLUM : » Peux-tu nous dire, mon neveu, quelle est la mesure du soutien que les Français ont convenu de nous donner ? « 

Son ton est innocent, mais c'est une question pleine de de sous-entendus et il le sait. Jamie essaie de lui donner une tournure positive...

JAMIE : » Les Français nous ont déjà offert leur soutien, Colum, en immobilisant l'armée britannique dans les Flandres, réduisant ainsi les forces restées ici. Le Prince est persuadé que les Français voudront profiter de leur avantage en envoyant hommes et artillerie pour soutenir les Jacobites. « 

COLUM : » Les Français ne se sont donc pas encore engagés vis-à-vis du Prince Charles ? »

 SEIGNEUR LOVAT : » Ces Français n’ont jamais été des alliés fiables. »

 Des sourires gênés et des murmures d'inquiétude circulent autour de la table. Jamie essaie de les rassurer...

JAMIE : » Nous accueillerons favorablement leur soutien quand il viendra, mais nous n'en avons pas besoin. L'armée jacobite compte déjà près de 1000 hommes solides à Crieff. Un millier de Highlanders ! Les MacDonald, les Cameron et les Stewart et les Grant – et bien d’autres encore nous rejoignent tous les jours. Tandis que la majorité des troupes britanniques sont toujours sur le continent, encaissant leur défaite. « 

Un écho positif de la part des tacksmen -- même Lord Lovat hoche la tête, au grand mécontentement de Colum, et Laoghaire est ravie, regardant Jamie. Le jeune Simon le remarque et se lève impulsivement, plein d'esprit rebelle.

 JEUNE SIMON : » J'ai entendu dire que les Britanniques ont offert trente mille livres pour la capture du prince Charles ! « 

La pièce devient silencieuse et tout le monde le regarde, y compris Lord Lovat, qui se tourne vers son fils, l'expression sombre.

SEIGNEUR LOVAT : » Ce qui signifie ? « 

JEUNE SIMON (agité) : » Ce qui veut dire... que les Britanniques voient le Prince Charles comme... une réelle menace. « 

JAMIE : » Te joindras-tu à nous alors, cousin ? »

 SEIGNEUR LOVAT (se penchant) : » Ou peut-être que les Britanniques savent -- comme nous tous - combien de couillons il y a parmi les Campbell et les Cameron. Des hommes qui vendraient leurs propres grand-mères pour la moitié de cette somme. »

 Simon est pris entre Jamie et son père.

JEUNE SIMON : » Eh bien, je... »

 Laoghaire baisse les yeux, gênée pour lui, ce qui ne fait que le rendre plus embarrassé.

SEIGNEUR LOVAT : » Pour trente mille livres, les Britanniques pourraient mettre fin à cette rébellion avant même qu’elle ne commence. Voilà qui leur coûterait moins que de faire la guerre. »

 Colum acquiesce.

JEUNE SIMON : » Je... n'y avais pas pensé... »

 Des ricanements et des raclements de gorge autour de la table. Claire et Jamie échangent un regard.

SEIGNEUR LOVAT : » Alors assieds-toi, petit avorton hypocrite ! Et ne prends plus la parole avant d’avoir « pensé » à ce que tu es sur le point de dire. »

 Humilié, le jeune Simon s'assoit. Laoghaire passe derrière Lord Lovat. Rapide comme un serpent, la main de Lovat saisit Laoghaire par le poignet, l’attirant près de lui. Il regarde son fils, le défiant, pendant qu'il lui parle.

SEIGNEUR LOVAT : » Apporte-nous plus de vin, ma belle. Et un verre de lait pour mon garçon. (À Jamie et au groupe, agacé) Assez parlé de guerre pour ce soir ! « 

Il laisse sa main glisser sur les fesses de Laoghaire et lui donne une petite tape. Le jeune Simon, le visage encore plus rouge, détourne rapidement le regard. Comme il s'affale sur sa chaise, en colère et frustré – 

 

A15EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT – NUIT 

Claire et Jamie traversent la cour, après le dîner, se dirigeant vers les escaliers menant à leur chambre. Il n'y a pas beaucoup de monde, mais ils parlent néanmoins à voix basse. Ils arrivent à la porte de leur chambre et entrent pour se réchauffer car la pluie est glaciale.

CLAIRE : » Tu sais… J’ai eu la nette impression que Colum essayait de t'utiliser pour convaincre Lord Lovat de rester en dehors de la rébellion. »

 JAMIE : » Oui. Les premières révoltes ont échoué, et Colum n’en soutiendra pas une autre. Il veut que le Clan Lovat reste neutre avec les MacKenzie, en sachant que les autres petits clans suivront et que la rébellion tombera d’elle-même avant d’avoir débuté. »

 CLAIRE : » Pourquoi Colum ne lui en parle-t-il pas directement ? « 

JAMIE : » Parce que mon grand-père n'a pas confiance en mon oncle. M'utiliser est une stratégie bien plus efficace. Je dois parler à Lovat en privé, sans que Colum me fasse dire ce qu’il veut. »

 

15INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - CHAMBRE DE CLAIRE ET JAMIE – JUSTE APRES 

(Les 2 scènes A15 EXT et 15 INT sont séparées ici car dans le script original, Jamie et Claire parlent dehors AVANT d’entrer dans leur chambre.
Dans la version finale, ils entrent puis discutent devant le feu, il n’y a donc pas d’interruption entre les 2 scènes, ndlt.) 

 

 Claire et Jamie entrent et se dévêtent de leurs vêtements alourdis par la pluie. Ils les posent sur une chaise. 

 JAMIE : » C'est dommage que le jeune Simon soit aussi malléable. Je suis sûr qu’il pourrait influencer la décision de son père s’il décidait de nous soutenir avec fermeté. » CLAIRE (surprise) : » Cet homme n'a que du mépris pour ce pauvre garçon. « 

JAMIE : » Il essaie juste de l’endurcir. D’en faire un successeur viable pour diriger le Clan Fraser de Lovat. Tu dois avoir une peau épaisse et un sacré cran pour assumer la responsabilité de chef de clan. «  

CLAIRE : « La honte publique comme leçon de vie. Peut-être que Lord Lovat devrait écrire un livre sur la façon d'être un excellent père. «  

JAMIE (haussant les épaules) : » Mon père l’utilisait à bon escient. C’était une expérience très humiliante de devoir se pencher contre la porte et de se faire botter le cul quand je faisais quelque chose qui ne convenait pas. Mon père m'a expliqué plus tard que de cette façon, les métayers sauraient que j'avais compris ce qu’était la justice - du moins du point de vue du destinataire. » 

 CLAIRE : » Et que penses-tu que le jeune Simon a retenu du petit esclandre de ce soir ? «  

Jamie secoue la tête, admettant que ce n'est pas tout à fait pareil. 

