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Entre deux feux 

Saison 5 - Episode 2 

 

 

Entre deux feux, est présenté en deux parties qui s’entrecroisent en permanence,  l’une à Fraser Ridge, où Claire tente désespérément de contrer l’ignorance médicale de l’époque, et l’autre à Wilmington, où Jamie essaye, en vain, d’apaiser les tensions entre les deux camps qui s’opposent.

 

Cet épidose est très important, car il nous présente le contexte politique dans lequel la saison va s’implanter et qui empêchera les différents protagonistes de dévier de leur route, malgré les drames personnels qui vont tous les affecter. L’extrême cruauté infligée par la torture du goudron et des plumes (ce qui était à l’époque une pratique courante) démontre, si besoin était,  qu’il n’y aura aucun retour en arrière possible.

Le scénario prend d’ailleurs sa source dans la grande histoire puisque le gouverneur William Tryon, l’avocat Edmund Fanning et le Juge Henderson d’un côté, et les régulateurs James Hunter, et Hermon Husband, de l’autre, ont vraiment existé et se sont bel et bien affrontés à Wilmington. (Voir article : Tryon contre les régulateurs.)

 

Dans la scène prégénérique, nous découvrons les régulateurs en train de se faire justice eux-mêmes en punissant les coupables et en s’emparant du palais de justice, puissant symbol de  leurs revendications. En effet, ayant épuisé tous les recours légaux afin d’être entendus, ils montent d’un ton dans la violence et s’en prennent directement à ceux qu’ils tiennent pour responsables de l’iniquité des taxes qui ne cessent de les appauvrir : le collecteur John Evans pris en flagrant délit d'avoir réclamé plusieurs fois le même dû aux colons ; l’avocat Edmund Fanning, inculpé pour avoir dérobé de fortes sommes à la couronne, et le Juge Henderson, accusé de l’avoir acquitté.

La scène se conclut par une apparition de Murtagh qui empoigne avec ferveur ce mouvement de révolte légitime, comme il l’avait fait jadis lors du soulèvement Jacobite. 

Pour Jamie, c’est le cauchemar passé qui recommence. Comme il l’avait vécu avec le Prince Charles - qui, pour mémoire, avait signé à sa place son allégeance au roi écossais pour le contraindre à rejoindre les rangs de la rébellion, voilà qu’il doit à nouveau coopérer avec l’ennemi - à qui il n’a eu d’autre choix que de jurer fidélité - afin de préserver sa famille et ses métayers. Cette guerre à venir et son obligation morale d’y prendre part, c’est comme une malédiction pour cet homme qui n’a toujours eu qu’un seul désir : bâtir une maison et y vivre en paix au milieu des siens.

 

Nous le découvrons tout d’abord, chevauchant aux côtés du lieutenant Knox qui, à l’inverse du détestable William Tryon, possède des qualités que Jamie respecte. Certes, c’est un soldat britannique qui a pour mission d’arrêter le chef des régulateurs, mais nous le sentons prêt à une certaine modération et nous avons l’espoir qu’il sera celui qui pourra mettre un terme à la montée en puissance du conflit interne.

En d’autres circonstances, il est fort probable que les deux hommes auraient pu être amis et on en viendrait presque à se demander s’il ne serait pas opportun, de la part de Jamie, de lui avouer son lien particulier avec Murtagh Fitzzgibon. Hélas, on leur annonce les affrontements de Wilmington. Il n’est plus question de deviser tranquillement et de jeter les bases d’une relation conviviale, mais d’agir et de prendre position.

À peine arrivé en ville, le ton est donné. Les villageois tentent de remettre de l’ordre dans les rues saccagées par une révolte à laquelle ils refusent de prendre part. Dans le bar, l’ambiance est encore plus sombre. Le collecteur de taxes montre ses brûlures et attise la haine autour de lui.

Bien qu’il comprenne les revendications des régulateurs, Jamie a du mal à valider la violence dont ils ont fait preuve. En fin politicien, il parvient cependant à rester neutre, et assure au collecteur qu’un jour il sera fier de ses cicatrices. Nous savons qu’il fait référence à ce qu’il a lui-même subi.

Ensuite, il rencontre les trois régulateurs emprisonnés, et nous le sentons de plus en plus mal à l’aise. Il est évident que plus aucune discussion n’est possible entre les deux camps et la posture de Jamie est délicate, lui qui voudrait encore être en mesure de sauver tout le monde. Mais c’est compter sans la hargne de Ethan MacKinnon qui crache son dédain à un Hamilton Knox complètement dépassé. Aussi impuissant qu’il l’était lors des disputes entre les Écossais et les Irlandais au temps de la révolte jacobite, Jamie ne parvient pas à se faire entendre.

