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Par John Williams, 1746
Par Hugh Douglas Hamilton, 1785
La décapitation des seigneurs rebelles sur Great Tower Hill par Robert Wilkinson (1846)
Après Culloden, par John Seymour Lucas (1884)

La défaite jacobite laissait le champ libre aux Anglais qui n’hésitèrent pas à promulguer des lois cherchant à annihiler le mode de vie écossais. Ainsi, le Dress Act de 1746 interdisait le port du tartan et de la highland dress. Toute personne portant le tartan risquait ainsi 6 mois de prison et l’envoi vers les colonies en cas de récidive. L’interdiction de porter les armes fut renforcée. La cornemuse fut interdite. L’autorité des chefs de clan fut supprimée et le gaélique écossais interdit. Cette loi fut abandonnée en 1782 mais a porté un coup très dur à la culture écossaise et ajouta à la rancœur que le peuple écossais portait déjà envers les Anglais. 

Charles VIII doit fuir. Il se réfugie d’abord chez Fraser de Lovat, partisan hanovrien qui n’a pas le courage de refuser l’hospitalité à ce prince triste et abattu. La tête de Bonnie Prince Charlie est mise à prix pour 30 000 livres (somme colossale), et il erre durant près d’un an dans les Îles et les Highlands avant de parvenir à quitter l’Écosse, déguisé en femme, en septembre 1746 à bord de l’Heureux, une frégate française. 

Il terminera sa vie alcoolique et ne revit jamais l’Écosse. 

L’armée anglaise ne subit qu’une cinquantaine de morts et 259 blessés. Seul un officier, lord Robert Kerr, perdit la vie. Un autre, le colonel Rich perdit une main et fut sévèrement blessé à la tête. Quelques capitaines et lieutenants furent également légèrement blessés. 

 

Les Écossais, qui comptaient approximativement 6 000 hommes, ont subi environ 2 000 morts. 336 Jacobites et 222 Français ont été faits prisonniers. 

La chasse aux Jacobites qui suivit permit à Cumberland de faire plus de prisonniers et c’est en tout près de 3 500 Écossais qui furent emprisonnés. 

936 d’entre eux furent vendus en tant qu’esclaves et envoyés dans les champs de coton, dans les colonies. 

Plus d’une centaine d’exécutions furent données en place publique, à Londres. Des officiers supérieurs jacobites furent décapités. Beaucoup d’autres prisonniers furent pendus, noyés ou écartelés. 

La bataille de Culloden par David Morier
Le duc de Cumberland par David Morier
Charles Edouard Stuart
Les Jacobites à Prestonpans
Bonnie Prince Charlie par John Pettie
George Murray - artiste inconnu
Sir John Cope, par William Aikman
Donald Cameron - artiste inconnu
Charles Edouard Stuart par William Mosman 1750
Charles Edouard Stuart

Sir John Cope, le général commandant les forces gouvernementales en Écosse, reçoit l’ordre de briser la révolte. Il réunit ses troupes, mais la grande majorité de ses recrues n’ont aucune expérience réelle, et il est gêné par une multitude de contretemps, notamment la maladie du commandant de sa cavalerie. Malgré tout, les officiers hanovriens semblent persuadés que les rebelles n’oseront jamais attaquer une armée comptant à la fois de l’infanterie et de la cavalerie. Pendant leur marche, ils affirment aux gens du pays qu’il n’y aura aucune bataille. 

L’armée de Charles s’empare d’Édimbourg sans combat ou presque le 16 septembre ; Cope, partant d’Aberdeen en bateau, arrive trop tard pour les affronter. 

Commandants en chef : 

Charles Édourad Stuart  

et Lord John Murray 

 

2500 hommes 

(dont 300 Irlandais) 

Commandant en chef : 

       John Cope 

2300 hommes dont  

500 dragons 

(cavalerie)  

- 6 canons  

- 6 mortiers   

Armée jacobite 

Armée gouvernementale  

Fusilier anglais - Fusilier du Royal Écossais - Highlander jacobite - Highlander de la Black Watch (loyaliste) 

Charles Édouard Stuart, fils aîné du prince Jacques François Stuart et le prétendant Stuart aux couronnes anglaise et écossaise, débarque à Eriskay, une île du nord-ouest de l’Écosse, le 23 juillet 1745 afin de créer une insurrection en Grande-Bretagne et ainsi renverser le roi hanovrien, George II, pour placer sur le trône son père, le prince Jacques.  

