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Que les esclaves à demi affamés dans de plus chauds climats voient les vins futurs croitre en riches grappes ; 

La vieille Écosse n’envie pas leur lot ; mais, joyeuse et sémillante, 

Elle regarde ses enfants nés libres, et belliqueux, boire leur whisky. 

  

Qu’importe qu’aux rayons plus chauds de leur Phoebus, les parfums s’exhalent et la beauté charme, 

Quand les malheureux inondent de leurs essaims affamés les bois odoriférants, 

Ou, pourchassés, déshonorent les armes en troupeaux faméliques ? 

  

Leur fusil est un fardeau pour leur épaule ; ils ne peuvent souffrir l’odeur de la poudre 

Leur pensée la plus hardie est une envie combattue de rester et de se sauver, 

Jusqu’à ce qu’un coup parte – et les voilà bien loin, tous pêlemêle, tâchant de sauver leur peau. 

  

Mais amenez un Écossais de sa montagne, appliquez-lui un verre de sa boisson dans la joue,  

Dites que telle est la volonté du roi George, et que voilà les ennemis :  

Il ne pense plus à rien qu’à en tuer deux d’un coup. 

  

Aucun doute glacial, aucune défaillance de cœur ne le tourmente ; la mort vient, il la voit d’un œil intrépide ; 

D’une main sanglante il lui donne la bienvenue ; et, lorsqu’il tombe, 

Son dernier soupir s’exhale en faibles hourras. 

  

Les sages peuvent fermer leurs yeux solennels, et élever un brouillard philosophique, 

Et chercher des causes physiques dans le climat et la saison ; 

Mais dites-moi le nom du whisky en grec, je vous dirai la raison. 

  

Écosse, ma vieille mère respectée ! Quoique parfois vous humectiez votre cuir 

Jusqu’à ce que sur la récolte de bruyère où vous êtes assise vous perdiez votre eau, 

(La liberté et le whisky marchent ensemble !) Prenez votre goutte ! 

Vivamus, mea Lesbia,  

atque amemus, 

rumoresque senum severiorum 

omnes unius aestimemus assis. 

Soles occidere et  

redire possunt ; 

nobis cum semel  

occidit brevis lux, 

Nox est perpetua una dormienda. 

Da mi basia mille, 

deinde centum, 

dein mille altera, dein secunda centum, 

deinde usque altera mille, 

deinde centum. 

Dein, cum milia multa fecerimus, 

conturbabimus illa,  

ne sciamus, 

aut ne quis malus invidere possit, 

cum tantum sciat esse basiorum. 

Vivons, ma Lesbie, aimons-nous  

et, à tous les commérages des vieillards trop sévères, donnons la valeur d'un sou. 

Les rayons du soleil  

peuvent mourir et renaître ; 

pour nous, une fois que la brève lumière s'est éteinte,  

c'est une seule nuit éternelle qu'il faut dormir. 

Donne-moi mille baisers,  

et puis cent, et puis mille autres,  

puis une seconde fois cent, 

puis encore mille autres, puis cent. 

Ensuite, lorsque nous nous serons embrassés des milliers de fois,  

nous brouillerons les comptes pour ne plus les reconnaître, 

de peur qu'un esprit malin ne puisse nous jeter le mauvais oeil, 

lorsqu'il connaîtra le nombre de nos baisers. 

Come and let us live my Deare, 

Let us love and never feare, 

What the sowrest Fathers say: 

Brightest Sol that dies to day 

Lives againe as blithe to morrow, 

But if we darke sons of sorrow 

Set; o then, how long a Night 

Shuts the Eyes of our short light! 

Then let amorous kisses dwell 

On our lips, begin and tell 

A Thousand, and a Hundred, score 

An Hundred, and a Thousand more, 

Till another Thousand smother 

That, and that wipe of another. 

Thus at last when we have numbred 

Many a Thousand, many a Hundred; 

Wee’l confound the reckoning quite, 

And lose our selves in wild delight: 

While our  oys so multiply, 

As shall mocke the envious eye. 

Poème de Catule

Richard Crashaw

Claire, après 20 années passées à Boston, est de retour en Écosse pour l’enterrement du révérend Wakefield. Alors que sa fille Brianna visite les lieux aux côtés de Roger, elle retourne sur les traces de son passé auprès de son amour. 

Sur la lande de Colluden, elle lui parle de leur fille et de sa vie sans lui ; au musée dédié à la révolte jacobite, elle aperçoit la libellule dans l’ambre, cadeau de  mariage de Hugh Monroe qu’elle avait confiée à Jamie avant de traverser le pierres…  Elle retourne également, à Lallybroch où tant de souvenirs l’assaillent !  

Absence entends-là ma protestation 

Contre ta puissance,  

Ta distance et ta durée :  

Fais ce que tu peux pour le changement,  

Pour les cœurs sincères et valeureux  

L'absence les lie et le temps qui passe les installe.  

  

Qui aime une maîtresse d'une telle qualité,  

Son esprit a trouvé  

Le terrain d'affection  

Au-delà du temps, du lieu et de toute mortalité.  

