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Production finale rapportée et mise en page par Brigitte Blanc 

En violet, les interventions des scénaristes au sujet de l'épisode. 

 

 

ÉPISODE 508 : DE L’IMPORTANCE DES MOTS  

FAMOUS LAST WORDS 

Écrit par Danielle Berrow 

 

 

(Long épisode : 1h03mns)

PROJET DE PRODUCTION FINALE

 26 novembre 2019

COPYRIGHT © 2019 Sony Pictures Television

 

LISTE DES PERSONNAGES 26 novembre 2019

CLAIRE FRASER /JAMIE FRASER /BRIANNA RANDALL FRASER /ROGER WAKEFIELD MACKENZIE

BUCK MACKENZIE/ CHARLES MORGAN /COLONEL CHADWICK /FERGUS FRASER /GERMAN FRASER /GOUVERNEUR TRYON /HENRY JONES/ JEMMY MACKENZIE /JOCASTA CAMERON LIZZIE WEMYSS /LORD JOHN GREY/ MARSALI FRASER /SOLDATS ANGLAIS /RÉGULATEURS ULYSSE/ JEUNE IAN

 

INTÉRIEURS

L'université d'Oxford : Salle de classe / Fraser ‘s Ridge : La Cabane de Brianna et Roger Grande maison : Salle à manger. Cuisine. Parloir

 

EXTÉRIEURS

Fraser’s Ridge : Terrain familial. La Cabane de Brianna et Roger. Grande maison : Porche Endroit isolé. Passage couvert. Porche arrière. Sous les arbres/ Alamance Creek : Arbre des pendus/ Bordure de forêt /Caroline du Nord Région sauvage :  CampemenT. Près d'un arbre mort. Falaise

 

 

PASSAGES PRESENTS DANS LE SCRIPT ORIGINAL MAIS PAS DANS LA VERSION TELEVISEE FINALE

COMMENTAIRES DU/DE LA SCENARISTE, TOUJOURS INTERESSANTS !

INDICATIONS SCENIQUES ET DIDASCALIES

DIALOGUES VOIX DIRECTE
  

 

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FONDU ENTREE : 1INT. UNIVERSITÉ D'OXFORD - SALLE DE CLASSE - FLASHBACK (1969)

COLD OPEN / SCENE PRE-GENERIQUE (ndlt)

 

DR. ROGER WAKEFIELD est sur le point de rendre des essais à ses étudiants d’histoire avant la fin du cours. Il y a toujours place à l'amélioration et c'est le travail de Roger d'obtenir le meilleur d'eux.

 Roger feuillette les essais (qui sont recouverts d’encre rouge) en leur donnant un dernier coup d'œil. Les étudiants échangent des regards, inquiets de leurs notes.

ROGER : « N’ayez pas peur, vous ne risquez pas votre vie. Juste un peu de stylo rouge. « 

Roger distribue des essais, s'arrêtant devant un étudiant au regard vif et à la chevelure sauvage : HENRY JONES (18 ans).

ROGER : « Ou est-ce le cas, M. Jones ? « 

Cela surprend Henry qui ne s’y attendait pas.

 HENRY JONES : « Euh, pardon, monsieur ? « 

À ce moment-là, la porte de la classe s'ouvre et BRIANNA RANDALL entre. Discrètement, elle fait un signe de tête à Roger et va s'asseoir au fond, essayant de ne pas perturber la toute fin du cours.

ROGER : « Vous croyez que vous risquez votre vie ? « 

HENRY JONES : « Je ne pense pas, monsieur... « 

ROGER (citant l'essai) : « Mais je me demandais ce que vous voulez dire quand vous écrivez qu’untel « a finalement pu enterrer la hache de guerre « ? Nous savons tous que cela signifie "faire la paix" en quelque sorte... Mais pourriez-vous me dire pourquoi quelqu'un prendrait la peine d'en enterrer une ? Quelle est l'origine de l'expression, la véritable signification de ces mots ? « 

Henry n'a pas de réponse. Roger laisse tomber la copie sur le bureau...

 ROGER : « Humm... décevant... « 

Roger observe les réactions des étudiants – et de Brianna – attentivement. Ils sont surpris de l’entendre dire ça : c’est hors contexte. Roger laisse tomber l’essai sur le bureau d'Henry...

ROGER : « Peut-être devriez-vous partir, alors ? « 

Henry est surpris : a-t-il bien entendu ?

ROGER : « Sauf si vous avez un dernier mot à dire avant de partir ? « 

Henry est stupéfait. Mais un étudiant arrogant nommé CHARLES MORGAN (18 ans) présente son essai à toute la classe, clairement marqué du mot « Remarquable » -- CHARLES MORGAN : "Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu."

Certains étouffent des rires amusés. Roger riposte…

ROGER : « Ce n'est pas tout à fait ce que j’attendais, M. Morgan. Et ce n'étaient pas d’ailleurs, les derniers mots de César... même s'il a connu une fin tragique »

 Roger se tourne maintenant vers Henry et lui explique

 ROGER : « Restez, M. Jones. Je voulais voir si vous seriez d'accord avec moi... parce que je crois vraiment que c'est une question de vie ou de mort... Vos essais sur les « derniers mots célèbres » étaient insignifiants. Je voulais que vous vous demandiez pourquoi les gens disent ce qu'ils disent, et peut-être même que vous imaginiez, dans cette situation, quels seraient vos derniers mots. « 

Les étudiants sont amusés : c'est un professeur charismatique qu’ils aiment, quelqu'un qui n'a pas peur d'utiliser des méthodes idiosyncratiques.

CHARLES MORGAN : « Qu'importe, monsieur ? C'est un cours d’histoire, pas un atelier d'écriture créative » --

ROGER : « Parce que les gens vivent et meurent à travers leurs mots : ils façonnent nos pensées et nos actes. Souvent, ils nous définissent. Et comme les balles, une fois tirés, nous ne pouvons pas les reprendre. Les mots ont un impact, alors choisissez-les judicieusement. Qu’ils aient du sens. Vivez une vie digne d'eux. Surtout les derniers mots. Ils nous survivent. « 

 

Danielle Berrow : « Nous ouvrons sur un spectacle inconnu et inattendu, surtout après la fin déchirante de l'épisode précédent : le Dr Roger Wakefield enseigne à une classe dans son université d'Oxford. Cela fonde efficacement l'histoire qui se déroule sur le point de vue de Roger et son expérience du monde qui l'entoure, nous incitant peut-être à nous demander pourquoi il pourrait se souvenir de ce moment particulier… et offrant un aperçu des différents thèmes qui se joueront pendant le reste de l'histoire, de l'épisode. 

Ce « flash-back » permet de souligner les points forts de Roger : son don de pédagogue et le rapport qu’il entretient avec ses élèves, qui le respectent et l’admirent. C'est Roger à son meilleur, dans sa « zone de confort », dans son métier. Ce n’est pas quelque chose que nous avons vu de la même manière auparavant. Roger est un orateur confiant et quelqu'un qui enseigne à ses élèves à penser de manière critique : à choisir judicieusement leurs mots et à leur donner un sens - quelque chose qu'il essaie de vivre. Roger offre aux étudiants une précieuse leçon de morale : les mots que nous choisissons façonnent nos pensées et, souvent, notre vision de la vie. 

Compte tenu de ce qui lui est arrivé dans l'épisode 507, il y a une certaine poésie dans l'idée qu'en tant qu'universitaire, Roger aurait étudié la vie de personnages historiques, et en particulier ceux dont on se souvient pour les paroles prononcées sur leur lit de mort, ou leurs derniers mots avant l'exécution, par exemple. 

Il propose ses réflexions sur ce que pourraient être ses propres mots s’il se retrouvait dans une situation tout aussi traumatisante. Mais cette attente quelque peu romancée correspond rarement à la dure réalité, inévitablement, comme Roger, pour son malheur, le découvre. Sur les terrains d’Alamance, il n’a pas la chance de prononcer les « fameux derniers mots », qu’il a prononcés autrefois dans la sécurité de la salle de classe de l’université. 

 En fait, il n’a aucune possibilité de parler, de s’opposer ou de protester. De cette façon, la scène nous aide également à comprendre pourquoi il est si douloureux pour Roger de se retrouver sans voix après Alamance. Nous avons également aimé l'idée que, tout en se rendant visite à tour de rôle au cours de leur relation à distance, Brianna aurait pu avoir envie de « voir Roger en action » à cette occasion, et d'assister à l'un de ses cours. » 

 

 CHARLES MORGAN : « Quel seraient les vôtres, monsieur ? « 

Roger joint les mains comme pour prier

ROGER : « C'est mon dernier souhait, oh Seigneur, que mes élèves écrivent des arguments de manière structurée, étayés par des preuves, d’une écriture lisible. Amen. « 

Les étudiants rient. Mais Henry redemande à Roger -

HENRY JONES : « Non, vraiment, monsieur... »

 Roger réfléchit un instant et reste sérieux un instant –

ROGER : « Je dirais : que l'Histoire oublie mon nom, tant que mes paroles et mes actes vivent dans la mémoire de ceux que j'aime… C'est tout pour aujourd'hui ! A la semaine prochaine ! « --

Les étudiants commencent à partir. Roger n'a d'yeux que pour Brianna...

Brianna s’approche de lui.

 ROGER : « Tu es en avance « --

 BRIANNA : « Comment pourrais-je résister à l'opportunité de te voir en action ? De plus, si tu veux voir « Le vol du grand rapide », il faut se dépêcher. « 

Flatté, Roger embrasse Brianna et range ses affaires...

ROGER : « Et tu es sûre que tu vas supporter un marathon de cinéma muet ? Tu ne fais pas ça juste pour me faire plaisir ? »

 BRIANNA (le taquinant) : « Si... mais tu as supporté cette conférence entière sur les ponts suspendus. Donc ce n’est que justice. »

Roger embrasse tendrement Brianna.

BRIANNA : « Ce serait vraiment ça, tes dernier mots « ?

Roger réfléchit longuement –

 

FONDU ENCHAINE SUR LE GENERIQUE

 

TITLE CARD

Un projectionniste installe un film muet sur un projecteur et lance la bobine annonçant le titre de l’épisode sur un mode rétro.

 

 

SCENE D’OUVERTURE ABSENTE DU SCRIPT ORIGINAL : ALAMNCE CREEK – ARBRE DES PENDUS

SUITE DIRECTE DE LA FIN DE L’ÉPISODE 507 : JAMIE, CLAIRE ET BRIANNA DÉCOUVRENT QUE ROGER EST PENDU…

TOUTE LA SCENE EST REPRESENTEE SOUS LA FORME D’UN FILM MUET AVEC DES ENCARTS POUR LES DIALOGUES.

 

Jamie s’approche de l’arbre et ordonne à ses miliciens…

JAMIE : « faites-le descendre »

Il prend le corps de Roger contre lui et…

JAMIE : « il respire ! »

Claire accourt pour l’aider. On enlève la cagoule et le bâillon à Roger.

CLAIRE : « je dois ouvrir ses voies respiratoires »

Ce qu’elle fait avec les moyens du bord… Brianna est près de Roger, toujours en état de choc, quand elle l’entend respirer et revit littéralement elle-même…

BRIANNA : « Roger, tu m’entends ? C’est Brianna »

Roger entrouvre les yeux, à la stupéfaction générale.

JAMIE : « tu es vivant. Tu es sauf. Tout va bien »

FONDU ENCHAINE SUR LA SCENE SUIVANTE.

 

 

INT. FRASER’S RIDGE - CABINE DE BRIANNA ET ROGER - JOUR (J7) TROIS MOIS PLUS TARD

SCENE DECALEE ET REPLACEE A LA SUITE DE LA SCENE SOUS L’ARBRE DANS LA VERSION DEFINITIVE.

 

Roger est assis sur le lit pendant que Claire examine les cicatrices et des ecchymoses de sa gorge - une conséquence de la pendaison, puis de la cricothyrotomie qu’il a subies dans l'épisode 507.

Brianna est à proximité, attendant le pronostic de sa mère.

CLAIRE : « Tout a l’air parfait. Ta gorge guérit bien. La cicatrice s’est estompée. Comment te sens-tu ? « 

Un Roger silencieux ne peut que hausser les épaules. Il se sent brisé et traumatisé. Déprimé. Le rappel de la mort de Murtagh n’a fait qu’intensifier son profond chagrin. Claire tâte la gorge de Roger pour déceler tout problème ou indication de gonflement... CLAIRE : « Tu devrais vraiment essayer de parler. Tu seras enroué au début, mais c’est parfaitement normal. »

 Roger hésite. Mais Brianna veut l'encourager...

BRIANNA : « Ou peut-être juste essayer de murmurer... « 

Mais Roger ne veut toujours pas. Brianna opte pour l'humour...

BRIANNA : « Eh bien, sache juste que je vais apprendre à Jem à dire « pull » et "alu." Ce ne sera pas « pull-over » ou « aluminium ».

Roger esquisse un sourire. Mais le silence est assourdissant, accablant.

