Commentaires des scénaristes
Dans le script, absent de la série
Dans la version finale uniquement
Indications et dialogues
Indications et séquences

MENU 

ÉPISODE 207 FAITH  

Écrit par Toni Graphia 

 

 

 

PROJET DE PRODUCTION FINAL

 22 février 2016

COPYRIGHT © 2019 Sony Pictures Television INC.

 

 

LISTE DES PERSONNAGES

CLAIRE BEAUCHAMP RANDALL /JAMIE MACKENZIE FRASER/ BLACK JACK RANDALL

LOUISE DE ROHAN/LE COMTE ST. GERMAIN/ LE ROI LOUIS XV /FERGUS /MAÎTRE RAYMOND

MÈRE HILDEGARDE /SŒUR ANGELIQUE /SUZETTE /MAGNUS

MONSIEUR FOREZ /BRIANNA/PÈRE LAURENTIN

 

INTÉRIEURS

Bibliothèque Universitaire de Boston /L'Hôpital Des Anges : Salle des patients. Le lit de Claire Bureau de Mère Hildegarde/ Appartements de Jamie et Claire : Salon. Escalier. Salle à manger. Chambre à coucher. Couloir. Quartier des domestiques

Maison Élise : Chambre privée. Couloir

Versailles : Couloirs. Appartement privé du roi. Cabinet de la Vérité

 

EXTÉRIEURS

L'Hôpital des Anges : Jardin à l'arrière /Appartements de Jamie et Claire /Cour Versailles

 

 

PASSAGES PRESENTS DANS LE SCRIPT ORIGINAL MAIS PAS DANS LA VERSION TELEVISEE FINALE 

COMMENTAIRES DU/DE LA SCENARISTE, TOUJOURS INTERESSANTS ! 

INDICATIONS SCENIQUES ET DIDASCALIES

DIALOGUES VOIX DIRECTE

CE QUI APPARAIT DANS LA VERSION FINALE TELEVISEE UNIQUEMENT 

          COMMENTAIRES 

 
 

Des scènes coupées dans cet épisode particulièrement intéressantes et éclairantes ! 

De très nombreuses explications de Toni Graphia, toujours passionnantes. 

 

 

PAS DE SEQUENCE PRE-GENERIQUE. 

  

GENERIQUE ET CREDITS. 

  

TITLE CARD : 

1INT. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE - BOSTON - 1954 

Gros plan sur des livres apparemment consacrés aux oiseaux (à en juger par leurs couvertures ou leurs titres), puis sur un grand livre illustré de magnifiques planches d’oiseaux, quelque chose comme « Birds » de John James Audubon. (Très célèbre ornithologue français naturalisé américain, du début du 19ème siècle ndlt) 

Nous voyons les mains d’une petite fille tournant les magnifiques pages, puis entendons sa voix :

PETITE FILLE : « Regarde, maman. Quel joli oiseau ! »

Nous découvrons alors une petite fille rousse assise à une table de la bibliothèque, âgée de 6 ou 7 ans et… nous découvrons aussi sa maman… une Claire de 1954, particulièrement élégante et soignée, qui vient s’asseoir à côté de sa fille.

MÈRE : » Oui, chérie, c’est un bel oiseau, n’est-ce pas ? ».

 La petite fille est Brianna, la fille de Claire et Jamie, mais que Claire élève avec Frank. Brianna s’arrête sur une superbe illustration d'un oiseau royal, avec un magnifique plumage bleu-gris, volant dans le ciel.

BRIANNA : « Qu’est-ce que c’est comme espèce d'oiseau ? »

CLAIRE : « Un héron. « 

BRIANNA : « Tu en as déjà vu un pour de vrai ? »

 CLAIRE : « Oui. « 

BRIANNA : » Où ça ? « 

La question innocente réveille un lointain souvenir et avant que Claire s'en rende compte, elle répond.

CLAIRE : » En Écosse. »

 La petite fille se retourne et regarde Claire maintenant avec une étincelle de curiosité.

BRIANNA : « Quand est-ce que tu étais en Écosse, maman ? »

 Claire fait une pause. Elle ne peut pas faire autrement que répondre (« Un chat maintenant sorti du sac » en anglais). Elle répond honnêtement.

CLAIRE : » Il y a bien longtemps. »

BRIANNA : » Raconte-moi. Je veux tout entendre. «  

Mais Claire se souvient de sa promesse faite à Frank : nous élèverons l’enfant comme le nôtre. Le tien et le mien. Tu dois laisser Jamie partir. Claire regarde les yeux brillants qui la regardent, les yeux qui lui rappellent l'homme qu'elle ne laissera jamais partir. 

CLAIRE : » Un jour. «  

Sur ce, Claire se lève, il est temps de partir. Brianna se lève aussi, et commence à s'éloigner. Alors que Claire s'attarde un instant, en regardant l'illustration de l'oiseau…

 

Plan de transition sur le vol déployé d’un magnifique héron gris cendré au-dessus de la campagne écossaise.

Somptueux fondu-enchaîné sur le plafond voûté de l’Hôpital des Anges…

 

TONI GRAPHIA : 

« La scène d’ouverture a été inspirée par Ron Moore qui voulait vraiment voir un flashback dans le monde des années 1950 au milieu de la saison. 

 On l’avait déjà vu à l’avant-première et il souhaitait renouer avec Claire dans les années 50. Nous avons expliqué à quel point ce serait cool de voir Claire avec sa fille… pour que dans le reste de l'épisode, vous puissiez avoir une idée de ce qu'elle perdrait si elle perdait ce bébé. 

 Certaines images sont confuses… est-ce un rêve ? Est-ce l'imagination de Claire ? Nous voulions vraiment cette ambiguïté. Ce n’était pas censé être littéral, mais simplement montrer au public un aperçu de la petite fille que Claire aurait pu avoir. Et un peu de préfiguration pour l'avenir. 

On est reparti sur un cliffhanger puissant de l'épisode 206 où Claire saigne et en détresse lors du duel. Nous ne voulions pas ouvrir sur une scène suivante attendue, nous voulions surprendre le public (lancer un peu « une balle courbe » en anglais, ndlt). 

 Matt Roberts a supervisé le tournage de cet épisode et réalisé cette scène. Il a fait un travail incroyable et je lui serai éternellement reconnaissante pour sa créativité et son soutien sur ce qui est mon épisode préféré dans toute ma carrière. «  

 

********************************

 

 2. 3INT. L’HÔPITAL DES ANGES – SALLE DES PATIENTS – SOIR 

Gros plan sur le visage dévasté de Claire, allongée sur un lit de l’Hôpital des Anges.
Sœur Angélique se penche sur elle et lui caresse le visage. 

 

Des images et des sons déformés et effrayants comme des hallucinations. Mais ce ne sont pas des hallucinations. Des cris, des gestes dans la panique.

Considérablement affaiblie suite à une perte de sang massive, Claire a été amenée à l’hôpital après s'être effondrée lors du duel entre Jamie et Black Jack Randall [Épisode 206].

Alors qu'un groupe de sœurs et Mr Forez se précipitent pour sauver la vie de Claire -- et la vie de son bébé à naître - elle plonge et sort de l’inconscience, luttant pour comprendre ce qui se passe à travers le chaos.

 

TONI GRAPHIA : 

« C'était l'ouverture originale du script, avant que nous décidions d'ajouter la scène ci-dessus. Dans le livre, le chapitre s'ouvre avec Claire se réveillant quelques jours après la tragédie, sachant déjà que le bébé était parti. 

Mais je ne pouvais pas ignorer cela. Je voulais le voir. Je voulais voir les soignants se battre pour sauver Claire, et le traumatisme de la perte de ce bébé. 

Je l'ai présenté comme une scène de service d’urgences (« ER «) mais en mode 18ème siècle. 

 Pendant que je l'écrivais, une bonne amie m'a envoyé une photo d'un héron bleu prise lors d'une randonnée… Cela m'a vraiment frappée et j'ai décidé d'utiliser le héron comme référence pour l'épisode. 

Ce qui arrive à Claire est tellement traumatisant qu’elle se dissocie de la réalité et a une hallucination, la vision si paisible de ce héron, comme pour échapper à l’horreur qui lui arrive. 

J’adore que nous ayons utilisé Monsieur Forez, le bourreau du Roi, comme celui qui essaie de la sauver, une belle ironie. «  

 

Tout semble se produire en même temps -- le bruit métallique des instruments médicaux bruts et barbares ; des visages macabres et déformés planent au-dessus d'elle, désincarnés.

 Monsieur Forez crie des ordres à ses assistants pendant qu'il travaille : » Elle perd beaucoup trop de sang / Il nous faut agir immédiatement ! Faites de la place ! Apportez-moi le plateau ! / Tenez-là ! Il nous faut plus de linges ! »

 Mère Hildegarde tente de tenir et de réconforter Claire : « ne bougez pas, mon enfant … nous allons prendre soin de vous…  Je suis là… Monsieur Forez s’occupe de vous… Restez calme… « 

Sœur Angélique murmure sans cesse une prière : « « Dieu de miséricorde, veillez sur votre fidèle servante. »

 Le seul répit face à l'horreur qui arrive à Claire est sa vision récurrente des ailes du héron qui se déploient.

CLAIRE : « Où suis-je ? Qu’est-ce qui se passe... Jamie... mon bébé... « 

Dernier plan sur la table d’opération, un vrai carnage, à voir tout le sang et les linges utilisés… Le visage de Claire, hébété et terrifié.

 

4INT. L’HÔPITAL DES ANGES - LIT DE CLAIRE – JOUR SUIVANT 

 Claire dort sous d'épaisses couvertures, rideaux tirés partiellement autour de son lit pour plus d'intimité. Ses yeux s'ouvrent. Elle lève les yeux vers... le visage de la Vierge : une statue de Marie a été placée sur une table de chevet juste à côté de la tête de Claire. Elle est entourée de fleurs et de rubans, un sanctuaire fait maison. 

Claire regarde son corps meurtri, puis repousse les couvertures. Ses mains descendent le long de son corps qu’elle touche à travers le coton de sa chemise de lit, sondant son ventre, qui est douloureux sous ses doigts. Elle grimace en bougeant ses mains et sait instantanément que quelque chose ne va pas.

 

TONI GRAPHIA : 

« J'ai refusé d’écrire un dialogue ici parce que je voulais juste montrer Claire se réveillant et sentant que son bébé était parti. 

Je savais que Caitriona n'aurait pas besoin de mots. Je voulais passer quelques instants avec elle avant que quiconque vienne vers elle, juste pour laisser cette brillante actrice jouer la découverte et la douleur sur son visage. «  

 

Claire réalise que son ventre est vide. Elle a évidemment accouché, où est son bébé ? Claire crie, paniquée :

CLAIRE : » Où est mon bébé ? Où est mon bébé ???! »

 Elle tire les rideaux et essaie de se lever. On entend le bruit de talons se hâter vers elle. Mère Hildegarde apparaît, accompagnée de Sœur Angélique et deux autres religieuses. MÈRE HILDEGARDE : » Chère Madame, ne vous inquiétez pas. Vous devez économiser vos forces... « 

CLAIRE : » Où est mon bébé ? »

 MÈRE HILDEGARDE : » Allez chercher de l’eau !!! »

CLAIRE : » Je ne veux pas d'eau. Je veux mon bébé. « 

La douleur plisse le front d’Hildegarde…

MÈRE HILDEGARDE : » Je suis désolée, madame. Elle a rejoint les anges. Elle était mort-née… « 

Claire la regarde sans comprendre… Son visage exprime tant de douleur que Mère Hildegarde en est bouleversée et lui baise la main. 

 

TONI GRAPHIA : 

« Encore une fois, ces moments ne sont pas dans le livre, mais je voulais voir le moment où Mère Hildegarde doit annoncer la terrible nouvelle à Claire. 

J’ai beaucoup réfléchi à la façon dont elle le dirait… J’ai repensé à mon éducation catholique : j’ai grandi avec des religieuses. 

