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Réflexion sur "Souvenirs" 

Episode 1 saison 6 

 

Par Beth Wesson 

 

Bonjour, mes amis en Outlander ! Vous m'avez manqué ! Ce Droughtlander a été long et "unique", c'est sûr. Le retour de Jamie et Claire et de tous les gens du Ridge a été un répit bienvenu et un sursis momentané de la vraie vie. Ils m'ont manqué aussi !

 

Bien qu'il s'agisse de l'une de mes méthodes d'évasion préférées, je trouve qu'Outlander reflète souvent de nombreuses vérités sur la vie réelle et nos relations avec les autres. Souvenirs, le premier opus de la saison 6, n'a pas fait exception. Après avoir regardé l'épisode, je me suis retrouvée à penser aux vérités que je venais de voir et à ma vie d'enseignante ces deux dernières années. Je réfléchissais à la similitude entre le travail des écrivains et des producteurs d'Outlander et ce que j'ai vécu en créant des leçons et en enseignant pendant une pandémie.


En tant qu'enseignante, je suis chargée d'enseigner des compétences et des concepts. Ceux-ci nous sont souvent présentés dans une longue liste de normes et d'objectifs créés par le State Board of Education [ndlt: équivalent du programme de l'éducation nationale aux Etats-Unis]. La chance qu'un enseignant soit capable d'enseigner toutes les normes au cours d'une année scolaire normale est rarement réalisée. Dans des moments comme ceux-ci ? Impossible. La pandémie m'a obligée à identifier les éléments de cette longue liste de concepts et de compétences qui étaient essentiels. Je me suis demandé quelles sont les choses que mes élèves doivent absolument savoir ? Quels concepts et compétences sont essentiels à leur apprentissage futur? Je devais faire preuve de créativité, je devais être flexible. J'ai dû combiner certaines leçons avec d'autres leçons et j'ai dû abandonner certaines leçons parce qu'il n'y avait tout simplement pas le temps, même si cette leçon était l'une de mes préférées ! J'ai ensuite dû décider comment présenter les nouvelles leçons d'une manière engageante et logique. Je devais faire des leçons qui seraient accessibles à la fois aux élèves en classe et à ceux qui apprennent à distance. C'était pour le moins difficile, j'ai utilisé toutes mes connaissances, mon expérience et mes compétences en enseignement, puis j'ai supplié et emprunté des idées à mes pairs. Enseigner dans une pandémie n'était pas idéal, mais c'était ma réalité. J'en ai tiré le meilleur parti par amour pour mes élèves.

 

J'ai imaginé que les producteurs et les scénaristes d'Outlander avaient des défis similaires pour créer la série pendant une pandémie. Ils sont chargés de donner vie à l'essence des livres et des personnages de Diana Gabaldon à l'écran. Nous savons tous que même dans une année normale qui est difficile, ce sont de gros livres et avec de grands personnages. Le temps d'écran alloué et les circonstances vues et imprévues les obligent à prendre des décisions difficiles sur la façon d'adapter l'histoire. Je suis sûre que la pandémie a rendu les circonstances exponentiellement plus difficiles et le temps considérablement plus court. Dimanche soir, j'ai reconnu qu'eux aussi avaient dû décider de l'essentiel. Ils ont dû décider ce que les téléspectateurs devaient absolument savoir pour faire avancer l'histoire. Ils ont dû faire preuve de créativité, ils ont dû être flexibles. Ils ont dû combiner certaines intrigues avec d'autres et ont dû abandonner certaines intrigues, même si elles étaient l'une de leurs préférées. Ils ont ensuite dû décider comment présenter leur adaptation d'une manière engageante et logique à la fois pour les lecteurs des livres et pour ceux qui ne connaissent que la série. Je suis sûre que ce fut difficile, pour dire le moins. Je suis sûre qu'ils ont utilisé toutes leurs connaissances et leur expérience et peut-être qu'eux aussi ont demandé l'aide de leurs pairs ! Je suis sûre que fabriquer une série dans une pandémie n'était pas idéal. Mais je SAIS qu'ils en ont tiré le meilleur parti par amour pour Outlander et ses fans.


En tant que l'une des fans et lectrice des livres, il est toujours difficile de simplement regarder la série lors du premier visionnage. Le livre est toujours là pour colorer tout ce que je vois. La deuxième fois que je regarde, il est toujours plus facile de simplement regarder ce qui se passe pour ce que c'est. Je remarque toujours les changements, mais je peux les accepter comme faisant partie de cette « nouvelle » histoire. Chaque changement, à l'exception d'un, a donné l'impression que cela aurait pu se passer comme je le voyais. Dans un épisode qui a semblé concerner des personnes incapables d'échapper à la vérité sur elles-mêmes, cette «vérité» sonnait fausse.

