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Jamie est un homme de traditions et il aime perpétuer les symboles qui ont compté pour lui. C’est pourquoi le petit serpent en bois que son frère défunt lui avait offert lorsqu’il était enfant et portant au verso la gravure de son prénom gaélique, Sawny, a tant de valeur à ses yeux et qu'il est bouleversé lorsque Claire le lui tend.
C’est également la raison pour laquelle il éprouve le besoin d’offrir à son tour un serpent à son fils William. C’est une manière d’affirmer cette paternité qu’il doit tenir secrète, même à son enfant.
A noter que son frère s’appelait également William.
Par Valérie Gay-Corajoud
Je finis volontairement cette liste des objets qui comptent dans l’histoire d’Outlander par le coffret médical que Jamie a offert à Claire alors qu’ils se dirigeaient pour la première fois vers River Run.
Un coffret de toute beauté bien sûr, mais qui détient l’expression du savoir de Claire et de sa raison d’être. Et c’est une vraie preuve d’amour de la part de Jamie, tout comme cela l’a été qu’il prévoit à Fraser’s Ridge une pièce dédiée à son activité.
Jamie n’a pas la prétention de croire qu’il suffit à Claire. Elle a besoin d’être médecin, sans cela, elle ne serait pas entière tout comme il est un laird. Rien ne peut changer cela.
Il y a dans ce coffret un peu de l’avenir et du passé qui se mélangent, comme beaucoup de choses dans Outlander. Il y a l’histoire du Dr Rawlings (infiniment plus détaillée dans les livres) et surtout des outils qui vont l’aider à mieux soigner. Parmi eux, le microscope, qui sera son plus grand allier dans la recherche de la pénicilline et qui l’aidera à mieux expliquer aux personnes de son entourage ce que sont les microbes dont elle les met en garde en permanence... ou les spermatozoïdes, c’est selon.
L’opale de dent de Loutre est, à elle seule, une histoire complexe qui vient s’entrechoquer avec celle de Claire et qui rebondira par la suite avec celle des Mohawks, puis finalement, avec celle du petit Jemmy dont on apprend qu’il peut traverser les pierres.
Cette opale, c’est une partie du mystère du voyage dans le temps. C’est tout ce qu’on n’explique pas de ces traversées, qu’elles soient voulues ou subies.
Pour Claire, l’opale est détentrice d’une partie de son histoire, même si elle ne la comprend pas encore et c’est pourquoi elle la porte au cou, peut-être un peu comme Murtagh porte son bout de tartan, pour ne pas oublier d’où elle vient.
Finalement, l’opale explose sous l’effet de la chaleur dans les mains de Jemmy. Était-ce sa destinée : signifier que l’enfant de Brianna et Roger était, lui-aussi, un voyageur du temps ?
Et si elle est son foyer, alors il ne doit plus garder la clé. Ce n’est pas à lui de détenir la clé de Claire et c’est pourquoi il lui offre, pour qu’elle soit une femme libre d’aller et venir.
C’est l’un des plus beaux aspects de leur couple. Le respect de l’autre dans son entièreté. Et c’est également pour ça que jamais Jamie ne demande à Claire de se séparer de sa première alliance. Car il respecte cette partie de sa vie dans laquelle il n’était pas.
Le troisième anneau, qu’il lui offre alors qu’ils sont à Fraser’s Ridge, est lui aussi fait avec une partie de Lallybroch puisqu’il est issu des chandeliers de sa mère.
Ce qu’il en ressort, c’est que les anneaux que Jamie offre à Claire ne sont pas juste des cercles de métal ! Ils sont une partie de sa vie, de ses racines.
Ils sont une partie de lui.
Un peu dans le même ordre d’idée, nous retrouvons dans les objets qui parcourent la saga, le collier de perles d’Écosse que Jamie offre à Claire la nuit de leur mariage. Il est, lui confit-il, l’une des rares choses qui lui restent de sa mère et il y tient autant qu’à elle.
Ce collier, qui forme un cercle tout autant qu'un anneau et qu’il lui passe autour du cou avec tendresse, c’est là encore, une partie de lui.
Claire l’a bien compris puisqu’à son tour, elle va l’offrir à leur fille qui, d'ailleurs, le portera le jour de son mariage.
Juste après la bague faite avec la clé de Lallybroch, l’un des objets les plus symboliques de la saga est sans nul doute possible la libellule dans l’ambre que Hugh Munroe offre à Claire comme cadeau de mariage. Diana Gabaldon elle-même l'a dotée d’un nom qui titre son deuxième tome : Le talisman.
Cette Libellule, c’est le seul bien que Claire possède alors qu’elle doit s’en retourner à travers les pierres. Elle ne peut rien donner d’autre à Jamie qui puisse symboliser la force de son amour. Ce symbole que Jamie sert contre lui alors qu’il agonise sur la lande de Culloden.
