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La vie dans les Highlands avant Culloden

Nous vous proposons de découvrir l’Ecosse et en particulier les Highlands avant Culloden, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.

La vie y est immuable depuis le Haut Moyen-Âge.

L’Ecosse, ce vieux royaume européen, va être perturbé à la Renaissance par les guerres de religion.

 Il deviendra une victime collatérale de ces querelles politico-religieuses.

 

 

La géographie de l’Ecosse 

Les Highlands, où l’on parle le gaélique, issus de la civilisation celtique, sont composés de montagnes et ont connu jusqu'au XVIIIe siècle le régime des clans et des guerres tribales.

«  Allons combattre les Saxons avant qu'ils nous prennent notre pays. Combattons pour notre pays comme nos frères d'Irlande. Rejetons-les à la mer comme le font ceux d'Irlande » 

disait un poème gaélique.

L’Ecosse se distingue en deux zones bien définies : les Lowlands au Sud et les Highlands au Nord. Deux cultures complètement différentes s’y côtoient.

 

 Les Lowlands, pays de collines, plus faciles d’accès, se sont ouverts à la civilisation anglo-saxonne.

 

Ils ont absorbé la langue, pour donner un dialecte, le scots ou le lallans.

 

Ils ont été régis rapidement par le système féodal des Anglo-Saxons et des Normands et par la puissance du pouvoir royal, tout comme en France. La notion de clans, de familles a persisté, mais dans une mesure de moindre importante que dans les Highlands

 

Les prairies grasses, les champs de blé et d'orge, de pois, de fèves et de légumes ont donné la première richesse nécessaire.

 

Les ressources des matières premières de cette région expliquent son développement rapide : charbon et minerai de fer entraîneront très vite la naissance d’industries lourdes.

 

Dès le XIVe siècle, les rares visiteurs étrangers avaient constaté un contraste existant entre l'Écosse des plaines et des régions côtières de l'Est et celle des montagnes et des îles.

Les gens des plaines sont de mœurs civilisées, fiables, patients, policés, habillés de façon décente, affables, pacifiques, dévots au service de Dieu, bien que toujours prêts à résister aux attaques de leurs ennemis ; ceux des montagnes et des îles, au contraire, sont une race sauvage et indocile, indépendants, adonnés à la rapine, aimant le plaisir, intelligents et prompts à apprendre, vêtus de façon choquante, détestant les Anglais et ceux qui parlent leur langue, même leurs propres congénères à cause de la diversité des dialectes, et excessivement cruels »

écrivait le clerc d'Aberdeen John of Fordun, vers 1380.

Vie politique et religieuse en Écosse 

 

Voici un petit rappel historique en quelques faits et dates afin de comprendre le contexte.

 

L’Ecosse a été séduite par les réformes religieuses.

Texte :  Françoise Rochet 

Illustration : Gratianne Garcia 

Quant aux îles, elles sont considérées comme inaccessibles et sauvages jusqu’à la fin du XVIIIeme siècle

Lorsque Elizabeth Ière, la reine anglicane, meurt, le 24 mars 1603, c'est au fils de Marie Stuart, la Catholique, qu'elle lègue la couronne d’Angleterre.

 

L’arrivée du roi Jacques Ier Stuart (Jacques VI pour les Écossais), sur le trône d’Angleterre va être le début d’une longue série d’épreuves.

 

Désormais, les Royaumes d’Ecosse et d’Angleterre sont unis, non pas pour le meilleur de la vie des Ecossais mais pour le pire, comme l’Histoire nous le montrera.

Le Sud a vu naître l’église Presbytérienne ou Église d’Ecosse sous la houlette de son fondateur, John Knox (1514-1572) qui a étudié les réformes de Calvin.

 

Quant au Nord dans les Highlands, le pays est resté majoritairement catholique, mais il n’échappera pas au soubresaut de cette réforme.

Contrairement à sa mère, Jacques professe la foi calviniste, ce qui ne va pas sans poser des problèmes, tant avec les Écossais, en partie, Presbytériens dans les Lawlands, qu’avec les Anglais majoritairement anglicans (ou épiscopaliens).

 

Sous le règne de son fils Charles Ier, les Écossais concluent le 28 février 1638 une alliance religieuse, le National Covenant, pour résister à la pression épiscopale anglicane. Il s'ensuit un conflit à la fois national et religieux.

Ce sont les « guerres épiscopales ».

 

Ce bref conflit contribue au soulèvement d'une partie des Anglais contre ce roi Stuart, qui sera décapité en 1649 et à l'instauration de la république dictatoriale d'Oliver Cromwell, le Puritain.

 

La restauration des Stuart sur le trône anglais en 1660, en la personne de Charles II, fils de Charles Ier, n'apaise pas pour autant les relations entre Écossais et Anglais. Comme les seconds violent régulièrement les accords, le Covenant, et persistent à vouloir implanter en Écosse l'Église épiscopale anglicane, les premiers se soulèvent à plusieurs reprises. Ce n'est en définitive qu’après 1688 et l'éviction définitive des Stuart qu'ils obtiendront enfin le respect de leur foi.

 

De vastes zones des Highlands sont restées, jusqu'au XVIIIe siècle et au-delà, fidèles au Catholicisme.

 

Il n'y a pas eu en Écosse de guerres de Religion comme en France, ni de persécution sanglante des Catholiques comme en Angleterre sous le règne d'Elisabeth.

 

Les seigneurs catholiques écossais des Highlands se laissent gagner par la nostalgie des Stuart et forment le parti jacobite. Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, il ne va cesser de combattre les Anglais.

La situation va s’empirer lorsqu’en 1707, les élites écossaises, concluent, sous le règne de la reine Anne, l'Acte d'Union de l'Angleterre et de l'Écosse sous le nom de Royaume-Uni de Grande-Bretagne.