JAMIE » Peut-être qu'il ne veut pas être le prochain Seigneur Lovat... «  

L’esprit de Jamie en revient au puzzle à résoudre. 

JAMIE : » Mon grand-père avait la parfaite opportunité de nous dire non ce soir, et il ne l'a pas fait. Peut-être que Jenny a raison. Il veut quelque chose en échange. »

 

16INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - COULOIR – JOUR 

 Claire, habillée pour sortir et portant son panier vide, avance dans le couloir, passant devant les portes closes de la grande salle qui s’ouvrent brutalement lorsque Lord Lovat, enragé, pousse une vieille femme frêle, Maisri, dans le couloir.

Maisri porte une robe ample et des cheveux noirs avec des mèches grises, et un châle autour de ses épaules. Elle tombe au sol avec un grognement de souffrance. Lovat ne voit pas Claire.

SEIGNEUR LOVAT (à Maisri) : » Tu me caches quelque chose, vieille sorcière, et je ne vais pas laisser passer ça ! »

 Il retourne dans la grande salle et claque la porte. Claire s’avance vers Maisri, qui se relève lentement.

 CLAIRE : » Est-ce que ça va ? Laissez-moi vous aider. « 

Maisri lève les yeux vers Claire, les yeux remplis de peur et pressentiment. Cela donne envie à Claire de reculer. Au lieu de cela, elle tend la main. Maisri la prend, ses doigts osseux s'enroulent autour du bras de Claire.

 MAISRI : » Merci, Madame « 

 CLAIRE : » Je m'appelle Claire. L'épouse du petit-fils du Seigneur Lovat. » 

 MAISRI : » Maisri. La voyante du Seigneur Lovat. « 

Puis, jetant un dernier regard vers la porte de la grande salle, elle s’enfuit silencieusement dans le couloir, Claire la regardant partir.

 

17INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - BUREAU DE LOVAT - JOUR 

 Une pièce plus petite, plus semblable à une grotte. L'espace privé de Lovat. Jamie regarde Lord Lovat se promener dans la pièce, toujours agité par son interaction avec Maisri. 

SEIGNEUR LOVAT : » La vieille sorcière croit que garder les secrets lui assurera une place ici. Cela lui assurera la tête sur une pique, c'est ce que ça fera. » 

 Jamie attend, patiemment, que le vieil homme se calme. Lord Lovat le remarque alors... 

SEIGNEUR LOVAT : » Je parie que ton père t’a peint de moi un portrait peu reluisant. »

 JAMIE : » Il a dit très peu de choses sur vous. « 

SEIGNEUR LOVAT : » Il a choisi cette putain de MacKenzie... »

 JAMIE : » Je vous demanderai de rester courtois quand vous parlez de ma mère « - SEIGNEUR LOVAT (l'ignorant) : » … « plutôt que moi, son père. Deux fois. D'abord quand je lui ai interdit de l’épouser » --

JAMIE : « Et que votre tentative d'enlèvement a échoué « --

SEIGNEUR LOVAT : » La deuxième fois, quand elle a été morte et enterrée. J'étais prêt à lui pardonner. En faire mon successeur, malgré le fait qu'il était un bâtard... Et il a choisi sa mémoire, et cet endroit... »

 JAMIE : » Lallybroch « 

 SEIGNEUR LOVAT : « … Et pas moi. « 

Cette blessure n'est pas cicatrisée, son amertume est palpable. Il se tourne vers Jamie, les yeux plissés, essayant de conserver l’avantage.

 SEIGNEUR LOVAT : » Est-ce vrai ? »

  JAMIE : » Quoi ? »

 SEIGNEUR LOVAT : » Que tu n'as pas juré fidélité à Colum MacKenzie. »

JAMIE : » C’est ce que vous convoitez, n’est-ce pas ? Ma fidélité envers vous, en échange de l’envoi d'aide au prince Charles ? « 

SEIGNEUR LOVAT : » Pour être honnête, je suis plus intéressé par ce qui va avec. « 

Jamie est momentanément confus, puis...

 JAMIE : » Quel besoin avez-vous de Lallybroch ? Les loyers des métayers ne feront sans doute aucune différence dans un endroit pareil. « 

SEIGNEUR LOVAT : » Ce que je ferai avec ce foutu endroit ne regarde que moi. Je suis ton grand-père et ton chef de clan après tout. J'exige mon dû. »

JAMIE : » Si je ne prête pas serment à Colum, qui est mon parent, alors quel genre de fou serais-je pour le prêter à un vieux fourbe qui ne partage peut-être pas mon sang. »

Le visage de Lord Lovat s’assombrit d’indignation.

 JAMIE : « Vous avez couché avec vos domestiques. Peut-être que d'autres l'ont fait aussi... « 

Maintenant, la bouche de Lovat s'ouvre et il hurle de rire. Il rit si fort qu'il commence à s’étouffer.

SEIGNEUR LOVAT : » Oh, mon Dieu, mon garçon. »

 Lord Lovat retire le bouchon d'une bouteille de whisky et se verse un verre qu’il boit cul sec. Enfin, il retrouve son souffle –

SEIGNEUR LOVAT : » Ce qui implique que ta grand-mère était une putain pour garder ses biens ? Oh, tu es bien l’un des miens. Si mon propre fils avait la moitié de ton courage... »

 Jamie rougit de colère et de honte mais reste calme.

JAMIE : » Je vous ferai la même promesse qu’à Colum : mon aide et ma bonne volonté, et mon obéissance à votre parole, tant que je resterai sur le sol des Lovat. »

 SEIGNEUR LOVAT : » Tu ne m‘as pas compris ? C'est le précieux domaine de ton père que je veux. « 

Il se penche et regarde Jamie avec des yeux froids et brillants.