Se sentant impuissante, Brianna le regarde, en tournant sa bague de mariage, que Murtagh a fabriquée pour elle [Épisode 501], autour de son doigt – Elle caresse les cheveux de Roger.

 BRIANNA : « Soixante-dix pour cent de la communication est non verbale... alors qui a besoin de mots ? On peut faire semblant de jouer dans l'un de ces films muets que nous allions voir à Oxford, ou à Kenmore Square... « 

Sachant que Roger va physiquement bien, Bree essaie juste de garder le moral.

CLAIRE : « Lord John nous a apporté une malle pleine de livres et de cadeaux. Tu veux venir le voir à la maison ? « 

Roger secoue la tête. Il n’est pas intéressé.

BRIANNA : « D’accord, je viens avec toi. (À Roger) Peut-être que tu peux regarder les plans que je dessinés pour le grenier pendant que je suis absente ? Ils sont sur la table. « 

Brianna lui lance un regard encourageant, puis suit Claire jusqu'à la porte et elles sortent.

Roger reste seul, complètement perdu… Il revit les images traumatisantes de sa pendaison

 

9EXT. ALAMANCE CREEK - LISIÈRE DE FORÊT - JOUR - FILM MUET

SCENE DEPLACEE ICI DANS LA VERSION FINALE (ndlt)

 

Nous avons accès à une séquence en noir et blanc : certains des événements à ALAMANCE, avant la pendaison lorsque Roger était certain qu'il allait mourir. Des moments que nous n'avons pas vus dans l’épisode 507.

« BUCK » MACKENZIE et ses hommes, dont le Régulateur [de Ép. 507] ont entraîné Roger loin du ruisseau (où il rencontré Morag). Roger, étourdi, est allongé sur le sol alors que Buck et le Régulateur se tiennent au-dessus de lui, décidant de son sort -- Le classique du film muet « 

Les panneaux intertitres clignotent à l'écran pour afficher le dialogue après qu'un personnage ait parlé.

 RÉGULATEUR : « Qu'est-ce qu'on fait ? Le laisser pour mort ? « 

Ils doivent faire un choix. Pas de temps à perdre.

 BUCK MACKENZIE : « Il mérite pire que ça. C’est un menteur ou un traître et un lâche peu importe de quelle manière vous le regardez –

Buck gifle Roger au visage pour le réveiller complètement.

BUCK MACKENZIE : « Vous êtes venu nous prévenir, n'est-ce pas ? Vous vouliez nous rejoindre, hein ? Eh bien, le destin vous sourit aujourd'hui « –

Buck épingle la cocarde jaune de Roger sur son propre manteau –

BUCK MACKENZIE : » Debout ! »

Les hommes remettent Roger sur ses pieds et le poussent sur le sentier –

 

10EXT. ALAMANCE CREEK - ARBRE SUSPENDU - JOUR - PEU DE TEMPS PLUS TARD - FILM MUET

Buck, se faisant désormais passer pour un membre de la Milice (toujours portant la cocarde jaune volée à Roger) interpelle LE COLONEL CHADWICK, qui est occupé avec des tuniques rouges...

 BUCK MACKENZIE : « En voici un pour vous, Colonel. Je l'ai attrapé près du ruisseau. « 

Jetant à peine un coup d'œil par-dessus son épaule, le Colonel donne son ordre à un Redcoat.

COLONEL CHADWICK : « Mettez-le avec les autres prisonniers. « 

Abasourdi et affaibli, Roger est trop désorienté pour protester, et le colonel Chadwick ne l'a pas reconnu. Buck fait signe à ses deux hommes qui, à leur tour, jettent Roger au milieu d'une douzaine d'autres prisonniers Régulateurs.

 Le drapeau blanc, [qui lui a été donné par Jamie dans l'épisode 507] sort de la poche de Roger : une ironie cruelle. Il ne l’agitera pas maintenant.

À ce moment-là, le GOUVERNEUR TRYON s'approche à cheval. Un Roger agenouillé, affalé en tas avec les autres prisonniers, tourne le dos au gouverneur.

COLONEL CHADWICK : « Que fait-on d'eux, votre Excellence ? « 

Tryon réfléchit à cela pendant un moment. Alors –

GOUVERNEUR TRYON : « Prenez-en trois. Pendez-les et laissez-les là pour servir d’exemple. »

 Satisfait que ses ordres soient exécutés, Tryon s’en va – n’ayant pas reconnu le visage de Roger. Avant qu'il ne comprenne ce qui se passe, Roger est choisi, avec deux autres. Leurs mains sont rapidement liées...

N'ayant aucune possibilité de parler, Roger est bâillonné, cagoulé, une corde autour du cou : privé de ses derniers mots.

COLONEL CHADWICK : « Une simple formalité... mais nous ne le sommes pas des meurtriers de sang-froid, alors... « 

Comme les trois élus sont rapidement préparés à l'exécution et forcés de se tenir debout sur un tonneau, le Colonel proclame…

COLONEL CHADWICK : « "Pour vos crimes de trahison, vous êtes condamnés à être pendus par le cou jusqu'à ce que mort s’ensuive. Que le Seigneur ait pitié de vos âmes. » Les tuniques rouges attendent à peine que le colonel ait fini pour faire tomber les barils des « traîtres » --

 

A8 INT. FRASER'S RIDGE - GRANDE MAISON - CUISINE –

Claire et Brianna passent du temps ensemble dans la cuisine de la Grande Maison, assises à table. Claire apporte du thé. Elle sait à quel point Bree est inquiète au sujet de Roger et se demande si elle devrait aborder le sujet, quand Brianna brise soudainement le silence...

BRIANN : « Ma colocataire au MIT, Gayle... elle avait un petit ami qui était allé au Viêt Nam. Je ne le connaissais pas très bien. Il s'appelait Don. Mais Gayle m’a demandé de l'accompagner pour le voir quelquefois, après son retour. « 

La guerre est toujours un sujet difficile. Claire a une idée précise de l'endroit où cela va nous mener.

BRIANNA : « Il était revenu depuis presque un an la première fois que j'y suis allée... je ne sais pas vraiment ce à quoi je m'attendais, mais... on aurait dit un zombie. Ses yeux étaient vides de toute vie. Gayle l'appelait son regard perdu dans le lointain."

Claire a malheureusement vu suffisamment de soldats traumatisés dans sa vie pour savoir ce que cela signifie –

BRIANNA : « Il avait été touché par un éclat d'obus. Il n'était pas grièvement blessé, mais il avait vu beaucoup d'autres hommes mourir... « 

CLAIRE : « Oui, on appelle cela « névrose de guerre » de mon temps -- et « état de choc émotionnel » ... »

 Maintenant, Brianna fait le lien...

 BRIANNA : « Cela fait des mois maintenant... et tu as dit que Roger allait bien physiquement. Alors, c'est peut-être une névrose de guerre -- ça doit être mental... psychologique... « 

Elles savent tous les deux qu’on ne sait pas combien de temps durera l’état de Roger, les cicatrices mettront du temps à guérir, si jamais...

BRIANNA : « C'est comme s'il sombrait dans le silence... je vois le même regard perdu dans le lointain. J’ai peur qu'il soit égaré... « 

CLAIRE : « Mais quel que soit son égarement, il faut avoir la foi, croire que tu vas le retrouver. »

 

Danielle Berrow : « Dans cette scène, Brianna et Claire discutent de leur inquiétude pour Roger. « Trouble de stress post-traumatique » n'est pas un terme que Claire ou Brianna connaissent, mais c'est un sujet sur lequel elles sont toutes deux très informées, en termes d'expérience réelle, pratique et vécue, et à plus d'un titre. 

Claire a été exposée à des soldats souffrant de cette maladie pendant la Seconde Guerre mondiale et, ici, Brianna décrit sa rencontre avec le petit ami de sa colocataire qui a servi au Vietnam. Roger guérit physiquement mais, psychologiquement, il lui reste un long chemin à parcourir. 

Claire veut rassurer Brianna et apaiser ses craintes du mieux qu'elle peut. «  

  

 

2EXT. FRASER'S RIDGE - PARCELLE FAMILIALE - JOUR (1771) (D6)

SCENE PRESQUE COMPLETEMENTCOUPEE POUR LA PRODUCTION FINALE TELEVISEE ET PLACEE EN TOUT DEBUT D’EPISODE (ndlt) et c’est bien dommage…

 

JAMIE FRASER prie silencieusement au bord d'une tombe, essayant de faire face du mieux qu'il peut – il a organisé une cérémonie du souvenir pour MURTAGH.

CLAIRE (en voix off) : « Les gens qui ne croient pas en la télépathie n'ont jamais mis les pieds sur un champ de bataille ou servi dans une armée. Quelque chose d’invisible passe d’homme à homme. Ce qui m'a frappé, c’est que c'est la même chose lors d'un mémorial : un chagrin partagé, une camaraderie douloureuse et tacite... La réalisation angoissante qu’il est temps de dire au revoir. « 

Tous les présents se lèvent solennellement, la tête baissée en signe de deuil : CLAIRE FRASER, Brianna, FERGUS et MARSALI FRASER, LORD JOHN GREY, JOCASTA et ULYSSE – une rencontre intime et privée.

Les émotions sont vives car chacun d'eux souffre, chacun à sa manière, des blessures mentales atroces infligées par le chagrin. Claire se penche pour ajouter une pierre au cairn que Jamie a construit près du monticule de terre sous lequel repose le corps de Murtagh (où il avait été enterré quelques mois auparavant).

 CLAIRE : « Repose en paix. « 

A l’instar de Claire, quelques autres membres du groupe ajoutez des pierres sur le cairn. Claire et Jamie échangent un regard... puis ils prennent les devants -- indiquant qu'il est temps de retourner vers la Grande Maison... Tout le monde sauf Jocasta –- et Ulysse.

Il y a un accord tacite que Jocasta a besoin d'un moment, seule, pour faire ses propres adieux. Nous remarquons qu'elle porte le pendentif à double cœur que Murtagh lui a offert [Épisode 506].

Alors que les personnes en deuil commencent à partir, nous voyons ROGER MACKENZIE -- il regarde le mémorial d'un peu plus loin...

Après un temps, Jocasta commence à chanter un chant d'une beauté envoûtante. Une plainte pour Murtagh, l'amour de sa vie, maintenant mort et enterré.

Roger s'attarde, écoutant la chanson de Jocasta, triste pour Murtagh et peiné de ne pas pouvoir chanter lui-même. Il se retire vers sa maison tandis que la voix de Jocasta porte au vent –

 

 

3EXT. FRASER ‘S RIDGE- NUIT (N6)

Une brume épaisse descend sur le Ridge au fur et à mesure que le soleil se couche sur les Blue Ridge Mountains.

 

4EXT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – JOUR (J7)

 C’est le petit matin. Ulysse prépare le chariot qui se trouve à l'extérieur de la maison, préparant les bagages pour le retour à River Run.

 

5EXT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – PORCHE – JOUR (J7)

Jamie est avec Jocasta. Tous deux sont épuisés de chagrin et redoutent l'inévitable adieu.

 JOCASTA : « Il semble que nous soyons destinés uniquement à se rencontrer lors de mariages ou d'enterrements... « 

Jamie fait de son mieux pour alléger l'atmosphère avec quelques traits d’humour, dans la mesure où cela est possible compte tenu des circonstances.

JAMIE : « Vu qu'il n'y a personne en âge de se marier dans la famille, j'espère ne plus vous revoir bientôt, Tante. « 

Jocasta trouve la force de sourire à cette plaisanterie. Alors –

JOCASTA : « Tu as construit un cairn pour Murtagh... « 

JAMIE : « Avec le temps, je graverai son nom, mais pour l'instant... « 

Jamie ne peut pas rendre publique l'existence de la tombe de Murtagh.

JOCASTA : « ... J’avais pensé faire faire une pierre tombale. « 

Jocasta devine l'hésitation de Jamie –

JOCASTA : « Je sais que ce n’est pas à moi de le faire. Murtagh et moi n’étions pas mari et femme... « 

 

Danielle Berrow : « Nous avons pensé qu'il serait intéressant d'explorer l'idée de Jamie et Jocasta partageant leur chagrin ensemble – sans doute les deux personnes les plus proches de Murtagh, nourrissant tous deux leurs propres regrets. Cette scène donne une idée du temps qui s'est écoulé depuis l'incident tragique de la mort de Murtagh à Alamance, laissant le temps aux Fraser de rentrer chez eux avec le corps de Murtagh et le temps à Jocasta de voyager de River Run au Ridge afin de lui dire au revoir. 

Quelques mois se sont peut-être écoulés, mais la douleur n’en reste pas présente. Nous avons pensé qu’il était important que Jocasta ait la possibilité d’exprimer ouvertement ses sentiments – ce qu’elle n’est pas capable de faire habituellement étant donné que, comme elle nous le rappelle, elle et Murtagh n’étaient « pas mari et femme ». En tant que femme de l’époque – mariée à un autre homme – il serait inapproprié qu’elle fasse un geste ostensible, comme acheter une pierre tombale, ainsi qu’elle le suggère dans un dialogue. 