Aux cœurs qui ne peuvent pas varier  

L’absence est présente, le temps s’arrête.  

 

Mes sens veulent leur mouvement extérieur  

Qui maintenant dans  

La raison gagne,  

Redoublée par sa notion secrète :  

Comme des hommes riches qui prennent du plaisir  

Cacher plus que manipuler des trésors.  

 

En absence ce bon moyen que je gagne,  

Que je puisse l'attraper  

Où personne ne peut la regarder,  

Dans un coin proche de mon cerveau :  

Là je l'embrasse et l'embrasse,  

Et alors profitez-en et personne ne la manque. 

Absence, hear thou my protestation  

Against thy strength,  

Distance and length :  

Do what thou canst for alteration,  

For hearts of truest mettle          

Absence doth still and time doth settle. 

 

Who loves a mistress of such quality,  

His mind hath found  

Affection's ground  

Beyond time, place, and all mortality.   

To hearts that cannot vary  

Absence is present, Time doth tarry.  

 

My senses want their outward motion  

Which now within  

Reason doth win,   

Redoubled by her secret notion:  

Like rich men that take pleasure  

In hiding more than handling treasure.  

 

By Absence this good means I gain,  

That I can catch her 

Where none can watch her,  

In some close corner of my brain:  

There I embrace and kiss her,  

And so enjoy her and none miss her. 

     

Absence

John Donne

Lors des toutes premières minutes de l’épisode : la quête : (S01-E05), Claire, face au lac auprès duquel toute la troupe a fait halte, déclame les premiers vers du poème de John Donne : Absence. 

Nous ressentons à ce moment-là, une forme de solitude qui l’étreint, mais Ned Gowan, clerc et avocat du clan McKenzie la rejoint pour déclamer à l’unisson la fin de la première strophe.  

Alors qu’à quelques mètres d’eux, les highlanders se chamaillent comme des gamins en se lançant des blagues grossières, la référence aux poèmes de John Donne montre à quel point Claire est décalée et avait besoin, particulièrement à ce moment-là, d’un homme cultivé à qui parler.  

Poémes

Entre autres choses, elle se remémorent les vers du poème de Catulle de Richard Crashaw qu’elle récitait avec Jamie. Ce poème sera à nouveau à l’honneur dans la saison 4, épisode 6 (le sang de mon sang) lorsque Jamie offre une nouvelle bague à Claire dans laquelle sera gravé un vers plus que significatif : Da mi basia mille... Donne-moi mille baisers.  

En effet, Roger découvre un article tiré d’un journal paru en 1765 dans lequel paraît cette phrase : « Car, depuis la nuit des temps, liberté et whisky sont faits pour s’acoquiner ».  Ainsi que cette autre phrase : « vous, chevalier et écuyers qui représentez nos bourgs et nos comtés » qui sont donc tous deux tirés de cette réclamation qui n’a été écrite qu’en 1786, soit 21 après cette édition. 

Le fait que l’éditeur de cet article soit Alexandre Malcolm, les deux autres prénoms de Jamie, finit de les convaincre.  

Les vers de Roberts Burns tirés du long post-scriptum de la nom moins longue RECLAMATION ET PRIERE FERVENTE DE L’AUTEUR AUX REPRESENTANTS DE L’ECOSSE écrite en 1786 sont fondamentaux dans l’histoire de Claire et Jamie, non pas tant pour la qualité de l’œuvre, ni même pour ce qu’elle représente d’un point de vue purement politique, mais tout simplement parce que ce sont ces quelques mots qui prouvent à Claire que Jamie a survécu à Culloden et qu’elle est donc en mesure, 20 ans après, de le rejoindre à travers le temps.  

Liberté et Whisky

Robert Burns

Le chemin délaissé

Robert Frost

Dans un bois jaune deux chemins se séparaient
Et désolé de ne pouvoir emprunter l’un et l’autre
Et n’être qu’un voyageur longtemps je demeurai
Et suivis du regard autant que je pouvais 


Le premier jusqu’au tournant sous les hêtres ; 

Puis je pris le second, presqu’aussi tentant
Et peut-être même plus recommandé
Parce que tout herbeux, à la marche invitant ; 


Même si, pour dire vrai, les passants
Les avaient tous deux pareillement usés 

L’un et l’autre s’offraient au petit jour
Avec leurs feuilles qu’aucun marcheur n’avait noircies 


Je gardais le premier pour un autre parcours 

Tout en sachant que de tour en détour
Je ne repasserais probablement jamais ici 

C’est en soupirant que je devrais l’avouer 


Je ne sais où, il y a bien longtemps 

Deux chemins dans un bois se séparaient 
J’ai pris des deux le moins fréquenté
Et c’était sans doute le plus important. 

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could 


To where it bent in the undergrowth; 

Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear; 


Though as for that the passing there
Had worn them really about the same, 

And both that morning equally lay
In leaves, no step had trodden black. 


Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back. 

