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Par Valérie Gay-Corajoud

De chair et de sang 

Je n’ai pas de mots assez puissants me semble-t-il pour décrire ce qu’ont été capables de nous offrir Sam et Cait. Avec la même générosité et la même passion que Diana, ils ont tout donné d’eux-mêmes.

J’imagine également la nécéssité d'une confiance absolue entre les scénaristes et toute l’équipe technique  pour que puisse être tournée de telles scènes.

La caméra tout contre eux, les expressions de plaisir ou de douleur, les regards perdus ou émerveillés. Mais surtout, leurs corps exposés, jusqu’au grain de la peau. Leur intimité, de face ou de dos, l’un contre l’autre ou l’un en l’autre… et là encore, sans que jamais ne soit franchi le seuil du voyeurisme ou de la pornographie !

Toute la séquence du viol de Jamie par Jonathan Randall, lui aussi exceptionnellement incarné par Tobias Menzie si juste, si réaliste, mais toujours respectueux et qui sera, probablement, le sujet d'un autre focus... 

 

Je m'arrête ici, j'avais prévu de faire un tour d'horizon de toute la saga, ou tout au moins des 4 premières opus portées à l'écran, mais je réalise qu'il est impossible d'être concis, que, d'une certaine manière, je me dois de rendre à Diana Gabaldon ce don des mots et du temps nécessaire pour tous les poser dans l'ordre.

Il n'y a aucune urgence à raconter Outlander... à l'inverse même, il n'y a pas plus doux que de laisser perdurer le plaisir.

 

 

S’il est une particularité, tant dans l’œuvre de Diana Gabaldon que dans son adaptation télé, c’est bien la manière dont le corps en général, et le sexe en particulier y sont traités.

Ici, pas plus de fausse pudeur que d’exhibitionnisme. Le sexe est une donnée essentielle qui n’est jamais décrite gratuitement pour attirer le chaland, pas plus qu’elle n’est ignorée pour ménager les âmes trop prudes.  Le ton peut être cru, mais il n’est jamais vulgaire, la scène est souvent filmée en son entier, mais jamais de manière pornographique.

  

- L’écriture

  

Cela tient, en tout premier lieu, à l’écriture incroyablement honnête de Diana Gabaldon. 

Le tableau qu’elle nous donne à voir est sans trucage, sans zone d’ombre.  Elle ne fait pas l’économie de détails ou d’explications sous prétexte de raccourcir son texte. A l’inverse, elle prend son temps, nous laisse cheminer avec ses personnages tout le long de leur parcours, afin que nous prenions conscience de leurs états, de leurs émotions et de leurs options. 

Pas d’effet de manche, pas de manipulation. Tout est là. Nous avons toutes les cartes en main. 

Lorsque ses personnages s’enlacent, s’embrassent ou font l’amour, nous ne les surprenons pas au détour d’une porte, nous ne les observons pas à la dérobée au bord du lit et de la même manière, nous ne repartons pas sur la pointe des pieds, comme si nous avions été pris en faute.  

Non. Diana nous a clairement invités dans cet espace intime mais toujours respectueux. Elle a prévu cette place pour nous, où nos propres émotions se mêlent à la chaleur des corps enlacés. 

Et si elle prend le temps de nous décrire parfois les actes intimes, ce n’est pas pour nous émoustiller ni par voyeurisme, c’est pour nous emmener au plus près de leur relation, de leur exaltation, de leurs sensations. 

A nous de vivre ce moment comme nous le souhaitons. Tout est question de confiance. 

  

- Claire

  

Cela tient également au fait que l’héroïne, Claire, est une femme sans détour et sans complexe. 

Devenue orpheline à l’âge de 8 ans, elle n’a pas été élevée dans une famille traditionnelle, mais par un oncle archéologue et baroudeur qui n’avait que faire de lui enseigner les bonnes manières, lui préférant un savoir plus pragmatique : Se repérer dans la nature, allumer un feu avec des silex, s’intéresser à la terre et à l’histoire, et surtout, ne pas créer de problème.  Il est quasi certain qu’il ne l’aurait pas élevée différemment si elle avait été un homme. Il en ressort que Claire est en mesure de s’adapter à des situations difficiles et que son rapport aux autres est franc et sans détours. 

Tout d’abord, nous la découvrons en 1945 aux-côté de son mari, Frank, historien universitaire un peu raide, un peu conventionnel, mais suffisamment amoureux pour apprécier le caractère direct de sa femme et, peut-être même, en tirer un certain profit. 

