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Pour rappel, la correction se fera ainsi 

En noir : le texte tel qu'il est dans la version française et validé par la traductrice

En Bleu : le texte tiré de la version originale, absent dans la version française d'origine et enfin traduit.

En blanc et rayé, le texte ajouté dans la version française d'origine ne figurant pas dans la version originale.

Correctif

Tome 3  Chapitre 42

Outlander, tome 3, Le Voyage, chapitre 42, ©Diana Gabaldon 

  

Description : A bord de l’Artémis, Jamie et Claire parlent de Brianna. Claire évoque à quel point la décision de la laisser pour partir rejoindre Jamie lui a été difficile. 

  

Traduit par : Lucie Bidouille 

Corrigé par : Anne Montégu-Terrière 

 

42. L'homme sur la lune

 

 

[…]

 

– Elle est belle, murmura-t-il comme chaque fois qu'il regardait les photos. Et intelligente aussi, non ? 

– Comme son père. 

Je l'entendis pouffer de rire. Puis il passa à la photo suivante et il se raidit légèrement. Je tournai la tête pour savoir laquelle il regardait. C'était celle de Brianna sur la plage, à l'âge de seize ans. Elle jouait dans les vagues, de l'eau jusqu'aux chevilles, éclaboussant son ami Rodney qui tentait de se protéger en riant aux éclats. 

Jamie fronça les sourcils. Je savais que ce cliché le mettait mal à l'aise, mais il ne m'en avait encore rien dit. 

– Je... euh... hésita-t-il. Je ne voudrais pas avoir l'air de critiquer, Sassenach. Mais tu... ne crois pas que c'est un peu... indécent ? 

Je me retins de rire. 

– Pas du tout, dis-je nonchalamment. En vérité, c'est un maillot de bain plutôt pudique pour l'époque. 

Le maillot en question était un bikini mais qui remontait presque jusqu'au nombril. 

– J'ai choisi cette photo pour que tu puisses la voir... le mieux possible.

Il eut l'air légèrement scandalisé par cette idée, mais ses yeux revinrent vers l'image, irrésistiblement attirés. 

– Bah... fit-il. Elle est vraiment très belle et je suis content de l'avoir vue ainsi. Il tint la photo à la lumière, l'étudiant attentivement. 

– Ce n'est pas sa tenue qui me gêne. La plupart des femmes se baignent nues dans les lochs et il n'y a pas à avoir honte de son corps. Mais c'est... le garçon. Elle ne devrait pas se montrer comme ça devant un homme. 

Je regardai le pauvre Rodney, un jeune garçon maigrelet que j'avais vu grandir, essayant de l'imaginer comme une menace pour la pureté virginale de ma fille. Je cherchai soigneusement mes mots. Nous avancions là sur un terrain délicat. 

– C'est que... à mon époque, les garçons et les filles jouent librement ensemble, expliquai-je. Les gens s'habillent différemment. Ils sont vêtus très légèrement. D'ailleurs, ils ne portent pas grand-chose, sauf quand il fait froid. 

– Mmphm... oui, je sais, tu me l'as déjà raconté. 

À  son ton, je devinai qu'il n'était guère impressionné par la moralité des contemporains de sa fille.

 

Il regarda à nouveau la photo en grimaçant et je fus soulagée que ni Rodney ni Brianna ne soient présents. Jusque-là, j'avais connu Jamie en tant qu'amant, mari, frère, oncle, laird et soldat, mais jamais sous les traits d'un féroce père écossais. Il faisait peur à voir. Pour la première fois, je songeai qu'il était peut-être aussi bien qu'il n'ait pas veillé personnellement à l'éducation de Brianna. Il aurait terrorisé les garçons qui auraient eu l'audace de courtiser sa fille

– Tu crois que... elle est encore vierge ? demanda-t-il soudain. 

– Bien sûr ! m'écriai-je d'un ton indigné. 

À  dire vrai, j'en étais presque sûre, mais ce n'était pas le moment de laisser planer le moindre doute. S'il y avait beaucoup de choses que Jamie était capable de comprendre sur mon époque, la libération sexuelle des années soixante n'en faisait pas partie. 

– Ah ! fit-il, incapable de masquer son soulagement. 

