Tout au long de nos lectures, nous rencontrons nos héros dans leur environnement, leur culture, leur foi.
C’est ce dernier point que nous allons tenter d’aborder sans prosélytisme, sans parti pris.
Juste des faits pour comprendre. Nous nous contenterons d’analyser ces faits pour les 3 premiers tomes et nous resterons essentiellement en Europe.
Nous consacrerons un autre document à l’Amérique plus tard.
Pour certains, ce sera un petit rappel, pour d’autres une découverte… pour tous, une ouverture d’esprit et peut être un partage.
N’oublions jamais que ce qui guide le monde, c’est le besoin de puissance.
Tous les prétextes sont bons, y compris celui de la religion, entrainant dans le sillage souffrances, famines, déportations, emprisonnements, buchers, guerres…
C’est dans ces souffrances venues d’Europe, avec une multitude de pensées, religions et convictions différentes qu’une nouvelle nation va naitre en Amérique du Nord.
Mais commençons par nous rappeler les prémices de ces événements qui vont bouleverser le monde dont l’Ecosse catholique.
La Renaissance, née au XVème siècle en Italie puis au XVIème dans tout l’Occident, verra l’affranchissement des esprits qui entraîna une rupture avec les habitudes d’autorité. Un esprit critique se développa en arts, littérature, sciences, philosophie et toucha finalement l’Eglise Catholique.
Calvin (1509-1564) en Suisse et Luther (1483-1546) en Allemagne seront les deux grands penseurs de ce mouvement religieux.
La Réforme va naître dans les larmes et la douleur.
Cette contestation religieuse sera soutenue par certains puissants occidentaux tandis que d’autres seront aux côtés de l’Eglise Catholique. Les vieux antagonismes vont se réveiller entre ces nations. Les guerres de religions commencent. Toute l’Europe sera touchée.
Cependant les Catholiques tentent de résister et ainsi commence leur persécution.
Marie Tudor (1516-1558), fille d’Henry VIII et de Catherine d’Aragon, après le très court règne de son jeune frère, devient la première reine d'Angleterre et d'Irlande. Elle est restée catholique, son règne sera marqué par ses tentatives brutales à restaurer le Catholicisme. Cette répression lui valut le surnom de Bloody Mary (Marie la Sanglante).
En Angleterre, le retour au Catholicisme fut annulé́ après la mort de Marie Tudor en 1558 par sa demi-sœur cadette Elisabeth, fille d’Henry VIII et Anne Boleyn. Commence alors un très long règne prestigieux qui imposera l’Angleterre comme grande puissance sur terre et sur mer.
En effet, après le retour d’exil des Anglicans en 1559, John Knox introduit en Ecosse la Réforme.
De plus, ses sermons violents contre la catholique Marie Stuart qui est « reine et femme », affaibliront l’autorité de celle-ci.
Sa mère, princesse française, Marie de Guise, assure la régence.
Dans le cadre de la longue amitié entre la France et l’Ecosse, à l’âge de 5 ans, elle quitte l’Ecosse, promise à François Valois, un des fils de Henry II et de Catherine de Médicis.
La voici Reine de France et d’Ecosse lorsque son époux devient Roi de France, François II en 1559.
C’est la mort de la régente Marie de Guise qui va fournir au Parlement écossais l'occasion d'adopter le 17 août 1560, la Réforme. Des lois abolissent le Catholicisme et promulguent son remplacement par le Protestantisme qui devient religion d'État en 1561. C’est l’Eglise presbytérienne d’Ecosse qui sera adoptée.
Notons que dans les Highlands, les Catholiques résisteront. Leur église et leur foi resteront bien vivantes. De nombreux prêtres y trouveront refuge. Les habitants des Highlands s'accrocheront à la vieille Église Catholique imprégnée de croyances populaires voire de superstitions. L'isolement de la région rendra les efforts des missionnaires anglicans vains. Leur résistance survivra jusqu’à l’effondrement total à Culloden en 1746.
Quittant définitivement la France, le 14 août 1561, Marie Stuart revient en Écosse à la mort de son époux. Mais elle ne parvient pas à asseoir son autorité et les Français, aux prises avec leurs guerres de religion, ne peuvent pas la soutenir. Par ses sermons, John Knox continue son travail de sape contre la Reine et contribue à sa destitution. Elle est détrônée en 1567.
