MENU 

Tome 3 Ch 6 : Il y eut une violente mêlée. Fergus se débattait comme un beau diable, gigotant telle une anguille entre les mains des soldats. Dans le chaos qui suivit et le gémissement du vent, Jamie n'entendit pas le chuintement du sabre sortant de son fourreau. Pourtant, ce frottement à peine perceptible du métal contre le velours allait le hanter pour le restant de ses jours, gravé à jamais dans sa mémoire comme le symbole d'un désastre imminent. Était-ce quelque chose dans l'attitude des soldats ? Une électricité dans l'air qui aurait pénétré jusque dans sa grotte ? Ou simplement cet atroce sentiment de fatalité qui ne l'avait pas quitté depuis Culloden, comme si tout son entourage risquait la contamination, comme si tous ceux qui l'approchaient s'y exposaient ? Son corps tout entier se crispa et son cœur s'arrêta avant même qu'il n'ait vu la lame d'acier s'élever dans les airs. Elle se déplaça lentement, presque avec paresse, dans un mouvement ralenti qui laissa le temps à son cerveau de calculer sa trajectoire, de deviner sa cible et d’hurler en silence un "noooon" ! assourdissant. Peut-être aurait-il même eu le temps de bondir hors de sa cachette, de se précipiter au sein de la mêlée, de saisir la main qui brandissait l'arme et de lui faire lâcher prise. La partie consciente de son cerveau le retint de commettre une pareille bévue, lui faisant enfoncer les doigts dans la paroi de granit, le crucifiant sur place.
« Ne bouge pas ! Lui disait une voix dans sa tête, criant plus fort que la fureur et l'horreur qui l'envahissaient. Il s'est sacrifié pour toi. Tu ne dois pas bouger. Tu ne peux rien faire. » II ne fit rien. Il resta là, à regarder la lame qui décrivit un arc de cercle et s'abattit dans un léger sifflement. Le tonneau tant convoité dévala la pente en tourbillonnant et s'écrasa dans le petit ruisseau qui gargouillait plus bas. Les cris cessèrent aussitôt et un silence surpris s'abattit sur les bois. Les oreilles de Jamie, elles, rugissaient. Ses genoux lâchèrent et il se rendit vaguement compte qu'il était sur le point de tourner de l'œil. Sa vue s'obscurcit, striée d'étoiles et de traînées blanches sur un fond rouge sang. Mais même les ténèbres qui s'abattaient sur lui ne pouvaient effacer l'image imprimée sur sa rétine : la main de Fergus, cette petite main de pickpocket et d'enfant, maigre et agile, gisant inerte dans la boue du sentier, la paume tournée vers le ciel comme en une supplique.

Les prothèses 

Pour les amputés 

Par Marianne Hatzfeld 

Main articulée (et sa reconstitution) datée XVIᵉ siècle du chevalier Hans von Mittelhause (Balbronn) conservée au musée historique de Strasbourg. M. Bertola, musées de Strasbourg 

À partir d’un article de Valerie Delattre Archéo-anthropologue, INRAP, Université de Bourgogne – UBFC paru dans le site « the conversation ». Archéologie : les prothèses, toute une histoire. 


La longue histoire des prothèses est intimement liée à celle des hommes : les premiers humains debout ont très tôt su inventer des bâtons de support, des béquilles, des cannes et des appareillages improvisés, pour remplacer un membre absent ou défaillant. Reconnue à Shanidar (Irak) il y a plus de 45 000 ans sur un sujet présentant de lourdes lésions traumatiques, attestée en France vers 4700 ans av. notre ère, l’amputation va se déployer au Moyen-âge comme en atteste l’archéologie funéraire : elle bénéficiera, au fil des siècles, des techniques chirurgicales qui feront éclore, notamment sur les champs de bataille de la Renaissance, les savoir-faire audacieux du barbier Ambroise Paré puis ceux des chirurgiens des Invalides appareillant les nombreux mutilés des guerres de Louis XIV.


Ainsi l’Occident médiéval va-t-il multiplier les sujets handicapés dont les prothèses sont des coques ou des arceaux en bois, parfois engainants, munis d’un pilon sur lequel le membre amputé est replié sur un textile : à l’image de ceux déployés sur les célèbres Mendiants de Brueghel (vers 1558), ils sont pleinement représentatifs des dispositifs en matériau périssable, longtemps utilisés pour pallier l’amputation tibiale.


Multiples sont les sujets amputés, mis au jour appareillés ou non, dans leur tombe, après que leur communauté d’appartenance (un clan, un village), une paroisse, une abbaye…) les ait diagnostiqués, amputés, soignés et pris en charge et ce pour toutes les périodes étudiées. Les praticiens, depuis les guérisseurs du Néolithique, incluant Gallien (chirurgien des gladiateurs de Pergame), le français Guy de Chauliac et l’arabo-musulman Albucassis, se révèlent souvent habiles et ingénieux, malgré des techniques et des instruments très disparates !


Le tournant décisif est initié par Ambroise Paré (1510-1590) : orthopédiste et chirurgien de formation, il parcourt les champs de bataille et constate les ravages sur le corps humain engendrés par l’introduction de nouvelles armes à feu. Humaniste et ingénieux, il développe des techniques réparatrices, œuvrant aux progrès de la ligature des vaisseaux et en concevant « des moyens artificiels pour ajouter ce qui fait défaut naturellement ou par accident ». Ses prothèses de mains, notamment, réalisées par le serrurier Le Lorrain, amorcent les temps modernes de l’appareillage : les doigts sont indépendants, mobiles et articulés. Paré abandonne le lourd métal, pour privilégier le cuir bouilli, la laine, la peau ou le velours. Sa « jambe des pauvres » est un cuissard en bois peu coûteux offert au plus grand nombre. Il veut que ces appareils servent « non seulement à l’action des parties amputées, mais également à l’embellissement de leur aspect… »


Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) Louis XIV crée en 1670 l’hôtel des Invalides pour « ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie [pour qu’ils] passent le reste de leurs jours dans la tranquillité ». Il peut accueillir 4 000 militaires que l’on appareille et qui devront encore servir l’État en travaillant dans des ateliers de confection de vêtements, de broderie, de calligraphie.

Tome 3 Ch 26

— Fergus ? Interrompis-je. Fergus va bien ?

Oh oui, c'est un homme maintenant. Il a beaucoup changé, naturellement...

Je crus voir une ombre traverser son regard, mais il sourit
et me prit la main.

Il sera fou de joie à l'idée de te revoir, Sassenach(…)


Fergus bondit vers le Chinois et tendit la main pour le prendre par l'épaule. Du moins, je crus d'abord que c'était une main, jusqu'à ce que j'aperçoive un reflet métallique.
Fergus, m'exclamai-je, que t'est-il arrivé ? 

Il suivit mon regard puis haussa les épaules.
Oh ça, milady ? Ce n'est rien, c'est les Anglais. Je vous raconterai plus tard.