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Une histoire de variole :

la variolisation 

 

Texte :  Françoise Rochet 

Illustration : Gratianne Garcia 

«  Je n'étais pourtant pas immunisée contre toutes les maladies, sinon je n'aurais pas eu de fièvre à Paris. Mais peut-être l'étais-je contre les plus communes ? Ce qui pouvait s'expliquer en partie grâce aux vaccins. Je savais que je ne pouvais pas attraper la variole, le typhus, le choléra et la fièvre jaune. Cette dernière était peu probable dans la région, mais savait-on jamais ? Je reposai ma tasse et palpai mon épaule à travers l'étoffe de ma manche. La cicatrice du BCG était toujours là, adoucie par le temps, et je sentais encore un léger bourrelet sous mes doigt. » 

  

Le Talisman 

  

T2 Ch 38 Le pacte avec le diable  

 

Diana Gabaldon 

La variole est récurrente dans Outlander.

 

C’est une maladie que l’on appelle aussi la "petite vérole".

 

Nous constatons que l’item "variole" est cité, essentiellement, dans le Talisman (27 fois) et dans les Tambours de l’automne (12 fois).

Cette maladie n’est pas sans importance dans la vie de Jamie : son frère en mourut.

Les mésaventures de Claire avec le Comte de Saint Germain commencent à cause d’elle ! Roger fait face à la crainte d’une épidémie lors de sa traversée sur le bateau de Bonnet….

Ensuite, la maladie semble disparaître dans les tomes consacrés au Nouveau Monde et si nous la retrouvons, c’est souvent par rapport à une référence au passé européen des protagonistes et occasionnellement chez les Natifs. Et pourtant, nous savons ce qu’elle coûta aux Indiens !

Pour mémoire, Claire, Brianna et Roger ont reçu un vaccin et non une variolisation.

 

Vous retrouverez d’autres extraits à la fin de l’article.

 

La variolisation, le combat contre cette maladie avant l’apparition des vaccins, rencontra bien des péripéties dont une dans le Nouveau Monde. 

Et pour une fois, l’obscurantisme était du côté des scientifiques. La lumière vint d’un esclave et d’un Puritain de Boston. L’histoire nous semble assez intéressante pour s’y pencher…

Nous pourrons constater que les grandes idées et découvertes peuvent se chevaucher.

Qui eut l’idée le premier de la variolisation ? 

Qui osa le premier ? 

Que nous disent les livres d’histoire ?

La variole, cette grande tueuse de l’humanité, bien plus mortelle que les guerres serait apparue vers le IVe millénaire av. J.-C. Des traces de cicatrices trouvées sur les visages de momies égyptiennes ont été considérées comme l'indice que la variole sévissait au Moyen-Orient, il y a plus de 3 000 ans. 

La première mention écrite de la variole vient d'un médecin d'Alexandrie, Aaron, vers le VIIè siècle. 

La variole est probablement exportée vers l'Inde par voie commerciale au cours du premier millénaire avant J-C. La maladie aurait été introduite en Chine en l'an 49 de notre ère (selon des descriptions d'éruptions pustuleuses laissées par des auteurs chinois du IVè siècle).

 

Ni les Grecs ni les Romains n’ont donné de nom à cette maladie cependant d’après les descriptions des auteurs, Il est probable que les grandes épidémies qui avaient frappé l'Empire romain au IIè siècle et au IVè siècle étaient la variole.

 

À partir du Vè siècle, des épidémies de variole sont signalées en Europe. Saint Nicaise, évêque de Reims, survécut à une épidémie et devint le saint patron des victimes de la variole, avant d'être martyrisé par les Huns vers 451. Les historiens ont retrouvé sa trace à la Mecque en 572. On la retrouve en Corée en 585 et au Japon où elle tue 1/3 de sa population en 730.

 

Vers l'an mille, la variole s'est établie par la guerre ou le commerce, d'une part sur le littoral méditerranéen, et d'autre part dans les parties de l'Eurasie les plus densément peuplées (Route de la soie). Toutefois, il reste de nombreuses régions indemnes en Europe centrale et du nord, qui seront plus ou moins touchées après les retours des Croisades.

 

Au XVè siècle, la variole se définit comme une maladie des enfants, bien que les adultes soient touchés. 

A partir de 1500, la présence de la variole en Espagne est à la source de l'introduction de la variole en Amérique du Sud par les Conquistadors.