Au lieu de cela, dans une scène précédente, nous avons vu qu'elle pouvait avoir une sorte de moment privé avec Murtagh, au « cairn » que Jamie a construit en son honneur. La chanson était pour Jocasta un moyen de pleurer la perte de l'homme qu'elle aimait vraiment. Intitulé « Fleurs de la forêt », il s'agit d'un vieil air folklorique écossais commémorant la défaite des Écossais à la bataille de Flodden en 1513. En Écosse d'aujourd'hui, il est généralement joué lors des funérailles et des services commémoratifs. 

Nous espérions que le choix de la chanson donnerait davantage de nuances et de couleurs au personnage de Jocaste, illustrant à la fois ses liens avec le vieux pays et mettant en lumière une vie marquée par le chagrin, alors qu'elle chante une lamentation d'une beauté envoûtante à un soldat tombé au combat. 

Chanteuse talentueuse, Maria Doyle Kennedy a adapté les paroles et la mélodie spécialement pour la série. «  

 

Jamie prend la main de sa tante et la serre avec empathie.

JAMIE : « Nous n'étions pas non plus père et fils. Mais ça ne diminue en rien la peine, ça ne la rend pas plus supportable » --

Jocasta lui serre la main avec reconnaissance...

 JOCASTA : « Il était aussi têtu que ton père. Si seulement il était resté à tes côtés. « 

JAMIE : « C’est ce qu’il a fait. Il a tenu sa promesse envers moi... et envers ma mère... »

 JOCASTA : (sourit à cette évocation) « Il était loyal par-dessus tout -- on ne peut pas lui reprocher cela. « 

Ulysse s'approche...

ULYSSE : « Votre voiture vous attend, Maîtresse. « 

Jocasta fait un signe de tête en signe de reconnaissance, puis se tourne vers Jamie :

JOCASTA : « Remercie encore Claire pour moi, et embrasse les McKenzie « –

JAMIE : « Au revoir, tante. « 

Jamie prend sa tante dans ses bras.

JOCASTA : « Comme on serait attentifs si on savait quel aurevoir sera le dernier » ...

Jamie regarde Ulysse guider Jocaste jusqu'à la calèche.

JOCASTA : « Penses-tu que Murtagh est au paradis ? « 

ULYSSE : « Je suis sûr que votre chanson l'a guidé là-bas... et s'il vous attend aux portes, aucun de vos maris n’aura une chance « –

Ils sont presque à la voiture...

JOCASTA : « Ulysse, si je pouvais regarder en arrière maintenant... « 

Ulysse regarde le porche, où Jamie est maintenant assis, accablé par chagrin. Entre ses mains se trouve le carré de tartan de Murtagh (qui l'avait gardé depuis son séjour à Ardsmuir dans l'épisode 303).

ULYSSE : « Alors, vous verriez votre neveu, debout sous le porche, fort et fier, nous disant adieu. « 

Ulysse aide Jocasta à monter dans la voiture.

 En fin de cette scène, dans la version finale, Jamie sort de sa poche le morceau de tartan, celui sur lequel sont cousus les deux cœurs entrelacés que Claire avait récupérés après la mort de Murtaugh, dans la tente militaire à Alamance Creek. Jamie est en pleurs.

 

 

11INT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – SALLE À MANGER – JOUR (J7)

Gros plan sur une lettre marquée du sceau de Tryon. Elle est ouverte.

LORD JOHN GRAY : « Pardonnez mon retard à vous donner cette lettre... même si j'hésite, même maintenant... Mais le gouverneur a dit était important. « 

Brianna est là avec Claire, Jamie et John Grey, assis autour de la table. Elle lit la lettre. Son visage pâlit. Elle remet la lettre à son père...

JAMIE (lit à haute voix) : « Je vous présente mes excuses pour la blessure de votre gendre. C’était une erreur des plus regrettables. « 

Jamie lève les yeux, incrédule face à ce qu’il lit comme un euphémisme outrancier. Il continue sa lecture, puis résume le reste…

JAMIE : « Le gouverneur Tryon a accordé à Roger 2000 hectares dans l’arrière-pays. « 

Brianna est abasourdie – ce n'est pas ce qu'elle s'attendait à entendre.

BRIANNA : « Quoi... pourquoi ? »

 JAMIE : « En dédommagement. « 

CLAIRE : « Je suppose qu'il pense qu'il peut acheter votre pardon. »

 BRIANNA : » Que ferons-nous de ces deux mille hectares ? »

 LORD JOHN GRAY : « Cela n’ôtera pas ce qui est arrivé à Roger, mais cette terre a de la valeur, et avec le temps » --

 BRIANNA : « Tryon peut garder ses terres. C’est de mon mari dont j’ai besoin. »

Brianna se lève et sort. Jamie se lève pour la suivre, mais John Gray l'arrête...

LORD JOHN GRAY : « si vous permettez… »

 John Gray se dirige vers la table et ouvre une boîte

 

8INT. CABINE BRIANNA & ROGER - JOUR (J7)

Resté seul, Roger se lève. Le silence pèse lourd dans l’air... Il fait les cent pas. Il veut expérimenter, formuler des sons. Il prend une profonde inspiration. L'air râpe sa trachée - son visage se tord alors qu'il se débat, tousse, s'éclaircit sa gorge, mais ça ne va pas. Aucun son ne sortira.

Il se prépare à réessayer. Il choisit un mot, un nom : Brianna. Sa bouche fait la forme - mais il ne peut toujours pas émettre un son... Et on voit que Claire a raison, il y a un problème psychologique qui fait obstacle : il est étouffé par tout ce qui n'est pas dit, toutes les choses qu'il veut dire : par la peur des conséquences de ses paroles.

Roger ferme les yeux, essayant d'imaginer le visage de Brianna, essayer d'effacer des souvenirs déchirants...

Nous entendons les clics vrombissants d'un vieux projecteur... comme un film muet qui commence à jouer dans l’esprit de Roger... en partie sa mémoire, en partie la représentation visuelle de son état psychologique intérieur traumatisé.

Dans la version finale, Roger prend les plans dessinés par Brianna (agrandissement de l’étage) et les étale sur la table pour les étudier.

C’est en sortant sa caisse à outils et en voyant la corde qui sert d’anse que les images reviennent. En noir et blanc…

 Une voix de soldat anglais : « pour vos crimes de trahison. Vous serez pendus par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive » …

Dans les recoins sombres de l’esprit de Roger, c’est comme si le même la séquence est jouée en boucle. Il est coincé sur ces quelques instants ultimes avant l'exécution... seulement dans les micro-détails maintenant. La capuche rugueuse en toile de jute sur sa tête... Il cligne furieusement des yeux, ses cils frottant contre la matière... un peu de lumière qui s'infiltre... et avec des yeux s'adaptant à l'obscurité, il peut distinguer certains détails du tissu - ses fils. Il observe son mouvement alors qu'il inspire et expire... Il se sent malmené, obligé de se tenir debout sur un tonneau... Il se sent tomber. Un trajet en ascenseur depuis l'enfer. Il peut sentir la corde se tendre, la force de l'air ayant le moindre impact sur le tissu à chaque respiration...

Et l’on voit Roger glisser sa main (qu’il a libérée) autour de son cou pour alléger la pression du nœud… Et le drapeau blanc qui sort de sa poche.

 

 

Danielle Berrow : « En lisant le Croix de Feu, une description particulière des blessures de Roger ressortait : « Les ecchymoses s'estompèrent assez rapidement, passant des rouges et des bleus livides à une gamme spectaculaire de violet, de vert et de jaune qui lui donnaient l'impression qu'il venait d'être exhumé alors qu’il avait été exhumé depuis environ une semaine. Ses signes vitaux étaient excellents. Sa vitalité ne l’était pas. » Il y a quelque chose de fascinant dans ce contraste : la description à la fois horrible et d’une beauté sombre des blessures physiques de Roger évoquant des couleurs alors qu’en même temps il est pâle et cadavérique. 

Comment, alors, donner une idée de cela à travers un support visuel ? Parallèlement à cela, en réfléchissant à la meilleure façon de décrire la douleur psychologique et le traumatisme d'un homme dont le don est sa voix et sa capacité à utiliser les mots, il était logique de contempler ce dont il a été privé… 

Roger est, au départ, physiquement et psychologiquement incapable d'exprimer la douleur qu'il éprouve – ou même de l'accepter au plus profond de son esprit. C’est finalement de là qu’est née l’idée du « film muet ». Il y a quelque chose de très viscéral à voir des moments de l’horrible expérience de Roger à l’arbre des pendus d’Alamance en noir et blanc – et en silence. Son esprit est bloqué en boucle, reproduisant son traumatisme encore et encore, comme une bobine de film projetant des images dans son esprit. 

Et, comme nous le voyons tout au long de l'épisode, ces éclairs du film muet changent à mesure que Roger accepte lentement son épreuve, alors qu'il passe du noir et blanc à la couleur. «  

 

12EXT. FRASER’S RIDGE - GRANDE MAISON - PORCHE – UN PEU PLUS TARD - JOUR (J7)

Lord John retrouve Brianna – qui est toujours bouleversée. Il porte quelque chose -- un astrolabe et un livre destiné à l'accompagner (dans la veine du Traité sur l’Astrolabe de Chaucer).

LORD JOHN : « J'ai apporté quelque chose... pour le Ridge... quelque chose qui m’a toujours donné l’impression d'avoir la sagesse des cieux dans la paume de ma main. Mais peut-être vous et Roger devriez l'avoir... « 

 

Danielle Berrow : « Dans le livre, Lord John recherche de son côté un astrolabe, qui est ensuite envoyé à Jamie par William (de Londres), mais nous adorons le portrait de Lord John par David Berry et étions impatients de trouver une excuse pour qu'il vienne lui rendre hommage et offre son amitié et son soutien aux Fraser. 

Nous avons plutôt décidé de lui demander d'apporter l'astrolabe avec lui sur le Ridge. «  

 

John donne l'astrolabe à Brianna. Elle l'étudie attentivement.

BRIANNA : « C’est incroyable « --

LORD JOHN : « L'astrolabe est un modèle de l'univers, de bien des manières. Un instrument qui peut vous servir à trouver votre position, que ce soit sur terre ou en mer, pour trouver une étoile particulière dans le ciel, même donner l'heure « --

 Brianna ajuste l'instrument – le tient vers le ciel.

BRIANNA : » Trouver sa place dans le monde… »

LORD JOHN : » on devrait peut-être commencer modestement « 

BRIANNA : « Alors, trouver l’heure ? Vous aligneriez donc le bras de visée ici avec le soleil ou les étoiles pour calculer le temps et la distance ? Donc, si le soleil était ici, ça voudrait dire… 17h30. « 

LORD JOHN: « 17h35 »

BRIANNA : « Oui.  Eh bien on n’a pas toujours toutes les réponses. Merci John ! » »

Brianna sourit. Un moment de légèreté et de joie.

 

Après un moment, John Gray se souvient…

LORD JOHN GREY : « Quand j'étais gouverneur de la Jamaïque, les gens venaient me voir avec des questions sans fin... comme si j'étais Salomon le Sage « 

 Brianna regarde son amie avec curiosité...

BRIANNA : « Alors... vous pouvez probablement deviner la mienne... Pensez-vous que Roger et moi devrions prendre le terrain ? « 

LORD JOHN : « Eh bien, c'est le problème... Quand j'étais en Jamaïque, je ne suis pas sûr cela faisait une grande différence si je répondais bien ou mal. J’étais le Gouverneur, donc, dans la mesure où tout le monde était concerné, j'avais raison. –

Brianna jette un nouveau coup d'œil à l'astrolabe...

BRIANNA : « (amusée) Je me demande pourquoi nous sommes tellement préoccupés de mesurer le temps ? « 

LORD JOHN : « Le temps est l'un des plus précieuses choses que nous ayons. « 

BRIANNE (taquine) : « Celle-là était une question rhétorique... »

 

 

15EXT. FRASER’S RIDGE – PARCELLE FAMILIALE – CRÉPUSCULE (D7)

SCENE COUPEE DANS. LA VERSION FINALE (vous pouvez la voir dans les « scènes coupées » du DVD. Ndlt) TRES BELLE SCENE.

 

Jamie et John Gray sont allés à la distillerie et maintenant se retrouvent à rouler un fût de whisky vers le site de la tombe de Murtagh. Ceci est rendu légèrement plus difficile par le fait que tous deux tiennent aussi leurs boissons respectives... et par le fait qu'ils  sont tous les deux, désormais, complètement ivres –

LORD JOHN : « Crois-tu aux fantômes ? « 

JAMIE : « Crains-tu que Murtagh revienne pour te hanter... pour tous ces débats politiques acharnés ? « 

LORD JOHN : « Je n'ai peut-être pas été d'accord avec ton parrain... Mais je crains qu'il n’ait eu raison à propos de Tryon après tout... »

 Jamie positionne le fût et tape dessus avec application –

JAMIE : « Un verre pour Murtagh. Et pour les autres braves, morts à Alamance. Il est plus que temps. (Puis, submergé d’émotion) J’ai dû le ramener à la maison pour l'enterrer. Pour donner à Jocasta la chance de nous rejoindre » --

 John Gray souhaiterait pouvoir faire plus : aller vers Jamie, mettre une main réconfortante sur son épaule -- mais il sait où sont les limites....

