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Saison 7, épisode 1

Une vie bien perdue

Par Valérie Gay-Corajoud

Comme à chaque fois, il incombe à l’épisode d’ouverture d’une saison, la lourde tâche de nous présenter, en quelques séquences, l’articulation entre le passé et le devenir.

 

Et quelle image est plus parlante pour nous rappeler les drames passés et ce à quoi nous pouvons nous attendre, que la pendaison de Claire, quand bien même serait-elle fictive ?

Personne n’est dupe bien sûr, pourtant, la scène est émouvante, pas tant parce que c’est injuste, ni même parce que la vision de Richard Brown jubilant devant sa victoire est insoutenable ! Non, si elle nous empoigne de la sorte, c’est parce que Claire résiste. Elle n’a pas abandonné la lutte, elle ne s’est pas fait une raison. Elle aime Jamie ! Elle a une famille. Sa vie est devant elle ! En vérité, elle a tant à perdre. C’est pourquoi elle résiste alors même qu’il n’y a plus d’espoir.

 

Vous je ne sais pas, mais immédiatement, j’ai supposé que ce rêve appartenait à Claire, mais finalement, j’ai adoré que ce soit celui de Jamie. Cela a rendu cette scène imaginaire encore plus parlante.

Il y a dans l’immobilité de Jamie quelque chose de l’ordre de la fureur. Comme toujours, Sam Heughan maîtrise parfaitement l’intensité de son regard et sait transmettre l’exacte nature des sentiments qui traversent son personnage.

"Viens, dit-il à Ian. Allons récupérer ma femme". 

J’aime le possessif si parlant.

Combien de fois est-il parti à sa recherche ainsi ? Combien de fois a-t-on voulu la lui enlever ? Mais cette fois semble encore plus dramatique que les autres, car ce complot contre sa famille se nourrit du chaos révolutionnaire auquel il va prendre part.

Nous rejoignions Claire dans sa sombre prison. Cette scène suit immédiatement celle du final de la saison précédente puisque Claire a encore son manteau et qu’elle vient de réveiller sa codétenue : Sadie Ferguson.

C’est avec bonheur que nous retrouvons, presque mot pour mot les dialogues et les descriptions du livre de Diana. C'est une fidélité qui persistera durant tout l’épisode.

 

L’ambiance de la prison est très bien rendue. Il fait sombre, il fait froid, et surtout, les femmes y sont isolées, pour ne pas dire abandonnées. Pour un temps, Claire peut se détendre, car, paradoxalement, c’est dans ce cachot qu’elle est le plus en sécurité.

Pour peu de temps, hélas, car bientôt, deux soldats anglais viennent chercher « une guérisseuse ». Le gardien en faction devant la porte ne connait pas les raisons des condamnations des prisonnières. Il sait seulement que parmi elles, il y a une faussaire et une meurtrière. Contre toute attente, Sadie Fergusson se dénonce comme étant la meurtrière sans que Claire puisse dire quoi que ce soit.

 

La version a beau être très fidèle au livre, les scénaristes ont été obligés de l’écourter. C’est dommage, car Diana décrit particulièrement bien le personnage de Sadie. Nous avons le temps de découvrir son intelligence et sa tendance à la manipulation tout autant que son désespoir, sa solitude et… son besoin de tendresse.

 

Dans l’épisode, les raisons de sa fausse dénonciation sont vaguement énoncées par une troisième détenue. En effet, les personnes accusées de contrefaçon, nous dit-elle, ne peuvent être graciées alors que les meurtriers peuvent en appeler à la sainte parole. Dans les faits, c’est plutôt parce que les tribunaux sont fermés et les juges en fuite qui empêche la Cour de se prononcer sur une peine aussi lourde. Sadie espère qu’on va finir par l’oublier, voire, qu’elle sera libérée par les révolutionnaires.

Quoi qu’il en soit, les grilles de la prison se referment derrière Claire et les deux soldats.

Pendant que Jamie et Ian galopent à travers champs pour parvenir discrètement à Wilmington, nous retrouvons Brianna et Roger. Ce dernier est en passe de devenir Pasteur sous la tutelle du révérend McMillan.

 

Comment expliquer cela sans paraître trop sévère… mais les apparitions de Roger et Bree sont sans saveur, certaines même, à la limite du ridicule.

Qu’est-il arrivé à Roger pour qu’il perde ainsi sa rhétorique ? Son intelligence ? Son intégrité ?

 

Le couple se dirige vers des prisonniers transformés en conscrits d’office, afin que Roger, en tant que vétéran et futur pasteur, leur apporte la parole de Dieu. Le long du chemin, il raconte à Bree son enfance moins sage qu’elle ne se l’imaginait tandis qu’elle tente quelques traits d’humour qui tombent à l’eau. Même si la version originale est moins lourde, « God luck » plutôt que « Good Luck » ! contre la version française qui nous impose un « en moins de Dieu » pour « en moins de deux » on se demande quel est l’intérêt d’un tel dialogue à ce moment de l’histoire.