 

La variole fut la terrible maladie du XVIIIe siècle. Très contagieuse, elle était marquée par de la fièvre, des vomissements et la formation de pustules qui marquaient le corps. Elle était souvent épidémique, en particulier dans les villes. Il n’y avait pas de traitement contre le virus de la variole. Il était juste possible d’atténuer les symptômes (fièvre...).

Bien connue depuis des siècles, la variole était donc inconnue en Amérique jusqu'à l'arrivée des Européens. La variole et d'autres maladies infectieuses, comme la rougeole, firent rage dans les populations amérindiennes dans les premières années de la colonisation, qu’elle soit espagnole, portugaise, française ou anglaise.

 

 

Les Natifs en furent victimes et souvent en moururent. Devant cet hécatombe, les colonisateurs n’eurent d’autres choix que de faire venir des esclaves africains pour suppléer au manque de main d’œuvre.

Le procès des sorcières de Salem, entre février 1692 et mai 1693, est encore dans toutes les mémoires. Dans plusieurs villages du Massachusetts, eut lieu l'arrestation d'une centaine de personnes et l'exécution de quatorze femmes et de six hommes.

  

C'est la chasse aux sorcières la plus importante de l'histoire de l'Amérique du Nord.

 

Cependant, un pasteur puritain et son fils Cotton Mather tentèrent de s’opposer à ce procès et mirent en garde les juges contre la recevabilité des témoignages de spectres (témoignages de victimes de sorcellerie affirmant avoir été attaquées par un fantôme prenant la forme de quelqu'un qu'elles connaissaient).

 

La personne en bonne santé développa un cas bénin de la maladie qui ne mettait pas sa vie en danger. Une fois la maladie terminée, la personne était immunisée contre la variole.

Le 26 juin,  il accepta d'inoculer son fils et deux de ses esclaves contre la maladie.

Par la suite, il inocula entre 180 et 250 autres Bostoniens

 

D'autres médecins avaient également accepté le processus, de sorte que l'année suivante, lorsque l'épidémie se termina, près de trois cents personnes avaient été inoculées.

 

Oui, l’expérience fut un incontestable succès puisque sur les 300 sujets inoculés, six moururent (2 %), alors que près d’un millier de Bostoniens – dont 400 pendant le seul mois d’octobre – périrent de la maladie, soit un taux de 14 %.

De toute évidence, l'inoculation avait fonctionné.

Mais comme toujours une opposition vit le jour et elle survint là où on ne l’attendait pas.

 

Beaucoup craignaient que les inoculations contre la variole ne propagent pas que la maladie. Ils s’opposèrent violemment au travail de Boylston et ses adversaires menacèrent même sa famille. Peu de temps après avoir inoculé son fils, Boylston fut arrêté. Les autorités le libérèrent après qu'il ait promis de n'inoculer qu'avec la permission du gouvernement.

 

En avril 1721, un navire venant d’Europe et ayant à son bord des membres de l’équipage atteints de la variole entra dans le port.

Dès l'apparition de la maladie, les autorités de Boston mirent en quarantaine les malades. 

Mais l'épidémie s’était propagée.

 

Cotton Mather avait entendu parler de l'inoculation par son esclave Onésime. Il avait raconté à son maître qu'en Afrique, il avait été « soigné » contre la variole et n'avait jamais attrapé la maladie. Il lui en expliqua le procédé qui selon lui venait de Chine.

 

Homme très écouté et respecté, Mather appela publiquement les médecins locaux à « varioliser » les Bostoniens.

Hélas, les maladies se fondent également sur ces hommes mal traités et mais pourtant bien plus résistants que les Indiens : dysenterie, chiques, ulcères, éléphantiasis, lèpre, syphilis, pian, tétanos et bien sûr variole.

Il n’y a guère de vieux esclaves et la mortalité infantile est énorme.

Dans les premières villes américaines, la maladie était cependant moins fréquente et donc moins connue que dans les villes européennes. Par conséquent, elle n’en était que plus terrifiante. Les Américains hésitaient à naviguer vers l'Europe simplement en raison de leur peur de la maladie. Ainsi, les riches Américains qui auraient voulu envoyer leurs fils à Edimbourg ou à Londres pour être éduqués les envoyèrent à Harvard ou Yale…. Ce qui participa finalement à la renommée de ces institutions.

 
Il fallait trouver des solutions, aussi empiriques soient-elles, contre cette maladie !

 

Et c’est à Boston qu’une idée surgit ! 

 

La société bostonienne est minée par un Puritanisme archaïque dans un monde en pleine évolution.

Zabdiel Boylston, un médecin de Boston formé dans la colonie,  accepta l'inoculation de la variole préconisée par Cotton Mather.