– Brianna est une fille très bien. Frank et moi ne nous entendions pas toujours à merveille, mais nous étions tous les deux de bons parents, je peux te l'assurer. 

– Oui, je sais, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. C'est juste que... elle n'a pas un mari pour la protéger, ni personne pour veiller sur elle en attendant qu'elle en trouve un... Tu penses qu'elle va s'en sortir, maintenant qu'elle est toute seule ? 

 

«Aye, je sais, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.» Il eut l’élégance de paraître mal à l’aise, et rangea soigneusement le cliché de la plage dans son paquet. Il remit les photos dans sa poche, les tapotant afin d’être sûr qu’elles étaient en sécurité. Il leva les yeux vers la lune, et fronça légèrement les sourcils. Le vent marin souleva des mèches de ses cheveux, les détachant du ruban qui les liait, et il les repoussa d'un air absent. De toute évidence, il avait encore quelque chose en tête.  

«  Penses-tu, » commença-t-il doucement, sans me regarder, « penses-tu qu’il était sage de venir me retrouver maintenant, Claire ? Ce n’est pas que ne veuille pas de toi, » ajouta-t-il précipitamment en me sentant me raidir. Il attrapa ma main, m’empêchant de me détourner.  

«   Non, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire ! Par le Christ, je te veux ! » Il m’attira à lui, pressant ma main dans la sienne contre son cœur. « Je te veux 

tellement que parfois j’ai l’impression que mon cœur va éclater de joie », ajouta-t-il plus doucement. « C’est juste que… Brianna est seule maintenant. Frank est parti, et toi aussi. Elle n’a pas de mari pour la protéger, pas de parent pour la voir mariée et en sécurité. N’aura-t-elle pas besoin de toi ? Je veux dire, n’aurais-tu pas dû attendre un peu ?» 

Je gardais un moment le silence avant de répondre, essayant de maîtriser mes propres émotions.  

«   Je n’en sais rien », dis-je enfin d’une voix tremblante malgré mes efforts. « Tu sais, les choses sont différentes là-bas. »  

«  Je le sais ! »  

«  Non ! » Je dégageai ma main et le fusillai du regard. « Tu n’en sais rien Jamie, et je n’ai aucun moyen de te le faire comprendre, parce que tu ne me croirais pas. Mais Bree est une femme adulte ; elle se mariera quand elle le voudra, et pas quand quelqu’un l’arrangera pour elle. Elle n’a pas besoin de se marier d’ailleurs. Elle a une bonne éducation, elle peut très bien gagner sa vie par elle-même. Les femmes en sont capables. Elle n’a pas besoin d’un homme pour la protéger… »  

«  Et s’il n’est plus nécessaire pour un homme de protéger une femme et de prendre soin d’elle, alors je pense que ce sera vraiment une triste époque ! » Il me fusilla du regard. Je pris une profonde inspiration, essayant de rester calme.  

«  Je n’ai pas dit que ce n’était pas nécessaire. » Je posai une main sur son épaule et me mis à parler d’un ton plus doux. « J’ai dit qu’elle avait le choix. Elle n’a pas besoin de se marier par nécessité, elle peut le faire par amour. »  

Son visage se détendit légèrement.  

«  Tu t’es mariée avec moi par nécessité », dit-il.  

«  Et je suis revenue à toi par amour », répondis-je. « Penses-tu que j’avais moins besoin de toi, uniquement parce que je pouvais me nourrir seule ? »  

Les rides de son visage s’atténuèrent, et je sentis son épaule se détendre sous ma main tandis qu’il observait mon visage.  

« Non », dit-il doucement. « Je ne pense pas. »  

Il m’entoura de son bras et m’attira à lui. Je passai mes bras autour de sa taille et le serrai fort contre moi, sentant sous ma joue la petite pochette contenant les photos de Brianna.  

«  J’étais inquiète à l’idée de la quitter », murmurai-je au bout d’un moment. « Elle m'a poussée à partir, car nous avions peur que si j'attendais plus longtemps, je ne parvienne pas à te trouver. Mais je me suis inquiétée quand-même. » «  Je sais. Je n'aurais pas dû parler de ça. » Il écarta mes boucles de son menton, les lissant. 

  

«  Je lui ai laissé une lettre », dis-je. « C'est tout ce que j’ai trouvé à faire - sachant que je… que je pourrais ne pas la revoir. » Je plissai mes lèvres et avalai ma salive.  

