Possession
Allégeance
Protection
Consentement

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Diana Gabaldon renonce ainsi à toutes sortes de facilités pour nous conter avec une subtilité éblouissante les cheminements émotionnels de chacun, dans la vérité de ce qu’ils ressentent au cours des épreuves traversées : le traumatisme de la nuit de Wentworth inscrit pour très longtemps chez Jamie, leur duplicité secrète et douloureuse pour éviter Culloden, les dangers de la cour du Roi, le presque chantage de Claire pour sauver Frank et la trahison de Jamie de sa promesse peu après, la mort de Faith, leur séparation de trois mois, leurs échecs et leurs désespoirs…

Cette période de leur vie est pour moi la plus triste car en se dévouant à cette mission quasi sacrificielle de sauver l’Ecosse d’un désastre annoncé, ils prennent le risque de se décentrer d’eux-mêmes et de leur couple. Heureusement, ils ne perdent pas l’essentiel : l’honnêteté et la confiance. Ces deux fondements intangibles de leur relation sont la clé de leur réussite amoureuse dans ces moments fragiles. Diana Gabaldon a d’ailleurs cité, lors d’interviews, ces deux notions pour expliquer leur capacité à surmonter les difficultés de leurs retrouvailles dans le tome 3, mais c’est une autre histoire…

 

Pour revenir à la possession et l’allégeance selon Jamie, ce sujet ne faiblit pas au cours de ce second volet. Blood of my blood, bone of my bone, je te donne mon corps pour que nous ne fassions qu’un, ce serment n’est pas qu’une formule nuptiale pour Jamie, il est son serment de vie à Claire. Il lui dit aussi à multiples reprises : « Tu tiens mon cœur et mon âme entre tes mains ». S’il vit cet amour avec une telle intensité empreinte de dépendance, au point que son cœur et son âme reposent chez Claire, alors on peut mieux comprendre cette volonté de la posséder. Car, bien loin de la domination, j’imagine alors que cette possession exclusive devient pour lui le moyen de se réunifier, de se sentir complet…

Sans elle, il ne peut désormais plus l’être.

 

Le consentement s’exprime moins souvent dans ce tome, sûrement parce que leur relation est désormais établie. Ils ont dépassé le stade de la rencontre et des premières découvertes mutuelles pour commencer à s’accorder dans une meilleure connaissance de l’autre. Néanmoins, elle reste vivace chez Jamie lorsque les circonstances s’y prêtent, même après coup : il insiste à ce sujet quand il revient avec elle sur la mise en scène dans laquelle il l’a embarquée lors de la capture du jeune Lord John Grey.

 

Enfin, la protection est une constante de son attitude envers Claire. Elle prend souvent des formes amusantes dans le contexte courtisan de Paris, et ne se dément jamais, jusqu’au paroxysme tragique de leur séparation…

 

Cette fois-ci, j’ai envie de partager avec vous un thème supplémentaire qui traverse, pour moi, spécifiquement ce deuxième tome, parce qu’il révèle adroitement les facettes multiples de leur relation conjugale… j’ai nommé la jalousie !

 

Il y a d’abord la jalousie amusante, dans l’épisode de la robe rouge à Versailles. Après lui avoir dit, horrifié, qu’il lui voit le nombril tant elle est découverte et décolletée, Jamie endure la soirée à la cour, se sépare d’elle à regret pour suivre Annabelle auprès du roi non sans l’avoir prudemment menacée, mais finira malgré tout par noyer partiellement un vicomte trop entreprenant. Cet épisode nourrit leur complicité et les rapproche.

 

Chacun exprime aussi sa jalousie de manière explicite lorsqu’elle se manifeste à l’égard d’une personne en particulier. Jamie l’avoue pour la première fois, à ma connaissance, au sujet de Frank : « Je mentirais en prétendant que je ne suis pas dévoré de jalousie. », sans s’y attarder.

De manière toute aussi furtive, Claire n’hésite pas à se comparer à Annabelle de Marillac, avec cette pointe d’envie quand elle entend Jamie évoquer sa grâce et sa légèreté avec tendresse. Là encore, l’échange reste complice et amoureux. Mais il illustre la confiance que Claire semble avoir en partie perdue. Sa grossesse et la transformation de son corps n’en sont sûrement pas la cause, puisque Jamie célèbre souvent cette maternité. Malgré leurs élans et leur amour, ils se voient moins, leur relation est parfois heurtée, et la nuit de Wentworth continue de se dresser entre eux au creux de leur précieuse intimité. Claire s’obstine malgré tout, et improvise des tentatives originales de séduction, comme l’épisode d’épilation à la cire, ou sa proposition joueuse de se faire percer les seins.

 

Et puis arrive l’étourdissante scène de la morsure, à la fois hilarante et profondément significative.

Hilarante parce que Diana Gabaldon l’écrit sur le rythme d’un vaudeville théâtral, très visuel, avec notamment les entrées et sorties successives de la servante Marguerite ponctuées de remarques comiques : « – Un petit chien, peut-être ? suggéra-t-elle. – Dehors ! lui ordonnai-je. (…) – Doux Jésus ! murmura Marguerite qui venait de revenir avec de l'eau chaude. – Vous, on ne vous a pas sonnée ! glapis-je. (…) – Ne vous en faites pas. Monsieur, j'en ai vu d'autres ! (…) – Mon Dieu, qu'il est gros ! souffla-t-elle en se signant. – Marguerite, ce sera tout, merci, la congédiai-je. ».

Il y a aussi l’amusante divergence de point de vue homme / femme (pour l’avoir souvent entendue autour de moi lors de conversations de couples) au sujet de l’infidélité : « Tu considères que le simple fait de désirer une autre femme constitue une infidélité ? (…) Et quand bien même j'aurais couché avec une putain, qu'est-ce que tu ferais ? (…) – Je te tuerais ! (…) Me tuer ? Rien que ça ! Moi, si je te trouvais avec un autre homme, c'est lui que je tuerais. (…) Naturellement, je t'en voudrais, mais quand même, c'est lui que je tuerais. – Vous les hommes, vous êtes bien tous pareils ! Toujours à côté de la plaque ! »

Enfin, il y a son geste de lui verser de l’eau glacée sur la tête alors qu’il s’abandonne en confiance dans son bain, parce qu’après la morsure à la cuisse elle vient de découvrir un suçon dans son cou.

Claire elle-même conserve son habituelle dose d’auto-dérision en ressentant la part de ridicule de sa propre attitude. Pourtant, malgré sa colère, elle ne rejoue pas ici la scène de jalousie du tome 1, lors de leur retour à Leoch, lorsqu’elle croyait Jamie auprès de Laoghaire alors qu’il lui achetait une alliance. D’évidence, elle ne peut pas bien prendre cette morsure, marque d’intimité physique chez son homme, quand elle-même en est privée. Mais malgré tous ces signes, elle a cette fois-ci acquis une telle confiance en Jamie qu’elle croit à sa parole.

 

Alors, qu’est-ce qui la blesse autant ?

Même si ce n’est pas explicite dans le texte, j’imagine que la colère de Claire ne vient pas de Jamie, elle est beaucoup plus personnelle et révèle son orgueil amoureux blessé.

A mon sens, cette scène est essentielle dans leur chemin de retrouvailles intimes, parce que Diana a la virtuosité de mettre à jour l’ampleur du traumatisme de Jamie, à un moment crucial où il reprend justement le chemin d’une guérison sensuelle, mais sans que ce soit auprès de Claire. Elle ne peut être partie prenante de cette étape de guérison chez Jamie, en tout cas pas en tant qu’objet de désir initial. C’est là toute la subtilité et la justesse de ce que Jamie traverse, et il a besoin de se dire et d’être entendu par elle dans ce qu’il vit, justement pour la retrouver.

Oui, elle l’a sauvée de Wentworth, comme elle l’a également sauvée d’une mort psychique à l’abbaye de Sainte-Anne, lors de leur nuit de confrontation où elle est allée le rechercher dans ces ténèbres suicidaires dont il ne pouvait revenir seul. Elle a accompli un exploit tel qu’il le qualifie lui-même de sortilège. Son orgueil pourrait lui laisser croire qu’elle serait de nouveau la clé de sa guérison complète. Or, justement parce qu’elle est plus que ça, sa destination, son port d’attache, elle ne peut l’accompagner dans cette part du chemin.

Elle le pressent d’ailleurs, elle se voit impuissante face à ses cauchemars, justement parce que Jack Randall a utilisé son image intime pour tenter de détruire Jamie. Il doit revenir vers Claire sans l’associer à son bourreau, et il le trouve de manière inattendue, lors d’une de ses tournées masculines qui le font suivre Charles-Edouard Stuart.