Il tira donc du pus d'une pustule d'une personne infectée qui avait un cas bénin et inséra le même pus dans une personne en bonne santé. 

Cotton Mather se distingua très vite par son intelligence. Entré  à  l'université d'Harvard à l'âge de 15 ans, en 1678, il rejoignit son père à la North Church de Boston comme pasteur assistant. Il ne devint pasteur en titre qu'à la mort de son père en 1723.

 

Il est l’auteur de plus de 450 livres et ses travaux littéraires firent de lui l'un des chefs religieux les plus influents dans la colonie américaine.

 

Ses discours sur la moral traditionaliste étaient écoutés et il appela les deuxième et troisième générations de Puritains à un retour aux sources théologiques du Puritanisme.

 

Mais c’était un esprit curieux et inventif qui malgré son attachement aux traditions avançait dans l’Esprit des Lumières du XVIIIeme siècle.

 

Il faut dire que les réticences contre la variolisation s’expliquaient en raison du caractère un peu "hasardeux" du geste. Inoculer du pus d'un variolique en espérant ne faire qu’une forme bénigne de la maladie, cela était un pari risqué.

 

La campagne anti-vaccination était menée par un médecin de Boston, titulaire d'un diplôme européen de médecine, l’écossais William Douglass, qui s'opposa dès le départ à l’inoculation. Douglas fit valoir qu'une inoculation généralisée pourrait propager la maladie puisque ce traitement allait à l’encontre de la pratique de l’isolement du porteur. Elle risquait d’étendre la maladie, de faire mourir le patient. Il y avait un risque de l’affaiblir en rendant vulnérable à d’autres maladies comme la syphilis puisque l’inoculation se pratiquait en faisant passer le sang du donneur vers le patient par une blessure ouverte.

 

Au-delà des réticences et des peurs, nous voyons apparaître une lutte entre le monde médical traditionnel européen et le monde médical « exotique » non orthodoxe de la médecine chinoise, africaine voire amérindienne. Le fait que Mather ait entendu parler d’inoculation pour la première fois au contact d’un esclave africain joua un rôle central dans cette opposition véhémente.

 

Une autre controverse apparu dans le monde clérical !

 

L'opposition fit valoir également que Mather et Boylston s’immisçaient dans les affaires divines.

Si Dieu a choisi certaines personnes pour devenir malades, quel humain devrait oser s'opposer à la volonté de Dieu ? Les ecclésiastiques puritains de Boston se divisèrent. C’était une lutte entre les Anciens et les Modernes. Des attaques et des contre-attaques eurent eu lieu dans les journaux, mais le temps et le succès évident de l'inoculation l'ont emporté. Finalement, Douglass lui-même en vint à l'inoculation et en devint un défenseur à vie.

 

Cotton Mather avait gagné !

Au début des années 1800, la plupart des Bostoniens comprenaient que l'inoculation était un outil précieux. Mais, malgré le succès de l'inoculation, la variole affligeait toujours Boston et d'autres villes qui étaient les portes d’entrée du Nouveau Monde. Les responsables espéraient empêcher la propagation de la maladie dans la grande ville. La plupart des patients provenaient évidemment de navires qui accostaient. Une lettre datant de 1807, note que 104 navires sont en quarantaine.

 

Boston mit régulièrement en quarantaine des patients sur l'île de Rainsford dans le port de Boston. L’ile servit également à différentes époques d’hôpital, de lieu de sépulture, d’hospice, d’hôpital pour anciens combattants, de centre de redressement pour les jeunes délinquants.

La variolisation fut introduite en France par le docteur Théodore Tronchin qui inocule son fils puis, en 1756, les enfants de Louis Philippe d'Orléans.

 

Le 26 avril 1774, les symptômes de la « petite vérole » apparaissent alors que Louis XV est au Petit Trianon.

 

Louis XVI est inoculé le 10 mai 1774, quelques semaines après la mort de son aïeul.

Mais ce phénomène resta limité à une élite aristocratique, et ne se répandra pas parmi le peuple, malgré une tentative, en 1786 de faire inoculer les enfants abandonnés et orphelins des Provinces.

Cependant, entre 1765 et 1787, le docteur Jean-François-Xavier Girod (1735-1783) fait inoculer 33 619 personnes en Franche-Comté soit plus de 10 % de la population de la province.

 

La méthode resta en France largement controversée, en raison de ses risques, parce qu'elle était accusée de provoquer des épidémies, les personnes inoculées étant contagieuses. La Faculté de médecine, sollicitée par le parlement, est partagée entre pro et anti-variolisation.