 LORD JOHN : « Tu as été sacrément courageux, Jamie, d’attendre si longtemps... «

 JAMIE : « Je dois penser à Claire, Brianna et Roger « --

LORD JOHN : « Pauvre vieux Roger... « 

Jamie regarde John Gray -- un rare moment de vulnérabilité, renforcé par l'alcool.

JAMIE : « Il n’est pas lui-même. Peut-être que c'est un fantôme... « 

LORD JOHN : « Non, non, non... Roger n'est pas un fantôme. (après un temps) Mais il y a autre chose d’autre qui te hante » …

 JAMIE : « Oui. Quelque chose qui pourrait revenir pour les hanter – Brianna et Roger. Même s'ils ne le savent pas – « 

LORD JOHN : (réalisant) « Bonnet... Le capturer est toujours une priorité ? «  

JAMIE : « Non. Mais le tuer l’est. « 

Ils réfléchissent tous les deux pendant un moment à la gravité de cette menace.

LORD JOHN : « Je suppose que Murtagh boirait à ça... Et je ferai tout ce que je peux pour t’aider. Tu le sais. Je suis content que nous trinquions une dernière fois ensemble -- nous trois -- Avant de partir. Slàinte ! »

 JAMIE : « Non, on ne peut pas dire ça... ça veut dire "Bonne santé."

LORD JOHN : « Alors dis autre chose... »

 JAMIE : « Murtagh, j'espère que tu es monté au paradis avant que le diable sache que tu étais mort. « 

Jamie et John verse du whisky sur le sol pour Murtagh.

 

 

16INT. FRASER’S RIDGE - GRANDE MAISON - CUISINE - NUIT (N7)

Claire est assise à la table et lit. Jamie entre, titubant. Claire pose le livre, voit tout de suite que Jamie est ivre. Compréhensible, compte tenu des circonstances.

CLAIRE : « Je suis heureuse de voir que tu as trouvé une distraction—Ces quelques mois ont été durs » ...

JAMIE : « On a un remède contre le chagrin à ton époque ? Certaines de tes bestioles invisibles qui le dévoreraient ? « 

CLAIRE : « Malheureusement non. Je ne crois pas qu’il y ait jamais de remède. Sauf peut-être le temps  -- on dit que le temps guérit toutes les blessures."

JAMIE : « Ou peut-être que le temps les rend supportables ? « 

CLAIRE : « S'il y avait un remède, j’en donnerais une grosse dose à Brianna et Roger -- ils souffrent tous les deux tellement. »

 JAMIE : « Tu as dit que Roger allait mieux « --

CLAIRE : « Je pensais qu’il parlerait maintenant. Le temps guérit les blessures physiques, au moins. »

 JAMIE : « Mais pas la maladie dans son âme. « 

Claire hoche la tête – Jamie est peut-être ivre mais il a diagnostiqué le cœur du problème.

 

 

17EXT. FRASER'S RIDGE - GRANDE MAISON - JOUR (J8)

Le matin au Ridge.

Nous voyons Lord John Gray partir dans sa calèche.

Les travaux se poursuivent à un rythme soutenu : la lessive, la fabrique de bougies, l’herbe à couper, les animaux à nourrir, le garde-corps à peindre à la Grande Maison…

 

19 INT/EXT. CABINE DE BRIANNA & ROGER – INSTANTS PLUS TARD – JOUR (J8)

Claire et Jamie se tiennent à la porte et frappent. Claire porte un panier de restes. Ils peuvent entendre un fort martelage. Jamie, qui a la gueule de bois, grimace. Pas bon pour son crâne…. Ils frappent encore. Brianna ouvre enfin la porte...

CLAIRE : « Bonjour ! »

Brianna est surprise de voir ses parents. Jemmy est assis à proximité, jouant. Le martèlement en arrière-plan continue...

BRIANNA : « Bonjour ! »,

JAMIE : « Que fait Roger, bon sang ? »

 BRIANNA : « Il fabrique un escalier pour le grenier »

 JAMIE : « Tu penses qu'il pourrait s'arrêter un petit moment... ? « 

CLAIRE : « Nous avons apporté quelques restes. « 

Brianna se force à sourire, touchée par le geste de ses parents.

BRIANNA : « Je vais voir si je peux éloigner Roger de sa nouvelle passion pour la menuiserie » ...

 Claire et Jamie entrent, tandis que Brianna se dirige vers Roger...

 

  

20 INT. CABINE DE BRIANNA & ROGER – PEU PLUS TARD – JOUR (J8)

Roger aide Brianna à préparer la nourriture que Claire et Jamie ont amenée. Pendant ce temps, Claire et Jamie s'occupent de leur petit-fils – et de la bouilloire dans le foyer. Comme Jemmy tend la main vers la bouilloire, Jamie arrête le garçon et l'éloigne du danger –

JAMIE : « Attention, a chuisle ! ».

CLAIRE : « A chuisle ? C'est nouveau. « 

JAMIE : » Oui. Cela signifie « mon sang ». « 

CLAIRE : « Je pensais que c'était "m'fhuil". « 

JAMIE : « Oui, c'est vrai, mais c'est le sang qui sort quand tu te blesses. A Chuisle est quelque chose que tu dis à un enfant, principalement, quelqu’un de sa famille bien sûr. « 

 

Danielle Berrow : « Une partie de la beauté d’Outlander réside dans sa capacité à capturer des moments réconfortants de la vie quotidienne de la famille. Il y a un beau moment dans le livre où Jamie appelle Jemmy par le terme gaélique « a chuisle », expliquant à Claire que c'est une façon d'indiquer que quelqu'un vous est lié par le sang, souvent un enfant. Cette scène offrait une occasion parfaite d’inclure ce moment. «  

  

CLAIRE : « C'est adorable. « 

À ce moment-là, Jamie et Claire sont momentanément distraits : heureux de voir Brianna et Roger porter des assiettes de nourriture à travers la pièce pour servir, ainsi que des tasses et des couverts -- À tel point que ni l’un ni l’autre n’est témoin de la deuxième tentative de Jemmy, rapide comme l'éclair pour atteindre la bouilloire brûlante –

Mais Roger saute pratiquement en avant à cette vue et rugit !

ROGER : « Arrête ! »

Jemmy regarde son père, sa main à quelques centimètres du métal brûlant. Son visage se froisse et il commence à crier de peur. Brianna se précipite vers Jemmy, le visage pâle sous le choc. Roger est choqué aussi. Il porte la main à sa gorge : ça fait mal, et à l’oreille de Roger, sa voix semble tout à fait grotesque.

BRIANNA : « Roger, tu as parlé... Tu peux dire dire autre chose ? « 

 

Danielle Berrow : « Cette scène représente également un tournant important dans l'épisode. Les soupçons de Claire et Brianna se confirment : Roger peut parler physiquement mais a du mal à faire face à son traumatisme psychologique. Il a peur des conséquences des dommages causés à ses cordes vocales et de ce que cela signifie pour son rétablissement à long terme. Dans son esprit, le son qu’il émet est grotesque et grinçant. Il sait qu’il pourra peut-être retrouver sa voix un jour, mais sera-t-il capable de chanter ? Sera-t-il capable de se tenir debout devant une classe et de donner une conférence ou d'enseigner à nouveau ? 

Ces questions sont liées à son anxiété plus profonde concernant sa place dans le monde, son identité, sa vie future avec sa famille et la manière dont il pourrait subvenir à leurs besoins. » 

 

 Roger secoue la tête, horrifié et honteux de sa voix rauque. Mais Brianna est optimiste à propos de Roger.

Roger est toujours bouleversé. Claire et Jamie voient que Roger et Brianna ont besoin de temps.

CLAIRE : « Nous allons emmener Jemmy jouer « –

Jamie et Claire sortent, en emmenant Jemmy.

BRIANNA : « Est-ce que ça fait mal ? Tu peux réessayer ? Allez, essaie pour moi… »

Mais Roger ne peut pas répondre et s’éloigne.
Brianna est déçue, une fois de plus.

 

 

18 INT/EXT. CABINE BRIANNA & ROGER - JOUR (J8)

De petits copeaux de bois s'envolent d'une bûche que Roger est en train de scier sur le porche avec beaucoup de détermination et de sueur, pendant qu'il travaille sur les premières marches de l'escalier menant au grenier.

 Derrière lui se tient Brianna, tenant la lettre de Tryon dans une main. Et l’astrolabe dans un autre. Nous arrivons en pleine conversation...

BRIANNA :  ... Au début, ça m'a mise en colère moi aussi. C'était comme... l'argent du sang. Mais plus j'y pensais, c'est le moins qu'il puisse faire pour ce qui est arrivé. C'est 2000 hectares, Roger. Comment pouvons-nous dire non ? « 

Mais Roger, concentré sur la tâche à accomplir, secoue simplement sa tête. Brianna soupire.

BRIANNA : « peux-tu s’il te plait arrêter ça et réfléchir à cette offre ? « 

A ce moment, Jemmy arrive et interrompt ses deux parents avec une demande. Il dit simplement…

JEMMIE : « Papa... Chante Clémentine. « 

Roger a l'air peiné. Brianna prend la main de Jemmy.

 BRIANNA : « Papa travaille, chéri. Allons, ne le dérange pas. « 

Elle amène Jemmy à l'intérieur.

Roger recommence à scier, mais il est distrait. Il entend quelque chose... Il s'arrête et écoute... De l'intérieur de la cabine, Brianna chante, tout comme elle a promis qu'elle le ferait, s'il ne revenait jamais [Episode 507].

BRIANNA: « (en chantant) Oh my darling Clementine.... “

Roger regarde par la fenêtre, dévasté. Après un moment, il se reprend, ramasse ses outils et retourne à son travail.

 

Danielle Berrow : « La capacité de Richard Rankin à jouer sans paroles l’angoisse émotionnelle de Roger était phénoménale, et nous savions que cela transparaîtrait dans des moments intimes comme celui-ci avec sa femme et son enfant. Ici, Brianna fait écho à la promesse qu'elle a faite à Roger dans l'épisode 507 selon laquelle, au cas où quelque chose lui arriverait, Brianna apprendrait à Jemmy à chanter « Clémentine » (un autre clin d'œil à la chanson référencée dans le livre). «  

  

 

21EXT. FRASER’S RIDGE – ENDROIT ISOLÉ PRES DU RUISSEAU – UN PEU PLUS TARD – JOUR (J8)

Jamie et Claire jouent à cache-cache avec Jemmy dans un endroit isolé parmi quelques arbres. Jamie « se cache » dans certains feuillages et Claire et Jemmy comptent avant de le trouver facilement

 CLAIRE : « Cherche grand-père, trouve grand-père, Jemmy... « 

Jamie sourit malicieusement derrière des buissons. Jemmy regarde autour, puis le découvre –

JAMIE : « tu m’as trouvé ! « 

Jemmy rit de plaisir.

CLAIRE : « On recommence ? Maintenant, couvre-toi les yeux... « 

Jemmy le fait et compte avec Claire. Jamie va se cacher à nouveau, mais alors qu'il s'approche d’un autre buisson, il remarque quelque chose qui bouge... le buisson paraît trembler... Les poils de Jamie se hérissent... Il s'arrête une seconde et prend sort son couteau... Restant calme, mais déterminé, il avertit Claire...

 JAMIE : « Claire, emmène Jemmy et va à la maison. Maintenant. « 

 

Danielle Berrow : « Nous avons essayé de garder le retour du jeune Ian aussi proche que possible du moment du livre en incluant l'attaque du sanglier. Dans notre adaptation, pour rendre la scène à la fois possible à tourner et sûre pour nos acteurs, nous avons choisi de combiner le retour avec Jamie et Claire jouant à un joli jeu de « cache-cache » avec Jemmy. «  

 

Claire, voyant Jamie armé et sentant son inquiétude, serre Jemmy dans ses bras... Jamie se prépare... Soudain, un sanglier -- avec des défenses acérées – charge Jamie.

 Tout aussi soudainement, une flèche, puis une autre transpercent le sanglier qui tombe, mort, à quelques pas des pieds de Jamie.

Tout cela est arrivé si vite que Claire n’a pas pu s’éloigner -- L'instinct de Jamie est de protéger Claire et Jemmy. Il court vers eux, les protégeant tous les deux avec son corps. Après un moment, Jamie lève les yeux et voit – une silhouette masculine se dressant entre les arbres, un arc à la main, un grand chien-loup à ses côtés qui dévale la pente en aboyant joyeusement –

JAMIE : « Oh, Seigneur. C'est Ian ! « 

Jamie et Claire peuvent à peine en croire leurs yeux – YOUNG IAN et ROLLO sont revenus de chez les Mohawks.