Ses doigts caressaient doucement mon dos.  

«  Aye ? C'était une bonne idée, Sassenach. Que lui as-tu écrit ? » Je ris, légèrement tremblante.  

«   Tout ce qui me passait par la tête. Des conseils maternels, le peu que j’avais. Toutes les choses pratiques : où se trouvaient l'acte de la maison et les papiers de famille. Et tout ce que je savais ou pouvais penser sur la meilleure manière de 

mener sa vie. Je suppose qu'elle ignorera tout ceci et aura une vie merveilleuse - mais au moins elle saura que je pensais à elle. »  

Il m'avait fallu près d'une semaine pour écumer les placards et les tiroirs du bureau de notre maison à Boston, afin de trouver tous les papiers professionnels, les livrets de banque, les papiers hypothécaires et autres affaires familiales. Il y en avait un bon nombre concernant la famille de Frank qui traînait : d'énormes livres et des dizaines de tableaux généalogiques, des albums de photographies, des cartons de lettres conservées. Mon côté de la famille était beaucoup plus simple à résumer.  

J'avais soulevé la boîte que je gardais sur l'étagère de mon placard. C'était une petite boîte. L'oncle Lambert était un collectionneur, comme tous les érudits, mais il n'y avait pas grand-chose à sauvegarder. Les documents essentiels d'une petite famille : les certificats de naissance, les miens et ceux de mes parents, leur certificat de mariage, les papiers d’immatriculation de la voiture qui les avait tués - quel caprice ironique avait poussé l'oncle Lamb à garder cela ? Il n'avait vraisemblablement jamais ouvert la boîte, mais l’avait seulement gardée, avec la foi que l'information ne devait jamais être détruite, car qui savait à quoi elle pouvait servir, et à qui ?  

Evidemment, je connaissais déjà son contenu. Il fut une période dans mon adolescence où je l’ouvrais tous les soirs pour regarder les quelques photos qu'elle contenait. Je me rappelais mon profond besoin de cette mère dont je ne me souvenais pas, et de l’effort inutile pour me l’imaginer, pour la ramener à la vie à partir des petites photographies sombres de la boîte.  

La plus jolie était une photo d’elle en gros plan, le visage tourné vers l'appareil photo, les yeux chaleureux et la bouche délicate, souriant sous un chapeau cloche en feutre. La photographie avait été teintée à la main : ses joues et ses lèvres étaient d'un rose artificiel, et ses yeux d'un brun doux. Oncle Lamb m’avait confié que c'était faux : ses yeux étaient d'or, disait-il, comme les miens.  

Je pensais que peut-être ce moment d’intense besoin maternel était passé pour Brianna, mais je n'en étais pas sûre. J'avais fait réaliser un portrait en studio de moi-même la semaine précédente. Je l'avais placé soigneusement dans la boîte et l'avais fermée, et j'avais mis la boîte au centre de mon bureau, où elle ne manquerait pas de la trouver.  

 

Puis je m’étais assise pour lui écrire.   

  

Ma chère Bree... avais-je écrit avant de m’arrêter. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas envisager d'abandonner mon enfant. Voir ces trois mots à l’encre noire sur cette page avait révélé toute la folie de cette entreprise dans une clarté froide qui m’avait glacée jusqu'aux os.  

Ma main avait tremblé et la pointe du stylo avait tracé de petits cercles vacillants au-dessus de ma feuille. Je l’avais posé et avais serré mes mains entre mes cuisses, les yeux fermés.  

«   Reprends-toi, Beauchamp », avais-je marmonné. « Écris cette damnée lettre et c’est terminé. Si elle n'en a pas besoin, cela ne fera pas de mal, et si elle en a besoin, elle l’aura avec elle. » J'avais pris le stylo et j'avais recommencé à écrire.  

Je ne sais pas si tu liras ceci un jour, mais il vaut peut-être mieux le mettre par écrit tout de même. Voici ce que je sais de tes grands-parents (les vrais), de tes arrière-grands-parents et de tes antécédents médicaux... 

J'avais écrit pendant un certain temps, couvrant les pages les unes après les autres. Mon esprit s'était calmé avec l'effort de mémoire et la nécessité de consigner clairement les informations, puis je m’étais arrêtée en réfléchissant.  