  

Jusqu’à cette date, les deux royaumes avaient un souverain commun, mais ils avaient chacun leur Parlement, l’un à Édimbourg et l’autre à Londres.

 

Ils n'ont plus dès lors qu'un seul et unique Parlement, celui de Westminster (Londres).

Les conséquences de l’acte d’union 

 

L’Acte d’Union avait laissé dans le flou beaucoup d'aspects importants de la fusion institutionnelle voulue par le législateur.

Rien n'était dit de la façon dont l'Ecosse serait désormais gouvernée.

Mais avec leurs 45 députés face aux 513 anglais, les Écossais ne pesaient pas lourd au Parlement.

•       C’est ainsi que fut décidée avec une majorité écrasante la succession hanovrienne, ce qui mettait en position marginale les partisans du prétendant Stuart, réfugié en France.

•       Une autre décision fut la suppression du Conseil privé d'Écosse : l'ancien royaume était sans organe d'administration. Les affaires écossaises furent confiées à un secrétaire d'État spécial dans le cabinet britannique.

 

•       Les problèmes financiers et fiscaux n’étaient pas réglés et les Anglais mettaient de la mauvaise volonté à payer à l'Écosse les montants compensatoires prévus par le traité.

•       Au niveau de la justice, les Écossais découvrirent que l'Acte d'union ne protégeait pas aussi totalement qu'ils l'avaient cru ; l'indépendance de la justice de leur pays n’était pas garantie.

 

•       De plus, des taxes, des droits douaniers, des frais commencèrent à s’accumuler sur la tête des Écossais.

 

Il n’en fallait pas plus pour que le Jacobinisme prenne son essor.

 

Beaucoup d'Écossais commençaient à se sentir floués et la fidélité nostalgique à l'ancienne dynastie reprenait vigueur.

 

De nombreux soulèvements jacobites auront lieu entre 1715 et 1745.

 

L’aventure se terminera à Culloden.

Cette victoire incite les Anglais à « pacifier » toute l'Écosse : des routes sont tracées et des ponts construits pour faciliter les déplacements des troupes dans les territoires du Nord ; les paysans sont chassés de leurs terres lors des Highland Clearances et émigrent en Amérique.

 

 Voir : Outlander, ses héros et leurs religions  

 

 

Une terre et des hommes des Highlands. 

On ne peut parler des Highlands sans rappeler son climat rigoureux, sa terre peu fertile et de l’influence que ces éléments naturels ont exercé sur les hommes.

La rudesse des conditions naturelles des Highlands explique leur caractère : l’austérité, l’obstination, la méfiance instinctive à l'égard des étrangers, un sens de l'économie en raison de la pauvreté et des privations. Cette pauvreté souvent a provoqué des violences et des révoltes.

Mais c’est un pays de liberté ou le mot fierté n’est pas un vain mot !

 

Les Highlanders ont eu jusqu'au XVIIIe siècle une réputation souvent bien justifiée, de pillards.

 La contrebande a été longtemps une véritable industrie nationale.

C'est pour fuir la pauvreté, à toutes les époques, que les Highlanders vont se faire s'enrôler comme mercenaires ou vont tenter leur chance dans les terres lointaines.

C’est donc l'austérité et la pauvreté qui ont créé un peuple entreprenant, courageux et travailleur auquel l’héritage celtique a donné une part de fantastique et de rêves.

 

Le tout arrosé par le whisky, cadeau de l’orge, de la tourbe et de l’eau des montagnes granitiques.

 

Nous sommes loin de la traditionnelle froideur anglo-saxonne.

  

C'est un pays qui vit.

Le système social dans les Highlands, son administration, ses ressources, son économie 

 

 

Il reposait, comme dans tous les peuples celtes, sur la « famille » au sens large, c’est-à-dire le « clan » qui vivait souvent en quasi autarcie sur un territoire bien défini et sur lequel le chef de famille exerçait son autorité jusqu'à la troisième ou quatrième génération. 

Ce chef possédait un territoire et l’administrait. 

Les terres étaient redistribuées aux membres. 

Ce partage était assorti de devoirs et d’obligations envers le chef. Les membres du clan devaient au chef obéissance et service; en contrepartie, il leur devait protection et subsistance. Une offense infligée à un membre du clan entraînait la vengeance par l'ensemble de celui-ci. 

La cohérence de ce modèle faisait passer l’intérêt collectif que représentait le clan avant l’individualité de ses membres : un membre d’un clan pouvait, pour un délit, être jugé à la place d’un autre. 

Ce système de relations familiales crée, autour des chefs de familles ou de clans, un vaste réseau de fidélités hiérarchisées, qui en est la caractéristique.

Cependant, tous les membres d'un clan n’appartenaient pas toujours à la même famille. Ils pouvaient être simplement des personnes qui cherchaient du travail et qui se tournaient vers un chef pour y trouver la protection. Dès lors, ces habitants étaient incorporés au clan et avaient les mêmes obligations que tous les membres du clan.

 

Mais recevoir la protection d’un chef de clan n’était pas gratuit. Il fallait être prêt à travailler à la ferme ou à prendre les armes pour lui. On devait lui verser également une contribution en nature, et les chefs étaient de fait, souvent excessivement riches.

  

De plus les liens et la loyauté entre les clans étaient extrêmement forts. On peut considérer qu’il y avait des alliances de clans afin d’étendre les pouvoirs. Notamment dans la lutte contre l’ennemi héréditaire anglais. D’autre part, entre certains clans, les guerres fréquentes et leur puissance parfois gênait les rois écossais et plus tard anglais qui, à maintes reprises, tentèrent de réduire leur

influence.            