J'ai finalement pensé que la façon la plus gentille dont Mère Hildegarde pouvait le dire était que le bébé avait rejoint les anges. Presque comme si c'était une bonne chose. 

 Et Claire ne peut même pas le comprendre. Elle devient folle à ce moment-là à cause de sa panique et de son déni. » 

 

CLAIRE (secouant la tête) : « Non, non... ce n'est pas possible. « 

Sœur Angélique touche doucement la statue de la Vierge Marie.

SOEUR ANGELIQUE : » La Vierge va vous réconforter, Madame. Elle aussi a perdu un enfant. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« J’ai toujours aimé la réplique de Maître Raymond plus tard lorsqu’il dit : « Votre couleur est bleue, comme le manteau de la Vierge, comme le mien. » Il l'appelle "Madonna". 

J'ai donc décidé d'utiliser ici la Vierge Marie comme une autre référence : les religieuses l'ont placée là pour veiller sur Claire. 

Mais Claire se réveille et la première chose qu’elle voit, c’est ce visage qui la regarde, et c’est plutôt effrayant. 

J'aime quand sœur Angélique veut la réconforter et lui dit : « Elle aussi a perdu un enfant ». Claire ne veut pas être Marie à ce moment-là, ce n'est pas un réconfort. 

Gina Crowell, notre décoratrice, a fait réaliser cette jolie statue et nous l'avons brisée, parce que je voulais montrer que Claire elle-même était une Madone brisée à ce moment-là. » 

 

 CLAIRE : » Je veux mon bébé. Amenez-moi mon bébé. Amenez-moi mon bébé ! Amenez-moi mon bébé, vous m'entendez ??? »

Claire regarde les autres religieuses qui ne parlent que français. Elle le répète en français...

 CLAIRE : » Amenez-moi mon bébé ! »  

Affolée, Claire sort du lit. Les religieuses et les aides-soignantes l'entourent en prononçant des mots réconfortants, mais Claire est hystérique. Elle se débat, se met à hurler :

CLAIRE : » Je veux mon bébé ! »

 Dans la lutte, la statue de la Vierge tombe et se casse en mille morceaux sur le sol.

 

5INT. L’HOPITAL DES ANGES - LE LIT DE CLAIRE - UN AUTRE JOUR 

 Quelques jours plus tard. Claire est allongée dans son lit, frissonnante de fièvre. Hildegarde est là, avec son chien Bouton. Elle nettoie son front fiévreux, passant de l'eau froide sur ses joues et son cou.

CLAIRE (Voix Off) : » Mort-née. Mort-née. S'il y avait une juxtaposition toujours plus cruelle de mots, je n’en trouvais pas d’autre. » 

Hildegarde fronce les sourcils, inquiète. La voix de Claire n'est qu'un chuchotement rauque. 

CLAIRE : » Où est-elle maintenant ? »

 Hildegarde arrête de la rafraichir Elle est compatissante, mais directe.

 MÈRE HILDEGARDE : » Je l'ai baptisée. Et je lui ai donné un nom. Faith. (Foi). Comprenez-moi bien, ceci est illégal si l’enfant est mort. Mais je voulais qu'elle soit inhumée dans une terre sanctifiée. Ceci, ma chère, restera entre vous, moi et Dieu. »

 Claire comprend cela. Mais elle frissonne de plus en plus.

Des pas précipités approchent. Claire regarde pour voir... la grande silhouette d'un homme se dirigeant vers elle. 

CLAIRE : » Jamie « – 

PÈRE LAURENTIN : » Mère Hildegarde... Je suis venu aussi vite que possible. « 

L'homme n'est pas son mari. C'est un prêtre, le Père Laurentin. Mère Hildegarde se tourne vers Claire.

MÈRE HILDEGARDE : » C'est le Père Laurentin. Il est d'usage de pratiquer l’onction des malades, mon enfant. Cela fait plusieurs jours maintenant.  Vous avez beaucoup de fièvre. Mieux vaut préparer l’âme. »

CLAIRE (Voix Off) : » Les derniers sacrements. Mère Hildegarde était convaincue qu'il y aurait deux enterrements. » 

  

TONI GRAPHIA : 

 « Ron aimait l'idée d'un prêtre donnant les derniers sacrements, alors nous l'avons ajoutée. C’est une belle touche même si nous sommes presque sûrs que Claire, notre héroïne, ne va pas mourir… 

 Je pense que les gens qui n’ont pas lu le livre sont déjà assez choqués que le bébé soit mort. Avec les réseaux sociaux, ils auraient sauvé ce bébé ! Donc, c’est assez dévastateur quand on réalise, oh ! ils font vraiment ça. Le bébé est mort. Il n’y a pas de fin heureuse ici. 

La question n’est donc plus : « Comment Claire vit-elle ? mais : « Comment Claire va-t-elle vivre avec ça, avoir perdu son enfant et l'enfant de Jamie ? » 

 

 CLAIRE : » Où est Jamie ? J'ai besoin de mon mari. »

 MÈRE HILDEGARDE : » Je suis désolée, ma chère. Nous n’avons eu aucune nouvelle. »

PÈRE LAURENTIN : » Voudriez-vous vous confesser une dernière fois, afin de vous libérer de vos péchés ?

CLAIRE : » Mes péchés sont tout ce qu'il me reste. Si je meurs, ils m'accompagneront. » Hildegarde hoche la tête et le Père Laurentin plonge son pouce dans un petit récipient de chrême, oint le front pâle de Claire, puis les mains et les pieds.
Dans la version finale, le Père impose aussi ses mains sur le visage de Claire. 

PÈRE LAURENTIN (en latin) : » Par cette sainte onction, que le Seigneur dans son amour et sa miséricorde, t’aide avec la Grâce du Saint-Esprit. Amen. » 

Hildegarde essuie à nouveau le visage de Claire. Père Laurentin s'éloigne maintenant et, très doucement, récite le Notre Père en latin. 

CLAIRE (Voix Off) : » La vérité est que je m'en fichais de mon âme. J'étais déjà allée en enfer. J'étais morte-vivante. Morte-vivante. Et bientôt, je serais... morte. J’avais perdu mon enfant et mon mari. Je n’avais plus de raison de vivre. » 

 Mère Hildegarde finit d'essuyer les joues de Claire, puis montre le pied du lit avec un doigt autoritaire.

MÈRE HILDEGARDE : » Bouton ! Reste près d’elle ! »

 Le petit chien saute sur le lit, se blottit aux pieds de Claire.

 

 

TONI GRAPHIA : 

 « Mère Hildegarde ordonnant à Bouton de se coucher avec Claire et de veiller sur elle est un autre moment favori du livre. 

Je devais le placer ici. Je l’adore. » 

 

CLAIRE (Voix Off) : » Et Bouton resta aussi immobile que les chiens aux pieds des reines sur les tombeaux de la Cathédrale Saint-Denis. « 

Hildegarde rejoint le prêtre alors qu'ils veillent tous les deux...

 

6INT. L’HÔPITAL DES ANGES - LIT DE CLAIRE – NUIT 

 En proie à la fièvre et aux affres du désespoir, Claire se débat sous ses couvertures dans un sommeil agité. Bouton est toujours allongé au bout du lit, observant Claire attentivement.

Une ombre s’approche.

VOIX MASCULINE : » Descends de là, petit chien. Je vais m'occuper d'elle. »

 Bouton regarde quelqu'un. 

VOIX MASCULINE (à Bouton) : » Peux-tu me laisser un instant, je te prie ? » 

 Bouton saute à terre, mais s'assoit à proximité, comme une sentinelle. 

 Les mains de la silhouette encapuchonnée prennent doucement les épaules de Claire -- VOIX MASCULINE (un murmure bas) : » Restez tranquille maintenant. »

 Claire ouvre les yeux et voit l'homme penché sur elle.

CLAIRE : » Jamie... « 

Mais une des mains passe devant sa bouche.

 VOIX MASCULINE : » Chut, Madonna. S'ils me trouvent ici, je suis fichu ! « 

Enfin, elle reconnaît le visage sous la capuche : Maitre Raymond. Il retire sa main de sa bouche maintenant, écarte le drap et ouvre son vêtement jusqu'à la taille. Il pose ses mains fraîches sur Claire avec une très grande délicatesse.

 CLAIRE : » Maître Raymond... quoi... ? »

MAÎTRE RAYMOND : » Dites-moi ce que vous voyez, Madonna. »

 Encore une fois, elle ouvre les yeux pour voir – une paire de grandes ailes bleues. Un héron volant sans effort dans le ciel.

CLAIRE : » Des ailes. Des ailes bleues... un héron. »

MAÎTRE RAYMOND : « Ah, le bleu, la couleur de la guérison. Les ailes emporteront votre douleur au loin, si vous les y autorisez. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« C'était une scène très difficile. Nous avions eu du mal dans la salle des scénaristes sur la façon de dépeindre Maître Raymond guérissant Claire après sa mortinatalité. 

 Dans le livre, la pièce devient bleue, les mains de Maître Raymond brillent en bleu… des choses qui sont cool dans votre imagination mais qui étaient difficiles à montrer à la télévision sans que cela ressemble à un effet spécial ringard. 

C'est en partie pourquoi j'ai choisi d'utiliser le héron. Claire l'évoque ici à nouveau dans sa tête… Raymond dit de le laisser emporter la douleur, ce qu'il fait. 

 Pendant ce temps, Maître Raymond réalise essentiellement une version du XVIIIe siècle d'un curetage, nettoyant l'utérus de Claire et la débarrassant de l'infection qui l'aurait autrement tuée. 

Mais il lui insuffle également une volonté de vivre, qu'elle perdait à ce moment-là et qui aurait pu la tuer, quelle que soit sa maladie. C’est donc un mélange de médecine et de magie qu’il utilise pour littéralement lui sauver la vie, corps et âme. » 

 

Raymond passe très lentement ses mains sur son cou, ses seins, ses bras, en serrant doucement les articulations, les coudes, les poignets et des doigts. Claire ferme les yeux...

CLAIRE (Voix Off) : » Une chaleur blanche brûlait dans mes os. Je savais ce que c'était. La fièvre puerpérale. Le bébé était sorti, mais pas tout le placenta. Il pourrissait dans mon ventre, un endroit chaud où l’infection se développe. Et tandis que les mains de Raymond se déplaçaient sur mon corps, je pouvais ressentir la mort minuscule des bactéries qui occupaient mon sang, de petites explosions à chaque disparition de particule de l'infection. Je pouvais sentir la fièvre quitter mes os. Mon corps torturé se détendait avec gratitude dans ses mains, fondait et se reformait telle de la cire. »

 Le soulagement apparaît sur le visage de Claire, mais il reste encore du travail à faire.

Raymond fait une pause, ses mains pressées autour de son ventre. Il baisse la tête, écoutant intérieurement les échos de son ventre vide.

 CLAIRE : » Elle est partie. Je suis toute seule. » 

 Raymond glisse une main sous le drap et la passe entre ses jambes, l'autre appuie sur son ventre. Ses doigts se frayent un chemin en elle. Claire halète. Sa main sonde plus profondément maintenant, palpant les parois intérieures de son ventre.

CLAIRE (Voix Off) : » Il toucha le centre de ma perte, et tint la source de ma douleur entre ses deux mains comme c’était une sphère de cristal, lourde et fragile. Alors Raymond fit ce que les médecins et les religieuses ne pouvaient pas faire, il purifia mon ventre. »

MAÎTRE RAYMOND : » Maintenant... appelez-le. Appelez- le. « 

CLAIRE (Voix Off) : » La pression continua, faisant craquer la sphère de cristal, libérant le chaos à l’intérieur. « 

La douleur s'empare de Claire alors que Raymond la purge littéralement du reste du placenta dans son ventre, le glissant dans une pochette en cuir qu'il a apportée.