Que pouvais-je lui dire, au-delà de ces quelques faits dénués de sentiments ? Comment transmettre le faible savoir que j'avais acquis en quarante-huit ans d'une vie assez mouvementée ? Ma bouche s’était ironiquement tordue en songeant à cela. Une fille écoute-t-elle sa mère ? Aurais-je écouté la mienne si elle avait été là pour me conseiller ?  

Cela ne faisait aucune différence, cependant. Je devais juste l’écrire, que ce soit utile ou non.  

Mais ce qui était vrai durerait éternellement, malgré le temps qui passe et les changements de mentalités. Qu'est-ce qui lui serait utile ? Et surtout, comment pourrais-je lui dire à quel point je l'aimais ?  

L'énormité de ce que j'étais sur le point de faire apparut devant moi, et mes doigts se crispèrent avec force sur le stylo. Je ne pouvais pas penser. Je ne pouvais que faire courir le stylo sur le papier et espérer.  

Ma petite fille, avais-je écrit avant de m’arrêter. Puis j’avais dégluti et m'étais remise à écrire.  

Tu es mon bébé et tu le resteras toujours. Tu ne sauras pas ce que cela signifie avant d'avoir un enfant à toi, mais je te le dis quand-même - tu resteras toujours une partie de moi autant que lorsque tu partageais mon corps et que je te sentais bouger dans mon ventre. Toujours.  

Je peux te regarder dormir, et penser à toutes les nuits au cours desquelles je t'ai bordée, m’approchant dans le noir afin d’écouter ta respiration, posant ma main sur toi pour sentir ta poitrine monter et descendre, sachant que quoi qu'il arrive, le monde tourne bien parce que tu es en vie.  

Tous les petits noms dont je t’ai affublée au cours du temps – mon poussin, ma petite citrouille, ma précieuse colombe, ma chérie, mon petit cœur, ma mignonne… Je sais pourquoi les juifs et les musulmans ont neuf cents noms pour Dieu ; un seul petit mot ne suffit pas pour Amour.  

J'avais cligné des yeux pour m’éclaircir la vue, et j'avais continué à écrire avec empressement. Je n'avais pas osé prendre le temps de choisir mes mots, sinon je savais que je ne les écrirais jamais.  

Je me rappelle tout ce qui te concerne : de la minuscule ligne de duvet doré qui zigzaguait sur ton front quand tu n’étais âgée que de quelques heures, jusqu’à l'ongle bosselé du gros orteil que tu as cassé l'année dernière, lorsque tu t’es battue avec Jeremy et que tu as donné un coup de pied dans la portière de son pick-up.  

Seigneur, ça me brise le cœur de penser que tout ça va s'arrêter… Ne plus te regarder ni voir tous les petits changements… Je ne le saurai pas quand tu arrêteras de te ronger les ongles, si jamais cela arrive. Te voir devenir soudainement plus grande que moi, et découvrir la forme qu’aura pris ton visage. Je me souviendrai toujours, Bree, cela ne changera pas.  

Il n'y a probablement personne d'autre sur terre, Bree, qui sait à quoi ressemblait l'arrière de tes oreilles quand tu avais trois ans. J'avais l'habitude de m'asseoir à côté de toi pour lire « Un poisson, deux poissons, un poisson rouge, un poisson bleu » ou « Les Trois Boucs Bourrus », et je voyais ces oreilles rosir de 

bonheur. Ta peau était si claire et si fragile, je pensais que le moindre contact te laisserait des marques.  

Tu ressembles à Jamie, je te l'ai dit. Mais tu as aussi un petit quelque chose de moi. Regarde la photo de ma mère, dans la boîte, et la petite photo en noir et blanc de sa mère et de sa grand-mère. Tu as les mêmes sourcils larges et clairs, comme moi. J'ai aussi vu bon nombre de Fraser, et je pense que tu vieilliras bien, si tu prends soin de ta peau.  

Prends soin de tout, Bree - oh, je souhaite - eh bien, je souhaitais pouvoir prendre soin de toi et te protéger de tout, toute ta vie. Mais je ne peux pas, que je reste ou que je parte. Prends soin de toi, cependant - pour moi. 