Il espère obtenir le soutien de la flotte française mais elle est bien mal en point et Louis XV tarde à prendre la décision de le soutenir. Il se retrouve ainsi seul à devoir lever une armée en Écosse où beaucoup de clans, catholiques ou protestants, soutiennent la cause jacobite. 

Le flanc gauche jacobite a beaucoup de mal à progresser. Le terrain est très boueux et la distance le séparant des forces gouvernementales est plus grande que pour le reste de l’armée. La charge est ralentie par la boue, les pertes sont énormes. Les MacDonald encaissent des pertes très sévères et tous les officiers de l’unité Chisholms sont tués. Les MacDonald commencent à fuir. Cumberland saisit immédiatement l’occasion en envoyant 2 troupes de Dragons chasser les Highlanders. Le terrain empêche les Dragons de poursuivre les troupes en fuite et ils se tournent alors vers les piquets irlandais qui devaient stabiliser le flanc gauche écossais. Le flanc gauche jacobite est désormais complètement détruit. Murray décide d’envoyer dans la bataille le Royal Écossais et les Gardes de Kilmarnock. Quand ils engagent le combat, l’ensemble de l’armée jacobite est déjà en déroute. Ils tombent alors sur un régiment Campbell, échangent des coups de feu et commencent une retraite en ordre. La milice écossaise (des forces gouvernementales), commandée par un Campbell, les prend alors en embuscade et les force à se mettre à découvert. Ils se font alors attaquer par 3 escadrons des Dragons de Kerr qui subiront, par ailleurs, de lourdes pertes, prouvant ainsi la férocité et la valeur de ces deux régiments. Les manœuvres du Royal Écossais et des Gardes de Kilmarnock ont, de plus, très certainement donné au prince Charles Stuart le temps de fuir. 

Les piquets irlandais, quant à eux, couvriront la retraite des Highlanders, subissant ainsi de très lourdes pertes mais empêchant un massacre supplémentaire. 

 

On peut affirmer que la bataille s’est transformée en massacre.  

Le duc de Cumberland a ordonné à ses troupes de ne pas faire quartier aux ennemis. La cavalerie gouvernementale donne la chasse aux Highlanders et les massacre à vue. On constate également que des civils sont tués par les forces gouvernementales. Les blessés sont achevés sur le champ de bataille et beaucoup de prisonniers seront exécutés. Seules certaines troupes françaises seront faites prisonnières sans être passées par les armes. Quelques officiers jacobites faits prisonniers échappent tout de même à une exécution sur le champ pour être décapités plus tard, en place publique. Les jours suivant la bataille, la chasse continue et toute personne suspectée d’être jacobite sera emprisonnée ou exécutée sur place. 

Ces exactions vaudront à Cumberland le surnom de “Cumberland le boucher“… 

Les 20 minutes qui suivent, l’artillerie gouvernementale prouve sa supériorité en arrosant les rangs écossais tandis que Charles, mis hors de portée, attend que les troupes gouvernementales bougent. Les Jacobites essuient le feu ennemi pendant plus d’une demi-heure. L’ordre de charger est enfin donné aux Écossais. Le terrain marécageux force alors les troupes écossaises à dévier sur leur flanc droit, les regroupant sous le feu anglais (mousquets et mitraille des canons). Malgré cela, beaucoup d’entre eux atteignent les rangs anglais. Les pertes jacobites sont néanmoins déjà considérables à ce moment de la bataille. 

Le matin du 16 avril est pluvieux. Les troupes gouvernementales sont reposées et l’armée jacobite est, elle, épuisée… Les hommes n’ont presque rien mangé depuis 24h. 

Les forces gouvernementales lèvent le camp et partent dès 5h du matin. Les premiers piquets irlandais sont repérés vers 8h et à 11h, les deux armées se font face. 

Murray, qui commande le flanc droit jacobite, se rend compte qu’en face de lui un muret va fortement perturber son avancée. Il décide alors, sans consulter ou informer qui que ce soit, de bouger vers l’intérieur de Culloden Moor en formant 3 colonnes. Le duc de Perth interprète mal ce mouvement de troupe et croit à une avancée générale. Le flanc gauche, lui, ne bouge pas. 

Le résultat est catastrophique : d’énormes trous se forment dans les rangs jacobites qui sont alors bouchés avec la seconde ligne des troupes. Le prince, lui, est au centre avec une petite escorte et quelques gardes du corps. 

