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Pour rappel, la correction se fera ainsi
En noir : le texte tel qu'il est dans la version française et validé par la traductrice
En Bleu : le texte tiré de la version originale, absent dans la version française d'origine et enfin traduit.
En blanc et rayé, le texte ajouté dans la version française d'origine ne figurant pas dans la version originale.
Outlander, tome 4, Les Tambours de l’Automne, chapitre 19, ©Diana Gabaldon
Description : Jamie et Claire installent les piquets qui délimitent le terrain de leur nouveau domaine, et discutent de l’opportunité de s’installer en Caroline du Nord. La version française a coupé un passage charmant, quand Jamie explique à Claire que son choix est avant tout motivé par son attrait pour la montagne…
Traduit par Lucie Bidouille
Corrigé par Gratianne Grc et Agnès McMaille
19 Terre bénie…
(…)
Jamie avait aussi d’excellentes raisons de rester le plus loin possible du sergent Murchison, qui me paraissait être du genre rancunier. Puis il y avait Farquard Campbell et tout son monde de planteurs, de Régulateurs, d’esclaves et de politiciens… Non, je comprenais pourquoi Jamie ne tenait pas à entrer dans ce réseau de relations et de complications, sans parler de la guerre d’Indépendance qui allait éclater. En même temps, j'étais convaincue qu'aucune de ces raisons n'expliquait sa décision.
— Ce n'est pas uniquement parce que tu ne veux pas retourner à River Run, n'est-ce pas ?
Je m’adossai contre lui, ressentant sa chaleur par contraste avec la fraîcheur de la brise du soir. La saison n’était pas encore terminée ; nous étions encore à la fin de l'été, et l'air était riche des parfums de feuilles et de baies chauffées par le soleil. Mais les nuits commençaient à être froides si haut dans les montagnes.
Je sentis le petit grondement d'un rire dans sa poitrine, et un souffle chaud effleura mon oreille.
— C'est si évident ?
— Suffisamment.
Je me retournai et posai mon front contre le sien, de sorte que nos yeux ne fussent séparés que de quelques centimètres. Les siens étaient d'un bleu très profond, de la même couleur que le ciel du soir dans l'échancrure des montagnes.
— Hibou, dis-je.
Il rit, surpris, et cligna des yeux en reculant, abaissant brièvement ses longs cils auburn.
— Quoi ?
— Tu as perdu. C'est un jeu qui s'appelle 'hibou', expliquai-je. La première personne
à cligner des yeux a perdu.
— Oh…
Il saisit mes oreilles par les lobes et m’attira doucement à lui, front contre front.
— Hibou, alors. Tu as déjà remarqué que tu avais des yeux de hibou?
— Non, répondis-je, je ne pense pas m’en être déjà aperçue.
— Ils sont clairs et dorés… et très sages.
Je ne cillai pas.
— Dis-moi pourquoi nous restons.
Il ne cligna pas des yeux non plus, mais je sentis sa poitrine se soulever sous ma main, alors qu'il prenait une profonde inspiration.
— Comment t’expliquer ce que je ressens ici ? m’avait-il déclaré dit-il doucement. Sais-tu seulement ce que signifie avoir besoin d’un endroit à soi ? Besoin d’entendre la neige crisser sous mes semelles, de remplir mes poumons de l’air de la montagne ? C’est elle qui me fait respirer, comme Dieu insuffla la vie en Adam. J’ai besoin de sentir la roche froide sous ma main, de repaître mes yeux de la mousse qui couvre les rochers, résistant au soleil et au vent.
Il avait usé tout son souffle, et il respira à nouveau, inspirant le mien. Ses mains étaient liées derrière ma tête, nous maintenant face à face.
— Si je veux vivre comme un homme, il me faut une montagne, ajouta-t-il simplement. Ses yeux étaient grands ouverts, cherchant à comprendre ce qu’il y avait dans les miens.
— Me feras-tu confiance, Sassenach ? demanda-t-il enfin.
Son nez se pressa contre le mien, mais ses yeux ne cillèrent pas. Les miens non plus.
— Sur ma vie, dis-je.
Je sentis ses lèvres esquisser un sourire, à quelques millimètres des miennes.
— Et avec ton coeur ?
— Toujours, murmurai-je.
Je fermai les yeux et l'embrassai.
Ainsi, il fut décidé que Myers rentrerait à River Run pour transmettre nos instructions à Duncan, rassurer Jocasta sur notre sort et acheter l’équipement que nos maigres ressources nous permettraient. S’il en avait le temps avant la tombée des premières neiges, il reviendrait avec des provisions ; sinon, il faudrait attendre le printemps. Ian demeurerait avec nous. Son aide nous serait précieuse pour bâtir la cabane et chasser.
(…)