Très vite, que ce soit dans les premières pages de la saga ou dans le premier épisode de la série, on nous apprend que Claire aime faire l’amour, et qu’elle sait demander le plaisir pour elle-même. À une époque où les femmes étaient cantonnées à n’être que l’épouse de leur mari, sage, silencieuse et surtout, dans l’attente de leur bon vouloir, elle nous est présentée libérée, moderne et incroyablement audacieuse. 

  

Extrait : Tome 1, chapitre 2 : le cercle de pierre. 

  

  La main qui me caressait le dos descendit toujours plus bas, s’arrêtant soudainement avec surprise. Elle me palpa à l’aveuglette puis Frank redressa la tête et me regarda avec un drôle de sourire. 

- Qu’est-ce que tu portes là ? demanda-t-il en mimant l’idiot du village. Ou, plutôt, qu’est-ce que tu ne portes pas là ? 

- Je me tiens toujours prête, rétorquai-je. Quand on est infirmière, on ne sait jamais à quel type d’urgence on va devoir faire face. 

- Vraiment, Claire, murmura-t-il, glissant une main sous ma jupe en remontant le long de ma cuisse vers le creux chaud et nu entre mes jambes. Ton sens pratique est terrifiant… 

  

Dans la série, la scène est un peu différente, le couple visite un château en ruine, et Claire s’installant sur une table, ouvre les jambes de manière plus que suggestive. Lorsque Frank réalise qu’elle ne porte pas de sous-vêtements, elle l’invite à s’agenouiller devant elle sans qu’aucun doute ne soit possible sur ce qu’elle attend de lui. Frank ne dit rien, on le sent tout à fait prêt et heureux d'honorer sa femme. Pour autant, on ne ressent aucune passion de sa part. Il est fort probable que si elle n’avait pas fait le premier pas, il n’aurait rien entrepris de lui-même.

On nous apprend également que Claire vient de passer 5 années en tant qu’infirmière de guerre. C’est d’ailleurs la première image que nous avons d’elle dans la série ; active au-dessus d’un corps mutilé, les vêtements ensanglantés. On comprend très vite que, par nécessité, elle a un rapport au corps très direct et qui ne supporte aucune pudeur. Dans l’urgence, dans la crasse et dans la peur, elle touche, triture, coupe, recoud et panse des corps masculins sans qu’il n’y ait aucune place pour la moindre allusion sexuelle, le corps étant réduit ici à ses simples fonctions vitales.

C’est pour cela que lorsqu’elle assure à son mari qu’elle n’a eu aucun amant durant leur séparation, on la croit sans aucune difficulté. Claire aime faire l’amour, certes, mais elle n’est pas non plus dépendante du sexe. (On est d'ailleurs en droit de se demander ce qu'il en a été pour Frank) ...

On nous présente rapidement leur couple qui tente de se rapprivoiser après ces années de séparation forcée. C’est en partie le but de leur voyage en Écosse, qui devrait leur permettre, nous dit-on, de raviver la flamme et si possible, planter la graine d’une future descendance. Mais on nous indique que c’est également pour Frank, l’occasion d’étudier sa généalogie, l’une de ses marottes, pour ne pas parler d’une obsession. Finalement, est-ce que la simple volonté de reconstruire leur couple aurait suffi ? On sent bien que, d’une certaine manière, les priorités de Frank sont plus impérieuses que celles de Claire.

 

- Les corps

 

Et puis l’improbable arrive. Claire traverse les pierres de Craigh na dun et se retrouve propulsée deux siècles en arrière, à une époque où les revendications des droits de la femme sont une douce plaisanterie.  La vie y est rude, courte et injuste et le viol est un évènement presque banal, ce qu’on nous démontre de manière très détaillée tout au long de la série.

Ce qui m’est apparu clairement et presque immédiatement, c’est à quel point les corps des personnages sont exposés aux dangers et à l’inconfort. 

Celui de Claire tout d’abord. En petite chemise, malmenée par le déjà terrifiant Jonathan Randall qui tente de la violer, puis par un groupe d’Highlanders qui la traite comme un morceau de viande.

Enlevée, ballotée sur un cheval en pleine nuit, jetée à terre, affamée. La survie, tant physique que psychologique prédomine à toute tentative de raison.

Mais, très vite, il est également question du corps de Jamie.

Magnifique, plus discret que ses compagnons, moins rustre, blessé au-delà des mots.

Flagellé, transpercé, déboité ! Mais également fort, beau, grand, musclé... Son corps sera incroyablement présent tout au long de la saga, maintes fois décrit et ce dans les moindres détails.