Ce n’est peut-être pas « romantiquement correct », mais c’est bien la vérité de ce qu’il vit. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que j'avais envie de me joindre à eux et de forniquer comme une bête ? Eh bien, oui ! Ça me démangeait les couilles, si tu veux savoir. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai touché une de ces traînées. (…) Je ne comprends pas ce qui m'arrive, Sassenach, ou plutôt si... Ça a commencé peu après Wentworth. Au début, j'ai cru que Jack Randall m'avait volé une partie de mon âme. Et puis j'ai compris que c'était pire que ça. Ces sentiments contradictoires étaient déjà en moi, depuis toujours. Il n'a fait que me révéler à moi-même. C'est ce que je ne lui pardonnerai jamais ! »

Dans ce moment crucial, leur honnêteté et leur confiance permettent à Claire d’accueillir Jamie dans ce retour non conventionnel à la sensualité et au désir. En acceptant de l’entendre, elle peut l’accueillir dans la vérité intime qu’il dévoile, dans sa confusion et son trouble. En s’ouvrant ainsi à elle, en partageant des ressentis qu’il reconnaît tout en les réprouvant, elle peut à son tour se dire dans ce qu’elle ressent de similaire.

Cette reconnaissance mutuelle leur permet de faire tomber les dernières barrières de réticence, de renoncer à une culpabilité qui n’a plus de raison d’être, et de se retrouver pleinement.

 

Plus tard, la jalousie s’exprime de nouveau sur un épisode bien plus délicat : le prix que Claire a choisi de payer pour le libérer de la Bastille suite à son duel. Dans cette honnêteté et cette confiance renouvelées, elle avoue non seulement l’avoir fait en partie pour le blesser et se venger de sa trahison (dont elle ne connaissait pas encore la raison, Fergus ne se confie que plus tard), mais elle lui demande elle-même d’être punie de sa main, pour expier ce qu’elle considère comme une faute vis-à-vis de lui. Elle ne regrette pas le prix payé auprès du roi pour le sauver (« J’aurais fait pire s’il l’avait fallu »), elle regrette d’avoir voulu l’éloigner d’elle et lui avoir fait volontairement du mal. Pour réparer cette atteinte à l’orgueil de Jamie, elle veut payer cette faute de sa main. Il choisit une autre punition en la contraignant à plonger, je dirais d’âme à âme, au tréfond de son regard et de son abîme de douleurs.

 

Le tome s’achève sur leur séparation déchirante, à l’aube du massacre inévitable de Culloden. Avec un cœur et un courage amoureux digne du King of the men, Jamie trouve la force de dépasser cette possession, et sa jalousie assumée, pour ne servir que la protection : qu’elle vive, que l’enfant vive… auprès de Frank.

 

Je vous souhaite une belle lecture !

Carolyn

Jamie Fraser :

entre possession et allégeance, consentement et protection 

 

  

Tome 2 

Par Carolyn Garcin 

 

 

Outlander

 Le Talisman - Tome 2

 

Comme promis, voici la suite de la lecture d’Outlander et du parcours de Jamie sous l’angle de sa relation amoureuse à Claire, sur les thèmes déjà évoqués de la possession, de l’allégeance, du consentement et de la protection.

 

Comme pour le premier tome, je vous livre les extraits bruts, référencés chronologiquement par chapitre et page (qui varie selon les éditions), en tentant d’aller à l’essentiel, ce qui oblige à de nombreuses coupes mentionnées par un (…), tout en laissant les éléments de contexte qui vous permettent de retrouver l’émotion du moment.

 

Le Talisman raconte, à mon sens, la période la plus sombre de leur relation amoureuse. Diana Gabaldon a souvent expliqué qu’Outlander n’était pas une romance, au sens où elle ne traitait pas de la séduction, avec ses conquêtes, ses ruptures, ses incompréhensions, ses égarements et ses doutes, sources de rebondissements scénaristiques bien connus. Non, elle souhaitait raconter la vie d’un couple marié sur plusieurs décennies, en posant le principe d’un amour mutuel qui ne faiblit pas au cours du temps. Et c’est ce parti pris qui m’a enchantée. Car elle explore les facettes infinies de la relation de deux êtres aimants qui se veulent mutuellement du bien, ce que la littérature ne fait que trop rarement.

 

TOME 2 Le Talisman 

 

 

Chapitre 4 p66 1968, séjour de Claire en Ecosse avec Brianna 

Car j'étais revenue, et les rêves étaient réapparus, comme la brise fraîche des Highlands. La voix de mon rêve résonnait dans mes oreilles et dans mon cœur. Elle me disait : « Tu es à moi ! À moi ! Et je ne te laisserai plus m'abandonner. »

 

Chapitre 5 p76 Récit à Brianna et Roger 

– J'ai été jugée et condamnée pour sorcellerie, poursuivis-je. C'était dans le village de Cranesmuir, au pied du château. Jamie m'a sauvée, et c'est là que je lui ai raconté toute la vérité. Il m'a raccompagnée à Craigh na Dun et m'a dit de rentrer chez moi... de retourner auprès de Frank. (…) – Rentre chez toi ! m'a-t-il dit. Il n'y a rien ici pour toi ! Rien que des dangers... Mais il était trop tard. (…) – J'aimais Frank, dis-je doucement en évitant le regard de Brianna. Je l'aimais sincèrement. Mais à ce moment-là, Jamie était tout pour moi. Je n'ai pas pu le quitter... Je ne pouvais pas, répétai-je.

 

Chapitre 6 p89 Paris, au sujet de sa grossesse 

– Je suis heureux. Et fier. Mais j'ai aussi terriblement peur. – Peur de quoi ? De la naissance ? Tout ira bien, tu verras. Je comprenais ses craintes. Sa mère était morte à sa naissance, et l'accouchement et ses complications étaient une des premières causes de mortalité féminine. (…) – Ce n'est pas tout, reprit-il. Je veux pouvoir vous protéger, vous envelopper de mon corps... toi et l'enfant, comme un manteau. (…)  Je ferais n'importe quoi pour toi... mais... je ne peux rien faire. J'ai beau être costaud et attentif, je ne peux pas t'accompagner dans cette épreuve... ni t'aider en aucune manière. Quand je pense à tout ce que tu risques... oui, ça me fait peur, Sassenach. (...) Oh, Claire ! reprit-il. Je t'aime tellement que j'ai l'impression que mon cœur va lâcher. 

 

(p97) Intimité 

– C'est toi qui m'as mis au lit ? – J'ai essayé, mais je n'y suis pas arrivée. (…) Tu as repris connaissance vers le milieu de la nuit et tu as rampé tout seul jusqu'au lit. (…) Tu semblais avoir une idée fixe. – Une idée fixe ? (…) – Non ! Ne me dis pas que... (…) Ce n'est pas juste ! Je ne me souviens de rien ! (…) – Tu répétais sans cesse « je t'aime », comme si tu ne savais plus rien dire d'autre. – Plains-toi !

 

p108 La variole sur le port 

La réaction ne se fit pas attendre : le capitaine du Patagonia poussa un cri d'angoisse. Il avança d'un pas, le visage contracté par la haine, et leva une main comme pour me frapper. – Ce n'est pas possible ! Cette femme est folle ! Salope ! Vous voulez ma ruine ? Ses dernières paroles moururent dans un gargouillement étouffé, car la main de Jamie venait de se refermer sur son cou. L'autre main saisit le malotru par le jabot et le souleva sur la pointe des pieds. – J'aimerais que vous parliez à ma femme avec un peu plus de respect, monsieur, déclara Jamie calmement. (…)  – Ne t'inquiète pas, Sassenach. Je sais m'occuper de moi-même. Je peux aussi veiller sur toi, si tu veux bien me laisser faire. Il y avait un sourire dans sa voix, et aussi une interrogation. Je hochai la tête et appuyai ma nuque contre sa poitrine. – Je te laisserai faire tout ce que tu veux, promis-je.

 

Chapitre 7 p131 Tenter d’inverser l’histoire et Culloden 

Il tendit la main vers moi et me caressa les cheveux. – (…) Au fond de moi, je n'aspire qu'à t'emmener, toi et notre enfant, loin, très loin d'ici, et à passer le reste de mes jours à travailler dans les champs et à m'occuper des bêtes, pour rentrer le soir me coucher près de toi. Son visage était redevenu grave. (…) – Mais si je le faisais, reprit-il comme s'il se parlait à lui-même, j'aurais l'impression d'avoir trahi les miens... et je crois que tout le restant de ma vie, j'entendrais la voix de mes hommes me rappelant à mon devoir.

 

Chapitre 9 p151-158 La robe rouge à Versailles 

– Les nobles ne s'intéressent qu'aux apparences. Alors pour commencer, il faut leur présenter quelque chose d'intéressant à regarder. À en juger par le regard médusé inscrit à présent sur son visage, j'avais bien compris la consigne. (…) – Elle attire le regard ? s'insurgea-t-il. Tu appelles ça « attirer le regard » ? Tu es pratiquement la poitrine nue ! (…). Puis il plongea le regard dans mon décolleté pigeonnant. – Bon sang ! Je peux voir ton nombril ! Tu ne comptes tout de même pas te montrer en public dans cette tenue ! (…) – Allez, Jamie... Tu es déjà allé à la Cour. Tu sais bien que cette robe n'est pas si provocante. Il baissa les yeux vers moi et sourit, l'air penaud. – C'est vrai, convint-il. Mais tu es ma femme. Je n'ai pas envie qu'on te reluque comme j'ai reluqué moi-même ces femmes. (…) Pour ce qui était d'attirer l'attention, la robe fut un succès absolu. En revanche, la tension artérielle de Jamie en prit un coup. 