L’assassinat du régulateur sera le point de rupture qui l’obligera à choisir définitivement son camp. Décidément, les Britanniques sont encore et toujours ces tyrans meurtriers, inaptes à considérer la détresse de ceux qu’ils méprisent. Knox a beau dire, il ne vaut pas mieux que les autres, imbu de sa supériorité et empli du désir de faire rendre gorge à ceux qui crient haut et fort à l’injustice.

 

Et bien sûr, il y a Murtagh.

Les rôles sont inversés depuis l’Écosse. C’est Murtagh qui refuse de lâcher prise avec son combat, et c’est à Jamie de le sauver. Quels que soient les visions qu’ils ont, l’un et l’autre, d’un avenir possible dans le Nouveau Monde, ils peuvent ni s’affronter ni se rejoindre. Leur seul point de convergence, c’est d'être tous les deux protecteurs de leur peuple,  comme le souligne si justement Murtagh à Bryan Cranna.

Pourtant, voilà où ils en sont : Murtagh à la tête d’un soulèvement à venir, et Jamie, sommé de réunir une armée de colons afin d’y mettre un terme.

À Fraser’s Ridge, malgré un air de paix et de prospérité qui enveloppe la grande maison, nous ressentons également les difficultés des uns et des autres. 

Brianna, pour commencer, qui tente d’exorciser Bonnet en le représentant de manière compulsive dans son carnet à croquis.

Roger ensuite, piètre capitaine et mauvais tireur, qui réalise que sa femme semble vouloir rester dans cette époque où il ne se sent pas à sa place.

Claire enfin, qui non seulement n’a pas pu sauver monsieur Farrish d’une simple appendicite, mais qui constate que sa mort a été accélérée par la prise de mercure que son épouse lui a donné, par ignorance.

Nous savons déjà que Claire ne supporte pas de perdre un patient, mais c’est encore plus terrible lorsqu’il s’agit d’un mal qu’elle aurait pu facilement soigner. Elle mesure encore une fois le chemin à parcourir afin de préserver les siens des maladies les plus basiques. Elle tremble pour son petit-fils notamment, car elle sait que la moindre blessure pourrait le tuer. La solution pourtant, elle la connait, mais elle n’existera que dans 157 ans.

Sa discussion avec Brianna à ce sujet nous permet de réaliser à quel point Claire est désormais attachée essentiellement à l’époque où elle vit. On est loin du temps où elle suppliait Jamie d’épargner Black Jack Randall pour que Franck puisse vivre. Aujourd’hui, peu importe les implications de ses actions dans un futur qu’elle ne rejoindra jamais. Ce qui compte, c’est la vie de ceux qui lui sont proches. Et s’il faut pour cela se risquer à une autopsie en secret ou briser certaines règles propres au temps et se prendre pour Dieu - comme le lui fait remarquer sa fille - eh bien qu’il en soit ainsi.

Si elle n’a pas été en mesure de changer la grande histoire en permettant à la rébellion Jacobite de vaincre la tyrannie britannique, elle peut en revanche intervenir, à son niveau, pour faire évoluer les mentalités et les pratiques médicales de sa communauté.

 

Mais elle n’est pas naïve pour autant ! Et les femmes de Fraser’s ridge ont beau jeu de le lui rappeler : elle n’est qu’une guérisseuse, personne ne l’écoutera. Alors, comme l’ont fait en leur temps certaines historiennes ou écrivaines usant de pseudonymes masculins, elle confiera ses conseils à un homme fictif qui saura mieux convaincre qu’elle-même. Le Dr Rowling (dont les romans parlent plus en détail que la série) sera son porte-parole. En attendant, elle n’aura de cesse de trouver la formule de la pénicilline et prend la décision de former sa première élève, la plus que capable Marsali Fraser. Car elle le sait, pendant que les hommes sont occupés à s'entre-tuer, c’est en enseignant aux femmes de cette époque que les mentalités pourront évoluer.

L’épisode finit sur une toute autre histoire, celle de Bonnet et Gérald Forbes qui sont loin, l’un et l’autre d’agir au nom d’idéaux politiques.

Nous le savons maintenant, les deux hommes fomentent un plan afin de s’emparer des richesses de Jocasta Cameron. Forbes a informé Bonnet du fait que Jemmie McKenzie était dorénavant l’héritier légitime de River Run. Il ne reste plus qu’à ce dernier, d’en réclamer la paternité !

Brianna a en effet toutes les raisons d'être inquiète. 

 

Par Valérie Gay-Corajoud

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