 

Le Ridge et ses vérités 

Jamie 


L'épisode commence par un flash-back. Après que Fergus ait perdu sa main, à l'extérieur de la grotte de Lallybroch, quelque chose d'autre s'est cassé dans un Jamie déjà brisé et en deuil. Il s'était caché des Britanniques dans une grotte et sait que son existence là-bas continue de mettre sa famille en danger et il ne peut plus vivre avec cette connaissance. Sans sa Claire, il détermine qu'il ne vivra probablement jamais différemment de ce qu'il a été et décide d'échanger un type de prison contre un autre. Il s'arrange pour être capturé pour l'argent de la récompense que cela apporterait à sa famille et commence sa vie à Ardsmuir. Jamie, au début de sa captivité, est un homme qui veut juste qu'on le laisse seul pour purger sa peine avec la paix qu'il peut trouver. Il a beaucoup perdu et n'est plus l'homme qu'il était… ou du moins, c'est ce qu'il croit. Mais, malgré les apparences, la vérité est que Jamie ne peut pas plus cesser d'être Jamie que la marée peut cesser de battre le rivage. Face aux querelles et à la misère de ses compagnons de captivité, il tombe naturellement dans le rôle du meneur d'hommes qu'il est et qu'il a toujours été. Cela ne le réjouit pas, mais il le fait. Et, nous savons que le fait d' "avoir soin" de ces hommes l'a gardé entier. Il avait un but.

 

Tom Christie  

Nous rencontrons le protestant Tom Christie qui, bien qu'il ne soit pas soldat, se retrouve pris dans les séquelles de Culloden et emprisonné à Ardsmuir. Il a été relégué à une position de pouvoir sur les autres prisonniers et se considère comme un meneur d'hommes. Cependant, le spectateur se rend vite compte que Tom n'est pas le meneur d'hommes qu'est Jamie. Mark Lewis Jones joue la droiture de Christie, puis sa confusion et son incrédulité sceptique à la perfection. Tom ne comprend pas Jamie ni son style de leadership, mais il le reconnaît comme un rival. La scène où Jamie est poussé à agir au nom de son codétenu expose les différences flagrantes entre ces deux hommes. Lorsque les gardes demandent à qui appartient le tartan, Christie s'empresse d'indiquer le coupable, mais Jamie lui coupe l'herbe sous les pieds et prend le blâme. Il est évident que Christie est estomaqué. Les coupables doivent être punis. La version noir et blanc de la justice de Christie ne tient pas compte des circonstances atténuantes et n'étend certainement pas la miséricorde offerte par le Christ. Lorsque le dos de Jamie, marqué par une flagellation antérieure, est dévoilé, son sacrifice devient encore plus significatif. Son dos est témoin de sa souffrance sous un fouet et il a choisi de ressentir à nouveau cette cruauté pour le bien d'un autre… un véritable acte de miséricorde semblable à celui du Christ. Je n'ai pas pu m'empêcher de croire que Tom Christie s'en est rendu compte et que cela lui a fait honte. Les hommes comme Christie n'aiment pas qu'on leur montre leurs propres défauts, il bouillonne.


Ma scène préférée est une petite qui m'a dit tout ce que je devais savoir sur Tom Christie. C'était quand il s'est assis à table dans cette maison visiblement belle et propre et a essuyé une miette imaginaire de la table. Cela m'a rappelé une époque où une parente anonyme a eu droit à une visite de la toute nouvelle cuisine de sa sœur. Alors que nous nous sommes tous exclamés d'appréciation pour la beauté que nous avons vue, elle a fait le tour de la pièce avec un visage vide d'émotion, puis a souligné une mouche morte sur le rebord de la fenêtre. Nous avons compris ce qu'elle ne reconnaîtrait pas avec sa posture condescendante… elle était jalouse. Les actions de Christie au Ridge sentent la jalousie et montrent au spectateur qu'il n'a pas oublié ou pardonné qu'on lui montre sa propre vérité. Il se croit meilleur et est en colère contre l'injustice du fait qu'un homme comme Jamie Fraser, un catholique, ait de la chance. J'ai hâte de voir où les scénaristes prennent l'histoire et la vérité de Tom.

 


Fergus et Marsali 

César Domboy et Lauren Lyle volent toutes les scènes dans lesquelles ils se trouvent ! Brillants ! Les téléspectateurs peuvent déjà dire que Fergus et Marsali sont en difficulté. Quelque chose ne va pas avec Fergus; la référence subtile à l'utilité de deux mains et sa réaction nous amènent à croire que sa main fantôme est revenue le hanter. Il s'excuse d'avoir été une déception. La vérité est que le fait d'avoir un handicap pendant cette période vous faisait douter de votre valeur. Très excité de voir plus de ces deux-là et de voir leur histoire se dérouler.