Jean François Coste l'introduit au sein des armées napoléoniennes.

 

La méthode d’inoculation a été largement remplacée en 1796 par la vaccination proposée par Edward Jenner considéré comme le «père de l'immunologie ».

 

Mais ceci est une autre histoire.

Plusieurs origines sont possibles mais non vérifiables. Certains parlent d’une pratique de la médecine ayurvédique (médecine non traditionnelle originaire des Indes) et d’autres prétendent que dès le XIème siècle, les Chinois pratiquaient la variolisation, propagée par les moines taoïstes dans toute la Chine. Cependant cette pratique en Chine n'est documentée de manière incontestable qu'à partir du XVIème siècle.

 

Elle s'est progressivement propagée le long de la route de la soie aux limites de l’Europe.

L’introduction de l’inoculation, et les progrès de la médecine d’une manière générale, jouèrent ainsi un rôle considérable sur le long terme dans la résistance des colons face aux maladies infectieuses.

Au moment de l’Indépendance, la population américaine était mieux nourrie et en meilleure santé que les Européens.

 

En fait que savons-nous de la variolisation, une pratique très ancienne,  qui accosta sur les côtes anglaises et américaines par des voies différentes mais plus ou moins à la même époque ?

Quelques extraits dans Outlander 

T1 Ch 25 Au bucher les sorcières 

 

 

Ce premier extrait nous introduit dans l’univers de Claire : une l’infirmière vaccinée, immunisée et qui va tenter d’expliquer à Jamie l’évolution des sciences, des recherches et des progrès de la médecine. Déjà, nous entrevoyons le gouffre qui pourrait les séparer rien qu’à cause de cette maladie.

 

 

«  — Oui, dis-je. Oui, je suis une sorcière ! Pour toi, je ne peux que l’être. Je n'ai jamais eu la variole, mais je peux traverser une pièce pleine de malades agonisants sans jamais l'attraper. Je peux soigner les malades, respirer le même air qu'eux, toucher leur corps et la maladie ne m'atteindra jamais. Je ne peux attraper ni le choléra ni le tétanos. Pour toi, ce ne peut être que de la magie, parce que tu n'as jamais entendu parler de vaccin. »

A propos de la traduction 

 

Pour terminer, il ne vous aura pas échappé qu’au début de ce dossier, nous avons mis en exergue cet extrait :

 

T2 Ch 32. Un pacte avec le diable.  

« Je n'étais pourtant pas immunisée contre toutes les maladies, sinon je n'aurais pas eu de fièvre à Paris. 

Mais peut-être l'étais-je contre les plus communes ? Ce qui pouvait s'expliquer en partie grâce aux vaccins. Je savais que je ne pouvais pas attraper la variole, le typhus, le choléra et la fièvre jaune. Cette dernière était peu probable dans la région, mais savait-on jamais ? Je reposai ma tasse et palpai mon épaule à travers l'étoffe de ma manche. La cicatrice du BCG était toujours là, adoucie par le temps, et je sentais encore un léger bourrelet sous mes doigt. » 

 

Le texte original en anglais est :

 

« Plainly I was not immune to all diseases, or I would not have had the fever.  

But the common communicable ones? Some were explainable on the basis of vaccination, of course. I couldn’t, for example, catch smallpox, typhus, cholera, or yellow fever. Not that yellow fever was likely, but still.  

I set down the cup and felt my left arm, through the cloth of the sleeve.  

The vaccination scar had faded with time, but was still prominent enough to be detectable; a roughly circular patch of pitted skin, perhaps a half-inch in diameter. » 

 

Madame Diana Gabaldon n’utilise pas le terme BCG qui désigne le vaccin de la tuberculose.

 

Le traducteur aura sans doute pensé que la trace laissée par ce BCG parlerait plus aux lecteurs français afin de visualiser cette trace.

 

Le texte intégral donnerait en français :

 

«  La cicatrice de vaccination s'était estompée avec le temps, mais elle était encore suffisamment proéminente pour être détectable ; une tache à peu près circulaire sur la peau boursouflée, peut-être d'un demi-pouce de diamètre. » 

 

La même confusion existe déjà dans le Chardon et le tartan

 

T 1 Ch Ch 25 Au bûcher les sorcières 

 

Le texte original en anglais est :

 

«   For I hadn’t stood frozen at the revelation of Geilie’s pregnancy. It was something else I had seen that chilled me to the marrow of my bones. As Geilie had spun, white arms stretched aloft, I saw what she had seen when my own clothes were stripped away.  