 

(…) Jamie hésita et Annabelle tira un peu plus fort sur son bras. – Allez, venez ! insista-t-elle. Ne craignez rien pour votre épouse... Elle me lança un regard appréciateur. – ... elle ne restera pas seule bien longtemps, acheva-t-elle. – C'est bien ce que je crains, grommela Jamie. D'accord, je vous suis, mais donnez-moi un instant. Il se libéra momentanément de l'emprise d'Annabelle et, m'entraînant à l'écart, me glissa à l'oreille : – Si je te retrouve dans une de ces alcôves, Sassenach, je tue celui qui est avec toi. Quant à toi... (…) Je trouverai bien quelque chose, rétorqua-t-il. Je ne sais pas encore... mais quelque chose qui ne te fera pas plaisir. Sur ce, après avoir lancé un dernier regard menaçant à la ronde et posé ostensiblement une main sur mon épaule pour bien marquer son territoire, il se laissa entraîner par Annabelle.

 

(…) Mais ce n'était ni la robe ni les formes dont elle ne cachait rien qui me stupéfièrent (…) Le travail de joaillerie était remarquable et les matières sublimes, mais ce fut de constater que les anneaux traversaient les tétons qui manqua me faire tourner de l'œil. (…) – Elle a dit à Marie d'Arbanville que c'était maître Raymond qui lui avait percé les seins, lui glissai-je à l'oreille. (…) Tu veux que je prenne rendez-vous ? demandai-je. Je suis sûre qu'il me le fera à l'œil si je lui donne ma recette du tonique au carvi. (…) – Ose encore adresser une seule parole à ce maître Raymond, siffla-t-il, et c'est moi-même qui te les percerai... avec les dents ! 

 

(…) Le vicomte chancela, les yeux larmoyants, glissa sur un de mes souliers et tomba la tête la première dans les bras de Jamie qui se tenait sur le pas de la porte. – Pour ce qui est de se faire remarquer, c'est réussi ! grommelai-je à Jamie un peu plus tard. – Bah ! répondit-il. Ce salaud a de la chance que je ne lui aie pas coupé les couilles pour les lui faire bouffer ! – Quelle bonne idée ! Je suis sûre que les courtisans auraient apprécié le spectacle. Remarque, lui tenir la tête sous l'eau pendant une minute dans le bassin de Neptune, ce n'était pas mal non plus ! Il sourit malgré lui. – Au moins, je ne l'ai pas noyé comme il le méritait. – Le vicomte est certainement très impressionné par ta... retenue. Il se remit à rire.

 

(p160) – Tu étais sérieux hier soir à propos de maître Raymond ? demandai-je à Jamie. Tu ne veux vraiment pas que je le revoie ou c'était juste que tu ne tiens pas à ce que je me fasse percer les seins ? – Je ne veux pas qu'on touche à tes seins, ça c'est sûr ! répondit-il fermement.

 

(p163) La tête me tournait et je fermai les yeux, sans me rendre compte que j'étais sur le point de basculer en arrière dans le bassin. Une main glissa de justesse dans le creux de mes reins et je me retrouvai dans les bras de Jamie qui s'assit à mes côtés et me serra contre lui.Pardonne-moi, mo duinne. Tu te sens mieux ? (…) Je ne voulais pas te parler sur ce ton. C'est que... je me sens tellement impuissant. Je te regarde souffrir en sachant que c'est moi qui t'ai mise dans cet état. Le pire, c'est que je ne peux rien faire. Alors, je m'en prends à toi comme si c'était ta faute... Pourquoi tu ne m'envoies pas tout simplement au diable, Sassenach ? (…) – Va au diable ! hoquetai-je. Vas-y sans repasser par la case départ. En chemin, tu retireras deux cents dollars à la banque et tu attendras deux tours avant de rejouer. Voilà ! Tu te sens mieux, maintenant ? – Oui, dit-il, le visage illuminé. Quand tu commences à raconter n'importe quoi, je sais que ça va mieux. 

 

Chapitre 10 p173 Frank, ambivalence et jalousie 

Réveille-toi, mo duinne. Ce n'est qu'un rêve, réveille-toi. Je collai ma joue contre son épaule nue et chaude, mes larmes coulaient le long de sa peau. (…) – Je suis désolée, murmurai-je. J'ai rêvé de... (…) – Je sais. Tu appelais son nom. Il semblait résigné. – Je suis désolée. Il émit un petit rire nerveux. – Je mentirais en prétendant que je ne suis pas dévoré de jalousie, mais je peux difficilement lui reprocher tes rêves... ou tes pleurs. 

Son doigt suivit le parcours d'une larme le long de ma joue, puis il essuya mon visage avec le mouchoir. – Jamie, tu ne m'en veux pas ? – Non, mo duinne. Tu l'as aimé, je n'y peux rien. Il est normal que tu portes son deuil. Et ça me réconforte un peu de savoir... Il hésita. – De savoir quoi ? – ... qu'un jour peut-être, tu porteras mon deuil de la même manière. Je pressai mon visage contre son torse, parlant d'une voix étouffée : – Je ne porterai pas ton deuil, parce que je n'en aurai pas l'occasion. Je ne te perdrai pas, jamais ! (…° – Non, nous sommes liés pour toujours, toi et moi, et rien sur cette terre ne pourra me séparer de toi. Sa main caressa mes cheveux. – Tu te souviens du vœu que nous avons échangé le jour de notre mariage ? – Oui, je crois. Tu es le sang de mon sang, la chair de ma chair... – Je te donne mon corps, poursuivit-il, pour que nous ne fassions qu'un. J'ai respecté ce serment, Sassenach, et toi aussi. Il me fit pivoter légèrement et posa doucement une main sur mon ventre. – « Sang de mon sang », chuchota-t-il, et « chair de ma chair. » Tu me portes en toi, Claire, et tu ne peux plus me quitter, quoi qu'il arrive. Tu es à moi pour toujours, que tu le veuilles ou non. À moi. Et je ne te laisserai plus partir. Je plaçai une main sur la sienne et la pressai contre moi. – C'est vrai, dis-je doucement, tu ne peux plus me quitter, toi non plus. – Oui, car j'ai respecté la dernière partie du serment également : « Et je te donne mon âme, jusqu'à la fin des temps. » 

 

Chapitre 11 p183 Jalousie inversée 

– Ah, Annabelle de Marillac ! médita-t-il. Une bien jolie fille, gracieuse et légère comme la brise. Si petite et menue qu'on a envie de la glisser sous sa chemise et de l'emporter partout comme une petite chatte. (…) Qu'est-ce qu'il y a, Sassenach ? – Oh, rien ! soupirai-je. Je me disais simplement que personne ne me décrira sans doute jamais comme « gracieuse et légère comme la brise » ! – Ah ! Il me dévisagea d'un air narquois. – En effet, « gracieuse et légère » n'est pas le premier qualificatif qui me vient à l'esprit quand je pense à toi. Il glissa un bras autour de ma taille avant de reprendre : – Mais je te parle comme à mon âme. Ton visage est mon cœur. 

 

(p185) Travailler à l’hôpital des Anges 

– Sassenach, tu veux aller soigner des mendiants et des criminels alors que tu attends un enfant ? Tu oublies que tu es enceinte ! Il semblait terrifié et me dévisageait avec un regard affolé comme s'il devait réagir devant un brusque accès de démence. – Non, je n'ai pas oublié, dis-je en posant les mains sur mon ventre. (…) Je ne vois rien qui m'empêche de travailler pendant les quelques mois à venir. – Rien, sauf que je ne te laisserai pas faire ! – Jamie, tu sais ce que je suis. – Tu es ma femme ! – Certes, mais je suis aussi infirmière. Une guérisseuse. Tu es bien placé pour le savoir. – Parce que tu m'as soigné quand j'étais blessé, je devrais trouver normal que tu ailles t'occuper de la racaille et des prostituées ? (…) – Mais bien sûr ! Pour qui me prends-tu ? rétorquai-je.  – Puisque tu veux savoir, je vais te le dire : pour une folle prête à abandonner son mari pour aller jouer au docteur avec la lie de l'humanité ! – Qui a parlé de t’abandonner ? Tu trouves donc si invraisemblable de vouloir me rendre utile plutôt que de m'encroûter dans le salon des Arbanville, à regarder Louise de Rohan s'empiffrer de petits fours, à écouter de la mauvaise poésie, ou à... à... à... – Parce que t'occuper de la maison n'est pas utile ? Être mariée avec moi n'est pas utile ? (…) – Parce qu'être marié avec moi est une occupation suffisante pour toi ? Dans ce cas, pourquoi ne restes-tu pas à la maison toute la journée à m’adorer ? Quant à s'occuper de la maison, c'est de la connerie ! (…) Il me fixa longuement, les narines frémissantes. – Et si je t'interdisais d'y aller ? Cette fois, ce fut mon tour d'être prise de court. (…) – Est-ce que tu me l'interdis ? (…) Le seul parti auquel je ne songeai pas un instant, c'était de lui céder. – Non, dit-il enfin, en faisant des efforts manifestes pour se contrôler, je ne t'interdis rien. Mais si je te le demande ? (…) Tu veux bien y réfléchir, Claire ? – D'accord. La tension entre nous se dissipa quelque peu. (…) – Excuse-moi, Jamie, je ne voulais pas te mettre dans cet état. Il se tourna vers moi et m'adressa un petit sourire contrit. – Bah ! Je ne voulais pas te faire une scène non plus. Je suis un peu sur les nerfs en ce moment. 

