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Pour rappel, la correction se fera ainsi 

En noir : le texte tel qu'il est dans la version française et validé par la traductrice

En Bleu : le texte tiré de la version originale, absent dans la version française d'origine et enfin traduit.

En blanc et rayé, le texte ajouté dans la version française d'origine ne figurant pas dans la version originale.

Correctif

Tome 2  Chapitre 32

Outlander, tome 2, Le Talisman, chapitre 32, ©Diana Gabaldon 

 Description : C’est le chapitre ou Claire fait manger les pommes de terre aux gens de Lallybroch. Il manque toute la fin du chapitre qui se situe juste après le repas qui s’est déroulé en extérieur. 

 Traduit par Lucie Bidouille 

 

32. Un champ de rêves 

 

 

[…]

 

– Les hommes mangeraient même des crottes de cheval, si on les leur servait avec du beurre, commenta Jenny. Ah ! Un ventre bien rempli et une paillasse où dormir quand ils ont bu ; ils ne demandent rien d'autre !

 – Si tu as une aussi piètre opinion des hommes, c'est un miracle que tu nous supportes, Jamie et moi, railla Ian.

 Jenny agita sa louche vers son frère et son mari assis côte à côte.

 – Oh, vous, vous n'êtes pas vraiment des hommes !

 – Ah non ? On est quoi au juste ? s'indignèrent-ils d'une seule voix.

 Jenny leur sourit. Elle donna une petite tape sur le crâne de Jamie et déposa un baiser sur celui de Ian.

 – Vous, vous êtes à moi, expliqua-t-elle.

 Après le souper, l’un des hommes se mit à chanter. Un autre sortit une flûte en bois pour l'accompagner, et le son qui s’échappait de l’instrument montait, léger mais perçant dans la froide nuit d'automne. L'air était frais, mais il n'y avait pas de vent, et nous étions confortablement installés, enveloppés dans des châles et des couvertures, blottis en petits groupes autour du feu. Le feu de camp avait été ravivé après la préparation du repas, et formait maintenant une profonde brèche dans l'obscurité. 

Il faisait chaud, même sans bouger beaucoup, au sein de notre petit bloc familial. Ian était parti chercher une autre réserve de bois, et la petite Maggie s'accrochait à sa mère, forçant son frère aîné à chercher refuge et chaleur corporelle ailleurs. 

 «  Je vais te mettre la tête dans la marmite, si tu n’arrêtes pas de me cogner les boules, » fit Jamie à son neveu, qui se tortillait énergiquement sur les genoux de son oncle. « Qu’est-ce qu’il y a… tu as des fourmis dans tes culottes ? » 

 Cette question fut accueillie par un fou rire de l’intéressé qui s’efforçait d’échapper aux mains chatouilleuses de son hôte. Jamie tâtonna dans le noir, s'agrippant délibérément et maladroitement aux bras et aux jambes de son homonyme, puis entoura le garçon de ses bras et roula soudainement sur lui, provoquant un cri de joie et d’étonnement du petit Jamie. 

 Jamie cloua de force son neveu au sol et l'y maintint d'une main pendant qu'il tâtonnait aveuglément sur le sol dans l'obscurité. Saisissant une poignée d'herbe mouillée avec un grognement de satisfaction, il se releva suffisamment pour l’enfoncer dans le col de la petite chemise de Jamie, qui changea son gloussement en un cri aigu, toujours aussi ravi. 

 «  Voilà », dit Jamie, en faisant rouler la petite forme sur le sol. « Va embêter un peu ta tante. » 

 Le petit Jamie se précipita aimablement vers moi à quatre pattes, toujours en riant, et il se blottit sur mes genoux entre les pans de ma cape. Il resta aussi immobile que possible pour un garçon de presque quatre ans - qui n'était pas si immobile que ça, tout compte fait - et me laissa enlever le plus gros de l'herbe sous sa chemise. 

 «  Tu sens bon, tatie », me dit-il en me frottant affectueusement le menton avec sa tignasse de boucles noires. « Comme la nourriture. » 

 «  Eh bien, merci », dis-je. « Dois-je comprendre que tu as encore faim ? » 

 «  Aye. Il y a du lait ? » 

 «  Oui, il y en a. » Je pouvais juste atteindre la cruche en grès en tendant les doigts. Je secouai le récipient et décidai qu'il n'en restait pas assez pour que ça vaille la peine d'aller chercher une tasse. J'inclinai la cruche pour que le petit garçon puisse y boire. 

 Temporairement absorbé par son approvisionnement en nourriture et enfin tranquille, le petit corps robuste qui pesait sur ma cuisse appuya son dos contre mon bras et enroula ses mains potelées autour de la cruche. 

 Le petit Jamie vint à bout des dernières gouttes de lait. Il se détendit d'un seul coup, et émit un doux rot de satiété. Je pouvais sentir la chaleur qui émanait de lui, signe annonciateur du sommeil chez les très jeunes enfants. J'enroulai un pan de ma cape autour de lui, et le berçai lentement d'avant en arrière, en fredonnant doucement au rythme de la chanson qui accompagnait les flammes dansantes. Les petites bosses de ses vertèbres étaient rondes et dures comme des billes sous mes doigts. 

 «  Il s'est endormi, n'est-ce pas ? » La masse de Jamie, plus grande, émergea près de mon épaule, la clarté du feu accentuant les nuances cuivrées de ses cheveux. 

 «  Oui », répondis-je. « Au moins, il ne se tortille plus. C'est un peu comme tenir un gros jambon. » 

 Jamie rit. Je pouvais sentir la solidité de son bras qui effleurait le mien, et la chaleur de son corps à travers les pans de tissus écossais de son plaid et de ma cape. 

 Une brise nocturne fit glisser une mèche de cheveux sur mon visage. Je la remis en place, et découvris que le petit Jamie avait raison ; mes mains sentaient le poireau et le beurre, et l'odeur de fécule des pommes de terre coupées. 

Profondément endormi, il était un poids mort, et tout en le tenant dans mes bras, j’avais la circulation coupée dans la jambe gauche. Je m’agitai légèrement, avec l'intention de le coucher sur mes genoux. 

 «  Ne bouge pas, Sassenach », murmura doucement Jamie, à côté de moi. « Juste un instant, mo duinne, reste immobile. » 

 Je me figeai obligeamment, jusqu'à ce qu'il me touche l'épaule. 

 «  C'est bon, Sassenach », dit-il, le sourire aux lèvres. « C'est seulement que tu étais si belle, avec le feu éclairant ton visage et tes cheveux qui ondulaient dans le vent. Je voulais graver cette image dans ma mémoire.» 

 Je me tournai alors vers lui et lui souris par-dessus le corps de l'enfant. La nuit était sombre et froide, seulement animée par les gens tout autour, mais là où nous étions assis, il n'y avait rien d'autre que de la lumière et de la chaleur - et nous deux. 

  

- Fin du chapitre -