RAYMOND : » Appelez- le ! « 

CLAIRE : » Jamie ! « 

CLAIRE (Voix Off) : » Je ne sais pas ce qu’il avait fait, ni comment il n’avait fait, mais il me guérit. Une fois de plus, il me sauva la vie. Un éclair de chaleur me traversa le ventre, comme une flèche traversant le centre de mes os. La poigne de Raymond s'était relâchée et je fus emplie de légèreté. «  

Le bruit de talons approche. Raymond se cache précipitamment derrière un pilier, juste à temps, alors que sœur Angélique arrive, alarmée :

SOEUR ANGELIQUE : » Madame ! Que se passe-t-il ? »

 Elle pose une main sur la joue, puis sur le front de Claire, choquée de trouver les deux frais au toucher.

 CLAIRE (sourit faiblement) : » Je vais bien. Prévenez Mère Supérieure. »

 SŒUR ANGELIQUE : » Que Dieu soit loué ! « 

Angélique se signe et s'en va précipitamment. Raymond apparaît.

MAÎTRE RAYMOND : » Je dois partir maintenant. Portez-vous bien, Madonna. »

 CLAIRE : » Pourquoi m'appelez-vous encore Madonna ? Même maintenant, alors que j'ai perdu mon enfant ? Je ne suis pas une madone. Je n’ai pas d’enfant. »

Raymond a l'air légèrement surpris.

MAÎTRE RAYMOND : » Je ne vous ai pas appelée Madonna parce que vous étiez enceinte, madame. »

 CLAIRE : » Pourquoi alors ? » 

 MAÎTRE RAYMOND : » Tout le monde a une couleur en soi, une aura qui les entoure, telle un nuage. La vôtre est bleue, Madonna. Comme le manteau de la Vierge. Comme la mienne. « 

CLAIRE (Voix Off) : » Raymond m'avait sauvé la vie. Un peu de magie et un examen médical technique pas encore en pratique. Comment aurait-il pu savoir comment le pratiquer ? » 

 Claire se lève et saisit son bras, remontant sa manche, tâtant la peau à la recherche d'une cicatrice révélatrice – 

MAÎTRE RAYMOND : » Que faites-vous ? » 

 CLAIRE : » ... Je voulais voir si vous aviez une marque de vaccination. » 

 MAÎTRE RAYMOND (perplexe) : « de vaccination ? «  

CLAIRE (Voix Off) : » Entrainée comme je l’étais à déchiffrer les visages à présent, j'aurais vu le moindre signe de compréhension, même s’il avait essayé de le cacher. Il n’y en avait pas. Mais je ressentais une connexion indubitable avec cet homme. » 

Claire attrape son bras maintenant.

CLAIRE : » Vous n’auriez pas dû venir. Il y a trop de danger. »

 MAÎTRE RAYMOND : » Oui, vous aviez raison à propos du roi. Il veut du sang maintenant, pas des Je vous salue Marie. Les exécutions ont commencé. (Puis, se rappelant ses paroles) Mais ce sont des choses que nous faisons pour nos amis. »

 

TONI GRAPHIA : 

 « Lorsque Maître Raymond dit : « Ce sont des choses que nous faisons pour nos amis », c'est un rappel de ce que Matt Roberts a demandé à Claire de dire à Raymond dans l'épisode 206. 

Raymond l'a toujours appréciée, mais il la rembourse pour le risque qu'elle a pris lorsqu'elle est venue le voir et l'avertir que le roi poursuivait les praticiens de la magie noire. » 

 

CLAIRE : » Est-ce que je vous reverrai un jour ? »

MAÎTRE RAYMOND : » Comme je vous l'ai déjà dit, nous nous reverrons. Ayez confiance ! ».

 

 TONI GRAPHIA : 

« Les gens nous demandent toujours si Maître Raymond est un voyageur temporel… 

 Je ne connais vraiment pas la réponse à cette question. Mais je crois que lui et Claire ont un lien profond. Et j’adore sa déclaration ambiguë : « Nous nous reverrons … ayez confiance. » 

 

 Alors qu'ils entendent les religieuses revenir, Raymond s’éloigne à nouveau et Il fait signe à Bouton de revenir sur le lit.

MAÎTRE RAYMOND : » (à Bouton) Allez, petit chien, remonte sur le lit maintenant ! »

Bouton saute sur le lit et se blottit aux pieds de Claire.

 Sœur Angélique revient maintenant avec Mère Hildegarde, dont la main passe de la joue de Claire, sur son front, confirmant ce qu'Angélique lui a dit.

 Raymond s'échappe, inaperçu.

MÈRE HILDEGARDE : » Oui. La fièvre est passée. « 

SOEUR ANGELIQUE : » Comment cela se peut-il ? C’est un miracle. « 

Mère Hildegarde est étonnée et continue d'examiner Claire, qui paraît plus en forme et reposée. Hildegarde regarde avec curiosité vers Bouton -- qui a tout vu -- mais ne raconte rien. 

 MÈRE HILDEGARDE : » Un miracle en effet. Dieu soit loué. Pourriez-vous aller chercher du bouillon, ma Sœur ? « 

Angélique sort. Claire est plus cohérente maintenant. Elle demande :

CLAIRE : » Ma mère, avez-vous des nouvelles de Monsieur Fraser ? Je ne comprends pas pourquoi il n'est pas venu. »

 Hildegarde fait une pause, décidant si elle doit protéger Claire des mauvaises nouvelles, mais elle opte pour la vérité.

 MÈRE HILDEGARDE : » Il ne peut pas venir, Madame. Il a été arrêté pour avoir provoqué le Capitaine anglais en duel, et il est détenu à la Bastille Saint- Antoine. « 

CLAIRE : » Pour combien de temps ? « 

MÈRE HILDEGARDE : » Le duel est un délit grave. J’ai bien peur que Monsieur Fraser reste en prison selon le bon vouloir du roi. Si votre mari avait tué son adversaire, la sentence aurait été bien pire. « 

CLAIRE : » Il n'est pas mort ? Le Capitaine anglais »

MÈRE HILDEGARDE : « Il a été grièvement blessé et l'ambassadeur britannique a supplié qu’on le laisse se remettre de ses blessures en Angleterre. »

 CLAIRE (Voix Off) : « Donc Jack Randall était toujours en vie. Le chat aux neuf vies. Et donc, Frank aussi. Mais à quel prix ? »

 Hildegarde lit les émotions contradictoires sur le visage de Claire.

MÈRE HILDEGARDE : » C'est une chance, non ? « 

CLAIRE : » Oui. Une chance. (Puis, stoïque) Mais mon mari m'a trahie, ma Mère. La vengeance lui importait plus que moi ou son enfant. « 

« MÈRE HILDEGARDE : » Comment cela ? »

 CLAIRE : » Tout ce que je demandais, c'était un an de grâce, et il avait accepté. Une année. C’est comme s’il m’avait passé son épée à travers le corps. »

 Mère Hildegarde sent la colère et la tristesse chez Claire et propose ses conseils.

MÈRE HILDEGARDE : « Dieu dit que nous devons nous réjouir de la miséricorde. Piétiner les péchés sous nos pieds et jeter les iniquités à la mer. »

 CLAIRE : » Je ne suis pas sûre qu'il y ait une mer assez profonde. « 

Claire tourne le dos à Hildegarde, disparaissant dans sa propre enveloppe de douleur.

 

 

7 8EXT. L’HÔPITAL DES ANGES - JARDIN ARRIÈRE - JOUR 

 Dans le petit parc, gros plan sur de jolies fleurs bleues. Une main en choisit soigneusement les plus belles. Nous découvrons Fergus, alors qu'il rassemble les fleurs en bouquet. 

Nous sommes des semaines plus tard. 

Un plan plus large montre deux religieuses s'occupant du petit espace vert à l'extérieur de l'hôpital, et…Claire, une pâle version d'elle-même, assise sur une chaise, regardant dans le vide. 

MERE HILDEGARDE : » J'ai pensé que l'air frais pourrait lui faire du bien. «  

Fergus s'approche, tendant les fleurs à Claire.

  

TONI GRAPHIA : 

« Malheureusement, cette scène où Fergus vient chercher Claire à l'hôpital n'a jamais été tournée. Nous avons manqué de temps et avons réalisé que nous n’en avions pas vraiment besoin. 

 Mais vous verrez que dans la scène suivante, qui a été filmée en premier, lorsqu'ils descendent du carrosse, il porte un bouquet de fleurs bleues… ce sont celles-là qu'il lui aurait apportées dans cette scène. «  

 

FERGUS : » Pour vous, Milady. » 

Claire lève les yeux, surprise de le voir. Elle prend les fleurs. Lui fait un petit sourire. FERGUS : » Je suis triste pour... votre bébé. » 

 Fergus baisse la tête et lui présente les condoléances françaises communes. ( ?) 

FERGUS : » Je suis avec vous de tout mon cœur et toute mon âme. «  

CLAIRE : » Merci, Fergus. » 

 Sa voix est faible, rauque, elle n'a pas parlé depuis longtemps. 

FERGUS : » Quand reviendrez-vous, Rue de Trémoulins ? «  

CLAIRE : » Je ne sais pas. «  

FERGUS : » Et Milord ? On devrait l'aider, non ? Le faire sortir de la Bastille. Monsieur Murtagh ne devrait pas revenir du Portugal avant des semaines… » 

 CLAIRE : » J'apprécie ta visite, Fergus. Mais tu devrais rentrer à la maison maintenant. » FERGUS : » Un toit ne fait pas une maison. «  

CLAIRE : » Un hôpital n’est pas un endroit pour un enfant. «  

FERGUS : » Je ne suis pas un enfant.  Pourquoi ? Pourquoi n'aidez-vous pas Milord ? » 

 CLAIRE : » Fergus... c'est une affaire privée entre moi et – «  

FERGUS : » Je ne comprends pas. «  

CLAIRE : » Il n'a pas tenu une promesse. Une promesse très importante. » 

 FERGUS : » Et vous n’en tenez pas une, Milady. Vous avez dit que vous avez besoin de moi. Mais si vous ne rentrez jamais à la maison, alors vous n’aurez pas besoin de moi. Je retournerai à la Maison Élise. «  

Alors que Fergus se tourne pour partir, elle lui saisit le bras. 

 

9EXT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - COUR - JOUR 

CLAIRE (Voix off) : » Je restai alitée pendant des semaines. Mon corps avait guéri, mais pas mon âme. Un jour, Fergus vint. Il avait apporté des fleurs et me demanda de rentrer à la maison. J’avais perdu mon mari et mon enfant. Où aurais-je pu aller ? »

 

Le carrosse arrive. Fergus aide Claire à en descendre. Elle est habillée maintenant, mais toujours pâle et physiquement faible à cause de son séjour à l'hôpital.

Fergus lui prend le bras pendant qu'il la conduit vers la porte d’entrée. 

Magnus et Suzette, ainsi que tous les domestiques de la rue de Trémoulins sont alignés dans la cour pour saluer la maîtresse de maison à son retour.

Alors que Claire s’avance devant les serviteurs, chacun s'incline ou fait la révérence. Claire est immensément touchée par leur geste. L'avant-dernière est Suzette, qui prend les mains de Claire et les embrasse, les larmes aux yeux.

Le dernier en ligne est Magnus. Il a le cœur brisé par sa perte, mais il est heureux de la revoir.

 

TONI GRAPHIA : « La scène où Claire passe devant les domestiques me fait pleurer à chaque fois que je la vois, et je l'ai vue cent fois ! Metin, le réalisateur, a fait un excellent travail et la musique de Bear est incroyable. «  

 

MAGNUS (Bouleversé) : « Bienvenue à la maison, Madame. « 

Magnus commence à s'incliner, mais Claire pose sa main sur sa poitrine, puis lui serre sa main et fait une profonde révérence à l'homme qui lui a sauvé sa vie.

CLAIRE : » Merci Magnus. « 

Fergus, tel un gentleman, aide Claire à entrer dans la maison, suivi par Magnus.

 

 A10-B10 10INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALLE À MANGER – JOUR - UNE SEMAINE PLUS TARD. 