 

Chapitre 16 p220 

– Ça ne t'angoisse pas de savoir que tu ne peux jamais te fier à personne ? demandai-je en montant l'escalier. Il rit doucement. – Ce n'est pas tout à fait vrai, Sassenach. D'abord, il y a toi, puis Murtagh, ma sœur Jenny et son mari Ian. À vous quatre, je confierais ma vie les yeux fermés. D'ailleurs, je l'ai déjà fait plus d'une fois. 

 

Chapitre 17 p264 La morsure à la cuisse 

– Qu'est-ce que c'est que ça ? Il avait plaqué ses deux mains sur son sexe dans un geste pudique, mais cela ne cachait pas les longues égratignures tout le long de ses jambes. Haut sur sa cuisse, à quelques centimètres de ses bourses, je remarquai une marque rouge qui ressemblait à s'y méprendre à une morsure. On voyait encore la trace des dents. (…) Lançant un regard torve à la servante puis à moi, Jamie drapa sa dignité dans une couverture et bougonna : – Dire que j'ai passé toute la nuit à défendre chèrement ma vertu pour entendre ce genre de commentaires. Je le dévisageai d'un air narquois en faisant tournoyer l'anneau au bout de mon doigt. – Ah, tu as défendu ta vertu, hein ! Justement, parlons-en. – Quoi ? s'indigna-t-il. Tu ne crois tout de même pas que... mais enfin, je suis un homme marié ! (…) – Sassenach, dit-il d'une voix douce, qu'est-ce que tu vas imaginer ? – Eh bien... commençai-je en essayant de détacher mon regard de la marque sur sa cuisse. Il émit un petit rire forcé. – Ô, femme de peu de foi ! railla-t-il. – Qu'est-ce que tu veux ? me défendis-je. Quand une femme voit rentrer son mari au petit matin, avec des traces de morsures et des égratignures sur tout le corps, empestant le parfum bon marché et avouant avoir passé la nuit dans un bordel... – Et s'il t'affirme n'avoir rien fait d'autre que de regarder sans toucher ? – Ne me dis pas que c'est en regardant que tu as eu cette marque sur ta cuisse ! m'écriai-je. (…) Dois-je en déduire qu'il s'agit des vestiges d'un combat héroïque pour défendre ta vertu ? (…) Jamie prit une profonde inspiration et ouvrit la bouche comme pour se lancer dans un long discours explicatif. Puis il se ravisa et soupira. – Oui, dit-il simplement. (…) J'écartai les longues boucles des cheveux trempés qui lui tombaient dans le cou et me penchai pour déposer un petit baiser de paix à la base de sa nuque. Je me redressai brusquement et m'écartai de lui. (…) Je fixais des yeux le suçon bleuté à la base de son cou. (…) – Alors comme ça, tu t'es contenté de regarder, hein ? Mon pauvre chéri, comme tu as dû souffrir ! Menteur ! Il se laissa lourdement retomber dans la baignoire en provoquant un nouveau raz de marée et se tourna vers moi. –Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que j'avais envie de me joindre à eux et de forniquer comme une bête ? Eh bien, oui ! Ça me démangeait les couilles, si tu veux savoir. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai touché une de ces traînées. Il écarta les mèches dégoulinantes de devant ses yeux, le regard étincelant. – C'est ça que tu voulais savoir ? Tu es contente à présent ? – Non, rétorquai-je, le feu aux joues. – Tu considères que le simple fait de désirer une autre femme constitue une infidélité ? – C'est à toi qu'il faut le demander. – Eh bien, non, je ne suis pas de cet avis, Sassenach. Et quand bien même j'aurais couché avec une putain, qu'est-ce que tu ferais ? Tu me giflerais ? Tu m'interdirais l'accès de ta chambre ? Tu me bannirais de ton lit ? Je le regardai droit dans les yeux. – Je te tuerais ! sifflai-je entre mes dents. Il en resta bouche bée. – Me tuer ? Rien que ça ! Moi, si je te trouvais avec un autre homme, c'est lui que je tuerais. Jamie marqua une pause et réfléchit un instant avant d'ajouter : – Naturellement, je t'en voudrais, mais quand même, c'est lui que je tuerais. – Vous les hommes, vous êtes bien tous pareils ! Toujours à côté de la plaque ! Il secoua la tête d'un air impuissant. – Il n'y a vraiment pas moyen de te raisonner ! soupira-t-il.

 

(…) Il tourna la tête, gêné. – J'ai toujours cru qu'il n'y avait rien de plus simple que d'aimer une femme, dit-il doucement. Pourtant... j'ai tantôt envie de me jeter à tes pieds et de te vénérer et tantôt... je voudrais te forcer à t'agenouiller devant moi pour que tu me prennes dans ta bouche comme une... comme une... Je veux les deux à la fois, Sassenach ! Tu es ce que j'aime le plus au monde et je voudrais te tenir toujours blottie contre moi, comme une petite chatte cachée dans ma chemise... et en même temps, je voudrais t'écarter les cuisses et te labourer comme un taureau en rut ! (…) Ces sentiments contradictoires étaient déjà en moi, depuis toujours. (…) Je relevai la tête et m'écartai de lui en lui murmurant : – Tu crois que je ne ressens pas la même chose ? Tu ne sais donc pas que moi aussi j'ai parfois envie de te mordre jusqu'au sang, ou de te lacérer la peau ? (…) Parfois, repris-je, j'ai envie de te chevaucher comme un animal sauvage, pour briser ta résistance et te faire manger dans le creux de ma main. Je peux le faire... tu sais que je le peux. Je peux t'entraîner jusqu'au bord du gouffre et te laisser planté là, haletant. (…) Et puis, j'ai souvent envie de... Ma voix se brisa et je dus déglutir avant de poursuivre : – ... j'ai envie de presser ta tête contre mon sein et de te bercer comme un enfant. À travers mes larmes, je distinguais à peine son visage. Il me serra fort contre lui. – Claire... tu me tues, avec ou sans dague (…)  – Je veux te faire l'amour, murmura-t-il, et je veux user de toi comme bon me semble. Et si tu souhaites toujours ta vengeance, alors prends-la, ne te gêne pas ; mon âme t'appartient et, avec elle, tous ses recoins les plus sombres. (…) – Parfois, lui murmurai-je, je voudrais que ce soit toi dans mon ventre... pour te garder là, en sécurité, bien au chaud, pour toujours. Sa grande main se posa sur le renflement de mon ventre. – Mais je suis en toi, mo duinne, je suis en toi. 

 

Chapitre 19 p287 

– Elle est perdue ! aboyait-il. Vous avez perdu ma nièce ! Marigny n'en voudra plus, c'est sûr ! Vous n'êtes que deux dégénérés, vous et votre traînée ! Tourné vers moi, il égrena : – Catin ! Maquerelle ! Vous racolez d'innocentes jeunes filles pour les vendre à la racaille ! Vous... Jamie posa une main sur son épaule, le fit pivoter et lui envoya un uppercut dans la mâchoire. Soulagé, il se frotta la main en observant avec soulagement le gros marchand tituber, reculer puis, en arrière, s'écraser contre la boiserie et glisser tout doucement au sol en position assise. 

 

Chapitre 20 p296 La Dame Blanche 

– Tu sais que les hommes qui nous ont attaquées, Mary et moi, m'ont appelée la Dame blanche ? (…) – Eh bien... hésita-t-il. C'est que... j'ai raconté à Glengarry et à Castellotti que tu étais la Dame blanche. (…) Jouer aux cartes et aux dés est une chose, expliqua-t-il d'un air penaud, mais ça ne leur suffisait pas. Ils n'arrivaient pas à comprendre pourquoi je tenais tant à rester fidèle à ma femme. (…) – Alors tu leur as raconté que j'étais la Dame blanche, poursuivis-je en me retenant de rire, et que si tu t'avisais de faire le malin avec d'autres femmes, j'allais transformer tes parties intimes en pruneaux, c'est ça ? – (…) – J'ai été très convaincant. Je leur ai tous fait jurer sur l'honneur de garder le silence. (…) – Oh, Jamie ! explosai-je. Tu es impossible ! Je lui sautai au cou et le couvris de baisers attendris. – Bravo ! (…) Finalement, ça t'a permis de préserver ta vertu, et à moi, de ne pas me faire violer.