Voir le billet sur Les clans 

 

Les clans ont disparu au XVIII ème siècle, sous l’influence des anglais qui ont pris le contrôle de l’Ecosse.

Les villages (burghs), groupés autour des châteaux et des églises, étaient munis de chartes seigneuriales garantissant leurs privilèges et leurs libertés. 

Tous avaient leur administration, leur organisation interne décidée par le chef de clan. 

La plupart des paysans étaient des tenanciers ou métayers, bénéficiant de baux à court terme dont le renouvellement n'était nullement assuré. 

Les loyers, ou fermages, étaient en grande majorité payables en nature.

Il faudra attendre le XVIè siècle pour voir des baux à long terme payés en argent lorsque la production monétaire écossaise existera.

 Mais la tradition de payer en nature subsistera chez les plus démunis.

 Ce qui faisait tomber dans l’escarcelle du chef de clan trop de poules, trop de cochons… trop de nourriture et peu d’espèces sonnantes et trébuchantes !

 

Les Highlands vivent pauvrement d'une économie de subsistance, avec un minimum d'échanges entre communautés et ce, depuis le Moyen Âge.

 

Les paysans se cantonnaient majoritairement en hameaux (touns) de deux ou trois familles, voire dix familles.

L'habitat rural était rudimentaire : 

 

les masures étaient aux murs de pisé ou de tourbe, au toit de chaume ou de gazon.

 

C’est un pays très difficile à cultiver et pauvre en rendement mais il y a l’élevage qui vient compenser ce manque de fertilité.

 

Les champs ne donnent que de l'orge et de l'avoine, le terrain est plein de marécages et de landes stériles.

L'économie rurale est donc composée par l’agriculture, l’élevage, la chasse et la pêche.

 

Les hommes trouvent de quoi vivre.

 

De plus, sur ces terres peu fertiles, l'élevage permet l’exportation de laine et de cuir.

Faute de fourrage d'hiver, les bêtes étaient abattues en novembre, la viande fumée ou salée dans les régions littorales où le sel était abondant.

La consommation abondante de viande et de poisson frappait les étrangers : « Le peuple mange chair et poisson à satiété, alors que le pain est une denrée de luxe », notait déjà en 1435, Aeneas Sylvius Piccolomini, futur pape Pie II.

La nourriture ordinaire était la bouillie et les galettes d'avoine, des pois et des lentilles, du lard, du lait, du fromage, de la viande, du poisson, de la bière d'orge.

La pêche était abondante dans les îles et sur toute la côte mais aussi dans les rivières.

 

Le saumon, les truites et le hareng sont les espèces les plus fréquemment citées ; le poisson salé faisait partie des exportations régulières.

Les burghs ont leurs artisans, plus ou moins experts, qui produisent la plupart des objets nécessaires à la vie, et des marchands ambulants passent de village en village.

Foulage  

Gravure sur bois du XVIIIème.

Et tout ce qui relève du luxe, étoffes précieuses, bijoux, armes de prestige, est importé de l'étranger, Angleterre, France, Italie.

 

L’Ecosse a entretenu des échanges commerciaux avec les riches régions de Flandre, dont Bruges, ainsi que la France depuis le Moyen Âge, grâce à ses peaux et à sa laine.

 

Le commerce extérieur sera interrompu par les guerres continentales et reprendra à partir du règne de Marie Stuart. Plus que par le passé, les Flandres et son port d’Anvers sont le partenaire commercial privilégié ainsi que les villes de la Hanse. En France, seul subsiste Rouen, l'un des points forts du négoce écossais.

Au XVIe siècle, les désordres qui ont suivi la chute de Marie Stuart ont entraîné un ralentissement de l'économie. 

Les épidémies (notamment en 1584 et 1597) ont fait plus de victimes que les guerres.

Ainsi, l'économie écossaise, vers 1600, est bien faible comparée au continent.

Les récoltes catastrophiques, des famines récurrentes et de multiples épidémies de peste vont appauvrir l’Ecosse dont les Highlands en particulier.

 

Jacques VI n'avait aucune sympathie pour les mœurs gaéliques. Il n’y voyait que sauvagerie et il les décrivait comme « totalement barbares, entièrement dépourvues de civilisation et d'ordre ».

 

Il conçut l'idée d'appliquer, dans les îles et les Hautes-Terres, la politique de « plantation » entreprise par Henri VIII et Élisabeth Ière en Irlande : l'éviction des occupants des lieux et leur remplacement par des colons - volontaires ou non - venus d'ailleurs.

Les bénéficiaires des terres devaient les peupler et de les mettre en valeur.

 

Mais l'opération fut un échec face aux irréductibles Highlanders.

Ensuite, Jacques VI eut l’idée d'une conquête militaire, qui se traduisit, à partir de 1609, par des expulsions forcées, l'enlèvement des fils des chefs de clans qui furent emmenés dans les villes des Lowlands pour y apprendre l'anglais et s'initier aux mœurs « civilisées ».

Cette politique eut un résultat inattendu car peu à peu les chefs de clans prirent l'habitude de fréquenter les villes autrement que pour les piller.

Leurs fils furent de plus en plus nombreux à fréquenter les universités. 

Et l’histoire a retenu le clan MacGregor, violent et turbulent, qui fut disloqué et en partie déraciné; ses descendants, sous le nom anglicisé de Gregory, devaient faire par la suite des carrières de professeurs et d'érudits à l'université d'Aberdeen.

 

Mais le XVIIIe siècle devait montrer, avec effusion de sang, que les clans n'étaient pas anéantis dans les Highlands.

 

L'économie écossaise, à la fin du XVIIIe siècle. 