Ce ne serait qu’un détail si leur conversation n’était pas aussi fade du début à la fin.

 

Jusqu’à Roger, en d’autres temps incroyablement pertinent, qui perd ses mots devant les conscrits, préférant utiliser ceux de Mohamed Ali !

"Vole tel le papillon, pique telle l’abeille, et, sois-en assuré, Dieu te donnera conseil". 

Euh ! N’aurait-il pas pu trouver quelqu’un de plus… disons… engagé ? Ce ne sont pas les philosophes et les théologiens qui manquent à sa formation d’historien !

Alors que, justement, les conscrits viennent de le mettre au défi de dire, ou faire quelque chose d’utile, voilà qu’il n’a qu’une charade sans saveur à leur offrir.  

Bien sûr, nous comprenons très vite que ces propos anachroniques ne servent qu’à révéler la présence de Wendigo Donner.

 

Wendigo. Que faire de ce personnage aussi désespérément pathétique ? Tel qu’on nous le présente à ce moment-là, épuisé, amaigri, attaché à un arbre comme un chien, il m’a fait penser à Roger lorsqu’il était enchainé et trainé par les Indiens à travers la forêt.

Qui d’autre que Roger pourrait le comprendre ?

 

Wendigo n’est pas mauvais. Ce sont les circonstances douloureuses de sa vie qui ont fait de lui un pauvre hère. Mieux même, c’est un homme de conviction puisque ce passage à travers le temps était motivé par son désir de sauver son peuple ! Roger le sait.

 

C’est d’ailleurs ce qu’il répond à Bree lorsque, furieuse, elle s’insurge contre sa volonté d’aider celui qui n’a rien fait pour soustraire Claire aux atrocités que Lionel Brown et ses hommes lui ont fait subir .

« Toi tu ne serais jamais resté immobile, à regarder une femme se faire agresser »… lui dit-elle, sûre de son fait. Et nous pouvons comprendre cette rage née autant de ce qu’à subit sa mère, que de ce qu’elle-même à vécu avec Bonnet.

 

Mais, et c’est très intéressant de nous présenter les choses ainsi, ce n’est jamais aussi simple. Il n’y a pas toujours, les coupables d’un côté et les innocents de l’autre.

 

"J’ai regardé Bonnet jeter une fillette par-dessus bord quand j’étais sur le bateau. Et j’ai regardé sa mère se jeter dans l’eau après. Et même si je voulais désespérément intervenir, je suis resté figé. J’ai voulu les sauver, mais je n’ai pas pu. Il a fallu que je combatte l’instinct que j’avais en moi, parce qu’il fallait que je reste en vie pour te retrouver". 

Bree n’ayant plus rien à dire s’éloigne. Pour elle le débat est clos.

N’aurait-elle pas pu compatir un peu avec ce que son mari avait vécu ? Ou tout au moins, admettre qu’il avait en partie raison ? Je suppose que là n’était pas le propos.

 

Dans une scène suivante, Roger rejoint sa femme sur la plage et lui annonce qu’il a renoncé à libérer Donner. À la place, il a une solution ! Il va prier pour lui.

Loin de moi l’idée de froisser les personnes croyantes, mais, dans ce contexte particulier, c’est tout simplement indécent et surtout, cela ne ressemble en rien au Roger que nous connaissons et qui n’a jamais hésité à remonter ses manches pour venir en aide à son prochain.

On est même en droit de se demander si le sourire de Bree ainsi que sa proposition de faire cette prière dans l’instant sont véritablement respectueux. Peut-être sourit-elle parce qu'elle a obtenu satisfaction !

Impossible de me prononcer à ce sujet, c’est vous dire à quel point cette scène est bâclée et détonne par rapport au reste de l’épisode.

 Quant à Roger,  croit-il réellement que sa piètre prière d’une minute à peine, sauvera ce pauvre Donner ? Et que choisit-il ? Lui, si intuitif d’habitude pour offrir les mots les plus adéquats ? Il demande à Dieu d’aider Donner à s’aider lui-même… ce à quoi Bree répond : Tu seras un grand pasteur ! 

 Pfff, j’en perds mes mots à mon tour.

Nous quittons les McKenzie pour suivre Jamie et Ian, désespérés de ne pas trouver Claire en prison. Ils croisent Tom Christie, vieux chien fidèle devant une porte derrière laquelle il n’y a plus rien à garder.

 

La geôlière Maisie Tolliver, les envoie au fort Johnston où s'en est allé son shérif de mari. Mais avant cela, ils prennent un moment afin d’interroger les soldats au bordel.

Alors que Ian est déjà à l’intérieur, Jamie s’immobilise à la vue d’un cheval. Il le fixe suffisamment longtemps pour que nous comprenions que c’est important, pourtant, nous n’en saurons pas plus à ce sujet pour l’instant. Finalement, il rejoint son neveu.

 

 

Nous retrouvons Claire sur le Cruizer, le navire du gouverneur Josiah Martin, mouillant un peu au large du port et littéralement enveloppé de brouillard.  