Marie soupçonnée de comploter contre Elisabeth sa cousine, sera sa prisonnière et finalement sera exécutée en 1587.
Quant à Elisabeth, elle meurt en 1603 et le trône revient au fils unique de Marie Stuart qu’elle a eu d’un deuxième mariage. Jacques n'avait qu'un an à la mort de mère. Pris en charge par une régence et des précepteurs presbytériens qui l’éduqueront dans cette religion.
À partir de 1582, il gouverne seul l’Ecosse sous le titre de Jacques VI (1566-1625).
Pressentant qu’il est l’héritier, Jacques Stuart soutient Elisabeth en 1588, alors qu’elle fait face à la marine espagnole, l'Invincible Armada du roi catholique Philippe II ; Jacques assure Elisabeth de son soutien en tant que « votre fils naturel et compatriote de votre pays ».
Cependant, il faut souligner trois faits :
Lors de sa visite au Danemark, pays habitué à la chasse aux sorcières, Jacques s'intéressa à la sorcellerie. À son retour en Ecosse, perturbé par ces « dangers », il écrivit un traité de démonologie afin d’inclure ces nouvelles connaissances à la théologie.
Dans Daemonologie, rédigé et publié en 1597, il approuve et appuie la chasse aux sorcières. Il commence son livre par :
« L'inquiétante abondance, dans notre pays à notre époque, de ces détestables esclaves du diable, les sorcières et les enchanteurs, m'incite (cher lecteur) à vous écrire cette note, ce traité de ma main (...) pour éliminer le doute (...) que de telles attaques de Satan sont assurément pratiquées, et que ses instruments méritent la punition la plus sévère»
Les croyances magiques persisteront malgré tout, notamment dans les Highlands et dans les îles.
- La Franc-Maçonnerie d’Ecosse sous Jacques VI Stuart
Il est intéressant de noter que la Franc-maçonnerie spéculative apparut dans l’Ecosse du XVIIème siècle, sans aucun doute à la sortie de ce grand mouvement que fut la Renaissance et ses grandes réalisations au niveau de la vie culturelle.
La Franc-maçonnerie corporative existait depuis bien plus longtemps. Certains la font remonter aux bâtisseurs de pyramides. Les secrets de ces bâtisseurs auraient ainsi été livrés de générations en générations pour arriver en Occident au temps des bâtisseurs de cathédrales. Les guildes des métiers virent le jour. La loge était le lieu où maître-maçon, compagnons et apprentis se réunissaient.
Ce serait William Schaw (1550-1602) qui serait le fondateur de la maçonnerie spéculative en Ecosse.
Au début, il voulait redorer le blason des artisans-maçons.
Schaw était Maître des Travaux de Jacques VI, et cherchait, en tant que représentant de la couronne, à placer tous les maçons d’Ecosse sous son contrôle.
Il devint Surveillant Général des maçons et Architecte du Roi
Il était surtout persuadé qu’il fallait élever ce métier au rang d’un art et considérait que les mathématiques étaient indispensables pour comprendre le monde.
Tous les participants étaient croyants et l’idée d’un Dieu était bien présente.
Le fondateur était catholique mais était protégé par le roi. Les artisans pour la plupart étaient presbytériens. Avant la Réforme, tous ces hommes étaient catholiques et appartenaient à des gildes corporatives ayant un autel dans les églises, un saint patron, un jour de fête, processions… Toutes ces activités furent supprimées par la Réforme.
Schaw était convaincu qu’il fallait réintroduire d’autres rituels acceptés par tous.
Ainsi naquit le rituel de Schaw en 1598/1599.
Et il réussit à fédérer ces artisans autour de réunions, de rituels, de nouvelles cérémonies… différentes de ce que les gildes catholiques faisaient avant la Réforme.
Les gildes étaient des fraternités religieuses.
Les loges devinrent des fraternités laïques mais où l’idée de Dieu n’était pas exclue.
Petit à petit, ces loges corporatives s’adjoignirent des savants, mathématiciens, philosophes pour devenir des loges spéculatives sous la protection des Stuart.