 

Les bourgs deviennent des villes. Edimbourg, à la fin du siècle, a vu sa population doubler, ce qui n'en fait pas pour autant une grande ville à l'échelle européenne : pas plus de 10 000 habitants.

 L’Ecosse reste majoritairement agricole, bien que l'industrie commence à émerger dans le Sud.

Les propriétaires, nobles ou riches bourgeois, se passionnent pour les nouvelles techniques et les nouvelles cultures venues d'Angleterre, de France, des Pays-Bas. 

On voit apparaître la batteuse, le tarare. 

La faux remplace la faucille.

Pour les labours, l'araire traditionnelle attelée à un joug de bœufs cède la place à la charrue au soc en fer tirée par deux chevaux. La pratique de l'assolement, du chaulage, du drainage se répand dans tout le pays, sauf peut-être dans les contrées les plus reculées des Highlands et des îles. L’élevage se développe.

Et nous terminerons par les clearances, conséquence directe de la défaite de Culloden en 1746.

 

Nous abordons ici un événement capital dans la vie des Highlands. L’idée n’était pas mauvaise en soi car il fallait moderniser les Highlands. Mais c’est la brutalité avec laquelle s'effectuent les changements qui va transformer ces réformes utiles en une véritable catastrophe humaine qui durera jusque 1850.

Le principe des clearances consistait à déménager les paysans éparpillés pour les regrouper soit sur une terre plus fertile (cas rare), soit sur la côte pour s'y consacrer à la pêche ou à la récolte du varech (kelp)- utilisé pour la fabrication de la soude, du savon et diverses autres productions chimiques. 

Dans les faits, les paysans ainsi expulsés n'auront d'autre ressource que d'émigrer vers les centres industriels pour y devenir ouvriers ou de s'expatrier.

On décrit ainsi le paysage des Highlands après la clearance : 

« Tout est silence et désolation, des ruines calcinées de maisons, quelques volailles cherchent leur nourriture. » 

En plusieurs lieux, la troupe dut intervenir; on vit sur les chemins des cortèges de paysans expulsés, avec les vieillards et les enfants tirés dans des charrettes, couchant au bord des routes avant d'atteindre la ville d'accueil ou le port d'embarquement. » 

La transformations de l'économie de cette région provoquée par la défaite des clans jacobites à Culloden a fait couler beaucoup d’encre. Et nous n’évoquerons pas les brimades sur les kilts, tartans et cornemuses, bien connues.

Au départ, il y a la pauvreté des Highlands.

Les propriétaires, nobles ou riches bourgeois, se passionnent pour les nouvelles techniques et les nouvelles cultures venues d'Angleterre, de France, des Pays-Bas.

Au départ, il y a la pauvreté des Highlands. 

Et nous devons ajouter différents faits, tels que Confiscations et déportations qui ont ruiné la région ;

Exécutions de chefs notoires ; 

Perte du caractère patriarcal des chefs de clans survivants ; 

Appauvrissement des chefs, endettements ; Contrainte de vendre …

Migration de certains chefs…. 

La plupart des terres furent achetées par des seigneurs des Lowlands qui devinrent des propriétaires à l'anglaise, soucieux de rentabilité et de productivité.

Ces terres étaient converties en vastes pâturages pour les nouvelles races de moutons à laine de haut rendement ou même, de plus en plus, boisées et transformées en réserves de chasse pour le gros gibier, à mesure que l'amélioration des transports facilitait l'accès des régions reculées aux aristocrates et aux nouveaux riches des Lowlands et de l'Angleterre.

 

La vie culturelle, l’enseignement 

 

L’Anglicanisme, le Calvinisme… vont s’immiscer dans les Lowlands.

Les Highlands restent imperméables aux idées nouvelles.

 

La politique et la religion vont révolutionner toute l’Ecosse.

La naissance, la diffusion et l’établissement du Protestantisme (Église Presbytérienne d’Ecosse) comme religion d’Etat auront des conséquences dès 1560.

L’arrivée du Protestantisme va ouvrir de nouvelles portes !

 

L’éducation des enfants semble avoir été une priorité en Écosse et essentiellement dans les Lowlands. Comme partout en Europe où l’église catholique s’était implantée depuis le Moyen Âge, il y avait eu une légère alphabétisation des enfants. Mais c’était surtout les enfants de nobles qui en profitaient.

 

Ceux-ci bien formés continuaient leur cursus scolaire dans les universités écossaises et même à l’étranger.

 Dès 1325 l'évêque de Moray David fonde à Paris une bourse pour l'entretien des étudiants écossais pauvres, qui sera plus tard à l'origine du collège des Écossais dont le bâtiment existe encore rue du Cardinal-Lemoine. 

L'Écosse a vu se créer au XVe siècle trois universités

 

St. Andrews 1412, 

Glasgow 1451, 

Aberdeen 1495.

 

Ce sont de petites universités, nullement comparables à Paris, Louvain, Oxford ou Cambridge, qui sont alors les grands centres intellectuels de l'Europe ; mais elles jouent leur rôle dans l'établissement d'une élite qui permet à l'Ecosse d’être présente dans l'Europe de la Renaissance.

Les guerres interminables avec l'Angleterre ont obligé les Écossais à envoyer vers la France ( l'Italie, les Pay Bas et l’Allemagne) leurs étudiants universitaires.

A Paris, on estime à plus de cent le nombre d'étudiants écossais vers 1500.

Plusieurs font des carrières brillantes de professeurs, à Paris même ou dans d'autres universités. Ils forment les cadres des jeunes universités écossaises; on les retrouve dans leur pays, évêques, hauts fonctionnaires, écrivains.

 

Ainsi les intellectuels écossais étaient nombreux dans les universités du continent.