C’est un trait particulier à l’œuvre de Diana Gabaldon :  Le corps de Jamie plus sexué, et plus convoité que celui de Claire. Ce corps, Claire le prend en main presque immédiatement. 

Elle remet son épaule en place, puis ne cessera jamais de le réparer et d’en prendre soin. Mais Jamie n’est pas en reste. Il cale Claire contre lui durant leur chevauchée à travers la lande écossaise, la couvre sous son tartan pour la réchauffer, puis la prend dans ses bras au coin du feu alors qu’elle pleure sur son mari disparu, et finalement, lui fait la promesse qu’elle ne risquera rien tant qu’il sera à ses côtés.

C’est donc par leurs corps que débute leur histoire d’amour, sans que pour autant, aucune allusion sexuelle ne soit évoquée.

- La nuit de noce

 

Ce n’est que lors de la nuit de noce, bien des jours plus tard, que l’un et l’autre pourront laisser exprimer cette part d’eux-mêmes et découvrir, en même temps que nous, à quel point leurs corps sont en symbiose. La particularité de cette nuit de noce tient au fait que le mariage est arrangé. La relation sexuelle doit avoir lieu la nuit-même, c’est impératif et contractuel et n’a rien à voir avec un éventuel désir de leur part.

La deuxième particularité étant que Claire est encore mariée mais qu’elle seule le sait. Certes son mari ne naîtra que dans deux siècles, mais son sens moral est terriblement éprouvé et le sentiment de faute mettra beaucoup de temps à disparaître.

La troisième particularité n’est pas la moindre ! En effet, juste avant le contrat de mariage, nous venons d’apprendre en même temps que Claire, que le beau Jamie est puceau !

Cela promet une séance pour le moins intéressante.

Je prends le temps de décrire cette première nuit car elle inaugure les autres à venir.

Claire et Jamie ne se jettent pas l’un sur l’autre alors que d’évidence ils sont dévorés de désir.

Non, ils prennent le temps de se parler, de se raconter. D’une certaine manière, leurs esprits sont à la traine en regard de ce que leurs corps savent déjà l’un de l’autre. Et ce n’est qu’au petit matin qu’ils peuvent enfin se dévêtir, se regarder, se toucher… et se rejoindre.

Jamie, un peu maladroit mais si émouvant. Pas une once de machisme en ce fier highlander ! Entre les mains expertes de Claire, il apprend, il ressent, il consent. Et Claire, bien que tiraillée par sa conscience de femme mariée à un historien du XXème siècle, n’attend pas plus longtemps pour lui enseigner l’art de bien faire l’amour !

Extrait Tome 1 – chapitre 15 : révélations dans la chambre nuptiale 

 

Il y avait en lui une telle urgence que j’étais portée à l’encourager en dépit de sa maladresse. Ne voulant ni lui donner de leçon ni, pour le moment, mettre en avant ma propre expérience, je le laissai faire, n’offrant qu’occasionnellement quelques suggestions, telles que porter son poids sur ses coudes plutôt que sur mes côtes. 

Bien qu’il fût encore trop affamé et gauche pour faire preuve de tendresse, il faisait l’amour avec une sorte de jubilation qui me fit penser que la virginité masculine était une qualité injustement sous-estimée. Il s’inquiétait sans cesse de mon bien-être, ce que je trouvais à la fois attendrissant et agaçant. 

Au cours de son troisième assaut, je cambrai fortement les reins et laissai échapper un cri perçant. Il se retira précipitamment, se confondant en excuses. 

- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire mal. 

- Mais tu ne m’as pas fait mal, répondis-je en m’étirant langoureusement, ravie. 

- Vraiment ? 

Pour s’en assurer, il m’inspecta, cherchant des dégâts. 

Je compris alors que Murtagh et Rupert, lors de sa formation accélérée, avaient négligé quelques détails essentiels. 

- Et ça t’arrive à chaque fois ? Demanda-t-il fasciné, lorsque je lui eus expliqué. 

J’avais l’impression d’être une geisha. Je n’avais jamais pensé que je deviendrais un jour une maîtresse en l’art de l’amour, mais je devais reconnaître que ce nouveau rôle ne me déplaisait pas. 

- Non, ce n’est pas systématique. Tout dépend des qualités d’amant du partenaire… 

- Ah ! 

Ses oreilles rosirent. 

- Et qu’est-ce que je dois faire maintenant ? 