 

Chapitre 21 p329 Jamie retrouve Jack Randall vivant et renonce au duel sous la pression de Claire après une rude confrontation 

La chambre se remplissait peu à peu de lumière et il resta un long moment à me regarder dans les yeux – C'est fou ce que je peux t'aimer, murmura-t-il enfin. Il m'embrassa, m'empêchant de lui répondre et prenant un de mes seins dans sa main meurtrie, il se glissa entre mes cuisses. – Mais ta main... – Laisse ma main tranquille, répéta-t-il.

 

Chapitre 22 p334 Sa vraie raison d’épargner Jack Randall 

– L'autre jour, tu m'as dit que je te devais une vie, Sassenach, pour avoir sauvé la mienne par deux fois... (…) mais si je fais le compte, on est à égalité. Si tu te souviens bien, je t'ai sauvée des griffes de Jack Randall à Fort William et un peu plus tard, à Cranesmuir, je t'ai arrachée à la foule. (…) Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas de dette entre nous. Son sourire s'était effacé et il me fixait gravement. – Je ne t'ai pas donné la vie de Randall en échange de la mienne, ce ne serait pas équitable. (…) – Alors pourquoi as-tu accepté ? demandai-je. (…) – Pour aucune des raisons que tu as invoquées. C'est vrai, j'ai pris la femme de Frank. Dommage pour lui. Mais finalement, ce n'est qu'un rival comme un autre. Tu as eu le choix entre lui et moi, et c'est moi que tu as choisi, (…) Je ne vois pas en quoi le fait que tu m'aies choisi plutôt que lui m'oblige à le traiter avec certains égards. En outre... j'avoue que j'ai toujours été un peu jaloux de lui. (…) – À l'abbaye de Sainte-Anne, tu m'as sauvé de plus d'une forme de mort, mo duinne. Ne crois pas que je l'ai oublié. Finalement, peut-être que je te dois plus que tu ne me dois. (…) Son regard transperçait mon âme. – Peu m'importe de savoir si c'était bien ou mal de ta part de m'avoir choisi plutôt que lui. Si tu as commis un péché en restant avec moi, alors je suis prêt à t'accompagner en enfer et à remercier le diable de t'avoir guidée sur le mauvais chemin. (…) – Je ne crois pas avoir commis un péché, dis-je doucement. Mais si c'est le cas... alors j'irai en enfer avec toi, Jamie Fraser. (…) – J'ai longuement réfléchi, Sassenach. D'abord, je savais que tu souffrirais si je tuais cette ordure. Je suis prêt à faire, ou à ne pas faire, pas mal de choses pour t'éviter de souffrir, mais quel est le poids de ta conscience par rapport à celui de mon honneur ? Non. Chacun d'entre nous est responsable de ses propres actes et de sa propre conscience. (…) – Alors pourquoi ? insistai-je. – À cause de Charles-Édouard Stuart. Si ses affaires avec Saint-Germain sont fructueuses, il parviendra peut-être à mener une armée en Écosse. Dans ce cas... tu sais mieux que moi ce qui risque d'arriver. (…) Et s'il m'arrivait de... Il déglutit, l'air grave. – ... Si je ne suis plus là, je veux qu'il te reste une issue. Je veux que tu puisses te réfugier auprès de quelqu'un. Et si je ne peux pas être avec toi, alors je veux que tu sois auprès de quelqu'un qui t'aime autant que moi. Ses mains pressaient les miennes. Mes bagues s'enfonçaient dans ma chair, comme pour me confirmer l'importance de ce qu'il disait. – Claire, tu sais combien cela me coûte d'épargner la vie de Randall. Promets-moi que, s'il m'arrive malheur, tu retourneras auprès de Frank. Ses yeux sondaient les miens. – J'ai déjà tenté par deux fois de te renvoyer auprès de lui et, Dieu merci, tu n'es pas partie. Mais si cela devait arriver une troisième fois, promets-moi que tu repartiras vers Frank, C'est pour cette seule raison que j'ai accepté d'attendre un an avant de tuer Randall. Tu me le promets, Claire ? (…) – D'accord, dis-je enfin. Je te le promets.

 

Chapitre 23 

passage non traduit dans le livre français, disponible sur le site dinna-fash-sassenach.com 

Au bout d’un moment, je pris conscience d’un léger changement dans l’attitude de Jamie. (…) Son regard était distrait, d’un bleu foncé par le désir, (…) Me surprenant à le regarder, Jamie rougit légèrement et repris précipitamment sa lecture avec un intérêt feint. Je roulai sur le côté et posai une main sur sa cuisse.

« Intéressant, ce livre ? demandai-je en le caressant négligemment.

- Mphm. Oh oui. Son rougissement s’intensifia, mais il ne quitta pas la page des yeux.

Souriant intérieurement, je glissai ma main sous les draps. Il laissa tomber le livre.

- Sassenach ! dit-il.  Tu sais que tu ne peux… 

- Non, dis-je, mais tu peux. Ou plutôt je peux pour toi. 

Il écarta fermement ma main et me la rendit.

- Non, Sassenach. Ce ne serait pas juste.  

-Pas juste ? dis-je surprise. Pourquoi ? 

Il se tortilla, embarrassé, évitant mon regard.

-Eh bien, je…. Je ne me sentirais pas bien Sassenach. Prendre mon plaisir grâce à toi et ne pas pouvoir t’en donner…. Eh bien je ne me sentirais pas bien, c’est tout.  

J’éclatai de rire en posant ma tête sur sa cuisse.

- Jamie, tu es si délicat ! 

- Je ne suis pas délicat, s’indigna-t-il. Mais je ne suis pas un égoïste – Claire, arrête ça !  

- Tu avais l’intention d’attendre encore plusieurs mois ? lui demandai-je sans m’interrompre.

- Je pourrais, dit-il avec autant de dignité que possible étant donné les circonstances.  J’ai attendu vingt… vingt-deux ans, et je peux…  

- Non tu ne peux pas, dis-je en tirant sur le drap et en admirant la forme si clairement visible sous sa chemise de nuit. (…) Qu’importe ce que Dieu voulait que tu deviennes, Jamie Fraser, en tout cas ce n’était pas moine. »

 

Chapitre 24 p370 Jamie provoque le duel 

Ce fut en débouchant le flacon que je l'aperçus. Tout d'abord, mon esprit refusa d'enregistrer ce que mes yeux voyaient : un petit bout de papier plié et coincé entre les fioles multicolores. Mes doigts se mirent à trembler au point que je dus m'y reprendre à deux fois avant de pouvoir le déplier. « Pardonne-moi. » Les lettres étaient soigneusement tracées au centre de la feuille, au-dessus de l'initiale J écrite avec la même application. Au-dessous encore, trois autres mots, griffonnés à la hâte en guise de post-scriptum : Il le faut ! – Il le faut, répétai-je à voix haute.

 

Chapitre 27 p 394 Le prix d’intercéder auprès du Roi 

Mis au fait de ma requête, celui-ci prit un air embarrassé qui me fit soupçonner que demander au roi de signer un ordre de libération pour Jamie allait être plus compliqué que je ne m'y attendais. (…) – Je crois que je peux vous arranger une audience privée avec Sa Majesté. Mais... euh... vous êtes sûre que votre mari… (…) Si vous vous rendez seule auprès de Sa Majesté, elle tiendra pour acquis que vous acceptez de partager sa couche. (…) Sa Majesté est sensible aux requêtes émanant de personnes pourvues d'un certain charme, (…) mais il y a un prix à payer pour de telles requêtes, précisa mère Hildegarde. La plupart des messieurs de la Cour ne sont que trop ravis que leurs épouses jouissent des faveurs du roi. Le profit qu'ils en tirent vaut bien le sacrifice de leur honneur. (…) – Mais votre mari ne me semble pas de la trempe de ces cocus complaisants. Elle arqua ses sourcils d'un air interrogateur. – Je crains que non, en effet, confirmai-je. De fait, l'adjectif « complaisant » était sans doute celui qui convenait le moins à Jamie Fraser. J'essayai d'imaginer sa réaction en apprenant que j'avais partagé la couche d'un autre homme, fût-ce le roi de France. Cette idée me fit de nouveau penser à la confiance qui nous avait unis depuis le jour de notre mariage et je fus soudain submergée par un sentiment de détresse. Je fermai les yeux, sentant mon courage m'abandonner, et me ressaisis. (…) J'avais beau chercher, je ne voyais aucune autre solution. Il fallait que Jamie sorte de prison, à tout prix, quelles qu'en fussent les conséquences. (…) – J'irai seule, annonçai-je. Je n'ai pas le choix. (…) – Je prierai pour vous, mon enfant, dit-elle en esquissant un semblant de sourire. (…) – Quoique... je me demande... Quel saint vais-je bien pouvoir invoquer dans ce cas précis ? (…) En revanche, en tant qu'ex-prostituée, Marie Madeleine me paraissait la sainte tout indiquée pour comprendre l'entreprise dans laquelle je me lançais.

