Mais il nous faut dépasser ce mythe qui prit naissance lors de la victoire du Nord « progressiste » sur le Sud « esclavagiste » au lendemain de la guerre de Sécession en 1865.
À cette époque, le monde occidental était en recherche d’une « Histoire Nationale » et le jeune État n’échappa pas au phénomène de ce nationalisme exacerbé.
Le Mayflower et les Pères Pèlerins (Pilgrim Fathers) ont bien existé, mais l’importante de sa place dans l’histoire des États-Unis est une création du XIXe siècle.
Mais ne perdons pas de vue cependant que la Nouvelle-Angleterre, (dont le Massachusetts), est essentielle dans l’évolution culturelle de la colonie et son action sur l’évolution de la future nation indépendante, fit que les Puritains devinrent les symboles des valeurs, dont se réclamait le Nord, puis par extension tous les États-Unis.
Voici la Colonie du Nord : Nouvelle Angleterre.
C’est le Nord qui aurait donné une identité religieuse et politique au futur État Indépendant.
Elle est donc considérée comme la colonie fondatrice de l’Etat Américain… et pourtant cette région fut colonisée après la Virginie, colonie du Sud.
Dans l’histoire des États-Unis, deux événements majeurs de la légende nationale sont à retenir : le baptême de Pocahontas dans l’Etat de Virginie et l’arrivée du Mayflower en Nouvelle Angleterre.
Nous reviendrons plus tard sur la fondation de la Virginie puisque nous avons choisi de présenter ces colonies selon un ordre géographique en allant du Nord au Sud.
L’idée était donc de rester majoritairement anglais, puritains et protégés des influences extérieures.
Cela signifiait bien un repli sur soi-même !
Après de nombreuses tractations avec des Compagnies Maritimes, ils trouvèrent à Plymouth, en Angleterre, le Mayflower, un bateau appartenant à la Compagnie Maritimes de Virginie. Ils signèrent un contrat par lequel en échange du voyage, ils s’engageaient à faire fructifier la colonie qu’ils établiraient.
Le but était de fonder une colonie entre le 34ème et le 41ème parallèle, qui se trouverait assez loin des comptoirs existants afin de ne pas être sous la coupe de l’Église Anglicane dont ils contestaient l’autorité.
Le 6 septembre 1620, cent deux passagers montèrent à bord, dont les trente-cinq Puritains «Pèlerins » minoritaires.
Les autres étaient des artisans (dont le savoir-faire sera essentiel par la suite), principalement des Anglais qu’ils nommèrent « les Étrangers » car non Puritains.
La traversée dura 66 jours.
Ce fut une épreuve terrible et pourtant, ils n’eurent à déplorer qu’un seul mort, un jeune marin qui s’était moqué de leur religiosité.
Il n’en fallut pas plus pour y voir la divine protection.
Avant de débarquer, les hommes tiennent conseil, y compris les « Étrangers », et 41 d’entre eux signent un pacte qui fixe les statuts de la future colonie : le Mayflower Compact.
Cette charte va être considérée comme une pierre angulaire de la Constitution américaine.
D’après certains historiens, ce texte a longtemps été décrit comme la source originelle de la démocratie américaine. En fait, il n’en est rien.
D’un point de vue très pratique, les Puritains voulaient posséder le pouvoir politique entre leurs mains afin de maintenir avec ordre et discipline avant de débarquer sur ces terres inconnues.
Les racines de la démocratie parlementaire états-unienne sont à trouver à Jamestown et dans la Chambre des Bourgeois de Virginie davantage qu’à bord du Mayflower
Ils donnent à leur implantatioon le nom de New Plymouth qui deviendra Plymouth, du nom du port de départ. Étrangers et Puritains décident de rester ensemble sous la pression du commandant de bord. Se séparer aurait été périlleux et aurait mis à mal le retour sur investissement de la Compagnie Maritime. Sous la conduite de leaders énergiques et déterminés, les colons, dont la plupart ont émigré en famille, se mettent sans tarder au travail, érigeant une palissade et construisant un entrepôt et des habitations et même une école.
