Commentaires des scénaristes
Dans le script, absent de la série
Dans la version finale uniquement
Indications et dialogues
Indications et séquences

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ÉPISODE 203 « LA PARTITON DE MUSIQUE « (USEFUL OCCUPATIONS AND DECEPTIONS) 

 

 Écrit par Anne Kenney 

 

 

 

PROJET DE PRODUCTION FINAL

18 septembre 2015

COPYRIGHT © 2019 Sony Pictures Television INC.

 

 

PERSONNAGES

CLAIRE BEAUCHAMP RANDALL /JAMIE MACKENZIE FRASER/ FRANK RANDALL

 MURTAGH FITZGIBBONS FRASER /LOUISE DE ROHAN/ MARIE HAWKINS /FERGUS

LE COMTE ST. GERMAIN/PRINCE CHARLES STUART /JOSEPH DUVERNEY/MAÎTRE RAYMOND

MÈRE HILDEGARDE /SŒUR ANGELIQUE/ SUZETTE /MAGNUS/ MADAME ÉLISE/

 PATIENTS

 

INTÉRIEURS

Le carrosse/ La maison de Louise : boudoir/ Maison du révérend Wakefield (1945) Bibliothèque Versailles : Grande Bibliothèque /Appartements de Jamie et Claire : Chambre à coucher. Logement des domestiques. Escalier. Salon/Apothicairerie

 L'Hôpital Des Anges et Chambre de Mère Hildegarde/ Maison Élise

 

 EXTÉRIEURS

 Rues de Paris /La maison de Louise / Le carrosse/Versailles /Apothicairerie

 Appartements de Jamie et Claire/ Cour /L'Hôpital Des Anges

 

 

PASSAGES PRESENTS DANS LE SCRIPT ORIGINAL MAIS PAS DANS LA VERSION TELEVISEE FINALE 

COMMENTAIRES DU/DE LA SCENARISTE, TOUJOURS INTERESSANTS ! 

INDICATIONS SCENIQUES ET DIDASCALIES

DIALOGUES VOIX DIRECTE

CE QUI APPARAIT DANS LA VERSION FINALE TELEVISEE UNIQUEMENT 

COMMENTAIRES
 

PAS DE SEQUENCE PRE-GENERIQUE. 

  

GENERIQUE ET CREDITS. 

  

TITLE CARD : 

L’épisode s’ouvre : gros plan sur les pièces d’un échiquier et particulièrement le Roi couché (et Mat).

 

 

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1. 2INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - CHAMBRE - PETIT MATIN 

 Claire est seule au lit, endormie. Le côté du lit de Jamie est vide. Après un moment, nous entendons le bruit de sabots de cheval et des roues d’un carrosse sur les pavés à l'extérieur. Le son réveille Claire, qui regarde et découvre qu'elle a encore dormi seule une autre nuit. Elle sort du lit et se dirige vers la fenêtre.

Jamie saute du carrosse qui est entré dans la cour, et se dirige vers la porte à grands pas. JAMIE (au cocher) : « Occupez-vous des chevaux, mais tenez-les prêts. Nous repartons dans quelques minutes. »

Claire se précipite vers l’entrée, à la rencontre de Jamie. On l’entend monter rapidement les escaliers, commençant déjà à se déshabiller pour changer de vêtements. Il voit claire qui l’attend en haut des escaliers.

JAMIE : « Je ne voulais pas te réveiller, Sassenach. »

 CLAIRE : « Encore une longue nuit à la Maison Elise ? »

JAMIE : « Oui. Et je crains que le prince Charles n'ait plus guère de patience avec ton mari. Hier soir, il m’a demandé que j'arrange enfin cette entrevue qu’il désirait tant avec le ministre Duverney. Et il la veut « subito ». C'est l’Italien pour tout de suite. »

 CLAIRE : « Oui je sais ce que ça signifie. Cela devait bien se produire tôt ou tard. C'est impressionnant que tu aies réussi à la retarder pendant tout ce temps. Penses-tu que Duverney va consentir à rencontrer le Prince ? « 

JAMIE : « Je n'en ai aucune idée. Je n’ai guère le temps de m’en inquiéter. J'ai évité d’en parler avec Duverney jusqu’à présent. » 

CLAIRE : » Eh bien, je suppose que maintenant, tu dois le faire. Ou risquer de perdre la faveur de Charles. «  

Jamie se dirige vers un tiroir et en sort une poignée de pièces d’or. Il les tient dans sa paume, se demandant s'il en a assez pour ses besoins. 

JAMIE : « Oui. Même s'il y aurait beaucoup à gagner à perdre sa faveur. En termes d’argent, j’entends. Le prince aime acheter ses dames au prix fort mais il s'attend à en payer le prix avec mon argent. » 

 Jamie laisse échapper un large bâillement. 

 JAMIE : « Je dois repartir. Un inspecteur du gouvernement vient vérifier l'entrepôt de Jared, et puis, je dois galoper à bride abattue vers Versailles pour une partie d'échecs et bavarder avec Duverney et puis, au même rythme effréné, je devrai retourner, avec le ministre à mes côtés, jusqu’ à la Maison Élise pour une autre nuit à m’enivrer. Et bavarder encore et toujours avec ce Prince fou à lier. « 

La simple pensée de ce qui l’attend provoque un sentiment d’impuissance. Mais il combat sa fatigue avec un sourire.

 JAMIE : « Ceci dit, je suppose que freiner la rébellion de Charles vaut la peine de sacrifier un peu de sommeil. « 

CLAIRE : « J’ai bien peur que tu ne sacrifies davantage. »

 JAMIE : “Dinna fash, Sassenach. Je fermerai les yeux sur le chemin du retour. Mais j'apprécie ta sollicitude. »

 Il lui donne un rapide baiser. Claire réagit aux différents parfums qu'il porte sur lui. Jamie remarque sa réaction.

JAMIE : » Je sais. J’empeste la fumée, n'est-ce pas ? »

 CLAIRE « Et le parfum pas cher. Cela n’aide pas exactement mes nausées matinales. »

 JAMIE : « J'ai penché la tête par la fenêtre en venant ici, mais tout cela pour rien, apparemment. Retourne te coucher, Sassenach. Toi et le bébé avez besoin de repos. Et il te reste du temps avant d’aller chez Louise pour le thé. »

CLAIRE : » Je ne voudrais pas être en retard pour le thé. « 

JAMIE : « Je te l’accorde, ce n’est pas une partie de plaisir.  (Il sort en prenant une bourse lourdement remplie). Mais on ne sait jamais - aujourd'hui pourrait être le jour où tu apprendras quelque information vitale, qui permettrait d’arrêter toute chance de rébellion de Charles une fois pour toutes. »

 

 Anne Kenney : 

« Cette scène a connu de nombreuses itérations. Nous voulions que Claire se sente frustrée par le manque de but à Paris, malgré le fait qu'elle et Jamie soient ici pour une grande mission visant à arrêter la rébellion jacobite. 

Mais, en raison de l’époque et de la place que les femmes étaient censées occuper, la majeure partie du travail sur le terrain devait être effectuée par Jamie. 

 L'astuce était de lui donner ce sentiment de manque de gouvernance, sans qu'elle ait l'air de s'ennuyer ou de pleurnicher face à tout ce que Jamie a à faire. 

Je pense que nous avons trouvé l’équilibre que nous recherchions. » 

 

CLAIRE : « Et qui me donnerait cette information vitale ? Louise ? Madame Geyer ? « 

Alors que Jamie range sa bourse dans son sporran, il remarque :

 JAMIE (l’interrompant) : « Bon sang, je ne le crois pas. Je ne l’ai plus. Sawney. Il n'est plus dans mon sporran. Je l'ai depuis que je suis tout petit. « 

CLAIRE : « Je suis sûre qu’il n’est pas bien loin. ».

 JAMIE : » Fais-moi une faveur, Sassenach. Dis aux domestiques de fouiller la maison. C'est un petit serpent en bois de cette taille… »

CLAIRE : « Je sais. Ne t’inquiète pas. Nous allons ratisser la maison. »

JAMIE : « Je m’en remets à ton expertise. ». Alors que Jamie se dirige vers la porte... JAMIE : » Transmets mes salutations à tes dames pour le thé. « 

Jamie sort. Claire montre une frustration certaine.

CLAIRE : « Ce ne sont pas mes dames. « Mais Jamie est déjà parti.

 

3EXT.  4INT. MAISON DE LOUISE - SALON – JOUR 

 Louise est assise à une table en face de Claire, jouant aux cartes. (Le piquet). Une des autres joueuses est Mary Hawkins. Claire jette un coup d'œil à la jeune fille anglaise.

Trois autres dames sont assises sur le canapé, partageant le thé et les potins.

CLAIRE (Voix Off) : « Chaque fois que je voyais Mary Hawkins, j'avais l'étrange sentiment que je la connaissais d'une manière ou d'une autre, mais jusqu'à présent, il m’était impossible de la situer... «  

Mary regarde autour d'elle, puis s’exclame, ne pouvant plus contenir son chagrin…

MARY : » Je ne peux pas épouser le Vicomte Marigny. «  

LOUISE : » Bah ! Nous en avons discuté. Il est vieux, il vous dérangera moins. Vous pourrez prendre un amant. » 

Mary est trop concentrée sur ses propres problèmes pour être scandalisée par La suggestion de Louise. 

MARY : » Je ne peux pas épouser un Français ! « 

CLAIRE : « Quel est le problème avec les Français ? »

MARY : » Vous ne connaissez pas les Français ? Comment ils… »

Mary rougit profondément, elle reste sans voix.

LOUISE (à Claire) : « Vous êtes anglaise. Vous savez ce dont elle parle ? « 

CLAIRE : « Non, j'ai bien peur que non... « 

MARY : « (à Claire) Bien sûr, comment pourriez-vous le savoir ? Votre mari est si doux et si gentil. Il ne... je veux dire, je sais qu'il ne vous fait pas subir tout cela. »

 Louise comprend, se met à rire. Claire lui lance un regard.