  

Mes larmes avaient alors taché le papier, et j’avais dû m'arrêter pour les éponger, de peur qu'elles n’étalent l'encre jusqu’à rendre le texte illisible. J'avais essuyé mon visage et j'avais repris, plus lentement.  

Tu dois le savoir, Bree, je ne regrette pas. Malgré tout, je ne regrette rien. Tu sais maintenant à quel point j'ai été seule pendant longtemps, sans Jamie. Cela n'a pas d'importance. Si le prix de cette séparation était ta vie, ni Jamie ni moi ne pouvons le regretter (je sais que cela ne le dérangerait pas que je parle à sa place).  

Bree… tu es ma joie. Tu es parfaite et merveilleuse - et je t’entends dire maintenant, sur un ton exaspéré : « Mais bien sûr que tu penses ça… tu es ma mère ! » Oui, et c'est pour ça que je le sais.  

Bree, tu vaux tout, et plus encore. J'ai fait beaucoup de choses dans ma vie jusqu'à présent, mais la plus importante de toutes était de vous aimer, ton père et toi.  

Je m’étais mouchée et avais cherché une autre feuille de papier. La chose la plus importante était que je ne pourrais jamais exprimer tout ce que je ressentais, mais c'était le mieux que je puisse faire. Que pouvais-je ajouter pour l’aider à bien vivre, à grandir et à vieillir ? Qu'avais-je appris, que pouvais-je lui transmettre ?  

Choisis un homme comme ton père, avais-je écrit. L'un des deux. J'avais secoué la tête - pouvait-il y avoir deux hommes plus différents ? - mais je l’avais écrit quand-même en pensant à Roger Wakefield. Une fois que tu auras choisi un homme, n'essaye pas de le changer, écrivais-je, avec plus de confiance. C’est impossible. Plus important encore, ne le laisse pas essayer de te changer. Il ne peut pas y arriver non plus, mais les hommes essaient toujours.  

J’avais mordu le bout du stylo, goûtant la saveur amère de l'encre de Chine. Et finalement j'avais donné le dernier et le meilleur conseil que je connaisse, à propos du vieillissement.  

Tiens-toi droite et essaye de ne pas grossir.  

Avec tout mon amour,  

Maman 

 

Les épaules de Jamie tremblaient alors qu'il s'appuyait contre le bastingage, je ne pouvais pas dire si c’était de rire ou d’autre chose. Dos à la lune, sa chemise blanche luisait et son visage demeurait dans l’obscurité. Enfin, il se retourna et m'attira à lui.  

«  Je pense qu'elle s’en sortira très bien », murmura-t-il. « Peu importe qu’elle ait un pauvre idiot comme père, aucune fille n'a jamais eu de meilleure mère. Embrasse-moi, Sassenach, car crois-moi, je ne t’échangerais pas contre tout l’or du monde. » 

– Je l'espère. Tu sais, les choses ont bien changé. Elle est adulte, elle se mariera quand elle le voudra et si elle le veut. À vrai dire, se marier n'est pas une nécessité. Elle a fait des études, elle peut gagner sa vie. Les femmes sont comme ça, maintenant, enfin, à l'époque où vit Brianna. Elles n'ont plus besoin d'un homme pour les protéger.  

– Mmphm... tu parles d'un progrès ! Si les femmes n'ont plus besoin des hommes ! Je pris une profonde inspiration, essayant de rester calme.  

– Je n'ai pas dit que Brianna n'avait pas besoin d'un homme, mais simplement qu'elle avait le choix. Elle n'est pas obligée de se jeter au cou du premier venu pour subvenir à ses besoins. Elle se mariera par amour.  

Ses traits se détendirent légèrement.  

– Tu m'as bien choisi par nécessité, toi.  

– Et je suis revenue par amour. J'étais parfaitement capable de me protéger et de gagner ma vie toute seule, là-bas. Ce n'est pas pour autant que j'avais moins besoin de toi.  

– Non. C'est vrai.  

Glissant un bras autour de ma taille, il me serra contre lui.  

– Je suis sûr qu'elle s'en sortira très bien, murmura-t-il, car, même si son père n'est qu'une pauvre cloche, elle a eu la meilleure des mères. Embrasse-moi, Sassenach. Tu peux me croire, je ne t'échangerais pas contre tout l'or du monde.