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Pour rappel, la correction se fera ainsi 

En noir : le texte tel qu'il est dans la version française et validé par la traductrice

En Bleu : le texte tiré de la version originale, absent dans la version française d'origine et enfin traduit.

En blanc et rayé, le texte ajouté dans la version française d'origine ne figurant pas dans la version originale.

Correctif

Tome 2  Chapitre 9

Outlander, tome 2, Le Talisman, chapitre 09, ©Diana Gabaldon  

1 - Les statues de versailles  

Description : Claire et Jamie sont invités à passer la matinée à la Cour de Versailles.  Avant de rejoindre les autres convives, ils traversent les jardins du château… 

 Traduit par Lucie Bidouille  

Corrigé par Anne Montégu-Terrière 

 

  […] 

 

Une promenade dans les jardins me rendit ma bonne humeur. Les arbres étaient encore nus, mais il faisait anormalement doux pour la fin mars. Nous longeâmes les parterres et les fontaines, émerveillés par les jeunes pousses et les bourgeons qui faisaient ployer les branches 

 

La plupart des arbres étaient encore dépourvus de feuilles, mais la journée était étonnamment chaude pour une fin de mois de mars, et l'odeur des bourgeons gonflés sur les rameaux était verte et piquante.  

On pouvait presque sentir la sève couler dans les immenses châtaigniers et peupliers qui bordaient les allées et abritaient des centaines de statues en marbre blanc. 

Je m'arrêtai à côté de la statue d'un homme à moitié vêtu, portant des raisins dans les cheveux et une flûte à ses lèvres. Une grosse chèvre grignotait avidement d'autres raisins qui tombaient en cascade des plis sculptés de sa toge.  

- Qui est-ce ? demandai-je :  Pan ?  

Jamie secoua la tête en souriant. Il était vêtu de son vieux kilt et d'un manteau usé mais confortable, néanmoins il était beaucoup plus beau à mes yeux que les courtisans luxueusement vêtus qui nous croisaient, bavardant en groupes. 

- Non, je crois qu'il y a bien une statue de Pan, mais ce n'est pas celle-là. C’est l’une des Quatre Humeurs de l’Homme.  

- Eh bien, il a l'air d’être d’assez bonne humeur, »dis-je en levant les yeux vers le gracieux compagnon de la chèvre.  

Jamie se mit à rire. 

- Et tu te dis médecin, Sassenach ! Il ne s’agit pas de ce genre d'humeur. Tu ne connais pas les quatre humeurs qui composent le corps humain  ? Celui-ci, c’est le Sanguin.  

Il désigna le joueur de flûte, puis pointa son doigt plus bas sur le chemin.  

-Et il y a le Mélancolique.  

C'était un homme grand, vêtu d’une sorte de toge, et tenant un livre ouvert. Jamie indiqua une autre statue.  

-Et là-bas, c’est le Colérique.  

Un jeune homme nu et musclé, le regard féroce et la mine renfrognée, sans considération pour le lion de marbre qui était sur le point de lui mordre vigoureusement la jambe. « 

-Et voilà le Flegmatique.  

-Ah bon ?  Le Flegmatique, un homme barbu avec un chapeau plissé, avait les deux bras croisés sur sa poitrine et une tortue à ses pieds.  

- Hum , rétorquai-je. 

- Les médecins ne connaissent-ils donc pas les humeurs à ton époque?  demanda Jamie avec curiosité. 

- Non  répondis-je.  Nous avons des germes, à la place.   

-Vraiment ? Les germes , dit-il en essayant de prononcer le mot, le roulant sur sa langue à la manière écossaise, ce qui le rendait extrêmement sinistre. «Gerrrmes. Et à quoi ressemblent ces germes?   

Je levai les yeux vers une représentation de l'Amérique, une jeune fille nubile vêtue seulement d’une jupe et d’une coiffe faite de plumes, avec un crocodile à ses pieds. 