 


Brianna et Roger 

Brianna a du mal à trouver sa vérité. Qui est-elle? Que va-t-elle faire de ses connaissances et de ses compétences ? Comment vit-on ici et maintenant ? Ses craintes sont réelles. Elle a vu ce qui est arrivé à sa mère. Claire rappelle à Brianna qu'on ne peut pas vivre sa vie en ayant peur de qui l'on est. Qui décidera-t-elle d'être ?

Roger est à peu près dans le même bateau que Brianna. Il n'y a pas beaucoup d'utilité pour un historien sur Fraser's Ridge. Alors, qui va-t-il devenir ? J'ai été ravie de voir une lueur de la vérité que Roger découvrira sur lui-même dans son inquiétude pour Aidan et sa mère.
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Et enfin,… Claire 

On nous a dit que nous verrions Claire lutter contre les séquelles de son calvaire et de son viol. J'ai toujours soutenu l'engagement de la série à montrer les séquelles d'un traumatisme. Trop souvent, d'autres émissions ont des personnages qui passent à la lutte suivante sans reconnaître le passé. Outlander a fait un travail formidable en nous montrant les véritables conséquences dans la vie et les relations des gens. Claire disant qu'elle va bien, changeant de sujet, se jetant dans son travail, tout est dans son caractère. Mais, abuser de l'éther ? Désolé, je ne peux pas faire le saut. Je n'arrive pas à lui donner un sens. Non que cela n'ait pas de sens ! Les gens qui ont subi ce qu'elle a subi se tournent souvent vers des substances pour soulager leur douleur et je ne les juge pas du tout. Mais, je ne peux pas réconcilier Claire, qui dans le livre dit avec colère et défi…


"– J'ai traversé une guerre mondiale, repris je d'une voix vénéneuse. J'ai perdu un enfant. J'ai perdu deux maris. J'ai crevé de faim avec toute une année. J'ai été battue, blessée, traitée comme une moins que rien, trahie, emprisonnée et agressée. Et j'ai survécu à tout cela! Mon ton montait, mais je ne pouvais plus m'arrêter. – Et à présent, je devrais être anéantie parce qu'une bande de pathétiques petits minables ont enfoncé leur ridicule appendice entre mes cuisses et l'ont agité? Je me relevai, saisi le bord du cabinet de toilette et le projetai en l'air, envoyant valser la bassine, l'aiguière et le bougeoir. Puis je conclus calmement : – Pas question... 

Un tourbillon de neige et de cendres, Diana Gabaldon 


… avec celle qui abuse de l'éther pour échapper à ses propres pensées et sentiments. Puis-je l'imaginer aller de l'avant sans reconnaître ce qui se passe réellement en elle, puis s'effondrer ? Oui. Mais, je ne peux pas concilier son abus d'un composé avec lequel elle était si prudente, celui qu'elle croit être extrêmement dangereux. Cela ne correspond tout simplement pas à son personnage et à la façon dont elle gère les choses difficiles de sa vie.

Il y a eu plusieurs fois dans la série où j'ai senti que l'on faisait dire ou faire aux personnages des choses qu'ils ne feraient ou ne diraient jamais. La demande de Jamie à Fergus alors qu'il était emprisonné sur le navire me vient à l'esprit. Il était compréhensible qu'un être humain agisse comme il l'a fait sous le stress et la tension de sa situation, mais pas cet humain en particulier, Jamie. Cette situation avec Claire est la même.

Je comprends que parfois les choses sont faites pour un impact dramatique. Je suis sûre que Claire respirant l'éther était intéressant à jouer et je suis prête à voir où ils amènent cette histoire, je me suis trompée auparavant. Cependant, cela me rappelle que ce n'est pas parce que vous pouvez faire errer un personnage dans une jungle sans parole pendant la moitié d'un épisode que vous devriez le faire. Et, juste parce que vous pouvez avoir un personnage qui fabrique de l'éther, il ne s'ensuit pas naturellement qu'il le respire.
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Pour conclure
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer à quel point la série juxtaposait efficacement Ardsmuir avec Fraser's Ridge. La prison était austère, grise, froide et… sans vie. En revanche, le Ridge regorgeait de lumière, de chaleur et… de vie. Jamie dit à Tom Christie qu'il échangerait certaines de ses bénédictions contre la paix pour lui et Claire. Il reconnaît qu'il a parcouru un long chemin depuis Ardsmuir, mais il lui reste encore beaucoup à faire… et cela nous rappelle… que la guerre approche…

 

Beth Wesson 

 

Billet originale : Reflexion sur "souvenirs"