 

On en parle de ce brouillard ?

Je veux dire, OK, il a certainement une fonction scénaristique (par exemple, justifier que le Cruizer ne puisse s'enfuir), ou tout au moins esthétique (clairement, il y a quelques clichés qui ont su jouer de cette ambiance particulière). Admettons même qu’il y ait une raison météorologique, après tout, ce navire est sur l’eau ! Mais ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère ! Pourquoi ne pas avoir créé cette brume si bien décrite par Diana ? C’est tout juste si les passagers peuvent se repérer à quelques mètres les uns des autres !

Soyons clairs, et débarrassons-nous du sujet une bonne fois pour toutes dans le but de ne pas alourdir les propos suivants, mais ce brouillard sera là tout du long, chaque jour, tous les jours ! Je me demande même s’il n’est pas de plus en plus épais. Voilà, c’est dit.

 

Donc, si Claire a été mandée par le gouverneur, c’est pour soigner son épouse, enceinte et souffrante.

Dans le livre, Diana Gabaldon décrit madame Martin comme une femme en surpoids et dotée d’un caractère bien trempé. Celle que nous présente la série, bien que n’ayant pas sa langue dans sa poche est toute menue, à tel point que j’ai mis un certain temps avant de remarquer sa grossesse.

je trouve dommage cette impasse sur cette particularité physique, d’autant que ses soucis de santé viennent justement de son appétit féroce ! Ne serait-ce encore qu’un détail ?

 

 ...

Une énorme masse que je devinai être Mme Martin, l’épouse du gouverneur, occupait le lit. 

Dilman s’inclina devant elle et lui chuchota mon nom. Mme Martin était toute ronde, très ronde même, compte tenu de sa grossesse avancée, avec un petit nez pointu et une manière de regarder en plissant ses yeux de myope qui me fit penser à Madame Piquedru, des contes de Beatrix Potter. Question caractère, elle lui ressemblait nettement moins. Elle hissa une tête coiffée d’un bonnet froissé hors des couvertures. 

— Qui c’est, celle-là ? 

Dilman fit une nouvelle révérence. 

— La sage-femme, madame. Vous avez bien dormi ? 

— Bien sûr que non ! Comment voulez-vous que je dorme avec ce maudit enfant qui me pétrit le foie sans arrêt. J’ai vomi toute la nuit. Mes draps sont trempés de transpiration, et je grelotte de fièvre. On m’a dit qu’il n’y avait plus une sage-femme dans tout le pays. Où vous l’avez dégottée, dans la prison locale ?... 

  

... La neige et la cendre, chapitre 92 - La secrétaire 

 

Pour compenser cette petite entorse au roman, il faut reconnaître que les dialogues suivants respectent presque mot pour mot ceux de Diana. Si ce n’est qu’ils ont omis le détail du bonnet. En effet, avant de l’introduire devant la femme du gouverneur, on impose à Claire ce fameux bonnet qu’elle a toujours refusé de porter, au grand dam de Tom Christie.

 

...

 — Je n’avais encore jamais rencontré une meurtrière. 

     Elle avala le dernier morceau de toast et s’essuya les mains sur la serviette. 

 Je ne suis pas une meurtrière. 

— Forcément, vous n’allez pas affirmer le contraire. Elle saisit sa tasse de thé, m’observant avec intérêt. 

— Vous ne ressemblez pas une dépravée. Cela dit, vous n’avez pas l’air tout à fait respectable non plus... 

 

La neige et la cendre , chapitre 92 – La secrétaire

 

Avant de prendre congé l’une de l’autre, Mme Martine dit à Claire :

 — Je ne dirai rien des charges portées contre vous, si vous ne dites rien. 

 

Quel est le sous-entendu ? Que Claire ne dise rien sur les charges retenues contre elle ? Ou que Mme Martin n’était pas malade, mais c’était envoyé un peu trop de « fortifiants » ?

Je n’ai pas su trancher.

Claire est maintenant face au gouverneur. Un homme assez petit, sec, de mauvaise humeur et visiblement épuisé par les charges qui l’accablent, à savoir, gouverner le pays à feu et à sang tout en se terrant dans son navire.

Il refuse à Claire la permission de quitter le Cruizer pour, dit-elle, chercher des fournitures médicales. Il lui propose de rédiger une liste de ce dont elle a besoin.

 

C’est à cet instant qu’est annoncé le major McDonald. Vous savez ! Celui qui est allergique aux chats, celui qui a convaincu Jamie de devenir agent indien, sinon, il donnait le poste aux frères Brown. Oui, voilà, vous le remettez. 

En reconnaissant Claire, McDonald ne peut s’empêcher de dévoiler au gouverneur l’accusation de meurtre dont elle fait les frais et, pour bien enfoncer le clou, se permet de douter ouvertement de la fidélité à la couronne du couple Fraser. D’évidence, il n’a pas encaissé la démission de Jamie de sa fonction d’agent indien.

 

"Espèce de salopard de manipulateur" ! lui crache-t-elle au visage en le laissant partir.