 

Cumberland, quant à lui, étend sa première et sa seconde ligne avec quelques régiments de l’arrière. Il couvre son flanc droit avec une partie de sa cavalerie. Sur le flanc gauche, Hawley se prépare à déborder le flanc droit jacobite. Anticipant ce mouvement, les deux bataillons de Lord Lewis Gordon se sont positionnés au niveau du mur mais les troupes gouvernementales restent hors de portée. Les Gordon décident alors de revenir couvrir l’arrière de l’armée. Les Dragons franchissent alors les murets et se retrouvent face à face avec 3 régiments écossais, à l’arrière de l’armée. 

Le prince William Augustus, duc de Cumberland qui succède à Cope et Hawley, après leurs échecs, décide d’attendre la fin de l’hiver et bouge ses troupes au nord d’Aberdeen. Cette période de repos lui a permis de rassembler 5 000 hommes supplémentaires, des mercenaires allemands hessois dirigés par le prince Frédéric II de Hesse-Cassel. Ces régiments bloquent d’ailleurs tout le côté sud afin d’empêcher tout retraite des troupes jacobites. 

 

La météo s’améliorant, le 8 avril, Cumberland décide de reprendre sa campagne et il se dirige vers Inverness où sont retranchés plus de 5 000 Jacobites et leur chef, le prince Charles Édouard Stuart. Le prince décide de quitter Inverness et prend le commandement de ses troupes en personne afin de livrer une bataille qui se profile comme décisive.  

Contre l’avis de ses officiers supérieurs, le prince Charles choisit le champ de bataille de Culloden… 

 

La nuit du 15 avril, l’armée jacobite tente une attaque surprise mais la marche est longue et désorganisée et l’attaque échoue lamentablement, la plupart des troupes écossaises ne rencontrant même pas l’ennemi. 

Début novembre 1745, Bonnie Prince Charlie prend conscience qu’il faut agir. L’armée jacobite traverse la frontière et se dirige vers le sud. Comme le prince le redoutait, l’armée s’étiole en cours de route, les Highlanders n’étant pas réputés pour leur discipline. Mais c’est tout de même 5 000 Jacobites qui se présentent devant Derby début décembre. En face, trois armées sont en route pour les intercepter. Au nord-est, le général Wade manœuvre pour leur couper la retraite, le duc de Cumberland avance dans les Midlands et à Finchey s’installe un troisième corps chargé de défendre Londres. En tout, 30 000 soldats avec un gros parc d’artillerie. Derby n’est séparé de la capitale anglaise que de 200 kilomètres, aussi, à Londres, la panique gagne la population. Même George II s’installe sur un yacht, prêt à quitter l’Angleterre pour Hanovre si la situation tourne mal. Mais, contre l’avis du roi qui désire aller de l’avant, l’état-major jacobite décide de rebrousser chemin. 

 

De retour en Écosse, les Jacobites peuvent enrichir leurs effectifs, qui atteignent 8 000 hommes. Ils reçoivent de France un maigre renfort, plus symbolique qu’autre chose : un bataillon (700 hommes) du Royal Écossais et un peu d’artillerie. Le 17 janvier, ils écrasent la force gouvernementale du général Hawey dans la bataille de Falkirk Muir, au pied de la forteresse de Stirling, l’infanterie anglaise se montrant toujours incapable d’arrêter les charges de Highlanders. Là, le courageux Bonnie Prince Charlie commet une grosse erreur en n’essayant pas de s’emparer de la forteresse, point fortifié très important, alors que la garnison, abandonnée par l’armée qui fuit vers Inverness, est démoralisée. 

 

La nuit du 16 février 1746 à Moy Hall, l’armée anglaise est ridiculisée quand, terrorisée par cinq hommes cachés dans l’obscurité et faisant un vacarme assourdissant, les 1 700 soldats du général John Campbell, comte de Loudoun prennent la fuite (ce fait de guerre est resté célèbre sous le nom de "déroute de Moy Hall"). Ils pensaient avoir affaire aux clans MacDonald, Cameron et MacKintosh au complet. Complètement paniqué, lord Loudoun abandonne même Inverness, ajoutant à la confusion parmi les Anglais. L’officier malheureux tombe alors sur l’avant-garde jacobite commandée par le duc de Perth. Son armée est taillée en pièces. L’un de ses officiers, le capitaine Angus MacKintosh, est fait prisonnier et rendu à sa femme, lady Anne Farquharson-MacKintosh, devenue chef du clan depuis la trahison de son époux. 