Scène coupée au montage final, mais qui apparait dans la version longue (ndlt) 

 

Claire se dirige seule vers la table à manger. Elle est plus forte maintenant et ses joues ont plus de couleur. Se comportant toujours en gentleman et imitant ce qu'il a vu Jamie faire, Fergus tire une chaise pour Claire et pousse son siège. Ils sont tous les deux assis seuls à la longue table. La chaise vide au bout est comme un éléphant dans la pièce. FERGUS : « Je... je suis allé à.… l'entrepôt et j’ai parlé avec le contremaître. La cargaison de muscadet est arrivée. » 

 CLAIRE : » Très bien. «  

Silence. 

FERGUS : » Et bien... » 

 CLAIRE : » Continue. «  

FERGUS : » La... jument grise, elle boite, Milady. Elle a besoin de nouveaux fers. » 

 Claire sent que Fergus a+ du mal à dire quelque chose. 

 CLAIRE : » C'est tout, Fergus ? «  

FERGUS : » Oui, Milady. » 

 CLAIRE : » Peut-être qu'après le dîner, tu pourras m’aider à me brosser les cheveux ? » 

 Fergus hoche la tête, mais il a clairement quelque chose d’autre en tête. 

 

11INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - CHAMBRE - PLUS TARD 

Claire est assise devant la cheminée de sa chambre, pendant que Fergus brosse ses cheveux en silence.

CLAIRE : » Merci, Fergus. C'était agréable. »

 Il termine et pose la brosse sur sa coiffeuse, à côté de quelques flacons de parfum en verre qui s'y trouvent. Fergus les regarde, stupéfait et visiblement apeuré, pendant un moment. Claire le remarque.

CLAIRE : » Qu'est-ce qu’il y a ? « 

FERGUS : » Rien, Milady. »

 Fergus sort brusquement de la pièce.

 

 12INT. APPARTEMENTS JAMIE & CLAIRE - CHAMBRE – PLUS TARD DANS LA NUIT 

 Alors que Claire se prépare à se coucher, quelque chose attire son attention. Un coffret en bois sur l'une des tables.

 

Elle s'approche, l'ouvre. À l'intérieur se trouvent les cuillères d’apôtres que Jamie lui a offertes comme cadeau de baptême pour leur bébé [Épisode 205]. Elle les regarde, envahie par le chagrin et la colère. Elle ferme le couvercle et pousse avec rage la boîte, hors de vue, sous le lit.

Incapable de dormir, elle enfile sa robe de chambre et sort dans le couloir., en pleurs.

 

 13INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - COULOIR – JUSTE APRES 

En faisant les cent pas, elle entend ce qui ressemble à un cri, venant de quelque part à l’étage du dessus. Claire suit le son à travers les couloirs. Un gémissement, presque comme le bruit d'un bébé en détresse. Est-ce qu'elle devient folle ?

  

 14INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE. – QUARTIER DES DOMESTIQUES – NUIT 

 Claire entre dans une petite chambre et trouve Fergus, se retournant sans cesse dans son lit étroit, encore endormi, mais en proie à un cauchemar.

FERGUS : « Arrêtez ! S’il vous plait ! »

CLAIRE : » Fergus ? Réveille-toi ! »

 Claire le réveille, il sursaute et halète en la voyant. Elle est là. Il est gêné. Claire s'assoit au bord du lit.

CLAIRE : » Ce n’est qu’un cauchemar. « 

FERGUS : » Oui, Milady. » 

CLAIRE : » Veux-tu m'en parler ? »

 FERGUS : « Non, Milady. « 

Claire le regarde avec affection. Mais Fergus se dérobe à son regard.

CLAIRE : » Es-tu sûr ?  Tu te sentirais peut-être mieux ? «  

FERGUS : » Ce n'est pas un simple cauchemar. « 

 CLAIRE : » Qu'est-ce que c’est ? »

 Un silence. Il ne peut plus se taire.

FERGUS : » L'Anglais, Milady. »

 La mâchoire de Claire se serre.  

CLAIRE : » Quel Anglais ? Fergus, raconte-moi. « 

La chambre mansardée a la tranquille intimité d'un confessionnal. Et c’est ici que la véritable histoire éclate.

 

TONI GRAPHIA : 

 « L’agression de Black Jack contre Fergus a été une scène difficile à écrire et à filmer. Mais dans la salle des scénaristes, nous avons pensé qu’il était important de montrer pourquoi Jamie avait dû rompre sa promesse envers Claire. 

 Nous en parlions toujours comme « un lapin qui s’est égaré dans la fosse aux lions ». Point barre. » 

 

FERGUS : » Je... suis allé avec Milord à Maison Élise. Il était là pour voir Madame Élise... Le prince Charles devait de l'argent. Il m'a dit d'attendre... « 

 

 MAISON ELISE - NUIT - FLASHBACK  

Fergus accompagne Jamie dans le bordel. Jamie disparaît avec Madame Élise pour régler les dettes du prince Charles.

FERGUS (Voix Off) : » Mais j’ai un talent pour le vol, donc je n’ai pas pu résister. Une des pièces était ouverte et j'ai vu une bouteille de parfum là-bas... « 

 

 

A16INT. MAISON ELISE - CHAMBRE PRIVÉE - FLASHBACK – JUSTE APRES 

 Fergus se glisse dans une chambre et se dirige vers le flacon de parfum, posé sur une table. Un manteau rouge d’officier britannique est accroché au portemanteau.

FERGUS (Voix Off) : « Je voulais le ramener en cadeau à Milady. Ça sentait si bon… je l’ai mis dans ma poche... »

 Fergus prend le flacon de verre avec un bouchon argenté. Il l'ouvre, le sent, puis le glisse dans sa poche.

 

16INT. APPARTEMENT DE JAMIE ET CLAIRE. - QUARTIER DES DOMESTIQUES 

FERGUS : » J'ai gardé la bouteille, mais j’avais trop peur de vous l’offrir, après ce qui s'est passé... »

CLAIRE : » » Où est-il maintenant ? «  

Fergus sort le flacon de sous son oreiller, où il l’a caché. Il le tend à Claire. Elle regarde le flacon...

FERGUS : » C'est de la lavande, Milady. « 

Claire le reconnaît – très bien. Un regard horrifié traverse son visage.

 

17INT. MAISON ELISE - CHAMBRE PRIVÉE - FLASHBACK 

Après avoir dérobé le flacon, Fergus se retourne.

 FERGUS : » Quand je me suis retourné, il était là. L'Anglais. « 

Capitaine Jack Randall, un client du bordel, sort de derrière un paravent. C'est comme si un lion venait de découvrir qu'un lapin se promenait dans sa tanière. Randall regarde sa proie.

JACK RANDALL : » Tu n'es pas ce que j'ai commandé, mais tu feras l’affaire. »

 Alors que Black Jack saisit Fergus...

 

18INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - QUARTIER DES DOMESTIQUES - JUSTE APRES 

Claire regarde Fergus, horrifiée.

CLAIRE : » Jésus Christ. « 

FERGUS : » Il a dit : « Toi, viens ici. » -- Il m'a attrapé le bras. J'ai essayé de m’enfuir, Milady, je le jure -- je lui ai dit que Milord était là, mais il ne m’écoutait pas. Il a dit qu'il voulait que je -- je ne peux pas le dire devant une dame… »

 

 19INT. MAISON ELISE - CHAMBRE PRIVÉE - FLASHBACK – 

Black Jack pousse Fergus sur le lit.

FERGUS : « Arrêtez ! Arrêtez ! »

 

20INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - QUARTIER DES DOMESTIQUES 

CLAIRE : » Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? »

 FERGUS : » Je le voulais, Milady, mais j’avais honte... »

CLAIRE : » Ce n’est pas grave, Fergus... »

 Après tant de semaines de peur, de culpabilité et de silence, Fergus éclate –

FERGUS : » Si, Madame ! Tout est de ma faute !  J’aurais dû me taire. Je n'ai pas pleuré ni crié au début. Mais ça me faisait tellement mal, je ne pouvais pas m'en empêcher. Milord m'a entendu et est venu en courant... « 

Claire l’écoute en pleurant.

 

21INT. MAISON ELISE - COULOIR/CHAMBRE PRIVÉE 

Jamie entend le cri de Fergus. Il court dans le couloir et fait irruption dans la chambre. Jack Randall lève les yeux, surpris.

 JACK RANDALL : » Regardez qui est là ! » 

JAMIE : » Espèce de salaud pervers ! C'est seulement un enfant ! «  

Un Jamie enragé et meurtrier attaque Randall –

FERGUS (Voix Off) : « Milord m’a entendu et il a accouru. Il a frappé l'Anglais comme un fou. Il y avait beaucoup de cris... Je me suis caché sous la coiffeuse. »

JAMIE : « Je vais te tuer pour ça ! Je le jure ! «  

Alors que les videurs de Madame Élise se précipitent pour interrompre le combat…

 

22INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - QUARTIER DES DOMESTIQUES 

FERGUS : » Ensuite, le combat a été interrompu. Quand Milord a été emmené, je l'ai entendu provoquer l'Anglais en duel. »

 

 23INT. MAISON ELISE - CHAMBRE PRIVÉE - FLASHBACK 

Alors que Jamie est traîné dehors, il crie à Randall.

 JAMIE : « Sale pervers ! J’exige un duel ! »

 JACK RANDALL : » Accepté. » Avant de s’écrouler au sol.

 Le reste appartient à l’histoire. 

 

24INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - QUARTIER DES DOMESTIQUES 

FERGUS : « Et Milord a été emmené. »

 

 25INT. MAISON ELISE - CHAMBRE PRIVÉE - FLASHBACK 

 Fergus regarde Black Jack, resté au sol, tandis que Jamie est emmené par les videurs.

 

26INT. APPARTEMENTS DE JAMIE ET CLAIRE - QUARTIER DES DOMESTIQUES 

CLAIRE : » Ce n'est pas ta faute, Fergus, tu m’entends ? « 

Mais Fergus ne l'entend pas. Son monde a été brisé.

FERGUS : » Je ne savais pas ! je ne savais pas qu’il irait combattre l'Anglais. Et maintenant Milord est parti, et il ne reviendra jamais ! »

 CLAIRE : » Viens ici... tout ira bien. »

Claire, en pleurs, tient le garçon traumatisé et le berce jusqu'à ce qu'il se calme.

Claire a enfin l’explication révoltante de la raison pour laquelle Jamie n'a pas tenu sa promesse.

 

27INT. L’HÔPITAL DES ANGES - BUREAU D’HILDEGARDE - JOUR 

 Mère Hildegarde est assise à son bureau, tapotant de ses doigts une feuille de papier à musique, tandis qu'elle réfléchit.

MÈRE HILDEGARDE : » Une audience privée avec le roi ? « 

Claire se tient debout en face d'elle, élégamment habillée, l'air en meilleure santé.

CLAIRE : « Vous avez mentionné que vous êtes la filleule du Vieux Roi Soleil. Vous avez sûrement des entrées. Ou vous connaissez quelqu’un qui en a »

MÈRE HILDEGARDE : « C'est possible. »

 CLAIRE : » J'aimerais demander la libération de mon mari de la Bastille. »

 Mère Hildegarde fait une pause, se souvenant des paroles de Claire.

MÈRE HILDEGARDE : » Alors, ma chère, vous avez trouvé une mer assez profonde ? « 

CLAIRE : » J'ai appris la raison pour laquelle il a rompu sa promesse. J'étais en colère contre lui. Je le suis toujours. Mais... il est le père de mon enfant. « 

Un instant pendant que Mère Hildegarde réfléchit à cela, puis...

MÈRE HILDEGARDE : » Sa Majesté est un homme d’humeur changeante. Il y a un prix à de telles requêtes. »

CLAIRE : » Lequel ? « 

MÈRE HILDEGARDE (sans détour) : » Le roi voudra peut-être coucher avec vous. »

Claire comprend cela.

 CLAIRE : » S'il s'agit de sacrifier ma vertu, ma Mère, je l'ajouterai à la liste des choses que j'ai déjà perdues à Paris, où je vous assure, on le remarquera à peine. 

