MENU 

Les métaphores de l'épisode  603 : Tempérance 

 

 

Dans un post sur sa page facebook, Diana se confie à ses lecteurs  

 

"Je pense que les réalisateurs et les scénaristes ont fait un excellent travail d'adaptation cette saison - et j'ai particulièrement aimé leur version de cette scène, où ils ont habilement tissé l'histoire du toucher de Jamie en prison dans le scénario de la chirurgie de Claire sur la main de Tom Christie. 

En fait, la métaphore du toucher est présente tout au long de cet épisode, depuis Roger sauvant le petit Henri-Christian de la rivière, en passant par la leçon de Jamie aux «méchantes petits canailles» qui l'ont jeté dans la rivière, jusqu'à la main de Tom Christie et la douloureux tourment de Claire. Mais il s’agit d’un toucher guérisseur (et quel usage de sa prise nouvellement restaurée Tom a choisi de faire). 

Alors j'ai pensé que je vous rappellerai à tous la scène originale du livre; vous pouvez voir comment ils ont adapté le dialogue de Jamie afin d’inclure les perceptions de Claire – et puis il y a le dernier passage, pour lequel les spéculations de Claire à propos de Tom ont été remplacées". 

– La nuit, à Ardsmuir, il faisait très sombre dans la cellule. Parfois, il y avait une lune ou un ciel rempli d’étoiles, mais, même dans ce cas, couchés à même le sol, on ne voyait rien. Tout était noir… mais on pouvait entendre. 

Entendre le souffle de quarante hommes, le bruissement de leurs corps quand ils remuaient. Des ronflements, des toux, les sons d’un sommeil agité… et les bruits furtifs de ceux qui ne pouvaient pas dormir. 

– Il se passait parfois des semaines sans qu’on y pense, reprit-il d’une voix plus assurée. On avait toujours faim, froid. On était vidés. On ne réfléchissait pas beaucoup, sauf pour poser un pied devant l’autre, soulever une autre pierre… On ne voulait pas penser. C’était plus facile ainsi. Pendant un temps. 

– Mais, parfois, il se passait quelque chose. Les brumes de l’épuisement se dissipaient, soudain, sans prévenir.  Parfois, cela nous tombait dessus… c’était à cause d’une histoire que l’un de nous avait racontée, d’une lettre envoyée par une épouse ou une sœur. Parfois rien. Personne n’en parlait, mais on se réveillait au beau milieu de la nuit et c’était là, comme l’odeur d’une femme couchée à tes côtés. 

Les souvenirs, les désirs… les besoins. Ils devenaient alors des hommes incandescents, extirpés de la torpeur de la résignation par la brusque conscience de ce qu’ils avaient perdu. 

– L’espace de quelques jours, tout le monde devenait un peu fou. Il y avait sans cesse des bagarres. Et la nuit, dans le noir… 

La nuit, on entendait les bruits du désespoir, des sanglots étouffés ou des halètements furtifs. Certains hommes finissaient par s’abandonner aux bras les uns des autres, parfois pour être repoussés par des cris ou un coup de poing, parfois pas. 

  

Je n’étais pas sûre de comprendre ce qu’il cherchait à me dire, ni le rapport avec Thomas Christie. Ou, peut-être, lord John Grey. 

– Est-ce que certains… ont essayé de te toucher ? 

– Non. Aucun n’aurait jamais osé. J’étais leur chef. Ils m’aimaient, oui, mais ils n’auraient jamais, jamais, osé. 

Il prit une grande inspiration saccadée. 

– Tu en avais envie ? murmurai-je. 

Je sentais mon cœur battre jusque dans le bout de mes doigts. Il répondit d’une voix si faible que je l’entendis à peine. 

– J’en crevais d’envie. Plus encore que de manger. Plus que de dormir, même si je voulais désespérément trouver le sommeil, pas seulement parce que j’étais épuisé, mais parce que, dans mes rêves, tu m’apparaissais parfois. Mais ce n’était pas l’envie d’une femme, même si, Dieu sait, ce besoin était puissant. C’était juste… le besoin d’une caresse humaine. Uniquement ça. 

  

Sa peau brûlait de désir, au point qu’il avait l’impression de devenir translucide, et que son cœur à vif était visible dans sa poitrine. 

– Tu te souviens de ces représentations du Sacré-Cœur, celles qu’on a vues à 

Paris ? 

Oui, je les revoyais, dans les tableaux de la Renaissance ou sur les vitraux aux couleurs vives de Notre-Dame. L’Homme de douleur, son cœur exposé et transpercé, irradiant l’amour. 

– J’y repensais souvent et je me disais que celui qui avait eu cette vision du 

Seigneur était très probablement très seul pour l’avoir si bien compris. 

Je déplaçai ma main pour la déposer avec délicatesse sur la petite dépression au milieu de sa poitrine. Les draps étaient repoussés, et sa peau était fraîche. 