La grande époque de la Franc-Maçonnerie était sans doute encore à venir, au XVIIIème siècle, où elle allait s’identifier à l’Esprit des Lumières. Mais cette idée moderne était née et allait se répandre en Angleterre rapidement où elle fut prise en charge par des nobles, des hommes de pouvoir, des militaires hauts de grades Et l’idée déiste est maintenue jusqu’à ce jour dans les loges dites régulières.
L’appartenance des Stuart aux loges jusqu’à l’arrivée de Bonnie Prince Charlie ne fait aucun doute.
On sait que ce sont les Écossais, en exil à Paris, qui introduisirent la Franc-maçonnerie en France.
Anglais et Écossais emportèrent vers le Nouveau Monde cette idée de fraternité où les loges ont aujourd’hui pignon sur rue.
Dans ce contexte, en 1534, le roi Henry VIII, (1491-1547) d’Angleterre n’a pu obtenir l’annulation de son union avec Catherine d’Aragon auprès du Pape.
Il promulgue l'Acte de suprématie par lequel il se proclame « chef unique et
suprême de l’Eglise d’Angleterre»
Il provoque un schisme (séparation) avec le Catholicisme.
Une nouvelle religion, l’Anglicanisme, s’installe en Angleterre et qui conservera les pompes et les ors du Catholicisme, jusqu’à ce jour.
Des Anglicans trouvèrent refuge en Suisse et prirent connaissance des réformes de Calvin.
Parmi eux, se trouvait un certain John Knox (1514-1572), formé à l'université de Glasgow, ordonné prêtre catholique en 1536 mais adepte d’un renouveau au sein de l’Eglise.
En Suisse, il devient pasteur et sera plus tard le fondateur de l’Eglise d’Ecosse, la dotant d'une liturgie calviniste. Il traduira une bible en anglais.
Elisabeth Ière (1533-1603) était anglicane et par rapport à son intransigeante demi-sœur catholique Marie, elle était tolérante. Elle devint gouverneur suprême de l'Eglise d'Angleterre au lieu du chef suprême car elle était femme.
Les lois d'hérésie furent annulées pour éviter une répétition des persécutions pratiquées par Marie.
Son règne fut marqué par l’épisode douloureux qu’elle devra assumer au sujet de sa cousine Marie Stuart, reine d’Ecosse.
Mais qui était Marie Stuart (1542-1587) ?
Elle sera la reine aux deux couronnes. En Ecosse de 1542 à 1567 et en France de 1559 à 1560.
Fille du roi d’Ecosse, Jacques V Stuart, elle devient Reine quelques jours, à la mort de son père
Héritier d’Elizabeth, Jacques VI devenu Jacques 1er d’Angleterre
souhaite réunir l'Angleterre et l'Ecosse en un seul royaume.
Le Parlement rejette ce projet et les deux états restent séparés, bien que gouvernés par le même roi.
Les Etats britanniques connaissent une période de paix pendant tout son règne ; aucune guerre n'est déclarée.
Il participera à des procès en sorcellerie et dirigera lui-même des séances de tortures et des mises au bûcher des femmes.
Progressivement ces procès et exécutions tentent à disparaître.
Mais il faudra attendre 1763, pour que le Parlement de Grande Bretagne rende illégale toute accusation de sorcellerie portée à l'encontre d'autrui.
- Sous le règne de Jacques Ier, les Puritains, membres d’une secte protestante, considéraient que la réforme n'était pas encore achevée. Pour eux, il fallait aller plus loin dans le retour aux sources originelles du Christianisme.
Considérés comme des "hors la loi", des "marginaux", ils sont activement recherchés. Ils décident alors d'émigrer vers une terre lointaine où ils seraient libres de pratiquer un Christianisme puritain.
C’est l’aventure du Mayflower qui, le 21 novembre 1620, arriva en Amérique du Nord.
Un acte fondateur est posé à cette date, on en reparlera.
Jacques Ier meurt en 1625.
La période qui suivit fut tumultueuse pour les Stuart, notamment à cause du puritain Olivier Cromwell.
Voici donc Charles 1er Stuart (1600-1649) qui devient roi en 1625.
Petit-fils de Marie Stuart, considérée comme reine martyre par les Catholiques, ce jeune roi se voit comme souverain de droit divin. Il passe outre du parlement qui commence à le soupçonner d’être catholique à cause de son
mariage avec Marie Henriette de France.