 

Chapitre 28 p414 Retrouvailles après la libération de Jamie de prison par le Roi 

– Jamie, murmurai-je, où étais-tu passé ? (…) – J'ai cru que tu étais morte, mo duinne, dit-il enfin. La dernière fois que je t'ai vue... mon Dieu ! Tu gisais dans l'herbe, si pâle ! Tes jupes étaient couvertes de sang... J'ai voulu aller vers toi... J'ai couru, mais les gardes m'ont encerclé et m'en ont empêché. Je sentais sa poitrine trembler contre ma joue. – Je me suis débattu... tant que j'ai pu. Je les ai suppliés... Il n'y a rien eu à faire, ils m'ont emmené. Ils m'ont mis dans une cellule et m'ont laissé croupir là... persuadé que tu étais morte et que je t'avais tuée. Le tremblement s'accentua et je compris qu'il pleurait. Combien de temps était-il resté prostré dans son cachot de la Bastille, seul avec les fragments épars de sa vengeance et le goût du sang dans la bouche ? (…) – Je me suis cogné la tête contre les murs pour m'empêcher de penser, poursuivit-il. Le lendemain, Jules de Rohan est venu me trouver et m'a appris que tu étais encore en vie, mais probablement pas pour longtemps. Il se tut un long moment avant d'ajouter : – Pardonne-moi, Claire. Pardonne-moi. C'étaient les mêmes mots qu'il avait griffonnés sur son message avant que le monde ne s'écroule. Mais cette fois, j'étais en mesure de les accepter.

 

(p416) – Est-ce qu'en prison on t'a dit... pourquoi tu avais été libéré ? demandai-je d'une voix hésitante. Je sentis ses muscles se raidir sous ma paume, mais sa voix ne tremblait pas. – Non, répondit-il. Uniquement que c'était... le bon plaisir de Sa Majesté. Il avait à peine souligné le mot « plaisir », avec une délicatesse trompeuse qui me fit comprendre qu'il savait déjà tout, que ses geôliers le lui aient dit ou non. Je me mordis les lèvres, me demandant ce que je devais lui avouer. – C'est mère Hildegarde qui m'a expliqué où te trouver, reprit-il. (…) Elle... m'a tout raconté. – Oui, dis-je. J'ai vu le roi... – Je sais ! Sa main serra la mienne et, au bruit de sa respiration, je devinai qu'il serrait les dents. (…) Il se leva brusquement, me faisant face. – Bon sang ! coupa-t-il. Tu ne sais donc pas ce que je... Claire, tout le long de la route jusqu'à Bayonne, j'ai galopé comme un fou en imaginant la scène dans ma tête : ses mains avides sur ta peau blanche, ses lèvres visqueuses sur ta nuque, son sexe... (…) Oh, Claire ! J'ai passé tout ce temps en prison à croire que tu étais morte, et j'ai chevauché jusque dans le sud de la France en souhaitant que tu le sois ! – Jamie, écoute-moi ! – Non ! Non, je ne veux pas entendre. – Mais écoute, nom de Dieu ! Mon insistance parvint à le faire taire quelques instants et j'en profitai pour lui faire rapidement le récit des événements de la chambre du roi : les hommes en capuche, la pièce obscure, la confrontation des deux sorciers et la mort du comte de Saint-Germain. (…) Il me serra contre lui et je m'abandonnai enfin aux sanglots.

 

(p420) J'étais couchée contre Jamie. Je fixais les ténèbres de notre chambre, bercée par les mouvements lents de sa respiration (…). Je m'étais bien gardée de raconter à Jamie comment s'était achevée mon audience avec le roi. (…) Il était temps de laisser les portes de la chambre du roi se refermer à jamais derrière moi.

 

Chapitre 29 p423 Le Roi, suite et fin 

– Je me demandais... Il s'interrompit et se mit à tripoter une petite fleur qui poussait entre les herbes. – Quoi donc ? insistai-je. – Comment c'était avec... Louis. (…) Ben oui... C'est un roi, après tout. On pourrait penser qu'il est... différent... spécial, tu comprends. Son sourire s'évanouissait. Il était aussi pâle que moi. – En fait, ce que je me demandais, c'était... c'était si... C'était différent d'avec moi ? Je le vis se mordre les lèvres, regrettant déjà d'avoir posé la question. Mais il était trop tard. – Comment as-tu su ? – Claire, dit-il doucement, tu t'es donnée entièrement à moi dès la première fois. Tu ne m'as jamais rien caché. Jamais. Quand je t'ai demandé d'être toujours sincère avec moi, je t'ai dit aussi que tu ne savais pas mentir. Il posa une main sur ma cuisse et je sursautai, ne m'y attendant pas. – Depuis combien de temps je t'aime ? reprit-il. Un an ? Mille ans ? Depuis le premier instant où je t'ai vue. Et combien de fois ai-je aimé ton corps ? Un demi-millier de fois. Peut-être plus. (…) Tu ne t'es jamais refusée à moi, dit-il. Pas même au début, alors que tu étais en droit de le faire. Je l'aurais compris. Tu m'as tout donné dès le premier instant. Mais à présent... J'ai cru d'abord que c'était parce que tu avais perdu l'enfant et que tu avais peur de moi, après une aussi longue séparation. Mais j'ai compris que ce n'était pas ça. Il marqua une longue pause, ponctuée par le chant des oiseaux de la forêt. – Pourquoi ? reprit-il. Pourquoi m'avoir menti ? Alors que je suis venu à toi en croyant déjà savoir ? (…) – Jamie... je devais coûte que coûte te sortir de la Bastille. J'aurais fait pire s'il l'avait fallu. Mais ensuite... j'ai à demi espéré que quelqu'un te le dirait, que tu le découvrirais. J'étais si furieuse, Jamie... pour le duel, pour l'enfant. Parce que tu m'avais obligée à aller le voir, Louis, je veux dire. Je voulais faire quelque chose pour t'éloigner de moi, pour être sûre de ne jamais te revoir. Je l'ai fait... en partie... pour te faire du mal. Un muscle se contracta à la commissure de ses lèvres. – Tu as réussi, dit-il sans relever la tête. Il ne dit rien pendant une bonne minute, l'air absent, et se tourna vers moi en me regardant dans les yeux. (…) – Jamie, murmurai-je. Je t'en prie. (…) Nous restâmes longuement ainsi, et enfin sa main se referma sur mon poignet et le serra. – Tu veux que je te punisse ? dit-il doucement. Son poing me serra plus fort et je tentai inconsciemment de retirer mon poignet. Il ne lâcha pas prise. Au contraire, il m'attira contre lui d'un geste brusque. Je tremblais comme une feuille et la chair de poule hérissait tous les poils de mon corps. – Oui, articulai-je péniblement. Son expression était insondable. Sans me quitter des yeux, il tendit sa main libre derrière lui, palpa la roche à tâtons jusqu'à ce que ses doigts se referment sur une touffe d'orties qu'il arracha. (…) – Tu veux que je continue ? demanda-t-il. Tu veux que je te fasse mal ? – Si... si tu veux. (…) Soudain, l'étau autour de mon poignet se relâcha. Je rouvris les yeux pour découvrir Jamie, assis en tailleur à mes côtés, qui m'observait avec un sourire narquois. La poignée d'orties gisait un peu plus loin. – Je t'ai déjà battue une fois, Sassenach, et tu as menacé de me vider les entrailles avec mon propre couteau. À présent, tu me demandes de te fouetter avec des orties ? Tu attaches donc tant d'importance à mon orgueil de mâle blessé ? – Oui, parfaitement ! m'écriai-je. Je me redressai brusquement, le saisit par les épaules et l'embrassai fougueusement et maladroitement. Après un premier mouvement de surprise, il me serra contre lui, et sa bouche répondit à la mienne. Il me coucha sur la pierre, m'écrasant de son poids, et me tint les mains plaquées au sol. – D'accord, chuchota-t-il. Puisque c'est ce que tu veux, je vais te punir. (…) Il n'y aura jamais, jamais, un autre que moi ! murmura-t-il. Regarde-moi ! Regarde-moi, Claire ! Il me prit la tête entre ses mains, me forçant à le regarder dans les yeux. – Jamais ! répéta-t-il. Parce que tu es à moi. Tu es ma femme, mon cœur... (…) ... mon âme, acheva-t-il dans un râle. (…) Jamais... murmura-t-il, son visage à quelques centimètres du mien. – Jamais, répétai-je. Je tournai la tête, fermant les yeux pour fuir l'intensité de son regard. Mais une douce pression contre ma joue me força de nouveau à le regarder. – Non, ma Sassenach. Ouvre les yeux, regarde-moi. C'est là ta punition, comme la mienne. Regarde ce que tu as fait de moi, comme je regarde ce que j'ai fait de toi. Regarde-moi. Je le regardais, prisonnière de son regard. Je le regardais et je pouvais voir les profondeurs de son âme, ses plaies intérieures. J'aurais pu pleurer pour sa douleur et pour la mienne, si j'en avais été capable. Mais ses yeux commandaient les miens, secs et grands ouverts. Son corps était enchaîné au mien, et il me poussait devant lui comme le vent d'est gonfle les voiles d'un navire en haute mer. Je voyageais en lui, et lui en moi. Quand les dernières bourrasques de l'amour me soulevèrent, il poussa un long cri, et nous chevauchâmes ensemble les vagues comme un seul corps, nous contemplant chacun dans le regard de l'autre.