Il ferma les yeux et serra ma main, fort. 

– Je me disais que je savais ce que Jésus avait dû ressentir… de vivre un tel manque, et personne pour le toucher. 

Par Caitlin Gallagher  

pour le journal en ligne The Dipp.com 

 

Spoilers à venir pour Outlander Saison 6, Épisode 3, « Tempérance ». 

 

Lorsque Tom Christie a accepté que Claire effectue une intervention chirurgicale sur sa main, les lecteurs de la série de livres Outlander savaient qu’ils allaient se régaler. Dans un courriel à The Dipp, l’auteure Diana Gabaldon a discuté de la chirurgie de Tom dans l’épisode 3 et de la façon dont ces moments de « Temperance » mettent en évidence une différence clé entre Jamie et Tom Christie sur Outlander. 

 

Avant la saison 6, Gabaldon avait déclaré à Angela Hickey d’Outlander Cast que l’épisode 603 était l’un de ses épisodes préférés de cette saison (les autres étant les 601, 607 et 608). Et elle m’avait déjà dit à quel point elle était impressionnée par les séquences mettant en vedette Mark Lewis Jones dans le rôle de Tom Christie se faisant travailler la main par Claire de Caitríona Balfe avec une aide de Jamie de Sam Heughan. Je voulais donc voir ce qu’elle avait à dire sur ces scènes maintenant qu’elles ont été diffusées. 

L’auteure, qui fait l’éloge de « Temperance » pour son « tissage très habile de multiples arcs de personnages » (en particulier, elle souligne les performances « incroyablement puissantes » de Lauren Lyle et César Domboy à la suite de la naissance d’Henri-Christian), note que son histoire préférée était celle de l’opération de Tom, à commencer par sa présence à la porte de Claire dans l’épisode précédent, « Allégeance ». 

 

Dans l’épisode 3, Claire effectue l’opération, ce qui, selon Gabaldon, est « tour à tour drôle et déchirant » car il « montre un travail d’équipe habile entre Claire et Jamie pour l’accomplir ». Après que Tom ait refusé l’éther et n’ait pris qu’une gorgée de whisky, c’est à Jamie de lire des versets bibliques pour empêcher Tom de se déplacer sous le couteau de Claire. L’emprise ferme de Jamie sur l’épaule de Tom a peut-être aussi été d’une certaine aide. 

  

 

 

Plus tard dans la nuit, lorsque Claire va voir son patient, Tom s’ouvre à elle, partageant son temps avec Jamie à Ardsmuir. Tout comme Tom dans Un souffle de neige et de cendres, il ne peut pas comprendre pourquoi il y a toutes ces années, Jamie s’est sacrifié pour le prisonnier qui détenait le tartan interdit, le qualifiant « d’acte de courage extraordinaire... incompréhensible. 

 

« La conversation de fin de soirée de Tom avec Claire éclaire davantage son attitude envers Jamie, un homme qui peut faire des choses que Tom ne peut même pas comprendre, et encore moins faire lui-même », dit Gabaldon. (Comme Claire se le pense dans le livre, Jamie fait ce qu’il fait « parce que c’est un foutu héros, c’est pourquoi ».) 

 

Au-delà de Tom Christie lui-même, il y a ce que sa présence amène Jamie et Claire à discuter lorsque Claire retourne au lit. Bien qu’il soit évident que Jamie et Tom sont des personnes très différentes, Gabaldon dit que c’est cette « conversation au plus profond de la nuit entre Claire et Jamie » qui souligne une différence intrinsèque - comment Jamie valorise « l’importance du toucher ». 

Alors que Tom s’éloigne des mains guérisseuses de Claire, Jamie raconte à quel point il voulait désespérément sentir le toucher d’une main en prison. 

 

Cela illustre la crevasse entre Jamie et Tom : Tom craint le toucher comme un péché ; Jamie en a envie, comme la vie », écrit Gabaldon. Alors que Tom est fondamentalement un homme bon et moral, ses peurs le contraignent et déforment ses relations avec le monde. Jamie tend la main, toujours à la recherche de connexion – et la trouve. » 

 

Le toucher fait aussi partie du lien entre Jamie et Claire... pas seulement comment ils se touchent, mais comment ils l’utilisent sur les autres. « Contrastez avec la propre vision de Claire sur le toucher », ajoute Gabaldon. « Elle touche pour réconforter, pour guérir – mais n’hésite pas à causer une douleur intense, si nécessaire. » 

 

« Jamie a une épée et dirk; elle a une lancette – mais les deux sont en acier, et ils comprennent cela l’un de l’autre. 

Et aussi instruit que soit Tom et même s’il admire apparemment Jamie et Claire (même s’il a du ressentiment), c’est quelque chose qu’il ne comprendra jamais.