SEIGNEUR LOVAT : » Si tu ne veux pas m’offrir Lallybroch en échange d’hommes pour le prince, que penses-tu de ceci : Lallybroch contre l'honneur de ta femme. « 

Jamie secoue la tête avec dégoût et incrédulité.

JAMIE : » Allez-y. Risquez-vous donc à séduire ma femme et quand elle en aura fini avec vous, j'enverrai la servante balayer vos restes. « 

SEIGNEUR LOVAT : » Pas moi, mon garçon. Même si j'ai déjà pris mon plaisir avec pire - ta grand-mère me vient à l'esprit - mais il y a beaucoup d'hommes à Beaufort Castle qui seraient d’humeur à utiliser ta garce de Sassenach au seul usage pour lequel elle est bonne. Tu ne pourras pas la surveiller nuit et jour. « 

 JAMIE : » Oh, je pense que je n'ai pas besoin de m'inquiéter, grand-père. Ma femme est une femme rare. Une femme intelligente, vous savez. La Dame Blanche. »

 Les yeux de Lord Lovat s’écarquillent d’inquiétude.

 SEIGNEUR LOVAT : » La Sassenach ? Une sorcière ? « 

JAMIE : » Oh, oui. C'est vrai. L'homme qui la prendra de manière impie verra ses parties intimes exploser, comme une pomme gelée jusqu’au trognon. Et son âme brûlera pour toujours en enfer. « 

 Il prend la bouteille de whisky sur la table et la jette dans le feu. Elle explose dans les flammes.

 JAMIE : » Comme ça. « 

Alors que les flammes continuent à danser dans le feu, il se retourne et sort à grands pas.

 

 Anne Kenney : 

« C'est l'une de mes scènes préférées du livre : la confrontation entre Jamie et Lord Lovat, et la façon dont ils sont différents et semblables. 

 Dans le livre, Lord Lovat a un dentier en bois qu'il retire et Jamie le jette au feu à la fin de la scène. 

 Ces dents sont restées longtemps dans le scénario, mais nous avons finalement dû trouver un substitut car il est devenu clair que l'acteur ne serait pas intelligible s'il parlait d'abord avec un dentier dans la bouche, puis, plus tard, en parlant comme s'il n'avait pas de dents ! 

Jeter la bouteille de whisky dans le feu est devenu le signe de la ponctuation de la scène au lieu des dents. «  

 

18 19INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - CHAMBRE DE CLAIRE ET JAMIE – NUIT 

Jamie fait les cent pas, venant de raconter à Claire sa rencontre avec Seigneur Lovat. JAMIE : » Mon grand-père a un grand respect pour le surnaturel, il n'en a pas pour autre chose - mais tu devrais quand même faire attention les jours où je m’absenterai. »

 CLAIRE : » Il ne semblait pas avoir peur de cette pauvre femme quand il l’a jetée dans le couloir. »

 JAMIE : » Maisri n'est qu'une voyante, pas une Dame Blanche, comme ma femme. Claire lève les yeux au ciel. Mais elle lui cachait quelque chose. »

 CLAIRE : » Ton grand-père est vraiment une brute, n'est-ce pas ? »

 JAMIE : » Une brute qui pourrait bientôt s’emparer de la maison de mes ancêtres. « 

CLAIRE : » Jamie, tu ne peux pas sérieusement envisager de lui donner ce qu'il veut ? »

JAMIE : » Je n’ai pas beaucoup de choix, Sassenach. Le Prince n’accordera pas beaucoup de crédit à ma capacité à diriger des hommes ou à faire la guerre si je ne suis même pas capable de convaincre mon propre grand-père de soutenir notre cause. »

 Jamie fait les cent pas, passant ses mains dans ses cheveux.

CLAIRE : » Et le jeune Simon ? Et si nous l’encouragions à tenir tête à son père ? A déclarer son soutien à la rébellion ? »

JAMIE : » Oui… Alors mon grand-père pourrait envoyer ses hommes -- ne serait-ce que pour protéger son héritier. Mais après cette scène dans la salle à manger hier soir… Cela prendra plus de temps que nous n’en avons pour donner à ce garçon la confiance nécessaire pour vraiment défier son père. « 

CLAIRE (une idée qui se forme) : » Cela dépend peut-être de ce qu’on utilise pour renforcer sa confiance... « 

  

20EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT – LAVOIR DU CHATEAU – JOUR 

 Laoghaire étend le linge, ses bras et son cœur lourds. Elle ramasse la chemise d'un homme, qu’elle étend, puis la regarde et y presse son visage.

 CLAIRE : » C'est la chemise de Jamie ?

Laoghaire se retourne, voit Claire debout à proximité et fait un pas en arrière. LAOGHAIRE : » Je n’y ai pas touché. »

 CLAIRE : » Ce n’est pas ce que j’insinuais. « 

Des larmes de frustration et de colère montent aux yeux de Laoghaire.

LAOGHAIRE : « J’ai changé, vous savez. Je me suis repentie et j’ai demandé pardon à Dieu, et ça a eu son effet.  Je pensais qu'Il vous avait amené tous les deux ici pour m’aider. Mais c'était pour m’éprouver ! Dans la grande salle...au dîner, Jamie ne m’a même pas regardée. C'était comme si je n’existais pas... Si vous ne voulez pas vous venger, alors partez et laissez-moi tranquille ! »

 Elle attrape un autre vêtement et l’accroche sur la corde à linge avec des pinces. Claire est surprise par la détresse authentique de Laoghaire et elle s'adoucit légèrement.

 CLAIRE : » Je pense que je pourrais peut-être... trouver un moyen de te pardonner... « 

Laoghaire lève les yeux, méfiante.

CLAIRE : » Mais Jamie... »

 LAOGHAIRE (De dos, priant en étendant son linge) : « Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie… »

CLAIRE (pas méchamment) : « Jamie ne t'aimera jamais, Laoghaire. Mais il se peut qu'il y ait un moyen de gagner son pardon. Pour qu’il oublie sa rancune à ton égard. »

Laoghaire arrête de prier et regarde Claire, méfiante.

 

Anne Kenney : 

« Pendant que Jamie travaille à son but – en essayant de persuader Lord Lovat et Colum – Claire a son propre plan. 