CLAIRE : « Ian... nous pensions ne jamais te revoir ! » --

Claire et Jamie sont stupéfaits mais ravis. Mais le jeune Ian est réservé. Il a changé. Non seulement il a l'air différent -- il porte un costume mohawk et avec la tête partiellement rasée - mais là Il y a chez lui un certain air de tristesse. Une solennité. Il se comporte différemment : le poids du monde sur ses épaules.

Mais la préoccupation immédiate de Jamie est la sécurité.

 JAMIE : « Est-ce que quelqu'un te suit, mon garçon ? « 

Le jeune Ian fait un geste vers le sanglier.

JEUNE IAN : « Non. Sauf s'il a des parents vengeurs. « 

JAMIE : « Nous mangerons bien ce soir. Pour fêter ça. »

 À cela, le jeune Ian hoche sobrement la tête. Jamie le serre dans ses bras mais il sent qu’il y a un souci chez Ian...

 

22EXT. CABINE DE BRIANNA & ROGER – JOUR (J8)

Jamie, Claire et Jemmy reviennent à la cabane avec le jeune Ian et Rollo qui les accompagnent. Il appelle Roger et Bree.

JAMIE : « « Bree ! Roger !

Le couple sort de la maison pour voir de quoi il s'agit. Roger s'arrête net, déconcerté de voir le jeune Ian et Rollo s'approche de lui.

Par respect, Jamie, Claire et Jemmy attendent quelques pas derrière. Roger et Young Ian se regardent de haut en bas : leur première vraie rencontre. Roger examine les vêtements du jeune Ian : les parties mohawks – le bracelet wampum à son poignet. Là est un lien immédiat : de compréhension et de survie – des frères d'armes.

Pour Roger, c'est un fardeau de culpabilité en moins à porter, une croix de moins à porter : le jeune Ian est à la maison.

JEUNE IAN : « Je savais que tu nous pardonnerais, à oncle Jamie et moi, pour ce que nous t'avons fait « 

Roger hoche la tête, oui. Il a pardonné à Jamie et au jeune Ian de l’avoir vendu comme esclave. Les deux s’étreignent longuement. Roger pleure et ne peut pas lâcher le garçon devenu homme, qui s'est sacrifié pour la liberté de Roger.

Mais finalement, il le fait. Submergé par l’émotion mais dépourvu de mots pour l’exprimer adéquatement, il rentre dans la maison.

 Jamie et Claire échangent un regard – voyant Brianna le regarder rentrer dans la maison... Brianna se tourne vers Ian –

BRIANNA : « C'est si bon de te voir »  

Et Brianna et Ian s’étreignent à leur tour.

 

23EXT. FRASER'S RIDGE - GRANDE MAISON - JOUR (J8)

Claire et Jamie se tiennent fièrement devant la Grande Maison, la montrant au jeune Ian – et à Rollo.

JAMIE : « Eh bien, qu’en penses-tu, mon garçon ? « 

JEUNE IAN : « Elle est… Grande »

 JAMIE : « Elle a demandé beaucoup de travail « --

CLAIRE : « Du sang, de la sueur et des larmes. Tout le monde a aidé. Nous sommes très reconnaissants aux colons. « 

Un silence gênant. Après un moment...

JEUNE IAN : « Je peux découper le sanglier pour nous, si vous voulez » ...

CLAIRE : « Ian, tu viens d'arriver. Tu ne veux pas t'installer ? »

JAMIE : « tu dois avoir faim, je vais demander à un des hommes de le faire... ou Marsali – tu devrais la voir avec un couteau. »

 JEUNE IAN : « Je l'ai tué. C’est moi qui le découpe. »

Il y a quelque chose de tellement neutre dans le ton de Ian. Claire le remarque, mais jette également un coup d'œil à Jamie, voyant à quel point il est heureux d’avoir son neveu à la maison –

CLAIRE : « Bien sûr, comme tu voudras. Viens ! ».

JEUNE IAN : « Ça ne vous dérange pas si je reste encore un peu dehors ? « 

JAMIE : « Fais comme chez toi, mon garçon. »

 Jamie s'éloigne, Claire à son bras. Ian, regarde fixement la maison, dépassé par les événements. Peut-il se sentir chez lui ?

 

 

28 INT. CABINE DE BRIANNA & ROGER - JOUR (J9)

UNE AUTRE SCENE DEPLACEE (voir numéros des scènes)

 

Marsali s'assoit à table avec Roger lors d'une visite. Elle sert du thé.

MARSALI : « Je pensais aux MacKenzie et les Fraser... Nous avons traversé les guerres, de bien des façons, et nous ne savons pas ce qui se trouve devant nous... Alors j'ai eu une idée... « 

Marsali retire subrepticement un jeu de tarots des plis de sa robe. Alors qu'elle parcourt le jeu, nous apercevons des cartes : le magicien, la mort, la justice, etc.

 Elle lève les yeux vers le ciel, ferme les yeux et fait une petite prière d'abord.

MARSALI : « (parle à Dieu) Je ne veux pas faire de mal, Seigneur. Un petit jeu, c'est tout. Si tu veux frappe-moi, alors tu devras frapper Madame Bug aussi, car c'est elle qui me les a données, même si elle ne l'avouera jamais...

Marsali s'arrête une seconde et, consciente de l'ironie, ajoute…

MARSALI : « Et je ne suis pas superstitieuse, c'est pourquoi je vous prie. Amen. « 

Marsali ouvre les yeux.

MARSALI : (à Roger) « Pas de coups pour l’instant. (Baissant la voix) Et c'est Claire qui a dit que si ça ne le dérange pas qu’on fasse une "autopsie", alors je ne vois pas pourquoi quelques cartes le dérangeraient »

Elle mélange le jeu et ferme à nouveau les yeux : cette fois en pleine concentration. Roger regarde, un peu ennuyé, mais il fait avec.

 

 MARSALI : « Que me réserve mon avenir ? « 

Marsali tire une carte, ravie du résultat : l’amant.

MARSALI : « (en riant) Celui-ci s’appelle l’amant. Mais combien d'enfants c'est trop, Fergus Fraser ! « 

Marsali jette un coup d'œil à Roger...

MARSALI (redistribue les cartes) : « Pour Roger MacKenzie, maintenant. « 

Elle se concentre à nouveau et pioche une carte : le pendu. Ils la regardent tous les deux. Marsali recule de surprise. Elle récupère la carte, la mélange et la pioche à nouveau. À sa grande horreur, la même carte réapparaît.

Roger regarde, les yeux incrédules. Marsali est choquée et renverse accidentellement les cartes sur tout le sol...

 

Danielle Berrow : « Cette scène est inspirée d'un passage de la Croix de Feu dans lequel Brianna décrit un rêve qu'elle fait à propos de son amie Deborah. Deborah propose des lectures de cartes de tarot et Brianna rêve d'une carte appelée « Le Pendu » : 

 « Le Pendu représente le processus nécessaire d'abandon et de sacrifice », a-t-elle déclaré. 

« Cette carte a une signification profonde », a-t-elle dit, et elle m'a regardé et a tapoté dessus du doigt. 

« Mais une grande partie est voilée ; tu dois en découvrir le sens par toi-même. L'abandon de soi conduit à la transformation de la personnalité, mais la personne doit accomplir sa propre régénération. » 

Dans ce cas présent, nous avons donné vie au rêve, pour ainsi dire, et avons fait venir Marsali à la maison pour essayer de distraire Roger de son chagrin et lui remonter le moral. 

À l’origine, les cartes de tarot étaient utilisées pour des jeux de cartes plus simples avant de prendre une signification plus « occulte ». Diverses superstitions étaient encore fortement ancrées dans une grande partie de la population à cette époque, même parmi les croyants (qui comprenaient presque tout le monde) - et les jeux de cartes étaient très populaires - il n'est donc pas difficile de croire que les gens seraient curieux de connaître leur utiliser. 

 Ici, cependant, Marsali propose une prière de pardon avant d’utiliser les cartes – sa façon de reconnaître qu’elle fait quelque chose qu’elle ne ferait pas normalement. Mais il était intéressant d'envisager l'idée que tout le monde sur le Ridge serait à bout de forces en essayant de divertir Roger avec une conversation à sens unique. Pour Marsali, la tentation d’utiliser les cartes comme moyen de briser le silence est trop forte pour résister. 

Dans le livre, Brianna a l’avantage, dans son rêve, d’être consciente que le Pendu représente une « transformation » ou une « régénération ». Comme elle l’observe dans le livre : « transformation de la personnalité ». C’est ce dont j’ai peur, d’accord. J’ai bien aimé la personnalité de Roger telle qu’elle était ! » Cette notion devient clé dans l’adaptation. Bien que la véritable signification de la carte elle-même – en tant que symbole de transformation (plutôt que de mort) – ne soit jamais explicitement reconnue par nos personnages dans le dialogue, c’est la conclusion à laquelle Roger parvient alors qu’il guérit lentement, avec le soutien de Brianna. 

Brianna veut que son mari revienne, mais il ne sera plus jamais le même. La scène laisse présager, bien qu’à un niveau plus subconscient, la prise de conscience par Roger qu’en fin de compte, il est un homme changé. «  

 

MARSALI : « Je me suis trompée, on va réessayer. « 

Mais Roger attrape la carte cette fois et fait tomber les autres. Marsali essaie de se sortir de cette situation affreuse.

 MARSALI : « Au moins, tu n'as pas eu "la mort" -- ou le diable." Ce serait  pire, n'est-ce pas ?

Marsali montre à un Roger angoissé les deux autres cartes –

MARSALI : « Ce n’est qu’un tout petit jeu comme je l’ai dit. Ça ne veut rien dire »

 -- Mais cela signifie quelque chose pour Roger. Soudain, il sent que terrible sensation d'obscurité descendant une fois de plus lorsqu'il ferme les yeux... Nous entendons les vieux sons du projecteur de film : Clic, clic, clic –

Les images de la pendaison lui reviennent encore… Une silhouette se dessine dans son cauchemar éveillé…

 

 

30INT. CABINE DE BRIANNA & ROGER - JOUR (J9)

De retour avec Marsali et Roger. C'est à ce moment-là que Brianna entre. Elle voit les cartes de tarot et ressent la tension dans la pièce.

BRIANNA : « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu'est-ce que c'est ? « 

MARSALI : « Rien. Juste un passe-temps innocent » --

Mais Brianna voit la carte du Pendu dans la main de Roger. Elle n’est pas contente. Elle rejoint Marsali vers la porte.

BRIANNA : « Je pensais que tu étais venue pour essayer de lui remonter le moral. A quoi pensais-tu ?! « 

MARSALI : « je ne pensais pas qu'il tirerait la carte du Pendu – deux fois ! Voilà ce que c’est d’avoir barboté avec le diable ! « 

BRIANNA : « Cela n'a rien à voir avec le diable ! Oh mon Dieu ! Ce ne sont que des cartes. « 

MARSALI : « Oui mais il vaut peut-être mieux ne pas invoquer le nom du Seigneur en vain. « 

Marsali lève un sourcil et sort. Une vague de culpabilité frappe Brianna. Ce n’est pas contre Marsali qu’elle est en colère. Elle se tourne vers Roger. Il émiette la carte et la jette.

BRIANNA : « Ce ne sont que des cartes ».

 Roger n'a pas l'air convaincu. La frustration de Brianna éclate enfin et elle s'énerve alors qu'elle le confronte.

BRIANNA : « parle-moi, Roger. Je sais que tu peux. Je me moque de la qualité du son. Je sais que c'est dur -- ta voix, c'est ton don. Mais tu es toujours toi. Tu es toujours l'homme que j'ai épousé et Je veux qu'il revienne. Je t’en prie…. (Elle s’énerve) Ce n'est pas seulement ton mutisme, c’est que tu ne t’impliques pas-- avec moi, avec Jemmy, avec le monde. « 

Roger la regarde, mutique.

 BRIANNA : « Je sais à quel point tu as été blessé et la terreur que tu as dû ressentir. Mais moi aussi j'ai vécu quelque chose d'horrible, quelque chose de sombre et de laid et crois moi, tout ce que je voulais c'était ramper dans un trou et mourir. Parfois, ça m’arrive encore. Mais je ne l'ai pas fait - et je ne le fais pas - parce que j'ai un mari et un fils qui ont besoin de moi. Je me suis battue pour nous ! Et maintenant j'ai besoin de toi. Jemmy a besoin de toi. J'ai été patiente, mais je dois savoir que tu n'es pas "perdu et parti pour toujours." Est-ce que tu reviendras ? Vas-tu te battre pour nous ? « 

Mais Roger n'a pas de réponse...

 

 

24INT. FRASER'S RIDGE - GRANDE MAISON - CUISINE - JOUR (J8) UN PEU DE TEMPS PLUS TARD.

SCENE COUPEE DANS LA VERSION FINALE TELEVISEE (ndlt)

 

Jamie et Claire vont chercher de la vaisselle et des couverts pour le dîner du retour du jeune Ian.