 

 TONI GRAPHIA : 

« J'ai toujours adoré cette scène du livre où Claire doit demander à Mère Hildegarde d'organiser un rendez-vous avec le Roi et Hildegarde lui dit carrément qu'elle devra coucher avec Louis. 

Même si Claire connaît la raison pour laquelle Jamie n'a pas tenu sa promesse, cela n'efface pas la douleur de perdre son bébé et elle est toujours en colère contre lui. 

 Mais elle l'aime suffisamment pour ne pas vouloir qu'il meure en prison. 

Mais j'ai écrit la phrase où Claire dit « … Je vais l'ajouter à la liste des choses que j'ai déjà perdues à Paris… » Cela résume bien la première moitié de cette saison… 

Claire et Jamie sont venus à Paris pour une noble cause, une mission politique, pour arrêter une guerre. 

Mais c’est un endroit très toxique pour eux, et le bilan personnel a été énorme. Ils ont beaucoup perdu. 

À ce stade, qu’est-ce que représente vraiment coucher avec le roi ? Ce n’est rien comparé à la perte de cet enfant. Claire y va en connaissance de cause. Elle connaît le prix qu'elle devra peut-être payer pour libérer Jamie. Et elle le fait. «  

 

MERE HILDEGARDE : » Très bien. Je vais arranger cette entrevue. Cela peut prendre un certain temps. En attendant, Je prierai pour vous, même si je me demande exactement quel serait le saint patron approprié à invoquer dans de telles circonstances ? «  

CLAIRE : « Marie-Madeleine me vient à l’esprit. «  

Cela fait sourire la vieille religieuse. 

 

28 29EXT. VERSAILLES - JOUR 

Vue de l’extérieur de Versailles, la grande entrée.

 

30INT. VERSAILLES - COULOIRS – JOUR 

 Claire est conduite dans un couloir par un discret Gentilhomme de la Chambre du Roi. Ils arrivent devant une porte. Il frappe. La porte s'ouvre et Claire est introduite à l’intérieur.

 

 

31INT. VERSAILLES - APPARTEMENTS PRIVÉS DU ROI – JUSTE APRES 

Le Gentilhomme de la Chambre l’annonce à Sa Majesté le roi Louis XV.

GENTLEMAN DE LA CHAMBRE : » Votre Majesté, puis-je vous présenter Madame Claire Fraser, Lady Broch Tuarach. »

 Le Gentilhomme de la Chambre s'en va en fermant la porte derrière lui. Claire fait une profonde révérence au Roi, et il la prie de se relever d’un geste.

Il sourit et elle sourit en retour, mais il peut sentir sa nervosité.

 LE ROI LOUIS : « Vous n’avez rien à craindre de moi, chère Madame. Je ne mords pas. » CLAIRE : » Non. Non, bien sûr. « 

LE ROI LOUIS : » Mais asseyez-vous, je vous en prie. Prendrez-vous une gorgée de ce chocolat chaud venu de Nouvelle-Espagne ? « 

Claire regarde autour d'elle et constate qu'ils sont complètement seuls, pas de domestiques ni de gardes.

Un chocolat chaud fumant, une délicatesse, est déjà versée dans deux tasses sur une petite table près d’une luxueuse ottomane en velours. Le lit royal se profile à proximité. CLAIRE : » Je vous remercie, Votre Majesté. »

 LE ROI LOUIS : « Et peut-être aussi une orange cueillie dans mon orangerie ? Je possède plus de mille arbres. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« Je voulais que le roi offre une friandise à Claire, alors j'ai cherché sur Google pour trouver quelque chose de cool. J'aimais qu'il ait une orangeraie et qu'il adore le chocolat, ce qui était rare à l'époque. Il la séduit, vraiment. 

Cait a été géniale avec l'orange… la tenant comme un joyau rare. À la fin, quand elle part, elle l'emporte même avec elle – ce n'était pas scénarisé, Cait l'a improvisé et j'adore ça. 

C’est sa façon de repartir avec au moins un brin de dignité. «  

 

CLAIRE : « Avec plaisir. »

Le Roi offre à Claire une orange, une autre friandise rare, comme s'il s'agissait d'un bijou aux multiples facettes. Il s'assoit sur l’ottomane et lui fait signe de faire le même. Elle s'assoit à côté de lui, leur proximité physique prêtant une intimité à leur conversation.

Il lui tend la tasse de chocolat chaud.  Ils le boivent avec délectation.

 

Petite note historique (ndlt) : comment se présente le cacao à la cour de Louis XV ? 

Durant l’Ancien Régime, on consomme surtout le cacao sous forme de chocolat chaud. On prépare de la pâte de cacao avec les fèves. Puis, on y ajoute du sucre de canne et des épices, avant de presser la pâte dans des moules en bois ou en étain. De ces moules, sortent ainsi des plaques de chocolat, que l’on coupe ensuite en large copeaux. 

On laisse ensuite fondre ces copeaux dans de l’eau (ou du lait) dans une chocolatière, avant de faire mousser le tout, grâce à un moulinet. Le chocolat chaud est alors prêt à être dégusté. 

Le chocolat est ainsi un breuvage très épais, que l’on accompagne généralement d’un verre d’eau… 

 

Par courtoisie, le Roi passe à l’anglais.

LE ROI LOUIS : » Maintenant, dites-moi ce que je peux faire pour vous. »

CLAIRE : » Mon mari est à la Bastille. Pour avoir provoqué un duel. »

LE ROI LOUIS : » Votre mari a enfreint un décret royal. « 

CLAIRE : » Oui, je comprends cela. Mais il a été... provoqué. Comme vous le savez, c'est un Écossais. Les hommes de ce pays sont... féroces quand la question de leur honneur est en jeu. »

 Louis finit son verre, pose sa tasse et prend l’autre tasse des mains de Claire, qu’il pose à côté de la sienne.

LE ROI LOUIS : » Tout à fait. Tout à fait, Madame. Cependant... »

 CLAIRE : » Je serais... très reconnaissante, Sire. « 

Le Roi lui prend la main et la caresse. Claire résiste à l'envie de l'enlever. Il trace la ligne de son alliance avec son doigt et demande :

LE ROI LOUIS : » Est-ce sa bague ? « 

CLAIRE : » Oui, Sire. « 

LE ROI LOUIS (regardant la bague de Frank) : « Et cette autre ? « 

CLAIRE : » J'ai déjà été mariée une fois. « 

LE ROI LOUIS : » Et pourtant vous portez toujours son alliance. Votre loyauté est... la plus remarquable. »

 

TONI GRAPHIA : 

« J’ai ajouté que le Roi était fasciné par les deux alliances de Claire. Je pensais que c'était quelque chose qui l'intriguerait chez Claire. Et parce qu'ils sont significatifs – ce sont ces deux anneaux qui l'ont amenée à ce moment – de devoir troquer la libération de Jamie après son arrestation pour le duel qu'elle lui avait demandé de ne pas engager afin que la vie de Frank soit épargnée… 

 L'amour et le dévouement de Claire à ses deux maris l'ont amenée à Versailles pour ce pacte avec le diable qui va lui coûter un morceau de son âme. «  

 

 Il porte ses mains à ses lèvres et les embrasse.

LE ROI LOUIS : » Je suis enclin à la miséricorde, ma chère Madame... mais… »

 Louis lâche maintenant ses mains et la regarde longuement. Un frisson frappe Claire au creux de son ventre. Son visage est impénétrable, mais il est roi depuis l'âge de cinq ans, et il est habile à cacher ses pensées.

 CLAIRE (Voix Off) : » On l’appelait Louis le Bien-Aimé. Son pouvoir était absolu. Il pouvait libérer Jamie en un mot… ou le faire tuer. Il pouvait faire de moi ce qu’il voulait. J'attendais de voir quel serait le bon plaisir de Sa Majesté. »

 Finalement, Louis parle, ses yeux scrutant son cou, ses seins et son corps.

LE ROI LOUIS : » Dites-moi, si je devais faire libérer votre mari... Seriez-vous encline à m'accorder une petite faveur en retour ? « 

CLAIRE : » Je suis à l’entière disposition de Sa Majesté. »

Son cœur bat si fort qu'il couvre presque ses paroles.

 LE ROI LOUIS : » Ah. Très bien, ma chère. Venez. »

 Le roi lui tend la main. Claire pose son orange sur une petite table, et se lève, s'attendant à être conduite vers le lit royal. Mais au lieu de cela, le roi lui caresse la joue, très doucement.

LE ROI LOUIS : » Si pâle. Si belle. Je comprends pourquoi on vous appelle La Dame Blanche. »

 Claire réagit. Il connaît son surnom, La Dame Blanche. Avant qu'elle puisse le réfuter, il l’emmène vers le mur où un panneau secret s'ouvre et ils entrent…

 

 

 32 33INT. VERSAILLES - CABINET DE LA VÉRITÉ – JUSTE APRES 

 … Dans une pièce secrète derrière l'appartement privé du roi. Étrange et faiblement éclairée par des étoiles de lumière filtrant à travers un dôme au plafond, elle est remplie d’objets et de symboles mystiques, gardée par deux hommes masqués. 

 Il y a deux tables sur lesquelles sont disposées des preuves avec des objets de curiosité, des herbes et des flacons.

Dans une zone séparée, une cage, recouverte d’un drap.

 

TONI GRAPHIA : 

« Nous avons toujours appelé cette scène la scène du « Cabinet des Etoiles » et ça a été probablement la scène la plus controversée jamais vue dans la salle des scénaristes. 

À un moment donné, nous étions tous tellement frustrés que nous avons envisagé de la couper, mais nous savions tous que c'était si iconique dans le livre que les fans voudraient la voir ; et nous l’aimions tous, donc nous savions que nous devions trouver comment la tourner. 

 Dans le livre, il y a des problèmes de logique et des incohérences qui n'ont pas d'importance au moment de la lecture, mais qui peuvent devenir problématiques à l'écran. Par exemple, il y avait un problème dans le livre : Maître Raymond sort littéralement le poison de sa manche et suggère lui-même l’épreuve. Mais c'est un suspect ! Ce n’est donc guère logique. 

Nous l'avons retravaillée pour que Claire propose l’épreuve. Mais où trouverait-elle le poison ? Nous avons donc ajouté les tables sur lesquelles sont disposées les preuves et lui avons fait demander d'utiliser la cascara amère dont elle se souvient l’avoir vue dans son apothicairerie. 

C'était une scène très longue, la moitié a été coupée au montage. 

 J'ai lu beaucoup de critiques sur les épisodes précédents et les critiques étaient impatients face au scénario des « arts sombres » qui, selon beaucoup, ne mènerait nulle part. J'avais envie de crier : « Attendez ! » Nous savions que c’était un grand événement et que nous devions y parvenir. 

Gary Steele a construit un décor à couper le souffle et les acteurs ont apporté une intensité difficile à regarder, même à l'écran. «  

 

Louis se tourne vers elle.

 LE ROI LOUIS : » Le Roi vous demande de nous prêter vos compétences ce soir. »

La première personne que Claire voit, et qu’elle reconnaît : Monsieur Forez.

CLAIRE (Voix Off) : « Quand je vis Monsieur Forez, le Bourreau du Roi, je sus que sa présence ne pouvait signifier qu'une chose : il y aurait des morts ici, aujourd'hui. « 

Monsieur Forez est flanqué de sbires de chaque côté, répartis autour d’un cercle représenté au sol, portant des cagoules sinistres. Leurs yeux brillent à travers les trous du tissu, tous concentrés sur Claire – apparemment l'invitée d'honneur. 

 CLAIRE : » Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire, Sire. »

 LE ROI LOUIS : « Voyez ! »

 Louis fait un geste et deux des hommes de main encapuchonnés ouvrent une porte, faisant entrer deux prisonniers qui avaient été tenus dans l'ombre : Maître Raymond et le Comte de St-Germain ! Ils sont amenés à l’intérieur du grand cercle peint de des symboles mystiques. Les yeux de Saint-Germain s’écarquillent. Il regarde Claire d'un air désagréablement surpris. Mais Maître Raymond ne montre pas qu’il connait Claire.