Il interfère entre les églises d’Ecosse et d’Angleterre. Il hausse les impôts.
Devenu impopulaire, il est considéré comme un tyran.
En 1649, Charles Ier fut arrêté, jugé et exécuté pour haute trahison. Notons que sous ce règne controversé, le Nouveau Monde, dont le Canada, voit l’arrivée de premiers colons écossais. Au cours des années 1620, Charles Ier envoie une troupe d'Écossais pour y fonder une colonie en Nouvelle Ecosse.
La monarchie fut alors abolie et une « République », appelée Commonwealth d'Angleterre fut instaurée, avec Oliver Cromwell à sa tête.
Olivier Cromwell (1599-1658) militaire de petite noblesse s’est converti au Puritanisme.
Il impose ainsi un despotisme puritain et fait régner l'austérité.
Il pratique une certaine tolérance religieuse, sauf en ce qui concerne les Catholiques pour lesquels il se livra à un réel génocide en Irlande, essentiellement.
En 1660, la monarchie fut restaurée et le fils aîné de Charles Ier monta sur le trône, sous le nom de Charles II (1630-1685).
Les inquiétudes populaires concernant l'influence catholique restèrent vivaces.
Elles se précisèrent lorsque le deuxième fils de Charles Ier, Jacques II (1633-1701) monte à son tour sur le trône en 1685.
Revendiquant la foi de ses ancêtres catholiques, il se convertit officiellement.
Jacques II est renversé, en 1688, par le prince protestant hollandais Guillaume III (1650-1702) d'Orange, de la dynastie de Hanovre, époux de Marie II Stuart, fille aînée de Jacques II.
Marie II Stuart et Guillaume III vont régner ensemble.
A la mort de Guillaume, la sœur de Marie, Anne Ière Stuart, devient Reine. Elle est anglicane.
Sans enfant, à sa mort, la couronne sera cédée à l’Electeur de Hanovre, Georges Ier qui réprimera la dernière révolte des Jacobites conduite par Bonnie Prince Charlie.
Le mouvement Jacobite naquit dès l’arrivée en exil de Jacques II en France.
Les prétendants au trône de la maison Stuart, continuèrent leur combat en la personne de Jacques (1688-1766) Il est le fils du roi Jacques II. Il reprend les revendications de son père. Il se fait appeler «Jacques III d'Angleterre et d'Irlande et VIII d'Écosse » (1701-1766).
Ce prétendant réfugié en France en 1701, entouré d’Écossais et d'Anglais catholiques et légitimistes, ne parvint jamais à reprendre son trône car la plupart des pays avaient reconnu Guillaume III et Marie II d'Angleterre comme seuls souverains légitimes.
Charles Édouard (1720-1788) Louis John Casimir Sylvester Severino Maria Stuart (1720-1788), surnommé de son temps "the Young Pretender", le jeune prétendant ou "the Young Chevalier" est resté dans la mémoire populaire sous le nom de Bonnie Prince Charlie, bonnie signifiant « beau » ou « béni » en gaélique.
En moins d’une heure, l’Angleterre est victorieuse. Environ 1250 jacobites étaient morts contre 350 des forces hanovriennes.
L’espoir des Stuart prend fin à Culloden, le 16 avril 1746.
C’est l'échec du quatrième des débarquements jacobites en Écosse, après ceux de 1692, 1708, et 1715, et la fin des espoirs de restauration de la lignée des Stuart sur les trônes d'Écosse et d'Angleterre, avec la fuite du prince Bonnie Charles réduit à implorer l'aide de la jeune Flora McDonald.
Notons que c’est sous la dynastie Stuart que l’Angleterre instaura ses colonies en Amérique du Nord, Canada et Antilles.
Les premiers colons anglais et écossais commencèrent à s’y installer. Beaucoup fuyaient les oppositions entre Catholiques et Protestants. D’autres demandaient juste à vivre leurs convictions librement. Tous souhaitaient vivre dans une nouvelle société tolérante.
Ainsi petit à petit, se développait l’idée d’une nouvelle démocratie qui prendra forme en 1776 lors de la Déclaration d’indépendance.
Les conséquences de cette défaite furent considérables pour les Écossais.
Les Écossais, qui comptaient approximativement 6 000 hommes, ont subi environ 2 000 morts. 336 Jacobites et 222 Français ont été faits prisonniers.