A mark on one arm like the one I bore. Here, in this time, the mark of sorcery, the mark of a magus. The small, homely scar of a smallpox vaccination. » 

 

Le texte intégral donnerait en français aurait dû être

 

«  Car ce n'était pas la vision de la grossesse de Geillis qui m'avait glacé le sang. En la regardant tourner sur elle-même, les bras en l'air, j'avais aperçu ce qu'elle-même avait dû voir quand on m'avait arraché mes vêtements. Une marque identique à la mienne. Ici, en ce temps, la marque de Satan ou celle d'un grand sorcier. Mais, pour ceux de mon époque, la simple et banale petite cicatrice ronde du vaccin de la variole. » 

 

La dernière phrase a été traduite par « Mais, pour ceux de mon époque, la simple et banale petite cicatrice ronde du vaccin du BCG. »

 

En 1701, le savant Giacomo Pylarini réalise la première inoculation à Constantinople, capitale de l’Empire Ottoman. A partir de là, cette méthode va s’étendre vers l’Europe.

En mars 1718, Lady Mary Wortley Montagu, la femme de lettres et épouse de l'ambassadeur du Royaume-Uni à Constantinople, fait inoculer son fils avec succès.

 

 

À  son retour à Londres, où sévit une épidémie de variole, elle fait varioliser sa fille âgée de 3 ans en présence de médecins de la Cour royale, le 11 mai 1721. Un mois avant, à Boston, Cotton Mather avait déjà promu l'inoculation. Ce qui prouve que les Bostoniens furent bien des précurseurs dans le monde occidental.

 

Devant le succès de cette « opération byzantine », Caroline d'Ansbach, l'épouse du roi Georges II de Grande-Bretagne, fait inoculer ses deux filles âgées de onze et neuf ans, le 17 avril 1722.

 

La diffusion de cette nouveauté médicale devait être décisive, mais l'acceptation de la méthode, en Grande-Bretagne puis dans le monde occidental, ne fut que progressive.

i 1721. Un mois avant, à Boston, Cotton Mather avait déjà promu l'inoculation. Ce qui prouve que les Bostoniens furent bien des précurseurs dans le monde occidental.

T2 Ch6 « L’art de se faire des amis » 

 

«  Je ne pouvais pas faire grand-chose de toute façon, je n'avais pas apporté mon coffret à remèdes avec moi. Mais j'étais curieuse. Jared semblait consterné et préoccupé.  

Ils craignent que ce soit la variole, mais ils n'en sont pas certains. Ils ont envoyé chercher l'inspecteur des douanes et le chef de la capitainerie.  

– Vous voulez que j'aille y jeter un coup d’œil ? proposai-je. Je pourrai peut-être vous dire s'il s'agit d'une maladie contagieuse ou non.  

– Claire est une bonne guérisseuse, expliqua-t-il. Puis, se tournant vers moi, il fit non de la tête. 

– Pas question, Sassenach. C'est trop dangereux. » 

 

T2 Ch11 « Le besoin de se rendre utile » 

 

«  — Oui, en effet. J'ai eu le malheur de dire devant tout le monde qu'un de ses marins était atteint de la variole et son navire a été aussitôt détruit. Je crois... qu'il m'en veut un peu.  

— Ah, c'était donc ça ! »… 

  

Claire, l’incorrigible infirmière, toujours prête à sauver son prochain va payer bien cher ce besoin de se rendre utile. Elle ignore à cet instant que la loi est très sévère. Tout sera brûlé, navire et marchandises. 

Enfreindre la loi était une règle que les négociants, capitaines, armateurs pratiquaient afin d’éviter ce risque de tout perdre. Peu scrupuleux, ils cachaient l’épidémie…

Le profit passait avant l’intérêt de la population. 

Le Comte de Saint Germain n’oubliera pas l’épouse de cet Ecossais, cette mêle-tout.

T2 Ch23 « Un avertissement » 

 

 Ha les gamins, nous aurions envie de dire ! Simuler une variole. Pour une idée, c’est une idée ! Mais une idée de génie, à condition d’avoir les bons ingrédients.

Cet extrait comique nous met pourtant en face de la réalité de la situation.

Un bateau infesté était brûlé ainsi que la marchandise.

La variole devient donc une arme économique et politique. 

Et Jamie a bien l’intention de s’en servir pour éviter que Charles Stuart entre en possession de ce butin. 

L’objectif est d’empêcher cette guerre contre les Anglais. L’argent et l’or sont le nerf de la guerre.

Jamie le sait. Il faut agir coûte que coûte.

Une fausse variole n’a jamais fait de mal à personne. 