Et si à la Renaissance, peu d’Humanistes du continent s’intéressaient à l’Ecosse, l’Ecosse s’intéressait au monde en mutation. Et les étudiants auront un rôle fondamental dans la propagation des idées nouvelles. Des étudiants écossais des universités (Francfort, Heidelberg, Augsbourg, Wittenberg, Louvain ou de Paris), touchés par la nouvelle doctrine, s'en font, à leur retour en Écosse, les propagandistes.

 

Le XVIeme siècle est donc marqué par la Renaissance et l’Ecosse n’échappe pas à ce changement.

Le phénomène était intellectuel grâce à la redécouverte de la culture antique et des auteurs grecs et latins.

À cette époque, l’Ecosse va offrir au monde quelques grands Humanistes.

  

Hector Boece (Boyce, latinisé en Boetius), est né vers 1465 à Dundee et est mort en 1536 à Aberdeen.

Ami d’Erasme, il est professeur de médecine et de philosophie, à Paris avant d'enseigner à Aberdeen et d'écrire en latin son Histoire d'Écosse où il imite volontairement Tite-Live

 

John Major, né 1467 à Gleghornie et mort en 1550 à Saint Andrews.

 

Ce scientifique, historien et philosophe, fut lui aussi professeur à Paris, rentré en Écosse en 1518 pour diriger l'université de Glasgow, il écrit une Histoire de la Grande-Bretagne qui transcende les frontières pour envisager l'Ecosse et l'Angleterre d'une même vision historique. https://prabook.com/web/john.major/3757030

 Boyce et Major restent jusqu'à leur mort fidèles au Catholicisme et ne seront jamais tentés par l'intransigeance du Protestantisme

 

Et surtout, n’oublions pas, George Buchanan, né en 1506 près de Killearn et mort le 28 septembre 1582 à Édimbourg est un humaniste, historien, poète et dramaturge écossais.

 Il est protestant, célèbre pour ses tragédies latines, professeur à Paris et Bordeaux, puis tuteur du jeune Jacques VI, dont le rôle sera primordial auprès du Prince. En plus des textes classiques, il préconise la lecture des textes du Christianisme primitif.

Son sens critique vient saper les bases des croyances d’un vieux Catholicisme médiéval.

https://www.universalis.fr/encyclopedie/george-buchanan/

Hector Boece 

Georges Buchanan 

John Major 

Le latin reste la langue de toute littérature savante, sur l’ensemble de l’Écosse comme ailleurs.

 

La « langue écossaise » (Scots language), langue véhiculaire, devient un nouvel atout culturel dès la fin du XIVe siècle, en poésie, en prose, dans les chroniques, les lois, les traités de piété. 

Ce n’était pas de l’anglais mais c’était une langue anglo-saxonne, qu'un Anglais pouvait comprendre sans difficultés.

 

A la fin du XVIe siècle, l’Ecosse des Lawlands est largement alphabétisée, grâce à la Réforme religieuse. 

Faire lire aux enfants les textes religieux est un atout supplémentaire. 

Les écoles paroissiales se sont multipliées ; tous les bourgeois savent lire et écrire, beaucoup font même des études universitaires. 

Une bibliothèque n'est plus chose rare dans un château ni même dans une maison privée.

Malgré cet éveil culturel, l’un des aspects les plus spectaculaires de l'emprise de la Kirk (Église presbytérienne) sur la société écossaise au XVIIe siècle est la répression de la sorcellerie, phénomène d'ampleur européenne à cette époque. 

Les « pics » se situent dans les années 1640 et 1650. 

Cette terreur des Écossais à l'égard des sorcières en relation avec les croyances superstitieuses, existe non seulement dans les Highlands, mais jusque dans les villes. 

Les milliers de victimes étaient, en très grande majorité, des femmes, l'instrument du démon !

Survivances du vieux paganisme celtique, les Kelpies (esprits des eaux), les génies souterrains, les pouvoirs magiques, les esprits des morts sont toujours présents en Écosse au XVIIIè siècle.

La légende écossaise des Kelpies 

 

Toutes ces légendes et histoires sont contées par les bardes, les poètes de la culture gaëlle. Ils composent également des poèmes ou des chants en langue gaélique, le plus souvent en s'accompagnant d'un clàrsach (harpe gaëlle).

L’Ecosse va connaître un autre grand réveil culturel à partir de 1740. 

 

Il s’agira des « Lumières écossaises » - Scottish Enlightenment qui sera une éclosion intellectuelle, littéraire, philosophique, sociologique, économique et artistique sans précédent.

David Hume 

Adam Ferguson 

Adam Smith 

Les œuvres de David Hume,   (1711-1776) La philosophie de Hume  

d’Adam Smith (1723-1790) La division du travail & La richesse des Nations  

d’Adam Ferguson, Page Wikipédia  

pour ne citer qu'eux, sont toujours lues et ces auteurs sont considérés comme les « Pères » de la Constitution américaine.

 

Et bien sur nous ne pouvons oublier de citer le poète Robert Burns (1759-1796) , le fils préféré de l’Ecosse, le Barde, le poète paysan.. qui mérite à lui seul, un long document !

 

Dans Highlands ? 

 

L’Ecosse était catholique comme l’ensemble du monde occidental nourri au lait de la Louve romaine. 

Mais la Renaissance va quand même bouleverser en partie l’ordre établi.

Dans ce pays d’irréductibles Highlanders, la Réforme protestante a plus de mal à s’imposer.

Et l’on constate que l'alphabétisation est plus lente à pénétrer dans les classes sociales laborieuses.

Elle reste exceptionnelle et est le fait des nobles et des membres importants des clans qui envoient leurs fils faire leur cursus dans les pays catholiques. 

Traitée de langue de sauvages, la langue gaélique, qui a disparu depuis le XVe siècle dans le Sud, reste la langue véhiculaire du Nord.