 

(Chapitre 31 p447 CLAIRE) Je m'arrêtai de marcher et me tournai vers lui. (…) – Jamie... Je veux être où tu es. Nulle part ailleurs. Il resta immobile un instant, se pencha sur moi et déposa un baiser sur mon front.

 

(Chapitre 32 p453 JENNY) – Si tu as une aussi piètre opinion des hommes, c'est un miracle que tu nous supportes, Jamie et moi, railla Ian. Jenny agita sa louche vers son frère et son mari assis côte à côte. – Oh, vous, vous n'êtes pas vraiment des hommes ! (…) – Vous, vous êtes à moi, expliqua-t-elle. 

 

Chapitre 35 p477 Départ pour la guerre 

– Jamie ? (…) Tu n'espères pas me laisser derrière toi, n'est-ce pas ? (…) – Te laisser derrière moi ? dit-il avec un sourire ironique. Parce que j'ai mon mot à dire ? – Non, rétorquai-je. Mais j'ai pensé que l'idée te trotterait dans la tête. Il glissa un bras autour de mes épaules et je me blottis contre lui. – Ah, pour ça oui, Sassenach. Elle m'a trotté dans la tête. J'ai même envisagé un moment de te ligoter à la rampe d'escalier, mais... non. Tu viendras avec moi, Sassenach. En chemin, il te reviendra peut-être des détails de tes leçons d'histoire. En outre, tes talents de guérisseuse nous seront utiles. Il me caressa le bras et poussa un soupir. – Sincèrement, je préférerais nettement te laisser ici en sécurité, Sassenach. Mais je vous emmène avec moi, toi et Fergus.

 

Chapitre 36 p496 Après la rencontre mouvementée avec John Grey adolescent 

Il se déplia lentement et s'étira. – Je suis désolé pour ta robe, dit-il une minute plus tard. (…) Pour le reste aussi. J'ai pensé que tu accepterais de sacrifier ta modestie pour m'éviter de faire souffrir ce gamin, mais je n'ai pas eu le temps de demander ta permission. Si j'ai eu tort, je te demande pardon.   

 

(p498)J'ai promis à ton preux chevalier de ne plus t'ennuyer. Je suppose que cela signifie qu'à moins que tu ne m'invites à partager ta couche, je n'ai plus qu'à aller dormir avec Murtagh ou Kincaid. Et Murtagh ronfle. – Toi aussi, lui répondis-je. Je le dévisageai longuement, le laissant languir un peu, et haussai les épaules d'un air indifférent. – Tant qu'à faire... tu as déjà déchiré la moitié de ma robe, tu pourrais au moins finir le travail convenablement. La chaleur de ses bras sur ma peau était douce comme la caresse de la soie. – Que veux-tu ? murmura-t-il dans mes cheveux. À la guerre comme à la guerre...

 

(p531) Après Prestonpans 

– Jamie ! m'exclamai-je, amusée malgré la fatigue, tu n'es vraiment pas en état ! Il se mit à rire et me serra contre lui. – Que veux-tu, Sassenach, je ne peux pas être couché près de toi sans te désirer. (…) La terreur, le stress et l'épuisement des deux derniers jours se dissipaient lentement, nous laissant enfin seuls. (…) Sa main flotta dans les airs et descendit sur ma tête. – Claire, j'ai besoin de toi, murmura-t-il. J'ai tant besoin de toi. 

  

Chapitre 38 p568

Il tendit une main derrière lui et me donna une petite tape sur la cuisse. – Je t'aime, marmonna-t-il dans un demi-sommeil. – Je sais, répondis-je avant de m'endormir, serrée contre lui.

 

Chapitre 40 p580 Chez Simon Lovât 

– Oui, c'est que je me demande aussi quel genre de père je serai pour mes enfants.  (…) – Jamie... hésitai-je, tu crois qu'un jour nous aurons... – Bien sûr, répondit-il sans hésiter. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur mon front. – Je le sais, Sassenach, et au fond de toi tu le sais aussi. Tu es faite pour être mère, et je n'ai pas l'intention de laisser un autre t'engrosser. – Tant mieux ! répondis-je en riant, parce que moi non plus.   

 

(p590) – Il paraît que vous êtes très appréciée des hommes de votre mari. Ils vous appellent neo-geimnidh meala. Constatant que je ne comprenais pas, il traduisit : – Cela signifie « Madame lèvres de miel ». – Quel surnom charmant ! Je n'eus pas le temps d'en dire plus. Le poing de Jamie s'abattit sur la mâchoire de son oncle et l'envoya s'écraser contre le buffet dans un fracas de vaisselle brisée. Mon tendre époux avait beau s'être habillé comme un gentleman, il n'avait rien perdu de son instinct de bagarreur. Simon Fraser le jeune se redressa sur les genoux, les poings tendus en avant. Jamie se tenait devant lui, immobile, prêt à récidiver. – En effet, ma femme ne comprend pas très bien le gaélique, déclara-t-il sur un ton calme. Maintenant que tu l'as démontré à tout le monde, tu vas lui présenter tes excuses ou je te fais avaler toutes tes dents. (…) Lorsque nous fûmes dans le couloir, j'arrêtai Jamie en tirant sur sa manche et lui demandai : – Mais que signifie vraiment neo-geimnidh meala ? – Ça veut dire plus ou moins « lèvres de miel », comme il te l'a dit lui-même. – Ah oui ? Mais c'est plutôt gentil. – Sauf qu'il ne s'agit pas de ta bouche, Sassenach. – Quoi ! Le salaud ! (…) – Du calme, Sassenach. Ne te laisse pas démonter. Ce n'est pas toi qu'il visait, mais moi.

 

(p595) Simon Fraser grommela encore quelques mots (…) et reprit : – Ton serment d'allégeance contre l'honneur de ta femme. Ce fut au tour de Jamie d'éclater de rire. – Quoi ? Si je comprends bien, vous menacez de la violer sous mes yeux ! s'esclaffa-t-il. Mais essayez donc, ne vous gênez pas ! Quand elle en aura fini avec vous, j'appellerai tante Frances pour qu'elle ramasse les miettes. (…) Jamie se redressa lentement et dévisagea son grand-père sans trahir la moindre émotion. – Je n'ai pas besoin de la surveiller. Je n'ai aucune inquiétude. Ma femme n'est pas une créature comme les autres. C'est une sage, une Dame blanche... comme Dame Aliset. (…) Il tourna brusquement vers moi des yeux ahuris. Il ouvrit la bouche mais, avant qu'il ait eu le temps de parler, Jamie poursuivait, une légère pointe de malice dans la voix : – Celui qui la touchera contre son gré verra ses parties intimes se recroqueviller comme une poire blette et rôtira en enfer pour l'éternité. 

 

Chapitre 43 p623 Fuite dans puis de l’église 

Il chercha mon bras dans le noir et le serra. – Je viendrai te chercher dès que je le pourrai ; sinon j'enverrai Murtagh. Si les choses tournent mal, barricade-toi dans l'église. 

 

(p630) Qui parle ? demanda la voix à l'extérieur. Vous avez une femme anglaise avec vous ? – Oui ! cria Dougal. Il se précipita vers la porte et l'entrouvrit. – Oui ! répéta-t-il. Nous avons une prisonnière. Une lady. Si vous nous brûlez vifs, elle périra avec nous ! Jamie bondit vers Dougal et le tira violemment en arrière. – Tu es devenu fou ! – C'est notre seule chance ! rétorqua celui-ci. (…) – Il a raison, Jamie ! C'est la seule solution ! La colère et la peur se lisaient sur son visage, et aussi une pointe d'humour devant l'ironie de la situation. – Je suis une sassenach, après tout ! Il caressa doucement ma joue. – Oui, mo duinne, mais tu es ma sassenach. Il se tourna vers Dougal, fit une pause et hocha la tête. – D'accord. (…) Il me souleva dans ses bras et s'avança vers la porte, que Dougal ouvrit grande pour nous laisser passer. Son cœur battait près de mon oreille. (…) Ses bras se resserrèrent autour de moi, durs et fermes comme une promesse : il ne m'abandonnerait jamais. – Mon Dieu ! l'entendis-je souffler quand nous atteignîmes les Anglais. Il y eut quelques questions sèches, des réponses marmonnées, et je me sentis déposée sur le sol. Ses mains s'attardèrent quelques secondes sur mon corps, hésitant à me lâcher. Lorsqu'il s'éloigna, j'entendis le crissement de ses bottes, et je me trouvai abandonnée au milieu d'inconnus.