CLAIRE (à Mary) : « Vous voulez dire... « 

MARY : » Ce qu'ils font dans... un lit. (Un murmure rauque) Ma femme de chambre m'a dit que les français mettent leur « chose » entre les jambes d’une dame ! Je veux dire, en elle ! « 

LOUISE (les yeux écarquillés) : « Non ! »

 MARY : « Si ! (À Claire) Un Anglais, ou même un Écossais... Oh, je ne le pensais pas de cette façon. Mais un homme honnête comme votre mari ne rêverait jamais de forcer son épouse à endurer quelque chose comme ça ! « 

Cela fait exploser de rire Louise.

CLAIRE : « Mary, je crois que nous devrons avoir une petite discussion. »

 MARY (sur la défensive, à Louise) : « D’où je viens, les hommes ne font pas des choses comme ça. « 

LOUISE : » Et où est-ce ? La lune ? « 

MARY : « Seaford, dans le Sussex. « 

Gros plan sur Claire qui comprend soudainement…

 

Anne Kenney : 

« J'adore cette scène. C’est une de ces scènes hybrides où nous prenons quelque chose du livre (Claire et Mary discutant de ce que « les hommes font au lit ») et nous y ajoutons quelque chose, en l’occurrence Louise. 

 J’aime que Louise exprime en quelque sorte ce que Claire ressent réellement à propos de la naïveté de Mary. 

 Nous voulions également que Claire se souvienne de l'endroit où elle avait déjà entendu le nom de Mary Hawkins », afin de pouvoir le relier à Frank et Jack Randall. 

J'ai été très satisfaite de la fluidité avec laquelle tout semble se dérouler dans cette scène. «  

 

5INT. MAISON DU REVEREND WAKEFIELD - BIBLIOTHÈQUE - 1945 – 

Flashback : Claire regarde, par-dessus l'épaule de Frank, la première page intérieure d’une grand Bible sur la table.

 FRANK : » Je l'ai trouvée dans le grenier de la maison de ma grand-mère, dans le Sussex. « 

CLAIRE (taquine) : « Donc, même ta grand-mère était une historienne. »

 FRANK : » La plupart des familles, historiennes ou non, enregistraient toutes les naissances, les décès, et les mariages dans leurs Bibles familiales. Celle-ci ne remonte qu'à sept générations, mais d’après ce qu’on peut lire, ton mari chéri voit sa lignée débuter en 1746 lorsque Jonathan Wolverton Randall » —

CLAIRE (en lisant) : » … a épousé Mlle Mary Hawkins. « 

 

LOUISE : » Ma Chère Claire ! Tout va bien ? »

 

 

6INT. MAISON DE LOUISE - SALON – JOUR - RETOUR À LA SCÈNE. 

Claire s'affale sur sa chaise, abasourdie, alors que Mary et Louise l’entourent, inquiètes.

MARY : » Est-ce que vous allez bien ? J'espère ne pas vous avoir contrariée... « 

LOUISE : » On dirait que vous avez vu un fantôme ! «  

CLAIRE : » Non, je vais bien, juste un peu fatiguée. Je pense que je devrais y aller. » 

LOUISE : « Bien sûr, je vais demander à Antoine de faire venir votre carrosse. «  

Elle s'en va précipitamment. Claire essaie de rassurer Mary d’un sourire. 

 

 A7EXT. RUE DE PARIS - MAISON DE LOUISE – JOUR 

 Claire sort de la maison de Louise et le carrosse démarre. 

CLAIRE (Voix Off) : » Quelque part au fond de moi, je devais le savoir. Si Jack Randall était bel et bien mort à la Prison de Wentworth, il n’aurait évidemment pas pu, plus tard, épouser Mary Hawkins et concevoir l’ancêtre direct de Frank… «

 

Anne Kenney : 

« Comme vous le voyez si vous regardez le scénario, ce moment a été conçu comme une longue voix off, avec Claire expliquant l'importance de réaliser qui est Mary Hawkins, alors que Claire traverse Paris. 

 Il y a BEAUCOUP d’informations dans ce monologue. Dans la salle de montage, Ron a ajouté un montage sur la voix off, comme des repères visuels pour aider le public à suivre ce qu'elle disait et de qui elle parle. 

Tellement utile (la télévision est un média visuel, après tout) ! 

L'autre chose que j'aime dans les clips que nous avons choisis pour ce montage, c'est qu'ils montrent Claire et Frank heureux ensemble. Tant d’histoires impliquant un triangle amoureux rendent un point du triangle si évidemment inférieur à l’autre que ce n’est même pas un choix. 

J'aime le fait que nous ayons pu passer un peu plus de temps avec Frank dans la série, et comme je fais toujours partie de l'équipe Jamie, ce n'était absolument pas gagné d’avance ! 

 

7EXT./INT. CARROSSE - JOUR 

Tandis que le carrosse avance dans les rues, Claire réfléchit, se balançant aux mouvements de la voiture, essayant de digérer ce dont elle vient de se souvenir.

CLAIRE (Voix Off) : » …Et dans ce cas, Frank lui-même n'aurait jamais vu le jour. Peut-être n’avais-je pas pris le temps d’y réfléchir jusqu'à maintenant... mais j'étais confrontée à ce terrible dilemme, selon lequel l'existence même de Frank dépendait maintenant de la survie de Jack pendant au moins au moins encore un an. Était-ce pour cela que je n'avais pas dit la vérité à Jamie ? Parce que j'avais peur que si je le faisais, il retournerait en Écosse et le tuerait ? Et ainsi tuerait Frank... ? 

Elle ferme les yeux alors qu'une nouvelle pensée la frappe. 

CLAIRE (Voix Off) : » …Et qu'en était-il de Mary Hawkins ? Comment, au nom de Dieu, une jeune fille comme elle pourrait-elle finir mariée à un tel monstre ? «  

Elle rouvre les yeux, regardant les rues de Paris, son esprit bouillonnant. 

 

 

 

 

 

 

SERIES DE SCENES AVANCEES DANS LA VERSION FINALE. (10. 11. 12) 

 

A10 10EXT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - COUR – JOUR 

 Claire descend de la voiture et se dirige vers ses appartements, son esprit toujours en ébullition, pensant et repensant encore aux implications de sa découverte pour Frank, Jack et Mary Hawkins.

 

A11INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - ESCALIER/SALON – JOUR 

 Magnus la rencontre dans les escaliers et s’avance vers elle.

MAGNUS : » Bienvenue chez vous, Madame. En votre absence, vous avez reçu trois invitations à des dîners et des bals pour la semaine prochaine. Vous avez reçu une carte de remerciement de Madame Cholbi. La recherche du petit serpent en bois continue, mais pas de succès pour l'instant. Et j'ai trouvé ceci -- (il tend une pièce de dentelle) -- dans la cuisine. Je crois que c'est à vous ? « 

Pour Claire, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Elle l'attrape des mains de Magnus.

CLAIRE : « J'ai demandé à Suzette de le repriser. »

 Elle passe son doigt dans l’accroc de la pièce de dentelle. Ce n'est pas le jour pour embêter Claire.

 Claire monte à l’étage des domestiques et entre sans ménagement dans la chambre de Suzette.

CLAIRE : » Suzette ? »

 

11INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE – ETAGE DES DOMESTIQUES – JOUR 

 Claire pousse la porte, et entend des rires et des gloussements derrière un rideau. Certainement pas d'humeur à procéder avec tact, Claire ouvre le rideau –

CLAIRE : « Suzette, ne t’ai-je pas demandé de repriser » –

Elle s'arrête net, stupéfaite de voir Murtagh la regarder, allongé dans le lit étroit, puis Suzette, assise sur Murtaugh, déjà très dévêtue....

SUZETTE : » Avez-vous besoin de quelque chose, Milady ? »

CLAIRE : « Non… » et elle ressort, encore plus furieuse.

 

12INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - SALON – QUELQUES INSTANTS PLUS TARD 

Claire est là quand Murtagh entre, rentrant sa chemise. Claire lui lance un regard réprobateur.

 MURTAGH : « Je ne m'excuserai pas d'avoir passé du temps avec ta femme de chambre, si c’est ce que tu veux me reprocher. « 

CLAIRE : « Ce que tu fais de ton temps ne regarde que toi. »

MURTAGH : « Oui, en effet. ».

CLAIRE (hargneuse) : « Mais tu n'as rien de mieux à faire ? Je sais que Suzette, elle, si. Nous sommes au milieu de la journée, bon sang... « 

MURTAGH : « En fait, non, vois-tu. Et depuis quand es-tu devenue une moralisatrice quand il s’agit de fricoter entre les draps ? »

CLAIRE : « Je te remercierai de t’occuper de tes affaires et de te rappeler qui dirige cette maison ! « 

Murtagh hésite mais ne répond pas, tourne les talons et s'apprête à sortir de la pièce.

CLAIRE : » Murtagh-- (il s’arrête) Je suis désolée. C’était déplacé et terriblement grossier. Je ne suis plus moi-même en ce moment… »

MURTAGH : « Non, tu ne l’es plus... « 

Il hésite, puis sort avec elle sur le balcon. Elle reste là un moment, obsédée par la pensée qui la torture. Il attend et elle lui dit finalement : 

CLAIRE : « Jack Randall est vivant. « 

MURTAGH : « Quoi ? Non ! Je l'ai vu étendu mort de mes propres yeux, perdant son sang sur le pavé de la prison de Wentworth. « 

CLAIRE : « Il semblerait qu'il se soit miraculeusement remis. Quand nous étions à Versailles, j’ai parlé au secrétaire du duc, qui se trouve être Alex Randall... son frère. »

Murtagh s'appuie contre la balustrade, essayant d’encaisser la nouvelle. 

 MURTAGH : « Rétabli... ? « 

CLAIRE : « Blessé dans l’exercice de ses fonctions. Voilà les mots d’Alex Randall « 

MURTAGH : « Le Seigneur nous préserve…. Randall est vraiment le rejeton du diable. (Réalisant soudain) Tu ne l'as pas dit à Jamie ? »

CLAIRE : « Non. « 

MURTAGH : » Bien. « 

CLAIRE : « Vraiment ? « 

 

Anne Kenney : 

« Cela fonctionne et c’est amusant. Les exigences de l'intrigue de cette scène étaient d'amener Claire à dire à Murtagh que Black Jack est toujours en vie, et qu'elle ne l'a pas dit à Jamie. Nous devions également la faire passer de cette scène à une scène avec Maître Raymond, et il fallait que ce soit intéressant/divertissant. 