 

LE ROI LOUIS (froid et sinistre) : « Veuillez lire les chefs d'accusation, s'il vous plait. « 

Forez s’avance pour lire l'acte d'accusation.

FOREZ : » Maitre Raymond et le Comte Saint-Germain, vous comparaissez pour sorcellerie et pour avoir perverti la recherche du savoir par l’exploration des arts arcaniques. Vous êtes accusés d’avoir pillé les enseignements des anciens philosophes et d'avoir fait usage des forces maléfiques dans votre propre intérêt. « 

LE ROI LOUIS : » (à Claire) Nous n'avons aucun problème avec la recherche de la sagesse. Mais même si l'on peut y trouver beaucoup de bien, on peut aussi y découvrir le mal. Et la recherche de la sagesse peut être pervertie en un désir de puissance et de richesse à des fins immorales et dépravées. »

 FOREZ : » Il nous faut aussi prendre en compte les preuves recueillies dans la boutique de Maître Raymond, ainsi qu'à la résidence du Comte St. Germain. »

 Claire jette un coup d'œil aux tables de bibelots, de flacons et d’herbes, elle réalise maintenant que ce sont des artefacts de la boutique de Raymond, ainsi que divers objets « suspects » appartenant au Comte. Le roi tend la main à Claire.

LE ROI LOUIS : » C’est pourquoi nous avons fait venir ici un témoin. Un juge infaillible de la vérité, La Dame Blanche, un cœur pur qui ne saurait mentir. Elle peut voir l'âme d'un homme, et sentir le Mal qui y réside. « 

CLAIRE (murmure) : » Putain de bordel de merde. « 

Le roi utilise l'anglais pour Claire et le français pour la Cour.

LE ROI LOUIS (à Claire) : » Je vous supplie d'utiliser vos talents, de regarder dans leurs âmes et si vous y voyez les ténèbres, ils seront remis à Monsieur Forez et mis à mort. » Claire jette un coup d'œil à Forez qui la fixe de son regard sombre. Elle est horrifiée d'être entraînée dans cette scène macabre, mais elle sait qu’il n’y a pas de choix.

 CLAIRE : » Bien sûr... ce sera un honneur d’assister Sa Majesté dans sa tâche. »

 LE ROI LOUIS : » Très bien. Commençons. « 

 Tous les regards sont tournés vers Claire. N'ayant pas le choix, elle commence et s’avance vers les accusés.

 Saint Germain commence à parler en français – 

ST. GERMAIN : » Il est vrai qu’il y a des forces maléfiques à l'œuvre « – 

 LE ROI LOUIS : » Vous parlerez anglais quand vous vous adressez à mon invitée. » 

St. Germain essaie de ne pas avoir l'air dégoûté alors qu'il recommence, cette fois en anglais. 

 

TONI GRAPHIA : 

« Nous avons beaucoup utilisé le français dans la série, mais nous avons réalisé que c'était une scène si longue que nous pourrions perdre le public en utilisant uniquement le français. 

Nous avons donc imaginé un dispositif permettant au roi d’exiger que tout le monde parle anglais à son invitée, de sorte que l’on doive revenir à l’anglais pour le bien de Claire, même le comte qui déteste cela. «  

 

ST. GERMAIN : » Il est vrai qu'il y a des praticiens des arts obscurs parmi nous. Mais il n’y réside aucune méchanceté chez moi, le plus fidèle sujet de Sa Majesté ! (Il se frappe la poitrine) Je suis un courtisan de Sa Majesté, dans le respect de tous ses décrets. En ce qui concerne la perversion du savoir et l'utilisation d'arts interdits, vous devez regarder au-delà de votre propre Cour, Sire. «  

St. Germain jette un coup d'œil à Maître Raymond, levant un regard accusateur. 

 CLAIRE : « Maître Raymond. Souhaitez-vous parler ? «  

Raymond baisse la tête. 

MAÎTRE RAYMOND : » Je ne suis qu'un humble serviteur du peuple de Paris. Je pratique le commerce des médicaments et rien de plus. J’utilise mes connaissances des herbes et autres cadeaux de la nature au profit des affligés de notre belle ville. «  

Claire étudie les deux hommes, comme pour décider qui croire. Elle se tourne vers Saint-Germain. 

 

Claire ferme les yeux et pose ses doigts sur ses paupières, comme pour réfléchir encore plus intensément. Après tout, l’homme a bel et bien tenté de l’assassiner.

CLAIRE : » Je vois une ombre derrière vos yeux, Monsieur le Comte. Je vois une image… Un groupe d’hommes dans la rue, habillés tels des aristocrates, mais portant des masques. Vous avez un nom à l’esprit, Monsieur… Les Disciples.  Que savez-vous des Disciples, monsieur ? »

Les yeux de St. Germain s’écarquillent alors qu’il se défend vigoureusement. Le nom des Disciples est également familier au roi ; ses yeux sombres se rétrécissent soudainement et se transforment en fentes dangereuses.

ST. GERMAIN (Au roi) : « Je ne sais rien sur ces Disciples dont vous parlez ! »

CLAIRE : « Vous mentez, monsieur. »

ST. GERMAIN : « Je ne mens pas. Je ne mens pas ! Je ne mens pas, Sire !  Cette femme est une menteuse et une sorcière.  De mes yeux, je l'ai vue soigner des hommes avec la variole, et pourtant elle n'est pas tombée malade. Sire, vous savez bien les dangers de la variole, elle a beaucoup touché votre famille. Votre père, votre mère, et votre frère. » 

 LE ROI LOUIS : » Assez ! »

Le roi se hérisse, Saint-Germain touche un point sensible...

LE ROI LOUIS : » Vous n'avez aucune preuve de vos propos. « 

 ST. GERMAIN : « On a aussi vu cette femme boire du poison et y survivre. »

LE ROI LOUIS : » Et comment savez-vous cela ? »

 Dans sa colère et sa frustration, St Germains se révèle.

ST. GERMAIN : « Parce que je lui ai administré le poison moi-même ! « 

 Claire est choquée qu'il l'ait admis. Saint-Germain continue en essayant de se justifier.

 

TONI GRAPHIA : 

« Nous ne voulions pas que Claire se sente mal d’avoir tué (même involontairement) un homme de sang-froid – un homme qui aurait très bien pu être innocent. 

C’est ainsi la raison pour laquelle St. Germain avoue avoir tenté de la tuer dans l'épisode 204, "La Dame Blanche". 

C’est toujours difficile pour elle de le voir mourir, mais savoir qu’il l’a empoisonnée est « le sucre qui fait passer le médicament. » (ndlt : allusion à une célèbre chanson de Mary Poppins : « c’est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler.. ») 

 Bien sûr, le cristal changeant de couleur en présence de poison et le tour de passe-passe de Raymond étaient également mis en place dans "La Dame Blanche", que j'ai écrit, donc c'était pour moi une satisfaction que la boucle soit bouclée ici. » 

 

 ST. GERMAIN : » Elle a essayé de me ruiner ! Elle a fait détruire mon vaisseau avec de fausses accusations ! Elle est une sorcière, elle ne le nie pas ! « 

Ses yeux croisent ceux de Claire, tous les paris sont ouverts maintenant.

CLAIRE : « Non, je ne le nie pas. Mais La Dame Blanche est une sorcière blanche et je pratique la magie blanche, Sire. »

 Le roi réfléchit un instant. Claire est-elle en danger ?

LE ROI LOUIS : » Ce n’est pas Madame Fraser qui est jugée ici. « 

(Puis à Claire) N'attendez plus, regardez-les âmes de ces hommes, et dites-moi laquelle est assombrie par l'obscurité ? » 

Claire regarde St. Germain mais s'arrête alors qu'elle essaie de réfléchir à une autre issue. 

CLAIRE (Voix Off) : » Même en sachant que St. Germain avait essayé de m’empoisonner, il m’était difficile de le condamner de sang-froid à la mort. »

CLAIRE : » Je vois les ténèbres dans son âme. (Se tournant vers Raymond) Tout comme dans la sienne. « 

L’atmosphère devient irrespirable.

CLAIRE : » Mais seulement les ténèbres habituelles qui résident dans l'âme de tous les hommes. Même dans celle d’un roi. »

 Un halètement étonné dans la pièce – les yeux de Louis se plissent.

CLAIRE : « Je veux dire que sans les ténèbres, il ne peut y avoir de lumière. »

 C'est la tentative de Claire de sortir d'ici sans que personne ne soit condamné au pire. Malheureusement, le roi n'est pas satisfait. Il ne laissera personne s’en tirer.

LE ROI LOUIS : » Néanmoins, si je veux nettoyer cette ville, je dois faire un exemple. Peut-être pouvons-nous aider votre décision. Qu’on apporte les serpents ! « 

Claire regarde l'endroit où le drap est retiré de la cage, révélant un serpent enroulé et sifflant. C'est terrifiant.

LE ROI LOUIS : » La Bible prétend que seul un vrai croyant peut toucher les serpents sans se faire mordre, car il est le serviteur de Dieu. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« Merci encore à Matt et David Brown, notre formidable producteur, pour le serpent ! Je voulais vraiment qu'il y ait un serpent dans la scène et croyez-moi, il n'est pas facile de trouver ce type de reptile particulier en Écosse, mais ils ont réussi. 

 Cela ajoute un facteur de danger effrayant à une scène déjà tendue. Le mouvement du serpent était si beau qu'il a même figuré dans le générique d'ouverture ! 

Bien joué ! » 

 

 Alors que les hommes cagoulés se préparent à amener le serpent, Claire, à nouveau, aperçoit les tables des preuves et se dirige délibérément dans leur direction, un plan se dessine. Elle regarde les deux tables remplies d'objets : celle de St. Germain avec des cristaux, dessins, livres, etc. Et sur l’autre, de la boutique de Maître Raymond – des herbes, des crânes, la peau de zèbre, les osselets de mouton... 

 CLAIRE : « Puis-je suggérer un autre test, Votre Majesté ? « 

Louis hoche la tête. Puis un autre aveu choquant…

 CLAIRE : » Il est vrai que j’ai bu le poison du comte et qu’il ne m'a pas tuée. Laissez-le boire le mien et nous verrons ce qui se passe. Qu'ils le boivent tous les deux. Avec votre permission ?  « 

Le roi Louis réfléchit, intrigué.

 LE ROI LOUIS : » Très bien. « 

CLAIRE : « Puis-je ? «  

Le roi hoche la tête, puis regarde avec fascination. 

CLAIRE (Voix Off) : » Je décidai de prendre exemple sur Maître Raymond, pour ainsi dire. Je parcourus les « preuves », les vestiges de sa boutique, et je trouvai l'herbe que je cherchais. De la cascara amère. « 

Claire mélange une concoction de cascara dans une coupe pour faire un tonique.

CLAIRE (Voix Off) : » Je savais que la cascara rendrait les deux hommes malades, mais cela ne les tuerait pas. Et peut-être que Louis, ayant eu son spectacle, serait apaisé et les laisserait partir. « 

CLAIRE : » Cette potion vous donnera votre réponse, Sire. Nous pourrions bien avoir un mort. Ou deux. Mais je demande une chose -- si ces deux hommes survivent, vous les libérerez. « 

LE ROI LOUIS : » Nous verrons si cela convient au Roi. « 

Claire tend la coupe à Raymond en premier. Avec le cérémonial voulu, Raymond avale une gorgée. Après un moment, il s'étouffe et tousse, se plie en deux de douleur et se balance sur ses pieds, mais se redresse. Raymond rend la coupe à Claire pour la passer à Saint-Germain.

Claire prend la coupe, se tourne vers Saint-Germain, mais comme elle baisse les yeux, elle remarque que le collier de cristal que lui a donné Raymond [Épisode 204] est devenu noir. La boisson est désormais véritablement empoisonnée !

 Claire se souvient de l’astuce de Raymond de l'épisode 204 avec la tasse et les dés.