Les chances pour Claire d’amadouer le Gouverneur s’amenuisent encore, car, comme il le précise : Être accusée d’un meurtre est une chose, mais être soupçonnée de trahison en est une autre ! 

 

Nous quittons le Cruizer et son brouillard pour retrouver Tom Christie, assis à la taverne, recevant la note écrite par Claire.

"Madame Fraser nous a assuré que vous étiez l’homme le plus à même de pouvoir l’aider", lui confie le porteur du courrier.

Des mots si doux à entendre pour un Tom Christie littéralement transformé.

Avez-vous remarqué qu’à partir de là, Tom se met à sourire ? Jusqu’à la toute fin, il a le sourire aux lèvres, et c’est incroyablement touchant de la part d’un personnage si tourmenté.

Il lit cette liste de course comme si c’était un billet doux, quand bien même  se trouve "Vir meus"... mon mari, parmi les ingrédients,

"Je suis très heureux de rendre service à Madame Fraser, et à la couronne", répond Tom, alors que nous savons toutes et tous que seule Claire compte à ses yeux.

 

Il sort de la taverne et retrouve Jamie afin de lui remettre le mot et lui indiquer le lieu où Claire est détenue.

Il a rempli son devoir. En partie.

Nous voici à nouveau sur le Cruizer. Je vous parle du brouillard ? Non, OK.

Claire est sur le pont afin de réclamer une couverture pour Madame Martin, elle est donc aux premières loges pour voir arriver la barque dans laquelle se trouve Jamie.

Le temps s’arrête. Pour elle, pour Jamie, pour nous aussi.

Plus rien n’existe autour d’eux, et pour le coup, pas besoin de brouillard pour faire disparaître tout ce qui ne les concerne pas.

Claire ressemble à une petite fille entièrement heureuse, son bonheur s'exprime sur son visage rayonnant.

Jamie est plus discret, mais tout se lit dans ses yeux. Son corps avance, bouge, semble se diriger vers le soldat ! Mais son regard est ancré dans celui de sa femme, vivante, enfin retrouvée.

 

... 

« Il vint. J’étais debout avant l’aube, n’ayant presque pas dormi, et me tenais sur le pont. La mer était pratiquement déserte. L’odeur âcre du bois brûlé se mêlait aux effluves des marécages boueux voisins. L’eau était calme et huileuse. Il faisait gris, et une épaisse brume flottait au-dessus des eaux, cachant le rivage.  

Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de regarder dans sa direction et, quand une modeste embarcation surgit hors de la brume, je sus tout de suite que c’était lui. Il était seul. 

Je contemplai les gestes lisses de ses bras et la traction des rames, et une grande sérénité m’envahit. Je n’avais aucune idée de l’avenir, et toute l’horreur et la colère liées à la mort de Malva étaient encore tapies au fond de mon esprit, une masse noire sous une fine couche de glace. Mais il était là. Assez près pour que je voie son visage quand il le tourna vers le navire. 

Je lui fis un signe de la main, mais il m’avait déjà repérée. Il ne cessa pas de ramer, mais changea de position pour faire face au bateau. J’attendis, serrant le garde-corps. 

La barque disparut un instant, passant sous le vent du Cruizer. J’entendis la vigie le héler et sa réponse, à peine audible. Au son de sa voix, un nœud serré au plus profond de moi se relâcha. Je restais prostrée, incapable de bouger. Sur le pont, il y eut des pas et des chuchotements, quelqu’un partit en courant prévenir le gouverneur, puis je me retournai et tombai dans les bras de Jamie. 

— Je savais que tu viendrais, murmurai-je dans les plis de sa chemise. 

Il empestait le brûlé, la fumée, la résine, la térébenthine, la sueur froide et les chevaux. Il sentait l’homme qui n’a pas dormi, qui a travaillé dur toute la nuit. Il dégageait l’odeur d’une faim restée longtemps inassouvie l me serra contre lui, me faisant sentir ses côtes, son souffle, sa chaleur et ses muscles, puis il s’écarta pour me dévisager. Il souriait depuis que je l’avais aperçu dans la barque. Sans un mot, il m’ôta mon bonnet et le lança pardessus bord. Il enfouit ses doigts dans ma chevelure, gonflant mes boucles, puis prit ma tête entre ses mains et m’embrassa. Sa barbe de trois jours me râpait la peau comme du papier de verre. Sa bouche sentait bon la maison et la sécurité. 

Derrière lui, un fusilier toussota. 

— Vous désiriez voir le gouverneur, monsieur ? Il me lâcha et se retourna. 

— En effet. 

Il me tendit la main. 

— Sassenach ? 

En suivant le soldat, je regardai derrière moi mon bonnet ballotté par les vagues. Il était rempli d’air, d’apparence aussi tranquille qu’une méduse. 

Cette illusion de paix s’évanouit dès que nous entrâmes dans la cabine du gouverneur 

 

“La neige et la cendre, chapitre 96 : Poudre à canon, trahison et marchandage.