Et puis, il y a le début d’une relation entre Murtagh et Suzette. À un moment donné, nous avions également imaginé un amour non partagé entre Murtagh et Mary Hawkins. J’ai adoré cette idée, mais finalement, pour des raisons dont je ne me souviens même plus maintenant, nous nous en sommes éloignés, même s’il y a une sorte de clin d’œil dans un épisode ultérieur. «  

  

MURTAGH : » Oui, sauf si tu veux le voir s’enfuir et retourner en Écosse pour se venger. Ce qui finirait immanquablement par l’arrestation et la pendaison de Jamie, qu'il tue Randall ou pas. « 

CLAIRE : » J'ai l'impression de vivre dans le mensonge. »

 Murtagh pose une main sur son bras.

MURTAGH : » Tu gardes un secret pour le protéger. Et si ça peut éviter à notre ami d’entrer dans une rage aveugle pour rencontrer son créateur au bout d'une corde, alors je garderai ce secret avec toi. « 

Elle le regarde dans les yeux et sourit avec reconnaissance.

CLAIRE : » Merci. « 

MURTAGH : « De rien…Maintenant, si cela ne te dérange pas... j'ai une affaire à finir avec ta femme de chambre... « 

Il se retourne pour partir.

CLAIRE : « Je ne pense pas que tu as pensé à la contraception ? « 

MURTAGH : « Contraception... ? »

CLAIRE : « Ce n’est pas grave. Je prendrai quelque chose pour Suzette. « 

Murtagh sort.

 

8EXT. 9INT. VERSAILLES - GRANDE BIBLIOTHÈQUE - JOUR 

Jamie et Duverney sont assis de part et d’autre de l'échiquier. Duverney se concentre sur le jeu. Jamie gagne facilement, malgré le fait qu'il ne soit pas aussi concentré.

 DUVERNEY : » Notre intervention en Autriche a épuisé nos ressources. Le roi n'est pas enclin à financer une autre aventure à l’étranger. La France ne peut pas se le permettre. »

 JAMIE : » La Grande-Bretagne non plus. Si une guerre éclate en Écosse, ils devront quitter l'Autriche pour réprimer la rébellion à la maison. « 

DUVERNEY : » Oui, oui, augmenter nos chances pour la victoire en Autriche -- j'ai entendu cet argument de vos compatriotes jacobites à plusieurs reprises. Mais je suis ici pour jouer aux échecs, pas pour débattre de politique. D’ailleurs, je vous aurai en trois coups. »

 JAMIE : » Qu'est-ce que la politique, sinon des échecs grandeur nature ? « 

 

Anne Kenney : 

« L’un des plus grands défis pour moi dans la saison 2 a été de restituer la quantité d’informations requises par toutes les intrigues politiques. Essayer de rester concise et divertissante tout en couvrant le terrain nécessaire. 

 Encore une fois, le visuel aide énormément : le jeu des acteurs souligne les mots. Sont-ils inquiets ? Surpris ? Excités ? Même si vous ne comprenez pas totalement la signification des mots dès le premier visionnage, vous comprenez toujours leur signification pour nos personnages et notre histoire. » 

 

 Jamie fait un geste apparemment imprudent. Duverney contre. Jamie se penche en avant, bouge une pièce. Duverney fronce les sourcils.

DUVERNEY : « Depuis combien de temps avez-vous prévu ce mouvement ? »

 JAMIE : « Depuis que vous avez choisi l’ouverture espagnole. »

DUVERNEY : « Je vais vous avoir. Regardez par vous-même. » 

Duverney bouge, Jamie réplique à nouveau et Duverney est soudainement piégé. Duverney renverse son roi.

DUVERNEY : « Vous gagnez la partie. Encore. « 

JAMIE : « Vous avez bien joué. Mais si vous le voulez bien, je vais en revenir à des affaires plus urgentes. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, vous m’avez proposé vos services en cas de besoin. « 

DUVERNEY : « Vous savez, James, si vous désirez obtenir mon aide, ce ne serait pas une mauvaise idée de perdre une partie de temps en temps. »

JAMIE : » Je vous respecte trop pour vous offrir une victoire dérisoire. »

 DUVERNEY : » Je vous donne la permission de moins me respecter. Maintenant, comment puis-je me rendre utile ? »

 JAMIE : « Répétez au prince Charles ce que vous m'avez dit -- que le roi Louis n'a pas intention de financer la rébellion. »

 DUVERNEY : » Vous voulez décourager le Prince Charles de fomenter la rébellion ?

Pourquoi ? « 

JAMIE : » L'Écosse et notre peuple ne peuvent pas supporter une autre rébellion ratée. Nous ne devons pas lancer l’insurrection avant d’être certains d’avoir les ressources et les alliances pour gagner. »

 DUVERNEY : « En tant que ministre, je ne peux pas parler officiellement à l'émissaire d'un monarque non reconnu par le roi, vous le savez. »

JAMIE : » Bien sûr. Mais si vous rencontriez Charles en privé... dans un lieu où la discrétion est favorisée par-dessus tout... ? »

 DUVERNEY : « Où donc ? »

 JAMIE : « A la Maison Élise. »

 DUVERNEY (mélancolique) : « Mmmm. Je n'y suis pas allé depuis des mois... ma femme... »

 JAMIE : « ... n’a pas besoin de le savoir. Vous pouvez lui dire sans mentir que vous sortez simplement avec moi... pour jouer aux échecs. »

 Duverney réfléchit un instant... puis sourit et repose une pièce sur le plateau : le roi. 

 

 

13EXT. APOTHICAIRERIE – JOUR 

 Le carrosse de Claire s’arrête au pied des escaliers menant à l’apothicairerie.

 En arrivant devant l’officine, elle est désagréablement surprise de voir Maitre Raymond discuter avec le Comte Saint-Germain. Tout d’abord, ils ne remarquent pas Claire.

ST. GERMAIN : » Cela doit strictement rester entre vous et moi. « 

MAÎTRE RAYMOND : » Bien entendu, cela va sans… »

Ils remarquent soudain la présence de Claire. Le visage de Maître Raymond s'éclaire, mais il se comporte prudemment, connaissant l'histoire entre ses deux clients.

MAÎTRE RAYMOND : » Madonna ! Quel plaisir de vous revoir ! Je crois que vous connaissez Monsieur le Comte ? « 

St. Germain fixe Claire, ses yeux aussi froids que la pierre. Claire se force à ne pas reculer instinctivement. Elle fait une brève révérence.

CLAIRE : » Oui, nous avons déjà eu l'occasion de faire connaissance. »

ST. GERMAIN : » Oui, en effet. Et nos chemins se croiseront à nouveau, Madame. Je vous en fais la promesse. «  

Il s'incline devant elle, lui baisant la main avant qu'elle ne puisse la retirer, puis s’en va. Claire se tourne vers Maitre Raymond. 

CLAIRE : « Êtes-vous toujours aussi amical avec vos soi-disant ennemis ? « 

MAÎTRE RAYMOND (il hausse les épaules) : « Parfois, des intérêts mutuels nous obligent à nous associer avec des gens détestables ou indignes de confiance. « 

Claire ne le sait que trop bien.

 MAÎTRE RAYMOND : » Je vous en prie, entrez donc et dites-moi comment je peux vous aider ? »

 Alors qu'elle le suit à l’intérieur...

 

14INT. APOTHICAIRERIE - JOUR - QUELQUES MINUTES PLUS TARD 

Raymond récupère un pot en porcelaine marqué en latin, comme tous les autres, avec une écriture soignée. Hésitant, il se tourne vers Claire, qui regarde les pots sur ses étagères.

 MAÎTRE RAYMOND (Mal à l’aise) : « Vous ne pensez pas que l'armoise serait plus appropriée ? Même si je ne la recommanderais pas à ce stade de la grossesse… » 

 Claire pâlit. 

CLAIRE : « Je souhaite prévenir une grossesse, pas en terminer une. C'est pourquoi je vous ai demandé de la « daucus carota ». Et dans les deux cas, ce n'est pas pour moi. » Maître Raymond sourit, soulagé.

 MAÎTRE RAYMOND : » Ah, Madonna, vous n’aviez pas l'air d'être une femme souhaitant se débarrasser d'un fardeau.  Delphine, va donc voir à l’arrière. »

 Il choisit un pot et l'apporte à sa table de travail.

CLAIRE : « Comment savez-vous à quel « stade » je suis, de toute façon ? La plupart des gens ne peuvent même pas dire que je suis enceinte. «  

MAÎTRE RAYMOND : » Comme vous l'avez peut-être remarqué, je ne suis pas "la plupart des gens." «  

Elle ne peut s’empêcher d’apprécier cet étrange petit homme. 

 CLAIRE : « Je l'ai remarqué. » 

 Il sourit, acceptant ce compliment. Claire prend l'un des pots en porcelaine.

CLAIRE : (lisant l'étiquette) Aconitum Napellus. De l’aconit. »

Maître Raymond lui prend précipitamment des mains.

 MAÎTRE RAYMOND : » Vous devez faire attention, Madame. « 

Il prend le pot et le remet à sa place sur l'étagère.

CLAIRE : » Je sais, c’est du poison. Je ne connais aucune vertu médicinale à l’aconit. »

Il sourit.

MAÎTRE RAYMOND : » Moi non plus, Madonna. « 

CLAIRE : « Et pourtant vous le vendez dans votre boutique. »

 MAÎTRE RAYMOND : » Je l'ai dans ma boutique. Ce que je vends à mes clients qui, généralement dans un moment de passion, ont envie d'empoisonner leurs ennemis, c’est du « cascara amer ». L'effet est presque immédiat. L'estomac cherche à se purger... eh bien, vous voyez... »

 CLAIRE : » Donc l'ennemi semble souffrir le martyre, mais il n’en meurt pas. »

 MAÎTRE RAYMOND : » Précisément. L'empoisonneur attribue cette guérison à l'intervention d’un prêtre ou quelque autre contre-sort. Personne ne meurt. Et le client est satisfait. »

 CLAIRE : « Vous êtes donc un homme d'affaires avisé doublé d’un humaniste. »

 Raymond sourit et retourne à sa table de travail pour préparer la daucus carota ; Claire s'installe pour le regarder travailler. 