 Un autre petit jeu du chat et de la souris se joue ici, alors que Claire essaie d'amener Laoghaire à utiliser ses compétences particulières pour les aider à obtenir les hommes et l'aide dont ils ont besoin de la part de Lord Lovat, et Laoghaire extrait une promesse de Claire en retour. » 

 

LAOGHAIRE : » Et pourquoi voudriez-vous qu'il le fasse ? »

 CLAIRE : » Nous avons besoin que Lord Lovat envoie des hommes et des armes pour combattre avec le Prince Charles. Nous pensons qu'il pourrait le faire si le jeune Simon lui tient tête pour prendre le parti de Jamie. »

 LAOGHAIRE : » Et qu’est-ce que ça a à voir avec moi ? »

 CLAIRE : » Le jeune Simon est épris de toi. Tu pourrais t’en servir pour le convaincre. «

 LAOGHAIRE : » Oh non. Je ne vais pas m'enfoncer plus profondément dans le gouffre de la dépravation. Je ne renoncerai pas à ma virginité pour vous. »

CLAIRE (exaspérée) : » Personne ne te demande de renoncer à quoi que ce soit, et ce n'est pas pour moi, c'est pour Jamie. Sans parler de l'Ecosse et de notre existence. Laoghaire la regarde, attendant. Une femme a plus à offrir à un homme que son corps, tu sais. Quand un homme est amoureux, il désire l’approbation de son aimée. Il souhaite lui plaire et paraitre héroïque à ses yeux. « 

LAOGHAIRE : » Et... si je fais tout ce que vous mijotez, vous parlerez à Jamie pour moi ? »

 CLAIRE : » Oui. « 

Pendant que Laoghaire réfléchit et que Claire attend...

  

 

21INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - GRANDE SALLE – JOUR 

Une bouteille de whisky et deux verres au bout de la table près du feu. Jamie est assis à côté de la table, mais Colum est debout. C’est douloureux, mais il est trop agité pour s’asseoir.

 COLUM : » Quelle est cette maladie qui vous tourmente, toi et mon frère ? C'est bien plus douloureux que ce qui m'afflige. » 

 JAMIE (frustré) : » Je ne peux pas parler au nom de Dougal, et je ne peux pas expliquer comment je le sais, mais je le sais. Tu dois me croire. La seule chance de survie pour nous c'est se battre et gagner, et pour cela, nous devons avoir des hommes et des armes pour le faire. La neutralité sera considérée comme une trahison pour le vainqueur ! »

COLUM : » Tu le sais ? Comme ça ? On dirait un fou. C’est l’Histoire qui me guide. L’Histoire, pas des croyances farfelues ni des rêves irréalistes. Les autres soulèvements ont échoué parce qu'il il n’y avait pas de soutien extérieur. Et ce soutien n’existe pas à l’heure actuelle. Si nous n’envoyons pas d’hommes se battre, cette rébellion fondra comme la neige au soleil. Et quand ça arrivera, on nous laissera tranquilles, comme nous l'étions dans le passé. Lord Lovat, il le comprendrait aussi, si la rançon de Lallybroch ne lui pendait pas au nez. Et il accepterait de rester neutre. Un silence pour un ultime plaidoyer… Jamie, tu as toujours été têtu, mais jamais impitoyable avec la vie d'autrui. Pour ton bien et pour l'amour de tous ceux qui te sont chers, ne conclus pas de marché avec cet homme. Ne vends pas ta maison pour une guerre perdue d’avance. Peux-tu me le promettre ? »

 JAMIE : » Je te le promets, mon oncle, je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver tout ce qui m’est cher. « 

Jamie sort, très ému mais déterminé, laissant un Colum découragé et frustré.

 

22EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - JARDINS - JOUR 

Claire avance avec son bras fermement placé sous celui de Young Simon. Il est troublé par une telle proximité avec une femme.

CLAIRE : » C’est si gentil de votre part de vous dévouer pour me montrer la chapelle, Master Lovat. »

 JEUNE SIMON : » Je... crois que c'était votre idée. « 

CLAIRE : » C’est si paisible ici. Que comptez-vous faire de cet endroit quand vous serez Laird ? « 

JEUNE SIMON : » Je n’y ai pas beaucoup réfléchi. Mon père est encore un homme vigoureux... (tentative de blague) Certains supposent qu'il est immortel... (gêné) Et comme vous l'avez peut-être remarqué, il n'a pas beaucoup... de respect pour moi. »

CLAIRE (sur un ton conspirateur) Mon mari m’a confié que son père l'avait parfois exposé au mépris public pour faire de lui un meilleur chef. »

Ils arrivent à un bosquet juste à l'extérieur d'une petite chapelle. Laoghaire cueille des champignons près d’un arbre mort. Elle lève les yeux, comme si elle était surprise de les voir. Le jeune Simon se fige, pas préparé à cette rencontre.

CLAIRE : » Oh, Laoghaire, j'espère que nous ne te dérangeons pas. »

 Laoghaire feint la surprise.

LAOGHAIRE : » Oh non, Madame. J’étais juste en train de ramasser des champignons pour cuisiner. »

 Claire tapote le bras du jeune Simon.

 CLAIRE : » Je voudrais me recueillir un peu dans la chapelle. Est-ce que vous voulez bien m'attendre ici ? « 

JEUNE SIMON : » Oh... eh bien... si Madame Laoghaire ne préfère pas sa solitude... « 

Claire lance à Laoghaire un regard qui dit « encourage-le ! » Laoghaire sourit vivement. 

LAOGHAIRE : » Oh, non, votre compagnie sera la bienvenue. »

 Le jeune Simon a du mal à croire que cela se produise. Laoghaire était un peu moins terrifiante quand elle était plus réservée. Comme Claire s'éloigne, ne voulant pas regarder en arrière, il y a un long et gênant silence entre Laoghaire et le jeune Simon. Il ne sait pas quoi dire.

LAOGHAIRE : » Il fait un bien triste temps. »

JEUNE SIMON : » Oui. ».

Un autre silence.

LAOGHAIRE : » Vous aimez les champignons ? »

 JEUNE SIMON : » Pas vraiment, non. « 

Un autre silence, puis il fait un geste audacieux.