La chasse aux Jacobites permit de faire plus de 3 500 prisonniers.
Un millier, vendu comme esclaves, fut envoyé dans les colonies sous contrat de servitude.
Une centaine d’exécutions fut ordonnée en place publique, à Londres.
Les officiers supérieurs et les chefs de clans jacobites furent décapités, pendus, noyés ou écartelés.
De plus, des lois injustes furent promulguées par les Anglais dont le seul but était de « détruire et annihiler la culture écossaise. »
L’autorité des chefs de clan fut supprimée.
Le gaélique écossais interdit.
Les Catholiques furent poursuivis.
L’Eglise Presbytérienne fut imposée.
L’interdiction de porter les armes fut renforcée.
La cornemuse fut interdite.
Port du tartan interdit.
Toute désobéissance était passible de longs mois en prison et de l’envoi vers les colonies en cas de récidive.
Ajoutons ceci enfin :
Le système clanique éradiqué eut une conséquence funeste pour les fermiers qui vivaient sur les terres du clan. En effet, les terres furent. confisquées et les hommes en furent chassés.
Ces vastes étendues désertiques furent acquises par des Anglais et y introduisirent l’élevage du mouton. Ainsi naquit l’industrie lainière britannique. C’est ce que l’on appelle le mouvement des Highlands Clearances qui entraina misère, mendicité, famine…
Les fermiers écossais, sans chef de clan pour les protéger, s’exilèrent et allèrent là où ils avaient de la famille. Le nouveau monde les attendait.
Ce sont ces hommes fuyant la misère qui arrivèrent en Caroline du Nord.
Cette loi, abandonnée en 1782, a failli détruire la culture écossaise ; elle fut la source de haine et de rancœur envers les Anglais.
Et maintenant que nous dit Diana Gabaldon à ce propos ?
Voici quelques exemples trouvés par Gratianne.
TOME 1
Dès le début du premier tome, tous les ingrédients sont mis en place pour nous conduire dans l’ambiance de l’Ecosse du présent et du passé.
Traditions païennes et chrétiennes sont présentes et parfois se recoupent…
En voici quelques exemples :
Claire et Frank retrouvent le Révérend Reginald Wakefield, pasteur presbytérien.
Nous sommes en 1945, dans une Ecosse apaisée de ses guerres de religion, elle est britannique depuis 200 ans. Et elle l’a prouvé par son héroïsme au cours des deux guerres mondiales.
Et pourtant, rapidement, nous sommes transportés dans les mystères de ce pays et avec Claire nous traverserons les pierres pour découvrir d’autres mystères et traditions païennes et chrétiennes parfois encore intimement liées.
Voici une énumération de rites païens qui caractérisent les Highlands et plantent le décor.
- « Sacrifice rituel » avec du sang de coq noir mis sur les maisons modernes à Beltane. Et pour les anciennes constructions, il y avait : Une « offrande à l’esprit de la terre » avec un sacrifice humain sous les fondations (cela se faisait encore au XVIII° puisque le jeune maçon Stephen Bonnet, qui devait être sacrifié, s’était enfui pour cette raison.)
- La Danse des fées à Craig Na Dun, est décrite comme du folklore local qui perpétue les anciens rites Celtes.
- Mais cela va plus loin avec Mme Graham qui est une druidesse moderne et qui dirige les danseuses en lançant des incantations. Elle prédit l’avenir de Claire en lisant les feuilles de son thé et les lignes de sa main, et croit aux voyageurs. N’est-elle pas une sorcière ?
- Ces rites sont liés aux « Old days », jours importants pour les Highlanders et les voyageurs, les anciennes fêtes :
- Hogmanay pour le nouvel an,
- Midsummer Day au milieu de l’été,
- Beltane à l’équinoxe de printemps,
- All Hallows à la Toussaint.
- Les druides et les Pictes respectaient les fêtes du soleil et du feu.
- Le Gathering au château de Leoch : le serment d’allégeance au Laird avec l’épée est un rite très ancien qui remonte à l’Antiquité Romaine et qui fut repris par les chevaliers au Moyen-Age et perdurera dans les clans. C’est l’Allégeance au souverain, mais aussi à Dieu. Un homme libre accepte d’être aux côtés du suzerain en cas de guerre.