 MAÎTRE RAYMOND : » À qui s'adresse le contraceptif, si je peux me permettre ? « 

CLAIRE : » Ma femme de chambre. »

 Il rit, surpris.

MAÎTRE RAYMOND : » C'est généralement l'inverse. La femme de chambre en achète en prévision, pour que sa maitresse puisse garder les apparences de la fidélité. « 

CLAIRE : » Oui, eh bien, je suis une femme inhabituelle. Ou du moins je l’étais. »

 MAÎTRE RAYMOND : » Comment, Madonna ? « 

CLAIRE : » Ce n'est rien. J’ai l’impression que depuis que je suis ici à Paris, ma vie semble devenir plus conventionnelle de jour en jour, et cela vaut pour moi, je suppose. Mais cela n'a aucune importance. »

 MAÎTRE RAYMOND : » Je me demande si vous avez déjà envisagé de mettre vos talents de médecine en pratique ? L'Hôpital des Anges a toujours besoin d'aide. « 

Claire, est soudainement très intéressée...

 CLAIRE : « Qu’est-ce que l’Hôpital des Anges ? « 

MAÎTRE RAYMOND : » Un dispensaire, près de la cathédrale. Les religieuses qui le dirigent font de leur mieux, mais elles doivent compter sur des volontaires médicaux, pas tous aussi perspicaces que vous, ou qui n’ont pas autant besoin d’aider les autres. »

 Claire a l'air surprise. Il a touché une corde sensible en elle. Il lui sourit doucement et lui tend le pot d’herbes préparées.

MAÎTRE RAYMOND : » Pour votre femme de chambre. »

Claire le prend en souriant, mais son esprit est déjà tourné vers autre chose...

 

15-16 17EXT. L'HÔPITAL DES ANGES – JOUR 

 L'hôpital se trouve à l'intérieur de ce qui était autrefois une église. Le carrosse de Claire s'arrête dans la rue et elle en sort – portant une tenue moins raffinée que celle qu'elle portait plus tôt. Elle sourit à la vue des lieux. Murtagh sort et regarde l'hôpital avec moins d'enthousiasme.

MURTAGH : » Tu es rentrée en trombe et tu m’as fait sortir pour ça ? « 

CLAIRE : » Tu n’as pas besoin d'entrer, garde juste un œil sur le carrosse et attends-moi ici. « 

Murtagh regarde les différents personnages peu recommandables sur les marches des escaliers. 

 MURTAGH : » Les riches ont aussi besoin d’être soignés, tu sais. » 

CLAIRE : » Les riches font venir les médecins chez eux. Les pauvres ne peuvent venir qu'ici. » 

 MURTAGH : » Jamie n’aimera pas ça. « 

CLAIRE : » Il sera heureux si je suis heureuse. « 

Murtagh n'est pas convaincu. Claire monte les marches alors que Murtagh grogne et regarde un indigent qui s'approche trop près de la voiture pour mendier.

 MURTAGH (Dans un français maladroit) : « Bas les pattes !  (En anglais) Ou tu devras entrer là pour te faire soigner... »

 

 18INT. L’HÔPITAL DES ANGES - JOUR - QUELQUES MINUTES PLUS TARD 

 Une grande salle avec de nombreux patients souffrants de diverses maladies. Mobilier sommaire, fournitures de base, des religieuses qui font office d’infirmières et des aides-soignantes qui se déplacent parmi les patients et les soignent comme elles le peuvent.

 Deux « médecins » masculins vont de malade en malade.

Claire se tient à côté de Sœur Angélique, jeune, réservée. Claire regarde la scène avec délectation.

CLAIRE (Voix Off) : » Après des mois d’oisiveté à ne rien faire de plus difficile que tenir des tasses de thé et manger des pâtisseries, mes doigts me démangeaient presque, par anticipation, de faire des sutures, panser des plaies, réduire des fractures... «  

SOEUR ANGELIQUE : » Est-ce là ce que vous imaginiez, Madame ? « 

CLAIRE : « Oui. C’est exactement ça. (Regardant les hommes qui travaillent) Vos médecins, j'imagine ? « 

 SOEUR ANGELIQUE : » Ou ce qui s'en rapproche le plus. Ils donnent de leur temps car la médecine les fascine. (Elle les montre du doigt) Monsieur Lovrier est boucher de profession. Il est aussi notre spécialiste des muscles et des os. Monsieur Parnelle nous fournit en bandages qu'il confectionne dans son propre établissement. Il est aussi notre uromancien. « 

Puis l'expression de Claire change lorsqu'elle voit...

CLAIRE : » Un chien ? Dans un hôpital ? « 

SOEUR ANGELIQUE : » C'est Bouton. Et voilà Mère Hildegarde. »

 Claire lève les yeux pour voir Hildegarde de Gascone, plus connue sous le nom de Mère Hildegarde, la cinquantaine, directrice de l'Hôpital des Anges. Mesurant près d’1,80m, maigre et osseuse, enveloppée dans l’épaisseur de son habit de nonne en laine noire. A mesure qu'elle s’approche, Mère Hildegarde affiche un léger sourire condescendant.

SŒUR ANGELIQUE : » Mère Supérieure, voici Lady Broch Tuarach. « 

MÈRE HILDEGARDE : » Broch Tuarach. Vous êtes donc Écossaise ? « 

CLAIRE : » Anglaise. Mon mari est Écossais. « 

MÈRE HILDEGARDE (passant facilement à l’anglais) : » Et comment pouvons-nous vous aider, Madame ? Est-ce qu'un de vos domestiques est ici aujourd'hui ? »

 CLAIRE : » Non. Comme je l'ai mentionné à Sœur Angélique, j'ai des aptitudes médicales et je pensais me rendre utile ici... « 

MÈRE HILDEGARDE : « En effet. (À sœur Angélique) Ma Sœur, pouvez-vous trouver quelque chose à faire à Madame ? Bouton, viens ! « 

 

19INT. L’HÔPITAL DES ANGES - JOUR - QUELQUES MINUTES PLUS TARD 

Claire pousse un grand seau dans lequel elle vide les bassines. Claire lève les yeux et voit Mère Hildegarde de l'autre côté de la salle, la regardant attentivement.

 

 21INT. L'HÔPITAL DES ANGES – JOUR 

SCENE AVANCEE EN VERSION FINALE (voir numéro de scène) 

 

 Claire est là depuis plusieurs heures maintenant. Elle continue à vider les bassins dans le seau. Elle se relève en se massant le bas du dos et aperçoit une dame parisienne (comme celles avec qui elle prend le thé), debout à côté d'une patiente, sa servante. La femme a un bouquet (pomander) pressé contre son visage, pour masquer les odeurs de l'hôpital. Elle dit quelque chose que nous n'entendons pas. Puis quitte la salle précipitamment.   

Claire la regarde, puis s’approche et son regard tombe sur un récipient en verre de forme étrange débordant de liquide jaune posé sur le sol. Dans le lit, une femme jeune (dans la vingtaine ?), extrêmement amaigrie et apathique. Claire s'accroupit pour se rapprocher et vérifier.

 CLAIRE (Voix Off) : » C'était de l'urine, sans aucun doute, mais sans tests chimiques, ni même de papier de tournesol, à quoi pouvait bien servir un échantillon d'urine ? « 

Elle ne se rend pas compte que Mère Hildegarde est maintenant à proximité, la regardant. Ayant une idée, Claire reprend soigneusement le récipient, puis plonge délicatement le bout d'un doigt dans le liquide et le touche délicatement avec sa langue, obtenant la réponse qu'elle attendait.

MÈRE HILDÉGARDE : » Pouvez-vous dire de quoi elle souffre, Madame ? « 

 

 Anne Kenney : 

« Le plus gros défi des séquences hospitalières, du point de vue de l’écriture, était de condenser les différentes intrigues. Ce que je devais travailler à partir du livre était d’une richesse embarrassante. 

 Mère Hildegarde, Bouton, Claire faisant ses preuves à l'hôpital, des maladies exotiques, des méthodes de diagnostic plus primitives, des « médecins » qui étaient bouchers ou chimistes ou bourreaux dans leurs vies de tous les jours… 

 Il y avait un joli cas de scrofule (écrouelles) dans le scénario, mais il a fallu le laisser de côté. Au moins, nous avons eu l'échantillon d'urine et la plaie infectée que Bouton découvre ! «  

 

 CLAIRE : « Oui, peut-être. (A la patiente) Avez-vous soif, Madame ? « 

 FEMME PATIENTE : » Tout le temps, Madame. Et je suis affamée. Je n'ai que la peau sur les os, quoi que je puisse manger. « 

Elle lève un bras maigre, puis le laisse tomber sur le lit, épuisée par l'effort. 

CLAIRE (Voix Off) : » Je soupçonnais directement la cause, mais je mis un moment pour me rappeler le terme du XVIIIe siècle utilisé pour le diabète. »

 CLAIRE : » Je crois qu'elle souffre de... la maladie du sucre. »

 Si Mère Hildegarde est impressionnée, elle ne le montre pas. Son visage est impassible. MÈRE HILDEGARDE : » Et pouvez-vous dire si elle guérira ? »

 CLAIRE (baissant la voix) : » Non. Elle ne tiendra peut-être pas le mois. »

 MÈRE HILDEGARDE : » C'est ce que dit Monsieur Parnelle. Je n'ai jamais vu de femme qui connaissait la science de l'uromancie. Peut-être pourriez-vous aider Sœur Angélique à panser les blessures d'un jeune garçon atteint de scrofule (écrouelles) ? « 

Il semblerait que Claire ait réussi un test. Elles se dirigent vers l'autre côté de la salle, où sœur Angélique s'occupe d'un jeune garçon avec de grandes plaies suintantes sur le cou. MÈRE HILDEGARDE : » Beaucoup de gens croient que le contact du souverain d'Angleterre ou de France est le seul remède contre les écrouelles. » 

 CLAIRE : » J'ai entendu cette théorie. Personnellement Je commencerais par de la scrofulaire noueuse. » 

 Mère Hildegarde lève les sourcils en léger signe d’approbation. 