Je pourrai presque vous recopier la suite du chapitre tant le dialogue entre Jamie et le gouverneur est fidèle à ce qu’a écrit Diana. Pourtant, les scénaristes ont pris le parti de tenir Claire à l’écart de cette rencontre. Je n’ai pas encore saisi pourquoi.

 

D’évidence, le gouverneur a été convaincu par les affirmations de McDonald et il refuse de remettre Claire à son époux. Pourtant, comme le lui fait remarquer Jamie, il a déclaré la loi martiale pour tout la région, il serait donc légitime de décider de son sort. Mais, d'évidence, il préfère profiter de cette situation douloureuse pour les Fraser afin de propose un marché : Que Jamie réunisse 200 hommes aptes à rejoindre l’armée anglaise, et sa femme sera libre.

Jamie a déjà subi ce chantage avec le gouverneur Tryon afin de pouvoir garder sa maison. Nous le savons avant même qu’il le confie à Ian : cette fois-ci, il refusera.

 

De retour sur terre, Jamie et Ian se rendent à la taverne et retrouve Tom Christie apparemment aviné, une bouteille à la main alors que nous le savons être un abstinent convaincu. Rappelez-vous, il avait même refusé de boire du whisky alors que Claire lui charcutait la main !

Là encore, il sourit. C’est incroyable à quel point ce sourire change cet homme que nous avons toujours connu sévère et intraitable.

 

— J’ai dû me battre contre mes démons. Mais c’est vous. C’est toujours vous ! Vous êtes la réponse à mes prières. dit-il à Jamie

— Vous avez bu beaucoup de Whisky ? 

— Il faut que vous m’aidiez. Par pitié. Je dois absolument faire quelque chose. 

 

Plein de compassion, Jamie lui propose de sortir pour prendre l’air. 

La conversation qui s’en suit (absente du livre) est une merveille et le jeu de Mark Lewis-John n’y est pas pour rien. Je vous la rapporte telle qu’elle est dans la version française.

 

— Au fil des ans j’ai vu des hommes venir vous demander de bien vouloir les aider. Vous avez toujours accepté. Refuserez-vous de m’aider ? 

Jamie reste silencieux, attentif, curieux et sûrement un peu inquiet.

Tom reprend.

— Laissez-moi aller sur le Cruizer. Laissez-moi dire au gouverneur ce que j’ai fait. Laissez-moi regarder madame Fraser dans les yeux une dernière fois et lui faire mes aveux. 

 

Depuis un moment déjà, nous nous doutions des sentiments ambigus de Tom pour Claire. Mais, certainement aidé par le whisky (et c’est sûrement la raison de son entorse à sa religion), Tom se livre à Jamie avec sincérité. Il lui fait confiance à tel point qu'il lui avoue aimer sa femme. Il ne le dit pas bien sûr ! Mais c’est tout comme.

Ce qui m’a dérangée, et c’est dommage, car sinon, cette scène aurait été sublime de point en point, c’est qu’à aucun moment, Tom n’explique à Jamie  "ce qu’il a fait" et  "de quels aveux il s’agit".

D’un point de vue scénaristique, je conçois qu'il était important de ne pas gâcher l’effet de surprise afin que nous apprenions la vérité lorsqu’il se confie à Claire. Mais cela fait légèrement boiter sa discussion avec Jamie.

Ce dernier est-il supposé être au courant ? Se doute-il de quelque-chose ? Est-il suffisamment respectueux pour ne pas en demander plus ?

 

Il rappelle à Christie sa promesse à Claire le jour de leur mariage, à savoir, la protection de son nom, de son clan, de sa famille, voire, de son corps. Mais Christie résiste. 

— Je pense vraiment que si vous me laissez la rejoindre, vous honorerez votre promesse de la même manière, comme vous avez honoré les promesses faites à ceux d’entre nous qui étaient à Ardsmuir. 

         

Ce n’est pas rien, pour Tom Christie, de faire référence à Ardsmuir, alors qu’à cette époque, leurs rapports étaient pour le moins tendus. Mais il est évident que quelque chose s’est passé en lui. C’est comme s’il avait lâché prise. C’est souvent ce qui arrive lorsqu’on a pris une décision. On peut laisser s’envoler tout le reste. C’est pour ça qu’il sourit encore, parce qu’il sait ce qu’il doit faire, il n’est plus en conflit, ni avec lui, ni avec Jamie, ni même avec Dieu.

 

Pourtant, le bilan qu’il fait sur sa vie est désastreux : Son nom n’a aucun poids dans le monde, il n’a plus de clan, sa famille est détruite.

— Permettez-moi d’aller faire ça, supplie-t-il à nouveau. 

Là encore, il n’en dit pas plus mais ça passe. Ça passe parce que le regard de Jamie (enfin, celui de Sam, mais parfois, il est difficile de faire la différence) est plein de compréhension. C’est l’un des nombreux talents de ce laird écossais… connaître ses hommes. Et sans en maîtriser tous les rouages, il a bien compris que, d’une manière ou d’une autre, Tom est bien décidé à se sacrifier pour sa femme.