LE JEUNE SIMON : » J'aime la poésie. »

LAOGHAIRE : » Moi aussi. « 

Déterminant que « la voie est libre », le jeune Simon prend la pose, et commence à déclamer de mémoire …

JEUNE SIMON (récitant) : " Les ouragans se lèvent et soulèvent le vent, ils n’ont pourtant jamais provoqué une telle tempête en moi. Le plus bruyant des coups de tonnerre rugit sur des vagues. Mais rien n’est comparable à l’abandon de mon amour sur le rivage. Quitter ceux qui… »

Comme il continue, Laoghaire lui sourit... Puis l’interrompt.

LAOGHAIRE : » Voudriez-vous vous asseoir sous l’arbre ? »

Il s’assoit près d’elle, heureux mais silencieux…

 

Anne Kenney : 

« Dans une première version du scénario, il y avait deux scènes entre le jeune Simon et Laoghaire : une où il lui parle en privé de ce qu'il ressent pour son père, et une où elle essaie de le charmer, comme Claire lui a demandé de le faire. 

Dans la scène précédente, il lui dit qu'une façon pour lui de se rebeller contre le Seigneur Lovat est de lire de la poésie (cet acte de subversion particulier a été suggéré par Richard Kahan ! Merci pour cela, Richard) ! 

Claire a entendu cette scène, ce qui explique en partie pourquoi elle s'approche de Laoghaire et lui demande d'aider à influencer le jeune Simon. 

 Cette scène a été supprimée pour des raisons de production, mais j'ai adoré l'idée de la poésie comme rébellion, et l'acteur a fait un si bon travail lors de son audition que j'ai construit cette scène pour que nous puissions nous accrocher à ce moment. » 

  

  

23INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - CHAPELLE – JOUR 

 Il fait sombre à l'intérieur, Claire entre dans la chapelle lorsqu’elle voit Maisri en train d’allumer un cierge en signe d’offrande.

CLAIRE : » Maisri ? « 

Maisri se retourne, surprise et effrayée.

 CLAIRE : » C'est Claire Fraser.  Nous nous sommes vues dans le couloir. »

 Maisri la regarde, hésitante, réfléchissant. Elle a rarement quelqu'un à qui parler et aspire à cette opportunité.

CLAIRE : » C'est bon. Je ne vous ferai pas de mal. «  

Le désir de compagnie de Maisri l’emporte sur sa méfiance. 

 MAISRI : » Les métayers de Lord Lovat n'aiment pas quelqu'un comme moi dans la maison de Dieu. C'est le seul endroit où mon esprit s’apaise. Je ne sais pas pourquoi. On dit que vous êtes une Dame Blanche. « 

CLAIRE : » Oui, c’est ce qu’on dit. »

MAISRI : » Alors, qu’est-ce qui vous amène dans une église ? »

 CLAIRE (sourit) : « Il fait froid dehors. Je suis contente de voir que vous allez bien. Après que Lord Lovat se soit montré si dur l'autre jour. »

 Maisri essaie de voir jusqu'où elle peut faire confiance à Claire. 

CLAIRE : » C'est bon. Nous sommes des camarades praticiennes, après tout. «  

Maisri décide de baisser encore davantage sa garde. 

MAISRI : » Sa Seigneurie n'est pas un maître facile. Il me demande ce que je vois et me bat quand je lui dis des choses qui lui déplaisent. « 

CLAIRE : » Ce que vous voyez... est-ce que ça se produit toujours ? »

 MAISRI : » La plupart du temps, oui. Même si, parfois, une action peut changer le cours des choses.  Quand j'habitais encore au village, j'ai vu le mari de la fille de Lachlan Gibbons recouvert d’algues, et des anguilles grouillant sous sa chemise. J’ai raconté à Lachlan ce que j'avais vu, et il est parti tout de suite faire un trou dans le bateau du garçon. « 

Elle rit en se souvenant de l’incident.

MAISRI : » Seigneur, ça en a fait du raffut ! ça c’est sûr !! Mais quand la grande tempête est arrivée la semaine suivante, trois hommes se sont noyés, et le garçon était resté en sécurité chez lui, réparant toujours son bateau. Et quand je l'ai vu ensuite, sa chemise était sèche sur lui, et les algues avaient disparu de ses cheveux. » 

 Claire comprend cela, l'idée lui donne de l'espoir.

CLAIRE : » Qu’avez-vous vu, juste avant que Lord Lovat ne vous jette dehors ? »

 Maisri hésite.

CLAIRE : » Je vous le promets, je ne lui dirai pas que vous m’en avez parlé. »

 

 Anne Kenney : 

« Encore un grand moment du livre que nous avons souhaité conserver. 

 Dans notre version, cela servira à aider Claire à inventer la mascarade qu'elle jouera plus tard pour Lord Lovat. 

Cela aborde également directement la question de savoir si une personne peut ou non changer l’avenir, ce qui inquiète profondément Claire depuis le début de cet épisode. «  

 

MAISRI : » Il se tenait là devant le feu dans son bureau, mais c'était en plein jour. Un homme se tenait derrière lui, aussi immobile qu’un arbre, son visage enténébré. Et l’ombre d’une hache a traversé le visage de Sa Seigneurie. »

 CLAIRE : » Mais si vous lui en parliez, ne pourrait-il pas changer son comportement ? Peut-être changer l’issue ? « 

MAISRI : » Oui. Ou il pourrait simplement tuer le messager. « 

LAOGHAIRE (De l’extérieur de la chapelle) : “Madame Claire ! Où êtes-vous ? Madame Claire ? « 

Claire se retourne pour répondre à Laoghaire.

CLAIRE : « J’arrive dans un instant ! »

Lorsqu'elle se retourne, Maisri s'est glissée par la porte latérale. 

 

24EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - CHAPELLE – JOUR 

 Claire sort de la chapelle. Laoghaire attend à quelques mètres de la porte. Il n’y a aucun signe du jeune Simon.