 

Et la Bible en gaélique ? 

 

Jacques V, bien que fervent catholique, le père de Marie Stuart, en 1539, au grand scandale du cardinal et de Gawin Dunbar, autorisa la lecture de la Bible en langue vulgaire (c'était alors une des revendications majeures des luthériens et des calvinistes, à laquelle l'Église catholique s'opposait avec force).

 

Le Book of Common Order (Livre de prières des Protestants) a été traduit en gaélique écossais par Séon Carsuel (John Carswell), évêque des îles, et imprimé en 1567. Il est considéré comme le premier livre imprimé en gaélique écossais.

Ce n'est qu'après la défaite finale des jacobites à Culloden en 1746, que la branche écossaise de la Society for the Promotion of Christian Knowledge a commencé un travail sérieux sur une Bible publiée en Gaélique écossais et initia un projet de traduction en 1755.

 

Le résultat fut le Nouveau Testament de James Stuart (1701-1789), pasteur de Killin, et du poète Dugald Buchanan (1716–1768), publié en 1767.

Stuart a travaillé à partir des textes en grecs, Buchanan a amélioré le gaélique.

 

Les clans du territoire de Rannoch avaient joué un rôle à part entière dans les soulèvements jacobites. Et la plupart des hommes furent exterminés, combattants ou non-combattants.

 

Lorsque les représailles ont cessé, certains sont revenus. Cependant, sans récolte ni bétail, il ne semblait pas y avoir d'autre choix que le vol, et la faim les a poussés à commettre des actes sauvages. 

Et de nouveau, il s’en suivit une répression sanglante.

Dugald Buchanan, ce vieux Highlander, était enseignant et évangéliste. Et bien que lui-même n'ait pas épousé la cause jacobite, il fut traumatisé par ce massacre de sang-froid de ses amis.

Sa révolte était également d’ordre intellectuel.

Après l'échec de la rébellion jacobite de 1745, la langue gaélique avait été proscrite et toutes les écoles des Highlands avaient l’obligation d'enseigner en anglais. 

Il décida d’agir afin que le gaélique survive. 

Le meilleur moyen était de traduire la Bible dans la langue véhiculaire.

La traduction de Buchanan et James Stuart, a été importante en ce sens qu'elle s'est accompagnée d'un nouvel intérêt de la SSPCK (Scottish Society for Promotion of Christian Knowledge) et d'autres autorités éducatives vers le gaélique comme langue d'éducation des enfants des Highlands. Cela a joué un rôle majeur dans la promotion de l'alphabétisation dans la langue. Leur traduction commencée en 1755, a été achevée et publiée en 1767.

Mais son action ne s’arrêta pas. Il fit preuve d'un grand courage en persuadant les survivants de Rannoch d'abandonner leur anarchie et leur révolte.

Il accueillit des soldats écossais libérés et des artisans.

Lui et sa femme leur ont enseigné de nouveaux métiers.

 

Un large éventail de travaux d'amélioration agricole et autres ont été entrepris dans les domaines, y compris le drainage, la construction de routes et la construction de ponts. Lentement, la paix et la prospérité ont été apportées à  Rannoch. Le lin et les pommes de terre ont été introduits, les moulins construits et la filature et le tissage ont été enseignés ; un maçon, un menuisier et un charron ont transmis leurs compétences ; un cordonnier et un tailleur ont créé une entreprise.

 

Le minuscule hameau à l'extrémité est du Loch Rannoch, maintenant connu sous le nom de Kinloch Rannoch.

 

Cela a été suivi en 1801 par une traduction complète de la Bible avec un Ancien Testament en grande partie par le fils de Stuart John Stuart de Luss.

 

Et il faudra attendre les années 1830, pour avoir une traduction catholique romaine du Nouveau Testament à partir de la Vulgate latine par Ewen MacEachen et publiée à Aberdeen en 1875.

En Écosse, nous pouvons conclure que l’ensemble de la vie intellectuelle est inséparable de la Réforme protestante. 

 

Et pour terminer, nous vous parlerons de l’esprit d’indépendance qui anime les Ecossais et qui les suivra au-delà des mers lorsque les Pères Fondateurs écriront la Constitution Américaine en s’inspirant des textes de David Hume, d’Adam Smith et d’Adam Ferguson. 

Mais cette indépendance trouve ses fondements dans un texte bien plus ancien. 

La déclaration d'Arbroath est une déclaration d'indépendance écossaise, écrite en latin dans le but de confirmer le statut de l'Écosse en tant que nation indépendante et souveraine et de justifier le recours aux forces armées si elle se trouvait injustement attaquée. Cette déclaration revêt la forme d'une lettre, datée du 6 avril 1320, qui fut envoyée au pape Jean XXII.

 

Ce qui fait du document d'Arbroath un texte remarquable est son affirmation du droit à l'indépendance et son refus de toute servitude, avec des accents démocratiques qui sonnent étrangement modernes :

«  Aussi longtemps qu'il restera cent hommes vivants dans ce pays, nous ne céderons jamais au joug de la domination anglaise, car ce n'est pas pour la gloire, la richesse ou les honneurs que nous combattons, mais pour la liberté, à laquelle aucun homme digne de ce nom ne renonce qu'avec sa vie [...]. 

 Si notre roi consentait un jour à livrer son royaume au roi d'Angleterre, nous le chasserions comme notre ennemi et nous élirions un autre roi pour nous défendre.» 

