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Les fanfictions de 

aNniNa aLbA  

 

 

The gathering (le rassemblement).

 

Un mouvement furtif apparut dans mon champ de vision et m’informa que je n’étais sans doute plus seule.

 

Quelque quidam indésirable avait visiblement, eu la même idée que moi et recherchait, loin du tumulte grisant du « gathering », même pour un bref instant, le refuge dans l’isolement et le silence.

 

Les chants guillerets des fiers et ardents écossais, portés par leurs voix tonitruantes de stentors avaient enveloppé le château de Leoch d’un nuage joyeux et d’un charmant brouhaha.

 

Jusqu’à l’arrivée des toutes premières lueurs de l’aube, la fête, sans nul doute, bâterait son plein à coup de chansons aux paroles approximatives et de danses traditionnelles plus ou moins bien reproduites par des hommes par trop balourds pour faire des danseurs même moyens.

 

Dans le tendre cercle des bras de mon amant, j’avais tourné, virevolté une bonne partie de la nuit, à en avoir mal aux pieds mais je me sentais si bien, légère et tellement vivante comme une adolescente lors de sa première saison !

 

Je n’étais pourtant plus une gamine et depuis bien longtemps et j’avais bien dû me résoudre à rejoindre les bancs de ceux qui, comme moi, avaient abdiqué devant la jeunesse insolente et infatigable.

 

J’avais confié mon amoureux, aux bons soins de son cher parrain, « Murtagh » qui était, et ce n’était pas un secret, meilleur buveur que danseur !

 

Après tout, du point de vue des écossais du moins, la consommation d’alcool et en grande quantité était une véritable distraction, presqu’un sport national.

 

« L’uisge-breatha », (comprenez ici le whishy), avait donc copieusement imbibé le palais exercé des hommes, qui dans ce rassemblement clanique, pouvaient trouver prétexte à en abuser encore et plus que de raison !

 

Désertée par l’appel du sommeil, toujours dans la fébrilité et l’excitation de la fête, j’avais enfilé ma cape que j’avais soigneusement lacé, rabattant frileusement les pans autour de moi pour affronter le froid piquant de cette saison d’hiver dans les highlands.

 

J’avais franchi la lourde porte grinçante qui donnait sur la cour du château pour atterrir dans l’intimité de mon jardin aux simples que je chérissais jalousement et que j’entretenais quotidiennement.

 

J’appréciais particulièrement la sérénité du lieu où la magie de Dame nature transformait les graines d’apparence insignifiante, en lotions, décoctions, onguents, cataplasmes et autres précieux remèdes.

 

Je pouvais m’enorgueillir de la réussite de mes préparations aux vertus médicinales et mon savoir-faire professionnel prenait là toute son importance.

 Je me félicitais au passage d’avoir toujours été une étudiante assidue lors des courts de Botanique que Mrs Lestrange !

 

Je n’ignorais pas que m’attendaient certainement, déjà, un grand nombre de faces viriles et avinées, amochées, aux regards gonflés, figés dans des orbites boursoufflées, aux lèvres fendues, aux dents tout juste suspendues à une gencive sanguinolente.

 

Ce répit égoïste même précaire était donc le bienvenu mais le bruit de pas qui approchait, en sonnait déjà la fin et froissait irrémédiablement les perles de rosée qui scintillaient dans l’herbe haute.

 

Je me redressai alors à regret pour affronter l’intrusion inévitable en essayant de maintenir une attitude des plus courtoise et des plus avenante possible et j’aperçus alors la silhouette nonchalante de Jamie.

 

Après un court moment d’hésitation mais pourtant évident, il se mit à ralentir le pas et stoppa sa progression à quelques mètres de moi, me regardant avec un intérêt vif non dissimulé.

 

« Je sais que tu apprécies ces moments de quiétude « sassenach « et sans doute es-tu épuisée par toutes ces festivités, mais te reste-t-il encore un peu de force pour accorder un soupçon de tendresse à ton tendre époux qui bien qu’un peu étourdi par le vin, se languit de toi et a grand besoin de ta chaleureuse affection » ?

 

A son ton goguenard, dissimulant un projet troublant dont lui seul avait le secret, je me dis que décidemment cet homme ne cesserait de me surprendre même après plus de 20 ans.

 

Je me souvins alors que chaque fois que la vibration de sa voix me parvenait si caressante, il me faisait toujours promesse de plaisirs savoureux me disant qu’il avait en tête des idées indécentes et totalement inavouables en public.

 

Annina Alba

 

 

 

 

 

Le rassemblement
A chacun son combat

Revisite de l’épisode 1 de la saison 3 :

« À chacun son combat », au moment de la naissance de Brianna.

 

Dans la solitude du soir, je te protégeais, minuscule embryon enfoui dans mon corps.

J’avais hâte de pouvoir enfin te serrer contre mon sein, sans doute étais-tu impatient de me connaître autant que je pouvais l’être de te voir grandir dans ma chair pour enfin voir le jour.