Petite cause, grands effets !

 

«  – La variole ?  

– Ouais, confirma Murtagh en reposant son verre. La variole. 

La variole, répéta doucement Jamie. La variole... Enfoncé dans son fauteuil, il fixa son parrain d'un air méditatif. Puis un léger sourire apparut au coin de ses lèvres.  

Murtagh l'observait d'un air résigné. Il se servit un second verre et le but tout en suivant des yeux Jamie qui s'était levé brusquement et tournait à présent en rond dans la chambre, sifflotant un air entre ses dents.  

– Ne me dis pas que tu viens encore d'avoir une idée ! soupira le petit homme brun. 

– Si, ricana Jamie. Pour une idée, c'est une idée ! Il se tourna vers moi, l'air malicieux. »  

«  – Dis, Sassenach, tu n'aurais rien dans ton coffret qui puisse donner de la fièvre à quelqu'un ? ou des sueurs ? ou des boutons ?  

– Euh... si, dis-je en réfléchissant. J'ai du romarin, du poivre de Cayenne. Et de la cascara, bien sûr, qui donne la diarrhée. Mais pour quoi faire ?  

Il s'approcha de Murtagh avec un grand sourire et, dans un élan d'enthousiasme inattendu, éclata de rire et ébouriffa la tignasse de son vieux compagnon. Murtagh lui lança un regard torve. Avec ses mèches drues hérissées sur son crâne, il ressemblait étrangement au singe de Louise.  

– Écoutez ça ! dit Jamie en se penchant vers nous d'un air de conspirateur. Si le navire du comte de Saint-Germain rentrait du Portugal avec la variole à bord ?  

– Tu as perdu la tête ! m'exclamai-je. Qu'est-ce que ça changerait ?  

Murtagh esquissa une moue cynique.  

– Ça changerait que le navire et sa cargaison seraient automatiquement brûlés ou coulés dans le port, répondit-il. La loi l'exige.  

Ses petits yeux noirs se mirent à briller à leur tour. 

– Comment comptes-tu t'y prendre, mon garçon ? L'exaltation de Jamie baissa d'un cran.  

– Eh bien... je n'ai pas encore tous les détails, mais on pourrait commencer par...  

Le plan demanda plusieurs jours de discussion et de recherches avant d'être enfin au point : la cascara amère fut écartée, car les diarrhées qu'elle provoquait étaient trop invalidantes. Toutefois, je découvris de bons substituts dans l'un des herbiers que maître Raymond m'avait prêtés. » 

T2 Ch 47 Laissons parler les baisers langoureux 

 

Claire est à Inverness et fait des recherches sur Jamie, aidée de Roger. Elle en profite pour lui montrer son arbre généalogique et lui explique pourquoi il est le descendant de Geillis et de Dougal. 

Et par la même occasion, nous comprenons pourquoi on appelait cette maladie « la maladie des familles ».

   

« Son doigt s'arrêta soudain sur la page. 

Voilà ! s'écria-t-elle. C'est à cet endroit que ça s'est produit, juste à ce niveau. Sa main balaya le bas de la page.  

— Tout le reste est bon, expliqua-t-elle. Ce sont bien vos parents, vos grands-parents, vos arrière-grand-parents.  

.. Mais tout ce qui est au-dessus de cette branche est faux. Roger, se pencha sur la feuille.  

— Vous voulez dire à partir de William Buccleigh MacKenzie ? né en 1744 de William John MacKenzie et de Sarah Innés, mort en 1782 ?  

Claire secoua la tête. 

— Erreur, il est mort de la variole en 1744, à l'âge de deux mois 

Elle releva les yeux vers lui et le dévisagea avec une intensité qui lui fit froid dans le dos. 

 — Vous n'êtes pas le premier enfant adopté de la famille, dit-elle. » 

T3 Ch60 Le parfum des pierres précieuses 

 

 Cet esclave Ishmael nous fait penser à un autre esclave, Onesime qui a été variolisé en Afrique. 

L’un et l’autre survivent à une terrible épidémie. 

Qui sait si Ishmael n’a pas été aussi inoculé par un « sage » de son village natal ? 

«  Ishmael avait été capturé sur la côte du golfe de Guinée et embarqué, avec six cents autres arrachés à leurs villages du Niger et du Ghana, dans les cales du Perséphone. En sortant du passage des Caïques, le navire s'était éventré sur le récif d’Hogsty, au large de l'île d'Inagua. L'équipage avait tout juste eu le temps de sauter dans les chaloupes de sauvetage. Les esclaves, enchaînés dans les cales, avaient tous péri noyés. Tous, sauf un... un homme qui avait été remonté des cales peu avant le naufrage pour aider au service, les deux garçons de salle étant morts de la variole au cours de la traversée. Cet homme, abandonné sur le pont par l'équipage du navire, avait survécu en s'accrochant à un tonneau de liqueur, rejeté par les vagues sur une plage d'Inagua deux jours plus tard.» 