- Mais rien de spécial. Continue doucement et concentre-toi. Pourquoi attendre ? Tu es encore prêt ? 

- Tout de suite ? Tu n’as pas besoin d’attendre ? moi, je ne pourrais pas, il me faut un peu de temps pour… 

- Chez les femmes, c’est différent. 

- Je vois… 

Il prit mon poignet entre son pouce et son index. 

- C’est que tu es si menue, j’ai peur de te faire mal. 

- Mais non, m’impatientai-je. Et même si c’était le cas, ça ne me déplairait pas. 

Devant son air interdit, je décidai de lui faire une petite démonstration et m’abaissai vers son bas-ventre. Au bout d’un moment, je me mis à utiliser les dents, serrant de plus en plus fort, jusqu’à ce qu’il émette un petit gémissement. 

- Je t’ai fait mal ? 

- Oui, un peu. 

- Tu veux que j’arrête ? 

- Non, je t’en prie, continue ! 

Ce que je fis, sans le ménager. Bientôt, son corps se convulsa et il laissa échapper un grognement sourd, comme si je lui avais arraché le cœur. Tous ses muscles étaient bandés et il était hors d’haleine. Il marmonna quelque chose en gaélique, les yeux fermés. 

- Qu’est-ce que tu dis ? 

- J’ai dit, répondit-il en ouvrant les yeux, que j’ai cru que mon cœur allait éclater. 

Je souris, plutôt satisfaite de moi. 

- Je parie que Murtagh avait oublié de te parler de ça. 

- Si, mais ça faisait partie de ces choses que je n’ai pas voulu croire. 

 

- Le sexe

 

Après cette nuit de noce, les corps de Claire et Jamie ne sembleront faire plus qu’un. Il y aura quelques disputes, si peu en vérité, mais il n’est plus possible de les imaginer l’un sans l’autre, loin l’un de l’autre. D’ailleurs en permanence leurs mains se touchent, leurs lèvres se joignent et cela ne semble jamais ni inutile, ni incongru.

Les scènes d’amour se succèdent sans jamais se répéter et elles nous racontent toujours quelque chose. Que ce soit une réconciliation pour le moins mouvementée sur le tapis de la chambre, ou un moment incroyablement doux lorsque Jamie offre la douceur de sa bouche à l’intimité de Claire. Que ce soit à toute allure dans la clairière ou avec lenteur au creux de leur lit, chaque rencontre de leurs corps échauffés nous parle de ce lien entre eux qu’eux-mêmes ne peuvent expliquer.

Diana ne se répète jamais. Elle ne fait jamais l’impasse sur ces moments précieux. Ce n’est jamais bâclé, jamais ennuyeux, jamais inutile non plus. De l’acte passionnel, à celui bestial ou même jovial ; des caresse manuelles ou buccales ; des regards qui glissent, des sourires qui se dessinent, des étonnements qui s’invitent, des phrases qui se déclament et des mots doux qui se chuchotent... Tout nous est offert avec la même passion du détail indispensable.

Le sexe n’est pas un bonus et encore moins une condition ! C’est une évidence.

C’est par le corps qu’il se sont rencontrés, c’est par le corps qu’ils expriment leur amour infini…

 C’est donc par le corps que le pire se produit...

 

- Le viol

 

Dans la plupart des histoires de viol qu’on nous raconte, la victime est la femme et c’est à l’homme de la protéger puis de retrouver le chemin de son intimité ébranlée.

Dans la plupart des histoires, l’homme protège la femme. C’est comme ça.

Ici, comme je l’ai déjà exprimé plus haut, c’est le corps de Jamie qui est l’objet de la convoitise.

Le bien nommé Black Jack Randall, ancêtre de Frank et qui avait déjà tenté de malmener Claire quelques minutes après sa traversée des pierres de Craigh Na Dunn est d’évidence, et ce depuis des années, obsédé par Jamie. C’est lui qui l’a fouetté jusqu’à l’os, marquant son dos à vie. C’est lui qui l’a déclaré hors-la-loi et qui a mis sa tête à prix. C’est lui encore qui l’arrête et l’emprisonne dans la terrible forteresse de Wentworth… et c’est lui finalement, qui le viole, le martyrise, le traumatise, l’amène aux bords de la folie jusqu’à l’envie de mourir.

S’il est bien un sujet délicat à évoquer en littérature, et plus encore à l’écran, c’est bien celui du viol.

Et pourtant, là encore, sans faux semblant, sans lâcheté, Diana Gabaldon s’y atèle d’une manière tout à fait admirable. 