Chaque partie, pour différentes raisons, souhaite établir rapidement de bonnes relations.
La colonie anglaise de Plymouth est une très fragile avancée en territoire amérindien et souhaite vivre en paix avec ses voisins.
De son côté, Massasoit souhaite faire du commerce avec ces nouveaux venus et de plus, il a besoin de leur appui dans sa lutte contre des tribus plus nombreuses et plus puissantes comme les Narragansetts et les Massachusetts.
En mars 1621, un traité est signé.
La terre des Migrants n’était pas très fertile mais suffisamment afin qu’avec le savoir-faire des artisans « étrangers » et le courage dont tous ne manquaient pas, ils eurent de quoi survivre.
- Un navire, le Mayflower ;
- une date, 1620 ;
- une fête, Thanksgiving ;
- un texte, le Mayflower Compact ;
- un lieu, le cap Cod ;
- une utopie, « la ville sur la colline » ;
- des héros, les Pilgrim Fathers
Voici donc tous les ingrédients de la naissance mythique des États-Unis.
Au nord-est, entre le Canada et la mégalopole new-yorkaise, cette région du Nord ou Nouvelle Angleterre regroupe six États :
le Connecticut,
le Maine,
le Massachusetts,
le New Hampshire,
le Rhode Island et le Vermont.
La Nouvelle Angleterre s’est construite sur l’identité religieuse, des Puritains au XVIIe siècle à bord du Mayflower
Le 11 novembre 1620, ces Puritains remercient le ciel en apercevant enfin l’Amérique, leur Terre promise.
Ils débarquent bientôt sur la côte Est (dans le futur État du Massachusetts), où ils fondent la ville de
Plymouth. Ils ne sont pas les premiers émigrants anglais à s’installer dans le Nouveau Monde, ni même dans les actuels États-Unis, mais ils vont devenir, dans l’imaginaire américain, les vrais pionniers du pays, au point d’être surnommés, à partir du XIXe siècle, les Pères Pèlerins.
Mais qui sont ces Puritains ?
Le Puritanisme correspond historiquement à un courant contestataire au sein de l’Église d’Angleterre au
XVIe siècle qui souhaitait purifier l’Église anglicane de ses rites considérés comme « catholiques », et
pousser plus avant la Réforme pour aboutir à des rites particulièrement dépouillés.
De plus, il prône une autonomie totale de l’église face au pouvoir royal.
Ces Puritains sont connus sous le nom d’« Indépendants » ou « Séparatistes » en Angleterre et de
« Congrégationalistes » en Amérique.
Ces Puritains, réfugiés tout d’abord dans les Provinces-Unies des Pays-Bas depuis 1609, quittèrent l’Europe, bien décidés à garder leur identité anglaise et à conserver leur rigorisme religieux.
De fait, ils estimaient que les Hollandais , pourtant sectaires, ne correspondaient plus à leurs valeurs.
Dans ce document, les signataire "font allégeance au roi Jacques 1er d’Angleterre et conviennent devant Dieu et devant chacun d’entre eux de se constituer en un corps politique civil, de concevoir des lois justes et équitables pour le bien de la colonie, auxquelles ils promettent de se soumettre".
Crédit photo : Mayflower Compact
Edward Percy Moran (1862 - 1935)
En mars 1621, les passagers débarquent et trouvent une terre désolée à la suite d’une série d’épidémies qui a éradiqué plus des trois quarts de la population amérindienne le long de la côte du Massachusetts, entre 1617 et 1620
Un gouverneur est élu de suite dans la colonie.
Le premier gouverneur, John Carver (1576-1621), est un homme d’affaires qui a participé à l’organisation de l’expédition.
À l’automne 1621, il organise une fête – le Thanksgiving - à l'occasion de l'anniversaire de leur arrivée, pour remercier Dieu et les Indiens d'avoir pu obtenir leur première récolte en invitant Massasoit et sa tribu à partager un repas durant leque des dindes et des pigeons furent offerts.