 

Avant que Tom ne reprenne la parole, nous entendons la cloche de l’église sonner, tel un symbole religieux validant le sacrifice de Tom Christie. Un symbole qui doit parler à l’un comme à l’autre.

- Allez-y, dit Jamie. Ramenez-moi ma femme. 

 

Comme pour confirmer son désir de sacrifice, Tom demande à Jamie quel aurait été son éloge funèbre s’il y en avait un. 

- J’aurais dit que Thomas Christie était un honorable écossais. Un meneur d’hommes, à sa manière, bien qu’il ignorait où il devait les mener. Têtu comme une satanée mule. Mais, en dépit de nos différences, c’était un homme que je respectais et dont j’espère avoir eu le respect en retour. 

 

Le regard de Tom Christie à ce moment-là est l’incarnation du bonheur. Mon Dieu que c’est homme est touchant !

Nous revoilà donc dans le brouillard. (rhôooo, je vous ai dit que je n’en parlerai plus.)  

Sur le pont du Cruizer, Claire s’attend à ce que la barque qui se dessine au loin lui apporte son mari, mais elle finit par reconnaitre Tom.

Nous les retrouvons tous les deux dans ce qui semble servir de chambre à Claire.

C’est là que Tom Christie se confie enfin. Et c’est là, probablement, la scène la plus merveilleuse de cet épisode. Elle est la réplique presque exacte du chapitre 97 — une profession de foi.

 

...

Il me dévisagea de longues minutes en silence, puis fixa les eaux grises. Il semblait rassembler son courage.  

— Je suis venu m’avouer coupable du meurtre de ma fille.  

Je le fixai sans comprendre. Puis j’assemblai ses mots en une phrase cohérente, la relus dans mon esprit et saisis enfin. 

— Je ne vous crois pas. 

 L’ombre d’un sourire s’insinua sous sa barbe et disparut aussitôt… 

— Je vois que vous n’avez pas perdu votre esprit de contradiction. 

— Vous êtes tombé sur la tête ou quoi ? C’est encore une idée de Jamie ? Parce que si c’est le cas… 

Il m’arrêta en m’agrippant le poignet. Je tressaillis, ne m’étant pas attendue à ce geste. 

— C’est la vérité, dit-il doucement. Je le jurerai sur la sainte Bible. 

Il soutint mon regard, et je me rendis compte alors qu’il avait rarement braqué ses yeux sur moi jusqu’à aujourd’hui. Depuis que je le connaissais, il les détournait toujours, me fuyant, comme s’il refusait de reconnaître mon existence, même quand il était contraint de me parler. 

Mais cette fois, son regard était droit, empli d’une lueur comme je n’en avais encore jamais vu. Cernés de rides de douleur et de souffrance, les paupières lourdes de chagrin, ses yeux eux-mêmes étaient calmes et profonds comme la mer sous nos pieds. Cette horreur muette, cette douleur paralysante qui l’avait écrasé durant tout notre périple cauchemardesque vers le sud l’avait quitté, cédant la place à une détermination et autre chose… quelque sentiment qui brûlait au fin fond de son âme. 

— Pourquoi ? demandai-je enfin. 

Il lâcha mon bras et recula d’un pas. 

— Vous vous souvenez qu’un jour vous m’avez demandé si je vous prenais pour une sorcière ? 

— Oui, je m’en souviens, répondis-je sur mes gardes. Vous m’avez répondu que vous croyiez aux sorcières, mais que je n’en étais pas une. 

Il hocha la tête, ses yeux gris et sombres me sondant. Je me demandai s’il était en train de revoir son jugement, mais non. Il reprit, très sérieux : 

— J’y crois parce que j’en ai déjà rencontré. La fille en était une, comme sa mère avant elle. 

— La fille… vous voulez dire votre fille ? Malva ? 

— Ce n’était pas ma fille. 

— Mais… ses yeux… Elle avait vos yeux. 

— Elle avait les yeux de mon frère. 

Il se tourna vers la côte et posa les mains sur le garde-corps, le regard perdu au loin. 

— Il s’appelait Edgar. Lors du soulèvement, j’ai pris parti pour les Stuart. Edgar était contre, disant que c’était de la folie. Il m’a supplié de ne pas partir. 

Il secoua tristement la tête, revivant ses souvenirs. 

— Je pensais que… Bah, peu importe ce que j’ai pensé, je suis parti. Mais avant, je lui ai demandé de prendre soin de ma femme et du petit. Ce qu’il a fait. 

 — Je vois, murmurai-je. 

Il se retourna vers moi, me transperçant de son regard gris. 

— Ce n’était pas sa faute ! Mona était une sorcière… une enchanteresse. Je vois bien que vous ne me croyez pas, mais c’est la vérité. Je l’ai surprise plus d’une fois, préparant ses sortilèges, observant la lune. Un soir, je suis monté sur le toit à minuit, la cherchant. Nue, elle fixait les étoiles, au centre d’un pentacle tracé avec le sang d’une colombe qu’elle avait étranglée. Ses cheveux étaient détachés, volant au vent. 