- Eh bien, ils ne feraient pas des statues aussi pittoresques, dis-je. 

 Le crocodile aux pieds de l'Amérique me rappela la boutique de Maître Raymond. 

 

Devant une allégorie de l'Amérique, une jeune femme aux seins nus dans une jupe à plumes avec un crocodile à ses pieds, je repensai soudain à maître Raymond. 

 

– Tu étais sérieux hier soir à propos de maître Raymond ? demandai-je à Jamie.

 

[…]

 

 

- 2  : Les fastes de Versailles  

Description : Après avoir observé les statues (voir passage coupé intitulé « Les Statues de Versailles »), Claire et Jamie se sont assis dans les jardins. Une seconde partie de leur discussion a été supprimée. 

 Traduit par Lucie Bidouille  

Corrigé par Anne Montégu-Terrière 

 

[…]

 

Je ne crois pas aux sorcières, répondit Jamie en s'asseyant au pied d'un forsythia, mais le comte de Saint-Germain y croit, lui ! 

 Je songeai au regard haineux que le comte m'avait lancé au Havre et frissonnai en dépit du soleil et du châle en laine qui couvrait mes épaules. 

 – Tu crois qu'il est associé à maître Raymond ? Il haussa les épaules. 

 – Je n'en sais rien. Mais c'est bien toi qui m'as rapporté les rumeurs qui courent sur Saint-Germain, non ? Alors si cet apothicaire fait partie de son entourage, tu as tout intérêt à garder tes distances, Sassenach. Il me lança un sourire moqueur avant d’ajouter : 

 – Je ne tiens pas à te sauver une seconde fois du bûcher. 

 Les ombres sous les arbres me rappelèrent les ténèbres glacées du Puits aux voleurs de Cranesmuir et je me rapprochai instinctivement de Jamie. 

 – Moi non plus, dis-je en me blottissant contre lui. 

 Les pigeons batifolaient dans l'herbe sous un buisson de forsythia en fleur. Les dames et les messieurs de la Cour en faisaient autant sur les chemins qui menaient aux jardins des statues. La principale différence était que les pigeons étaient plus discrets. 

 J’aperçus un homme entièrement vêtu de soie turquoise semblant être encore en extase à propos de la pièce jouée la veille. Les trois dames qui l'accompagnaient, bien que moins spectaculaires, faisaient écho à ses paroles. 

 «  Superbe ! Tout à fait superbe, la voix de La Couelle ! » 

 «  Oh, superbe ! Oui, magnifique ! » 

«  Délicieux, délicieux ! Superbe est le seul mot pour ça ! » 

 «  Oh, oui, superbe ! » 

 Les voix - toutes les quatre - étaient aussi stridentes que le crissement d’une craie sur un tableau. En revanche, Monsieur pigeon, qui faisait son petit tour à quelques mètres de moi, émettait un roucoulement faible et mélancolique, passant d'une inflexion profonde et rassurante à un sifflement saccadé, tout en gonflant son jabot et en s'inclinant à plusieurs reprises, pour déposer son cœur aux pieds de sa dulcinée qui jusqu'à présent semblait peu impressionnée. 

 Détournant les yeux du pigeon, j’observai le courtisan azuré qui s'était empressé de revenir sur ses pas pour ramasser un mouchoir en dentelle, jeté timidement comme appât par l'un de ses précédents compagnons. 

 «  Les dames l'appellent "L'Andouille" (1) » remarquai-je. « Je me demande bien pourquoi ? » 

 Jamie grommela, somnolent, et ouvrit un œil pour regarder l’intrigant qui s’éloignait. 