Il institue un jour de repos pour la colonie, dont l’influence est toujours considérable sur la culture américaine : dinde, épis de maïs sont toujours au menu de cette fête aujourd’hui laïque mais ayant gardé son sens du sacré et du religieux dans la plupart des familles.
La population de la petite colonie augmenta régulièrement : 124 habitants en 1624 ; 300 en 1630 ; et 550 en 1637. Rapidement, Plymouth essaime avec la création de plusieurs villages où ils dressent des écoles, soucieux de donner à leurs enfants toute l’éducation nécessaire pour accomplir la tâche que cette communauté s’était fixée ainsi qu’une église afin de préserver l’homogénéité religieuse.
Finalement, en 1636, la colonie reçoit la confirmation de sa charte et se dote d’un Conseil de 7 membres élus, avec un pouvoir législatif, pour assister le gouverneur. Deux ans plus tard, il est décidé que chaque village pourra élire deux membres du Conseil.
Plymouth est désormais une petite communauté stable, prospère et très homogène d’un point de vue social et religieux, qui se développe rapidement.
• Les matières premières étaient abondante, le bois essentiellement.
• Ils profitèrent de la force qu’offraient les cours d’eau pour installer des ateliers, tels des moulins, des scieries.
• La construction navale se développa rapidement d’autant plus que la configuration géographique était propice aux ports.
• La pêche à la morue devint une source généreuse de revenus.
• Le commerce transforma de petits villages en villes prospères.
• Les fermes satisfaisaient les citadins.
Autres preuves d’une prospérité assurée, ce fut la création d’écoles et de lieux du culte.
Mais la situation va changer pour cette colonie- mère qui sera absorbée par l’État du Massachusetts qui, pendant toute la période coloniale, sera la colonie phare de Nouvelle-Angleterre.
La communauté des Puritains a maintenant réussi son pari de s’implanter dans le Nouveau Monde grâce à leur courage et aux autochtones.
Un afflux massif de migrants va modifier durablement la côte du Nord-Est.
De nouvelles villes vont s’implanter et vont donner au Massachusetts une influence considérable durant tout la période coloniale.
Texte : Françoise Rochet
Illustration : Gratianne Garcia
Rapidement, le premier contact a lieu avec les autochtones.
L’histoire a retenu le nom de Squanto (de son vrai nom : Tisquantum -1580 - novembre 1622) qui était l'un des deux Amérindiens qui ont aidé les Migrants. (Samoset étant l'autre).
Son rôle sera essentiel car il parlait l’anglais. Il avait été en captivité en Angleterre entre 1605 et 1612 et devint ainsi naturellement le principal interlocuteur des colons. De plus, il servira d’intermédiaire avec grand sachem Massasoit.
L’hiver 1620-1621 fut terrible pour les colons, puisque la moitié d’entre eux périrent de faim et de froid.
Ils durent leur salut à l’intervention de Squanto et de sa tribu, qui apprit aux Anglais à survivre.
Les Iroquois peu nombreux et pacifiques, leur enseignent la culture du maïs et la pêche.
Le deuxième gouverneur, William Bradford (1590-1657), élu en 1621 et ensuite toujours réélu jusqu’en 1644, vient des Pays-Bas.
Il est l’auteur d’une chronique des trente premières années de la colonie
De milliers de puritains arrivent et sont bien déterminés à créer un véritable État et à ériger des villes comme Salem et Boston. En une décennie, près de 13 000 puritains migrent au Massachusetts.
Ce chiffre étonnant vaut à ce mouvement migratoire le nom de « Great Migration ».
Boston devint donc rapidement l’une des villes les plus influentes de cette région, voire de toutes les colonies anglaises en Amérique.
Pendant toute la période coloniale, le Massachusetts est la colonie phare de Nouvelle-Angleterre.
En 1636, ils fondent l’université de Harvad qui sera la pépinière du savoir américain et qui formera de nombreux pasteurs.
Et la connaissance des sciences et mathématiques fut accomplie grâce à des livres imprimés par les Puritains sur la presse apportée à Boston en 1638.
Quel était le gouvernement de cette colonie ?
Il faut savoir que théoriquement, l’Eglise et l’Etat étaient séparés.