 

 

Et aujourd’hui, l’universalité de la Déclaration de 1320 en fait un texte digne de figurer dans une anthologie des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Un peu de musique…  

Quelques recettes… extraites du livre « Les Recettes de Outlander »  

Quelques livres… 

La tourte au lièvre (ou lapin) de Jenny 

 

À  moins que tu nous aies rapporté du gibier, indiqua-t-elle, il faudra te contenter de la potée habituelle. Jamie fit la moue. L'idée de diner d'une soupe d'avoine dans laquelle trempaient quelques morceaux de jarret fumé, derniers vestiges d'une carcasse de bœuf qu'ils avaient achetée deux mois plus tôt, ne le faisait pas franchement saliver.  

- Abracadabra! lança-t-il, triomphant.  

Il retourna sa besace au-dessus de la table et en laissa tomber trois lapins. Plus quelques baies de prunellier, ajouta-t-il.  

Il retourna son bonnet taché d'un épais jus rouge vif et en vida le contenu aux côtés des dépouilles gisant pêle-mêle dans un enchevêtrement de membres et d'oreilles recroquevillés.  

Le regard de Jenny s'illumina.  

- Une tourte au lièvre, voilà ce que je vais faire! s'exclama-t-elle, ravie.  

Je n'ai plus d'airelles mais, avec des prunelles, ce sera encore meilleur. Dieu merci, il me reste un peu de beurre !  

Elle aperçut un petit mouvement suspect dans la masse de fourrure grise.  

Elle avança lentement une main, puis écrasa d'une tape sèche une puce qui s’était aventurée sur la table.  

Va les préparer dans la cour, Jamie, ordonna-t-elle, sinon bientôt la cuisine sera infestée de vermine. 

 

(Le Voyage, chapitre 5)

Pour 6 à 8 personnes 

 

Ingrédients 

 

1 lièvre ou 1 lapin (de 2 à 3 livres ou de

900 à 1300 grammes), coupé en 6 à 8 morceaux

2 cuillères à thé de sel

½ cuillère à thé de poivre moulu

2 tranches épaisses de bacon, coupées en morceaux 

1 oignon moyen, coupé en dés

1 carotte moyenne, coupée en dés

1 tasse de Fond de volaille brun

1 tasse de vin rosé

 2 feuilles de laurier

1 branche de romarin frais

¼ tasse de beurre

¼ tasse de farine tout usage

1 cuillère à thé de moutarde sèche

 ¼ cuillère à thé de noix de muscade fraîchement râpée

1 Pâte brisée

¾ tasse de mûres ou de bleuets

1 gros œuf

Préparation 

 

Faire revenir le bacon. 

Ajouter les morceaux de gibier et faire dorer.

Ajouter les oignons, les carottes, le fond, le vin, les feuilles de laurier et le romarin.

Porter à ébullition, couvrir et baisser à feu doux, puis laisser mijoter jusqu'à ce que le lapin soit tendre, 45 à 60 minutes, en remuant délicatement une ou deux fois. 

À  l'aide d'une cuillère trouée, retirer les morceaux de viande de la poêle et les laisser refroidir. Jeter les feuilles de laurier et le romarin.

Lorsque le lapin a suffisamment refroidi pour être manipulé, détacher toute la viande des os en faisant en sorte que les morceaux de viande soient d'assez bonne taille.

Dans un bol, à l'aide d'une fourchette, mélanger le beurre, la farine, la moutarde sèche et la muscade de façon à former une pâte.

Incorporer ce beurre manié au liquide de cuisson et aux légumes, dans la poêle, augmenter à feu moyen et cuire jusqu'à ce que la préparation soit brillante et ait légèrement épaissi, environ 5 minutes. Retirer du feu. Placer la grille sur le dernier échelon de la partie inférieure du four et le pré-chauffer à 200 °C (400 °F). 

Abaisser la moitié de la pâte brisée de façon qu'elle atteigne une épaisseur de ⅛ pouce pour former la croûte du dessous. 

Déposer la pâte dans un moule à tarte profond de 9 pouces. Remplir la croûte jusqu'au bord du moule avec la viande de lapin, les fruits des champs, le liquide de cuisson réservé et les légumes. 

Abaisser l'autre moitié de la pâte brisée de façon à atteindre une épaisseur de ⅜ pouce et l'utiliser pour recouvrir la tourte. Enlever l'excédent de pâte et pincer le pourtour pour bien sceller. 

À   l'aide d'un couteau bien aiguisé, faire deux ou trois incisions sur le dessus de la tourte pour laisser la vapeur s'échapper. Battre l'œuf avec 1 cuillère à thé d'eau pour faire une dorure et badigeonner le dessus de la tourte. Cuire 15 minutes, puis baisser la température du four à 175 °C (350 °F) et cuire jusqu’à ce que la pâte soit dorée, encore 25 à 30 minutes. 

Sortir du four et laisser reposer 15 minutes avant de couper la tourte et de la servir avec le rosé restant. Conserver les restes au réfrigérateur jusqu'à 3 jours.

 

Notes 

 

•  Commencer la cuisson de la tourte à une température plus élevée dans la partie inférieure du four donnera une croûte du dessous plus croustillante.

•  Les prunelles, ou baies de prunellier, sont plutôt difficiles à trouver ailleurs qu'en Grande-Bretagne, mais les mûres ou les bleuets se marient bien au lapin et peuvent très bien remplacer les prunelles. Si vous n'arrivez pas à trouver de fruits des champs, vous pouvez verser de petites cuillerées de confiture sur la viande et les légumes.

 

 

 

Soupe Ecossaise cock-a-leekie 

 

Ce soir, nous dinerons tous ici, près du champ. Tom et Willie, allez chercher du bois pour faire un grand feu. Madame Willie, vous permettez qu'on utilise votre grande marmite? Quelqu'un va vous aider à la transporter jusqu'ici. Toi, Kincaid, va prévenir les autres : ce soir, festin de pommes de terre ! 

