MENU 

MENU 

Pour rappel, la correction se fera ainsi 

En noir : le texte tel qu'il est dans la version française et validé par la traductrice

En Bleu : le texte tiré de la version originale, absent dans la version française d'origine et enfin traduit.

En blanc et rayé, le texte ajouté dans la version française d'origine ne figurant pas dans la version originale.

Correctif

Tome 2  Chapitre 44

Outlander, tome 2, Le Talisman, chapitre 44, ©Diana Gabaldon 

  

Description : Après s'être fait passer pour captive afin de permettre à Jamie, Dougal et à ses hommes de s'échapper, Claire voyage en compagnie de soldats anglais. Ceux-ci doivent l'escorter en sécurité. Une bonne partie de ce trajet a été coupé de la version française. 

  Traduit par Lucie Bidouille 

 Corrigé par Anne Montégu-Terrière 

 

 

44. De Charybde en Scylla 

 

  

[…]

 

– Ah, voilà ! Vous serez escortée par le capitaine Mainwaring. Il viendra vous chercher à l'aube.

 Il agita une petite clochette incongrue en forme de lutin et la porte s'ouvrit sur une ordonnance.

 – Garvie, accompagnez cette dame dans ses appartements... et verrouillez la porte. Se tournant vers moi, il esquissa une petite courbette.

 – Je ne crois pas que nous nous reverrons, Madame. Je vous souhaite une bonne nuit et que Dieu vous accompagne. et un bon voyage. 

 Et ce fut tout. 

J'ignorais à quelle vitesse était censé aller un convoi divin, mais il devait probablement être plus rapide que le détachement du capitaine Mainwaring. Le capitaine était responsable d'un convoi de ravitaillement, à destination de Lanark. Après la distribution de celui-ci, il devait ensuite se diriger vers le sud avec le reste de son détachement, livrant des dépêches sans importance le long du trajet. J'étais apparemment dans la catégorie des renseignements non urgents, car nous avions passé plus d'une semaine sur la route, et toujours aucun signe de l'endroit où je devais me rendre. 

‘Le Sud’. Cela signifiait-il Londres ? me-demandai-je, pour la millième fois. Le capitaine Mainwaring ne m'avait pas indiqué ma destination finale, mais je ne voyais pas d'autre possibilité. 

 Redressant la tête, je surpris le regard de l'une des tuniques rouges à travers les flammes. Je le regardai fixement, jusqu'à ce qu'il rougisse et baisse les yeux sur la gamelle qu'il tenait dans les mains. J'étais habituée à ce genre de regard, bien que la plupart aient été moins audacieux. 

 Cela avait commencé dès le début du voyage, avec une certaine gêne de la part du jeune idiot qui m'avait emmenée à Livingston. Il m'avait fallu un peu de temps pour réaliser que ce n'était pas la suspicion qui était à l'origine de l'attitude réservée des officiers anglais, mais un mélange de mépris et d'horreur, mêlé à une trace de pitié et à un sens du devoir qui les empêchait de montrer ouvertement leurs véritables sentiments à mon égard. 

 Je n'avais pas seulement été sauvée d'une bande d'écossais cupides en maraude. J'avais été délivrée d'une captivité au cours de laquelle j'avais passé une nuit entière dans une seule pièce avec un certain nombre d'hommes qui n'étaient, pour tout anglais bien-pensant, ‘guère plus que des bêtes sauvages, coupables de vols, de pillages et d'innombrables autres crimes atroces du même genre’. Il était donc impensable qu'une jeune anglaise soit sortie indemne d'une nuit en compagnie de telles bêtes. 

 Je songeai qu'avoir été transportée par Jamie, apparemment inconsciente, m'avait facilité les choses au départ, mais cela avait sans doute contribué à l'impression générale que lui et les autres écossais ne m'avaient pas bien traitée. Et grâce à la lettre détaillée écrite par le capitaine de mon premier groupe de sauveteurs, tous ceux à qui j'avais été remise par la suite – plus tous ceux à qui ils avaient parlé, supposai-je – le croyaient. Formée à Paris, je comprenais très bien le fonctionnement des ragots. 

 Le caporal Rowbotham avait certainement entendu ces histoires, mais il continuait à me traiter avec gentillesse, sans aucune des spéculations narquoises que je surprenais parfois sur le visage des autres soldats. Si j'avais été encline à réciter des prières à l'heure du coucher, j'y aurais sans doute inclus son nom.  