- Saint Ninian, la source des menteurs, Dougal y fait boire Claire, car il la soupçonne d’être une espionne et de mentir.
- « La colline aux fées »: un bébé malade ou mort est échangé pour qu’il vive éternellement avec les fées. Etc…
La religion Catholique pratiquée dans les Highlands du XVIII° et racontée dans le tome 1.
- L’arrivée au Château de Leoch, le clan Mackenzie est catholique, les rites païens ont évolué avec la religion mais ils sont encore très présents.
La cachette du curé nous fait comprendre que les prêtres catholiques sont persécutés.
- Des petits calvaires à la mémoire de divers Saints parsèment les Highlands, pour des Ex-Voto ou des offrandes. Signe de croix systématique à l’évocation d’un mort. On voit entre autre le faire, Dougal, Angus, Rupert, Mme Fitz ou Jamie, (c’est décrit et on le voit très bien dans la série).
- « Black Kirk » ou l’église noire, Jamie y fait le signe de croix, et parle du diable qui est présent dans cet endroit maudit.
- Le Père Bain : exorcise Tammas, Lindsay le diable l’a déjà emporté. Claire arrive à lui donner un antidote du poison et Mme Fitz l’appelle « faiseuse de miracles ».
- Le Père Bain et le Procureur Duncan rendent la justice ensemble, à Cranesmuir.
- Le procès des sorcières est tenu sous l’autorité de l’église. Les sorcières représentent le diable, il faut les éliminer par le feu.
- Mariage religieux catholique de Claire et de Jamie, même si le mariage est arrangé, Jamie veut une bénédiction par un prêtre. Il veut une alliance, signe de fidélité.
- À la prison de Wentworth, le supplice de Jamie : Certains peuvent y voir une analogie entre le personnage de Jamie et Jésus, la comparaison est troublante: flagellation, trahison (duc de Sandringham) main clouée, Satan personnalisé par BJR qui prend possession de son corps, etc... Mais on y voit certainement le symbole du martyr du peuple écossais persécuté par un occupant particulièrement sadique.
Nous nous retrouvons ensuite à L’Abbaye Sainte Anne de Beaupré
- Ce sont des Bénédictins, dirigés par le Père Alexandre Fraser oncle de Jamie. Confession de Claire et prières avec le Frère Anselme.
- Absolution de Claire, l’extrême onction pour Jamie.
- Baptême pour renaître à la vie dans les entrailles de la terre.
- Claire explique qu’elle a été baptisée selon le rite catholique, mais élevée par son oncle Lambert qui était tout et rien, il connaissait toutes les religions et ne croyait en aucune. Conclusion du moine, Claire est et reste catholique.
Il y en a certainement d’autres...
TOME 2
Recherche de Jamie par Roger
- Consultation des registres paroissiaux de l’église de Broch Mordha, pour rechercher les soldats morts à Culloden. Les Anglais ont brulé les soldats Jacobites après les avoir exécutés sans leur donner l’Extrême- Onction ou la prière avec un prêtre.
- Eglise de Sainte Kilda, site bâtie sur un temple romain, a des inscriptions Chrétiennes et Païennes. (dernière messe en 1800)
Paris XVIII° - France Catholique -
- Le son des cloches rythment les journées avec l’appel aux différentes messes et prières.
- Les domestiques vont à la messe.
- Le courrier des Jacobites est transmis d’abbayes en monastères et de monastères en couvents par la malle poste Papale.
- La hiérarchie ecclésiastique aide et soutien les Jacobites, cela a continué également après Culloden, ces lettres leurs parvenaient sans encombres pour ceux qui sont restés au pays.
- Le Pape soutien la cause Jacobite, il règle des factures des Stuart en exil depuis 50 ans. - - Mère Hildegarde de Gascogne est catholique
- La Kabbale appelé « mystérieux cercle » est présente à Paris, Le Comte de St- Germain et Maitre Raymond en sont des adeptes connus.
- « Des disciples du mal » : secte pour des jeunes gens de bonne famille, avec un penchant pour la violence gratuite.... le Comte de St- Germain est encore cité.
- Claire a Fontainebleau rencontre et aide le Révérend Walter Laurent de Genève, c’est un pasteur Huguenot qui se cache. Il y a un couple de domestiques qui sont ses adeptes en secret.