Ainsi, avec l'aide de Jenny, dix seaux de lait, trois poulets et quatre douzaines de gros poireaux, je présidai à la préparation d'une gigantesque soupe écossaise, agrémentée de pommes de terre cuites sous la cendre pour le laird et ses métayers. 

 

(Le Talisman, chapitre 32)

Typiquement écossaise, mais fort probablement originaire de la France médiévale, la soupe Cock -a-leekie est servie tout au long de l'hiver en Écosse et se trouve souvent dans les soupers de la Saint-Andrew (le 30 novembre), du réveillon du jour de l'Anou, comme l'appellent les Écossais, le Hogmanay (31 décembre), ainsi que de la Burns Night, une fête célébrant le poète écossais Robert Burns (le 25 janvier).

 

Les ingrédients et consignes qui suivent, y compris les pruneaux, proviennent directement d'un livre de recettes du milieu du XVII siècle et sont la preuve que des mets simples et bien préparés contenant peu d'ingrédients peuvent surpasser les recettes les plus complexes de la nouvelle cuisine.

 

Pour 6 portion ou plus  

Ingrédients

 

 

1 poulet entier (de 3 à 4 livres ou de 1,3 à 1,8 kilo)    

4 gros poireaux coupés  

6 brins de persil frais 

6 grains de poivre entiers 

2 clous de girofle

6 pruneaux entiers

2 cuillères à thé de sel

½ cuillère à thé de poivre fraîchement moulu

 

Préparation 

Dans une marmite, couvrir le poulet d'eau et porter à ébullition à feu élevé.

Laver er rincer soigneusement les poireaux, les hacher.

 Faire un bouquet garni. Envelopper le persil, les grains de poivre et les clous de girofle dans un carré d'étamine et l'attacher à l'aide d'une corde, ou mettre les ingrédients dans une grande boule à thé.

Lorsque l'eau commence à bouillir, réduire à feu moyen-doux pour laisser mijoter.

Écumer la surface du fond à l'aide d'une cuillère trouée pour retirer les impuretés et le gras. Ajouter la moitié des poireaux et le bouquet garni, et poursuivre la cuisson, à découvert, en laissant mijoter doucement, 2 heures. Ne pas mélanger.

 Retirer le poulet de la marmite pour le laisser refroidir sur une assiette. Retirer le bouquet garni. Écumer la surface de la soupe avant d'ajouter les poireaux restants, les pruneaux, le sel et le poivre. Laisser mijoter jusqu'à ce que les poireaux et les pruneaux soient tendres, 30 à 45 minutes. Effilocher la viande des pattes et des cuisses, les ajouter à  la casserole et cuire 5 minutes avant de servir. Réserver la poitrine pour un autre usage) Assaisonner au goût et servir avec les Petits pains bruns de Beauly.

Conserver les restes au réfrigérateur jusqu'à 3 jours.

 

 

 

 

 

Porridge au Kale et Bacon 

 

Pour ne plus penser aux gouttes glacées qui me dégoulinaient dans le cou, je dressai à nouveau un inventaire du garde-manger et imaginai ce que je pourrais préparer à dîner le soir. Quelque chose de rapide, pensai-je en frissonnant, et de chaud. Un ragoût prendrait trop de temps, même chose pour une soupe. Si nous avions de l'écureuil ou du lapin, je pourrais le frire, pané dans de l'œuf et de la farine de maïs. 

 

Ou sinon, le faire sauter dans un peu d'ail et le servir accompagné d'œufs brouillés avec des oignons verts. 

 

(Les Tambours de l'automne, chapitre 23)

Ce mets traditionnel est ce que les Écossais appellent un brose, c'est-à-dire un porridge à peine blanchi, vite fait et nourrissant. Pendant des centaines d'années, on le préparait en recouvrant d'eau bouillante une céréale, comme de la farine d'avoine ou d'orge, et en laissant reposer brièvement la préparation avant de consommer. Pour faire un kail brose, plutôt que de l'eau, on utilisait le liquide de cuisson dans lequel le bœuf salé et gras et les légumes verts avaient été bouillis. Cette version ajoute au mélange le bacon de Claire et un fond de bœuf ou de volaille, ce qui en fait une soupe épaisse et nutritive prête en moins de 30 minutes. Servez-la avec des Galettes d'avoine écossaises aux graines de citrouille et fines herbes pour en faire un diner moderne rappelant les traditions ancestrales des Highlands.

 

Pour 4 à 6 personnes                                                                         

Ingrédients 

 

4 tranches épaisses de bacon, coupées en lanières de ¼ pouce

½ à ¾ tasse de flocons d'avoine grossièrement moulus

8 tasses de Fond de bœuf ou de volaille blanc

1 gros bouquet de kale, les tiges enlevées, ciselé

Sel et poivre fraîchement moulu.

 

Préparation 

 

Dans une grande casserole, cuire le bacon à feu moyen jusqu'à ce qu'il soit croustillant. Lorsqu'il a bruni, retirer tout le gras de cuisson, à l'exception de 1 cuillère à  thé, en laissant le bacon dans la casserole. Ajouter l'avoine et remuer 1 minute pour la faire griller. Ajouter le fond, augmenter à feu élevé et porter à ébullition. Réduire à  feu doux et laisser mijoter 5 minutes. Ajouter le kale et laisser mijoter jusqu'à ce qu'il soit tendre, encore 10 minutes.

Assaisonner avec du sel et du poivre, puis servir.

Bibliographie 

 

Civardi Christian, L'Écosse de 1528 à nos jours, Paris-Gap, 1997.

 

Crapoulet Jean Claude, Histoire de l'Écosse, Paris, « Que sais-je? »; 1972.

 

Duchein Michel, Histoire de l’Ecosse, Paris, Fayard, 1998.