— Ses cheveux… 

Je compris alors. 

— Elle avait des cheveux comme les miens, n’est-ce pas ? 

 Il acquiesça, baissant les yeux. 

— Elle était… ce qu’elle était. J’ai tenté de la sauver… par la prière, par l’amour. J’ai échoué. 

— Que lui est-il arrivé ? 

Je parlais à voix basse. Avec le frais, le risque qu’on nous entende était mince, mais je ne souhaitais pas ébruiter ce genre de conversation. 

 — On l’a pendue, répondit-il d’un ton presque détaché. Pour le meurtre de mon frère. 

Cela s’était passé pendant l’emprisonnement de Tom à Ardsmuir. Elle lui avait écrit, peu avant son exécution, lui annonçant la naissance de Malva et qu’elle avait confié les deux enfants à la veuve d’Edgar. 

— Cela devait l’amuser. Mona avait un étrange sens de l’humour. 

Je me frottai les bras, prise de frissons. 

— Mais vous les avez récupérés… Allan et Malva 

 

 

 

— La fille… elle n’avait pas cinq ans quand je l’ai vue la première fois, mais elle l’avait déjà en elle… la même sournoiserie, le même charme, la même noirceur dans âme. 

Il avait fait de son mieux pour la sauver elle aussi, pour lui faire sortir sa méchanceté à coups de trique, pour contenir sa sauvagerie et, surtout, pour l’empêcher d’exercer ses artifices sur les hommes. 

— Sa mère était pareille. Il lui fallait tous les hommes. Elles portaient toutes les deux en elles la malédiction de Lilith. 

— Mais Malva était enceinte, dis-je. 

Son visage pâlit encore un peu plus, mais sa voix était ferme. 

— Oui, en effet. Mais je ne pense pas que ce soit mal d’empêcher une autre sorcière de venir au monde. 

En voyant mon expression, il continua avant que je l’interrompe. 

— Saviez-vous qu’elle a essayé de vous tuer ? Vous et moi. 

— Me tuer ? Mais comment ? 

— Quand vous lui avez parlé de ces choses invisibles, les… les microbes, cela l’a fascinée. C’est elle qui me l’a dit, quand je l’ai surprise avec les os. 

Un frisson glacé me parcourut l’échine. 

— Quels os ? 

— Ceux qu’elle a volés dans la tombe d’Ephraïm pour jeter un sort à votre mari. Elle ne les avait pas tous utilisés et j’en ai retrouvé dans son panier à couture. Quand je l’ai battue, elle m’a tout raconté. 

 

 

 

 Vous êtes sûr ? murmurai-je. 

Il acquiesça sans insister, ce qui acheva de me convaincre. 

— Elle voulait… Jamie ? 

Il ferma les yeux un instant. Le soleil se levait derrière nous, et la surface de l’eau brillait comme un plateau d’argent. 

— Elle voulait… tout. Elle désirait ardemment la richesse, le rang, ce qu’elle considérait comme la liberté et non de la luxure… Elle ne voyait jamais la luxure dans ses actes ! 

Il s’emporta brutalement, et je me dis que Malva n’avait pas été la seule à ne pas voir les choses sous le même angle que lui. 

Son charme d’amour n’avait pas opéré. L’épidémie était alors survenue, et elle avait opté pour des mesures plus directes pour arriver à ses fins. Même si cela me dépassait, je savais que c’était vrai. Puis, se retrouvant enceinte, elle avait eu une nouvelle idée. 

— Vous savez qui était le père ? questionnai-je. 

Ma gorge était nouée, comme elle le serait sans doute chaque fois que je reverrais en pensée le potager sous le soleil et les deux corps étendus. Quel gâchis ! 

Il fit non de la tête, évitant mon regard. J’en déduisis qu’il avait au moins une petite idée, mais qu’il ne m’en parlerait pas. Cela n’avait plus d’importance. Le gouverneur n’allait pas tarder à se lever et à le recevoir. Christie entendit lui aussi les bruits sous le pont. 

 

 

 

— J’ai attendu toute ma vie, en quête de… 

Il agita sa main libre dans l’air, puis referma ses doigts comme s’il avait rattrapé sa pensée au vol. Il reprit sur un ton plus assuré : 

— Non, dans l’espoir. L’espoir de quelque chose que je ne pouvais nommer, mais dont je n’ai jamais douté de l’existence. 

Ses yeux scrutèrent mon visage, intenses, comme s’il mémorisait chacun de mes traits. Gênée par cet examen, je levai une main, sans doute pour remettre de l’ordre dans mes cheveux hirsutes, mais il l’attrapa et la retint. 

— Laissez. 

Mes deux mains prisonnières dans les siennes, je n’avais guère le choix. 

— Thomas… Monsieur Christie… 

— Je me suis convaincu que Dieu était ce que je cherchais. C’était peut-être vrai. Mais Dieu n’est pas fait de chair et de sang, et l’amour de Dieu à lui seul ne peut m’aider à vivre. J’ai rédigé ma confession. 