T4 Ch24 « Le mal rôde » 

 

Lord John est à Fraser’s Ridge.  Pendant le dîner,  il pose des questions à Claire sur les épidémies dans les colonies et s’intéresse à la vulnérabilité des Indiens et à la robustesse des Africains.

 

Dites-moi, madame Fraser, reprit-il, est-il vrai que les sauvages sont davantage vulnérables aux infections que les Européens, alors que les esclaves africains sont nettement plus robustes que leurs maîtres ? 

— Tout dépend de l'infection, répondis-je. Les Indiens sont beaucoup plus résistants aux maladies parasitaires, comme le paludisme, provoquées par des organismes locaux, tout comme les Africains supportent mieux des affections telles que la fièvre rouge, qu'ils ont apportée avec eux. En revanche, les Indiens ont peu de défenses immunitaires contre les maladies européennes comme la variole ou la syphilis. » 

Et la conversation continue…. 

« Lord John parut pris de court, ce qui me procura une petite satisfaction. De toute évidence, sa question avait été purement rhétorique. Il ne s’était pas attendu à m’entendre lui donner des éclaircissements. 

— Comme c’est fascinant ! s’écria-t-il, intéressé. Vous voulez parler des micro-organismes ? Dois-je en conclure que vous souscrivez à la théorie de M. Evan Hunter sur les créatures miasmatiques ?  

Ce fut à mon tour d’être désarçonnée. 

— Euh… non, pas précisément. 

 Je me hâtai de changer de sujet.  »

Mais qui est ce M. Evans Hunter ?

 

A vrai dire, malgré des recherches tout azimuts, nous n’avons pas trouvé grand-chose si ce n’est que d’après Outlandish Companion, Evans Hunter serait une personnalité du monde médical….

 

L’avis de recherche est lancé.

 

 

Par contre, ceci a été trouvé

 

https://en.m.wikipedia.org/wiki/John_Hunter_(surgeon) 

Sur le Wikipedia anglais, nous apprenons que John Hunter fut le professeur, puis le collaborateur d’Edward Jenner, le pionnier de la vaccination contre la variole. 

https://en.m.wikipedia.org/wiki/William_Hunter_(anatomist) 

https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Hunter_(chirurgien) 

https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Hunter_(anatomiste) 

Les Miasme de Sir John

 

  

Émanation malsaine considérée dans l'Antiquité comme la source de maladies contagieuses.

 

T6 Ch13 En de bonnes mains 

 

 Jamie dit à Claire qu’il a eu la variole petit, il se trouve donc immunisé. 

 «  Il réfléchit un instant avant de reprendre :

 J’ai eu la variole quand j’étais petit, mais je ne crois pas que j’ai failli en mourir. On m’a dit que c’était un cas bénin.   

 

T 8-2 Ch107 « Le cimetière » 

 

Les dates précises de la mort de William, le frère de Jamie, inscrites sur sa tombe à Lallybroch.

 

 « William Simon Murtagh MacKenzie Fraser Fils bien-aimé Né en 1716, mort de la variole en 1727 


Avec ces deux évocations, Jamie nous parle de son enfance, de son frère, de la variole…

Nous comprenons la douleur causée dans les familles qui étaient impuissantes devant la maladie.

Aucun remède n’existait.

Tout au plus, on essayait d’alléger la souffrance….

 

 

T6 Ch46 « Scotchee » 

  

Cette description d’une indienne de 14 ans avec le visage variolé est un rappel de ce que fut le choc de la rencontre entre les Blancs et les Natifs.

 

Il faut se souvenir que l’arrivée des Européens a un effet dévastateur et catastrophique en transmettant aux Natifs des maladies. Les nouveaux venus ont involontairement introduit des agents pathogènes contre lesquels les indigènes n’avaient que peu ou pas de défenses immunitaires, déclenchant rougeole, malaria, fièvre jaune, grippe, peste bubonique, varicelle, choléra, rhume, diphtérie, grippe, paludisme, scarlatine, maladies sexuellement transmissibles (à l'exception possible de la syphilis ), typhoïde , typhus, tuberculose (bien qu'une forme de cette infection existait en Amérique du Sud avant le contact),coqueluche et surtout variole

 

Alfred W. Crosby, un pionnier dans l’étude du dépeuplement de l’Amérique coloniale, explique que c’était comme « laisser tomber des allumettes enflammées dans de l’amadou.