CLAIRE : « Où est le jeune Simon ? « 

LAOGHAIRE : » Il s'est enfui comme un souriceau effrayé. »

 CLAIRE : » Qu'est-ce que tu as fait ? « 

LAOGHAIRE (sur la défensive) : « Tout ce que vous avez dit ! Je l’ai flatté, puis je lui ai dit à quel point j’admirais un homme décidé qui pensait par lui-même. Alors je l’ai laissé regarder mon décolleté… » »

 CLAIRE : » Je t'ai dit que ce n'était pas une question de sexe ! Pas étonnant qu’il se soit enfui. « 

LAOGHAIRE : » Eh bien, à part me réciter des vers, il ne faisait pas grand-chose pour nourrir la conversation.  J’ai essayé ! »

 Frustrée, Claire lance un regard noir à la jeune fille et s'en va, laissant Laoghaire en colère et frustrée.

 

25EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - ÉCURIES – SOIR 

 Claire trouve Jamie en train de soigner Donas.

 CLAIRE : » Jamie ? Je pensais que je pourrais te trouver ici. « 

JAMIE : » De plus en plus ces derniers jours, je pense que je préférerais être un animal. »

 CLAIRE : » Peut-être que tu reviendras en animal dans une autre vie. «  

JAMIE : » Les catholiques ne croient pas en ces choses, Sassenach. » 

 CLAIRE : « Je ne croyais pas au voyage dans le temps, mais me voici... Pas de chance avec Colum, je suppose. »

 JAMIE : « Non. Et toi avec le jeune Simon ? « 

Claire secoue la tête.

 CLAIRE : » J'ai bêtement compté sur un troisième allié. C'est une longue et inutile histoire maintenant. J'ai découvert ce que Maisri cachait à Lord Lovat. »

 JAMIE (intéressé) : » Oh oui ? « 

CLAIRE : » Mmmm. Elle a vu sa mort aux mains d'un bourreau. »

 JAMIE : » La mort réservée aux traitres. J’imagine qu’elle ne t’a pas dit si le bourreau travaillait pour le compte du roi George ou du Roi James ? « 

Bonne question.

CLAIRE : » J’ai bien peur que non. ».

Jamie soupire, posant la brosse à étriller.

JAMIE : » J'ai promis à Colum que je mettrais tout en œuvre pour sauver les Highlanders. Alors je dois le faire. « 

CLAIRE : » C'est trop, Jamie. Retrouvons le prince Charles avec les hommes de Lallybroch. »

 JAMIE : » Je ne peux pas aller voir le prince Charles en ayant échoué. Et il semble que je ne puisse pas obtenir les hommes de Lovat sans lui donner mes terres. Donc, à moins que tu n’aies décidé de te présenter comme une visiteuse du futur et de décrire ce qui, selon toi, va se produire si nous ne nous battons pas et ne gagnons pas, je ne vois pas beaucoup d’autres choix. »

 Il l'embrasse sur la tête et sort. Elle le regarde partir, en réfléchissant à ce qu’il vient de dire, puis le suit.  Sous une pluie battante.

 

 

26INT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - SALLE À MANGER - SOIR 

 Une série de papiers juridiques sur la table. Les plats du dîner ont été écartés, les convives, les domestiques et les serviteurs de Colum, dont le jeune Simon et Laoghaire -- se tiennent autour de la table comme des spectateurs face à un jeu de poker à l’enjeu terriblement élevé.

Sont assis Jamie, Colum et Lord Lovat. Claire est assise juste derrière Jamie, un verre à la main. Lovat saisit les documents juridiques.

 SEIGNEUR LOVAT : » J'ai demandé à mon secrétaire d'établir un pacte de neutralité entre les Fraser de Lovat et les MacKenzie de Leoch.

Colum semble soulagé. Jamie jette un coup d'œil à Claire, confus. Puis Lovat, les yeux brillants de malice et défi, fait glisser le document sur le côté, exposant un autre document légal.

SEIGNEUR LOVAT (à Jamie) : » Je lui ai également demandé de préparer un acte de saisine pour Lallybroch, me cédant la propriété. Signe-le et tu auras tes hommes pour le roi James. Ne le signe pas, et j'accorderai la neutralité à MacKenzie ici. Que choisis-tu ? »

Voyant son avantage lui échapper, Colum tente un coup, pense-t-il, qui provoquera Lovat.

COLUM : » Tu vas laisser ce garçon - même pas ton héritier légitime - décider du sort du clan Lovat ? »

 Lovat tourne son regard vers Colum.

SEIGNEUR LOVAT : » J'ai pris ma décision. Le garçon n'est qu'un obstacle qui se dresse sur mon chemin... (à Jamie) Alors, quel est ton choix, Obstacle ? « 

COLUM : » Ne sois pas idiot, Jamie ! »

 Un silence, puis Jamie, se sentant piégé, tend la main vers la plume.

 JAMIE : » Je fais ceci pour assurer l'avenir de ma famille et de mon peuple. »

 Lovat lui tend le papier. Il est sur le point de mettre la plume sur le papier quand... un verre s’écrase sur le sol derrière lui. Surpris, les hommes regardent autour d'eux et voient Claire, son verre de vin lui ayant glissé des doigts, regardant dans le vide, ses yeux exorbités, ses lèvres ouvertes.

SEIGNEUR LOVAT : » Qu'est-ce que vous regardez ? »

 JAMIE : » Claire... ? »

 Elle détourne son regard de Lovat avec beaucoup d'efforts.

CLAIRE : » J’ai encore une vision... « 

Jamie n’est pas dupe - Claire prétend avoir cette vision - Des murmures autour de la table alors que les yeux de Claire fixent Lovat. Ils s’élargissent avec inquiétude. Elle voit quelque chose que personne d’autre ne peut voir. Jamie se lève.

 

Anne Kenney : 

« C'est une autre scène qui a été difficile à écrire – tant de figurants et d’éléments à intégrer – mais encore plus difficile à tourner (même raison). 

J’ai aimé que Jamie et Claire ne discutent pas de ce qui allait se passer AVANT que cela n’arrive. 

 Les faire improviser nous en dit long sur leur relation et sur leur écoute mutuelle. » 

 

 JAMIE : » Claire ! « 

SEIGNEUR LOVAT : » Laisse-la tranquille ! « 

JAMIE (au Seigneur Lovat) : » Vous ne me donnerez pas d'ordres, c’est ma femme ! »

 Claire halète, ses yeux se révulsent, puis elle s’écroule dans les bras de Jamie. Pendant un instant, la foule abasourdie ne dit rien, puis tout le monde parle et bouge en même temps pendant que Jamie prend Claire dans ses bras et la porte sur un canapé. Lord Lovat le rejoint.