CLAIRE (Voix Off) : » Je ne vis jamais Raymond ajouter quoi que ce soit, personne ne le vit. C'était un autre coup d’éclat, un tour de passe-passe, comme celui qu'il m'avait montré dans sa boutique. Je ne savais pas comment il faisait cela. Tout ce que je savais, c'est que cette fois, à l’intérieur de la coupe, il y avait la mort. St Germain le savait aussi. »

 Claire regarde Raymond. Mais Saint-Germain voit le cristal aussi – et l’expression du visage de Claire. Il avait mentionné au dîner [Épisode 204] qu'il savait exactement comment le cristal fonctionnait.

Le roi s’impatiente. 

LE ROI LOUIS : « Donnez-lui la coupe. (À cause de son hésitation) Donnez-la-lui ! »

 Claire remet enfin la coupe à Saint-Germain. Il la prend, en toute connaissance de cause. Parmi ses nombreux défauts, la lâcheté n’en fait pas partie. Il les regarde en adressant une malédiction finale à ses ennemis –

ST. GERMAIN : « Eh bien… » 

LE ROI LOUIS : « Buvez ! » 

ST. GERMAIN : « Je vous salue, Maître Raymond, fils de putain ! Vous et votre sorcière qui suce la bite du diable ! Nous nous reverrons en enfer ! »

Saint-Germain vide la coupe, les yeux fixés sur Claire jusqu'à ce qu'il s’écroule au sol en se tordant. Un faible bourdonnement d'excitation de la part des hommes cagoulés alors que le comte meurt d’une mort violente.

Son cadavre est emporté par des hommes cagoulés. Le Roi se tourne alors vers Raymond, d'un geste de la main.

LE ROI LOUIS : « Considérez-vous comme chanceux, mais partez dès aujourd'hui et ne remettez pas jamais plus les pieds en France. « 

Sur un geste du roi, Maître Raymond est emmené par les Gardes du Roi, qui vont l’escorter hors du pays. Claire regarde Raymond qui est emmené, reconnaissante envers l'homme qui lui a sauvé la vie – pas une, ni deux, mais trois fois.

CLAIRE (Voix off) : » Peut-être était-ce le choc de ce que J'avais traversé, mais alors que Maître Raymond était emmené, ce qui me passa par la tête fut la réplique d'un film, vous savez lequel : « tu vas me manquer, toi plus que tous »

(ndlt : il s’agit d’une référence au célébrissime « Magicien d’Oz » et la dernière réplique du film lorsque Dorothy quitte le pays d’Oz et dit adieu à l’Épouvantail) 

Raymond lui lance un dernier regard, il partage le même sentiment. Après son départ, Claire se tourne vers Louis.

CLAIRE : « Votre Majesté honorera-t-elle ma requête ? »

 LE ROI LOUIS : » Tout d’abord, il faut encore parler du paiement. « 

Claire est abasourdie. Elle avait cru que son rôle de La Dame Blanche était le paiement.

Louis prend Claire par le bras et l’entraine dans sa chambre.

 

 

34INT. VERSAILLES - APPARTEMENTS PRIVÉS DU ROI – QUELQUES NSTANTS PLUS TARD 

De retour dans la chambre du roi, Louis conduit une Claire hébétée au lit royal, l’allonge et soulève ses jupes. Il prend une bouteille d'huile parfumée à la rose sur la table et masse brièvement l’entrejambes de Claire, se préparant à prendre son plaisir de majesté. 

 CLAIRE (Voix Off) : « J'avais été mariée deux fois, bon sang, me suis-je dit. Je fermai les yeux et je pensai à Angleterre. « 

 

TONI GRAPHIA : 

 « Je n’ai pas pu résister à la réplique « … j’ai fermé les yeux et j’ai pensé à l’Angleterre ». 

Elle a été inventée juste pour ce moment. 

La discussion dans la salle des scénaristes sur le nombre de mouvements de pénétration que le roi devrait avoir avec Claire a pris bien plus de temps que la scène elle-même. Nous en avons finalement choisi trois, probablement parce qu'il était temps de commander le déjeuner et que nous voulions juste en finir ! Ha ! «  

 

Claire ferme les yeux et attend avec une certaine appréhension -- après tout, il est sur le point de coucher avec la Dame Blanche.

Puis trois poussées du membre royal (en fait six dans la version finale… 😉).

Une transaction commerciale brève et banale.

LE ROI LOUIS : » Je ferai émettre une grâce et en informerai la Couronne anglaise, si vous vouliez rentrer en Ecosse. »

 Ensuite, d’un geste, le roi lui indique que c’est terminé. La porte s’ouvre, ils échangent une révérence courtoise, avant qu'elle ne soit escortée par le Gentilhomme de la Chambre attendant juste dehors.

En sortant, Claire s’arrête devant la petite table près de l’ottomane, hésite et prend l’orange offerte plus tôt par le roi…

  

 A35INT. VERSAILLES - COULOIR – UN PEU PLUS TARD 

 Le Gentilhomme de la Chambre ramène Claire dans les couloirs, de la même manière qu'elle est entrée.

Claire est hébétée. C’en est trop pour elle.

 

 36INT/EXT. APPARTEMENST DE JAMIE & CLAIRE 

 Rue de Trémoulins, la vie continue. Les serviteurs cuisinent et nettoient. La cour est balayée. Les tables sont débarrassées. Les horloges sont remontées. Les jours passent. 

 

 37INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - ESCALIER/SALON – JOUR 

 Claire s'approche du haut de l'escalier. Elle baisse les yeux pour voir la grande silhouette de Jamie, qui vient juste d’être libéré. Il est sale et mal rasé, les semaines passées à la Bastille ont fait des ravages. Leurs regards se croisent.

 Beaucoup de choses passent entre eux. Jamie monte lentement les escaliers et la rejoint au sommet. Elle ne se précipite pas dans ses bras. Elle n'est pas en colère, mais la blessure est profonde et il y a un gouffre entre eux - béant, apparemment infranchissable. Ils restent debout, maladroits, pendant un moment. 

 

38INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALON - UN INSTANT PLUS TARD 

Jamie suit Claire au salon, où elle se verse un whisky.

 JAMIE : » Je ne mérite pas ta pitié, alors je ne te la demanderai pas. Mais veux-tu au moins me laisser te réconforter ? » 

 Jamie essaie de lui prendre la main, mais Claire s'écarte. 

CLAIRE (calme) : » Peux-tu me rendre mon enfant ? » 

 Les larmes lui remplissent les yeux. 

JAMIE : » C'était aussi mon enfant. Je ne sais même pas si c'était un garçon ou une fille. Claire ? Vais-je devoir te supplier ? « 

 

TONI GRAPHIA : 

 « Au montage, nous avons coupé tous les premiers dialogues pour pouvoir commencer par la réplique la plus douloureuse : quand Jamie dit qu'il ne sait même pas si c'était un garçon ou une fille. 

Dans le livre, nous ne voyons jamais Claire prendre le bébé mort… même si elle dit à Jamie que Mère Hildegarde lui a finalement fait voir l'enfant. 

 Je sentais que nous avions besoin de voir cette scène – c’est vraiment le cœur de l’épisode. 

Si vous ne voyez pas ce que Claire a vécu, vous ne pouvez pas comprendre pourquoi elle est si en colère et pourquoi elle ne peut pas s’empêcher de continuer à blâmer Jamie. La blessure était tout simplement trop profonde. 

 J'avais toujours prévu de nous ramener à ce moment terrible en utilisant le bris de la Vierge Marie comme transition – afin que nous puissions voir ce qui s'est passé après – le moment où le bébé a été amené à Claire. «  

 

C'est difficile pour Claire d'en parler. 

 CLAIRE : » C'était une fille. Mère Hildegarde l'a baptisée. Et lui a donné un nom. Faith. Mère Hildegarde a un sens de l'humour très particulier. « 

Le cœur de Jamie se brise. Une fille.

JAMIE ; » Où est-elle maintenant ? «  

CLAIRE : » Elle est enterrée au cimetière, à côté du couvent. »

 JAMIE : « J'ai vraiment essayé de tenir ma promesse. « 

Il est sur le point de raconter l'histoire, mais elle l'arrête.

 CLAIRE : » Fergus m'a raconté ce qui s'est passé. »

Jamie a l'air surpris.

JAMIE : » Alors tu vois pourquoi je n’aurais pas pu laisser Randall s’en tirer pour ce qu'il a fait au petit ? Tu me détestes pour ça, Claire ? « 

Elle le regarde, la voix étranglée par le chagrin. Sa douleur est palpable, acérée comme des lances de glace en cristal. Elle lui dit la vérité. Brute et honnête.

 CLAIRE : » Je t'ai détesté. « 

Un long silence. Puis plan de coupe sur une scène à l’hôpital…

 

39INT. L’HOPITAL DES ANGES - LE LIT DE CLAIRE - JOUR – FLASHBACK 

Alors que nous revenons au moment que nous avons vu plus tôt -- où les religieuses luttent pour retenir une Claire affolée, qui crie :

 CLAIRE : » Apportez-moi mon bébé, apportez-moi mon bébé ! « 

La statue de la Vierge Marie se brise au sol. Hildegarde fait un signe de tête à Angélique, qui sort précipitamment.

MÈRE HILDEGARDE : » Allongez-vous, Claire. « 

 

CLAIRE (Voix Off) : « Mère Hildegarde m’a laissée la voir.  Pour que je n’aie pas à l’imaginer. »

Il y a une autorité calme dans la voix d’Hildegarde, et Claire obéit. Elle se calme un instant et attend, regardant fixement devant elle, sans croiser le regard de personne.

Un moment plus tard, Angélique revient, tenant un petit paquet enveloppé dans un linge blanc. Elle le tend à Hildegarde, qui l'apporte à Claire, et le pose doucement dans ses bras.

Claire regarde l'enfant immobile. Pâle et minuscule. Une poupée. Elle regarde le visage pendant un long moment, hypnotisée. Mère Hildegarde hoche la tête. Puis fait signe aux autres de s’éloigner et laisser de l’espace à Claire.

Claire se balance d'un côté à l'autre, berce le bébé très doucement. Hildegarde reste et veille, grande et forte comme l'ange aux portes de l'Eden.

 

Gros plan sur Claire dans son salon alors qu’elle raconte la suite…

CLAIRE (Voix Off) : » Elle était magnifique. Si petite. Sa tête tenait dans la paume de ma main. Ses oreilles étaient un peu décollées. Elles laissaient passer la lumière. Tout comme sa peau. Comme… La lumière sur une perle encore mouillée par l’eau de mer.

Elle avait les yeux fermés. Pas encore de cils. Elle avait les yeux en amande, comme les tiens. Elle avait des boucles d’un roux cuivré magnifique. »

 

 TONI GRAPHIA : 

« Claire chantant pour le bébé n'était pas dans le livre, mais quelque chose que je sais instinctivement… C’est qu’elle doit le faire… 

Je me souviens avoir recherché des paroles de chansons sur Google au milieu de la nuit… Je deviens obsédée par des trucs comme ça. J'ai écouté des tonnes de chansons d'une certaine époque. Il fallait que ce soit le ton juste, pas une chanson triste. 

Au lieu de cela, j'ai cherché une chanson douce et fantaisiste. 

Nous avons coupé la voix off à propos de sa mère, mais dans mon esprit, c'était une chanson que la mère de Claire lui chantait. Elle est morte quand Claire avait cinq ans, donc elle ne se souvient pas de grand-chose, mais dans ce terrible moment primal, j'ai senti que Claire allait puiser dans son subconscient, et s'emparer du souvenir le plus réconfortant qu'elle avait de son propre parent pour le transmettre à son enfant. 

C’est la seule chose qu’elle a à donner à ce bébé : pendant ces quelques instants, elle peut la tenir dans ses bras. Alors, elle le fait. » 

 

 CLAIRE (Voix Off) : » Ma mère est morte quand j'avais cinq ans. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs d'elle. Mais une chose dont je me souviens, c'est comment elle me chantait une vieille chanson de music-hall qu'elle avait entendue à la salle de bal de la Tour à Blackpool. » 

 Et Claire se met à fredonner tout doucement...