 MÈRE HILDÉGARDE : » C’est précisément ce que Sœur Angélique est en train d’utiliser. Vous pouvez l’aider. » 

 Elle tend des bandages à Claire pour qu'elle puisse assister sœur Angélique. Mère Hildegarde s'éloigne sans un regard en arrière. 

MÈRE HILDEGARDE : » Bouton, viens ! «  

Le petit chien la suit et Claire se retourne vers le patient, remplie de fierté et d’un sentiment d’accomplissement. 

 

 

 20INT. MAISON ÉLISE - JOUR 

Un garçon de 11 ans, aux yeux perçants, endurci par la vie dans la rue [on apprendra plus tard qu’il s'appelle Fergus], débarrasse les verres et la vaisselle usagés, ignoré de tous. Il se faufile dans la foule, léger comme une plume, frôlant les gens sans jamais se faire remarquer. Il est en fait un très habile pickpocket...

 Jamie, Duverney et le Prince Charles sont assis à une table, en pleine conversation --

DUVERNEY : » ... Espagne, même si techniquement notre alliée, se révèle être encore un autre fardeau sur le trésor du roi... «  

L’attention de Duverney s’égare alors qu’une jeune femme avenante se promène avec un sourire invitant. 

JAMIE : « L’Espagne... ? «  

DUVERNEY : » Hmm ? Oh. Oui. Sa Majesté a jugé bon d'approuver la requête de la Couronne d’Espagne pour obtenir un prêt considérable, mais en retour... (encore distrait par une courtisane) ...on a vu des marchands français retirer leurs commerces hors du pays... Pour échapper aux augmentations de taxes que nous devons prélever... « 

PRINCE CHARLES : » Je comprends tout à fait, Monsieur. Les guerres coûtent cher. »

 JAMIE : » Oui, très cher. En sang et en or. « 

PRINCE CHARLES : » Exactement. C'est pourquoi je n'approcherais jamais Sa Majesté le Roi Louis, avec des promesses ou des poches vides. Soyez rassuré, j'ai déjà obtenu la plus grande partie des fonds pour notre cause. »

 Cela attire l'attention de Jamie et de Duverney.

DUVERNEY : « Ah oui ? »

PRINCE CHARLES : « Oh oui, les fonds sont presque suffisants pour financer toute la campagne, Monsieur. »

Une jolie courtisane leur apporte un plateau de boissons. Charles en prend un et le sirote avec une indifférence étudiée. Maintenant il a toute l'attention de Duverney, et cette fois même la belle courtisane ne peut pas distraire le ministre français.

DUVERNEY : » Je vois. (Il regarde Jamie) Peut-être ai-je mal jugé la position de Votre Altesse, j'espère que vous me pardonnerez mon erreur et... »

 PRINCE CHARLES : » S'il vous plaît, aucune excuse n'est nécessaire. Et s'il vous plaît, croyez aussi que mon cher ami Lord Broch Tuarach ne vous a pas fait de fausses déclarations. Mais il y a certaines choses qui jusqu'à présent, par nécessité, sont restées cachées, même aux yeux de mes amis et alliés les plus proches. «  

Il prend délibérément un autre verre, sachant pertinemment qu'il a son public de deux personnes au creux de sa main. Puis il regarde autour de lui pour s’assurer que personne n’écoute. 

PRINCE CHARLES (baissant la voix) : « J'ai mené des négociations secrètes avec plusieurs membres riches et influents de l’aristocratie britannique, qui pensent que mon père est l'héritier légitime du trône d'Angleterre. Retenez-bien ceci, ces patriotes sont prêts à financer son retour vers la gloire, et ont déjà payé un montant à la cause presque suffisant pour initier ce dessein divin. « 

Jamie et Duverney analysent mentalement le discours du Prince pendant un moment. Quel est son jeu ?

PRINCE CHARLES : » Mon ami James est étonné. Vous ne savez pas à quel point cela me ravit de vous voir cet air soulagé et surpris, James. »

 JAMIE : » Ce sont bien les mots, Votre Altesse. Soulagement et choc. »

 DUVERNEY : » Moi aussi, je savoure votre joie. Mais, Votre Altesse, à la lumière de ces bonnes nouvelles, je dois vous demander le rôle que vous réservez pour mon roi. »

PRINCE CHARLES : » Eh bien, l'opportunité de partager la gloire de mon père lors de la restauration de son trône. Si le roi Louis soutenait notre cause, j’offrirais à la France une alliance avec la Grande-Bretagne à la suite de notre victoire. »

 Duverney est abasourdi par l'offre.

 DUVERNEY : » La Grande-Bretagne et la France ? Des alliées ? Voilà qui changerait le monde, Altesse. « 

Maintenant, Charles insiste sur ce qu’il recherche vraiment.

 PRINCE CHARLES : « Oui. Mais la France devra nous soutenir maintenant. Ajoutez vos fonds à ceux que j’ai déjà sécurisés. Aidez-moi à assurer ma victoire. Comblez le petit écart entre ce que j'ai et ce dont j'ai besoin. Et je vous donnerai le monde. »

 Duverney réfléchit un instant.

 DUVERNEY : » Je parlerai au roi en votre nom. Mais -- j'aurai d'abord besoin de quelques preuves de vos patriotes et de leurs dons généreux. »

 PRINCE CHARLES : « Alors vous les aurez. Célébrons cela ! Buvons ! »

DUVERNEY : « Buvons. »

Jamie sourit mais il est sous le choc. 

Le prince Charles cherche la charmante courtisane. 

PRINCE CHARLES : « Choisissez la dame dodue et plantureuse qui nous a apporté notre bière ! Et Jamie – «  

 Jamie se lève. 

 JAMIE : » Je vais retrouver Madame Élise et faire les arrangements pour vous. » 

 PRINCE CHARLES : « Bon garçon. Choisissez quelqu'un pour vous-même. Dites-lui que j'en prendrai trois ! «  

Il frappe la table et rit, profitant de son moment de gloire. Jamie se dirige vers Madame Elise, heurtant Fergus, encore incrédule face à la tournure des événements... 

 

A22INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALON – UN PEU PLUS TARD 

 Jamie entre dans le salon, impatient de parler à sa femme, mais elle n'est pas là.

JAMIE : « Claire ? Suzette ! « 

Suzette entre, répondant rapidement à l’appel de son maître.

SUZETTE : » Oui, Milord. »

JAMIE : « Où est ma femme ? »

SUZETTE : » Elle n'est pas rentrée de sa sortie avec Monsieur Murtaugh cet après-midi. »

JAMIE : « Merci. »

 Jamie est clairement déçu de ne pas pouvoir partager ses nouvelles avec Claire. Il s'installe à son bureau, peut-être qu'il pourra travailler. Il commence à écrire une lettre, froisse le papier et le jette. Il recommence mais se trompe encore, froisse le papier et le jette à nouveau.

Il fait les cent pas dans la pièce. Une pointe d'inquiétude. Jamie regarde l’horloge. Il pense à sa femme où. Où diable est-elle ? Son inquiétude grandit. -- Finalement, il se sert un whisky, retourne à son bureau et attend, en espérant que sa femme rentre saine et sauve. 

Jamie est assis au bureau et examine les livres de comptes lorsque Claire arrive, rouge d'excitation après sa journée. Murtagh la suit, l'air moins enthousiaste.

CLAIRE : « Jamie ? Oh, Jamie, je suis tellement contente que tu sois là ! J’ai passé la plus belle des journées. J'ai incisé deux furoncles, j'ai changé des tas de pansements sales et j'ai examiné mon premier cas de scrofule en stade avancé. »

 MURTAGH : « Oui, le retour en carrosse a été rempli de délicieuses histoires de pus et de sang et d’orteils gangrenés. « 

JAMIE : » Où étais-tu ? Certainement pas à prendre le thé avec Louise. »

 CLAIRE : » A l'Hôpital des Anges. Tu le connais ? « 

JAMIE (méfiant) : « Oui. Le dispensaire ? (Jette un regard vers Murtagh) Qu'est-ce qui t’a amenée là-bas ? « 

Murtagh sent que cette conversation ne mène à rien de bon.

 MURTAGH : « je vais me trouver quelque chose manger. (À Claire, en passant) Je t'avais dit que ça ne lui plairait pas. »

 Claire jette un coup d'œil à Murtagh puis va se servir du whisky pour elle et Jamie. CLAIRE : « J'ai entendu dire qu'ils avaient besoin de gens avec mes compétences, et comme j'avais le temps aujourd'hui, je suis allée faire du bénévolat. Oh, et la matrone, Mère Hildegarde... une force impressionnante de la nature. Elle était un prodige musical et la filleule de l'arrière-grand-père du roi Louis. Mais elle ne va pas me rendre les choses faciles. (Elle lui tend son verre) Mais quand elle m'a vue goûter de l'urine, elle a commencé à changer d’opinion. Je n'ai pas encore gagné sa sympathie, mais cela viendra. « 

Claire remarque que Jamie la regarde avec désapprobation.

CLAIRE : » Qu'est-ce qu’il y a ? Je pensais que tu serais content pour moi. »

JAMIE : « Ah oui ? »

CLAIRE : « Eh bien oui. Qu'est-ce qui ne va pas ? « 

JAMIE : « Tu es enceinte, pour commencer. Tu pourrais attraper une sale maladie. Et notre enfant ? Y as-tu seulement pensé ? « 

CLAIRE : » Bien sûr que oui, Jamie. Je vais seulement soigner quelques patients souffrant de blessures, pas de maladies -- ou du moins des maladies que je suis certaine de ne pas attraper. « 

JAMIE : » Mais pourquoi prendre ce risque ? « 

CLAIRE : » Parce que cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie utile. J'ai besoin de me sentir accomplie. J'ai besoin d’avoir un but. »

 JAMIE : » Un but ? Je pensais que le but de notre présence dans cette ville perdue était d'arrêter la rébellion. « 

CLAIRE : « Ça l’est. Cela n’a pas changé. « 

JAMIE : « Ah bon ? Alors dis-moi en quoi inciser des furoncles et goûter de l'urine nous aidera à sauver l'Écosse ? « 

CLAIRE : « Que préfèrerais-tu que je fasse, Jamie ? Que j’aille à la Maison Élise avec toi et Charles ? Ou veux-tu que je m’occuper de gérer le commerce du vin à ta place ? « 

JAMIE : « Ce que je veux, quand je rentre à la maison avec un problème, c’est pouvoir trouver de l'aide auprès de ma femme. Ce soir, le Prince a dit à Monsieur Duverney qu'il avait obtenu des fonds importants auprès de quelques Anglais éminents avec lesquels financer la rébellion. « 

Claire est prise au dépourvu.