 «  Mm ? Oh, "La saucisse". Ça veut dire qu'il ne peut pas garder son Roger dans sa culotte. Tu vois le genre... dames, valets de pied, courtisanes, garçons d'honneur. Des chiens de compagnie aussi, si la rumeur est exacte », ajouta-t-il. Il loucha en direction de la soie bleue qui s’éloignait, alors qu’une dame de la cour s’approchait en retenant contre son ample poitrine protectrice un petit ballot blanc duveteux. « C'est tout de même imprudent... Je ne risquerais pas le mien près d'une de ces petites boules de poils qui jappent. » 

 «  Ton Roger ? » demandai-je, amusée. « J’avais l’habitude de l’entendre être surnommé Peter, de temps en temps. Et les Yankees, pour une raison curieuse, baptisaient le leur "dick". Une fois, j'ai appelé un patient qui me taquinait "Clever Dick", et il a failli faire sauter ses points de suture tellement il riait. » 

 Jamie se mit à rire lui aussi, s'étirant nonchalamment sous le soleil du printemps. Il cligna une ou deux fois des yeux, et se retourna avec un sourire en coin. 

 «  Tu as à peu près le même effet sur moi, Sassenach », dit-il. Je repoussai les cheveux de son front et l’embrassai entre les yeux. 

 «  Pourquoi les hommes lui donnent-ils des noms ? » lui demandai-je. « John Thomas, je veux dire. Ou Roger, d'ailleurs. Les femmes ne font pas ça. » 

 «  Ah bon ? » demanda Jamie, intéressé. 

 «  Non, bien sûr que non. C’est comme si j’appelais mon nez Jane. » 

 Sa poitrine se soulevait et s'abaissait au rythme de ses éclats de rire. Je roulai sur lui, savourant la sensation de solidité qu'il dégageait. Je pressai mes hanches contre les siennes, mais les couches de jupons qui nous séparaient atténuèrent l’effet escompté. 

 «  Eh bien, » dit logiquement Jamie, « le tien ne monte et ne descend pas tout seul après tout, et il n’en fait pas qu’à sa tête quelle que soit ta volonté. Pour autant que je sache, en tout cas », ajouta-t-il en haussant un sourcil d'un air interrogateur. 

 «  Non, pas du tout, Dieu merci... Je me demande si les Français appellent le leur "Pierre" », dis-je en jetant un coup d'œil à un dandy qui passait, vêtu de velours vert chatoyant. 

Jamie éclata de rire, ce qui effraya les pigeons du buisson de forsythia. Ils s’envolèrent dans un bruissement d’ailes indigné, répandant des plumettes de duvet gris dans leur sillage. Le petit chien blanc, jusqu'alors content de se prélasser dans les bras de sa maîtresse comme une poupée de chiffon, prit aussitôt conscience de ses responsabilités. Il jaillit de son nid douillet comme une balle de ping-pong et partit à la poursuite des pigeons dans une course endiablée, en aboyant frénétiquement, sa maîtresse à ses trousses poussant des cris similaires. 

 «  Je ne sais pas, Sassenach », dit-il, retrouvant suffisamment de calme pour essuyer les larmes de ses yeux. « Le seul Français que j'aie jamais entendu lui donner un nom l'appelait son "Georges". » 

 «  Georges ! » m'exclamai-je, assez fort pour attirer l'attention d'un petit groupe de courtisans qui passait par là. L'un d'eux, un spécimen petit mais vif, ridiculement vêtu de satin noir parsemé de blanc, s'arrêta à côté de nous et s'inclina profondément, balayant le sol à mes pieds avec son chapeau. Son œil était toujours enflé et une marque violacée apparaissait sur l'arête de son nez, mais son style était impeccable (2). 

 «  A votre service, Madame (3) », dit-il.

 J'aurais peut-être réussi à faire bonne impression si ce n'avait été ces oiseaux de malheur.

 

[…]

 

1 En français dans le texte

 

2  Le Vicomte Georges de Rambeau est l’homme qui est entré sous l’alcôve à la suite de Claire, et qui a fini dans la fontaine quand Jamie l’a surpris

 

3 En français dans le texte