 JAMIE : » Claire ! Claire ! S'il te plait... » 

 SEIGNEUR LOVAT (terrifié) : » Qu'a-t-elle vu ? « 

Lentement, Claire reprend ses esprits. Elle regarde Jamie, qui prend un air confus.

CLAIRE : » Jamie... ? « 

SEIGNEUR LOVAT : » Qu'as-tu vu, sorcière ?! « 

JAMIE : » Reculez ! « 

COLUM : » Ah, Lovat, tu ne comprends pas que ce n’est qu’une comédie ? »

 JAMIE : » Une comédie ? Tu sais très bien qu'elle a été accusée de sorcellerie par ceux qui n'ont pas compris la différence entre la magie noire et le pouvoir des anciens. « 

On murmure encore plus dans la pièce. Colum réagit, énervé que ses machinations antérieures soient utilisées contre lui. Claire tourne son regard vers Lovat.

SEIGNEUR LOVAT : » Qu'a-t-elle vu ? « 

 JAMIE : » Tu n’es pas obligée de lui répondre, Claire. »

 SEIGNEUR LOVAT : » Elle le fera si elle veut sortir de cette pièce. »

 Jamie se lève pour lui faire face.

CLAIRE : » Tout va bien, Jamie. (Au Seigneur Lovat) Je... vous ai vu... debout dans la lumière éclatante du soleil. Il y avait un homme... derrière vous... il portait une cagoule noire. (Réalisant, horrifiée) Il y avait l'ombre d'une hache sur votre visage. »

 SEIGNEUR LOVAT (à Claire, ignorant Jamie) : » Quel homme ? Quel bourreau ?! Celui du roi James ou du roi George ? »

 CLAIRE : » Je ne me rappelle plus. (Se souvenant soudain) Le sol était couvert de roses blanches. »

 JAMIE : » Le symbole des Jacobites ! »

 Les yeux de Claire papillonnent alors qu’elle est « submergée » par l’épuisement de sa vision. Effrayé et énervé, Lovat attrape son couteau et se précipite sur Claire (essayant de tuer le messager, comme Maisri avait prédit).

Concentré sur Claire, Jamie ne se rend pas compte tout de suite de ce qui se passe.

SEIGNEUR LOVAT : » Sorcière ! Je t’arracherai la langue ! »

Alors qu’il se précipite pour tuer Claire, une main attrape son poignet et arrête son geste.

 JEUNE SIMON : » Arrête ! « 

Tout le monde dans la pièce se fige, y compris Lovat, qui ne peut pas croire que son fils lui ait réellement résisté. Il a osé l’arrêter ! Il est difficile de dire qui est le plus choqué : Lord Lovat ou le jeune Simon. Lord Lovat retrouve sa voix en premier…

SEIGNEUR LOVAT : » Comment oses-tu me défier, mon garçon ! »

 Un frisson de peur parcourt le jeune Simon, mais ensuite ses yeux tombent sur Laoghaire, qui le regarde comme un héros (reconnaissante d'avoir sauvé Jamie, même si le jeune Simon ne comprend pas cette partie). Fort de son admiration et de beaucoup de d'adrénaline, il tient bon.

JEUNE SIMON : » Toi et MacKenzie n’êtes que des vieux peureux, et vous avez tort. Mon cousin, lui, a raison. « 

Lord Lovat est momentanément choqué et réduit au silence.

LE JEUNE SIMON : » Il est de notre devoir de défendre notre pays et les nôtres. Je vais combattre pour le roi James. Je me battrai pour changer la vision de la Dame Blanche, même si tu ne le fais pas. »

 Jamie et Claire partagent un regard étonné et soulagé. La foule ne sait pas comment réagir, se tournant vers Lovat. Pris au piège, en conflit et paniqué, les yeux de Lord Lovat regardent frénétiquement Jamie, Claire et son fils. 

Puis une idée semble lui venir à l'esprit. Il se calme.

Un sourire lui tord les lèvres. Il s'avance vers le bout de table, il écarte l'Acte de Saisine, puis prend la plume et – à la surprise générale, signe l’accord de neutralité.

SEIGNEUR LOVAT : « Les Fraser de Lovat se tiendront aux côtés des MacKenzie de Leoch. Nous resterons neutres dans le conflit.  (Au jeune Simon) Je te souhaite bonne chance, mon garçon. (À Colum) Allez, MacKenzie. Buvons à notre nouvelle alliance. »

 Colum est aussi choqué que tout le monde, mais il ne va pas faire la fine bouche. Il est ravi. Tous deux signent et trinquent.

 Un WTF collectif (What the Fuck ? c’est quoi ce bordel ? Expression argotique, souvent écrite sous forme d’acronyme, ndlt) : qu’est-ce qui vient de se produire... ?

Jamie et Claire sont écœurés. Tant d’efforts pour rien. Le jeune Simon est dépité…

 

 

27EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - ÉCURIES – JOUR 

 Claire et Jamie finissent de charger leurs chevaux alors que le jeune Simon se met en selle. Colum (et Laoghaire) est aussi sur le départ.

 JEUNE SIMON : « Je suis prêt. ».

 JAMIE : » Tu as bien fait, jeune Simon. Je suis fier d’être de ta famille, et je serai fier de combattre à tes côtés. « 

Cela signifie beaucoup pour le jeune Simon, dont le courage est plus fragile maintenant, à la lumière du jour.

JEUNE SIMON : » Je vous attendrai devant le portail. »

 Il s'éloigne.

JAMIE : « Nous allons voir le prince sans rien. » 

 CLAIRE : » Au moins, nous avons pu sauver Lallybroch. « 

 

A28EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - COUR – JUSTE APRES 

 Les serviteurs de Colum lui préparent son carrosse et une charrette pour les domestiques et les bagages. Alors que certains serviteurs finissent de charger le chariot, Colum attend à côté de son carrosse. Claire et Jamie l’aperçoivent. Il interpelle Jamie.

COLUM : » Retourne chez toi retrouver ta famille. « 

JAMIE : » Je te l'ai dit, mon oncle. C’est impossible. »

COLUM : » (à Claire) Ne pouvez-vous pas lui faire entendre raison pour qu’il retrouve son foyer ? « 

CLAIRE : » Vous le connaissez depuis plus longtemps que moi. Qu'en pensez-vous « ?