CLAIRE (alarmée) : « Quoi ? Cela pourrait-il être vrai ? »

 JAMIE : » Je ne sais pas. Mais il lui a proposé une alliance avec l'Angleterre. Tout ce que je pouvais faire, c’était rester là, tandis que le vin s’aigrissait dans mon estomac. » 

 CLAIRE (sceptique) : » C'est impossible. La Grande-Bretagne et La France ne seront pas l’alliées avant un siècle. »

 JAMIE : » Tout ce que je sais, c'est que Charles est plus malin qu'il n'y paraît. Il garde des secrets, et je ne sais pas comment m’en servir. « 

CLAIRE : » Je suis désolée, Jamie. Je le suis sincèrement. Je sais que tout cela était mon idée : changer l'avenir, arrêter la rébellion... Mais c'est vrai que maintenant, tout cela te retombe dessus. Mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider. »

 JAMIE : « C’est ce que j’espérais, c'est pour ça que je suis rentré à la maison pour te voir. Au lieu de cela, tu étais dehors en train de t’amuser avec tes cataplasmes et tes potions. »

 CLAIRE : » Je t’assure qu’il n’y avait rien d’amusant. J’aidais les gens.  Mais c’est vrai, je me suis sentie bien, ça a donné un sens à ma journée. »

 JAMIE : « Et moi ? Je passe mes journées et des nuits à charmer et flatter un homme pour que je puisse découvrir ses secrets et déjouer ses plans. Quand puis-je me sentir bien ? Quand puis-je donner un sens à ma journée ? Depuis des mois maintenant, je me sens comme un traître, mais ce soir, Sassenach, tu m'as fait me sentir idiot. «  

CLAIRE : » Eh bien, tu te comportes certainement comme tel. «  

Jamie et Claire se regardent. Finalement, Jamie range ses affaires et sort en claquant la porte derrière lui. 

 

 

B22EXT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - ESCALIER – NUIT 

 Jamie, le visage fermé, descend les escaliers avec une fureur contenue. Alors qu'il part, la caméra se retourne vers Murtagh et Suzette en haut des escaliers qui le surveillent.

MURTAGH : » Je savais que ça ne se passerait pas bien. »

SUZETTE : » Quelle tristesse. Comment peut-il y avoir de l'amour dans le couple quand l'amour déserte le lit ? « 

Murtagh la regarde : de quoi parle-t-elle ? Elle hausse les épaules.

SUZETTE : » Une femme de chambre sait ce qui se passe ou ne se passe pas dans le boudoir de sa maitresse. »

 Murtagh regarde Jamie, inquiet...

 

22INT. MAISON ELISE – NUIT 

Gros plan sur une femme qui pose pour un peintre faisant un trompe-l’œil sur son corps. Jamie est assis seul à une table et regarde cette performance étrange, essayant de se distraire. Le peintre peint le corps de la jeune courtisane recto verso (le recto devenant le verso et vice versa).

 Jamie boit son whisky, puis son œil est attiré par le jeune garçon, Fergus, alors qu'il passe devant Jamie pour desservir les plats. Pendant que Jamie regarde, il se concentre de plus près, remarquant que le garçon ramasse plus que de la vaisselle. Ici et là, il vole sournoisement plusieurs objets des clients : un mouchoir par-ci, une pièce de monnaie par-là, une montre, etc. Personne ne le remarque.

S'étant livré à un peu de vol à une époque, Jamie sourit alors qu'il ressent un respect réticent pour la technique du garçon. C’est alors qu’une idée commence à germer dans son esprit. L'artiste termine son travail en beauté. Les mécènes applaudissent. Le mannequin se retourne, tire ses cheveux en arrière révèle son visage, et nous voyons que son front nu a été peint comme un dos corseté.

Madame Elise s'avance et s'adresse à la foule.

MADAME ELISE : » N’est-ce pas magnifique ? Et cette œuvre d’art est bien évidemment disponible si vous souhaite l’admirer... en privé. »

 Les clients applaudissent et rient avec enthousiasme et plaisir. La caméra revient à la table de Jamie, mais il est parti.

 

A23INT. MAISON ELISE - COULOIR – NUIT 

 Jamie s'appuie contre le mur, attendant son heure. Après quelques instants, un Fergus sûr de lui sort d’une chambre, fier de ses larcins.

JAMIE : » Eh, toi ! Gamin ! « 

Fergus s'enfuit immédiatement dans le couloir, en direction de la sortie. Jamie se lance à sa poursuite.

 

 23EXT. RUES DE PARIS – NUIT – JUSTE APRES 

 Fergus est rapide et il connaît son chemin dans les coins et recoins de la ville, mais Jamie le suit de près, le garçon et ses petites jambes ne faisant pas le poids face aux longues foulées de Jamie. La chasse ne dure pas longtemps, mais ils parviennent à renverser un chariot et sprinter à travers un tas de crottin de cheval de bonne taille avant que Jamie mette enfin la main sur Fergus.

FERGUS : » Lâche-moi ! Espèce de salaud d'Anglais ! »

JAMIE : » Anglais ? Tout d'abord, je suis un salaud d’écossais. Et tu n'iras nulle part, mon gaillard. « 

Les yeux de Fergus se rétrécissent et il se met à parler anglais.

 FERGUS : « Très bien. Emmenez-moi à la police et je trouverai votre femme » --

JAMIE (heureux) : « Ah, tu parles anglais. »

 

 JAMIE : » Non, non. Pas de police, et ma femme ne te croirait pas. Mais Madame Élise n'appréciera probablement pas d'avoir un voleur à son service. »

 Maintenant, un regard de véritable peur se glisse dans les yeux du garçon, une vision de l'enfant sous l'extérieur d’un dur.

FERGUS : » Pas Madame Élise.  Je vous en prie. Elle va me tuer si elle pense que je vole ses clients. »

 JAMIE : » Oui, elle n’est pas du genre à pardonner. »

 FERGUS : » Je ne le fais pas tous les soirs, juste quand il y a beaucoup de monde et que ces messieurs sont très ivres. « 

JAMIE : » Tes méthodes ne m'intéressent pas. Mais je m'intéresse à toi. »

 Fergus, croyant avoir compris ce que Jamie veut, essaie de retirer son bras.

 FERGUS : » Je ne suis pas une pute. « 

JAMIE : » Ah ! Je ne veux pas ça non plus ! « 

FERGUS : » Quoi, alors ? « 

JAMIE : » Je veux t'offrir un travail, petit idiot ! « 

Fergus arrête de lutter et le regarde.

 FERGUS : » Un travail ? Pour faire quoi ? »

 JAMIE : » Exactement ce que tu viens de faire. « 

Jamie attrape le garçon qui hurle et se débat. Il le retourne vers le bas et le secoue vivement. Une variété de bibelots tombe : des mouchoirs en soie, des pièces de monnaie, des montres et d'autres articles divers. Jamie repose l'enfant.

FERGUS : » Lâchez-moi ! Arrêtez ! »

 JAMIE : » Tu peux garder tout cela. Mais désormais, tu vas voler pour moi. »

 Puis Jamie remarque quelque chose au sol.

JAMIE : » Espèce de petit salaud. C'est mon serpent. »

 FERGUS : » Combien ? « 

 

Anne Kenney : 

« Encore une fois, il faut condenser ! La présentation de Fergus à Jamie dans le livre impliquait que Fergus aidait Jamie à échapper à deux marins qui tentaient de le tuer. Nous ne pouvions pas intégrer cette partie de l’histoire dans notre scénario, mais nous souhaitions bien sûr trouver une manière intelligente de présenter Fergus et ses talents de voleur à la tire. 

Cette scène est née. Et Sawny fait une brève apparition (nous avons établi qu'il manquait dans une scène précédente – voyez comment nous avons fait cela). «  

 

A24INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - CHAMBRE – NUIT 

 Claire est au lit et essaie de dormir, sans succès. Quelque part dans la maison, elle entend un bruit de casse et des cris. Pas d'humeur et énervée, Claire se lève et sort de la chambre.

 

 

B24INT. APPARTEMENT DE JAMIE & CLAIRE - SALON – NUIT 

 Claire voit passer un valet de pied, emportant un grand vase… Cassé. Elle entre dans la salle à manger et s'arrête net lorsqu'elle voit Fergus, assis au bout de la table, en train de manger une cuisse de poulet. Ils se regardent pendant un moment, tous les deux surpris.

CLAIRE : « Qui diable es-tu ? Et que fais-tu chez moi ? « 

FERGUS (La salue maladroitement) : » Vous avez de très beaux seins, Madame. »

 Murtagh entre et fiche une chiquenaude à l'enfant.

MURTAGH : » Il vient de dire la même chose à Suzette. »

 CLAIRE : » Eh bien, ça ne me fait pas me sentir spéciale. »

 FERGUS : » Les dames de la Maison Élise étaient toujours très généreuses quand je les complimentais. »

 MURTAGH : » Suzette aussi, elle lui a donné la cuisse de poulet. « 

CLAIRE : » Eh bien, tout cela est très intéressant, mais je ne sais toujours pas qui tu es. « 

Jamie entre.

 JAMIE (à Murtagh) Emmène-le à l'étage dans les quartiers des domestiques, Murtaugh. Suzette prépare un bain, et elle a des vieux habits qu'il peut porter. « 

Murtagh indique où Fergus doit aller. Alors qu'ils sortent...