Finalement, la libellule lui échappe et roule au sol, mais elle a rempli son rôle en le maintenant en vie. De plus, elle traversa le temps et reviendra à Claire sous forme d’un artéfact exposé au musée de la bataille de Culloden. Une preuve, s’il en fallait, de sa réalité.
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La symbolique des objets dans Outlander
Je ne peux pas commencer cette liste sans évoquer l’anneau de mariage que Jamie fait faire à partir de la clé de Lallybroch. C’est un geste d’une incroyable portée romantique qui en dit bien plus long sur lui que n’importe quelle déclaration. Il serait possible d’écrire des pages entières sur ce que représente cet acte, mais je voudrais en développer un seul aspect qui me semble prépondérant.
Peu d’objets symboliques parcourent la deuxième saison, peut-être parce que rien de l’Écosse ne doit rester en France, à moins que les drames successifs que vivent Claire et Jamie ne laissent peu de place à la matérialité.
Pourtant, un collier sera au centre de l’histoire parisienne, donnant à la fois une identité protectrice à Claire, la Dame blanche, et jouant un rôle représentatif dans l’un des dangers rencontrés : l’empoisonnement.
La pierre magique qui prévient de la présence d’un poison, cadeau précieux de l’un des rares amis parisiens de Claire, Maître Raymond, sera finalement l’alerte, non pas de l’empoisonnement de Claire, mais bel et bien de celui qui voulait sa mort : le comte de Saint Germain. Maître Raymond, dont beaucoup se demandent s’il est également un voyageur du temps, avait-il prévu cette possibilité ?
Quoi qu’il en soit, une fois de retour en Écosse, la pierre magique n’a plus d’utilité, car la guerre se passera sur un tout autre terrain.
Encore une relique du passé familial que Jamie offre à Claire, ou plus exactement à leur futur enfant. Les cuillères d’apôtres qui appartiennent aux Fraser depuis des générations et que Jamie a fait venir en France tout spécialement.
Bien sûr, la mort de Faith emporte avec elle la toute-puissance du symbole familial, comme une brisure nette qui doit trouver sa raison. C’est pourquoi, déchiré à l’idée de laisser le corps de leur fille à Paris, Jamie dépose sur sa tombe la cuillère de Saint André, protecteur de l’Écosse.
« Si nous devons t’enterrer ici, en France, nous te laissons un peu d’Écosse ».
Lorsqu’on sait tout ce que la France leur a pris, on comprend mieux la portée de ce geste.
Un autre objet porte en lui la symbolique du foyer, et Claire l’explique très bien en introduction à l’histoire. Le vase qu’elle n’a jamais acheté car elle n’a jamais eu d’endroit où le poser. Ce vase devant lequel elle réfléchit à sa condition, mêlant le présent, le futur et le passé.
Un vase qu’elle n’achètera pas finalement, mais qu’une femme de Lallybroch lui offrira pourtant alors que Jamie la présente comme sa lady de Broch Tuarach.
Un vase surtout, qu’elle se représentera mentalement alors que Lionel Brown et ses hommes s’acharnent sur elle de la pire manière. Un vase qui, nous le savons, a trouvé une maison : celle qu’elle partage au fond de son coeur avec Jamie, là où elle se sent en sécurité.
Au XXIe siècle, nous pouvons considérer une broche comme un bijou, mais dans les Highlands du XVIIIe siècle, la broche avait deux fonctions.
La toute première était de maintenir en place le retombé du tartan sur l’épaule et la deuxième était de représenter le clan auquel la personne appartenait.
Nous ressentons l’importance de cette preuve d’appartenance lorsque Jamie, le soir du serment d’allégeance à Colum, refuse de porter la broche des Mac Kenzie, clan auquel il n’appartient pas et ce, malgré sa filiation.
Lorsqu’il apparaît devant le laird, c’est bel et bien la broche des Fraser qu’il porte à l’épaule.
L’une des notions centrales de la saga, c’est le foyer. Lorsqu’ils se rencontrent, Jamie et Claire n’en ont plus. Elle, perdue dans une Écosse d’un autre siècle, lui, de retour de France, vivant sous un pseudonyme dans le château de ses oncles, ne pouvant rentrer chez lui.
Nous sentons la souffrance de Jamie d’être tenu éloigné de sa chère Lallybroch, pourtant, lorsqu’il jure allégeance à Claire, lui promettant de ne plus jamais porter la main sur elle, il lui avoue que ne plus revoir Lallybroch est moins douloureux, car c’est elle qui est son foyer dorénavant.
Le petit avion de Roger est un symbole très important qui permet de faire le lien entre le passé et le présent. De plus, et cela est peu dit dans la série, l’avion représente pour Roger le lien avec son père, mort à la guerre au manche d’un avion Spitfire
La première fois que nous voyons ce petit avion, c’est dans les mains d’un Roger tout jeune, qui assiste, au retour de Claire sans bien comprendre la dispute que cela suscite.