Colum secoue la tête, puis…

COLUM : » C'est une bénédiction que sa mère n’ait pas vécu assez longtemps pour voir quel imbécile téméraire elle a engendré. (Puis, bourru) Donne-moi ta main. « 

Et Jamie le fait, aidant Colum à monter dans la voiture. Le vieil homme lance un dernier regard triste et dit au revoir à son neveu qui ferme la porte du carrosse.  Jamie lui adresse un mot en gaélique et lui serre la main.

JAMIE : « Nous devons partir aussi, Claire. Je dois arriver à Kingussie avant la fin de la semaine. »

 Claire lève les yeux et voit Laoghaire un peu plus loin, calant les dernières affaires sur le chariot. Laoghaire voit Claire.

CLAIRE : » Attends. Jamie, avant de partir... Je veux te demander de faire quelque chose pour moi. Va remercier Laoghaire. « 

JAMIE : » La remercier ? Pour quoi ? De ne pas avoir tenté de te faire arrêter au cours des deux derniers jours ? « 

CLAIRE : » S'il te plaît, Jamie. Pour moi. Je t’expliquerai tout plus tard. »

 Jamie hésite, puis traverse la cour en direction de Laoghaire.

 

B28EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT – LAVOIR DANS LA COUR – JUSTE APRES 

 Jamie s'approche de Laoghaire.

JAMIE (rigide) : « On m'a dit de te remercier, exactement pourquoi, je ne sais pas. Alors... Merci, Laoghaire. « 

Laoghaire jette un coup d'œil à Claire, qui les regarde.

 LAOGHAIRE : » J'espère qu'un jour je pourrai aussi obtenir ton pardon, Jamie… « 

Jamie hoche la tête, incrédule, et retourne dans la cour. Laoghaire le regarde partir. LAOGHAIRE : » (à elle-même) … Et ton amour... « 

 

C28EXT. CHÂTEAU DE BEAUFORT - COUR – JUSTE APRES 

Jamie et Claire montent à cheval. Laoghaire sort en courant du lavoir et grimpe sur le chariot de Colum, et tout le monde franchit les portes du Château de Beaufort...

 

28EXT. LANDE DES HIGHLANDS - PLUS TARD 

 Claire, Jamie et le jeune Simon franchissent une colline à environ un kilomètre et demi du Château de Beaufort. Ils s'arrêtent quand ils aperçoivent des centaines d’hommes du seigneur Lovat, à cheval et à pied, les attendant.

 CLAIRE : « Qui sont-ils ? »

 JEUNE SIMON (étonné) : « Les hommes de mon père... »

 Et Lord Lovat se dirige vers eux au galop, souriant comme le chat qui a mangé le canari. SEIGNEUR LOVAT (au jeune Simon) : « Ne reste pas là à me regarder bouche bée, espèce de glaiket sumph ! Rejoins tes hommes ! Transformer celui-là en soldat sera un plus grand exploit que de battre les britanniques ! »

 Lord Lovat sourit impudemment à Claire.

SEIGNEUR LOVAT : » Quelle vision avez-vous de moi maintenant, Dame Blanche ? « 

Jamie secoue la tête, dans une expression de dégoût et d’une certaine admiration.

CLAIRE (mystifiée) : » Je ne comprends pas... « 

JAMIE : » Maintenant, il semble que mon grand-père ait envoyé son héritier se battre. Les Stuart diront que Lord Lovat a soutenu le roi James, s’ils gagnent. « 

SEIGNEUR LOVAT : » Ils ne peuvent pas me faire exécuter pour trahison. « 

CLAIRE : » Mais... qu'en est-il de votre pacte de neutralité ? « 

SEIGNEUR LOVAT : » Je crois que le vieux Colum MacKenzie dit vrai, et ça me protégera si les Britanniques gagnent. »

 

Anne Kenney : 

« Dans cette interaction entre Colum et Jamie, je voulais voir le respect et l'affection que ces deux personnes ont l'un pour l'autre, malgré leur désaccord sur un sujet aussi important. 

Cela me fait penser aux histoires que l’on entend sur la guerre civile américaine, où des familles se sont battues dans des camps opposés, mais étaient néanmoins des familles, et cela rend le désaccord encore plus déchirant. «  

 

CLAIRE : » Et si les Britanniques gagnent, que se passera-t-il ? Et votre fils qui se bat pour les Jacobites ? »

 SEIGNEUR LOVAT (haussant les épaules) : » Il a fait son choix, celui-là. Vous l'avez vu vous-même hier soir. Essayer de persuader les autres de le suivre. Je vous remercie, Dame Blanche. Je n’aurais pas gagné autant sans vous. « 

JAMIE : » Vous n'avez pas eu Lallybroch. « 

SEIGNEUR LOVAT : » Pas encore. Allons-y ! »

 Et il donne des coups de pied violents à son cheval, retournant au galop vers le Château de Beaufort.

JAMIE : » Dis-moi que je ne lui ressemble en rien, Sassenach. « 

CLAIRE : » J'ai bien peur d'avoir déjà eu affaire à une tournure d’esprit aussi fourbe. »

 Il ne peut en fait pas contester ce point.

 JAMIE : » Je devrai peut-être repenser notre promesse ne pas se mentir. « 

Il lance son cheval. Claire sourit et le suit.

 

29EXT. LANDE DES HIGHLANDS – JOUR 

Alors que le groupe se dirige vers Kingussie, Jamie et Claire en tête de file, le jeune Simon juste derrière eux...

CLAIRE (Voix Off) : » Alors que nous mettions de la distance entre nous et son grand-père répugnant, mon cœur s'allégea. Nous avions les hommes de Lovat. Jamie aurait les faveurs du prince. Et la chance de porter la rébellion jusqu’à la victoire. Maisri avait dit que nous pouvions changer le futur. Peut-être le pourrions-nous. Peut-être l’avions-nous déjà fait. « 

 

Anne Kenney : 

« L’un des défis et des plaisirs de l’écriture de cet épisode était tous les rebondissements. Tout le monde essaie de manipuler les autres, et ce qui ressemble à une perte à un moment donné se transforme en victoire le moment suivant, et vice versa. «  

 

 

 

FIN DE L'ÉPISODE