 FERGUS : » Bonne nuit, Madame. »

 JAMIE : » Et fais attention à ton sporran, Murtagh. »

CLAIRE : » Un bain ? Un lit ? « 

JAMIE : » C'est un pickpocket. Il s’appelle Fergus. En fait c'est Claudel, mais nous avons convenu que ce n’est pas très masculin. »

 CLAIRE : » Et tu l'as invité chez nous ? »

 JAMIE : » Je l'ai engagé à la Maison Élise. « 

CLAIRE : » Engagé ? Parce que chaque maison respectable a besoin d'un pickpocket, je suppose ? »

 JAMIE : » Cela fait partie de mon plan. Nous avons besoin d’informations que je ne peux pas obtenir directement du Prince. Et les informations se présentent sous la forme de lettres -- de son père, d'autres financiers potentiels, et le plus important, de ces riches Anglais, s'ils existent. « 

CLAIRE : » Alors... Fergus volera les lettres... »

 JAMIE : » Oui, et nous les copierons. Puis il les remettra en place avant que tout le monde remarque leur disparition. »

 CLAIRE : » C’est un bon plan. « 

JAMIE : » Merci. »

 Un moment gênant plane dans l’air pendant un instant.

 

Ndlt : version initiale : 

CLAIRE : » Eh bien, bonne nuit. » 

 Claire entre dans la chambre et Jamie reste seul. 

Version finale : 

JAMIE : » Eh bien, bonne nuit. »

Jamie s’en va et Claire reste seule.

 

24-25 26EXT. RUE DE PARIS – JOUR 

 Un homme marche dans une rue commerçante animée, portant un grand sac de courrier. Au bout d'un moment, nous voyons Fergus esquiver les piétons, les chevaux, les charrettes, etc.… pour filer l'homme.

CLAIRE (Voix Off) : » Au fil des jours, notre foyer s’était installé dans une routine qui nous occupait tous… »

L'homme entre dans une pension. Fergus le suit. On voit aussi Murtagh qui attend à une courte distance derrière. Quelques instants plus tard, Fergus sort de la pension et se dirige vers Murtagh, et brandit une lettre avec fierté. Les deux partent ensuite ensemble.

CLAIRE (Voix Off) : » Fergus passait son temps, avec l'aide de Murtagh, à voler des lettres pour le Prince ou envoyées par lui. »

 

27INT. MAISON ÉLISE – JOUR 

Jamie est debout, blasé, buvant avec plusieurs autres supporters Jacobites, qui écoutent, ravis, les discours enflammés du prince Charles.

 CLAIRE (Voix Off) : » Jamie passait ses journées avec le prince Charles, qui s’éternisait dans la rhétorique et évitait de mentionner les détails. »

 Les putains tentent de distraire les hommes, à des degrés de succès divers.

  

28INT. L'HÔPITAL DES ANGES – JOUR 

Claire écoute et regarde Mère Hildegarde travailler avec un patient souffrant.

 CLAIRE (Voix Off) : » Mes journées, entre les engagements en société, étaient passées à l’hôpital, où je commençais à apprécier le savoir médical de Mère Hildegarde. « 

 

29INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALON – NUIT 

 Jamie est penché sur son bureau et copie une lettre. Murtagh est assis à une autre table et fait la même chose.

CLAIRE (Voix Off) : » Jamie et Murtagh passaient leur temps à essayer de reconstituer le puzzle de la rébellion jacobite, et à découvrir si les Anglais conspiraient vraiment, et étaient prêts à financer la cause. Ou si tout cela n'était qu'une ruse d’un prince désespéré, essayant de restaurer le trône de son père. « 

Murtagh termine et apporte à la fois la copie et l'original à Jamie.

 JAMIE : » Presque fini. Fergus a dit que messager s'est arrêté pour la nuit dans une taverne, mais il doit ramener les lettres avant l'aube, avant qu’on note leur absence, pour qu'elles puissent être remises à Son Altesse. »

 Jamie regarde la lettre qu'il est en train de terminer. Le texte original est une masse de lettres indéchiffrables.

MURTAGH (Regardant cette lettre) : » Est-ce la signature du roi James, en bas ? »

 JAMIE : » Oui. Je reconnais son écriture, maintenant. Tout le reste est codé. »

 Murtagh chauffe le sceau de cire de la lettre, en veillant à ne pas le faire fondre et en le replaçant délicatement au dos de la lettre.

MURTAGH : » Ce sceau a été enlevé au moins trois fois avant que je l’enlève moi-même. » JAMIE : » Nous ne sommes pas les seuls à nous intéresser à la correspondance des Stuart. »

 MURTAGH : « Tu peux le décoder ? « 

JAMIE : » La plupart de leurs codes sont assez simples. En général, ils ne parlent que de potins de famille et autres, mais je suppose qu'ils ne veulent pas que ça se sache. Je pense que je peux résoudre celle-ci – si j’y comprends quelque chose, bien sûr. Parfois, je plains le Prince. » 

 MURTAGH : « C’est une perte de temps. » 

 JAMIE : » Il ne peut faire confiance à personne. » 

 MURTAGH : » Nous non plus. » 

 JAMIE : » Je peux te faire confiance, à Claire et à ma sœur Jenny et Ian. Je vous ferais confiance, à vous quatre, avec ma vie – Je l’ai fait d'ailleurs, plus d’une fois. «  

 

 Anne Kenney : 

 « La scène complète a été tournée, mais nous avons finalement dû couper la partie centrale, où Jamie explique à qui il peut faire confiance, pour gagner du temps lors du montage. 

Mais on a souvent le temps de revisiter des passages comme celui-ci dans les épisodes ultérieurs, alors… qui sait ? «  

 

Murtagh commence à rassembler les papiers. Jamie s'étire et bâille. Murtagh voit quelque chose d'étrange.

 MURTAGH : « Qu'est-ce que c'est que ça ? »

 Dans sa main, il tient plusieurs feuilles d’une partition musicale. Elle s’intitule « Lied des Landes » et les paroles sont écrites en allemand. En anglais, la première ligne serait traduite par : « Ma bergère s'ébat avec ses agneaux, parmi les collines verdoyantes. « 

JAMIE : » C'est de la musique, idiot. « 

MURTAGH : » Je reconnais la musique quand je la vois. Mais qu'est-ce ça fait dans une lettre ? « 

JAMIE : » J'essayais moi-même de comprendre pourquoi plus tôt.

« Une chanson du pays ». Les paroles parlent d'une belle journée dans une prairie. »

 MURTAGH : « Juste un autre code ? »

 JAMIE (frustré) : « Peut-être, mais je ne pense pas que le code ait quelque chose à voir avec les notes. »

 MURTAGH : » Ce n'est peut-être pas un code. Peut-être qu’un ami allemand de Charles veut lui faire découvrir un morceau de musique à apprécier. »

 JAMIE : » Oui, sauf que ce message est écrit en allemand, mais a été envoyé d'Angleterre. »

MURTAGH : » Un code musical... « 

JAMIE : » Eh bien, peut-être que demain tu pourrais essayer de trouver un professeur de musique ou un compositeur qui parle allemand ? « 

MURTAGH : » Eh bien, je connais quelqu'un qui pourrait la lire... mais ça ne va pas te plaire. »

Jamie le regarde, intrigué.

 

30INT. L'HÔPITAL DES ANGES – JOUR 

 Claire examine un homme allongé sur un lit, sa jambe est dans une attelle, le bol de bouillon qu'elle lui a donné à manger laissé de côté. Il est rouge et respire difficilement. Elle touche son visage, inquiète. Mère Hildegarde l’examine attentivement.

CLAIRE : » Cet homme a été amené la semaine dernière après qu'il soit descendu de sa charrette avant l’arrêt complet, et sa jambe a été coincée dans l'une des roues. » 

MÈRE HILDEGARDE : « Je me souviens. Monsieur Forez a réduit la fracture. » 

 CLAIRE : » La peau est rose, avec un bon grain. Pas de puanteur, ni de trainées sombres... mais son urine est foncée et odorante... et il est très fiévreux. »

 MÈRE HILDEGARDE : » Peut-être une infection secondaire ? Vessie ou appendicite ? »

CLAIRE : » Peut-être, mais il n'y a pas de sensibilité abdominale... »

 MÈRE HILDEGARDE : » Bouton ! « 

Le chien penche la tête vers sa maîtresse qui lui fait signe du menton. Au grand étonnement de Claire, le chien saute sur le lit, vers le patient.

MÈRE HILDEGARDE : « À la bouche, Bouton. « 

Le chien s’approche prudemment de la bouche du patient.

MÈRE HILDEGARDE : (au patient surpris) « Ouvrez la bouche. « 

Pas en état de discuter avec cette redoutable créature, il obéit. Bouton renifle son souffle, puis s'assoit sur sa poitrine, regardant Mère Hildegarde.

MÈRE HILDEGARDE : » Non, tu as raison, ce n'est pas ça (à Bouton). Cherche ailleurs, Bouton, mais fais attention. Cet homme a une jambe cassée. »

 Comme s'il comprenait chaque mot, Bouton renifle curieusement tout le corps du patient, puis renifle l'aine du patient, s'assoit et aboie en remuant la queue.

MÈRE HILDEGARDE : » Bravo Bouton. Tu as trouvé ! »

Elle montre une petite croûte brune sur la cuisse de l'homme, juste sous le pli inguinal. CLAIRE : » Mais c’est presque guéri. Ce n'est pas infecté. »

 MÈRE HILDEGARDE : » Non ? »

 Elle tend les mains et place ses doigts de chaque côté de l’abcès et presse. L'homme hurle de douleur. Ses doigts laissent des empreintes profondes sur sa peau. Un épais suintement de pus jaune s’écoule sous un coin de la croûte.

MÈRE HILDEGARDE : « Vous voyez ? Une poche de putréfaction. Dois-je appeler Monsieur Forez ? »

 Un défi. Claire prend une profonde inspiration.

 CLAIRE : « Non, je peux le gérer. J’ai besoin d'un petit scalpel, d’un tissu et d’un peu d'alcool. »

 Mère Hildegarde fait signe à une infirmière proche, qui les amène. Claire verse de l'alcool sur le scalpel pour le stériliser.

CLAIRE (au patient) : » Cela va faire mal, mais vous vous sentirez ensuite beaucoup mieux. »

CLAIRE : » Forceps ? « 

La sœur jette un coup d'œil à Mère Hildegarde, qui hoche la tête, puis les fournit également.