I shall be telling this with a sigh 


Somewhere ages and ages hence: 

Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference. 

Alors qu’ils réalisent qu’en ayant fait le vœu de rentrer chez eux, au 20ème siècle, les pierres les ont finalement ramenés à Fraser Ridge au 18ème, Brianna et Roger, heureux de ce dénouement inattendu évoquent ce chemin qu’ils n’ont finalement pas emprunté et se réfèrent au poème de Robert Frost.

J'ai survécu à la guerre et j'ai beaucoup perdu. 

Je sais ce qui vaut, ou non, la peine de se battre 

Honneur et le courage sont des points essentiels, 

Pour lequel un homme peut tuer, mourir peut-être parfois. 

La vie d’un homme émane de sa femme 

Et son honneur est sanctifié par son sang 

Pour l’amour seul, je traverserais encore le feu 

Alors que Claire vient de traverser l'enfer, enlevée, battue et violée par Lionel Brown et ses sbires...

Alors que Jamie et les siens sont venus à son secours, exécutant sans pitié ceux qui ont torturé cette femme que tous aiment à leur mesure...

Les habitants de Fraser Ridge sont enfin réunis.

 

Un moment de calme, avant la tempête à venir. 

I have lived through war and lost much. 

 I know what's worth the fight, and what is not. 

Honor and courage are matters of the bone, 

and what a man will kill for, he will sometimes die for, too. 

A man's life springs from his woman's bones, 

and in her blood is his honor christened. 

For the sake of love alone, I would walk through fire again 

J'ai survécu à la guerre 

Diana Gabaldon 

Alors que l'orage gronde au loin, Jamie et Claire savourent ce moment de calme et de paix qu'ils savent l'un et l'autre momentané.

Le passé fut brutal, avec la morsure de serpent de Jamie puis  l'enlèvement et le viol de Claire.

L'avenir quant à lui, s'annonce sanglant avec la révolution inévitable. 

Leur courage prend sa source dans leur savoir et c'est le bon moment pour Jamie de citer Thucydide, historien Grec réputé, dont on se doute qu'il a étudié les écrits avec intérêts. 

Les plus courageux 

Thucydide 

Mais, les plus courageux sont sûrement ceux qui ont la vision la plus claire de ce qui est devant eux, la gloire et le danger, et pourtant, sortent pour le rencontrer. 

Le lac de l’île d’Innisfree de William Butler Yeats 

Ce poème est cité trois fois dans la saga. C’est un fil rouge important, et ce poème part de Frank, qui le récite souvent, en voyant Claire jardiner, puis Brianna et Claire le récitent et ainsi l’apprennent à Jamie (bien que le poème soit écrit un siècle plus tard) et enfin Jamie se l’approprie et le fait sien.

 

Tome 4, chapitre 43 (non traduit en français)

Dialogue entre Brianna et Jamie alors qu'ils regardent Claire s'occuper de son jardin.

 

Tome 7 chapitre 12

Claire, toujours dans son jardin, alors qu'elle voit une couleuvre passer à l'endroit où Malva a été assassinée

 

Tome 9 chapitre 141 

Jamie se souvient du poème que Claire lui a récité. 

Que je me lève et je parte, que je parte pour Innisfree,
Que je me bâtisse là une hutte, faite d’argile et de joncs.
J’aurai neuf rangs de haricots, j’aurai une ruche
Et dans ma clairière je vivrai seul, devenu le bruit des abeilles. 


Et là j’aurai quelque paix car goutte à goutte la paix retombe
Des brumes du matin sur l’herbe où le grillon chante,
Et là minuit n’est qu’une lueur et midi est un rayon rouge
Et d’ailes de passereaux déborde le ciel du soir. 


Que je me lève et je parte, car nuit et jour
J’entends clapoter l’eau paisible contre la rive. 


Vais-je sur la grand route ou le pavé incolore,
Je l’entends dans l’âme du cœur. 

« Mon corps ne m’appartient plus. 

Elle a repris sa part. 

Je suis en deux morceaux, 

Maintenant que ma douce est partie. 

Elle était un de mes pieds, un de mes flancs, 

Son visage était comme l’épine blanche. 

J’étais à elle plus qu’à moi-même.Je défaille en le disant, 

Elle était la moitié de mon âme » 

La moitié de mon âme  

Diana Gabaldon 

Tome 9 Chapitre  CH 37-Manœuvres commençant par la lettre V

 

Nous restâmes silencieux un moment, les chants des criquets et le bruissement des feuilles glissant sur nous telle de l’eau.

Il se mit à parler doucement. Je crus d’abord ne pas l’avoir entendu correctement, puis je me rendis compte qu’il parlait simplement dans une langue que je ne connaissais pas.

— Ce n’est pas du gaélique, n’est-ce pas ? demandai-je.

Il fit non de la tête sans rouvrir les yeux. »

— C’est du gaeilge, du gaélique irlandais, répondit-il. C’est un poème que m’a dit Stephen O’Farrell, pendant le Soulèvement. Il vient juste de me revenir.