Ces maladies ravagèrent la population lors de vagues épidémiques successives qui semèrent la mort sur ces « terres vierges ». Il est très difficile de trouver un chiffre exact des victimes amérindiennes, mais certains auteurs parlent de plus de 50 % de la population autochtones. A ce chiffre, il faut ajouter les guerres entre tribus, les guerres conduites par les Européens, les autres calamités comme l’alcoolisme, des vagues de suicides, famines…, qui viendront décimer radicalement cette population.

 

Les épidémies provoqueront une réduction radicale des effectifs. Cette situation avivera à son tour les conflits intertribaux, car plusieurs groupes chercheront à refaire leurs forces en intégrant des captifs. Ces peuples autrefois pacifiques découvriront la violence.

 

Ensuite, et comme cela ne suffisait pas, le génocide fut organisé par la jeune république, toujours avide d’étendre son territoire.

Les épidémies provoqueront une réduction radicale des effectifs. Cette situation avivera à son tour les conflits intertribaux, car plusieurs groupes chercheront à refaire leurs forces en intégrant des captifs. Ces peuples autrefois pacifiques découvriront la violence.

 

Ensuite, et comme cela ne suffisait pas, le génocide fut organisé par la jeune république, toujours avide d’étendre son territoire.

«  Comme il s’y était attendu, négocier le rachat ne fut qu’une simple question de marchandage. Au bout du compte, Mme Lumière lui revint assez bon marché : six médailles, quatre couteaux et une boussole. Certes, il ne l’avait pas vue avant que l’affaire soit conclue ; autrement, il aurait proposé encore moins. Cette adolescente d’environ quatorze ans, menue, avait le visage variolé et un léger strabisme. 

  

Au fond, tous les goûts étaient dans la nature. Lumière et Bernache avaient été prêts à mourir pour elle. Elle devait avoir bon cœur, ou un autre excellent trait de caractère, comme un goût et un talent pour le lit. »

 

 

T 4 Ch 38 Les périls de la mer

  

Dans ce long chapitre, Roger découvre avec horreur ce que signifie avoir la variole sur un bateau.

 

«  Et toi, qu’est-ce que tu fiches ici ? se demanda Roger. Si un des passagers s’était caché dans les cales, c’était sans doute parce qu’il ou elle avait attrapé la variole. Dans ce cas, Roger ne pourrait pas lui être d’un grand secours. Alors, pourquoi était-il descendu ? 

  

La réponse était simple : parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Ce n’était pas qu’il se reprochât de n’avoir rien pu faire pour les malheureux passés par-dessus bord. Rien n’aurait pu les sauver et la mort par noyade n’était pas plus terrible qu’une lente agonie. Enfin… c’était ce qu’il se répétait depuis la veille. »

T8-1 Ch55 « Les vestales » 

 

 Dans cet extrait, Diana Gabaldon nous fait rencontrer de manière plus intime le héros de la Révolution américaine. Et elle nous donne un petit détail décelé par Claire : il a eu la variole.

Ce fait est absolument exact et les bibliographies du Général Washington en parlent.

 

Voici ce que dit Liliane Kerjan dans sa bibliographie de Georges Washington :

 

Le 15 octobre 1751, les Virginiens assistent à la représentation d'une tragédie, qui arrive de Londres. Avec « Le Marchand de Londres », Washington voit sa première pièce de théâtre. Mais le voilà qui tombe malade, douleurs au dos, mal de tête, fièvre, apparition de boutons : il a attrapé la petite vérole. Le jeune homme sait bien que cette maladie va laisser des traces sur sa peau. En outre, si l'on peut dire, grâce à l'épisode de petite vérole, il est désormais immunisé : à lui les campements et les sorties à risques, à lui les aventures et les casernes… À lui les avancements aussi, puisqu'il devient le major Washington. Il a 20 ans.

 

«  Je savais que Washington et La Fayette survivraient quoi qu’il advienne (il était déroutant de penser désormais à eux comme à des hommes plutôt qu’à des noms). Les grands pores sur le nez de Washington quand il s’était penché pour me baiser la main, les cicatrices de la variole sur ses joues, son odeur, un mélange d’amidon et de sueur, de vin et de poudre de perruque (il en portait toujours en dépit de la chaleur), son haleine fétide et douceâtre due à ses dents gâtées… » 

Outlander, ses héros et leurs religions