 JAMIE : « C'est un miracle -- Le jeune Ian ici, Sassenach. « 

CLAIRE : « C'est vrai... mais je ne suis pas sûre que nous puissions toujours l’appeler le Jeune Ian... Je ne sais pas qui nous est revenu... « 

Toujours submergé par le bonheur d'avoir Ian à la maison, Jamie essaie de réprimer un sentiment tenace...

 JAMIE : « Cela n'a pas d'importance » --

CLAIRE : « Mais pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui l'a ramené à nous ? Il ne semble pas être pressé de nous le dire... ou de parler à ce sujet... Ou de quoi que ce soit ? « 

Un silence alors que Jamie s’en rend pleinement compte –

 JAMIE : « Oui... Lui et Roger Mac font plutôt la paire. « 

Claire, à son tour, s’aperçoit de la douleur de Jamie – la prise de conscience que Ian a changé, qu’il est différent d’une manière ou d’une autre. Elle regarde vers l’infirmerie -- CLAIRE : » Nous pourrions lui donner notre lit dans la cuisine... Nous pouvons aller au salon jusqu'à ce que l'étage soit terminé. « 

Jamie est encore sous le choc de ce qui se passe...

JAMIE : « Tu as raison, Sassenach. Il doit y avoir une raison. Il a dit que personne ne viendrait le pourchasser... Quelque chose a dû le faire rentrer à la maison... Quoi qu'il en soit, je suis content qu'il soit ici. Perdre mon parrain a été dur à supporter, retrouver mon neveu est une bénédiction. « 

CLAIRE : « J'espère qu'il est revenu définitivement » --

Claire touche l'épaule de Jamie, reconnaissante que quelque chose ait atténué la douleur de son deuil.

 

25 INT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – SALLE À MANGER – NUIT (N8)

C’est le dîner de célébration du retour du jeune Ian et tout le monde est là pour manger, boire et voir le jeune Ian -- qui se sent plus comme une curiosité exposée que comme un membre de la famille.

Jamie, Claire, Brianna, Young Ian, ainsi que Fergus et Marsali se rassemblent autour de la table pour ce repas -- il y a certainement beaucoup de sanglier pour tout le monde. Roger n'est pas là.

A ce moment-là, LIZZIE apparaît, les yeux brillants. Elle a toujours eu un béguin pour le jeune Ian. Elle apporte un plat de nourriture pour le servir d'abord.

LIZZI : « Je t'ai préparé un pâté de porc spécial aux amandes. Je me souviens que c'était un de tes plats préférés ».

JEUNE IAN : « C'est vrai. Merci, Lizzie. « 

Lizzie rougit, heureuse que le jeune Ian se souvienne même de son nom. Marsali et Fergus ont hâte d'interroger le jeune Ian.

JAMIE : « Seigneur, nous te remercions pour ce repas mais par-dessus tout, nous vous remercions de nous avoir ramené le jeune Ian. « 

Tout le monde répond « Amen », sauf Ian qui regarde la scène, encore sous une forme de choc

 FERGUS : « Tu dois avoir beaucoup à raconter ! « 

MARSALI : « Commence par le commencement et n’oublie rien » --

JEUNE IAN : « Vous connaissez déjà le début. Et la fin est notre dîner ce soir »

 MARSALI : « « Et qu’en est-il du peu entre les deux ?

Tout le monde attend que le jeune Ian parle. Il ne sait pas où commencer. Il hausse les épaules.

MARSALI : « Les Mohawks t’ont bien traité ? Comment étaient-ils ? « 

JEUNE IAN : « C'étaient... de bonnes personnes. « 

Un silence gênant s'installe alors que tout le monde réalise que ce sera La seule réponse du jeune Ian. Jamie et Claire échangent un regard : juste ce qu'ils pensaient -- quelque chose de très sombre à propos du jeune Ian.

 

Danielle Berrow : « Le temps passé en famille est incroyablement apprécié par les Fraser. Cette scène représente la première fois que nous, en tant que public, voyons la salle à manger utilisée à l'usage auquel elle est destinée. Le repas de célébration en l’honneur du retour d’Ian a été l’occasion idéale pour explorer les dynamiques complexes à travers le réseau des relations. Il a été écrit pour permettre les maladresses et les pauses, et vous pouvez couper la tension dans cette scène avec un couteau. 

Une grande partie de cela se joue à travers le sous-texte tacite, ainsi que dans les expressions et les regards des acteurs à l’écran. Comme Roger, le jeune Ian souffre. Tous deux sont en train d’accepter leurs émotions et leurs expériences respectives et sont tourmentés par l’idée qu’ils ont peut-être fondamentalement changé ou qu’ils n’ont pas leur place ici. » 

 

FERGUS (le taquinant) : « As-tu oublié comment parler Anglais ? On pourrait essayer en français ? Les Mohawks parlent un peu français, non ? « 

Marsali donne un coup de pied à Fergus sous la table.

FERGUS : « Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? « 

MARSALI : « Parfois, il vaut mieux se taire que de dire des bêtises ».

 FERGUS (à Ian) : « Nous sommes très heureux de te voir, c'est tout » –

JEUNE IAN : « Je serais venu d’où ailleurs ? « 

CLAIRE : « tu as l’intention de retourner au Nord ? Retourner chez les Mohawks ?»

 JEUNE IAN (tranquillement) : « Non.

Jamie décide avec tact de changer de sujet. Il se tourne vers Brianna.

JAMIE : « Bree, vous avez discuté de la terre donnée par le gouverneur Tryon ? « 

Brianna hoche la tête, sans enthousiasme.

BRIANNE : « Nous y réfléchissons encore »

JAMIE : « si on doit conserver cette terre, Il faut faire les relevés et l’enregistrer dès que possible. Nous ne pouvons pas prévoir ce qui vient. Il peut y avoir de nouveaux troubles dans les colonies ».

BRIANNA : « Je ne suis pas sûre que Roger soit déjà capable d’entreprendre quelque chose comme ça. »

JAMIE : « Peut-être que nous pourrions envoyer un de nos hommes. Si Myers n'était pas absent pour commercer... Ou, peut-être, Ian serait prêt à aller avec lui ? (Se tournant vers Ian) Tu sais le faire, mon garçon, tu nous as aidés à borner le Ridge quand nous sommes arrivés. Tu le ferais avec ton cousin ? Ça rendrait bien service à Roger -- et à nous. « 

Le jeune Ian hésite à s'engager. Claire le voit et intervient.

CLAIRE : « Laissons-lui le temps de réfléchir... (puis à Ian) Hélas, nos chambres d’amis d’en haut ne sont pas encore prêtes mais tu peux dormir dans le lit de la cuisine. »

 JEUNE IAN : « Merci. « 

Claire lui serre le bras en souriant, mais il recule par instinct. Il y a une méfiance qui n’existait pas auparavant.

Le reste du repas se passe en silence…

 

 

A26 INT. CABINE BRIANNA & ROGER - NUIT (N8)

Roger est seul dans la cabane. Il va chercher sa guitare et s'assoit, se préparant mentalement à essayer. Il gratte quelques accords de Oh, My Darlin' Clementine, en ressentant une émotion positive pendant un instant ou deux... jusqu'à ce qu'il essaie de chanter…

ROGER (Dans un coassement) : « In a cavern, in a canyon…... Ce n'est pas bien. « 

Désespéré, Roger pose sa guitare, tête dans ses mains.

Les images de la pendaison reviennent, encore et encore, obsédantes…

 

 

Danielle Berrow : « Pendant que le reste de la famille dîne, c'est un crève-cœur de se retrouver avec Roger, seul dans la cabane. Nous voulions montrer que, malgré ses difficultés et sa réticence à s'engager pleinement dans le monde, Roger essaie. Il expérimente avec sa voix et, encore une fois, a choisi la chanson qui a désormais pris tant d'importance dans sa relation avec Brianna et Jemmy : "Clementine". 

Richard a fait un travail remarquable en donnant vie à la douleur de Roger à l'écran d'une manière incroyablement palpable. En fait, son personnage était si passionné le jour du tournage que lors de la dernière prise, il a cassé sa guitare en la claquant sur le lit avec angoisse ! «  

 

26 INT. FRASER'S RIDGE - CUISINE - NUIT (N8)

Le jeune Ian regarde le lit dans la cuisine pendant un long moment.

 

27 INT/EXT. FRASER'S RIDGE - GRANDE MAISON – PASSAGE COUVERT - AURORE (D9)

Sur le chemin de la cuisine, Jamie trouve le jeune Ian couché sur le sol du passage couvert avec une couverture.

JAMIE : « Ian.... Qu'est-ce que tu fais ici, mon garçon ? « 

JEUNE IAN « Je n'arrivais pas à dormir. « 

JAMIE : « Le lit ne te convient pas ? « 

JEUNE IAN : « Je n'ai pas l'habitude d'avoir un lit dans une si grande maison, mon oncle. « 

C'est vrai. Au village Mohawk, il dormait dans une maison longue ou sous les étoiles en chassant. Jamie s'assoit à côté de lui.

JAMIE : « Nous sommes tellement heureux de te retrouver. Mais toi, tu as l’air perturbé... Tu n’es pas toi-même. Que s’est-il passé avec les Mohawks ? Tu peux m'en parler si tu veux. « 

JEUNE IAN : « Je te remercie, mon oncle... Mais je ne peux pas encore te dire la vérité. Je ne trouverai pas les mots. Mais il y a des choses que vous cachez aux autres, toi et Claire, aussi. »

JAMIE : » Oui. Je comprends. Mais j'ai le cœur brisé de te voir si troublé. »

 JEUNE IAN : « Ne t’en fais pas pour moi »

JAMIE : « Eh bien, peut-être que je vais m'asseoir ici un petit moment, si ça ne te dérange pas »

JEUNE IAN : « Ça ne me dérange pas »

JAMIE : « Mais s'il y a quelque chose que je peux faire pour toi » ...

JEUNE IAN : « Juste un peu de repos, mon oncle. Je suis...  Je suis fatigué. « 

Jamie regarde Ian et voit à quel point il semble vraiment épuisé. Comme il n'a pas dormi depuis des jours. Jamie ne supporte pas de le quitter... Pendant que Jamie est assis tranquillement, gros plan sur Ian alors que ses yeux se ferment et qu'il laisse enfin le sommeil le rattraper.

 

 

31EXT. FRASER’S RIDGE - GRANDE MAISON - PORCHE ARRIÈRE - JOUR (J9)

Le jeune Ian est assis sur le porche arrière, en train de tailler un morceau de bois.

 Il se tourne, sent un regard sur lui. C'est le petit GERMAIN FRASER... le regardant avec les yeux d’un enfant curieux et sans vergogne. Germain s'approche de Ian et lui touche le visage et le visage rasé – fasciné par le caractère inconnu de Ian et son apparence mohawk, en particulier les tatouages en pointillés sur son visage.

GERMAIN : « Ils te font mal ? « 

Germain montre au jeune Ian une toute petite ecchymose circulaire sur son bras -- l'assimilant innocemment aux tatouages de Ian –

GERMAIN :  le mien me fait mal quand je joue. »

 JEUNE IAN : « Ce ne sont pas des bleus, mon garçon. Je les ai choisis ».

 

 Danielle Berrow : « Le petit Germain est si mignon et nous avons adoré l’idée qu’il soit curieux – comme le sont souvent les enfants – de l’apparence du jeune Ian. N'ayant jamais vu un tatouage comme celui-ci auparavant, Germain suppose que les marques du jeune Ian sont des bleus. Bien qu’il ne s’agisse que d’une courte interaction entre eux, ce sont des moments comme celui-ci qui contribuent à constituer l’arc narratif global de la série dans son intégralité et font allusion à certains des problèmes qui pourraient troubler le jeune Ian… » 

 

 Marsali, qui revient à la Grande Maison, se précipite pour réprimander son fils. MARSALI : « Germain Fraser, que fais-tu ? (Puis à Ian) Je suis vraiment désolée « -- JEUNE IAN : « Ça ne me dérange pas « --

MARSALI : « Parfois, ça me semble une mission impossible... deux bébés, c'est déjà beaucoup, et le troisième en route... Je m’occupe du jardin, de la couture et j'aide Claire à l’infirmerie... Avant midi., je n’en peux déjà plus. Mais je ne changerais pour rien au monde » --

Le jeune Ian regarde avec nostalgie le ventre de Marsali, ça déclenche quelque chose de triste en lui mais il le cache.

JEUNE IAN : « Les enfants nous sont prêtés par le Créateur pour peu de temps-- si nous avons de la chance. « 

MARSALI : « Je suppose que les miens ont de la chance d'avoir des frères et sœurs, comme les Murray. Je n’ai qu’une petite sœur, Joanie. Elle n’avait pas le caractère fort de votre Janet, je me souviens. « 

JEUNE IAN : « Ma sœur a toujours eu un caractère à part ».