Finalement, le charisme du prince et son enthousiasme communicatif fait plier les chefs jacobites. Lochiel et 700 Cameron le rejoignent, comme 400 MacDonald de Clanranald, 120 de Glencoe, et encore 400 de Lochgarry. Finalement, c’est plus de 3 000 highlanders de l’ouest qui se rangent sous la bannière du prétendant Stuart, et marchent vers l’est au son des cornemuses.  

Arrivé à Ivergary, l’armée jacobite a encore enflé, avec la jonction des MacDonald de Sleat, des MacLeod, des MacKenzie, des Grant, des MacKintosh et même des Fraser. Au départ d’Invergary, 260 Stewart d’Appin se joignent à eux. Plus dans le nord, les farouches MacGregor, toujours privés de l’usage de leur nom, descendent des montagnes et s’emparent d’Inversnaid, capturant la garnison. 

Bonnie Prince Charlie marche alors sur Édimbourg qu’il conquiert sans difficulté le 16 septembre 1745. 

Sources : 

 HARRINGTON Peter – Culloden 1746 – Ed. Osprey, 1991 

    Wikipédia – La bataille de Prestonpans – 

    NikoMagnus sur Sao-Alba  

Dans la crevasse, à l’aube du 21 septembre 1745, les dragons de Cope aperçoivent le spectacle d’une charge de 1 400 Highlanders accompagnés du sauvage cri de guerre des Highlands. 

Les troupes inexpérimentées de Cope fuient, malgré Cope et ses officiers qui tentent de les forcer à charger sous la menace du pistolet. L’armée de Cope est débordée à sa gauche par les Jacobites, mais le fossé et le mur du parc bloquent maintenant leur retraite. 

Jacques-Édouard est couronné roi d’Écosse le 17 septembre sous le titre de Jacques VIII, à Holyrood. Installé à Édimbourg, le roi, très ému, voit arriver de nombreux clans venus de toute l’Écosse.  

On n’avait plus vu cela depuis Robert le Bruce. Les Grant de Glenmoriston, les MacLachlan et les Nairne d’Atholl prêtent à leur tour allégeance. Mais il est évident que George II ne va pas rester sans réagir. 

La bataille est finie en cinq minutes avec des centaines de soldats hanovriens tués ou blessés et 1500 capturés. Les Highlanders, pour leur part, n’ont à déplorer la perte que d’une centaine de combattants tués ou blessés. Les Jacobites accordent aux blessés et aux prisonniers les meilleurs soins possibles. 

La bataille remonte particulièrement le moral des partisans des Stuarts, qui voient de nombreuses recrues grossir leurs rangs. La victoire paraît du côté des Jacobites, mais la situation va changer, l’année suivante, avec la bataille de Culloden, près d’Inverness. 

Le 20 septembre, les forces de Cope rencontrent l’avant-garde jacobite. Cope décide de tenir le terrain et d’attaquer l’armée jacobite. Il dispose son armée derrière un fossé, le mur du parc qui entoure Preston House protégeant son flanc droit. Le lieutenant-général de Charles, Lord George Murray, connaît bien le secteur, et, pendant la nuit, il déplace son armée d’un côté à l’autre du fossé, loin vers la gauche de l’armée de Cope. De son côté, Cope laisse se consumer les feux et déplace ses troupes pendant la nuit, tandis que les Highlanders avancent, protégés par l’obscurité. 

Le premier affrontement a lieu le 21 septembre 1745, contre les Anglais du général Cope, venu d’Aberdeen. 

De Prestonpans

à Culloden

21 septembre 1745 : la bataille de Prestonpans
16 avril 1746 : la bataille de Culloden

À la vie à la mort avec les Highlanders  

Invitation au voyage 

 

Au nord-ouest de l’Écosse s’étirent les lacs brumeux et collines de la région des Highlands. C’est sur cette terre qu’au milieu du XVIIe siècle un clan se soulève. Les Highlanders jacobites, refusant la domination de l’Angleterre, se battent pour défendre leur identité et leur honneur. Une ultime lutte qui marque encore les châteaux, les landes et les mémoires de la région.

En fin de billet, vous trouverez un reportage proposé par Arte en 2018 

À la vie à la mort avec les Highlanders.  Invitation au voyage 

Par Valérie Gay-Corajoud