Il me lâcha une main et sortit un papier plié de sa poche, le tenant entre ses doigts courts et solides. 

— Dedans, j’ai écrit que j’avais tué ma fille pour le déshonneur que m’ont causé ses débauches. 

— C’est faux, dis-je d’une voix ferme. Je sais que vous ne l’avez pas fait. 

 Il me dévisagea fixement, puis répondit sur un ton détaché : 

— Non, mais j’aurais dû. J’ai fait une copie de mes aveux et l’ai envoyée au journal de New Bern. Il le publiera. Le gouverneur l’acceptera — comment pourrait-il faire autrement ? — et vous serez libre. 

Ces trois derniers mots me stupéfièrent. Il me tenait toujours la main droite. Son pouce caressa doucement mes doigts. J’avais envie de me libérer, mais me forçai à rester immobile, contrainte par son regard, clair et nu, sans le moindre déguisement. 

 Il reprit doucement : 

— J’ai toujours rêvé d’un amour partagé. J’ai passé ma vie à m’efforcer de donner mon amour à des personnes qui ne le méritaient pas. Laissez-moi ce plaisir de donner ma vie pour quelqu’un qui le mérite. 

Je n’avais plus d’air. Je balbutiai : 

— Monsieur Chri… Tom. Vous ne devez pas. Votre vie… est précieuse. Vous ne pouvez pas la gaspiller ainsi ! 

— Je le sais. Si tel n’était pas le cas, cela n’aurait aucun intérêt...  

... 

 

Dans le livre, sa confession s’arrête ici.

Dans la série, Christie rajoute.

— Maintenant, je sais que je vous aime. 

Et bien que,  puriste quand il s’agit de littérature, je trouve que c’est une très bonne idée, d’autant que, encore une fois, Mark Lewis-John est tout simplement stupéfiant.

 

J’espère que vous me pardonnerez cette longue retranscription du livre, mais je la trouve tellement merveilleuse que je n’ai pas pu résister à l’envie de la partager avec vous.

La scène suivante nous montre Claire dans la barque, sortir de ce satané brouillard pour retrouver Jamie qui l’attend avec impatience sur le quai.

Et là, je me suis dit que ce brouillard était peut-être une métaphore, comme les barreaux d’une prison que la mer a fabriqués pour elle. Peut-être le flou de sa destinée, ou encore, cet espace douloureusement infranchissable qu’un Dieu païen aurait placé entre Claire et son époux. Un brouillard qui ne la laisserait passer que si un homme aimant se sacrifiait pour l’en libérer.

  

Finalement, Claire et Jamie sont allongés sur le lit de leur chambre d’auberge.

Côte à côte, encore vêtus, ils ne se rejoignent pas comme ils ont coutume de le faire. Peut-être parce que ce serait inconvenant vis-à-vis de Tom et aussi parce qu’ils sont épuisés, tout simplement.

Claire se demande pourquoi Tom s’est sacrifié ainsi pour elle.

D’après les réponses de Jamie, nous comprenons que Tom et lui ont eu une conversation bien plus détaillée que celle à laquelle nous avons assisté. Cela m’a fait du bien de le réaliser. Jamie savait donc ce que Tom allait avouer.

 Dis-moi qu’il n’a pas fait ces aveux pour moi, supplie Claire.

—  Il t’aime, lui répond simplement Jamie.

    

Il sait bien ce qu’un homme est prêt à accomplir pour l’amour de Claire.

Il sait, et le dit si bien, que ce sacrifice n’est pas une injustice, mais à l’inverse, un cadeau que Claire lui a offert, en lui permettant de lui offrir sa vie. Acte qui donne tout son sens au titre de l’épisode : "Une vie bien perdue". 

 

Je pensais que ce serait la dernière scène. Cela aurait fait un beau final.

Mais, à peine Claire endormie, Jamie se lève discrètement.

 

Nous nous retrouvons dans une autre chambre de l’auberge dans laquelle entre Richard Brown.

Oui ! Voilà ce qu’il manquait ! Voilà à qui appartenait ce fameux cheval devant lequel Jamie est resté interdit.

— Je l’aurais reconnu entre mille. J’ai fixé son cul durant 350 kilomètres, dit Jamie assis dans un coin sombre de la pièce.  

À son regard dur, il paraît évident qu’il est venu pour le tuer. 

 Si vous touchez un seul de mes cheveux, vous serez pourchassé par mes hommes et ils tueront tous ceux qui vous sont chers. 

— À l’heure qu’il est, mon neveu est allé rendre une petite visite à vos hommes. Ils ne nous poseront plus de problème. 

— Vous êtes un homme d’une grande moralité. 

— Je peux être d’une violence extrême. S’il y a une once de bonté en moi, je la dois à ma femme, et vous avez essayé de me l’enlever. 

—  Vous ne me tuerez pas. Vous n’oseriez pas. 

— Faites la paix avec le seigneur maintenant. 

 

S’en est fini avec les Brown. Justice est faite.