Diana ne nous épargne pas plus que Randall n’épargne Jamie, et il est capital qu’il en soit ainsi ! Car nous devons absolument comprendre les affres et les tourments que ce dernier va traverser. Outre les brutalités insupportables qu’il va lui faire subir, Randall a bien compris que la partie la plus sensible de Jamie, est l’amour fou qu’il porte à sa femme.

Et c’est cela qu’il va saccager au plus profond, avec autant de méthode que de folie démoniaque.

Cette part indissociable de Jamie, cette part inscrite tout autant dans son corps que dans son âme. C’est à travers ce corps que Jamie a offert à sa femme dès la première rencontre, que Randall va souiller ce que lui-même ne peut avoir.

 

Extrait : Tome 1 chapitre 39 : La rançon d’une âme 

 

… Il me raconta la suite : les coups de fouet, précis et espacés, ponctués de baisers ; la douleur cuisante des brûlures, administrées pour le ranimer et l’obliger à faire face à de nouvelles humiliations. Il me raconta tout, avec des hésitations, des larmes parfois, des choses que je ne voulais pas entendre mais que je devais écouter, aussi silencieuse qu’un confesseur. 

- Il ne se contentait pas de me faire mal, Claire, il me faisait l’amour. Il me faisait souffrir le martyre, mais pour lui c’était un acte d’amour. Et il m’a obligé à lui répondre… maudit soit-il ! Il m’a fait aimer ça ! 

Son poing s’abattit violemment sur les montants du lit avec une rage impuissante. 

- La… la première fois, il a été très doux. Il m’a enduit d’huile, la faisant pénétrer lentement dans ma peau, me massant tout le corps… me caressant doucement. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être excité. Je ne voulais pas penser à toi, Claire. C’était … un blasphème. Je voulais t’effacer de mon esprit et rester… vide. Mais il ne l’entendait pas ainsi. Il parlait, sans arrêt. Parfois c’étaient des menaces, parfois des mots d’amour, souvent, il s’agissait de toi. 

- Moi ? glapis-je. 

- Oui. Il était très jaloux de toi, tu sais. 

- Non, je ne le savais pas. 

- Oh si ! Tout en me caressant, il me demandait : "est-ce qu’elle fait ça pour toi ? Est-ce qu’elle sait t’exciter aussi bien que moi ?" Je ne voulais pas lui répondre… je ne pouvais pas. Alors, il me demandait ce que tu ressentirais en me voyant me faire… me faire… 

Il se mordit la lèvre, incapable de poursuivre. 

- Il me faisait souffrir, puis s’arrêtait et me caressait jusqu’à ce que je sois de nouveau excité… puis, tout d’un coup, il m’infligeait une douleur atroce et me pénétrait brutalement. Et pendant tout ce temps, il me parlait de toi, pour que je te garde constamment présente à l’esprit. 

J’ai lutté, mentalement, pour m’éloigner de lui, pour séparer mon esprit de mon corps, mais chaque fois la douleur me rattrapait, encore et encore, écrasant tous les obstacles mentaux que je dressais sur son chemin. 

 Mon Dieu, j’ai essayé si fort, Claire, mais… 

Il enfouit son visage entre ses mains. 

- Je comprends maintenant pourquoi le jeune Alex MacGregor s’est pendu. J’aurais fait pareil si ce n’était pas un péché mortel. S’il a ruiné ma vie, il n’en sera pas de même au ciel. 

C’est que… tout est lié désormais dans ma tête. Claire, je ne peux plus penser à toi, ni même t’embrasser ou te toucher la main, sans être envahi de nouveau par la peur, la douleur et la nausée. Je reste là à penser que je vais mourir sans tes caresses, mais dès que tu me touches, j’ai envie de vomir de honte et du dégoût de moi-même … 

Il est à noter une différence fondamentale entre le livre et la série.

En effet, le parti pris du livre est de raconter l’histoire du point de vue de Claire. La série respecte cet état de fait et la plupart du temps, c’est la voix off de Claire qui expose la situation.

Mais il y a deux exceptions à cette règle, dont l’une d’elle est le viol de Jamie par Randall.

Même si on sait par la suite qu’il a tout raconté à Claire, bel et bien, nous sommes les premiers témoins de l’horreur qui est perpétrée dans cet infâme cachot.