MARSALI : « Oui. Elle faisait plein de bêtises. A dire vrai, j’en ai toujours été un peu jalouse, avec seulement ma mère et sœur comme compagnie à Balriggan. Ta famille doit te manquer. « 

Le jeune Ian hoche la tête – ils lui manquent, mais il a l’impression que c’était il y a toute une vie. Après un moment, Marsali avoue…

 MARSALI : « Moi, ma Joanie me manque – Seulement, parfois je me sens coupable d’être aussi heureuse ici... et de me sentir chez moi, dans cette famille. J’ai l’impression d’en faire partie. Est-ce que c’est grave ? « 

JEUNE IAN : « Non, c’est une bonne chose. « 

Mais pour le moment, c’est le problème de Ian. Il ne se sent pas encore en famille. Marsali se touche à nouveau le ventre.

MARSALI : « le bébé donne un coup de pied – Il va peut-être arriver bientôt. Je suis contente que tu sois ici pour l'accueillir – lui ou elle. « 

Marsali retourne à sa corvée, Ian la regarde, se sentant encore étranger à la famille qui était autrefois la sienne.

 

32EXT. FRASER'S RIDGE - SOUS LES ARBRES - JOUR (J9)

BELLE SCENE ENTRE JAMIE ET BRIANNA, COUPEE EN VERSION FINALE (elle apparait dans les DVD en scène + de l’épisode 8)

 

 Jamie et Brianna marchent et parlent. Brianna est préoccupée, elle pense toujours à combien il est difficile d’aider Roger.

BRIANNA : « Comment ramener quelqu’un ? « 

Jamie sait exactement ce qu’elle veut dire.

 JAMIE « Roger ne parle toujours pas. « 

BRIANNA : « C'est comme s'il n'était plus Roger... Il peut parler. Mais il choisit de ne pas le faire. J'ai été patiente... Mais aujourd'hui, je l’ai envoyé paitre. »

Le sourcil de Jamie se lève de surprise face à cette expression –

 BRIANNA : « J'ai perdu mon sang-froid »

 JAMIE (sourire entendu) : « C'est la Fraser en toi. »

BRIANNA : « Il a finalement accepté de faire les relevés pour le terrain ».

JAMIE : « C'est une bonne nouvelle. Je vais demander à l'un de nos hommes d’aller avec lui. « 

BRIANNA : « Mais que se passera-t-il s'il ne revient jamais ? Je ne parle pas seulement de l’arpentage. Mais s'il ne revient jamais ? J'ai l'impression de le perdre « 

Jamie voit la peur de sa fille et veut la réconforter...

JAMIE : « Combien de nuits en vingt ans. Combien d'heures j'ai passées en me demandant si ma femme était toujours vivante et comment elle s'en sortait. Elle et mon enfant. « 

Cela signifie beaucoup pour Brianna d'entendre cela. À tant de niveaux.

JAMIE : « Et si elle n'était pas revenue à moi... si tu n'étais pas venue, si je ne l'avais jamais su... alors j’aurais vécu et fait ce qui doit être fait. Et toi aussi. « 

Brianna comprend cela.

BRIANNA : « Je sais. Et je le ferai. Mais ça ne m'empêche pas d'espérer que je n’aurai pas à le faire »

JAMIE : « Quand deux personnes s'aiment suffisamment, rien ne peut les séparer -- ni la douleur, ni la guerre, la mort ou le temps. Un jour, j'ai dit à ta mère que rien n'est jamais perdu, seulement changé. Elle m'a dit que c'était la « première loi de la thermodynamique. Je lui ai dit que c'était la foi.  « (cf épisode 401, ndlt)

 

BRIANNA : « Plus facile à dire. « 

Ils rient tous les deux.

JAMIE : « Plus difficile à mettre en pratique. Mais c’est ce que tu dois faire, a leannan »

Brianna prend la main de Jamie, heureuse de profiter de la sagesse de son père.

 

  

33 INT. CABINE BRIANNA & ROGER – JOUR (J10)

 Roger prépare quelques derniers articles avant de partir en repérage. Brianna est à table, plie un morceau de papier soigneusement, avec un but en tête.

 BRIANNA : « Je suis contente que Ian vienne arpenter les terres avec toi. Avant que tu partes, je voulais te donner quelque chose à emporter avec toi. Tu m'as dit que tu avais un petit avion dans ton enfance. Le papier a été transformé en un avion en papier.

Je n'ai pas terminé ma licence, mais j’ai quelques notions d'aérodynamisme. Une feuille de papier n'est pas faite pour voler... Mais parfois on doit revoir nos attentes, se plier et se réorganiser... Il y a une bonne raison pour laquelle le premier anniversaire de mariage est censé être le papier et, après soixante ans, c'est du diamant -- la substance la plus dure sur terre. Je veux que notre mariage devienne quelque chose d'aussi fort. Je t'aime, Roger Mac »

 Brianna lance l’avion qui flotte à travers la pièce. Roger lui lance un regard surpris. Il est ému par ces adieux. Il va chercher l’avion, le range dans son sac après une hésitation et, après un moment, sort....

 

 

34 35EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – JOUR (J11)

Roger et Young Ian -- et Rollo -- examinent les 2000 hectares de terrain, adjacent à Fraser's Ridge, définissant les enjeux et mesurant les distances entre eux avec une chaine d’arpenteur (chaîne Gunter) et une boussole d'arpenteur (circonférenteur), notant les résultats et dessinant des cartes. Ils travaillent en silence. C’est un travail dur qui demande aussi de couper à travers les broussailles et les arbres pour tracer un chemin –

A un moment de la journée, Roger tape sur l’épaule de Ian pour le remercie.

JEUNE IAN : « Pas la peine de me remercier. Je suis venu tout seul »

 

Danielle Berrow : « Roger et Young Ian – et Rollo – inspectent les cinq mille acres de terrain adjacents à Fraser's Ridge. Des recherches détaillées ont été entreprises concernant le processus d'arpentage, ainsi que les outils et équipements impliqués. C'était souvent une tâche épuisante dans des conditions difficiles. Les jeunes hommes de l’époque pouvaient se référer à des livres tels que « Geodaesia » de John Love ou The Art of « Surveying and Measurement Land Made Easy, » mais une expérience pratique était essentielle. «  

 

36EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – CAMP – JOUR (J11)36 CRÉPUSCULE.

Le jeune Ian ramasse des feuilles pour créer un matelas de fortune sous l’abri qu’il a créé. Quand il en a assez, il recouvre le tas de sa couverture. Pendant qu'Ian fait cela, Roger utilise l'astrolabe pour prendre plus de mesures -- latitude, etc. -- en utilisant le ciel (éventuellement en regardant un tout premier quartier de lune ou l'étoile du nord).

Le jeune Ian regarde, intrigué. Roger le voit et lance l'astrolabe au jeune Ian pour qu'il puisse y jeter un œil.

JEUNE IAN : « Brianna t’a donné ça, non ? Et tu me fais confiance pour ne pas le casser ? « 

Roger hoche la tête. Il observe le jeune Ian toucher instinctivement le bracelet wampum à son poignet. Roger s'approche, sentant que c’est important pour Ian et il veut en savoir plus. Mais Ian s'éloigne, empêchant Roger de regarder de plus près. Il y a un souvenir douloureux qui y est connecté.

 

 

37 INT/EXT. FRASER’S RIDGE - GRANDE MAISON - BREEZEWAY - JOUR (J12)

Claire sort de l’infirmerie et croise Marsali. Claire tient un pot de racine de ciguë à moitié vide... Il reste un seul morceau de racine.

 CLAIRE : « Marsali... as-tu prescrit de la ciguë à quelqu'un ? « 

MARSALI : « Non pourquoi ? « 

 CLAIRE : « Il en manque pas mal – Il ne reste qu’une racine -- et je me demandais si tu en avais prescrit pour une migraine ou… » --

MARSALI : « Je ne toucherais pas à ça, étant enceinte... »

 CLAIRE : « C'est ce que je pensais. C'est tellement dangereux … »

 Marsali examine le pot.

MARSALI : « Je jurerais qu’il nous en restait au moins 4 ou 5 racines... « 

Il manque définitivement de la cicutaire aquatique. Et clairement, ce n’est pas Marsali qui l’a pris. Claire semble très perturbée.

  

 

38EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – ARBRE PRESQUE MORT – JOUR (J12)

Roger, le jeune Ian et Rollo font une pause dans leur travail. Assis tranquillement ensemble, ils écoutent le chant des oiseaux. Roger joue avec l'avion en papier que Brianna lui a offert.

JEUNE IAN : « Qu'est-ce que c'est ? Un oiseau en papier ? « 

Roger hausse les épaules et hoche la tête à moitié. Il le lance et il vole sur une distance courte. Le jeune Ian est intrigué.

JEUNE IAN : « Il vole, mais il ne chante pas. « 

 

Danielle Berrow L’une des choses merveilleusement magiques d’Outlander réside à la fois dans les éléments fantastiques et dans le voyage dans le temps. Il est toujours fascinant de voir des personnages dans des décors qui ne leur sont pas familiers, ou « hors du temps » pour ainsi dire : confrontés à des connaissances et à des idées qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. 

Cette scène était amusante à écrire, car elle permettait l’insertion subreptice d’un objet « futuriste » : l’avion en papier. Le jeune Ian, qui ignore jusqu’à présent l’existence du voyage dans le temps, n’a évidemment jamais rencontré un tel objet, et malgré les principes scientifiques complexes régissant le vol de l’avion, il est construit à partir d’une humble feuille de papier. 

Le jeune Ian sait bien sûr qu'il y a quelque chose de très inhabituel et spécial chez sa tante Claire – et il a peut-être des questions et des soupçons à propos de Brianna et Roger – mais il est tentant de voir des pièces du puzzle du voyage dans le temps se former potentiellement dans son esprit. «  

 

JEUNE IAN : « Je ne pouvais pas toujours comprendre les mohawks... Alors, parfois je parlais plutôt aux oiseaux, pour ne pas me sentir aussi seul. « 

Le jeune Ian imite quelques-uns des chants d’oiseaux (ou sifflements) qu’il a appris tout seul pendant son séjour chez les Mohawks. Roger sourit, appréciant le talent « --

JEUNE IAN : « Tu ne t’es jamais demandé comment ils trouvaient leur chemin quand l'hiver arrive ? Ils semblent toujours savoir. Et ils semblent toujours aller ensemble. J’aimerais que ce soit aussi facile pour nous. « 

Roger lance un regard compatissant au jeune Ian – prendre une décision est peut-être l’une des malédictions qui accompagnent le fait d’être humain.

Soudain, le jeune Ian prend son arc et sa flèche et tire un autre type d'oiseau : un dindon sauvage.

JEUNE IAN : « C'est dommage qu'ils ne puissent pas nous dire leurs secrets « --

Roger regarde, un peu déconcerté, étant donné les commentaires du jeune Ian. Le jeune Ian va chercher la dinde.

JEUNE IAN : « Mais que savent les oiseaux de la vie et la mort ? De la douleur et de la souffrance ? (Après un temps) Tu crois qu'ils ont une âme ? « 

Roger n’a pas de réponse à cela. Il se débat dans des pensées de mort et d'obscurité... Ian, combattant les siennes.

JEUNE IAN : « On va le manger et remettre ses os en terre. C'est là que tout finit par disparaître, non ? À moins que tu penses différemment ? Peut-être que la terre est la seule chose qui dure vraiment ».

Roger touche la terre et la sent s'effriter entre ses des doigts –

 

39 40EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – CAMP – JOUR (J12) CRÉPUSCULE.

Roger se réveille brusquement. Il se retrouve dans le campement sous une couverture. Le mouvement soudain de Roger a réveillé le jeune Ian – et Rollo. Ian surveille maintenant Roger de près. Cela prend une seconde à Roger pour se repérer et comprendre que personne n'essaye de le tuer. Il boit un peu d’eau.

JEUNE IAN : « Tu rêvais ? « 

Roger hoche la tête. Le jeune Ian prend l'astrolabe et l'aligne avec une étoile... pour déterminer sa position.

JEUNE IAN : « Où que tu pensais être, on est toujours là, tous les deux. « 

Le poids de ces mots s’imprègne sur Roger -- étrangement réconfortant.

 

 

41 INT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – SALON – NUIT (N12)

Pendant qu'ils terminent l'étage, Jamie et Claire ont temporairement transformé (ce qui sera) le salon en chambre. ADSO le chat est lové sur le lit, dans les bras de Claire.

 JAMIE : « Il semble que nous ayons un intrus. Oui, petit chaton, réchauffe le lit pour nous. « 

CLAIRE : » Cette pièce fera certainement bien l'affaire jusqu'à ce que nous ayons fini l'étage » --

 Jamie rejoint le chat dans le lit, jouant avec lui –

JAMIE : « tu peux rester aussi longtemps que tu veux si tu promets ne jamais révéler ce qui se passe ici... « 

Le chat ne réagit visiblement pas. Claire sourit en plaisantant.