Comme née des cendres de ta sœur, envolée vers une autre lumière, elle serait pourtant là, dans la lueur de ton regard, dans la force de tes petits doigts accrochés aux miens.

J’aurai aimé te garder un peu encore dans le confort de mon ventre, tant que tu y restais, ton père y existait quelque part aussi.

 

Je pensais encore apercevoir ton père, vautré et nonchalant sur notre couche, les rayons de lune coulant telles des perles légèrement nacrées se reflétant sur ses boucles tendres.

Les dernières semaines avaient été un peu pénibles, je me traînais difficilement et je me sentais gauche et maladroite mais gonflée, revigorée d’un nouvel espoir. Celui de voir poindre ton petit nez que j’imaginais légèrement retroussé.

Je priais le ciel que tu sois en bonne santé, vigoureux et vibrant de vie ; déjà, tu manifestais violemment ton caractère bien trempé en cognant furieusement contre les parois de mon ventre.

Tes yeux seraient-ils d’un bleu profond, à la forme étirée comme ceux de feu ton père ?

Je ne les imaginais alors, pas autrement !

Fille ? Garçon ? Peu importe ! Tu deviendrais l’amour de ma vie ! Par toi, puis pour toi, j’essaierai de revivre !

Franck attendait fébrile dans la salle d’attente, que pouvait-il penser à cet instant ?

« Je vais recevoir en pleine face, l’’affront de la femme dont je fus le premier époux « , ou, se disait-il, simplement, « je vais connaître le bonheur d’être père ».

Oui, Franck serait ton père, dans tout ce que cela représente de réel, de concret, mais jamais il ne pourrait faire disparaître mon cher soldat.

Allongée sur la table, vêtue d’une casaque d’hôpital, je soufflais, j’inspirais tentant de minimiser la douleur des contractions.

Il était là, soutien infaillible, honnête et droit ; à cet instant, rien ne semblait compter plus que ta naissance, dans son regard, je voyais cette joie intense qui le traversait.

Il ignorait encore, que ta sœur avait pour un temps trop court, fais une halte sur cette terre !

Mon intention n’avait pas été de le lui cacher, avais-je toutefois besoin de le faire souffrir davantage ?

Et pourtant je la prononçais !

Voilà ! La phrase venait d’être lâchée : « j’ai fait une fausse couche, il y a un an ».

Je le sentais se raidir près de moi, réalisant une nouvelle fois, l’étendue de ma trahison.

Tu serais, à ton tour le fruit, l’aveu d’une mère qui avait chéri un autre homme, celui qui te serait inconnu à tout jamais.

Je me réveillais seule dans une chambre à la blancheur aveuglante, je posais mes mains de chaque côté de mon ventre que je sentais légèrement arrondi et un peu flasque mais vide de ton existence.

Je manquais de hurler tant la panique s’emparait de moi. Où étais -u ? Avais-tu rejoint les anges auprès de ma gracieuse Faith ?

L’on me rassurait rapidement et je t’apercevais enfin qui venait à ma rencontre dans les bras de Franck.

Tu étais telle que tu devais être, parfaite ! Dis petits doigts et dix petits doigts de pieds, une tête bien ronde, une fine toison d’un roux chaud et cuivré.

Lui, ne voyait que toi, à cet instant, il avait oublié, oublié que tu n’étais pas vraiment sienne !

La réalité le rattrapait très vite par l’intervention de l’infirmière l’interpellant sur la rousseur de ton duvet naissant.

Le choc était rude, il faisait bonne figure mais il savait déjà qu’il ne se reconnaîtrait jamais dans le reflet de ton visage.

Tu aurais donc une mère, un père, mais lui n’aurait pas d’épouse.

L’un et l’autre nous établirions une paix précaire, la rancune, malgré tout, s’installerait entre nous, latente, sous -jacente et insidieuse.

Mon âme arrachée à mon autre, ne pourrait plus, lui, l’éteindre, j’avais renoncé à l’’impossible pour ne vivre qu’avec le possible, le quotidien.

 

Au matin, maquillée de sanglots, les traits bouffis de chagrin, le cœur achevé, devenu membre fantôme, je les décryptais fragiles s’étalant sur l’oreiller telle une rivière incontrôlable.

Je le torturais dans un plaidoyer pathétique, pour lui, pour le retrouver, pour qu’il me revienne.

J’avais si froid sans l’avalanche de ses baisers mouillés qui, autrefois, dégringolait sur mon front, mes joues, mes lèvres et mon cou.

 

 

Ecorchée vive, privée de son patronyme, je ne pouvais être que l’unique étincelle de sa flamme, la seule flèche plantée dans son cœur.

Franck souffrirait, beaucoup, et moi aussi.

Rien ne pourrait plus nous réunir, pas même ta frimousse truffée de tâches de rousseurs au sourire candide et malicieux.

 

Aninina Alba