Je me levai, dépoussiérai ma cape et me dirigeai vers ma tente. En me voyant partir, le caporal Rowbotham se leva également, et contournant discrètement le feu, il s'assit à nouveau avec ses camarades, dos à l'entrée de ma tente. Lorsque les soldats se seraient retirés pour la nuit, je savais qu'il chercherait un endroit à une distance respectueuse, mais toujours à portée de mon lieu de repos. Il l'avait fait pendant les trois dernières nuits, que nous dormions à l'auberge ou à l'extérieur. 

 Trois nuits auparavant, j'avais tenté une nouvelle fois de m'évader. Le capitaine Mainwaring était parfaitement conscient que je voyageais avec lui sous la contrainte, et même s'il n'aimait pas être encombré par le fardeau que je représentais, il était un soldat trop consciencieux pour se soustraire à ses responsabilités. J'avais deux gardes qui me surveillaient de près, chevauchant à mes côtés pendant la journée. 

 La nuit, la surveillance était relâchée, le capitaine pensant évidemment qu'il était peu probable que je me lance à pied sur des landes désertes en plein hiver. Il avait raison. Je n'avais aucune envie de me suicider. 

Mais la nuit en question, nous avions traversé un petit village environ deux heures avant de nous arrêter pour la nuit. Même à pied, j'étais sûre de pouvoir faire marche arrière afin d'atteindre le village avant l'aube. Le bourg possédait une petite distillerie, d'où partaient des chariots chargés de barils à destination de plusieurs villes des environs. J'avais vu la réserve du distillateur, des tas de fûts empilés les uns sur les autres, et je pensais avoir une bonne chance de pouvoir m'y cacher pour partir avec le premier chariot. 

 Alors, une fois le silence établi sur le camp et les soldats ronflant dans leurs couvertures autour du feu, je m'étais glissée hors de ma propre couverture, soigneusement étendue près d'un bosquet de saules, et je m'étais frayée un chemin à travers les frondaisons, sans plus de bruit que le murmure du vent. 

 En quittant le bosquet, j'avais cru que c'était toujours le vent que j'entendais derrière moi, jusqu'à ce qu'une main se pose sur mon épaule. 

 "Ne criez pas. Vous n'voulez pas que le cap'taine sache que vous êtes dehors sans permission." Je n'avais pas crié, mais seulement parce que ma respiration avait été coupée. Le soldat, un homme de grande taille appelé ‘Jessie’ par ses camarades, à cause du mal qu'il se donnait à peigner ses boucles blondes, m'avait souri, et je lui avais souri en retour, de façon un peu incertaine. 

 Son regard était descendu sur ma poitrine. Il avait soupiré, avait relevé les yeux vers moi et avait fait un pas en avant. J'avais tout de suite fait trois pas en arrière. 

 "Ça n'a pas vraiment d'importance, n'est-ce pas, chérie ?" avait-il dit, toujours en souriant paresseusement. "Pas après ce qui t'est déjà arrivé. Qu'est-ce qu'une fois de plus, hein ? Et puis, je suis anglais", avait-t-il ajouté. "Pas une saleté d'écossais." 

 "Laisse cette pauvre femme tranquille, Jess", avait dit le caporal Rowbotham, émergeant silencieusement de l'ombre des saules derrière lui. "Elle a eu son compte d'ennuis, la malheureuse." Il avait parlé assez doucement, mais Jessie l'avait regardé fixement, puis, renonçant à ce qu'il avait en tête, avait fini par se retourner sans un mot pour disparaître sous les feuilles de saule. 

 Le caporal avait attendu, sans rien dire, que je ramasse ma cape tombée à terre, puis m'avait suivie jusqu'au camp. Il était allé chercher sa propre couverture, m'avait fait signe de m'allonger, et s'était placé à un mètre cinquante de moi, en position assise, sa couverture sur les épaules à la manière des indiens. Chaque fois que je m'étais réveillée pendant la nuit, je l'avais vu toujours assis au même endroit, le regard plongé dans les flammes. 

 

Tavistock avait effectivement une auberge. Toutefois, je n'eus guère le temps d'apprécier son confort. Nous arrivâmes au village vers midi et le capitaine Mainwaring partit aussitôt remettre ses dépêches. Il revint une heure plus tard et m'ordonna de prendre mon manteau.

 – Pourquoi ? demandai-je. Où va-t-on encore ? Il me lança un regard indifférent et répondit :

 – Au manoir de Bellhurst.

Cela laissait présager un standing nettement supérieur à celui de l'établissement dans lequel je me trouvais, qui comptait plusieurs troupiers jouant aux dés, assis sur le plancher, un corniaud infesté de puces étendu devant la cheminée et une forte odeur de houblon.

 

[…]