Dans les faits, ils ne faisaient qu’un.
Il en découla une gouvernance théocraNque et les villes se développèrent autour des communautés religieuses qui organisaient des réunions publiques où se discutaient les problèmes matériels des pionniers, les obligations civiques et religieuses.
D’autres colonies cependant sont rapidement fondées dans le Nord suite à des dissensions de nature politque et religieuse ou en réponse à l’attrait de nouvelles terres.
La principale revendication des dissidents est d’obtenir la séparaton de l’église et de l’état.
Une autre, d’ordre théologique, est menée par Ann Hutchison qui renie l’idée de prédestination au sein de l’église :
« Quoique vous fassiez, tout est écrit.
Certains seront sauvés, d’autres brûleront en enfer. »
Ann Hutchinson et trois autres dissidents, auxquels se joignent des Quakers fondent quatre villes au sud du Massachusetts : respectivement Providence (1636), Portsmouth (1639), Newport (1640) et Warwick (1643).
En 1644, ils obtiennent du roi Charles Ier une charte de colonisation qui officialise l’association de ces quatre établissements en créant la colonie de Rhode Island.
Cette nouvelle colonie est aux antipodes du projet puritain.
Le climat de tolérance y est total et le temporel est intégralement détaché du spirituel.
Les autorités civiles n’ont pas de compétence sur le religieux et inversement.
Chaque ville est autonome et, à partir de 1647, envoie des représentants à l’assemblée de la colonie à Portsmouth.
Mais d’autres raisons que poltiques ou religieuses vont amener les colons vers de nouveaux territoires.
Des groupes de colons quiBent Plymouth et des villes du MassachuseBs pour s’établir dans la vallée fertile du Connecticut.
En 1634 les premiers arrivants, auxquels se sont joints des Puritains venus d’Angleterre, s’y installent.
Les principales motivation de ces colons sont économiques : ils recherchent de nouvelles terres et espèrent développer le commerce avec des autochtones habitant plus à l’ouest.
L’élément politico-religieux n’est cependant pas totalement absent : Ils souhaitent ne plus restreindre le droit de vote aux seuls membres des églises comme au Massachusetts, mais l’étendre à tous les propriétaires terriens.
Toujours à partir de la colonie de Plymouth qui ouvre des comptoirs le long du littoral, vont naître les colonies de New Hampshire et du Maine.
Ainsi, les territoires du Nord étaient conquis.
L’étendue des terres et leurs richesses permirent de diluer les divergences de vue dans les colonies. Ceux qui n’adhéraient plus aux idées de la majorité, avaient la possibilité de partir et de fonder ailleurs de nouvelles colonies. Ce qui offrit l’avantage d’une « paix sociale et religieuse ».
Malgré ces dissidences, se conserva cependant sur ce territoire, cette rigueur propre au Puritanisme qui a imprégné la culture américaine porteuse d’un idéal de liberté, en principe.
Dans les faits, le chemin de la liberté serait encore long….
Et pour terminer, disons que la descendance des passagers du Mayflower, considérée comme une véritable aristocratie est très nombreuse.
Elle comprend des présidents des États-Unis dont
John Adams (1735-1826)
George Herbert Walker Bush (1924-2018)
George Walker Bush (1946-).
Mais aussi, des acteurs, des écrivains tels Orson Welles,
Clint Eastwood, Alec Baldwin, Humphrey Bogart, Richard Gere, Raquel Welch.
La philosophe Martha Craven Nussbaum.
Et….
Hugh Hefner, fondateur du magazine Playboy,
Bibliographie
BERENGER Jean, DURAND Yves, MEYER Jean, Paris, Pionniers et Colons en Amérique du Nord, Armand Colin, 1974
BERNAND Carmen, GRUZINSKI Serge, Histoire du Nouveau-Monde: Les métissages, Paris, Fayard, lieu, 1993
BOORSTIN Daniel, Histoire des Américains, Robert Laffont, Paris, 2003
DICKISON John, MAHN-LOT Marianne, 1492-1992 Les Européens découvrent l'Amérique,
Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1991
Au cinéma et à la TV