« Oh, j'aime être au bord de la mer, j'aime être au bord de la mer, j'aime flâner le long de la prom-prom-promenade où les fanfares jouent tiddley-pom-pom-pom... Alors laisse-moi rester au bord de la mer, et je serai tellement heureuse... »

 

40INT. APPARTEMENTS DE JAMIE & CLAIRE - SALON – JOUR 

 Retour en gros plan sur le visage ravagé de Jamie et celui de Claire, qui raconte, comme en transe…

CLAIRE : » Les sage-femmes ont dit que c'était mieux ainsi, de voir le bébé. Parce que comme ça, on n’imagine pas. Je n’ai donc pas eu besoin d’imaginer. «  

 

41INT. L'HOPITAL DES ANGES - NUIT – FLASHBACK 

 Louise se tient avec Mère Hildegarde à une courte distance de Claire, regardant Claire assise dans son lit, le bébé toujours dans ses bras.

LOUISE : » Depuis combien de temps ? »

MÈRE HILDEGARDE : » Depuis ce matin. « 

 LOUISE : » Sainte Mère de Dieu. » 

 Louise, enceinte, berce inconsciemment son propre ventre.

Puis elle fait un signe de tête à Hildegarde, se tourne vers Claire et la salue avec gentillesse et avec une compassion surprenante.

LOUISE : » Ma chère Claire. « 

Claire lève les yeux. Elle est là depuis des heures, en deuil, en état de dissociation. Le bébé est enveloppé et surtout pas visible, à l'exception d'une petite main que Claire tient. Claire ouvre le linge, laisse entrevoir à Louise son visage.

CLAIRE : » Elle est belle, n'est-ce pas ? « 

LOUISE : » Oui. « 

Elle sourit avec beaucoup de douceur à Claire.

CLAIRE : » Dix doigts. Dix orteils. « 

LOUISE : » C'est un ange. « 

Louise s'approche, sachant ce qu'il faut faire.

 LOUISE : » Puis-je la tenir ? »

 Claire lève la tête, hésitante. Un long silence. Claire sait que si elle lâche prise, c'est pour toujours. Elle serre l'enfant plus fort.

LOUISE : » Il est temps, ma chère. « 

 Louise se penche. Claire voit le ventre bombé de Louise. Elle tend la main et la touche. Et elle se rend compte que ce qu'il y a à l'intérieur est vivant... et le petit paquet dans ses bras ne l'est pas. 

Claire hoche la tête, le regard inquiet, réticente... mais laisse ensuite Louise prendre doucement le bébé de ses bras. Louise passe l'enfant à Mère Hildegarde, puis retourne vers Claire, qui commence à frissonner. Louise ne dit rien d'autre. Il n'y a pas de mots pour apaiser une douleur de cette ampleur.

Claire éclate en sanglots, totalement désespérée. Louise la recouche dans son lit et la recouvre avec beaucoup de délicatesse...

 

TONI GRAPHIA : 

« C'est ma scène préférée du scénario. Louise a été une femme tellement volatile et bavarde, sans substance. Et ici, elle peut être là pour Claire d'une manière que personne n'aurait jamais imaginée. 

Louise vient à la rescousse de Claire dans le livre, emmenant Claire dans sa maison de campagne, à Fontainebleau, pour se rétablir. 

 Mais je voulais quelque chose de plus immédiat et viscéral. Louise est ici une véritable héroïne. Avec un enfant elle-même, elle vient en aide à Claire, étant celle qui lui prend le bébé mort, mais en le faisant d'une manière si chaleureuse et affectueuse. 

 C’est déchirant de voir Claire se rendre compte que Louise a la vie en elle mais que l’enfant qu’elle tient dans ses bras a disparu. Et quand elle remet ce bébé, c’est l’une des choses les plus angoissantes que j’aie jamais vues à l’écran.
 Je prie pour que Cait obtienne la reconnaissance qu’elle mérite pour son travail dans cet épisode et dans chaque épisode d’Outlander. «  

 

 

42INT. APPARTEMENT DE JAMIE & CLAIRE - SALON – JOUR 

Un Jamie au cœur brisé est en pleurs.

CLAIRE : » Je n’ai pas seulement perdu un bébé. J’ai perdu... toute une vie avec quelqu'un que j'aimais avant même de la rencontrer. Alors oui, je t’ai détesté. »

 Jamie est détruit. Il comprend sa colère.

JAMIE : » Oui. Tu aurais dû me laisser là en prison. «   

CLAIRE : » Avant que Fergus ne me dise ce qui était arrivé, et même après ça, je ne pouvais pas m’empêcher d'être en colère et te blâmer. (Puis, une surprenante confession) Mais... C'est moi qui ai exigé l’impossible de ta part. C'est moi qui ai placé Frank avant notre famille. C'est moi qui ai pris la décision de te suivre dans les bois. »

 

TONI GRAPHIA : 

 « Sam Heughan a également fait un travail incroyable ici. La douleur qu'il ressent fait presque fondre l'écran. 

 Au départ, je pensais que ce serait une énorme bagarre, avec des cris et des poursuites à travers la maison. Mais j’ai réalisé que la puissance de cette scène résidait dans son calme. 

 Quand j'ai lu ces chapitres, je me suis retrouvée en colère contre Claire – je considérais cela comme de sa faute. Elle était tellement en colère contre Jamie qu'il était important pour elle de prendre conscience de cela. 

Habituellement, quand quelqu’un est à ce point en colère contre une autre personne, c’est parce dans leur for intérieur, il y a une partie d’eux-mêmes qui est réellement en colère contre eux-mêmes. Parfois, cette colère est si grande et si féroce que si la personne devait y faire face, elle la détruirait. 

Alors, ils tournent cette colère vers l’extérieur. Mais la seule façon de survivre à cette colère est d’y faire face et d’admettre votre rôle dans ce qui se cache derrière. 

 Je voulais que Claire assume enfin son rôle dans cette affaire – quelque chose que Jamie ne s'attendait pas à ce qu'elle fasse. 

 Cette scène parle de guérison. De nombreux couples qui perdent un enfant finissent par divorcer. Il lui dit que la seule façon de vivre avec cette douleur est de la porter ensemble. Il devient le héron en quelque sorte… porteur de la douleur comme le lui disait Maître Raymond. «  

 

JAMIE : » Frank est aussi ta famille. « 

CLAIRE : » Mais il n'est pas là. Et maintenant, notre fille non plus. Ce n'est pas ta faute. Ce n'est pas la faute de Fergus, ni même la faute de Randall. Pas cette fois. C'est de ma faute. « 

Claire se met à pleurer. Jamie vient vers elle. 

 JAMIE (Il se rapproche de Claire) : » J'ai demandé ton pardon une fois. Tu as dit qu'il n'y avait rien à pardonner. En vérité, je t'avais déjà pardonné, bien avant aujourd'hui. Pour cela et tout ce que tu pourrais faire d'autre. »

 CLAIRE : » Il y a autre chose. « 

Claire arrête de pleurer et le regarde. Un autre aveu. 

CLAIRE : » J'ai couché avec le roi. »

 Jamie la regarde. Elle continue :

CLAIRE : » Pour acheter ta liberté. « 

Jamie se débat avec cette nouvelle. Pour réconcilier sa fierté du 18ème siècle avec sa compréhension de ces circonstances particulières. 

JAMIE : » Tu l'as fait pour me sauver la vie – comme quand je me suis donné à Jack Randall pour sauver la tienne. « 

Claire ne répond pas. Un long silence.

CLAIRE : » Comment pourrons-nous un jour être les mêmes ? »

 JAMIE : » C’est impossible. Après les flagellations, et ce qui est arrivé avec Randall à Wentworth, je ne pensais pas que quelque chose pourrait jamais me faire autant de mal. Mais c’est le cas. Perdre notre enfant, c'est pire que la marque sur mes côtes ou les coups de fouet sur mon dos. Je le porterai pour le reste ma vie. Comme je porte ces cicatrices. Le poids de ce qui s'est passé ici est trop lourd pour qu’on le porte seuls. Nous sommes les deux seules personnes dans le monde qui partageons cette douleur... la douleur de perdre Faith. La seule façon de vivre, c'est de le porter ensemble. « 

CLAIRE : » Es-tu sûr de vouloir faire ça ? »

 Jamie se met à genoux devant elle. Cela lui rappelle leurs vœux matrimoniaux. 

JAMIE : » Sang de mon sang, chair de ma chair, tu te souviens ? Je t'ai donné mon corps et mon âme - jusqu'à ce que la mort nous sépare. Et elle ne nous a pas séparés. Nous avons perdu notre enfant. Mais avec la grâce de Dieu... nous en aurons peut-être un autre. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« J’ai gardé une autre phrase du livre : « Nous avons perdu notre enfant, mais avec la grâce de Dieu, nous en aurons peut-être un autre. » 

Je voulais terminer sur une note d'espoir. » 

 

 CLAIRE : » Alors, ramène-moi à la maison. En Ecosse. « 

JAMIE : « Oui. En Ecosse. Mais il y a quelque chose que je voudrais faire avant. « 

 

 

43EXT. CIMETIÈRE DE L’HÔPITAL – JOUR- QUELQUE TEMPS APRES 

 Claire et Jamie marchent main dans la main à travers le petit cimetière. Finalement, ils s'arrêtent devant une petite tombe : Faith Fraser, 1744. Ils regardent la petite tombe, Jamie tombe à genoux. Passe sa main sur le nom gravé. Il prend de son sporran une cuillère d’apôtre.

JAMIE (En embrassant la cuillère) : » Saint-André. Le saint patron de l'Écosse. «  

Sa figure est sculptée sur le manche de la cuillère.

JAMIE : » Si notre fille doit être enterrée ici, en France, nous lui laissons un peu de L'Ecosse. « 

 

TONI GRAPHIA : 

« Lorsque je supervisais le tournage de l'épisode 205, « Une résurrection inopportune », on m'a demandé de choisir un cadeau de baptême pour le bébé. J'ai choisi les cuillères des Apôtres parce que je savais déjà à l'époque que je voulais les utiliser ici. 

Je voulais quelque chose que Jamie pourrait laisser sur la tombe. 

Et elles n’auraient pas pu être plus parfaites. Il y avait douze cuillères – donc une pouvait rester avec Faith et le reste serait destiné aux futurs enfants. Et bien sûr, c’est Saint-André, le saint patron de l’Écosse, que Jamie laisse sur la pierre tombale. 

Sans aucun doute, les chapitres sur la perte de son bébé par Claire et les conséquences de cette tragédie, ont toujours été ma partie préférée de ‘Dragonfly in Amber’, et j'ai toujours voulu écrire cet épisode. 

 Je l’ai écrit en Écosse, en restant éveillée toute la nuit après avoir passé toute la journée sur le tournage de « La Dame Blanche ». 

 J'étais épuisée, je pouvais voir une tempête par ma fenêtre et j'avais l'impression d'être entrée dans un état de transe ou quelque chose du genre. 

J'avais griffonné « Titre de l'épisode : Faith » dans la marge du livre à côté de ce chapitre et j'imaginais toujours que l'épisode se terminerait sur la tombe – juste le mot « Faith ». Parce qu’en fin de compte, cet épisode parle de la foi qui existe dans la relation de Jamie et Claire – c’est pourquoi ils survivent ensemble. «  

 

Jamie place la cuillère de Saint-André sur la pierre tombale, il se signe, puis récite une citation des Cantiques de Salomon, une citation sur la pierre tombale de son père : 

 JAMIE : » Jusqu'à ce que le jour se lève et que les ombres s'enfuient. » 

 Claire s'agenouille maintenant à côté de Jamie et lui prend la main.

Elle se signe et pose délicatement sa main sur la pierre tombale de son enfant.

 

Plan large jusqu'à ce qu'ils soient de petites taches agenouillées à côté de la tombe de leur fille, et un soleil déclinant montre qu'ils passeront leur dernier jour à Paris avec elle, avant de rentrer chez eux.

 

 

FIN DE L'ÉPISODE