Puis la page se tourne et nous retrouvons Roger adulte qui aide Brianna à retrouver des traces de cette même dispute en fouillant dans les archives du révérend. Et c’est là qu’il retrouve son avion, posé à côté de la caisse contenant l’histoire des Randall, comme si ces deux mondes étaient depuis le début étroitement liés.
Roger regarde l’avion, mais le délaisse à ce moment là pour aider Brianna à passer en revue les documents trouvés. Il choisit Brianna et Claire, laissant derrière lui le petit garçon et son passé.
Pourtant, nous le retrouvons un peu plus tard, alors que Claire et Brianna s'en retournent à Boston, l’avion dans les mains… attentif, peut-être, à l’enfant qu’il était, et à l’homme qu’il est devenu.
L’un des objets qui traverse le temps et porte en lui un symbole particulièrement puissant, est le petit morceau de tartan que Murtagh porte continuellement sur lui, maintenu à sa veste par une broche représentant la couronne écossaise et deux cœurs enlacés. Ce petit bout de tartan aux couleurs des Fraser, représente son engagement envers l’Écosse et ce, malgré la défaite de Culloden et l’interdiction formelle des Britanniques de faire état de leurs coutumes. Il l’a gardé envers et contre tout, même au plus profond de la prison d’Ardsmuir.
Murtagh le porte comme un signe sans concession de son appartenance à la lutte, qu’elle soit écossaise ou américaine. Elle l’identifie comme un résistant, un combattant, un homme qui fait passer ses idéaux avant tout autre chose.
Il y a beaucoup de tendresse dans le geste de Claire qui récupère cet objet sur la dépouille de Murtagh.
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Ce qu’on constate lorsqu’on se met à énumérer les objets qui parcourent l’histoire de Claire et Jamie c’est à quel point Claire est arrivée "nue" de son passé. Rien de ce qu’elle a vécu n’est représenté dans le siècle dans lequel elle doit vivre dorénavant. Aucune passation symbolique, aucun objet représentatif, si ce n’est l’alliance de son autre mari. Pas facile à assumer !
En contrepartie, l’histoire de Jamie est parsemée de ces objets qui parlent de la valeur de la famille, du clan, de l’histoire qui l’a amené à être l’homme qu’il est.
Il en est ainsi des bracelets en corne de sanglier qui atterrissent dans les mains de Claire par l’entremise de Jenny. Des bracelets mystérieusement offerts à la mère de Jamie, le jour de son mariage et dont le créateur n’est autre que Murtagh, l’amoureux transit de la belle Ellen MacKenzie à qui il jurera plus tard qu’il veillera toujours sur la vie de son enfant.
Encore une histoire du passé de Jamie dont Claire devient dépositaire.
Un objet aussi utile et précis qu’une seringue peut devenir, par le détour de l’histoire, un objet symbolique, surtout lorsqu’il permet l’injection d’un produit qui n’est pas encore inventé.
Lors de son second passage à travers les pierres de Craig na Dun, Claire emmène deux choses avec elle : les photos de Brianna et une trousse contenant une seringue et de la pénicilline. Elle sait que dans l’époque qu’elle va rejoindre, cela va changer la donne.
Une seringue qu’elle teste en premier lieu sur Jamie qui vient de se prendre de la mitraille dans le bras de la part de Laoghaire… puis sur elle-même alors que les effets de la soupe à la tortue se font déjà bien sentir… puis finalement à Fraser’s Ridge alors qu’elle est parvenue à fabriquer sa propre pénicilline, le peu qui lui restait ayant coulé à pic lors de leur naufrage, pour opérer les jumeaux Beardsley.
Cette seringue, c’est donc la différence entre la vie et la mort et nous le comprenons bien lorsque Jamie lutte pour sa vie après la morsure de serpent. Claire n’a plus sa seringue, détruite par le pied rageur de Lionel Brown !
Un Lionel Brown qui finalement, et ce n’est que justice, mourra de la main de Marsali, armée d'une nouvelle seringue pleine d'un extrait de cigüe.
Jamie et Claire se retrouvent enfin, après 20 années de séparation. Quel objet pourrait être suffisamment puissant pour intervenir dans cette rencontre et témoigner du passé ?
Brianna est restée à l’abri du XXe siècle et William est ignorant de l’identité réel de son père. Comment dire tout ce qui a été vécu sans que cela soit ne soit perçu que comme un manque douloureux ?
Les photos que Claire a apportées sont magnifiques et incarnent enfin cette enfant que Jamie n’a pu qu’imaginer tout au long de ces années. Et le portrait que Jamie fait voir à Claire de son fils caché est tout aussi important, car il valide une vérité que personne ne connaît et dont il porte seul la lourde responsabilité.
Le deuxième portrait que lord John confiera avant de repartir en Angleterre sera également très important car c’est ainsi que Jamie pourra présenter son frère à Brianna.
D’une certaine manière, ces photos et ces portraits vont au-delà de la simple représentation. Ils témoignent d’une vérité tangible entre deux temporalités qui n’étaient pas sensées se télescoper.