L’Écosse et la guerre contre les anglais.
- Les Anglais, traitent les Écossais, Jacobites de « Libertins sans vergogne », comme par exemple ce que dit le jeune Lord John Grey à Jamie.
- Les officiers Jacobites s’installent dans le presbytère à Tranent.
- Un prêtre accompagne les soldats sur le champ de bataille pour donner les derniers sacrements aux blessés et aux mourants. Le curé est un Français de Keppoch. Il est habillé en soldat, avec des fioles de St Chrême et d’Eau Bénite à son ceinturon, car si les Anglais le capture en soutane, ils le mettent en pièce.
- Le mariage de Mary Hawkins et de Jack Randall est prononce par Alex Randall qui est pasteur.
TOME 3
Période après Culloden en Écosse
- Après la bataille de Culloden : Les Jacobites vivants et blessés sont fusillés et brûlés sans recevoir les Saints Sacrements.
- À Lallybroch en Écosse : Le refuge du prêtre ou la cache du curé a été construite sous la maison et derrière la réserve aux tubercules en cas de besoin pour cacher les curés pourchassés ou les Jacobites recherchés.
- Prison d’Ardsmuir : Parmi les Jacobites enfermés, il y a des catholiques des Highlands et des protestants du sud de l’Écosse, cela entraine des bagarres.
- Le gouverneur de la prison, Harry Quarry, issu de la noblesse anglaise a initié Jamie à la Franc-Maçonnerie qui à son tour l’a fait pour tous les hommes de sa cellule.
- À Helwater : Baptême «papiste » du petit Willie par Jamie, qui cache un cierge et une statue de la vierge dans un boite secrète parce que c’est interdit. Les catholiques sont traités de sales papistes.
- À Edimbourg : Geordie l’employé de Jamie à l’imprimerie, accepte de travailler pour un papiste mais ne tolère pas qu’il y ait du laisser aller au libertinage chez son patron.
- L’éducation religieuse catholique reste importante pour les enfants en Écosse : Jamie, après des explications sur les péchés, envoie le jeune Ian, se confesser.
Séjour à Paris
- À Paris, Jared le cousin de Jamie s’aperçoit qu’il est Franc-Maçon et lui fait des lettres d’introduction pour les différentes loges maçonniques en Jamaïque, à la Barbade, et à Trinidad où se trouve la plus grande loge. Claire découvre à ce moment-là que Jamie est Franc-Maçon.
- Le numismate Meyer que Jamie fait venir chez Jared est Juif, il se fait appeler par son prénom : les juifs de Francfort sont mal considérés et n’ont pas le droit d’utiliser de patronyme.
EN GUISE DE CONCLUSION
Nous voici au terme de notre périple en Europe, victime de ses rivalités et de ses guerres de religion.
Nous n’avons émis aucun jugement de valeur sur les croyances à être supérieur. Oui, nous avons aimé ces personnages épiques et romantiques. Leur force de caractère nous a séduits. Leur attachement à leur famille, leur clan, leur foi, leurs coutumes, leurs traditions et leur patrie sont un hymne à la liberté.
Au-delà de l’extraordinaire histoire d’amour de ce roman, la lecture des livres Outlander de Diana Gabaldon a mis en éveil le souvenir d’une période particulièrement tragique de l’histoire européenne.
C’est essentiellement le drame de l’intolérance des hommes les uns par rapport aux autres que cette saga réveille dans nos consciences.
Nous y avons vu un peuple soumis à la seule autorité d’un occupant.
Nous avons rencontré des hommes bannis de leurs terres pour avoir défendu un petit coin de liberté.
Alors nous avons recherché dans la mémoire collective de l’humanité ce qui pousse les hommes à se déchirer. Nous y avons vu des êtres avides et sans scrupule, pour qui tous les prétextes sont bons afin de s’emparer du bien d’autrui, utiliser le nom de Dieu pour arriver à leurs fins.
Nous n’avons vu que des êtres humains déchirés, martyrisés et victimes d’un pouvoir absolu.
Toutes ces victimes de l’intolérance font réfléchir sur le destin des hommes obligés de tout quitter pour vivre une vie normale.
La qualité majeure de cette œuvre, c’est de nous faire découvrir la reviviscence d’un homme et des siens à poursuivre sa vie, se battre, aimer… et construire.