CLAIRE : « Ha. Je pense qu'il est plus probable que les souris danseront pendant que le chat n’est pas là... Désolée Adso. C'est une bonne chose que les murs ne parlent pas « 

 JAMIE : « ceux-là sont si verts qu'ils n’ont rien à dire... Mais nous pouvons y remettre de l’ordre. »

 Mais la blague de Jamie n'a pas vraiment d'effet : Claire est un peu perturbée. Pourtant, elle rejoint Jamie dans le lit.

CLAIRE : « Hmm. Ils pourraient parler des choix que nous avons faits... et comment nous avons commencé à construire cette maison... « 

Jamie lit le doute dans la voix hésitante de Claire. Il veut la rassurer » --

JAMIE : « Tout ce que nous avons fait l’a été pour ceux qui habitent cet endroit... »

 CLAIRE : « Je ne veux pas avoir l'air trop alarmée... mais penses-tu que Roger pourrait ne pas vouloir revenir à la maison ? « 

JAMIE : « Pourquoi ? Brianna est toujours inquiète ? « 

CLAIRE : « Il me manque des plantes médicinales à la chirurgie... qui sont très toxiques si elles ne sont pas bien administrées par un médecin... « 

Jamie comprend où Claire veut en venir –

CLAIRE : « Je crains qu’il ne fasse… Quand tu souffrais il y a toutes ces années... « 

JAMIE : « Je ne voulais pas continuer à vivre... « 

Gros plan sur l'inquiétude de Claire et Jamie...

 

42EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE/FALAISE – JOUR (J13)

Encore une journée de bornage pour Young Ian, Roger et Rollo. Roger et Ian ont un bon rythme, un système qui marche.

Roger tient les registres de notes pendant que Ian utilise les chaînes et la boussole, donne les cotes que Roger relève.

 Aujourd'hui, ils sont confrontés à un obstacle : ils travaillent au sommet d’une falaise. Roger est occupé à noter les mesures mais manque d'espace dans son livre. Il part chercher un cahier de rechange parmi leurs biens. Il fouille dans le sac du jeune Ian et voit (à son insu) le journal d’Otter Tooth, parmi quelques autres cahiers. Il le sort du sac et il est sur le point de le regarder…

JEUNE IAN : « Non, ne touche pas à ça. »

 Roger repose le journal, surpris par le ton dur de Ian. Ian le sent.

JEUNE IAN : « On devrait se reposer. Tout sera encore là quand on se réveillera demain «

 Roger hoche la tête. Il s'approche du rebord, essayant de mesurer la quantité de travail qui reste à accomplir. Le jeune Ian se tourne pour partir. Mais Roger s'attarde au bord. Agacé que Roger n'ait pas bougé, Ian va attraper Roger par le poignet et l'éloigne, regardant par-dessus le bord… –

JEUNE IAN : « qu’est-ce que tu fais ? qu’est-ce que tu veux voir ? « 

Roger jette un dernier regard au sol en contrebas... La perspective de la chute déclenche la mémoire de Roger…

 

 

43EXT. ALAMANCE CREEK - ARBRE DES PENDUS - JOUR - FILM MUET

 Pour la première fois, la scène passe du noir et blanc….

On revoit la scène où les barils soutenant les trois Régulateurs condamnés sont poussés.

A proximité, des soldats anglais regardent, aux côtés du colonel Chadwick. Ils rient, comme pour dire : « Bien essayé. »

On entend le gouverneur Tryon : « Pendez-les et laissez-les pour servir d’exemple »

… A la couleur…

Roger se souvient… Il revit tout et les mots du Colonel Chadwick … » pour vos crimes de trahison, vous serez pendus jusqu’à ce que mort s’ensuive. Que Dieu ait pitié de vos âmes… » » …

Et l’on revoit la scène de la pendaison en entier et avec le son « direct » et non le son de la bobine…

Au dernier moment, la main gauche de Roger se libère et, par réflexe, va immédiatement à sa gorge -- une barrière entre le nœud coulant et son cou. Une tentative de sauvegarde lui-même Et alors qu’il est en train mourir… la silhouette qu’il a entrevue se précise : c’est Brianna qui lui sourit tendrement.

 

Toujours au bord de la falaise, Roger se ressaisit brutalement, comme lorsqu’on émerge d’un cauchemar, fouille dans son manteau pour attraper l'avion en papier et l'envoie voler par-dessus la falaise, il le regarde... Toujours en conflit -- mais enfin prêt à laisser partir une partie de la douleur. Et Brianna lui revient, toujours souriante et rassurante (et on entend à nouveau le thème musical de Roger et Brianna…)

 

Danielle Berrow : « Nous avons adoré le symbolisme de Roger qui jette l'avion en papier du haut de la falaise : ses inquiétudes prennent leur envol alors qu'il abandonne une partie de la douleur qui l'a empêché de vivre au cours des derniers mois. Cependant, les inquiétudes du jeune Ian ne sont toujours pas résolues. «  

 

44EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – JOUR (J14)

Les oiseaux gazouillent joyeusement quand Roger se réveille tôt le matin. Il ouvre les yeux pour découvrir la couche de Ian vide – mais il a laissé toutes ses affaires derrière lui. Rollo - généralement libre pour se promener dans la nature - est attaché avec une corde à proximité. Très étrange.

Roger regarde autour de lui. Il ne voit le jeune Ian nulle part, et décide d’aller le chercher ailleurs. Il détache Rollo. Il ne peut pas se débarrasser du sentiment que quelque chose ne va pas...

 

Danielle Berrow : « Des indices visuels apparemment petits ou insignifiants peuvent être très importants dans la construction d’une histoire. Nous voulions inclure un petit détail qui susciterait l’inquiétude de Roger. Plus précisément, il sait que Rollo n'est jamais attaché… ce qui indique qu'il doit y avoir quelque chose qui ne va pas. «  

 

 

45EXT. CAROLINE DU NORD – SAUVAGE – JOUR (J14)

 Le jeune Ian place respectueusement son tomahawk dans la terre, déposant son arme très cérémonieusement. Il l'enterre... à la manière des Mohawks. Il n’en a plus besoin maintenant.

 

Danielle Berrow : « Nous bouclons la boucle et, fidèles à la leçon de Roger au début de l’épisode, découvrons le sens et l’origine de l’expression « enterrer la hache de guerre ». Traditionnellement, les Mohawks rangeaient leurs armes en temps de paix ou lorsque la paix était rétablie après un combat et les enterraient. C'est de là que vient l'expression. Le jeune Ian aspire à la paix. Il met fin à sa querelle avec la vie et veut arrêter de se battre. Connaissant le sens de cette phrase – et ayant passé du temps avec les Mohawks lui-même – Roger est immédiatement méfiant et se précipite pour empêcher Ian de se faire du mal. «  

 

JEUNE IAN : « (en mohawk) Je prie pour la paix. « 

De loin, Roger s'approche. Il aperçoit le jeune Ian et l’étrangeté de ses actes, l'enterrement de la hache de guerre… Il s'arrête et regarde tranquillement. La « cérémonie » se termine et le jeune Ian s'approche d'un petit feu de camp, où l'eau bout. Le jeune Ian met des racines de plantes à l'intérieur du pot : nous reconnaissons la racine d'apparence blanche (la même que celles qui manquaient à Claire plus tôt).

Roger ne peut pas vraiment dire de quoi il s'agit – cela pourrait être de la menthe ? Mais il sait ce que signifie d'enterrer la hache de guerre depuis son temps avec les Mohawks - le symbole de l’arrêt du combat. Un symbole de paix, mais aussi, dans ce cas, d’abandon et de renoncement.

Il en a assez vu. Roger s'approche et donne un coup de pied sur la théière. Le jeune Ian surgit, furieux de cette interruption.

JEUNE IAN : « Qu’est-ce que tu fais ? Tu ne sais pas ce que je fais « --

Le visage de Roger nous dit qu'il sait exactement ce que fait Ian. Son intention. Très doucement, d’un ton presque inaudible –

ROGER : « Je sais. «  

JEUNE IAN : « Pourquoi ? Toi en particulier, pourquoi vouloir m’en empêcher ? Je t'ai vu regarder le précipice... je sais ce que tu pensais. Tu as tout -- une femme qui t’aime -- un enfant -- et pourtant, tu ne veux toujours pas rester avec eux. « 

Roger secoue la tête, mais le jeune Ian le serre encore davantage.

JEUNE IAN : « Quand cette corde était autour de ton cou et que tu étais en train de mourir - qu'as-tu vu ? Qu'as-vu dans l’obscurité ? Qu’as-tu vu ? Dis-moi, qu’as-tu vu ?« 

Roger ne répond pas, ce qui provoque la colère du jeune Ian.

Après un temps, Roger croasse les mots, sa voix toujours rauque de sa longue période de silence –

 ROGER : « J'ai vu le visage de ma femme. « 

Le jeune Ian s'effondre, tombant à genoux de chagrin...

JEUNE IAN : « Alors... il n'y a pas d'issue, même dans la mort, je verrai son visage »

 Roger suppose qu'il doit y avoir une femme impliquée.

ROGER : « Quel était son nom ? « 

Le jeune Ian lui jette un coup d'œil puis regarde le bracelet wampum : réalisant que Roger a compris sa douleur.

JEUNE IAN : « Cela n’a plus d’importance maintenant. « 

ROGER : « Est-ce qu'elle est morte ? « 

JEUNE IAN : « Non, mais elle est perdue pour moi. Je voulais seulement que la douleur cesse. Juste rester en paix « –

Roger hoche la tête. Le jeune Ian se tait. Il ne peut pas en dire plus maintenant.

ROGER : « Qui peut dire où ton âme irait si… »

Roger ferme les yeux – la pensée est trop horrible pour la formuler.

ROGER : « Vous pourriez être séparés à jamais. Pas seulement d'elle, mais de tous ceux qui t’aiment ».

Ce sentiment accable le jeune Ian...

JEUNE IAN : « Et alors, quoi maintenant ? Je dois rentrer à la maison ? Tu peux parler… Tu as enterré ton arme, ta voix -- maintenant tu oses l'utiliser contre moi ? « 

ROGER : « Tu as raison. Je l'ai fait. Mais je dois la reprendre. Et me battre. Et toi, tu le peux ? « 

JEUNE IAN : « Je ne sais pas. « 

ROGER : « Alors déterre ton arme. Et rentre à la maison avec moi, jusqu'à ce que tu le saches. « 

 

 

48EXT. FRASER’S RIDGE – GRANDE MAISON – CABANE ROGER ET BRIANNA - JOUR (J15)

Roger et le jeune Ian rentre de leur expédition et arrivent en vue de la Grande Maison.

Le premier arrêt du jeune Ian est la Grande Maison, mais Roger cherche désespérément à retrouver Brianna

 

Roger entre dans la cabane et retrouve Brianna, il rejoint sa femme –

ROGER : « Brianna. « 

Les yeux de Brianna s'écarquillent de joie et d'incrédulité. Il a prononcé son nom. Elle est sans voix... (!)

ROGER (en souriant) : « Ne me dis pas que tu ne trouves pas tes mots maintenant « -- BRIANNA : « Non, c’est seulement... j’ai eu si peur. « 

ROGER : « Moi aussi. Parce que même si j'étais sauvé... Une partie de moi est morte ce jour-là »

 BRIANNA : « Je sais ce que tu ressens. Crois-moi, je le sais. « 

ROGER : « Tout le monde veut que l’ancien Roger revienne, mais je ne serai plus jamais le même.  J'ai étudié l'histoire, je l'ai enseignée. Maintenant je la vis. (Il fait une pause). Quand j'ai vu cette carte de tarot, jai pensé : c'est qui je suis maintenant. Le pendu. Peut-être que c'est mon destin. Mon propre ancêtre a essayé de me tuer. Peut-être que je n'étais pas censé exister. « 

BRIANNA : « Ce n'est pas vrai. »

 ROGER : « Peut-être pas. Mais j'ai changé. (Un autre silence) Tu te souviens quand tu m'as demandé mes derniers mots ? Je pensais les connaitre. Mais ce qui a compté, c’est le dernier visage que j'ai vu -- et c’était ton visage. (Roger est très ému et soulagé)

BRIANNA (submergée par l’émotion) : « Roger.... « 

ROGER : « Je chanterai toujours pour toi. Quoi qu'il arrive, où qu’on soit... Que tu sois là ou non pour entendre ma voix, même si ma voix ne peut pas, je chanterai toujours pour toi « 

Rien n’est perdu, seulement changé. Ils tombent dans les bras l’un de l’autre.

 

Danielle Berrow : « Bien que nous les retrouvions dans un contexte légèrement différent dans le livre, nous avons été ravis d'avoir une place particulière pour ces lignes très appréciées (avec une légère modification) entre Roger et Brianna, de la Croix de Feu : « Je chanterai toujours pour toi, ma chérie. » Il vint derrière elle, l'attira contre lui, de sorte que sa tête reposait sur son épaule, ses cheveux frais et vivants contre son visage… 

« Peu importe, » murmura-t-il, « peu importe où. Peu importe que tu sois là pour entendre ou non, je chanterai toujours pour toi. «  

 

 

FIN DE L'ÉPISODE

 

 

 

 

 

 

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