CLAIRE (Voix off) : » Alors que la bouche de la petite blessure avait guéri proprement, en profondeur, la plaie avait suppuré et formé une poche de pus autour de l'intrusion, enfouie dans le tissu musculaire où aucun symptôme n’était visible en surface -- pour un humain, du moins. « 

Elle en sort un éclat de bois, recouvert de sang et de pus. Elle lève les yeux vers Mère Hildegarde, qui sourit et acquiesce. La langue de Bouton pend joyeusement. Mère Hildegarde lui caresse la tête en regardant Claire.

MÈRE HILDEGARDE : » Oui, elle fera parfaitement l'affaire. »

 Mère Hildegarde tapote l’épaule de Claire. 

 JAMIE (Il arrive soudain dans la salle d’hôpital) : » Excusez-moi. « 

Claire et Mère Hildegarde se tournent pour voir Jamie sourire, penaud. 

 CLAIRE : » Jamie, qu'est-ce que tu fais ici ? »

 JAMIE : » J'ai besoin d'aide. Musicalement parlant. »

Claire le regarde, momentanément perplexe, puis...

JAMIE : » Tu m’as dit que Mère Hildegarde s’y connait en musique... ? »

 Oui... Claire sourit, toujours pas sûre de ce qu'il veut, mais agréablement surprise qu'il soit venu leur demander de l'aide.

 

 31 32INT. L’HÔPITAL DES ANGES - CHAMBRE DE MÈRE HILDEGARDE – NUIT 

 La pièce est peu meublée, avec un grand clavecin au milieu de la pièce. Deux chaises en bois, un tabouret et une bibliothèque le long d'un autre mur, remplie d'ouvrages sur la musicologie et de manuscrits reliés à la main.

 Mère Hildegarde tient la partition dans ses mains et la regarde. Bouton est assis à ses pieds.

JAMIE : « J'espérais - je me demandais s'il y a quelque chose... d'étrange à propos de cette mélodie. Comment elle est écrite, peut-être ? « 

Mère Hildegarde regarde Jamie puis Claire - qu'est-ce que qui se passe ?

MÈRE HILDEGARDE (à Claire) : » Pouvez-vous m'assurer de ce que vous faites n'est ni illégal ni dangereux ? « 

CLAIRE : » Je peux vous assurer, ma Mère, que si mon mari vous le demande, c’est pour une bonne raison. « 

Mère Hildegarde réfléchit un moment, puis se décide. Elle s'assoit sur le banc du clavecin, et pose le manuscrit sur le support musical. Elle étudie le morceau, puis chantonne les trois premières lignes –

MÈRE HILDEGARDE : « C'est la mélodie de base... elle se répète dans des variations... Vous savez, j'ai vu des choses qui me rappellent ceci... oui, un de mes vieux amis allemands a travaillé sur une œuvre très similaire à ceci. « 

JAMIE : » Un ami allemand ? «  

MÈRE HILDEGARDE (hoche la tête) : « Herr Bach. « 

Elle se lève et regarde dans sa bibliothèque. Ce nom ne signifie rien pour Jamie, mais pour Claire...

CLAIRE : » Jean-Sébastien Bach ? « 

MÈRE HILDEGARDE : » Oui. Je suis surprise que vous ayez entendu parler de lui. Il m'envoie des morceaux, de temps à autre -- Il les appelle ses « Inventions » et elles sont vraiment très ingénieuses. « 

Elle ramène plusieurs morceaux de musique vers le clavecin.

 MÈRE HILDEGARDE : » Mais j'ai bien peur que sa musique ne soit pas faite pour durer. Ingénieuse, mais sans cœur. (En montrant la partition de Jamie) Celle-ci est une version maladroite de… »

 

 Anne Kenney : 

« J'ai adoré cette référence au « voyage dans le temps » du livre : Claire sait qui est Bach. 

 Mère Hildegarde ne pense pas que son œuvre résistera à l’épreuve du temps. 

 Diana ne fait pas ça souvent, mais c'est amusant quand elle le fait. Je suis heureuse que nous ayons pu l’introduire ici. » 

 

 Elle sort un morceau de musique de la pile et le met sur le support à côté de la partition de Jamie.

MÈRE HILDEGARDE: « … ceci. « Goldberg Variationen. »

CLAIRE : « Les Variations Goldberg. « 

Encore une fois, cela ne signifie rien pour Jamie. Claire touche le manuscrit avec une certaine admiration.

MÈRE HILDEGARDE : » Maintenant, voyez ici. (Elle montre du doigt) Votre mystérieux compositeur a répété la même mélodie que Herr Bach -- presque -- mais il a changé la clé à chaque fois. »

 Quelque chose frappe Jamie.

 JAMIE : » La clé. Et... c'est inhabituel ? « 

MÈRE HILDEGARDE : » Oui. Cinq changements pour une pièce si courte, et quelques changements sans raison, d’ailleurs. »

 JAMIE : » Aucune raison musicale. Merci ma Mère. Vous avez été d’une grande aide ! » 

Il retire la musique du support. Excité, il se dirige vers la porte, fait une pause et regarde Claire. 

JAMIE : » Je suis sûr que tu as encore beaucoup de travail à faire. Je te vois ce soir. «  

Claire, touchée par son geste, réagit à son tour. 

 CLAIRE : » Mère Hildegarde, pouvez-vous continuer le reste de la journée sans moi ? » MÈRE HILDEGARDE : « Bien sûr que oui. » 

 Claire se retourne, elle et Jamie échangent un sourire chaleureux pour la première fois depuis longtemps. 

 

 33INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALON – NUIT 

 Jamie à son bureau, transcrit les paroles de la musique sur un morceau de papier. Claire et Murtagh regardent.

CLAIRE : « La clé est la clé ! « 

JAMIE : » Oui. »

MURTAGH (confus) : » Quelle clé ? »

 CLAIRE : » La clé musicale. Quel qu’en soit l’auteur, il a un sens diabolique de l’humour. » MURTAGH : » Oh oui, diabolique. »

 Irrité, il s'approche et se laisse tomber sur une chaise.

JAMIE (pendant qu'il travaille) : » Deux bémols signifient que tu dois lire une lettre sur deux, à partir du début de la section. Et trois dièses pour lire une lettre sur trois, en partant de la fin. « 

CLAIRE : » Tu y comprends quelque chose ? « 

Jamie se relève, sous le choc.

 JAMIE : « Oui. Oh que oui. « 

Il lui tend le papier.

CLAIRE (en lisant) : « J'ai conclu des négociations fructueuses avec nos trois partenaires, tous disposés à contribuer à notre cause. « 

MURTAGH : » Les conspirateurs anglais sont donc bien réels... »

 CLAIRE « Je peux vous garantir que vous recevrez le montant de quarante mille livres."

 JAMIE : » C’est une somme considérable, bien sûr. Mais pas assez pour financer une guerre. « 

MURTAGH : » Donc Charles a menti à Duverney. »

 JAMIE : » Il a exagéré. Duverney est assez malin pour espérer retirer un certain montant d’une telle entreprise. Quarante mille livres ne peuvent pas financer une guerre, mais cela peut suffire pour convaincre Duverney et le roi Louis que les Jacobites ont une chance. « 

CLAIRE « Je serai de retour à Paris en fin de mois, et j'ai hâte de vous rencontrer enfin face à face afin de solidifier notre arrangement. Et c’est signé S »

 Elle montre le « S » qui se démarque du reste de la traduction de Jamie.

 JAMIE : « Oui. Il reste une lettre. Une signature, je pense. « 

CLAIRE "S."

Ils réfléchissent tous les deux un moment.

CLAIRE/JAMIE : » Sandringham ? « 

Avec un enthousiasme croissant.

JAMIE : » C'est le duc. J’en suis sûr et certain. « 

CLAIRE : » Il a des relations secrètes avec Dougal depuis des années... »

 JAMIE : » Et Dougal est un Jacobite convaincu »

 CLAIRE : » Le duc joue sur les deux tableaux. »

 JAMIE : » Il se pourrait bien qu'il parie pour et contre la restauration des Stuart. Si Sandringham vient à Paris à la fin du mois pour rencontrer le Prince, il faut rencontrer le duc, pour l’empêcher de faire... un investissement imprudent. »

 CLAIRE : » D'une manière ou d'une autre. » 

 JAMIE : « D'une manière ou d'une autre. «  

Un large sourire de soulagement apparaît sur le visage de Jamie.

 JAMIE : « Tu sais ce que ça signifie… Je ne peux pas le croire. Nous l’avons déchiffré. »

CLAIRE : » Il reste encore des problèmes à résoudre. «  

JAMIE : « Nous les résoudrons également. Mais maintenant, célébrons notre victoire ! Whisky ! »  (Jamie part chercher une bouteille et des verres).

 MURTAGH : « Sandringham, Claire. Si Jamie s'assoit avec lui et son secrétaire... tu sais ce qui va se passer. « 

Le cœur de Claire se serre.

CLAIRE : » Il découvrira que Black Jack est vivant. « 

MURTAGH : » Tu dois lui dire, et tu dois lui dire maintenant. « 

Jamie revient avec une bouteille de whisky et trois verres. Il leur sert rapidement à chacun un verre.

 JAMIE : » Je ne peux pas vous dire à quel point ça fait du bien progresser après nous être battus depuis si longtemps.  Nous avons toujours des problèmes sur les bras, mais nous les résoudrons aussi. » 

(Ndlt : ici encore, dans la version finale, changement de point de vue dans les répliques. Voir juste plus haut) 

 

Chacun d'eux prend un verre, Jamie lève le sien.

JAMIE : » À Mère Hildegarde. Sans qui nos ennemis seraient restés inconnus de nous. Et à ma femme. Qui est toujours là quand j'ai besoin d'elle. « 

Ils portent un toast. Claire essaie de se préparer à dire les mots qui doivent être dits. Jamie voit l'expression de son visage.

 JAMIE : » Qu'y a-t-il, Sassenach ?

CLAIRE : » J'adore te voir si heureux. « 

Jamie la serre dans ses bras. Alors qu’ils s’embrassent, ses yeux rencontrent ceux de Murtagh. Elle sait qu'elle retarde l'inévitable. Mais c'est un problème pour un autre jour. Elle tient son mari dans ses bras.

 

 

FIN DE L'ÉPISODE