 

Chapitre 45 p665 Alex, Jack et Frank Randall 

 – Enfin... nous savons désormais que Frank vivra, dis-je en m'efforçant de sourire. (…)  – Que Frank aille au diable ! lança-t-il avec hargne. (…)  – Tu m'as dit l'autre jour que tu n'étais pas rancunier... commençai-je. – J'ai menti ! Il me saisit par les épaules et me secoua, me tenant à bout de bras. – Et tant que j'y suis, maudite sois-tu, Claire Randall Fraser. Oui, je suis rancunier. Je déteste chacun de tes souvenirs où je ne figure pas ! chacune des larmes que tu as versées pour un autre que moi ! chaque seconde de ta vie que tu as passée dans un autre lit que le mien ! Je les hais ! Je les hais ! (…) Une fois calmé, il m'attira à lui et m'embrassa fougueusement avant de me secouer à nouveau.Tu es à moi, Claire Fraser ! À moi ! Je ne te partagerai avec personne, que ce soit un homme, un souvenir ou quoi que ce soit, tant que nous serons tous les deux en vie. Alors ne prononce plus jamais son nom devant moi ! Tu m'entends ? Il m'embrassa de nouveau pour appuyer ses paroles. – Tu m'entends ? répéta-t-il. – Oui... dis-je, à moitié étourdie. (…) – Excuse-moi, Sassenach, c'est juste que... bon sang ! Pourquoi fallait-il que... oui, je sais bien que... mais tu devais vraiment... (…) – Oui, répondis-je. Il le fallait, mais maintenant c'est fini. (…) Je me réveillai au milieu de la nuit, toujours dans ses bras, et je sentis immédiatement qu'il ne dormait pas. – Rendors-toi, mo duinne, chuchota-t-il. Je tendis une main vers lui et sentis sa joue humide. – Que se passe-t-il, mon amour ? demandai-je. Je t'aime, tu sais. – Oui, je sais, mo duinne. Laisse-moi te dire combien je t'aime moi aussi dans ton sommeil car, quand tu es éveillée, je ne sais que répéter toujours les mêmes mots. Mais quand tu dors dans mes bras, je peux te dire tout ce que je ressens et je sais que, dans tes rêves, tu m'entends et me comprends. Alors, rendors-toi, mo duinne. Je tendis les lèvres et l'embrassai à la base du cou, juste là où je pouvais sentir battre son pouls.

 

Chapitre 46 p677 Séparation à Culloden 

Dougal gisait recroquevillé sur le plancher, la bouche et les yeux grands ouverts. Il se raidit une dernière fois et retomba, inerte. (…) – Par saint Michel ! Que le Seigneur nous vienne en aide ! Jamie et moi sursautâmes et nous tournâmes en même temps vers la porte. Willie Coulter MacKenzie se tenait sur le seuil. C'était un des hommes de Dougal (…) L'homme semblait pétrifié. Il leva des yeux hébétés vers Jamie. – Willie... répéta celui-ci, il me faut une heure. Il posa une main sur son épaule, le faisant entrer dans la pièce. – J'ai besoin d'une heure pour mettre ma femme en sécurité. Après quoi, je viendrai répondre de mon geste. Je t'en donne ma parole, sur mon honneur. Une heure, pas plus. Tu acceptes de ne rien dire pendant une heure ?

 

(p679) – J'ai besoin que vous signiez ce papier, Claire et toi, annonça Jamie. Mais cela implique de vous parjurer. Je n'ai pas le droit de l'exiger de vous. Les petits yeux noirs de Murtagh parcoururent rapidement le document

 

(p681) Jamie ne disait rien, entièrement absorbé par la tâche qu'il s'était fixée. De mon côté, encore sous le choc des derniers événements, je gardais aussi le silence. « Je dois mettre ma femme en sécurité », avait-il déclaré. Je n'avais pas saisi ce qu'il entendait par là, mais cela devint soudain clair deux heures plus tard, lorsqu'il fit bifurquer son cheval plus au sud et qu'apparut au loin la colline verdoyante et escarpée de Craigh na Dun. – Non ! m'écriai-je. Jamie, non ! Je ne veux pas partir ! (…) Jamie m'avait à moitié suppliée, à moitié traînée de force le long du sentier, faisant fi de mes protestations. Il s'était néanmoins arrêté au niveau de la chaumière et s'était laissé tomber sur le sol, à bout de souffle.

(…) – Moi, je vais avoir les Anglais et tous les clans écossais sur le dos. Je suis un traître dans les deux camps. Un rebelle et un assassin. Claire... je suis un homme mort. (…) Il effleura mes lèvres du bout des doigts, suivant délicatement leur contour. – Mais toi, ma Sassenach, je peux encore te sauver. C'est tout ce qui compte. Ensuite, j'irai rejoindre mes hommes.

 

(p684) – Jamie, marmonnai-je dans les plis de son tartan. Je retourne à Culloden avec toi. (…) – Non ! répéta-t-il. Il n'en est pas question. Il me dévisageait avec un mélange de colère et d'effroi. (…) – Jamie... je ne veux pas... je ne peux pas... Je ne vivrai pas sans toi, un point c'est tout ! (…) – Tu crois que je ne le sais pas ? dit-il enfin. De nous deux, c'est encore moi qui m'en sors le mieux. Car si tu ressens ce que je ressens pour toi, alors ce que je te demande revient à t'arracher le cœur et à accepter de vivre sans moi. Tu dois le faire, mo duinne. Il le faut. – Mais pourquoi ? m'écriai-je. Quand tu m'as sauvée de la foule hystérique de Cranesmuir, tu as avoué que, s'il l'avait fallu, tu étais prêt à monter sur le bûcher avec moi ! – C'est vrai, je l'aurais fait sans hésiter. Mais je ne portais pas ton enfant en moi. (…) Jamie se tourna pour s'accroupir devant moi et me prit les mains. – Claire, dit-il doucement. Demain, je serai mort. Cet enfant... est tout ce qui restera de moi. Je te le demande, Claire, je t'en supplie, emmène-le loin d'ici. 

(…) – Je te retrouverai, murmura-t-il à mon oreille. Je te le promets. Si je dois endurer deux siècles de purgatoire, deux siècles sans toi, c'est que tel est le prix que je dois payer pour mes crimes. J'ai menti, j'ai tué, j'ai volé, j'ai trahi et j'ai manqué à ma parole. Mais lorsque je me tiendrai devant Dieu, j'aurai un argument pour ma défense : « Le Seigneur m'a donné une femme d'exception, et je l'ai aimée de tout mon être. » 

(…) – Tu es si belle, mon amour, me murmura-t-il.

 

(p687) – Frank... dit-il enfin avec un soupir. Je ne sais pas ce que tu vas pouvoir lui raconter. De toute manière, il ne voudra sans doute pas l'entendre. Mais s'il cherchait à savoir, parle-lui comme tu m'as parlé et dis-lui... que je lui suis reconnaissant, que j'ai confiance en lui, parce que je n'ai pas le choix. Et dis-lui aussi... que je le déteste. 

 

(…) C'étaient nos derniers instants ensemble et nous ne savions pas comment nous dire adieu. – Dans l'ancien temps, dit Jamie, lorsqu'un guerrier partait en guerre, il allait trouver une sorcière pour le bénir. Il devait regarder dans la direction où il allait partir et elle se plaçait derrière lui pour réciter ses incantations. Lorsqu'elle avait terminé, il marchait droit devant lui sans se retourner, car un dernier regard vers elle lui aurait porté malheur. Il caressa mon visage et me tourna le dos, face à la porte. Le soleil matinal inondait le seuil, illuminait sa chevelure rousse comme un halo de feu. Il bomba le torse et s'emplit les poumons. – Bénis-moi, sorcière, dit-il doucement, et rentre chez toi. Je posai une main sur son épaule, cherchant mes mots. Jenny m'avait appris quelques prières celtiques. Je tentai de m'en rappeler une. – Jésus, fils de Marie, commençai-je d'une voix rauque, j'invoque ton nom et celui de Jean, l'apôtre bien-aimé, ainsi que celui de tous les saints réunis dans les deux. Veuillez protéger cet homme dans la bataille à venir... Je m'interrompis brusquement. Des bruits de pas et de voix s'élevaient non loin.

(…) Il m'embrassa une dernière fois avec une fougue qui me laissa un goût de sang dans la bouche. 

 

 

 

* La numérotation peut être différente d’une édition à l’autre…