Cette saga, c’est celle des migrants... de tous les migrants.
Pensons à Marie Curie, Picasso, Aznavour, Einstein, Freud... le Dalaï Lama et tous les anonymes de la terre. Au-delà̀ des exploits sexuels de Jamie et de Claire, il y a un drame humain perpétuel... la recherche de la paix.
C’est ce drame historique que nous avons vécu en lisant ce livre.
Le message de Diana est un cadeau qui nous oblige à dépasser la simple anecdote romantique. Nous avons le devoir de nous rappeler les causes profondes responsables de cette tragédie qui prend forme à la Renaissance et trouve son apogée alors que les Lumières vont tenter d’éclairer l’Europe.
Les personnages, partis de rien, vont bâtir un nouvel Etat tout en conservant leurs convictions profondes. Nous avions eu les Westerns de John Wayne... et voici, une autre vision de l’Amérique éternelle. Car Jamie, au fil des pages, devient un héros américain qui a la foi.... Et au-delà des faits historiques et de la saga, au bout de ce long chemin de souffrance, nous voyons surgir un espoir. Celui que tout homme, arrivé au-delà des souffrances physiques, peut espérer : une terre promise.
Cette terre de tous les possibles où une mosaïque de pensées, de convictions pourront vivre en harmonie. C’est ce rêve américain que l’auteur nous invite à vivre
À l’heure où ces mots s’écrivent, la démocratie a été bafouée en ce 6 janvier 2021. Mais nous gardons l’espoir d’un monde meilleur pour l’Humanité.
Et nous terminerons par ce passage de Barak Obama dans son livre, La Terre Promise :
« Car je suis persuadé que la pandémie que nous traversons actuellement est à la fois une manifestation et une interruption de la marche inexorable vers un monde interconnecté, un monde où les peuples et les cultures ne pourront s’empêcher de s’entrechoquer.
Dans ce monde-là [....], nous apprendrons à vivre ensemble, à coopérer et à reconnaître la dignité des autres, faute de quoi nous périrons. »
Et maintenant, nous allons terminer le travail et nous diriger Outre-Atlantique où le clan Fraser a trouvé refuge.
Texte de Françoise Rochet
Illustrations de Gratianne Garcia
Relecture, observations et indications de Claudine Leroy
Bibliographie non exhaustive… si vous voulez aller plus loin, en dehors des sites Web…
Arondel M., Bouillon J., Rudel J., XVIème XVIIème XVIIIème siècles, Collection d’histoire Louis Girard, Paris, Bordas, 1964.
Cottret Bernard, Cromwell, Paris, Fayard, 1992.
Cottret Bernard, Histoire du Royaume-Unis, Une anthologie, du 16ème au 20ème siècle, Paris, Breal, 2001.
Cottret Bernard, Henri VIII, le pouvoir par la force, Payot, 2005.
Cottret Bernard, Histoire de l’Angleterre, Paris, Tallandier, 2011 Cottret Bernard, La révolution anglaise (1603-1660), Paris, Perrin, 2015
Delumeau Jean, Wanegffelen Thierry, Cottret Bernard, Naissance et affirmation de la Réforme, PUF, 2012.
De Thier Henry, Eglise catholique et Temple maçonnique. Un autre regard, Paris, Dervy, 1997.
Duchein Michel, Marie Stuart. La femme et le mythe, Paris, Fayard, 1987.
Duchein Michel, Elisabeth Ière d'Angleterre : le pouvoir et la séduction, Paris, Fayard, 1992.
Duchein Michel, Histoire de l’Ecosse, Paris, Fayard, 1998.
Gauthier Guy, Élisabeth Ière, L’aube de la puissance britannique, Saint-Malo, Éditions Pascal Galodé, 2014.
Josserand, Vallée, Personne, Ménard, Volume unique d’histoire, Paris, Fernand Nathan, 1965.
Morère Pierre, Ecosse des Lumières, Grenoble, UGA, 1997.
Sweig Stéphan, Marie Stuart, Poche, sl, 2001.
Vincent Bernard, Histoire des États-Unis, Paris, Flammarion, 1997.
Et bien sûr, Outlander …….
Texte : Françoise Rochet
Illustration : Gratianne Garcia
Relecture et conseils avisés : Claudine Leroy