Les scènes sont presque insoutenables, et la violence tant physique que psychologique nous est montrée sans réserve. Les corps sont nus, celui de Jamie torturé encore et encore, jusqu’à l’impensable. Les yeux sont exorbités, les mains torturées, les cris déchirants.  Nous ressentons presque la froideur du sol, la dureté du lit, la moiteur des corps. Nous éprouvons la crasse et l'odeur du sang.  Là encore, il n’est pas question de faire l’impasse sur la crudité et sur la cruauté. C’est le parti pris de Diana Gabaldon et des scénaristes qui ont porté son œuvre à l’écran : Ce qui est… doit être raconté ou montré.

 

- Les acteurs

 

Raconter est une chose. On pose les mots et ils sont lus. D’une certaine manière, l’auteur collabore avec le lecteur dans une sorte de contrat tacite. Il donne les clés et les mots pour créer une vision de son histoire. Une fois que l’œuvre est créée, elle est mise à disposition et chacun assume ensuite sa façon de comprendre et de retranscrire.Il faut du talent bien sûr, et il n’est pas besoin ici de prouver à quel point Diana Gabaldon en est pourvu, mais l’auteur est le seul chef à bord. Compositeur et musique, Peintre et toile, créateur et créature.

Mais pour retranscrire au cinéma, il faut des acteurs. Des médias qui porteront aux autres la vision de l’auteure. Comment trouver des acteurs à la mesure des personnages créés par Diana et de leur incroyable rencontre.

Il fallait un homme capable d’endosser le rôle de Jamie Fraser dont Diana nous parle depuis des centaines de pages de façon si minutieuse ! Un homme grand, puissant, beau, guerrier, blessé, torturé !

Mais également fougueux, impétueux, romantique pour ne pas dire romanesque !

Un homme au regard hypnotique dont on ne puisse douter de la grande intelligence et de la vaste culture, de la force et de la bravoure mais tout autant empli de fierté et d’intégrité ?

Il fallait une actrice également digne de figurer cette femme d’exception qu’est Claire Beauchamp !

Une femme belle et savante, au caractère trempé dans l’acier ! libre comme personne ! Une femme apte à tenir sous sa coupe un clan entier d’Highlanders déchaînés et à faire fondre le plus droit d’entre eux ! Une femme que l’on suivrait d’un claquement de doigt pour aller bouleverser l’histoire ! Une femme qui ose tout au lit et qui revendique haut et fort son droit au plaisir ! Une femme capable de soigner le corps d’un homme mais de tuer celui d’un autre pour défendre son clan ? Une femme toujours, qui peut dormir sur la pierre et se baigner dans une rivière gelée, sans que cela n’amoindrisse sa beauté.  Une femme donc, à la mesure de Jamie Fraser ?!

 

Non seulement ils ont trouvé les deux acteurs à la hauteur de ce challenge, mais ce qui est encore plus incroyable, c’est à quel point l’attraction entre eux est à la mesure de celle des personnages qu’ils incarnent.

Cette osmose qu’il y a entre Claire et Jamie et qui emplit les livres de Diana Gabaldon avec un lyrisme sans cesse renouvelé, nous la retrouvons avec Sam Heughan et Caitriona Balfe tout au long des épisodes de la série.

Sam Heughan tout d’abord, à la beauté presque indécente, au corps sculpté à la perfection, au regard bleu perçant et intelligent, et avec ce brin d’enfance en lui qui confine à la magie… acteur impressionnant, jouant avec le même talent sur tous les registres. C’est une découverte magistrale et ce qui reste de midinette en moi ne peut que s’exalter à chacune de ses apparitions !

Et Caitriona Balfe, divine, envoutante, forte et passionnée, belle comme personne, même vêtue des pires atours ! même sous le déluge ou la froidure des pierres écossaises. Le regard vif et fier, la voix haute et forte ! Quelle actrice mon Dieu ! Quelle actrice !

L’un et l’autre sont Sam et Claire, il n’a pas l’ombre d’un doute ! Il ne faut pas plus de 5 minutes à l’écran pour s’en convaincre.

Pour autant, nous devons attendre le 7ème épisode, celui du mariage, pour savoir ce qu’il en sera de leur rapport au corps et au sexe, si fondamental dans la saga. Qu’en serait-il du dépucelage de Jamie ? Qu’en serait-il de leurs caresses incessantes ? De leur gourmandise, de leur besoin parfois quasi bestial ?

Comment allaient-ils nous offrir ces moments si bien décrit par Diana ? Des mains qui se saisissent ? des actes et les émotions qui les habitent ? Les corps collés, attirés, échauffés, trempés, épuisés ?

Le corps à corps tout au long de la première saison 

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